Discussion en tête à tête, Louis Garrel et Vincent Cassel laissent éclater leur complicité à l'occasion de la sortie au cinéma de Saint-Ex. Affection de tourner à l'étranger, responsabilité d'incarner une personne ayant réellement existé, de leur travail de doublage et de collaboration avec Maïwenn ou Darren Aronofsky, c'est au programme de "Une rencontre et..." seulement sur Canal +
Une émission tournée grâce aux moyens de #Fautvoir
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00:00Louis Garel, merci d'être venu aujourd'hui dans mon émission sur Canal+.
00:04Mais c'est un plaisir, Vincent Gessel.
00:05Ça a vraiment été un plaisir pour moi de travailler avec toi aussi, tu sais, j'apprécie beaucoup.
00:09Ton profil, ta bouclette, ton goût vestimentaire, tout.
00:14Quel est le principe de ton émission, Vincent ?
00:16Alors, ça va être le principe de ton émission.
00:18D'accord.
00:18Parce que le principe de mon émission, en fait, c'est que c'est la tienne.
00:20Je te pose des questions, tu me réponds.
00:22Vas-y, essaye.
00:23Qu'apporte le fait de vivre...
00:26Tu te fous de ma gueule ?
00:31Qu'apporte le fait de tourner dans d'autres pays ?
00:34Moi, j'adorais ça avant.
00:35Puis maintenant que j'ai des enfants, ça me fait chier.
00:37Parce que je préfère rester à Paris.
00:38C'était Jean Gabin, tu sais, qui me disait, il y a bien ton histoire, ton film qui se passe au Maroc.
00:42Mais pourquoi tu ne tournes pas dans le 17e ?
00:44Je me sens un peu comme ça.
00:45Moi, j'aime bien tourner en Italie.
00:47Ça, c'est mon plaisir.
00:49Qu'est-ce que ça m'apporte, à part des pâtes bien cuites ?
00:52Non, le fait de tourner dans une autre langue, ça te met dans une autre personnalité quand même, non ?
00:56J'ai presque l'impression qu'on se réinvente dans une autre langue.
00:58Ou en tout cas qu'on a un autre rythme même de pensée ou d'expressivité.
01:02Quand tu tournes en portugais au Brésil, je suis sûr que tu n'es pas le même.
01:06Tu n'es pas ce personnage.
01:07Non, bien sûr.
01:08C'est-à-dire que quand tu maîtrises moins une langue, tu n'as pas la même liberté.
01:11Donc ça change un peu ta personnalité, tu es un peu moins sûr de toi.
01:13Exactement, oui.
01:14Mais même si tu tournes dans ta langue dans un autre pays,
01:16en fait, il y a un truc, pour être plus sérieux par rapport à ma réponse précédente,
01:20il y a un truc que j'adore dans notre métier.
01:22C'est qu'il y a un truc un peu de mercenaire.
01:24Tout d'un coup, on t'appelle et tu te retrouves,
01:26tu prends l'avion tout seul et tu arrives, je ne sais pas, n'importe où.
01:29Et puis, tu es obligé de t'adapter aux équipes, à leur manière de bosser
01:32et quand même trouver ton espace.
01:33J'ai eu cette sensation-là en Corée, en Chine, au Brésil.
01:37Il y a un truc, c'est assez enrichissant,
01:39puis il y a un truc un peu de mercenaire, je trouve, que j'aime bien.
01:41Parce que tu aimes bien la solitude.
01:42Moi, je n'aime pas trop la solitude.
01:43Moi, tu me dis d'aller tourner en Corée,
01:45j'aurais très, très peur de ne pas arriver, d'être seul.
01:47Je serais très peur de ne pas pouvoir communiquer.
01:50Tu sais comment c'est, quand tu voyages seul,
01:51c'est là où tu rencontres le plus de monde.
01:52Quand tu voyages avec des gens autour de toi,
01:54finalement, tu es un peu en groupe, tu es un peu en sécurité.
01:56Le fait de partir travailler seul dans un endroit
01:58où vraiment tu ne connais personne, il y a un truc...
02:01Tu es obligé d'être plus communicatif.
02:03J'aime bien.
02:10Je crois bien.
02:11Parce qu'on a à rendre des comptes,
02:13vis-à-vis de la mémoire générale des hommes.
02:15Moi, je sais, par exemple, quand j'ai fait Louis XIII,
02:17même si personne n'a connu Louis XIII,
02:19il n'y a pas un arrière-petit cousin de Louis XIII
02:21qui va me dire que j'ai mal fait le rôle.
02:23En tout cas, pour moi, même quand je le joue
02:26dans un film qui est un film d'aventure,
02:27quand je découvre la vie de Louis XIII
02:29et la tragédie et la violence de sa vie,
02:31je me dis que je ne peux pas faire autrement
02:33que d'y penser sérieusement.
02:34Sa mère le détestait, son père s'est fait tuer
02:36quand il avait huit ans, le petit frère était préféré,
02:39il a assassiné le premier ministre de sa mère.
02:41Enfin, il a vraiment une vie mouvementée.
02:43Et je sais que quand on joue quelqu'un qui a existé,
02:45ce n'est pas la même chose que quand on joue un personnage...
02:47Et Godard, alors, raconte.
02:48Ça, c'était encore différent.
02:50Après, c'était une période de la vie de Jean-Luc Godard.
02:52Ce n'était pas toute la vie de Jean-Luc Godard,
02:53mais c'était en tout cas un film distancié
02:55sur une période très précise de la vie de Jean-Luc Godard
02:58qu'on avait décidé de raconter comme une bande dessinée
03:00pour qu'elle intéresse peut-être des gens
03:01qui ne connaissaient pas du tout sa vie.
03:02Le moment où il débranche de l'industrie
03:04pour faire des films, disons, un peu autoproduits,
03:06pas industriels.
03:08Mais si, c'était une responsabilité aussi.
03:10Mais c'était presque comme un clown de Jean-Luc Godard.
03:13C'était moins réaliste, en tout cas, que l'MM Louis XIII.
03:16Toi, tu as joué ?
03:17Moi, j'ai joué Mérine, en fait,
03:18principalement comme ça, quand j'y pense.
03:20Non, j'ai fait Gauguin aussi.
03:22Alors, moi, j'ai toujours eu un peu cette réticence
03:24à interpréter des personnages
03:26dont on a trop d'images vidéo.
03:28Par exemple, je ne sais pas que tu dois jouer...
03:29Ah ben non, oui.
03:30Yves Montand ou Dali.
03:32Les gens attendent de toi, de pouvoir reconnaître.
03:35Et le truc d'imitation, moi, me coupe un peu les jambes.
03:37Même si on a vu récemment un tas à Rahim
03:39faire ça magnifiquement bien et tout.
03:41Mais moi, je ne me sens pas capable de faire ce genre de choses.
03:43Du coup, je prenais toujours des personnages
03:45qui n'étaient pas vraiment vérifiables.
03:47Et du coup, c'est plus de disparaître
03:49derrière une image que tu crées.
03:50Et je me suis rendu compte que
03:52tu ne peux pas être complètement fidèle
03:56à la vie de la personne.
03:57Parce que d'abord, tu ne la connais pas,
03:58même si tu as tous les documents du monde.
04:00Et puis, il y a un moment où il faut que le film marche
04:02pour ce qu'il est, dans un film.
04:04Et que si tu restes des fois trop proche de la réalité,
04:07ce n'est pas forcément intéressant,
04:09en une heure et demie.
04:10Après, on a eu aussi l'histoire de Napoléon
04:12où ils ont pris trop de liberté.
04:15Et tout d'un coup, il y a un sentiment de trahison
04:17pour les gens qui sont très...
04:18Le dernier film qui s'appelle The Apprentice,
04:20très admiratif du travail de Sebastian Stan,
04:23qui joue Trump.
04:24Parce qu'en plus, il passe après 850 millions
04:26d'imitations de Donald Trump.
04:27Et lui, il le fait en retrait.
04:30Et il y a un moment où tu le vois.
04:32Tu vois le personnage réel qu'on a tous les jours
04:34avec les visions.
04:35Et il y a son interprétation fantasmée
04:37du Trump des années 70.
04:38Tony Cervilo en Berlusconi.
04:40Ah, ça, je n'ai pas vu.
04:41Il a fait le divo aussi.
04:42Mais dans Berlusconi, il fait un espèce de personnage
04:44presque Kabuki.
04:45Et en fait, il y a un moment où tu oublies le vrai.
04:47Je pense à comme il s'appelait Michel Bouquet aussi,
04:49qui faisait Mitterrand et qui, pour le coup,
04:50n'avait pas du tout imité.
04:51Rien.
04:52Et c'était...
04:53Je trouvais ça une approche très intéressante
04:55parce que, du coup, il s'était libéré
04:56du côté imitation et avait plus travaillé
04:59sur les motivations du personnage
05:02en restant Michel Bouquet.
05:03Quand j'ai fait Patrice Chéreau,
05:04j'avais dit à Valéria, c'est impossible pour moi.
05:06En plus, je l'admire trop,
05:07de faire Patrice Chéreau.
05:08Donc, il faut qu'on fasse une impression
05:09de Patrice Chéreau.
05:10On pourrait dire que ce n'est pas une peinture à lui,
05:12du coup.
05:13C'est un fusain.
05:14Donc, il y a une responsabilité,
05:15mais il faut savoir prendre sa liberté.
05:16Alors, ça, c'est autre chose.
05:17C'est dans la représentation.
05:18Mais après, dans la pensée,
05:19quand tu penses le travail,
05:20tu te dis...
05:21Il y a quand même un truc d'éthique.
05:23Je ne sais pas.
05:24Enfin, en tout cas, moi,
05:25c'est ça qui peut-être m'a lourdi
05:27un peu le travail.
05:28On s'arrête là sur la question
05:29parce que sinon,
05:30ça peut faire une émission.
05:31Il y a du montage.
05:32Il y a des équipes
05:33qui font de la post-production.
05:34Toi, c'est une question.
05:35Tourner à l'étranger offre-t-il
05:36une plus grande liberté ?
05:37Darien Aronofsky,
05:38quand tu fais Black Swan,
05:39tu as répété beaucoup avec lui ?
05:40Oui, un peu quand même.
05:41Pas mal, oui.
05:42On a répété...
05:43Pas tant les scènes,
05:44à proprement dit,
05:45mais il te pose beaucoup de questions.
05:46Il te demande de participer
05:47au décor de ton personnage.
05:48Et puis surtout,
05:49j'avais eu la chance
05:50d'aller voir travailler un peu
05:51Baryshnikov.
05:52Et ça m'avait débloqué
05:53sur plein de trucs.
05:54Quoi ?
06:00Les plus grands chorégraphes
06:01ne montrent pas aux danseurs
06:02ce qu'ils doivent faire.
06:03C'est comme Jackie Chan.
06:04Quand il veut diriger des combats,
06:05il ne va pas faire des sauts périlleux.
06:06Il n'en a plus rien à foutre.
06:07Il est fatigué.
06:08Il prend des mecs
06:09qui savent le faire
06:10et il leur dit ce qu'il faut faire.
06:11Oui.
06:12À la Baryshnikov,
06:13il était avec des gens
06:14qui savaient le faire, non ?
06:15Oui.
06:16Et du coup,
06:17il ne montrait rien.
06:18Il ne levait pas la jambe.
06:19C'était bien son âge,
06:20d'ailleurs, Black Swan ?
06:21Très, très bien.
06:22New York,
06:23en plein dans la ville.
06:24Comment il a fait les plans
06:25devant tous les miroirs
06:26sans se montrer ?
06:27En fait,
06:28c'est des effets spéciaux.
06:29Il y avait des boules
06:30de repères partout.
06:31Et en fait,
06:32ils effaçaient par la suite.
06:33Il fait donc les plans impossibles.
06:34Incroyable.
06:35Et toi, l'étranger,
06:36donc l'Italie,
06:37tu as tourné ?
06:38Avec Placido.
06:39Placido.
06:40Bertolucci,
06:41mais c'était à Paris.
06:42Oui.
06:43Et c'est tout.
06:44À l'étranger,
06:45je n'ai fait que le caravage
06:46de Miguel et Placido.
06:47Le meilleur est à venir.
06:48Ah non,
06:49j'ai tourné Greta Gerwig
06:50aussi à Boston.
06:51Tu vas tourner en Russie bientôt ?
06:52Tu me raconteras.
06:53Oui,
06:54tu viendras me voir.
06:55Amène des pattes.
06:56Plusieurs casquettes
06:57pour plus de liberté créative
06:58et ça,
06:59c'est directement à toi
07:00que ça s'adresse.
07:01Metteur en scène,
07:02acteur ?
07:03Scénariste,
07:04producteur ?
07:05Plus de liberté,
07:06non,
07:07plus de communication
07:08avec l'équipe d'un film.
07:09Quand on est metteur en scène,
07:10on est en lien
07:11avec tout le monde.
07:12Donc ça,
07:13c'est sympathique.
07:14Comme je suis un peu logoréique,
07:15très agréable
07:16de discuter avec tout le monde
07:17sur un tournage.
07:18Quand tu organises le film
07:19avec les gens,
07:20tu dois parler plus
07:21avec les acteurs.
07:22Quand tu es seulement acteur,
07:23tu es quand même
07:24la chef maquilleuse,
07:25maquilleuse,
07:26un peu la costumière
07:27mais assez vite elle part,
07:28les habilleuses
07:29et le metteur en scène
07:30et tes partenaires.
07:31Là,
07:32je discute avec tout le monde
07:33sur un plateau.
07:34Moi aussi.
07:35Très bien.
07:36Donc là,
07:37il y a une photo
07:38de l'âge de glace
07:39et de
07:40Hugh Grant.
07:41D'accord,
07:42doublage.
07:43Le premier job
07:44d'acteur payé
07:45que j'ai eu,
07:46il tournait
07:47des séries
07:48anglo-saxonnes
07:49à Paris
07:50et en fait,
07:51il y avait la figure
07:52qui était donc des Français
07:53mais il fallait doubler
07:54la figure.
07:55Donc c'était à la place
07:56de,
07:57mon Dieu,
07:58qu'est-ce qui se passe ?
07:59Oh my God,
08:00what's going on ?
08:01Tu vois,
08:02c'était que des trucs
08:03où il fallait faire
08:04du doublage de fond
08:05comme ça
08:06et en fait,
08:07mon père faisait
08:08pas mal de doublage
08:09du coup,
08:10ça m'a toujours paru
08:11normal de le faire
08:12et puis,
08:13quand je suis arrivé
08:14sur les trucs
08:15de doublage
08:16la première fois,
08:17je pensais à
08:18Perrette Pradier.
08:19Pour les gens
08:20qui ne connaissent pas,
08:21toi et moi,
08:22on connaît,
08:23mais en fait,
08:24il y a un truc
08:25qui s'appelle
08:26la ritmo
08:27et en fait,
08:28il y a des mots
08:29qui sont écrits
08:30plus ou moins serrés
08:31qui doivent venir
08:32et qui dépassent
08:33une barre
08:34et en fait,
08:35c'est super stressant
08:36parce qu'au début,
08:37tu te prends un peu
08:38les pieds dans le tapis,
08:39tu as du mal
08:40à trouver de la liberté,
08:41etc.
08:42et elle,
08:43elle arrivait,
08:44elle n'avait rien vu
08:45et elle faisait
08:46Oh,
08:47mais c'est incroyable !
08:48et qui n'a rien à cacher,
08:49lui.
08:50En tout cas,
08:51c'est ce que je croyais
08:52jusqu'à ce que...
08:53Mais...
08:54Des dessins animés,
08:55machin, etc.
08:56Mais en fait,
08:57le truc,
08:58pourquoi j'en faisais,
08:59c'est parce qu'en fait,
09:00je me suis rendu compte
09:01que, pareil,
09:02ça, les gens ne le savent pas forcément,
09:03mais dans un film,
09:04il y a ce qu'on appelle
09:05la post-synchro,
09:06donc ce qu'on fait
09:07par la suite
09:08quand il y a des prises
09:09qui n'étaient pas les meilleures,
09:10qu'il faut redoubler,
09:11changer des informations
09:12dans la bouche,
09:13etc.
09:14Et en fait,
09:15je me suis rendu compte
09:17en post-prod,
09:18et en fait,
09:19ce truc-là,
09:20vraiment,
09:21si tu commences à le maîtriser
09:22et à t'amuser avec,
09:23en fait,
09:24c'est vraiment un plus.
09:25Oui, moi,
09:26j'ai été terrorisé au début
09:27de faire des post-synchros,
09:28j'ai l'impression que c'était du gâchis.
09:29Je me disais,
09:30mais tu ne veux pas garder
09:31le son direct
09:32comme si le son direct,
09:33c'était de l'or
09:34qu'on allait donner
09:35du plastoc ?
09:36On a eu cette conversation.
09:37Alors qu'en fait,
09:38tu peux les améliorer.
09:39Moi,
09:40j'ai fait du doublage
09:41quand j'avais 17 ans
09:42pour des téléfilms allemands
09:44C'était un dialogue agressif.
09:45Le mec m'a dit,
09:46refais-la.
09:47Tiens, voilà ton argent,
09:48voilà la monnaie de ta pièce.
09:49Encore une fois.
09:50Tiens,
09:51voilà ton argent,
09:52voilà la monnaie de ta pièce.
09:53Vas-y,
09:54tu peux te donner un peu plus ?
09:55Et j'ai dit,
09:56tiens,
09:57voilà ton argent,
09:58c'est la monnaie de ta pièce.
09:59Il m'a dit,
10:00voilà,
10:01tu vois,
10:02c'est très bon.
10:03Et ça,
10:04c'est du mauvais doublage.
10:05Et en fait,
10:06les conventions,
10:07encore une fois,
10:08méritent d'être bousculées.
10:09Alors,
10:10attendez,
10:11on est sur un mauvais doublage,
10:13la fiction n'est pas un documentaire.
10:15Mais il est fatiguant,
10:16parce qu'en fait,
10:17il est comme Donald Trump,
10:19il transforme,
10:20il fait des fake news.
10:21Bon vas-y,
10:22je t'ai jamais dit un truc pareil.
10:23C'était une citation de Truffaut
10:25qui disait qu'un film
10:26était le documentaire de son tournage.
10:31Ah bah tiens,
10:32comme Jean-Pierre Léaud,
10:33comme Jean-Pierre Léaud chez Truffaut,
10:35vous êtes la même personne
10:36dans tous vos films.
10:37Une inspiration,
10:38un hommage ?
10:39C'est vrai que le fait
10:40que je m'appelle toujours Abel
10:41dans mes films,
10:42c'est une petite lubie
10:43ou je sais pas,
10:44une petite obsession
10:45qui rappelle,
10:46mais un peu aussi,
10:47une anémorétie
10:48qui s'appelle toujours
10:49un peu Mickaelé dans ses films.
10:50C'est l'idée de décliner
10:51le même petit personnage
10:52avec des...
10:53qu'il lui arrive
10:54des nouvelles aventures.
10:55Tintin aussi.
10:59La fidélité de collaboration
11:00avec des cinéastes
11:01est-elle importante ?
11:02Est-ce qu'elle est importante ?
11:03Je ne sais pas,
11:04mais c'est plutôt bon signe.
11:05Parce qu'en fait,
11:06si les gens ont envie
11:07de remettre le couvert,
11:08c'est souvent parce que
11:09ça s'est bien passé.
11:10Même si c'est pas
11:11une règle en or,
11:12en fait, je pense quand même
11:13que quand tu travailles
11:14avec des gens
11:15que tu respectes,
11:16mais qu'en plus,
11:17pour qui tu as de l'affection,
11:18c'est quand même pas mal.
11:19Tu vois ce que je veux dire ?
11:22Et toi, qu'est-ce que t'en penses ?
11:23Moi, j'ai travaillé six fois
11:24avec Christophe Honoré,
11:25deux fois avec Valérie Bonté-Desquy
11:27et deux fois avec Maïwenn.
11:29Maïwenn,
11:30c'est quelqu'un
11:31qu'on adore...
11:32Très attachante,
11:34chaotique,
11:35mais en même temps...
11:36C'est difficile de pas être bon
11:37dans un film de Maïwenn
11:38parce qu'en fait,
11:40elle n'est pas sûre
11:41que ça soit forcément
11:42toujours conscient de sa part,
11:43mais elle sent quelque chose
11:44et elle le lâche pas.
11:46Et du coup,
11:48il y a un truc de plaisir
11:50et puis le fait
11:51de la manière dont elle tourne,
11:52en tout cas jusqu'à
11:53son dernier film.
11:54Si on a confiance,
11:55on peut tout donner.
11:56En fait, il y a très peu de jours
11:57dans un film de Maïwenn
11:58où on n'est pas excité
11:59comme des puces
12:00de faire la scène.
12:01Ouais, c'est vrai.
12:02Elle arrive toujours...
12:03C'est son talent,
12:04même des fois,
12:05ça peut me rendre fou
12:06ce qu'elle dit sur des...
12:07Ça peut me rendre fou
12:08parce que la situation,
12:09je veux dire n'importe quoi,
12:10c'est stimulant.
12:11Alors, ça peut faire des prises
12:12de 25 minutes qui sont nulles...
12:13Où il va en rester une minute
12:14et tout ira bien.
12:15Une minute où tout ira bien
12:16et puis ça peut faire des prises
12:17aussi assez géniales
12:18parce que tout le monde
12:19est surmobilisé
12:20parce qu'il n'y a pas de dialogue.
12:21On s'ennuie pas sur un film de Maïwenn.
12:22On s'ennuie pas sur un film de Maïwenn.
12:23Ça, c'est sûr.
12:24Et c'est vrai qu'on gagne du temps.
12:26En fait, c'est du temps gagné
12:28parce qu'en fait,
12:29il n'y a pas besoin de...
12:30Il n'y a pas besoin
12:31de casser à la glace.
12:32J'ai le Concorde.
12:36C'est du portugais, je crois.
12:37Je viens de faire un portuguerisme.
12:39Pourquoi tu dis ça comme ça,
12:40en portugais ?
12:41Et au Concorde.
12:42Et au Concorde.
12:43Comme le disait François Truffaut
12:44qu'un tournage
12:45est le documentaire de...
12:47Il y a aussi un truc
12:48qui se raconte
12:49presque en parallèle
12:50de l'histoire.
12:51J'espère, par exemple,
12:52dans Saint-Exupéry,
12:53le film qu'on a tourné ensemble,
12:55que l'amitié entre Guillaumet
12:56et Saint-Exupéry
12:57qu'on interprète,
12:58il y a des trucs qui passent
12:59qui sont les ondes presque
13:01de pure amitié.
13:27Qu'est-ce qu'on peut nous souhaiter
13:28pour la fin d'année ?
13:29Que ça marche, peut-être, déjà.
13:30Que le film soit attrayant
13:31et que les gens y aillent,
13:32ça c'est sûr.
13:33En général, qu'est-ce qu'on peut
13:34te souhaiter ?
13:35Un peu de paix.
13:36Mais surtout, tu vas être papa.
13:37Oui, non mais ça c'est...
13:38Oui, oui, c'est vrai.
13:39Ça, ça y est,
13:40ça c'est plutôt
13:41assez bien parti.
13:42Oui, en fait,
13:43c'est quand même magnifique.