• il y a 4 jours
La France attend toujours le nom de son nouveau chef ou de sa nouvelle cheffe de gouvernement, alors que le délai annoncé par Emmanuel Macron pour faire son choix est dépassé. Le signe que "les choses sont moins simples qu'il ne le pensait", selon Sébastien Michon du CNRS à Strasbourg.

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Transcription
00:00Actu locale, musique et bonne humeur.
00:038h moins le quart, on attend, on attend, encore et toujours Sébastien, le nom du ou de la nouvelle Première Ministre.
00:09On devait être fixé hier soir, au plus tard, ça traîne, ça traîne, ce sera finalement selon l'Elysée d'ici la mi-journée.
00:15Gouvernement éphémère, difficulté à trouver un successeur à Michel Barnier, tout ce jeu politique, ça vous passionne, ça vous agace ?
00:22Vous témoignez 03 88 25 15 15.
00:24Et bonjour Sébastien Michon. Bonjour.
00:26Spécialiste en sociologie politique au CNRS de Strasbourg, Emmanuel Macron n'a donc pas réussi à nommer,
00:32comme il l'avait promis, un nouveau Premier Ministre sous 48 heures, qu'est-ce que l'on doit comprendre ?
00:38Il s'est peut-être un peu précipité à annoncer ce délai de 48 heures, d'autant plus qu'il avait un déplacement hier en Pologne.
00:47Ça veut dire que les choses ne sont pas simples, ils sont peut-être encore moins simples que ce qu'il pensait
00:55et qu'il faut encore discuter ou négocier ou vérifier certaines choses.
01:00En tout cas, on nous a annoncé dans un communiqué une nomination ce matin.
01:05Cette fois on peut y croire ?
01:07Tout de même.
01:08Ou il s'amuse, comme on aime à le surnommer, le maître des horloges.
01:11Ça l'amuse quelque part Emmanuel Macron de donner des deadlines qu'il ne suit pas ?
01:15En tout cas, il aime bien montrer qu'il est le maître des horloges.
01:20Néanmoins, là, on peut quand même s'attendre, si ce n'est pas ce matin, ce sera ce midi,
01:25mais on devrait quand même avoir un nom aujourd'hui.
01:28Ce qui ne veut pas dire un gouvernement, puisqu'on sait que Michel Barnier avait mis une quinzaine de jours pour composer le sien.
01:34Est-ce que ça traduit une peur de l'erreur pour Emmanuel Macron ?
01:37Cette fois, clairement, il ne peut plus se tromper.
01:40Choisir un chef de gouvernement qui se fait censurer au bout de trois mois,
01:44ce n'est clairement pas possible dans la situation politique.
01:47Disons qu'il est dans une situation très compliquée, puisqu'il n'a absolument pas de majorité.
01:52Là, il a tenté, avec le gouvernement Barnier, une alliance avec les Républicains
01:58et un pacte de non-agression avec l'ERN, mais qui n'a pas fonctionné.
02:04Là, il risque de regarder sur sa gauche.
02:08Mais, bien sûr, le Parti socialiste et les écologistes ont des exigences.
02:12Et donc, on va avoir des tractations.
02:16Ce n'est pas du tout évident.
02:19Vous le voyez plutôt regarder à gauche, pour cette fois.
02:21On a essayé à droite, maintenant on va essayer à gauche.
02:23Il est obligé de trouver, en tout cas, assez de députés pour ne pas avoir une censure trop rapide.
02:30Ces tractations, ces discussions, ce jeu politique comme on le nomme,
02:34est-ce que ça vous passionne ou ça vous agace ?
02:37Vous réagissez ? Christiane, bonjour !
02:39Bonjour Hubert !
02:42Oui, dites-nous Christiane.
02:44Alors, moi, ça me passionne et ça m'agace encore plus.
02:48En même temps ? Les deux ? Pourquoi ?
02:50Les deux en même temps, voilà.
02:52Parce que notre Président, il adore nous faire tourner en bourrique,
02:55et là, je suis polie, parce que je trouve qu'il se moque.
02:59Il adore ça, il se moque, et si je ne veux pas dire qu'il se fout des Français.
03:04Alors, moi, je crois qu'il est très embêté parce qu'il se sent obligé de nommer M. Bayrou
03:10grâce à qui il a été élu.
03:12Et ce ne serait qu'un juste retour des choses, d'après M. Bayrou évidemment,
03:17qui n'attend que ça.
03:19Et si jamais il ne nomme pas M. Bayrou, il aura le coup de pied de l'âne,
03:23parce que M. Bayrou, il a son petit caractère aussi.
03:26Voilà ce que moi je pense.
03:28Vous avez l'air de bien le connaître.
03:30C'est amusant Christiane, parce qu'on sent que ça vous agace,
03:32mais on sent que vous vous y connaissez aussi un peu en politique
03:34et que vous suivez cette actualité-là.
03:36Merci Christiane, reste à l'écoute.
03:38Merci Christiane, elle n'a pas tout à fait tort.
03:40Christiane, François Bayrou, annoncé comme un des grands favoris depuis des jours,
03:44il a rencontré Emmanuel Macron à plusieurs reprises.
03:46Selon son entourage, il le prendrait vraiment mal s'il n'était pas choisi d'ici ce midi.
03:53Oui, peut-être.
03:54Pas sûr.
03:55Mais disons qu'Emmanuel Macron aime bien surprendre,
03:58et François Bayrou ne serait pas nécessairement une surprise.
04:03Et François Bayrou fait partie de son blog depuis 2017.
04:07On ne peut pas se dire que c'est pour ça que ça traîne aussi.
04:10S'il avait vraiment choisi Bayrou, il avait l'air d'avoir fait son choix à un moment,
04:14et là on peut se dire finalement que ce ne serait finalement pas lui.
04:17C'est pour ça qu'on repousse l'échéance, les 48 heures pas tenues encore une fois.
04:21Autour de Macron, tout le monde n'est pas sur la même longueur d'onde,
04:25tout le monde n'est pas d'accord.
04:26Donc il y a des propositions un peu plus sur sa gauche,
04:29il y a des propositions dans le bloc présidentiel,
04:31et il y a des propositions aussi en dehors des partis.
04:34Et peut-être que le président cherche une personne
04:40qui permettrait de sortir du jeu politicien, en tout cas partisan,
04:45pour dire, regardez, je n'ai pas pris quelqu'un d'un des partis.
04:49Donc finalement pas François Bayrou, pas Sébastien Lecornu, le macroniste,
04:52pas Roland Lescure, ni même Cazeneuve à gauche.
04:56Le problème est de trouver cette personne, ce qui n'est pas évident.
05:00Donc après il y a d'autres scénarios sur Roland Lescure par exemple,
05:04qui est considéré comme étant plutôt sur l'aile gauche du bloc présidentiel.
05:10Néanmoins, il y a beaucoup de conseillers qui ne sont pas sur cette solution.
05:15Est-ce que vous pensez que ça a séduit le chef de l'État,
05:18cette proposition des socialistes, des écologistes,
05:20de ne jamais utiliser l'article 49.3 pour passer en force sur un texte de loi,
05:25en échange d'une non-censure pour un éventuel Premier ministre de gauche ?
05:29Est-ce que ça, c'est quelque chose qui a rebattu les cartes pour Emmanuel Macron ?
05:33Certainement.
05:35Finalement, on est dans une situation inextricable.
05:38Donc si aucun des protagonistes ne bouge, il ne peut rien se passer.
05:42Là, c'est une proposition à minima qui permet aux partis de gauche
05:46de finalement ne pas trop s'engager,
05:49et en même temps de montrer qu'ils ont aussi une part de responsabilité.
05:55Puisque c'était ça, après la censure, le fait d'avoir voté la censure, etc.
05:59Après, rien n'est jamais simple avec le Président,
06:03puisque le Président lui-même a beaucoup accusé, jeudi dernier,
06:07les partis de gauche d'avoir voté cette censure.
06:10Donc, je pense que quoi qu'il arrive, les discussions seront compliquées.
06:15Pourquoi on entend si peu le Rassemblement national ?
06:18Marine Le Pen était un peu présentée comme faiseuse de roi
06:21depuis la poussée du Rassemblement national aux dernières législatives.
06:24C'est terminé. Il y a des nouveaux équilibres politiques.
06:27Le Rassemblement national cherche à prendre la place d'Emmanuel Macron.
06:33Donc, quelque part, leur objectif n'est pas de lui sauver la face.
06:39Juste ici, Marine Le Pen avait un peu le bouton nucléaire
06:42de l'explosion ou non du gouvernement, de la censure ou non du gouvernement.
06:45C'est ce qui s'est passé avec Michel Barnier.
06:47Une fois qu'elle a décidé que ce serait terminé, c'était terminé.
06:50Mais là, ce n'est plus le cas aujourd'hui.
06:52La présidence pensait qu'elle ne le ferait pas.
06:55En donnant quelques gages, elle l'a fait.
06:57Donc, je pense que ça a été un révélateur du côté du camp du présidentiel.
07:02Vu l'urgence, on peut s'attendre à avoir reconduit un certain nombre de ministres.
07:07L'alsacien Patrick Hetzel, par exemple, à l'enseignement supérieur.
07:10On devrait revoir un certain nombre de ministres, c'est certain.
07:14Puisqu'ils avaient quand même, non pas 90 jours,
07:17mais ils ont quand même travaillé pas mal de temps pour préparer.
07:21Néanmoins, la question reste posée sur les ministres à l'air.
07:26Puisque Laurent Wauquiez et plusieurs responsables des Républicains
07:32ont bien précisé qu'ils ne feraient pas partie d'un gouvernement trop à gauche.
07:36Donc, on ne devrait pas nécessairement revoir des ministres des Républicains.
07:42Et donc, Patrick Hetzel.
07:44Évidemment, on devrait revoir certainement d'autres proches et fidèles du chef de l'État.
07:50— À voir comment ça tourne.
07:51Mais franchement, la situation politique a vraiment l'air insoluble aujourd'hui en France.
07:55Avec ces trois blocs qui s'opposent à l'Assemblée nationale.
07:58Quelle solution y voyez-vous ?
08:00Une dissolution n'est pas possible.
08:02La gauche, une partie de la gauche, pousse pour la démission d'Emmanuel Macron.
08:05Est-ce que c'est un scénario possible pour les prochains mois ?
08:08— Emmanuel Macron a bien précisé qu'il ne démissionnerait pas.
08:12— Ça peut ne pas être son choix non plus.
08:14— Ça peut ne pas être son choix.
08:15Mais je ne suis pas sûr que ce soit également le choix de tous les députés.
08:19Là, on sait très bien qu'il n'y aura pas de dissolution avant le mois de juillet.
08:24On sait très bien qu'il y a différents blocs et que c'est extrêmement compliqué.
08:29On sait aussi que certains députés apprécient cette situation.
08:34Car finalement, ça permet de dépasser les clivages, de discuter sur des textes.
08:38Alors sur le budget, c'est compliqué.
08:40Mais sur d'autres sujets, on a vu notamment des députés alsaciens
08:43faire avancer un certain nombre de questions.
08:47Donc, il faut trouver un équilibre d'ici le mois de juillet.
08:52Et le Président, lui, espère jusqu'à la fin du quinquennat.
08:57— Casse-tête immense et grosse préparation pour ce budget,
09:01pour le Premier ministre qui sera nommé et pour le gouvernement qui le choisira.
09:05Ensuite, merci en tout cas pour vos décryptages, Thomas Stein.
09:07Sébastien Michon, vous êtes directeur de recherche au CNRS à Strasbourg,
09:11spécialiste en sociologie politique.
09:13Invité ce matin de France Bleue, Alsace. Merci à vous.

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