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00:00Et dans les Pyrénées-Orientales, grâce à vous, France Bleu-Roussillon vous dit merci.
00:057h48 dans Ici Matin, Catalan première langue en conseil municipal, ce n'est toujours pas possible.
00:125 communes du département demandent des conseils municipaux,
00:15lors des conseils municipaux, à pouvoir parler d'abord en catalan puis en français.
00:18Mais hier, Simon Kwalbock, la justice l'aura encore dit non.
00:21Oui, et ces 5 communes, on va les citer, ce sont Amélie-les-Bains, Port-Vendre, Elne, Tarrerac et Saint-André.
00:25L'an dernier, le tribunal de Montpellier avait déjà expliqué que le catalan
00:28a été bien autorisé lors des conseils municipaux.
00:30Mais seulement après, le français, le catalan en numéro 2,
00:34rebelote hier devant la cour d'appel de Toulouse.
00:37Les 5 communes ont tout de même annoncé qu'elles allaient saisir le conseil d'Etat.
00:41L'affaire n'est donc pas terminée.
00:43Bonjour à vous, Philippe Blanchet.
00:45Bonjour aussi.
00:47Vous êtes professeur en sociolinguistique à l'université de Rennes 2.
00:51Et vous suivez de près ce bras de fer entre l'Etat et ses 5 communes.
00:55Vous avez notamment écrit sur votre blog un long papier où vous analysez et vous soutenez d'ailleurs
00:59la démarche des 5 communes des Pyrénées-Orientales.
01:01D'abord, Philippe Blanchet, est-ce que vous avez été surpris par la décision des juges hier à Toulouse ?
01:06Hélas non, je n'ai pas été surpris parce qu'il y a un dogme qui est systématiquement appliqué
01:11à la suite du conseil constitutionnel par l'ensemble des cours administratifs.
01:16Alors, pourquoi n'avez-vous pas été surpris ? Quel est ce dogme dont vous parlez ?
01:20Et bien, c'est ce qui ressort du jugement de la cour d'appel hier à Marseille.
01:24C'est que le seul obstacle qui demeure contre l'usage d'autres langues à côté du français
01:30et non pas à la place du français, il faut bien le souligner,
01:33c'est l'interprétation particulièrement rigoriste et pour tout dire tout à fait idéologique
01:38que le conseil constitutionnel fait systématiquement de l'article 2 de la Constitution
01:43tel qu'il a été modifié depuis 1992 dans lequel il est écrit que la langue de la République est le français.
01:49Ça ne veut pas forcément dire que les autres langues sont interdites ou secondaires
01:54mais systématiquement c'est interprété comme imposant une sorte de suprématie et d'exclusivité du français.
02:01La justice a refusé aussi le droit des élus corse de débattre d'abord en Corse avant traduction en français.
02:07Est-ce qu'il y a une chance, une petite chance selon vous,
02:10que le conseil d'état donne raison à ces cinq communes des Pyrénées-Orientales ?
02:15Alors oui, il y a une petite chance par l'espoir.
02:18Il y a un espoir et au-delà du conseil d'état il y a la cour européenne auprès de laquelle on peut ensuite faire appel.
02:25Mais il y a un petit espoir parce que pour la première fois dans le jugement de la cour administrative d'appel hier
02:31il y a un certain nombre d'arguments faux qui sont d'habitude utilisés par les préfets,
02:36c'était le cas là, ou par les tribunaux administratifs.
02:40C'était aussi le cas du tribunal administratif de Montpellier en première instance
02:43et ces arguments faux ont été balayés par la cour administrative d'appel.
02:49Ce qui fait que petit à petit on voit que les obstacles tombent
02:52parce qu'il y a une analyse de plus en plus serrée, de plus en plus fine
02:57et de mieux en mieux informée des questions d'usage d'autres langues par les cours.
03:02Ce dont vous parlez notamment, c'est ce traité du Moyen-Âge, l'ordonnance de Villers-Cotterêts.
03:06Alors il date de 1539, à une période où le Roussillon ne faisait pas partie d'ailleurs du royaume de France.
03:12Effectivement cette ordonnance de Villers-Cotterêts, ce traité du XVIe siècle du Moyen-Âge,
03:17il avait été repris par les juges de Montpellier,
03:19ce n'a pas été le cas par les juges de Toulouse hier.
03:22Vous diriez que les cinq communes des Pyrénées-Orientales
03:25qui demandent à pouvoir débattre d'abord en catalan lors des conseils municipaux,
03:29malgré la défaite hier, elles ont quand même marqué des points, leur dossier avance ?
03:33Oui absolument, elles ont marqué des points puisqu'à force d'argumenter
03:37avec manifestement de bons avocats bien informés de ces questions-là,
03:40on arrive petit à petit à faire décider, et comme vous le savez ça fait jurisprudence,
03:46par le tribunal administratif, en l'occurrence là d'Appel,
03:49qu'un certain nombre d'arguments habituels ne sont pas valables.
03:52Alors la fameuse ordonnance de 1539 qui porte sur la réforme de la justice
03:57ne s'applique pas au Roussillon puisqu'il est devenu français après,
04:02et par ailleurs de toute façon c'est une loi qui est tombée,
04:06qui a été remplacée au moment de la Révolution française,
04:08normalement elle ne devrait plus avoir cours,
04:10le fait que le préfet l'utilise comme argument,
04:14et avec un peu de prudence quand même, le tribunal administratif de Montpellier
04:18montre qu'on n'est pas dans une véritable analyse juridique objective factuelle,
04:22mais qu'on est dans la mobilisation de tous les arguments qu'on peut trouver,
04:26même s'ils sont fallacieux, pour essayer de faire valoir quelque chose
04:29qui relève plus d'une croyance ou d'une idéologie,
04:32qui est la suprématie exclusive de la langue française.
04:358h30 sur France Bleu Roussillon, ici matin, Simon Kolbock,
04:38notre invité et professeur en sociolinguistique, c'est Philippe Blanchet.
04:42Vous n'y allez pas de main morte, un argument fallacieux, justice dogmatique,
04:46est-ce que vous diriez globalement que notre pays, notre justice,
04:49a un problème finalement avec les autres langues que le français ?
04:53Oui bien sûr, parce que la justice fait partie de l'ensemble des institutions d'État,
04:58et en fait ce n'est pas la justice à proprement parler,
05:00c'est l'État lui-même qui s'est construit depuis la Révolution française,
05:03au moment où au fond la nation française et la France moderne sont établies,
05:07sur la survalorisation d'une langue unique et sur le rejet a priori,
05:12sans d'ailleurs avoir essayé d'alternative des autres langues de France,
05:16et donc on maintient, ça relève effectivement d'un dogme,
05:19parce qu'on est dans la croyance.
05:20Et pourquoi selon vous, les langues dites régionales seraient une menace, selon l'État ?
05:25Oui, c'est l'argument qui est avancé, c'est perçu comme ça,
05:29sans que ça ne soit évidemment jamais prouvé,
05:32je crois que la plupart des autres pays comparables à la France autour de nous,
05:35ont plusieurs langues officielles et fonctionnent avec des langues régionales.
05:38C'est le cas de l'Espagne et de l'Andorre notamment ?
05:40L'Espagne, l'Andorre n'a qu'une seule langue officielle, mais c'est le catalan,
05:44c'est le cas de l'Italie, c'est le cas de la Suisse,
05:46c'est le cas du Royaume-Uni, c'est le cas de l'Irlande,
05:48enfin le cas de la Belgique, c'est banal, sauf en France,
05:51mais c'est surtout lié au fait, plus que cette peur presque panique qui n'est pas fondée,
05:58lié au fait qu'au fond la France a été construite comme le domaine réservé de Paris,
06:04et du coup il y a une vision pyramidale où c'est Paris qui doit s'imposer au reste de la France,
06:09y compris sa langue.
06:10Et la langue régionale serait un moteur de division, moteur des mouvements indépendantistes,
06:15c'est ça aussi dont certains ont peur selon vous ?
06:18Oui bien sûr, c'est l'argument, c'est évidemment complètement faux,
06:21toutes les études montrent que quand il y a des mouvements autonomistes ou indépendantistes,
06:25ils se fondent sur des critères d'identité sociaux historiques qui sont différents de la langue
06:32et qui ne sont pas seulement linguistiques, et puis surtout, regardez tous les pays autour de nous,
06:36il y en a très peu où la question d'une forme d'indépendance se pose,
06:40ils vivent parfaitement, harmonieusement avec de très nombreuses langues,
06:43donc c'est effectivement une crainte qui relève, je le dis souvent,
06:47mais on a l'impression qu'il y a une espèce de terreur à l'idée même
06:51qu'on puisse utiliser plusieurs langues de façon statutaire en France,
06:55mais rien ne prouve ça, d'autant qu'on n'a jamais essayé en plus.
06:58Et c'est vrai à l'écrit, c'est vrai à l'oral,
07:01mais les communes qui demandent à pouvoir débattre à l'oral en catalan,
07:05en premier, et la justice dit non,
07:08c'est vrai aussi à l'écrit, avec cette histoire assez dingue du prénom Funch,
07:11c'était en Bretagne il y a quelques années,
07:13ses parents qui avaient voulu appeler leur bébé Funch,
07:15avec le tilde, vous savez, sur le N, ça n'avait pas été possible,
07:20les cinq communes des Pyrénées-Orientales ont décidé de saisir le Conseil d'État,
07:23l'affaire se poursuit, donc merci beaucoup à vous Philippe Blanchet,
07:27je rappelle que vous êtes professeur en sociolinguistique à l'université de Rennes 2,
07:32excellente journée à vous !
07:35Et vous réécoutez nos invités d'ici matin sur l'application ICI dans un instant,
07:39Le Marché, en direct du Haut-Vallès-Pierre à Prades-en-Brieux-la-Preste,
07:42mais une chanson d'actualité tout de suite,
07:44c'est Louane qui chante « La pluie » et c'est dans ICI matin.
07:47Il a plu dans la chambre,
07:49Est-ce que c'était mes larmes,
07:51Ou juste un coup de toi qui part ?
07:55Je crois que j'ai manqué de rambles,
07:57Je cherche un peu la flamme,
07:59Est-ce qu'il reste nous quelque part ?
08:03Mais quand tu me regardes,
08:07Je baisse un peu la garde,
08:10Mais la pluie coule encore,
08:14A mesure que nos coeurs se débarquent,
08:18Est-ce que tu m'aimes encore ?
08:20La pluie coule encore,
08:22A mesure que nos coeurs se débarquent,
08:27L'orage se fait plus fort,
08:29Est-ce que c'est dans ma tête ?
08:31Pourquoi tu t'éloignes de moi,
08:35Et trembles un peu mon corps ?

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