• la semaine dernière
Antoine Guillou, adjoint à la Maire de Paris, en charge de la propreté de l'espace public, de la réduction des déchets, invité de France Bleu Paris, le 12 décembre 2024.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Paris, ils prennent de plus en plus de place, que faire de nos déchets ? Seriez-vous prêts
00:04à en faire plus pour mieux trier ? Appelez-nous au 01 42 30 10 10. Hier, la Ville de Paris
00:09a présenté son plan de réduction, notamment des ordures ménagères. Pour en parler, nous
00:13recevons l'adjoint à la maire de Paris, en charge de la propreté de l'espace public
00:17et justement de la réduction des déchets.
00:19Bonjour Antoine Guillaume, objectif moins 100 000 tonnes de déchets d'ici 2030, c'est
00:25à peu près 10% de ce qui est collecté à Paris. Ce plan sera-t-il suffisant alors
00:30qu'on produit toujours plus de déchets ?
00:31En tout cas, il faut inverser radicalement la tendance, c'est notre ambition effectivement
00:35avec ce plan. On a aujourd'hui une économie qui est basée beaucoup et trop souvent sur
00:40le jetable, le superflu, des objets qui ont des trop courtes durées de vie. Il faut absolument
00:44qu'on arrive à inverser la tendance parce que sur le plan écologique, ce n'est plus
00:47soutenable. Alors avec ce plan, la Ville, on souhaite montrer notre ambition et mettre
00:52des mesures fortes en action. Après évidemment, ça ne suffira pas si seulement la Ville
00:56de Paris s'y met. C'est à la fois une question pour les industriels, pour l'État, et puis
00:59aussi pour chacun d'entre nous en tant que citoyen évidemment.
01:01Alors justement, plan « Votez la semaine prochaine » au Conseil de Paris, quelles
01:04sont les mesures phares ?
01:05Alors on a énormément de mesures qui concernent tous les types de déchets, qui sont tous
01:11les objets que nous utilisons au quotidien. Et on ne s'en rend pas forcément compte,
01:15mais ils représentent un volume de déchets extrêmement important. On pense à des objets
01:18comme les jouets, les articles de sport, l'électroménager, les meubles. Tous ces
01:22objets, nous souhaitons pouvoir faciliter la vie des Parisiennes et des Parisiens pour
01:27les réemployer, éviter qu'on les jette. Regarder d'abord si on peut les réparer,
01:30les donner. Et pour ça, on va mettre en place notamment des points de collecte dans les
01:34établissements publics parce que c'est vrai qu'il y a ces objets, on ne sait pas toujours
01:37quoi en faire. Dans nos centaines d'équipements publics parisiens, on va déployer des bornes
01:41spécifiques pour pouvoir donner ces objets. Pour les gros objets, ceux qu'on ne peut
01:44pas forcément déplacer à pied à Paris, on va développer de plus en plus les collectes
01:48à domicile. On le fait déjà pour le gros électroménager. Aujourd'hui, vous n'avez
01:51plus besoin de le descendre sur le trottoir. Vous prenez rendez-vous et avec les co-organismes
01:56qui s'en occupent, on vient le chercher à domicile, directement chez vous. Voilà.
01:59Des exemples très concrets. Qu'est-ce qu'on peut faire pour augmenter le taux de réemploi
02:02et de réparation de ces objets-là ? On va aussi travailler sur ce qui se passe directement
02:08dans les immeubles parce que c'est beaucoup là que se joue le geste de tri. Est-ce qu'il
02:12se fait ou est-ce qu'il ne se fait pas ? Est-ce que les consignes sont claires dans les immeubles ?
02:15Est-ce que les locaux poubelles sont bien aménagés ? On a un programme d'immeubles
02:18zéro déchet qu'on va lancer à cet égard-là.
02:21Parce qu'on est plutôt mauvais élève à Paris sur le tri des déchets. Vous prévoyez
02:25qu'on a 400 stations de tri libre, ce sont les stations de tri. On en prévoit 500 dans
02:30cinq ans, donc 100 supplémentaires. Est-ce qu'on sait si le message va passer ? Parce
02:34que c'est bien de mettre des stations, mais il faut que les gens aient le réflexe.
02:36Absolument. C'est vrai que globalement, dans les métropoles françaises, on est plutôt
02:41mauvais élève en termes de tri. C'est beaucoup lié à l'habitat collectif. C'est vrai
02:46qu'on a parfois un peu moins tendance à faire attention si ça va dans la poubelle
02:49commune. On se dit « bon, ce n'est pas la peine que je fasse des efforts si les autres
02:52n'en font pas ». Mais évidemment, ça marche si tout le monde en fait. Oui, on installe
02:56des bornes de tri sur l'espace public, comme vous l'avez rappelé, notamment pour les
02:59déchets alimentaires, qui sont un flux de déchets extrêmement important. 30% de nos
03:03poubelles, à peu près, ce sont des déchets alimentaires. Ce sont des déchets qui sont
03:06majoritairement composés d'eau. Et aujourd'hui, si on ne les trie pas, ils vont à l'incinération.
03:10Tout le monde voit bien que c'est absurde. C'est pour ça qu'on installe toutes ces
03:12bornes de tri sur l'espace public avec un objectif, une borne à moins de trois minutes
03:17à pied de chaque parisienne et chaque parisien. Mais le tri, ça se joue aussi, comme on le
03:20disait, dans les immeubles. Et donc, c'est aussi à cette échelle-là, finalement, l'essentiel
03:24du geste de tri se joue à cette échelle-là. Et c'est aussi là qu'on va agir, bien sûr.
03:27On peut toujours demander un petit compost pour le faire chez soi ?
03:29Absolument. Ça, ça fait partie, dans le cadre de notre programme d'immeubles zéro
03:33déchets, c'est quelque chose qu'on va remettre en valeur. On le fait depuis de nombreuses
03:36années à Paris, mais ça, c'est quelque chose qui est effectivement extrêmement utile.
03:39Si vous habitez dans un immeuble où il y a une petite parcelle d'espace vert qui pourrait
03:44ensuite accueillir le compost, eh bien, on met à disposition gratuitement non seulement
03:48le matériel de compostage, mais aussi l'accompagnement, la formation de l'ensemble des habitants
03:52de l'immeuble pour s'y mettre. Et ça, ça peut avoir un impact très important. Aujourd'hui,
03:56c'est plusieurs milliers de tonnes à Paris qui sont détournées de l'incinération
03:59grâce au compost.
04:00Quel est le budget de ce plan ? Et surtout, avez-vous les moyens financiers pour ces ambitions
04:05Oui, alors en fait, ce qu'il faut savoir, c'est que plus on trie, plus on fait des
04:09économies, plus la ville va faire des économies et donc plus les contribuables parisiens vont
04:13faire des économies. Parce qu'aujourd'hui, ce qui coûte le plus cher à traiter, ce
04:17sont les ordures ménagères non triées. C'est ce qui va à l'incinération. Et justement,
04:21c'est ça qui coûte le plus cher. Donc, plus on trie, plus on va faire diminuer la
04:25facture de nos déchets. Évidemment, les déchets qu'on n'aura pas produits en amont
04:30parce que, et c'est aussi une des mesures fortes de notre plan, c'est d'appeler l'État
04:33et les industriels à lutter contre le sur-emballage, etc. Plus on va avancer sur ces champs-là,
04:38plus on fera des économies. Et donc, c'est ça aussi le plan, c'est qu'on va pouvoir
04:42dégager des moyens pour soutenir les acteurs qui en ont besoin, notamment les acteurs du
04:46réemploi qu'on soutient déjà beaucoup aujourd'hui.
04:48Donc, un plan à combien, on sait ?
04:49Alors, aujourd'hui, on estime qu'on va avoir environ 6 millions d'euros par an dédiés
04:55au fonctionnement du plan à la fin du plan. Et on estime que ça, ça va nous permettre
04:59de faire 25 millions d'euros d'économies par an. Donc, on voit bien tout de suite que
05:03c'est investir dans la réduction des déchets, ça marche.
05:068h21 sur France Bleu Paris, on parle recyclage, on parle déchets ce matin. Est-ce que vous
05:10êtes des as du tri ? Vous, est-ce que vous trouvez ça compliqué ? Si on vous demande
05:14d'en faire plus, est-ce que vous êtes plutôt pour, plutôt contre ? N'hésitez pas à réagir.
05:170142310.
05:18Vous l'avez dit à Antoine Guilloux, pour mieux valoriser, il faut développer le réseau
05:22de seconde main. Mais on l'entendait dans l'info d'ici, les ressourceries sont fragiles
05:25économiquement. 70% d'autofinancement, sans compter la concurrence, par exemple, de Vinted,
05:31la plateforme. Vous allez les soutenir dans les cinq ans à venir ?
05:33Oui, bien sûr, on les soutient déjà, à hauteur de plusieurs millions d'euros par
05:36an et on va continuer à le faire. Ça, c'est extrêmement important, c'est les acteurs
05:40qui jouent ce rôle de don, de proximité, de réemploi. Effectivement, ils font face
05:45à la concurrence des plateformes de seconde main et puis aussi aux effets ravageurs de
05:48ce qu'on appelle la fast-economy, la fast-fashion, par exemple, dans le textile, avec beaucoup
05:52d'objets de mauvaise qualité qui, aujourd'hui, comme je le dis souvent, deviennent quasiment
05:56des déchets avant même d'avoir été vendus. Et donc, on va continuer, effectivement, à
06:01les soutenir. On aimerait bien, en revanche, être un peu moins seul à le faire. Il faut
06:04que les industriels jouent leur rôle. C'est leur responsabilité que de penser à la fin
06:08de vie de leurs produits et donc aussi de soutenir ces acteurs du réemploi qui sont
06:12les ressourceries.
06:13Comment contraindre les entreprises à trier ? Parce que si nous, on trie, c'est bien,
06:16mais si les entreprises ne le font pas ?
06:17Alors, il y a déjà un rôle premier de l'État, évidemment, mettre en place des
06:22législations et des réglementations. Et il ne faut pas tout faire reposer sur le
06:24volontariat des citoyens, la bonne volonté des citoyens ou même des collectivités
06:28qui sont en bout de chaîne. C'est en amont que ça se joue. Quand les produits sont
06:32conçus, c'est là qu'il faut agir. Et ça, c'est effectivement du domaine de l'État.
06:37Et donc, c'est aussi ça qu'on met en avant dans le plan, évidemment. Mais après, on
06:42va aussi modifier un peu la tarification des entreprises à Paris pour les inciter à le
06:46faire.
06:47On a Frédéric qui est avec nous, qui a voulu réagir au 01.42.30.10. Ça ne mord pas dans
06:51les Yvelines. Frédéric, vous vous habitez en résidence, c'est ça ? Et pour vous, ce
06:55n'est pas adapté, le fait d'être en résidence, le tri ?
06:56Tout à fait. Je fais même partie de mon conseil syndical. Elle a été livrée en
07:02janvier 2020, construite par Kaufmann & Braun, pour ne pas les citer. Il n'y a pas de locaux
07:07pour les encombrants.
07:08Pour les encombrants, d'accord.
07:10Voilà, il n'y a pas de locaux pour les encombrants. Donc, les gens, comme ils sont peu éduqués,
07:14ils mettent ça dans les locaux des ordures ménagères, où il y a les bacs jaunes et
07:18les bacs noirs. Après, c'est à l'homme de ménage de la société, s'il est tout
07:22seul, selon quand c'est des meubles, il ne peut pas les porter. La déchetterie est à
07:26400 mètres, les gens n'y vont même pas, ils mettent les choses sur le trottoir.
07:29Et puis, pour l'histoire du compostage, quand on a, avec la ville de 50 ans, en Yvelines,
07:35ceux qui s'occupaient de ça, on a organisé un samedi avec une personne qui est venue.
07:39Il faut des volontaires pour faire du compostage, parce qu'il faut le tourner, etc. Et ça,
07:43il n'y a pas de volontaire. Les gens, c'est la mentalité parisienne, du francilien,
07:48du « je vois bien, je voyage », et c'est beaucoup plus propre dans les autres villes.
07:52C'est une question d'éducation dès la base.
07:54Merci.
07:55Aujourd'hui, voilà.
07:56Merci Frédéric, merci beaucoup de votre réaction ce matin au 01.42.3010.
08:00Antoine Guillou, votre réaction ?
08:01Il y a un élément qui est très vrai, c'est que l'habitat parisien, c'est un immeuble
08:05récent de ce que je comprends, mais l'habitat parisien est globalement constitué d'immeubles
08:09anciens avec plutôt des locaux poubelles, effectivement assez exigus. Et c'est pour
08:13ça qu'une des mesures clés du plan, c'est de mettre à disposition un certain nombre
08:18de services de collecte et de dons d'objets.
08:20On sait que les locaux poubelles sont petits, et donc le but, c'est de trouver des solutions
08:24soit pour collecter à domicile, soit pour mettre à disposition à proximité immédiate
08:30des solutions de dons.
08:32Donc ça, c'est vraiment un élément essentiel qui différencie Paris d'un certain nombre
08:36d'autres villes.
08:37Après, sur le compost, fort heureusement, je pense qu'il y a encore du potentiel de
08:41développement.
08:42On a aujourd'hui plus d'un millier de sites de compostage à Paris, beaucoup dans
08:46des copropriétés, dans des résidences.
08:47Et donc, ça veut dire qu'il y a des volontaires et je pense qu'il y a encore de quoi progresser
08:51sur ce sujet.
08:52Merci beaucoup Antoine Guillaume d'avoir été l'invité de France Bleu Paris.
08:55Vous êtes adjoint à la mairie de Paris en charge de la propreté de l'espace public
08:58et de la réduction des déchets.
08:59Bonne journée.
09:00Merci à vous.

Recommandations