• la semaine dernière
À mi-mandat, le gouvernement Akhannouch se trouve face à un enjeu majeur : inverser la courbe du chômage au risque de finir le mandat avec un bilan chaotique en matière de créations d’emplois. La promesse initiale de créer 1 million d’emplois sur 5 ans est inenvisageable aujourd’hui, compte tenu des derniers chiffres : les pertes d’emplois nets s’élèvent à 157 000 en 2023. Dans une ultime tentative de rattrapage, l’exécutif a dévoilé une stratégie dotée de 14 milliards de dirhams pour relancer l’emploi en 2025. Peut-on vraiment y croire ?
Dans un contexte marqué par une inadéquation des compétences, des défis structurels persistants et un chômage qui touche près de 40 % des jeunes, les annonces suffiront-elles à inverser la tendance ? Au-delà des objectifs immédiats, quelles orientations doivent être envisagées pour garantir des emplois durables ? Et surtout, quel rôle pourraient jouer les nouvelles technologies pour transformer le marché du travail au Maroc ?

Hicham Amadi, Président de Toogo
Ismail Bargach, Cofondateur de WafR

Category

📺
TV
Transcription
00:00Les promesses n'engagent que celles et ceux qui y croient.
00:12Cette phrase n'a jamais été autant d'actualité lorsqu'il s'agit de parler de la création
00:16d'emplois au Maroc.
00:17Promettre 1 million d'emplois sur 5 ans en 2021 dans une envolée électorale c'était
00:23audacieux.
00:24Mais deux ans plus tard, force est de constater que l'économie nationale en a perdu plus
00:28de 180 000 nets en 2022 et 2023.
00:31La situation du marché de l'emploi semble s'améliorer en cette année 2024 mais on
00:36est très loin des promesses électorales.
00:39Et voilà que la même coalition gouvernementale, dans sa deuxième version, post-remaniement,
00:43promet d'inverser la tendance et de simuler un marché de l'emploi à tonnes.
00:46Avec une enveloppe budgétaire de 14 milliards de dirhams, le gouvernement ambitionne de
00:50passer à la vitesse supérieure.
00:52Formation, accompagnement des sans diplômes, soutien au PME et aux zones rurales, autant
00:58d'initiatives présentées comme des solutions miracle.
01:00Mais peut-on sérieusement penser qu'une année ou deux ou trois ou quatre suffira
01:05à combler le retard cumulé ? 14 milliards de dirhams c'est bien mais en l'occurrence
01:09le problème n'est pas seulement financier.
01:11Il est structurel, une jeunesse déconnectée des besoins du marché, des entreprises qui
01:16parfois peinent à innover et un secteur rural délaissé, sans oublier les opportunités
01:20manquées dans des secteurs porteurs comme le numérique.
01:23Le chef du gouvernement, épaulé par son ministre de l'emploi, promet donc un changement
01:27de paradigme dans l'approche de création de l'emploi.
01:30Faut-il y croire ou doit-on simplement rappeler l'adage qui dit que les promesses n'engagent
01:35que ceux qui y croient ?
01:36Voilà donc le sujet et le thème de notre débat du jour et les questions auxquelles
01:40nous allons tenter de répondre ce matin avec Hicham Hemedi et Ismail Barghash.
01:46Ce sera juste après la pause info, l'essentiel de l'info présenté par Mourad Baba.
01:52Les décodeurs d'Atlantique, matin, en ce jeudi 12 décembre 2024, nous sommes ensemble
01:57jusqu'à 9h30 avec Ismail Barghash, co-fondateur de la start-up marocaine WUFOR, ici présent
02:03en Chironos dans le studio Khadija Sifi.
02:05Bonjour Ismail.
02:06Bonjour.
02:07Et Hicham Hemedi qui est en ligne avec nous et qui sera comme par magie dans quelques
02:12instants parmi nous dans le studio Khadija Sifi.
02:14Bonjour Hicham.
02:15Bonjour Adil.
02:16Alors nous allons parler de la question de l'emploi, de la création de l'emploi plus
02:21précisément.
02:22Alors j'aimerais commencer par du factuel, comme on dit, c'est ce qu'on nous avait appris
02:28à l'école de journalisme, l'information est sacrée, le commentaire est libre.
02:32Alors commencer par la sacralité de l'information et du factuel et on laissera place à la liberté
02:36du commentaire et de l'expression personnelle.
02:3924 000 postes d'emploi nets perdus en 2022, 157 000 pertes d'emplois nets en 2023.
02:46Alors il est vrai, pour être tout à fait honnête, qu'en cette année 2024, la situation
02:50est en train de s'améliorer entre le troisième trimestre 2023 et le troisième trimestre
02:542024.
02:55Ce sont tous là des chiffres du HCP, l'économie nationale a enregistré une création nette
02:59de 213 000 postes d'emploi.
03:02Une fois qu'on a dit ça, il y a d'un côté un programme ou une stratégie gouvernementale
03:09qui a été présentée, des annonces, notamment celle du chef du gouvernement qui nous dit
03:13que l'emploi sera la grande priorité de ce deuxième mandat.
03:19Maintenant, j'aimerais voir votre commentaire par rapport à ces chiffres que j'ai énoncé,
03:23mais surtout par rapport au plan d'action présenté par l'exécutif sur l'approche
03:30qui est la sienne en matière de création d'emploi dans ce pays.
03:33Qu'est ce que vous en pensez ? Je commence par toi, Ismaël Bargach.
03:36Alors moi, je pense qu'il faut ce genre de questions sont tellement vastes qu'il faut
03:40essayer de garder une vue, une vue complètement macro, dézoomer sur ce genre de sujet.
03:45Alors prenons de la hauteur.
03:47Je vais faire de mon mieux.
03:50La première des choses qu'il faut dire, c'est la conjoncture.
03:53On est depuis 2022 dans une configuration des cycles du régulateur de la Banque du Maroc
04:02où les taux sont élevés.
04:03L'impact que ça a, si la Banque du Maroc fait ça, c'est pour maîtriser l'inflation.
04:07L'impact que ça a, c'est qu'il y a moins de consommation, donc moins d'activités économiques.
04:12Donc forcément, pas les conditions les plus optimales pour pouvoir créer de l'emploi.
04:19La seconde des choses, c'est l'appétence des Marocains à aller chercher de l'emploi.
04:24On est dans une configuration au Maroc où les transferts sociaux sont en augmentation.
04:28Ce qu'il faut savoir, c'est que ça, du point de vue de la création d'emploi, c'est quelque
04:35chose qui n'est pas bon parce qu'en fait, il y a certaines personnes à qui on va diminuer
04:40les dépenses ou à leur donner de l'argent gratuitement.
04:42Et donc, toutes ces personnes-là sont des personnes qui sont moins enclintes à aller
04:44chercher de l'emploi.
04:45Troisièmement, il y a le super sujet qui est toujours le même, qui revient quand on
04:51parle de l'emploi, qui est celui de la médiocrité du code du travail au Maroc.
04:57Médiocrité du code du travail ?
04:59Médiocrité, c'est un euphémisme encore.
05:00Je ne trouve pas de mots qui soient compliants à l'endroit où on est aujourd'hui, c'est-à-dire
05:05à la radio devant vos auditeurs.
05:10D'autant plus que vos dernières frises de parole n'ont pas laissé notre chère audience
05:13insensible.
05:14Je ne vois absolument pas de quoi vous parlez.
05:17Croyez-moi bien que les uns et les autres savent de quoi je parle, allez-y.
05:21Donc, médiocrité, on est dans les clous.
05:23Juste pour être précis sur le code du travail, vous pensez qu'il est trop restrictif, notamment
05:29pour ceux qui sont censés créer de l'emploi, c'est ça ?
05:32Pour les deux, c'est un code du travail qui est perdant-perdant.
05:35Quand vous êtes employé, vous avez l'impression d'être protégé parce qu'en fait, on ne
05:39peut pas vous renvoyer facilement ou alors ça coûte très cher.
05:41Mais en fait, la situation que ça crée pour l'employé, c'est qu'il n'y a pas de liquidité
05:45dans le marché de l'emploi.
05:46Concrètement, la situation qui arrangerait tout le monde, c'est n'importe qui qui perd
05:51son travail aujourd'hui peut retrouver un travail équivalent demain de manière presque
05:55automatique.
05:56La seule manière d'être dans cette configuration-là, c'est d'être au plein emploi, c'est-à-dire
06:00d'être à peu près 5% de taux de chômage.
06:02Quand on est aux alentours de 5%, on est au plein emploi et les gens retrouvent du travail
06:06très facilement.
06:07Pour atteindre cet objectif-là, c'est très compliqué de le faire avec un marché du
06:12travail tel qu'il est aujourd'hui.
06:13Donc en fait, vous avez ces trois éléments-là qui font qu'il y a moins de Marocains qui
06:19vont chercher de l'emploi du fait des transferts sociaux, il y a moins d'activités économiques
06:23et on a un code du travail qui ne se prête pas au jeu de la liquidité de l'emploi.
06:27Et donc forcément, on est dans une configuration… Il y a peut-être un quatrième facteur, le
06:32premier employeur au Maroc, c'est l'agriculture.
06:34Et comme on le sait aujourd'hui…
06:36On est dépendant des aléas du climat.
06:38On est dépendant des aléas du climat et donc ça devient aussi éminemment un sujet
06:42énergétique parce qu'aujourd'hui, on sait qu'on pourrait faire de l'eau à
06:46bas coût pour de l'agriculture dans des grandes usines de production, mais à condition
06:49que l'énergie soit peu chère et donc devenir indépendant de la quantité de pluie.
06:56On peut dessaler de l'eau de mer pour pas cher à condition…
06:58Le problème, c'est que ça coûte trop cher encore aujourd'hui.
07:00À condition qu'on le fasse avec l'énergie nucléaire.
07:02Donc on est en train de travailler sur le sujet SMR.
07:04Je sais que c'est un sujet passionnant au demeurant.
07:07Il est d'autant plus passionnant que j'en ai parlé pas plus tard que le week-end dernier
07:11avec Cécile Mouline, qui est à la tête de l'agence marocaine en charge de ces questions-là.
07:17Et c'est vrai que l'idée, on en a parlé d'ailleurs avec toi et avec Hichem sur les
07:22géants de la tech qui pensent eux aussi à se doter de leur propre…
07:29Pour d'autres raisons.
07:30Pour d'autres raisons.
07:31Justement, l'idée commence à émerger chez nous aussi.
07:34Pour une raison qui est parallèle, parce qu'en fait, c'est toujours le coût de l'énergie.
07:37Eux, ils ont besoin de faire tourner des data centers.
07:38On a besoin de faire tourner des usines d'essalement.
07:40Absolument.
07:41Alors, je sais qu'il n'est pas là en chair et en os, mais il est là en ligne.
07:43Hichem m'a dit…
07:44J'aimerais pas qu'on l'oublie dans notre discussion.
07:47Premier commentaire, Hichem.
07:48Oui, Hichem.
07:49Merci.
07:50Merci d'avoir pensé à moi.
07:52Premier commentaire, Hichem, sur les chiffres que j'ai énoncés.
07:55Là, c'est le factuel.
07:57Ce sont les chiffres du HCP, situation catastrophique en 2022-2023, léger redressement de la situation
08:04du marché de l'emploi en 2024, et puis ces annonces, ces promesses du gouvernement
08:10pour aller de l'avant et accélérer la cadence sur les deux prochaines années.
08:14Qu'est-ce que vous en pensez ?
08:15Moi, je pense que le gouvernement a raté le coach au départ.
08:19C'est qu'au départ, après les élections, il avait un raz-de-marée partout dans les
08:24communes, dans les régions, et au niveau du Parlement, pour qu'il puisse faire passer
08:28le maximum de choses qui peuvent être profitables aux citoyens.
08:32La première chose qui a été faite, c'était de s'adresser à l'emploi très clair,
08:36et à mon avis, on a perdu énormément de temps et énormément d'argent dans ça,
08:39notamment des programmes qui n'ont pas donné de résultats, on va dire, satisfaisants,
08:43les AORASH, les FORSA, les… voilà, qui étaient dotés de beaucoup de milliards de
08:47diamants.
08:48Donc ça, c'est le premier élément.
08:49On a perdu du temps, on a perdu de l'argent.
08:52Quand on ne construit pas une économie… et à ce moment-là, il n'y avait pas toutes
08:56les problématiques qu'on a actuellement.
08:57Certes, on avait un peu de sécheresse, il n'y avait pas encore la guerre, les deux
09:03guerres, l'Ukraine et le génocide à Gaza, mais le gouvernement avait les coups d'effronge
09:11pour pouvoir aller de l'avant d'une manière, on va dire, assez directe.
09:15Ils ont perdu du temps parce qu'ils avaient d'autres priorités.
09:20Et c'est ce qu'on disait à la radio chez toi, c'est que ce gouvernement avait
09:26plus… mettait plus l'accent sur l'emploi précaire, l'emploi, on va dire, qui n'est
09:33pas de grande valeur ajoutée que sur la création réelle de valeur ajoutée.
09:37Donc ça, c'est la première chose.
09:39La deuxième chose, c'est que quand la situation, on va dire, est devenue difficile, surtout
09:44avec la rareté de l'eau et avec les problématiques géopolitiques mondiales, il avait… il regardait
09:51autre chose et dans la foulée, comme on a des… on va dire, nos budgets sont limités,
09:57on n'est pas un pays riche, il a concentré les efforts sur les choses essentielles, notamment
10:02les autobouts de l'eau, le désalement d'eau de mer et après les projets structurants
10:05pour qu'on puisse éviter cela à l'avenir.
10:08Et le résultat, c'est qu'on ramasse un taux de chômage extrêmement élevé et on
10:13ramasse effectivement une difficulté de reprendre le rythme.
10:17Maintenant, comme je dis toujours, c'est que pour créer de l'emploi, il faut créer
10:21des employeurs.
10:22Et pour créer des employeurs, il va falloir qu'il y ait des réformes de l'ordre réglementaire
10:29qui sont simplement un papier A4 à faire.
10:31Typiquement, je vais… je sais que tu ne vas pas aimer cette proposition, l'EVTC au
10:36Maroc, c'est quelque chose qui est créatrice d'emplois.
10:38Il suffit simplement de mettre un papier A4…
10:40Pourquoi je ne l'aimerais pas ?
10:42Je ne sais pas, parce que je ne t'ai pas en face.
10:45Sinon, j'aurais vu que t'aimais ce match.
10:47Mais pour le moment, je vais suivre à ta voix.
10:50Je sais que le sujet, vous l'avez débattu la semaine dernière avec ma consoeur Nadala.
10:56Et le fait d'actualité en question qui s'est produit à Casablanca avec un diplomate
11:02russe est bel et bien la preuve que le système actuel est obsolète, qu'il faut changer
11:08les choses, mais il faut du courage politique pour changer la donne.
11:11Il ne faut pas de courage.
11:13Il faut aller à l'évidence.
11:15Il faut aller à l'évidence.
11:17Et c'est ce que ne fait pas ce gouvernement.
11:19Il faut aller sur des choses très évidentes, notamment des changements de réglementation
11:23qui permettent tout de suite l'accélération d'emplois, typiquement sur ce sujet.
11:27Enfin, on peut aller sur d'autres sujets, notamment sur le code du travail.
11:31Il a complètement raison.
11:33Vous savez, quand on vous employe, quand on vous connaît quelqu'un dans votre entreprise,
11:39c'est très, très difficile de se séparer de ce quelqu'un.
11:41Pas pour des questions de compétences, peut-être pour des questions économiques,
11:44des questions de mobilité.
11:46C'est symptomatique de notre état d'esprit.
11:50C'est que la barrière à la sortie étant difficile, personne ne rentre.
11:55C'est très simple.
11:57C'est que si vous savez que c'est très compliqué de se séparer de quelqu'un,
12:00vous allez recruter difficilement.
12:02Ou alors vous recrutez des gens avec des statuts qui ne garantissent pas
12:07leurs droits élémentaires et qui vous permettent éventuellement
12:09de vous séparer d'eux assez rapidement.
12:11Il n'y a pas ce type de statut.
12:14Quand vous viendrez au studio, je vous dévoilerai les statuts
12:19qui vous permettraient éventuellement de le faire.
12:21J'espère que vous avez beaucoup d'affaires.
12:23Juste, Hicham Esmaïl aimerait rebondir sur ce que tu disais à l'instant.
12:27Un commentaire.
12:28Le gouvernement nous dit objectif 1 million d'emplois.
12:31Oui, bon, on sait que ce n'est pas un objectif qui est réalisable aujourd'hui.
12:36InDrive, c'est 55 000 drivers.
12:38On va citer d'autres marques, vous ne criez pas les problèmes.
12:41InDrive, Hitch, Uber, Bolt, Tugo.
12:44Maintenant, vous pouvez continuer votre exposé.
12:47C'est 55 000 emplois, c'est une boîte.
12:50Glovo, Yassir, Coolmar.
12:54Glovo, le leader, c'est 5 000 emplois.
12:57C'est-à-dire que InDrive et Glovo font 6 % du chiffre.
13:02Deux boîtes, 6 % du chiffre.
13:04Dans une économie où vous faites du digital
13:08et où le digital commence à employer d'autres entrepreneurs,
13:11le million d'emplois, vous y arrivez très vite
13:13quand vous avez une économie digitale qui progresse vite.
13:16En plus, ce sont des emplois qui ne demandent pas de formation particulière
13:19ou de compétences particulières.
13:24Après, si je peux me permettre, il y a emploi et emploi.
13:29Si l'idée, c'est de créer uniquement ce type d'emploi,
13:33ce n'est pas cohérent avec l'ambition du Royaume du Maroc
13:38de devenir une nation avec un socle économique solide.
13:42Pourquoi l'emploi, selon vous, doit être le CD ?
13:48Qui vous dit que le chauffeur InDrive n'est pas très content
13:51et qu'il gagne plus que la majorité des gens qui sont en CD ?
13:54Parce qu'il y a pas mal d'enquêtes qui ont été menées sur le sujet.
13:57Je ne parle pas uniquement des chauffeurs d'InDrive
14:01mais aussi de ce nouveau type d'emploi
14:04qui rentre dans le cadre de l'ubérisation de l'économie mondiale.
14:07Ce n'est pas un fait uniquement marocain.
14:09Nous, on commence à peine à subir les effets de cette ubérisation.
14:12Il y a des effets négatifs, néfastes qu'il faut souligner.
14:16Permettez un minimum de contradiction dans cette émission.
14:19Qu'est-ce qu'on leur propose d'autres par ailleurs ?
14:23Ça, vous avez raison.
14:25Dans le cas contraire, ils sont chèdés de la tête.
14:28Sur ce point, vous avez entièrement raison.
14:31Celui qui a raison, c'est aussi le temps et le réalisateur qui est derrière la vitre
14:35qui me dit de rendre l'antenne.
14:38On a de la pub et le point info de 9h avec Mourad Baba.
14:41On poursuit le débat avec Ismail Bargache et Hicham Ahmadi
14:44juste après cette petite pause.
14:47La suite des décodeurs d'Atlantique Matin
14:50avec Ismail Bargache, cofondateur d'Ouphor,
14:53ici présent dans le sud de Khadija Sifi
14:57et comme par magie, Hicham Ahmadi qui était en ligne avec nous
15:00et qui est parmi nous en chair et en os.
15:03Je sais qu'à chaque fois qu'il pleut sur Casablanca,
15:06il y a un trafic impossible et incroyable
15:09qui t'empêche d'être à l'heure.
15:12On va essayer de trouver une solution à cette problématique
15:15mais on va surtout essayer de trouver des réponses
15:18aux questions que nous nous posons ce matin
15:21concernant la création de l'emploi.
15:24On a présenté les chiffres et vous avez donné votre ressenti
15:27et votre commentaire par rapport à ce qui est annoncé
15:30notamment par le gouvernement.
15:33Ce qui m'intéresse, c'est que tu l'as dit tout à l'heure Hicham,
15:36pour créer de l'emploi, il faut créer des employeurs.
15:39C'est la raison pour laquelle l'échange et la discussion avec vous
15:42est intéressante parce que vous êtes des employés en quelque sorte.
15:45Parfois, il est beaucoup plus que certaines.
15:48Ça dépend de ton mood et de ta perception.
15:51On ne peut pas être pertinent à chaque fois.
15:54On peut continuer comme ça mais il y a des auditeurs qui nous écoutent
15:57et qui aimeraient bien avoir des réponses aux questions.
16:00Ma question est la suivante.
16:03Si vous étiez aux commandes, aux manettes,
16:06qu'est-ce qu'il faudrait faire pour créer de l'emploi durable,
16:09qualifié, pas précaire,
16:12et permettre à cette jeunesse,
16:15ces 200 000 qui arrivent chaque année sur le marché du travail,
16:18de trouver des débouchés ?
16:21Je vais prendre un papier vide,
16:24un papier A4 et je vais déverrouiller
16:27tout ce qui est verrouillé actuellement.
16:30D'abord, tu vas activer le levier réglementaire.
16:33C'est un papier A4, ça n'a pas de coût.
16:36Tous les métiers qui nécessitent des autorisations
16:39ne devraient pas passer par un cahier des charges.
16:42Par exemple ?
16:45Je sais que c'est un secteur qui vous intéresse,
16:48mais au-delà de ça ?
16:51On peut faire, par exemple, toute la partie développement
16:54de la blockchain et des cryptos,
16:57toute la partie drone, tout ce qui est soumis à l'autorisation.
17:00Ça s'appelle un changement de paradigme.
17:03Ça coûtera rien.
17:06Ce n'est pas du budget,
17:09c'est que de l'encre et un papier.
17:12C'est basique.
17:15Ça permet à des gens de pouvoir créer tranquillement.
17:18Une fois que vous avez activé le levier réglementaire ?
17:21Non, il y a d'autres leviers.
17:24De deux, pour créer des employeurs,
17:27il va falloir qu'on leur donne du cash.
17:30Il faut que les budgets qui sont disponibles
17:33pour le financement de l'entreprise
17:36puissent coûter moins cher.
17:39Il faut, encore une fois, par le biais d'un papier A4,
17:42permettre à des entrepreneurs d'accéder
17:45à du crédit pas cher.
17:48On a pu le faire pendant le Covid,
17:51avec les Intel Arcades.
17:54Je ne comprends pas comment on ne peut pas le faire en dehors du Covid.
17:57On a pu le faire, mais je me rappelle aussi
18:00la prise de parole du Wallet de Banque le Maraib
18:03qui a dénoncé le fait que les banques ne jouaient pas le jeu.
18:07C'est du papier A4 et c'est de l'audit.
18:10C'est un papier A4 pour imposer cela.
18:13Après, c'est de l'audit en termes de suivi pour imposer
18:16à ce que ce soit exécuté.
18:19Si ce n'est pas exécuté, il y a de la sanction.
18:22Cela permet d'avoir du cash disponible pour l'entreprise.
18:25Quand je dis disponible pour l'entreprise,
18:28c'est pour pouvoir financer le BFR, l'exploitation, le financement.
18:31Il n'est pas normal qu'on puisse aller
18:34un crédit perso, un crédit leasing à travers
18:37un organisme qui finance des crédits persos à 14%.
18:40Cela n'existe que chez nous au Maroc.
18:43Troisième chose, je ferai en sorte
18:46à ce que l'immobilier soit moins attractif
18:49que l'investissement dans l'entreprise.
18:52Le principal concurrent de l'IT, de la tech,
18:55c'est l'immobilier.
18:58C'est plus rentable et c'est plus sûr.
19:01L'être moins, ça veut dire qu'il faut le taxer plus.
19:04Le capital suit la rentabilité.
19:07Si on rend la tech plus intéressante,
19:10plus attractive que l'immobilier,
19:13le capital va aller dans cela.
19:16Vous oubliez un élément.
19:19Quelqu'un qui veut investir dans l'immobilier
19:22n'a pas forcément besoin de compétences.
19:25Même dans la tech ?
19:28C'est pas vrai.
19:31Pas du tout.
19:34Vous faites confiance à un promoteur
19:37qui va construire peut-être pas selon les règles
19:40et que ça va s'effondrer demain.
19:43C'est exactement le même risque.
19:46Vous faites confiance à Smaïl,
19:49vous lui confiez votre argent,
19:52il va faire en sorte à ce que vous devenez riche.
19:55Je n'ai pas encore fini.
19:58Il y a un quatrième point ?
20:01Oui, il y a plusieurs points.
20:04Il reste une minute avant la pause info.
20:07Les derniers points.
20:10On rend l'investissement dans la tech
20:13attractif.
20:16Et le dernier élément qui est très important,
20:19on refait le code du travail.
20:22Ça, c'est déverrouiller
20:25toute la partie investissement dans des métiers
20:28qui sont soumis à l'autorisation.
20:31Quand vous voulez opérer un métier,
20:34il faut être autorisé.
20:37Par contre, là, c'est le code du travail.
20:40Il y a quelque chose qui existe,
20:43ça s'appelle la flexi-sécurité.
20:46On doit aller sur ça.
20:49Et le cinquième point,
20:52c'est accélérer et faire en sorte
20:55à ce que la justice puisse être rendue
20:58en temps et en heure.
21:01Il n'est pas normal qu'un client ne me paye pas
21:04et que je le poursuive et que j'ai un verdict en 10 ans.
21:07On peut être d'accord.
21:10C'est l'un des éléments...
21:13C'est plus facile à dire qu'à faire.
21:17J'ai la réputation de quelqu'un qui exécute bien.
21:20Laissez-moi terminer.
21:23C'est l'un des éléments mis en avant
21:26par les investisseurs étrangers
21:29pour motiver leur choix de ne pas investir au Maroc.
21:32C'est la lenteur de la justice,
21:35notamment dans les affaires commerciales.
21:38La lenteur de votre propos nous amène à déborder
21:41sur le temps imparti.
21:44Les infos avec Karim Droneh.
21:47Je me tourne vers Ismail.
21:50Il a monopolisé la parole dans la séquence précédente.
21:53Je me suis rattrapé par rapport à mon intervention.
21:56Je le savais.
21:59Il ne peut pas s'empêcher de ne pas prendre la parole.
22:02Si vous étiez aux commandes
22:05en tant qu'entrepreneur et chef d'entreprise,
22:08quels seraient les leviers à activer
22:11pour changer la donne dans ce pays
22:14et avoir un système créateur d'emploi pérenne ?
22:17J'adore cet exercice de perspective.
22:20Je vous remercie de nous le proposer.
22:23Il y a deux choses.
22:26Une chose sur laquelle je vais passer rapidement
22:29parce que c'est un no-brainer, c'est le code du travail.
22:32La partie sur laquelle je voudrais passer plus de temps,
22:35c'est celle qui consiste à dire
22:38que ce que je ferais, c'est de favoriser une économie de l'offre
22:41plutôt qu'une économie de la demande.
22:44Une économie de la demande,
22:47c'est quand on va augmenter la quantité des transferts sociaux
22:50et que concrètement, comme ce que fait notre voisin algérien,
22:53c'est 131 milliards de dollars de transferts sociaux.
22:56C'est-à-dire qu'on donne des voitures gratuitement,
22:59des maisons gratuitement,
23:02on met une caisse de compensation pour que rien ne coûte cher.
23:05Ça, c'est le pire du pire à faire
23:08parce que les gens ne travaillent pas, deviennent paresseux,
23:11ça coûte très cher à l'État, il faut exporter énormément,
23:14on a un déficit public qui est énorme
23:17et on en voit les conséquences, ils ont une inflation qui est incroyable.
23:20Ça ne crée pas de la richesse.
23:23Exactement, ça détruit de la richesse plutôt que d'en créer.
23:26Au Maroc, on est à 6 milliards de dollars de transferts sociaux,
23:29c'est déjà énorme.
23:32Moi, ce que je ferais, c'est d'encourager l'économie de l'offre.
23:35L'économie de l'offre, c'est quoi ? C'est de dire à un employeur,
23:38au lieu de dire je vais donner X gratuitement
23:41à quelqu'un qui ne travaille pas,
23:44je vais dire à l'employé, je te donne 2X
23:47si tu fais travailler 3 personnes.
23:50En fait, ce qu'on fait en se faisant,
23:53c'est qu'on augmente la production du pays.
23:56Parce qu'en fait, qu'est-ce qui se passe ?
23:59Si vous êtes dans une économie de la demande,
24:02c'est-à-dire que vous poussez la consommation.
24:05C'est une consommation qui majoritairement est importée
24:08puisqu'on a une balance DPP qui est déficitaire.
24:11Donc, ça veut dire quoi ?
24:14Ça veut dire qu'on prend les deniers publics,
24:17donc l'argent marocain, pour permettre aux gens de consommer
24:20quelque chose qu'on ne produit pas.
24:23Et quoi conséquent ce qui va se passer sur le long terme ?
24:26En plus, c'est de l'inflation importée.
24:29Donc, on va dévaluer notre monnaie et ce qui va se passer,
24:32c'est que l'inflation va devenir structurelle
24:35parce que plus on va consommer, plus il faudra importer
24:38et plus on aura besoin d'argent pour se faire
24:41et plus on va créer de dépendance aux transferts sociaux
24:44et plus il faudra continuer à mettre de l'argent
24:47dans la caisse des transferts sociaux
24:50pour pouvoir continuer à acheter la paix sociale.
24:53C'est-à-dire qu'on crée de l'argent au travail,
24:56on crée de la production, on crée de la compétitivité
24:59et on crée des exportations, on rééquilibre la balance des paiements.
25:02Tout ça, c'est théorique, évidemment.
25:05Et on a un pays qui commence à devenir compétitif.
25:08Et à ce moment-là, quand vous êtes dans cette configuration-là,
25:11le fait d'arriver au plein emploi, ce n'est plus un problème
25:14parce que vous commencez à devenir producteur.
25:17Le fait de changer le marché du travail, ce n'est plus un problème
25:20parce que les gens n'ont plus peur d'être envoyés.
25:23Et le déficit public n'est plus un problème
25:26parce que quand tout le monde travaille, les entreprises paient des impôts,
25:29les gens paient des impôts, il n'y a pas besoin de transferts sociaux.
25:32Sachant que les transferts sociaux, en général, quand vous faites une politique,
25:35de la demande coûte très, très cher à l'État.
25:38C'est ce qui coûte le plus cher.
25:41C'est une des choses qui coûte le plus cher.
25:44Sur cette question, il faut quand même maintenir un système
25:47de richesse, mais qui soit pertinent.
25:50Et c'est ce que, entre autres, le Maroc a fait ces dernières années.
25:53Mais ça, c'est une utopie.
25:56C'est pas que ça n'existe pas, ça existe.
25:59Vous avez des gens qui ont besoin du soutien de l'État pour survivre.
26:02Pour vivre et pour survivre.
26:05Il faut un État avec des fonctions régaliennes fortes.
26:08C'est différent.
26:11Vous avez parlé de la subvention, de la caisse de compensation.
26:14C'est ce qui a été modulé chez nous comme mécanisme étatique.
26:17Travers la décompensation, avec d'autres excès.
26:20Parce qu'il y a des garde-fous qui n'ont pas été mis en place.
26:23Je pense notamment à ce qui s'est passé dans le secteur des hydrocarbures.
26:26Par exemple, aujourd'hui, vous avez toujours le pain qui est subventionné par l'État.
26:29Et fort heureusement, j'ai envie de dire, parce que sinon...
26:32Si tout le monde travaille, on n'a plus besoin.
26:35Oui, ça c'est évident.
26:38Mais comment on fait pour que tout le monde travaille ?
26:41Toute la démonstration que je viens de faire va dans le sens de la réponse à cette question.
26:44Le temps passe très vite. Le débat est très passionnant avec vous.
26:47Mais malheureusement, on a moins de 10 minutes et j'ai encore pas mal de questions à poser.
26:50Je vais parler d'Elon Musk. Je ne sais pas comment on va faire.
26:53Mais j'ai une dernière question sur le premier sujet avant de parler de notre ami Musk.
26:56C'est le rôle des nouvelles technologies dans le cadre de cette discussion sur la façon ou l'approche qui doit être la nôtre en matière de création d'emplois.
27:05Est-ce que l'outil numérique, les nouvelles technologies dans ce pays...
27:09C'est une question que je vous ai déjà posée, mais je vous la repose quand même dans le cadre de cette discussion.
27:14Ça n'a pas été annoncé comme étant un élément central de cette stratégie présentée cette semaine par le gouvernement.
27:20Que doit être le rôle du numérique ?
27:25C'est dommage parce qu'on n'y croit pas.
27:27Je crois à l'intention et à l'effet du pouvoir de la volonté.
27:33Si on pense que ce n'est pas ça, ça ne va pas se réaliser.
27:36Globalement, on est en train d'actionner les mêmes leviers standards traditionnels que nous connaissons depuis toujours.
27:41Donc, on est en train de réagir comme depuis les 20 dernières années.
27:48Le ministre de l'Emploi, Youssou Khoury, parle de nouveaux programmes qui seront mis en place à partir de janvier 2025,
27:53notamment la formation par apprentissage, l'accompagnement des NIT et le développement des compétences dans le monde rural.
27:59Ça reste assez vague, mais sur la question des NIT...
28:01Non, ça reste assez standard et ça existe depuis toujours.
28:04Je vous pose la question autrement.
28:06Sur la question des NIT et en lien avec les nouvelles technologies,
28:09comment l'outil numérique peut justement nous aider à résoudre, une bonne fois pour toutes,
28:13cette problématique des jeunes marocains âgés de 15 à 24 ou 34 ans qui ne font rien pour le faire simple,
28:20qui ne suivent aucune formation, aucune activité professionnelle ?
28:23Comment l'outil numérique peut nous aider à aider ces gens-là ?
28:26Je pense qu'ils s'aident par eux-mêmes d'abord.
28:29Je crois que nous allons pouvoir pallier à ça par de l'État.
28:33Je suis d'accord avec Smaïl, c'est une vue d'esprit.
28:38Le rôle de l'État, c'est de favoriser les conditions qui permettent à ces jeunes...
28:44Pour favoriser les conditions, qu'est-ce qu'il faut ? Il faut une connexion.
28:48Il faut une connexion, il faut qu'elle ne soit pas chère.
28:50Il faut qu'il y ait des opportunités pour que je puisse gagner de l'argent.
28:54Vous créez ces deux, c'est bon.
28:56Si j'ai un laptop et que j'ai des opportunités de pouvoir gagner de l'argent, je vais le faire.
29:00Et croyez-moi, il y a beaucoup de jeunes qui se font de l'auto-formation,
29:04qui parlent très bien anglais et qui gagnent leur vie.
29:07Donc croire qu'à travers un organisme, on va les aider,
29:12je pense que les formateurs ne sont pas formés pour qu'ils forment.
29:15Pour qu'ils soient prêts, pour qu'ils soient dans le monde actuel dans lequel on vit,
29:20on n'y est pas du tout.
29:21Donc c'est illusoire.
29:22On est en train de dépenser de l'argent de la même manière depuis toujours.
29:25Je vais prendre un exemple pour abonder dans ton sens Hichem.
29:28C'est souvent, on nous dit pour l'entrepreneuriat,
29:30ce qu'il faut, c'est des programmes d'accélération pour former à l'entrepreneuriat.
29:33C'est le plus grand mensonge qui est fait au sujet de l'entrepreneuriat au Maroc.
29:36Et aujourd'hui, à chaque fois que je prends la parole sur ce sujet-là,
29:39la chose que je dis, c'est que la meilleure formation du monde pour l'entrepreneuriat,
29:43elle est gratuite en ligne.
29:44Elle s'appelle la YC Startup School.
29:47Et vous avez le contenu le meilleur du monde sur des sujets extrêmement concrets.
29:53L'exemple de l'entrepreneuriat, vous pouvez le multiplier par la quantité d'exemples de métiers.
29:57Vous voulez faire du marketing.
29:59Aujourd'hui, c'est beaucoup mieux que d'aller à HEC.
30:01Vous trouvez du contenu incroyable.
30:03Vous voulez faire du e-commerce, du dropshipping.
30:06Il y a énormément de choses.
30:07Et Hichem a raison de dire qu'il y a énormément de jeunes qui le font de manière autodidacte.
30:13Moi, ce que je pense, c'est que...
30:14La preuve, c'est d'abril.
30:15Vous partez avec une Switch.
30:16Il vous la débloque.
30:18Il vous met ce qu'il faut.
30:19Vous allez me dire, c'est illégal.
30:20Non, c'est légal.
30:21Parce qu'ils gagnent leur vie.
30:22Parce que ça leur permet de survivre.
30:24Et ils gagnent leur vie.
30:25Et les gars n'ont pas mis les pieds à l'école.
30:29Ça pose un autre problème qui est celui de la cohésion nationale, du récit national.
30:34L'école, ce n'est pas, à mon avis, juste une manière...
30:37Moi, ce que je pense, c'est que tout ce qu'on est en train de dire ne doit jamais être au détriment du fait que l'éducation publique doit être meilleure que ce qu'elle est aujourd'hui.
30:44C'est la base, il me semble.
30:46Je pense qu'on peut être d'accord là-dessus.
30:47C'est la base de tout.
30:48Absolument.
30:49Cette problématique et de toute la solution éventuellement qu'on peut trouver.
30:53Il nous reste quelques instants avant la fin de l'émission, mais j'aimerais qu'on aborde brièvement cette actualité que j'ai vue passer.
30:59Elon Musk, qui vraisemblablement aimerait faire de son réseau social X une banque à part entière.
31:07Et ce qui est drôle, c'est que certains pensent que ceux qui connaissent Elon Musk tout récemment à travers son implication politique, ou même depuis qu'il commence à lancer des fusées,
31:20oublient de préciser que c'est un professionnel des technologies financières.
31:26PayPal, c'est lui.
31:28Certains l'oublient.
31:29Justement, le gars, il fait tellement de choses qu'on oublie qu'il est à l'origine de PayPal.
31:33Corrigez-moi si je me trompe, mais le nom originel de PayPal, c'était X.
31:37C'est ce que j'ai lu hier.
31:39Après, je ne sais pas si c'est vrai ou pas.
31:40En fait, X était le nom de la boîte d'Elon Musk qui a fusionné avec PayPal.
31:44C'est à ce moment-là qu'il est devenu patron de PayPal.
31:47Donc, la boucle sera bouclée.
31:49Si au final, il arrive à faire de Twitter X une banque à part entière, il reviendra aux origines de ses activités.
31:57Non seulement.
31:58Qu'est-ce que vous en pensez rapidement ?
31:59Non seulement, c'est extraordinaire du fait de la petite histoire du nom X.
32:04Mais moi, ce qui m'impressionne, c'est à quel point ce gars.
32:08En fait, quand vous êtes un constructeur de fusées, vous fabriquez une fusée et vous dites celui qui veut envoyer du fret dans l'espace.
32:18Moi, je vais lui louer de la place dans la fusée et ça coûte tant de millions de dollars.
32:23Quand vous vendez des voitures, vous avez une usine, elle fabrique des voitures.
32:29Tout ce qu'il a fait jusqu'à aujourd'hui, il a réussi à le mener à une échelle importante et à faire des boîtes très rentables qui valent beaucoup d'argent.
32:36Il y a une chose qu'il n'a pas encore fait, c'est la banque.
32:39Et la banque, elle a une particularité qui est extrêmement différente de tout ce qu'on vient de dire maintenant.
32:44Et je pense que c'est ce qui motive Elon Musk d'aller dans cette direction, c'est que les banquiers ont un droit particulier, c'est celui de l'émission de l'argent, l'effet de levier.
32:53En somme, quand vous ou moi, on dépose un dirham à la banque, la banque, ce dirham, elle a le droit de le prêter entre 9 et 12 fois et de faire de la marge,
33:02c'est-à-dire un taux d'intérêt sur ce dirham qu'on lui a prêté.
33:07Ce mec, c'est ce qu'on appelle les ratios de balles. Ce ratio entre 9 et 12, il est géré par ce qu'on appelle les ratios de balles, etc.
33:14La magie de la banque et l'hyper rentabilité structurelle de la banque, elle est de ce fait-là.
33:20Et donc, quelle sera sa mission ? Qu'est-ce qui le motive dans ce secteur ?
33:24Je pense que ce qui le motive, c'est deux choses. C'est un, le fait qu'il va avoir le droit d'émettre de l'argent et donc de créer beaucoup d'argent,
33:30beaucoup de profits qui vont lui appartenir. Et deux, du fait d'être aujourd'hui la personne au monde qui fait argument d'autorité dans le monde du digital.
33:38Il va mixer les deux et il va faire un monstre, je pense.
33:41Et Richem ?
33:42C'est le sens de la marge. Moi, j'avais simplement envie d'enlever le si avec lequel vous avez commencé.
33:49S'il réussit le pari, non. Le si n'existe pas pour lui.
33:53Le si était intentionnel dans le sens où je ne sais pas si le fond de sa pensée, c'est de faire justement de X une banque à part entière ou c'est juste des projections, des commentateurs ?
34:03C'est un entrepreneur. C'est qu'il avance et puis après, il change de direction. Donc, il commence par ça et puis après, ça va aller encore plus loin.
34:10Alors, ça l'intéresse.
34:11Oui. Donc, ce n'est pas quelque chose qui est limité.
34:15Juste pour conclure, il y a une image qui a d'ailleurs été reprise par Smaïl sur ses réseaux sociaux. C'est pour la réouverture de Notre-Dame à Paris.
34:23Vous avez Elon Musk qui traverse le couloir. Une personne qui vaut 300 et quelques milliards de dollars et en face de lui, un parterre d'hommes politiques.
34:34J'avais un commentaire. Bon, c'était un peu désobligeant pour les autres, mais une brochette de bras cassés responsable de plus de 3000 milliards de dettes.
34:43C'est vrai que le contraste, il est saisissant. Bon, on va conclure là-dessus. Merci beaucoup Smaïl. Merci Hicham.
34:48C'est toujours un plaisir d'échanger, de débattre avec vous. Karim Droneh, c'est toujours un plaisir de le recevoir également pour les informations.
34:53Il prend le relais dans quelques instants. A tout de suite.

Recommandations