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COMMENT la RÉVOLUTION FRANCAISE a influencé la Belgique ?
Avec Corentin Rousman, conservateur au Mons Memorial Museum, nous nous intéressons à l’influence qu’à eu la révolution française sur la Belgique, de sa création à sa structure, en passant par les systèmes et objets du quotidien qui occupent encore notre vie de tous les jours.

Nous expliquons également comment l’occupation française a été perçue, accueillie et quels en ont été les répercutions sur les populations locales.

L’histoire de la Belgique actuelle est très récente, mais pour en arriver au résultat que nous lui connaissons, le pays a dû passer par divers étapes que nous abordons aujourd’hui.

Je remercie Corentin Rousman d’avoir accepté l’invitation et le Mons Memorial Museum de m’avoir fait confiance. Parcourez l’histoire des deux guerres mondiales à travers l’expo permanente du Mons Memorial Museum. Découvrez également les expos temporaires qui y sont régulièrement organisées.

Plus d’infos sur : www.monsmemorialmuseum.mons.be

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Transcription
00:00:00Bonsoir ! Ce soir nous allons nous intéresser à l'influence de la révolution française sur la Belgique avec mon invité Corentin Roussman,
00:00:07conservateur au Mons Memorial Museum. Je vous rappelle que vous pouvez poser vos questions dans le chat en direct et nous y répondrons.
00:00:14N'hésitez pas aussi à interagir directement, à réagir à ce qui est dit ici dans le live et
00:00:19si vous souhaitez soutenir la chaîne et bien sachez que maintenant les super chats sont disponibles donc
00:00:24voilà si vous souhaitez soutenir la chaîne vous pouvez les activer mais ce n'est absolument pas une obligation c'est
00:00:30selon ce que vous souhaitez faire. Bonjour Corentin ! Bonjour Pierre ! Peux-tu te présenter en deux mots pour les gens qui ne connaîtraient pas encore ?
00:00:37Alors Corentin Roussman, je suis le conservateur du Mons Memorial Museum, donc c'est un musée
00:00:44d'histoire militaire et de société qui est situé à Mons et qui présente
00:00:50l'histoire militaire de Mons depuis la présence militaire
00:00:54au Moyen-Âge
00:00:55jusqu'à aujourd'hui. Avant même de parler de l'influence de la Révolution française, est-ce que tu pourrais un petit peu
00:01:02recontextualiser
00:01:03l'époque, nous dire un petit peu comment
00:01:07s'organise cette période, nous expliquer un petit peu comment tout fonctionne à ce moment-là. Donc en fait on est dans une période qui
00:01:14ce qu'on appelle régulièrement la période des révolutions
00:01:17qui va avoir beaucoup d'impact et beaucoup de transformation au sein de la Belgique. Alors aujourd'hui
00:01:24je vais revenir sur beaucoup de définitions parce que quand je vais parler de la Belgique, je vais majoritairement parler des Pays-Bas
00:01:31autrichiens, donc on est à la fin du XVIIIe siècle, Pays-Bas autrichiens et je vais rarement parler de
00:01:39la principauté de Liège que j'ai beaucoup moins étudié et on va plutôt vraiment traiter
00:01:46de ce qu'il y a sur la frontière entre la Belgique et la France. Alors pourquoi cette période
00:01:52elle est un peu plus compliquée, période dite de révolution au pluriel, parce que
00:01:58on a la Révolution française qui se déroule
00:02:02véritablement en 1789, la prise de la Bastille le 14 juillet, mais au même moment en Belgique
00:02:10on subit une révolution aussi, une révolution qui est totalement différente, c'est la révolution des États belgiques unis
00:02:17qui est une révolution
00:02:19contre les réformes de Joseph II. Si on doit comparer la Révolution française et la Révolution des États belgiques unis, eh bien elles s'opposent en
00:02:27tout type quasiment, c'est-à-dire que Joseph II veut faire des réformes
00:02:30et les populations belges ne veulent pas des réformes, en France on ne fait pas des réformes, c'est la population qui veut des réformes et donc
00:02:39et surtout qu'en Belgique on est pour la restitution des privilèges, les modes de fonctionnement anciens,
00:02:46conserver
00:02:47les festivités religieuses, alors qu'en France on est
00:02:52tout à l'inverse, on veut supprimer les clergés, supprimer les privilèges et donc c'est assez
00:02:59deux modes, deux révolutions totalement en opposition. En Belgique de 1740, durant
00:03:05presque un peu moins d'une année, on va être indépendant face au pouvoir autrichien, puis on va avoir ce qu'on appelle la première restauration autrichienne
00:03:13en 1790
00:03:16qui va durer plus ou moins deux ans, deux ans où on sera
00:03:21de nouveau autrichien et puis on va avoir la fameuse bataille de Jemappes de 1792 qui va nous faire basculer
00:03:29dans la période française, on va devenir français
00:03:34jusqu'à la bataille de Nerwinden en 1793 où les autrichiens reviennent et reprennent l'ensemble
00:03:41des territoires des pays botrychiens. Pour arriver à la bataille de Florus en 1794 ou de 1794
00:03:48jusqu'à 1813-14, eh bien là on sera véritablement dans ce qu'on appelle la période
00:03:56française qui va avoir énormément d'impact, mais ça on le verra par la suite. Et puis on a ce sous-brosseau des 100 jours de Napoléon
00:04:04jusqu'à la bataille de Waterloo où on redevient
00:04:07durant quelques jours, quelques semaines à peine, on retourne dans l'empire
00:04:14français jusqu'à Waterloo
00:04:18et la fin de la période française dans nos régions.
00:04:21Voilà, j'ai essayé d'être court mais c'est pas évident.
00:04:25En effet c'est difficile de résumer une telle période en quelques minutes, mais justement on va pouvoir
00:04:31étoffer ta réponse à travers le live et même à travers vos questions. Je dis bonjour à Joe et à Phénix qui nous ont rejoints.
00:04:38Est-ce que tu pourrais un petit peu nous parler de la configuration géopolitique de l'époque ?
00:04:42Ah la configuration géopolitique de l'époque, elle en revient véritablement à ce que
00:04:49j'expliquais auparavant. Nous on est dans les territoires des Habsbourg, on est les pays bas
00:04:55autrichiens, les Habsbourg c'est un empire
00:04:58extrêmement
00:05:00important.
00:05:02La France a un territoire qui est très grand et véritablement on est
00:05:09on a d'autres
00:05:11pays qui existent comme l'Angleterre, l'Espagne,
00:05:15l'Allemagne n'existe pas en tant que telle, on a une
00:05:18différente, comment je vais dire, territoire qui sont indépendants.
00:05:24Évidemment la Prusse est un des territoires les plus puissants
00:05:28de la fin du XVIIIe siècle et la Prusse n'est pas forcément l'alliée de l'Autriche
00:05:34à cette période-là, donc c'est
00:05:36une période un peu classique. Mais il est clair que
00:05:40et ça c'est un élément extrêmement important,
00:05:43Louis XVI est marié à Marie-Antoinette.
00:05:45Marie-Antoinette est la fille de Marie-Thérèse d'Autriche,
00:05:50la sœur de Joseph II, donc quand Joseph II prend le trône
00:05:55en 1780,
00:05:58il va le garder jusqu'à sa mort en 1789,
00:06:01et bien lui il va véritablement avoir des liens très très forts avec la France. Pour eux ils ont une paix
00:06:08continue et c'est vraiment Marie-Antoinette qui va
00:06:11être la garante de cette paix.
00:06:15La Grande-Bretagne, elle, elle n'attend qu'une seule chose, c'est de se battre contre les
00:06:20Français. En Espagne, on a un roi qui est un Bourbon, donc
00:06:26qui est proche des Français, donc
00:06:29les Français, à cette période-là, voilà, leur ennemi c'est
00:06:32les Britanniques,
00:06:34mais pas l'Autriche. Et donc ils sont un peu tranquilles à ce niveau-là,
00:06:39et c'est ça qui, à la Révolution française, va
00:06:43porter énormément de
00:06:45problématiques au niveau de la politique, parce que tout est remis en question.
00:06:49À partir du moment où on en veut au roi, on en veut à Marie-Antoinette, et donc on en veut à l'Autriche.
00:06:54L'Autriche qui a un pouvoir absolutiste,
00:06:58comme l'étaient toutes les autres nations de l'époque, excepté la Grande-Bretagne, où là on avait véritablement
00:07:04une monarchie constitutionnelle qui était déjà mise en place. Non, les autres, c'est des monarchies absolues. On a les Provinces-Unies qui sont un cas à part,
00:07:13les Pays-Bas d'aujourd'hui, mais qui, en politique
00:07:17internationale, n'a pas beaucoup de poids,
00:07:19avant tout pour les Provinces-Unis, c'est de faire du commerce. Le Luxembourg n'existe pas encore. Le Luxembourg, il est intégré dans les Pays-Bas autrichiens,
00:07:27donc il fait partie de
00:07:29tout cet ensemble, tout cet amalgame
00:07:32d'États. Et donc ça, c'est vrai que j'en ai peut-être pas parlé, mais il faut bien prendre en considération que ce qu'on appelle les Pays-Bas autrichiens,
00:07:41ce qui relie les différents comtés entre eux, c'est le fait d'avoir le même souverain,
00:07:45uniquement. Donc, ça veut dire que dans le comté de Hainaut, dans le duché de Brabant,
00:07:50les lois et les modes de fonctionnement sont différents, les unités de mesure sont différentes,
00:07:56les monnaies sont différentes. Elles peuvent être les mêmes, mais en fait, avant, la monnaie, elle fonctionnait au niveau du poids.
00:08:03C'était le poids de la monnaie, mais on frappait la monnaie en Hainaut, on pouvait la frapper
00:08:08dans d'autres comtés. Et donc,
00:08:11l'empereur d'Autriche, Joseph II, quand il veut faire une nouvelle taxe,
00:08:18il doit demander à chaque état de comté, donc pour Mons, c'est les états de Hainaut, il doit demander aux états de Hainaut s'il peut prélever un nouvel impôt.
00:08:26Et donc, il y a toujours ce contre-pouvoir. Et puis, c'est les états de Hainaut qui décident qui on va imposer, comment ça va fonctionner.
00:08:35Et ces états de Hainaut, on va retrouver les bonnes villes de Hainaut, les grandes abbayes, ainsi que les nobles.
00:08:41Et un élément qui est vraiment important aussi à prendre en considération sur les territoires des Pays-Bas autrichiens,
00:08:47c'est qu'on est tout, comment expliquer, on a avant tout des villes. Et les villes ont énormément de pouvoir.
00:08:55C'est les villes qui gèrent et qui organisent véritablement les gouvernements,
00:09:01c'est les villes qui gèrent et qui organisent véritablement l'ensemble des territoires.
00:09:07Et c'est elles qui sont véritablement les moyens financiers de l'État.
00:09:13En même temps, notre État, à cette époque-là, à la fin du XVIIIe, on est assez riche, on rapporte de l'argent au Habsbourg,
00:09:22mais le territoire leur coûte quand même assez cher, vu les problématiques militaires qu'ils vont avoir par la suite.
00:09:31Et les réformes de Joseph II vont un peu abîmer les finances de l'État au niveau du travail militaire qui va devoir être mis en place.
00:09:41Et donc, ce qui fait qu'on prend une garnison, je prends la garnison de Mons,
00:09:46on peut avoir dans la ville des militaires qui sont issus des États de Joseph II.
00:09:53Et donc, on a des locuteurs allemands, des locuteurs hongrois, des locuteurs qui sont tchèques.
00:10:03Et donc, on a véritablement un amalgame de populations différentes, mais qui fonctionnent très bien entre elles,
00:10:10et qui fonctionnent avec des représentants qui parlent tous français.
00:10:17Donc, le XVIIIe, c'est l'utilisation du français, c'est le français et l'allemand pour la période autrichienne.
00:10:23Mais voilà, toute la communication, tout se fait classiquement en français,
00:10:29et Joseph II est venu à Mons, il a fait le tour des Pays-Bas et il parlait français.
00:10:35Donc voilà, c'est la langue internationale, le XVIIIe, c'est le français.
00:10:40Je m'éloigne un peu de la question que vous me posez sur la géopolitique de l'époque,
00:10:44mais ce que je voulais dire, c'est véritablement qu'on est un petit territoire qui est présent dans un énorme ensemble hétérogène,
00:10:54mais qui fonctionne, et autour des nations aux modes de fonctionnement similaires, excepté véritablement la Grande-Bretagne.
00:11:04Mais la Grande-Bretagne qui, déjà à ce moment-là, ne s'intéresse plus à ce qui se déroule en Europe,
00:11:11et est partie sur les territoires extramarins.
00:11:14Oui, ça me fait un peu penser à la Belgique actuelle quelque part, avec toute sa complexité, mais bien, bien en arrière.
00:11:21Ici, j'ai Joe qui pose une première question, qui demande comment les idéaux de la Révolution française ont-ils été perçus par la population belge en général ?
00:11:31Dans nos régions, ce qui se passe, c'est que quand la Révolution française arrive, les Belges vont se prendre un petit peu,
00:11:40je vais utiliser la phrase suivante, une claque dans le visage, parce qu'ils vont voir arriver chez eux tout plein de réfugiés français.
00:11:48Et donc, c'est-à-dire qu'on va avoir des nobles, des membres du clergé, qui, voyant les difficultés arrivées en France,
00:11:56qu'est-ce qu'ils font ? Ils se déplacent dans nos régions. Pourquoi ? On est très proche de Paris,
00:12:02on est dans un territoire qui est facilement, avec une frontière facilement traversable,
00:12:08on ne doit pas passer les Pyrénées pour aller jusqu'en Espagne, on ne doit pas aller dans des petites,
00:12:14on parle toujours français dans nos régions, et donc ils se disent, on va aller sur Bruxelles.
00:12:20Ils passent par Mons auparavant, et là, évidemment, ce sont des gens qui fouillent cette Révolution.
00:12:25Et donc, qu'est-ce qu'ils vont diffuser ? Eh bien, ils vont diffuser, vous allez voir, ça va être catastrophique,
00:12:31vous allez perdre votre argent, on va vous voler, il y a les journaux de l'époque qui racontent tout ce qui se déroule,
00:12:39et ce n'est pas folichon, il y a des meurtres, des assassinats, politiquement, c'est des troubles, et ces troubles font peur.
00:12:51Et la population de nos régions, elle est un peu troublée par rapport à ça, elle vient de subir une Révolution.
00:12:57Alors, au tout début, elle peut s'identifier à cette première Révolution comme la Révolution des États belges et cunies,
00:13:03en disant, ben voilà, on veut nous-mêmes diriger notre avenir. Mais quand ils ont vu tous les déboires qui arrivaient,
00:13:11et toutes les envies contre le clergé, et donc là, on n'est pas vraiment en 1789, mais c'est les années suivantes,
00:13:17et là, véritablement, la population belge va, dans un premier temps, avoir peur de l'arrivée de ces Français,
00:13:27avoir peur d'un mode de fonctionnement qui n'est pas habituel, c'est-à-dire que, jusqu'à la fin de l'Ancien Régime,
00:13:35il y a des classes sociales, on ne traverse pas ces classes sociales. Et attention, il y a différentes classes sociales,
00:13:42parce qu'on a l'habitude, on nous a tous appris dans nos cours qu'il y avait le clergé, les nobles et les autres,
00:13:48les tiers-États. Mais dans les tiers-États, il y a la bourgeoisie, donc c'est les riches des villes.
00:13:54Et en Belgique, il y a énormément de riches des villes. Et ils voient que cette armée révolutionnaire,
00:14:01que ces hommes révolutionnaires ne sont pas ces bourgeois, mais un peu tout le bas-fond de ce qu'il peut y avoir.
00:14:10Et que c'est un amalgame de populations totalement différentes et qui va du plus bas de la société au plus haut de la société.
00:14:21Et dans nos régions, un bourgeois reste un bourgeois. Un bourgeois, c'est tout simplement un habitant des villes,
00:14:27mais on peut vraiment prendre en considération le titre bourgeois, c'est-à-dire quelqu'un qui a une certaine prestance,
00:14:34un certain moyen financier et qui ne voit pas d'un bon oeil l'arrivée d'une population étrangère qui viendrait les piller.
00:14:42Donc véritablement, il y a deux visions. Au premier, on peut être un petit peu intéressé par ce principe des peuples
00:14:50de disposer d'eux-mêmes et de choisir leur propre gouvernement. Mais à côté de ça, la crainte, la peur de bouleversement,
00:14:57de changement et surtout qu'en 1784 ou 1785, non excusez-moi, en 1786 exactement, lorsque Joseph II fait son édit contre les kermesses
00:15:11et les fêtes religieuses, contre les processions, nous dans la région, on fait une révolution pour remettre en place ces fêtes religieuses.
00:15:19Et donc quand il voit qu'on est en train d'attaquer le clergé et toutes ces fêtes religieuses en France,
00:15:26les habitants de nos régions vont à l'encontre et donc ils ont peur, mais ils se disent que ça n'arrivera pas jusqu'à eux.
00:15:34Donc dans ce cas, on ne pourrait pas vraiment dire que la Belgique de l'époque n'était pas vraiment un terreau fertile pour la révolution alors ?
00:15:42Elle n'était pas un terreau fertile pour la révolution française, pour les idéaux de la révolution française.
00:15:48Elle était un terreau fertile pour un certain conservatisme et une certaine habitude d'être dirigé par les Habsbourgs.
00:15:59L'avantage chez nous, c'est que même si Joseph II est un empereur et qu'il est notre souverain, il y a ce contre-pouvoir qui existe et ce contre-pouvoir qui a quand même du poids.
00:16:11Et vous allez me dire en France aussi, quand Louis XVI appelle les états généraux et qu'ils veulent prélever un nouvel impôt, il y a les fils, le clergé et la noblesse.
00:16:25Mais la seule différence, c'est que chez nous, ils devaient le faire dans chaque comté. Ils ne devaient pas le faire qu'à un seul endroit pour tout le pays.
00:16:32Déjà, la France est un état centralisé. Nous, on est un état confédéralisé même.
00:16:38Et donc, c'est totalement différent les rapports de force.
00:16:41D'ailleurs, ce qui était extrêmement difficile pour celui qui gérait nos régions, parce que chaque région avait des idées et des ambitions différentes.
00:16:49Et donc, c'est vraiment ça à prendre aussi en considération.
00:16:54Oui, en effet. Dans ce cas-là, c'était plus compliqué au niveau de la passation de nouvelles taxes, etc.
00:17:03Quel était l'intérêt de l'armée révolutionnaire de prendre la Belgique ?
00:17:07L'armée révolutionnaire, si elle attaque la Belgique, en fait, elle ne veut pas attaquer la Belgique.
00:17:14Elle veut attaquer les territoires autrichiens.
00:17:17Elle veut attaquer l'Autriche parce que de nombreux Français, justement, comme j'expliquais avant, sont dans nos régions.
00:17:24Et une fois qu'ils sont dans nos régions, ils veulent remettre en place le roi sur le trône.
00:17:30Et pour ce faire, ces réfugiés vont se préparer à une contre-révolution, plutôt à une volonté de restauration du pouvoir royal,
00:17:42et vont se faire aider par, évidemment, le pouvoir autrichien et les Prussiens.
00:17:50Et donc, on va avoir un principe, c'est que les Français vont décider d'attaquer les premiers.
00:17:58Et donc, comme ça, ils déclarent la guerre.
00:18:01Et à partir de ce moment-là, la coalition européenne se met en place.
00:18:05Les Prussiens descendent vers la France et ils arrivent à Valmy.
00:18:11Donc là, on va avoir la fameuse bataille de Valmy.
00:18:14Bataille de Valmy où on explique, en fait, que les Prussiens, quand ils sont arrivés sur le territoire de la France,
00:18:20ils ont fait une petite bataille.
00:18:22Ils auraient reçu, ça c'est du conditionnel, ils auraient reçu des bijoux et de l'argent pour rentrer chez eux,
00:18:31et qu'ils auraient pris le butin de la part des révolutionnaires et qu'ils seraient rentrés tranquillement chez eux.
00:18:36Les Français, enorgueillis de cette victoire, se disent qu'il faut véritablement maintenant attaquer l'armée autrichienne
00:18:42avant qu'elle nous attaque sur notre territoire, et elles décident d'attaquer nos régions.
00:18:48Pour attaquer nos régions, c'est très simple.
00:18:51On a des villes à prendre et des endroits où les armées sont stationnées.
00:19:00Mais juste un élément, c'est vrai qu'alors que l'armée française combat Valmy, les Autrichiens font le siège de la ville de Lille.
00:19:08Donc les Autrichiens assiègent Lille et ils assèchent très bien Lille.
00:19:13D'ailleurs, ils bombardent la ville, c'est très difficile pour les habitants de Lille.
00:19:18Et puis l'armée autrichienne se replie sur Tournai, et les Français se disent qu'ils allaient attaquer autre part,
00:19:24et ils décident d'attaquer Surmonce.
00:19:26Ils attaquent au mois d'avril 1792 Surmonce pendant deux jours, mais ils ne vont pas gagner.
00:19:33Ils vont perdre d'ailleurs ces premiers combats qu'on peut dire escarmouches.
00:19:40Et c'est seulement au mois de novembre qu'ils vont revenir beaucoup plus forts
00:19:45et qu'ils vont réussir à battre les Autrichiens, les Autrichiens qui vont se replier.
00:19:52Une fois qu'ils ont gagné, que les Français gagnent la bataille de Jemappes,
00:19:56en fait les Autrichiens se replient et donc l'ensemble des territoires est pris.
00:20:02Mais pas vraiment, le temps qu'on se déplace, c'est un peu plus compliqué.
00:20:09Mais c'est particulièrement très comique à ce moment-là.
00:20:13Pourquoi c'est comique ? Parce que lorsque la France déclare la guerre à l'Autriche,
00:20:19il y a un soldat qui arrive à Kievrin et qui va être escorté de Kievrin jusqu'à Mons,
00:20:25et qui va être présenté devant les autorités militaires basées à Mons,
00:20:29et qui va déclarer officiellement la guerre à l'Autriche.
00:20:33Et puis lui, il va repartir tranquillement jusqu'à la frontière.
00:20:38Et déjà à ce moment-là, il y a un petit accord qui est pris entre les armées autrichiennes
00:20:42et les armées françaises, en se disant, ok, on va se battre,
00:20:46mais n'attaquez pas les guerres frontières.
00:20:50Donc, n'attaquez pas les postes frontières et on reste comme ça.
00:20:54Donc, il ne faut pas s'imaginer une guerre…
00:20:58En fait, on fait la guerre parce qu'on va défendre des idéaux,
00:21:01mais on fait une guerre, entre guillemets, je n'aime pas ce mot-là, mais une guerre propre.
00:21:05C'est-à-dire qu'on va se battre, on se déplace, on arrive à un endroit et puis on attaque.
00:21:11Bon, après, voilà, ils vont peut-être violer des femmes,
00:21:14ils vont peut-être piller et incendier des habitations,
00:21:18mais voilà, on n'est pas dans la vindicte d'une volonté de vouloir tuer tout le monde.
00:21:24Des gentlemen qui vont combattre des gentlemen, il y a des us et coutumes,
00:21:28des modes de fonctionnement, et on va respecter ces modes de fonctionnement,
00:21:31et il y a toujours des discussions.
00:21:33Quand on remarque qu'à l'époque, il y a toujours des discussions avec une certaine organisation,
00:21:38et donc quand, à la bataille de Gemap, les Autrichiens s'en vont,
00:21:42ce n'est pas une bataille avec énormément de morts,
00:21:45mais voilà, les Autrichiens rentrent dans la ville,
00:21:48le lendemain matin, on est le 7 novembre, Dumouriez demande aux Autrichiens de quitter la ville,
00:21:52ils quittent la ville, les Français rentrent dans la ville, basta, et c'est tout.
00:21:58Et la population qui est là, dans la ville, elle regarde et elle découvre.
00:22:02Et elle découvre ces soldats, ces fameux sans-culottes qui arrivent.
00:22:06Et après, on va avoir la portée politique qu'on va vouloir donner
00:22:11à cette victoire de la bataille de Gemap qui est totalement autre.
00:22:17Mais avant tout, les réfugiés français, eux, quittent Mons,
00:22:21sont déjà partis sur Bruxelles, et auparavant,
00:22:26Dumouriez avait fait un message à la population belge
00:22:31en disant qu'il venait pour les libérer.
00:22:34Et donc, c'est la première fois qu'on voit véritablement une propagande complète,
00:22:39et j'utilise le bon terme, une propagande française,
00:22:42pour faire changer la mentalité des populations de nos régions,
00:22:46pour leur dire, en fait, on vous apporte des libertés,
00:22:50on vous apporte ce que vous aviez toujours voulu.
00:22:53Et les Français disaient d'ailleurs qu'ils venaient nous libérer du joug des Autrichiens
00:22:57et qu'après, ils allaient nous laisser indépendants.
00:23:00Mais évidemment, l'Assemblée nationale française va décider le contraire,
00:23:05va décider qu'ils ne peuvent pas nous laisser indépendants,
00:23:08ils ne peuvent pas nous rendre la liberté.
00:23:10Enfin, ils ne vont pas dire nous rendre la liberté,
00:23:12mais qu'à partir du moment où on a été récupéré,
00:23:15on fait partie de la France et que notre destin est lié avec la France
00:23:20et que les soldats ne sont pas morts pour rien.
00:23:23Et donc, on nous avait promis quelque chose que finalement, on n'aura pas.
00:23:26Justement, tu as parlé de la bataille de Gemap, j'aimerais rebondir dessus.
00:23:29Est-ce que tu pourrais nous en parler parce qu'elle a eu quand même un impact non négligeable
00:23:34sur le cours de l'histoire chez nous ?
00:23:37Comme je l'ai dit, j'avais étudié ça pour mon mémoire de licence en dernière année en histoire.
00:23:43Il y a plein de facteurs qui font que la bataille de Gemap a lieu.
00:23:47Mais l'objectif des Français, ce n'est pas Gemap, c'est Mons.
00:23:51L'objectif, c'est de prendre la ville de Mons.
00:23:54Mons est la ville qui sépare Bruxelles de Paris.
00:23:58C'est une capitale de comté.
00:24:01C'est une ville qui est modestement riche et une ville où les alentours,
00:24:09l'industrialisation est déjà bien avancée.
00:24:12Donc, on a déjà des charbonnages, on a l'extraction de la houille
00:24:17et on a une cité assez florissante.
00:24:22En 1782, Joseph II avait décidé de démolir l'ensemble des fortifications de nombreuses cités,
00:24:29dont Mons.
00:24:30Et donc, Mons se retrouve sans aucune fortification.
00:24:33Elle n'a juste que son mur médiéval qui reste.
00:24:36Et ce mur médiéval est là pour les impôts.
00:24:38Parce que quand vous rentrez dans une ville, on paie des impôts
00:24:40et on ferme les portes à la fin de la journée et on rouvre les portes au matin.
00:24:43Et donc, les Autrichiens qui doivent défendre la ville,
00:24:45quand on leur déclare, quand la France déclare la guerre,
00:24:50à ce moment-là, ils disent comment on va protéger Mons ?
00:24:54En fait, ils vont construire des fortifications de campagne.
00:24:58Donc, il faut s'imaginer des fascines en bois, des constructions en bois,
00:25:02des barricades en bois à différents endroits où on va placer l'artillerie
00:25:06et où on va installer la cavalerie.
00:25:09Et donc, il y en aura un peu partout.
00:25:10Au mois de novembre, on sait que les Français rentrent sur le territoire
00:25:17et ils vont se mettre sur le point assez culminant aux alentours de Mons
00:25:21par rapport à l'arrivée des Français.
00:25:23Alors, ce n'est pas vraiment au Jemappes, mais c'est au-dessus de Jemappes.
00:25:27C'est ce qu'on appelle Flénus.
00:25:29Et donc, ils sont sur Flénus.
00:25:31Mais Flénus n'existe pas.
00:25:33C'est juste un bois, le bois flana qu'on appelait à l'époque.
00:25:36Et les soldats autrichiens, quand je dis les soldats autrichiens,
00:25:41finalement, je reviens à ce que j'ai dit tout à l'heure.
00:25:43C'est un amalgame de soldats de nos régions et de différentes nationalités,
00:25:48mais qui font partie de l'ensemble du pouvoir des Habsbourgs
00:25:52et qui sont dirigés par Clairefaille, qui est un énuyé, un officier énuyé
00:25:56qui dirige l'ensemble des soldats qui sont présents là.
00:26:00Et il va mettre, comment je vais dire, il va mettre 16 000.
00:26:06Et en face, il y a 40 000 soldats français,
00:26:10qui en fait, à la différence des soldats de l'armée autrichienne,
00:26:15c'est qu'eux, ils ont envie de se battre.
00:26:20Ils ont véritablement envie de défendre leurs idéaux.
00:26:23Les soldats de l'armée autrichienne, eux, ils défendent la ville.
00:26:28Quand vous voyez que vous êtes en infériorité numérique,
00:26:32que vous êtes, même si vous êtes dans une bonne situation stratégique,
00:26:37que vous n'allez pas réussir à suivre.
00:26:39Et donc, ce qui se passe, c'est qu'à un moment donné,
00:26:42ils battent en retraite et ils se disent, on va limiter les pertes et on recule.
00:26:47On est au mois de novembre aussi.
00:26:49Le mois de novembre, il commence à faire froid.
00:26:51La saison des combats et des batailles, normalement, se termine.
00:26:57On ne combat plus à cette période-là.
00:26:59On arrête parce que c'est l'hiver, il fait froid.
00:27:03Le bois était rare.
00:27:05Il n'y avait pas de bois, mais il était assez rare de pouvoir s'en procurer.
00:27:10Et on demandait aux soldats de se chauffer avec de la houille.
00:27:13Et donc, ils se chauffaient avec du charbon sur leurs piquets.
00:27:18Les piquets, c'est là où on attend véritablement l'arrivée des soldats,
00:27:22l'arrivée d'une bataille.
00:27:23Et on dort en tente ou soit chez l'habitant,
00:27:26chez qui on a réquisitionné les écuries, les espaces.
00:27:31Et donc, ce n'est pas une gynécure.
00:27:34Ce n'est pas comme quand on part au combat au mois de juillet ou en été.
00:27:39Là, on arrive bientôt en hiver, fin de l'automne.
00:27:42Et donc, c'est un peu compliqué.
00:27:45Par la suite, maintenant, je peux parler de la mémoire de la bataille de Gemap.
00:27:49Et ça, c'est autre chose.
00:27:51Qu'est-ce qu'on va faire de cette bataille de Gemap ?
00:27:56Pour les Français, il faut s'imaginer que la bataille de Gemap, elle est après Valmy.
00:28:02Valmy se déroule sur les territoires français,
00:28:04Gemap sur le territoire des pays botrychiens.
00:28:06Et donc, c'est la première victoire des troupes révolutionnaires françaises
00:28:10en dehors du territoire national.
00:28:11Ça, c'est le premier élément.
00:28:13Et le deuxième élément, c'est que c'est la première victoire de la République française
00:28:19parce que la République vient juste d'être déclarée officiellement
00:28:23un peu avant la bataille de Gemap.
00:28:25Et à partir de ce moment-là, Gemap rentre dans la mémoire
00:28:30et dans l'instauration du mythe de la République française
00:28:36en disant, voilà, regardez, après l'instauration de la République, nous gagnons.
00:28:41Un peu comme si, voilà, c'est pas Dieu qui est avec nous,
00:28:46c'est pas Dieu, mais c'est la liberté qui est avec nous
00:28:49et nous avançons contre le despotisme.
00:28:52Après, il va se mettre en place un autre élément,
00:28:55c'est-à-dire qu'il y a un individu qui s'appelle Louis-Philippe,
00:28:59qui va devenir roi des Français en 1830,
00:29:02qui était présent à la bataille de Gemap.
00:29:04Et en tant que personne présente à la bataille de Gemap,
00:29:08lui, durant tout son règne, c'est toujours ce qu'il va faire.
00:29:13C'est valoriser cette bataille et valoriser la bataille de Gemap
00:29:17où il était présent.
00:29:18Et c'est pour ça qu'on va retrouver cette bataille de Gemap
00:29:21à plein d'endroits différents.
00:29:23Tout d'abord, sur l'Arc de Triomphe.
00:29:26Alors que c'est Napoléon qui décide d'ériger l'Arc de Triomphe,
00:29:31les fresques qui vont être présentées vont être faites par Louis-Philippe
00:29:34et donc il va demander qu'on mette là une représentation
00:29:37de la fresque de la bataille de Gemap.
00:29:39C'est assez impressionnant, d'ailleurs.
00:29:41Ensuite, à Paris, il y a le quai de Gemap,
00:29:43il y a le quai de Valmy, le quai de Gemap.
00:29:45Et quand vous rentrez à Versailles,
00:29:49vous allez à la galerie des batailles.
00:29:51Avant de rentrer dans la galerie des batailles,
00:29:53vous avez plusieurs tableaux qui présentent,
00:29:56d'une part, la bataille de Gemap,
00:29:58et l'autre, l'entrée des troupes françaises dans Mons.
00:30:00Et ça, c'est aux alentours des 1830, c'est Louis-Philippe,
00:30:03quand il crée la galerie des batailles,
00:30:04qui veut véritablement cet antichambre avant la grande bataille
00:30:08de toutes les grandes batailles françaises,
00:30:09de Vercingétorix jusqu'à Napoléon.
00:30:12Eh bien, il met en évidence véritablement ces batailles.
00:30:17Et ça, c'est vraiment ce qui va se dérouler par la suite.
00:30:20Mais l'élément qui va forger encore plus une Gemap,
00:30:23et ça, c'est décidé dès le début,
00:30:25c'est quand on crée les départements.
00:30:27L'ancien comté de Henault devient département de Gemap.
00:30:30Et donc, c'est le seul département qui porte le nom d'une bataille.
00:30:33D'habitude, on utilise le nom de rivières, de fleuves
00:30:37ou d'éléments géographiques,
00:30:39mais nous, on est le seul département
00:30:41où ça sera le département de Gemap.
00:30:43Et d'ailleurs, ils vont utiliser l'orthographe ancien,
00:30:48c'est-à-dire deux M, deux P, alors que Gemap...
00:30:52Je ne sais même plus comment on écrit Gemap.
00:30:54Je crois qu'il y a un seul M et deux P, je pense.
00:30:56Oui, c'est ça. Un seul M et deux P maintenant.
00:30:59Il faut que je l'écrive pour le choix.
00:31:01Je l'avais vu aussi, justement, qu'il y avait deux orthographes
00:31:03en fonction des époques.
00:31:05Mais pourquoi vouloir valoriser à ce point cette bataille ?
00:31:07Pourquoi celle-là en particulier et pas une autre ?
00:31:09Vraiment parce que c'est la première de la République
00:31:14et la première en dehors du territoire,
00:31:17parce qu'on est dans la guerre de révolution.
00:31:19Donc, tous les États de l'époque considèrent
00:31:23que ces armées révolutionnaires ne valent rien du tout,
00:31:26qu'elles n'ont aucun poids, aucun pouvoir,
00:31:28parce qu'elles brisent tous les codes habituels
00:31:30des modes de fonctionnement.
00:31:32On a des prolétaires.
00:31:34Enfin, on ne sait pas qu'on a des prolétaires,
00:31:36mais on a des fameux citoyens.
00:31:38C'est-à-dire que l'individu, il se bat
00:31:40parce qu'il a une motivation.
00:31:42Dans l'armée autrichienne, il n'y a pas de conscription.
00:31:45Ce sont des volontaires qui sont payés.
00:31:47C'est un métier.
00:31:49C'est leur métier. Point final.
00:31:51Donc, c'est-à-dire que quand ils voient que ça chauffe,
00:31:53ils battent en retraite,
00:31:55alors que là, les révolutionnaires, non.
00:31:57Et puis, dans la création du roman national français,
00:32:01dans la création du roman républicain,
00:32:05il faut pouvoir justifier des conquêtes.
00:32:08Il faut pouvoir justifier des coups d'éclat.
00:32:10Et c'est véritablement Valmy et Gemap
00:32:12qui vont être utilisés particulièrement.
00:32:16Et c'est aussi de dire que
00:32:18ces armées révolutionnaires savent combattre
00:32:21une armée internationale de haut niveau.
00:32:25Donc, il ne faut pas penser que l'armée autrichienne à Gemap
00:32:28est une petite armée
00:32:31qui n'a pas l'habitude de se battre.
00:32:33Non.
00:32:34C'est une armée très puissante,
00:32:36mais qui, en infériorité numérique,
00:32:39n'a pas les capacités à pouvoir se battre.
00:32:43Et juste après, il y a la bataille de Neerwinden
00:32:45où les Français se font complètement ramasser.
00:32:47Et ça, c'est quelques mois après.
00:32:49Et c'est les mêmes soldats, en fait.
00:32:51Les soldats de Gemap, ils sont à Neerwinden.
00:32:53Et c'est ceux qui seront aussi à Florus.
00:32:55Donc, enfin, soit.
00:32:57Donc, c'est toujours ça
00:33:00qui va mettre en évidence
00:33:07le fait que la bataille de Gemap
00:33:09ait été, pour les Français,
00:33:11un moment glorieux et important de leur histoire.
00:33:14C'est un peu une manière de montrer que les idéaux
00:33:16et les personnes qui, justement, les défendent
00:33:20ont pu avoir la supériorité sur d'autres personnes
00:33:24qui, elles, ne les défendaient pas.
00:33:26Tu as entièrement raison.
00:33:28Alors, je vais faire une comparaison
00:33:30qui est un peu particulière,
00:33:32mais c'est la même chose qu'on va avoir en 1905,
00:33:34la guerre entre les Japonais et les Russes.
00:33:36Les Japonais vont gagner une guerre contre les Russes
00:33:38et on va dire que des populations asiatiques
00:33:41arrivent à battre une armée européenne.
00:33:45Chose qu'on n'avait pas encore vue, véritablement,
00:33:48en se disant que les armées européennes
00:33:50sont toujours plus puissantes que n'importe quelle autre armée.
00:33:52Et là, on a vu que ce n'était pas le cas.
00:33:54Eh bien, c'était un peu le même principe,
00:33:56c'est-à-dire que cette armée révolutionnaire,
00:33:58on la prend un peu à la légère
00:34:01et elle n'est pas capable de pouvoir se battre.
00:34:03En fait, si, quand même.
00:34:05Elle a quand même certaines capacités
00:34:07et une certaine puissance.
00:34:09Et on va le voir par la suite.
00:34:10Et c'est ça aussi qui va forger,
00:34:12qui va préparer les armées françaises
00:34:15à pouvoir se battre sur tous les territoires européens
00:34:19dans les armées de Napoléon.
00:34:20Ici, j'ai une question de Joe
00:34:22qui demande comment ces influences
00:34:24ont-elles contribué à la création
00:34:26d'une identité culturelle belge distincte ?
00:34:29Attends, répète un peu la question.
00:34:30Elle est complexe.
00:34:32Surtout pour la Belgique,
00:34:33parce qu'on connaît un peu l'histoire de la Belgique.
00:34:35Comment ces influences ont-elles contribué
00:34:38à la création d'une identité culturelle belge distincte ?
00:34:42Là, on va parler de l'influence culturelle de la France.
00:34:46Un élément qui...
00:34:48On va séparer ça en différents endroits géographiques.
00:34:52C'est-à-dire qu'on doit comparer la Flandre, la Wallonie
00:34:55et, ce que je vais dire, la principauté de Liège,
00:34:58l'ex-principauté de Liège.
00:35:00La France a toujours énormément influencé nos régions
00:35:03de manière classique
00:35:05par la littérature,
00:35:08par la facilité d'utilisation de la langue.
00:35:13Et donc, on est véritablement très au fait
00:35:17de ce qui se déroule en France.
00:35:19Ce qui va se dérouler par la suite,
00:35:21c'est que ça va nous être imposé.
00:35:23Donc, la culture française préexistante chez nous,
00:35:26elle va nous être imposée.
00:35:28Est-ce qu'on peut parler
00:35:30de création d'identité culturelle belge
00:35:34suite à l'influence française ?
00:35:36Non.
00:35:37Est-ce qu'une fois que ce territoire
00:35:40a été amalgamé tout ensemble
00:35:43durant la période française,
00:35:45ne va pas créer quelque chose d'extrêmement fort
00:35:49dans l'identité culturelle belge ?
00:35:52Et d'ailleurs, elle n'existe toujours pas
00:35:55parce qu'on peut remarquer
00:35:57que c'est une durée de 20 ans,
00:36:00la période française,
00:36:01même un peu plus courte,
00:36:03et où on va avoir un système
00:36:06qui ne va pas forcément plaire
00:36:08aux populations de nos régions
00:36:10et surtout aux Flamands
00:36:12à qui on va imposer l'utilisation du français
00:36:15partout dans l'administration.
00:36:17Alors que ce n'était pas le cas auparavant.
00:36:21La France est un État centralisé
00:36:23où on n'a pas le droit de parler de particularisme.
00:36:26On ne vient pas avec des particularismes régionaux.
00:36:29Et une fois qu'on n'était plus français,
00:36:34on ne peut pas dire qu'on a perdu
00:36:36cette influence culturelle française,
00:36:38on s'est retrouvés amalgamés aux Pays-Bas
00:36:40et par la suite, lors de l'indépendance,
00:36:43on a recréé cette identité
00:36:46qui était plutôt l'identité
00:36:48d'avant la période française,
00:36:50c'est-à-dire la période des Habsbourg,
00:36:53la période des Pays-Bas autrichiens,
00:36:55où chaque région avait ses propres particularismes
00:37:00où on pouvait revendiquer ses particularismes.
00:37:03Et c'est ce qui va se passer par la suite
00:37:07avec des mouvements régionalistes,
00:37:10aussi bien en Flandre qu'en Wallonie,
00:37:14et même sur Liège,
00:37:16des mouvements de renfort d'identité régionale.
00:37:21Et aujourd'hui, c'est toujours le cas.
00:37:23L'identité régionale prend toujours le dessus
00:37:26sur l'identité belge.
00:37:27Alors vous allez me dire,
00:37:29mais non, on a une vraie identité belge.
00:37:31On a cette identité belge,
00:37:33mais ce n'est pas forcément la première identité
00:37:35qu'on va mettre en évidence.
00:37:37C'est-à-dire qu'un Liégeois
00:37:39dira plus facilement qu'il est Liégeois
00:37:42et un habitant du Hainaut
00:37:44ne dira pas forcément qu'il est nuyé,
00:37:46mais il va plutôt s'identifier par rapport à sa ville.
00:37:49Le Liégeois, c'est plus simple,
00:37:51mais un Montois se sentira Montois,
00:37:53un Hatois se sentira de Hattes,
00:37:55un Banchois de Binches,
00:37:57un Carolo de Charleroi, un Chimassien.
00:37:59J'aimais beaucoup faire cette comparaison
00:38:01par rapport au nombre de régionales
00:38:03qui existent à Louvain-la-Neuve,
00:38:05où on peut voir véritablement cette identité
00:38:08très forte localiste.
00:38:10Maintenant, durant la période française,
00:38:13on ne va pas avoir de revendications
00:38:16d'indépendance,
00:38:18de suite de cette identité
00:38:20qui aurait pu être constituée
00:38:22durant cette période-là
00:38:24pour une identité belge.
00:38:26Non, c'est vraiment la révolution
00:38:28des États belges qu'unit, je pense,
00:38:30qui était plus forte, la période autrichienne,
00:38:32où on était plus autonome
00:38:34et où on avait ce sentiment belge.
00:38:37La propagande française
00:38:39était beaucoup trop forte
00:38:41pour qu'on ait un sentiment d'appartenance
00:38:43et il n'y a pas eu une opposition
00:38:45face à cette arrivée massive française.
00:38:49Je ne sais pas si je réponds correctement
00:38:51à la question,
00:38:53donc n'hésitez pas à refixer la question
00:38:56pour que je puisse y répondre,
00:38:58si nécessaire.
00:39:00Oui, parce que la Belgique est assez complexe,
00:39:02a trois régions,
00:39:04et donc ses particularités propres.
00:39:07Et donc, comme tu disais,
00:39:09chacun a son identité,
00:39:11soit régionale, soit plutôt liée,
00:39:13attachée à la ville,
00:39:15selon sa zone géographique
00:39:17et l'histoire qui est liée à cette zone en question.
00:39:19Donc John, n'hésite pas
00:39:21à compléter ta question
00:39:23si tu souhaites l'approfondir.
00:39:25Malgré tout, est-ce qu'on peut dire
00:39:27que des systèmes ou des objets
00:39:29du quotidien,
00:39:31des manières de faire,
00:39:33à la période d'occupation française
00:39:35sont encore utilisés aujourd'hui,
00:39:37ou en tout cas ont inspiré
00:39:39certaines utilisations d'aujourd'hui ?
00:39:42L'influence française dans le mode de fonctionnement
00:39:44de la Belgique, c'est considérable,
00:39:46c'est colossal,
00:39:48mais vraiment, c'est impactant,
00:39:50et on ne s'en rend pas compte.
00:39:52D'une part, on a la mise en place
00:39:54des unités de mesure,
00:39:56du système métrique.
00:39:58Il faut s'imaginer que dans chaque ville,
00:40:00chaque région,
00:40:02on a des unités de mesure,
00:40:04des monnaies différentes,
00:40:06et donc là, on va avoir une uniformisation complète.
00:40:08On va aussi avoir le code civil
00:40:10de Napoléon qui va être mis en place,
00:40:12qui est toujours la base de la justice
00:40:14en Belgique.
00:40:16Ensuite, on va avoir...
00:40:18Nous, on est à la Wallonie,
00:40:20à ce moment-là,
00:40:22en pleine révolution industrielle.
00:40:24On va avoir énormément de capitaux
00:40:26français qui vont arriver,
00:40:28et qui sont débouchés
00:40:30d'une offre commerciale
00:40:32colossale qui va
00:40:34nous permettre de faire décoller
00:40:36notre économie
00:40:38et qui va nous permettre de continuer
00:40:40par la suite à avancer.
00:40:42Ensuite,
00:40:44il y a
00:40:46quelque chose qui est toujours présent
00:40:48aujourd'hui, c'est
00:40:50les actes
00:40:52dans les communes, c'est-à-dire
00:40:54les actes de mariage, les actes de décès
00:40:56et les actes de naissance.
00:40:58Avant, ça n'existait pas.
00:41:00C'était dans des registres de baptême.
00:41:02À partir de la France, 1795,
00:41:04on a ces registres, et on les a toujours
00:41:06dans toutes les communes.
00:41:08On peut suivre l'affiliation
00:41:10de n'importe quel individu, savoir quand il se marie,
00:41:12quand il décède. C'est l'État
00:41:14qui reprend le dessus par rapport
00:41:16à la religion. Et aujourd'hui encore,
00:41:18si vous voulez vous marier,
00:41:20vous ne pouvez pas d'abord vous marier à l'église,
00:41:22vous devez d'abord vous marier
00:41:24à la commune, et puis seulement
00:41:26vous pouvez faire un autre mariage
00:41:28si vous le souhaitez. Mais votre mariage
00:41:30légal, c'est celui qui s'est déroulé
00:41:32à la commune.
00:41:34Et donc, voilà,
00:41:36l'influence française,
00:41:38elle est colossale. Après, les principes
00:41:40de la démocratie,
00:41:42si on regarde
00:41:44a posteriori le mode de fonctionnement
00:41:46de la France,
00:41:48le moment où on était durant l'occupation française,
00:41:50on ne peut pas dire qu'on était en démocratie,
00:41:52parce que finalement,
00:41:54on était avec un empereur
00:41:56qui dirigeait,
00:41:58et voilà, c'était pas, j'appelle pas ça la démocratie,
00:42:00mais par contre, les idéaux
00:42:02ont bien été diffusés
00:42:04dans nos régions, particulièrement aussi
00:42:06à Liège,
00:42:08et donc on a eu un impact
00:42:10fort. Après, il y a aussi eu
00:42:12des impacts négatifs, comme l'imposition du français
00:42:14pour
00:42:16les populations en Flandre,
00:42:18et la suppression au début
00:42:20de tout ce qui était
00:42:22en lien avec la religion. En 1804,
00:42:24on va avoir le Concordat, mais entre temps,
00:42:26entre 1795
00:42:28et 1804,
00:42:30tous les biens des églises
00:42:32vont être vendus. Est-ce une bonne
00:42:34ou une mauvaise chose ? Je n'en sais rien,
00:42:36je ne suis pas là pour le juger, mais en tout cas,
00:42:38à Liège, il y a eu des destructions,
00:42:40comme la cathédrale,
00:42:42à Mons, on a détruit des églises,
00:42:44on a vendu des églises,
00:42:46et après, l'ensemble des biens
00:42:48de l'église sont revenus à l'État
00:42:50ou aux communes. Et donc, aujourd'hui,
00:42:52je prends le cas,
00:42:54avec ma collègue conservatrice
00:42:56à la ville de Mons,
00:42:58tout à l'heure, on se posait des questions par rapport
00:43:00à la propriété de certains
00:43:02objets qui sont présents dans les églises, parce que
00:43:04normalement, ça appartient à la ville
00:43:06via les fabriques d'églises. Tout ça est
00:43:08issu de la période française,
00:43:10et donc, on doit être capable de
00:43:12pouvoir dire, est-ce que tel bien était
00:43:14dans l'église avant 1795
00:43:16ou pas ? S'il était avant 1795,
00:43:18il appartient aux communes, s'il était après
00:43:201795, il appartient aux clergés.
00:43:22Et donc, il faut pouvoir aussi
00:43:24jouer de
00:43:26ces éléments-là. Et donc, le fait
00:43:28d'avoir été sous domination
00:43:30française durant cette période-là
00:43:32nous a impacté et nous impacte
00:43:34encore aujourd'hui. C'est les bases
00:43:36de la création d'un État moderne
00:43:38belge. Et en fait,
00:43:40c'est ça qu'il faut prendre en considération,
00:43:42c'est que la Belgique de 1830,
00:43:44elle est issue de
00:43:4650 ans de révolution et de
00:43:48mouvements politiques, entre
00:43:50les réformes de Joseph II en
00:43:521780, jusqu'aux
00:43:54réformes et
00:43:56à la gestion de nos régions par
00:43:58Guillaume II des Pays-Bas.
00:44:00Et donc, ce qu'on a fait, c'est que
00:44:02voilà, en 1830, quand on fait,
00:44:04on prend notre indépendance, on regarde
00:44:06un petit peu tout ce qui s'est déroulé
00:44:08auparavant, et on dit, voilà,
00:44:10le mieux pour la Belgique, c'est ça.
00:44:12C'est la monarchie constitutionnelle
00:44:14avec une
00:44:16constitution dans laquelle on
00:44:18donne la liberté de culte, la liberté
00:44:20de la presse, et qui fonde
00:44:22véritablement l'État moderne belge.
00:44:24Et cette constitution
00:44:26de 1830 était une des
00:44:28constitutions les plus libérales,
00:44:30libérales au niveau économique, mais aussi
00:44:32au niveau politique, de dire
00:44:34que chacun peut avoir la religion qu'il veut,
00:44:36chacun peut dire ce qu'il pense,
00:44:38la liberté de la presse, enfin,
00:44:40on a l'impression que c'est quelque chose de totalement acquis,
00:44:42mais non, c'est arrivé à ce moment-là, et je pense
00:44:44que c'est ça aussi
00:44:46pourquoi la constitution belge a été
00:44:48bien faite, c'est qu'ils ont été épuisés,
00:44:50ce qu'il y avait de meilleur dans tous les
00:44:52gouvernements successifs que l'on a eus pendant toutes ces
00:44:54périodes-là, en se disant, on va prendre un peu
00:44:56de lui, un peu de ci, et on va garder
00:44:58ce qui fonctionne bien. Et ils ont gardé
00:45:00beaucoup de choses de la période française, et ça c'est clair.
00:45:02Oui, en effet, comme tu disais, rien n'est
00:45:04jamais acquis, et
00:45:06l'influence
00:45:08des Français de cette époque
00:45:10a été en effet colossale,
00:45:12comme tu disais, le code Napoléon
00:45:14qui a apporté pas mal de choses
00:45:16dans sa fondation.
00:45:18Alors, il y a Fénix qui pose
00:45:20une question, alors je la lis,
00:45:22Corentin Rousman a-t-il entendu parler
00:45:24des destructions de vergers et
00:45:26vignobles belges durant cette période
00:45:28napoléonienne qui a conduit à la Belgique
00:45:30à se tourner vers la bière ?
00:45:32Alors, oui, et cette
00:45:34question, elle m'a
00:45:36toujours taraudé, alors
00:45:38on a parlé de destruction,
00:45:40je n'irai pas jusqu'à dire qu'on a eu
00:45:42des destructions, mais on a plutôt eu
00:45:44un... il y a deux choses.
00:45:46Il y a d'une part un rééquilibrage
00:45:48au niveau de la
00:45:50productivité, c'est-à-dire que
00:45:52sur le territoire
00:45:54de nos régions, quand on produisait
00:45:56du vin, eh bien
00:45:58on produisait peut-être par
00:46:00pied de vigne une bouteille de vin,
00:46:02alors qu'en Bourgogne,
00:46:04on en produisait trois bouteilles.
00:46:06Et donc, au niveau de la production,
00:46:08c'est pas colossal. Par contre,
00:46:10les céréales, le houblon,
00:46:12se développent mieux dans nos régions, et donc
00:46:14on a peut-être favorisé
00:46:16cet élément-là.
00:46:18Mais l'autre élément qui a aussi bouleversé
00:46:20ça, et ça j'en ai parlé un petit peu
00:46:22tout à l'heure, mais pas en lien avec la vigne,
00:46:24c'est l'ouverture du marché.
00:46:26C'est-à-dire que jusqu'alors,
00:46:28on avait un marché clos
00:46:30dans les Pays-Bas autrichiens, avec
00:46:32pas de débouchés vers la France, et inversement.
00:46:34Là, on fait partie
00:46:36de la France, et donc
00:46:38on écoule dans nos régions
00:46:40du vin de France beaucoup plus facilement qu'auparavant.
00:46:42Et donc on a, en fait, un vin
00:46:44qui est moins cher,
00:46:46qui est produit moins cher que chez nous,
00:46:48et donc ils sont obligés de vendre plus cher
00:46:50un vin local, mais
00:46:52qui n'est pas forcément d'excellente qualité,
00:46:54à la différence de ce qu'ils pouvaient
00:46:56apporter en France. Et c'est à ce moment-là que
00:46:58on avait toujours
00:47:00produit de la bière dans nos régions, mais on va
00:47:02plutôt continuer à produire cette bière
00:47:04et à consommer du vin qui vient
00:47:06d'autres régions. Mais c'est vrai
00:47:08parce qu'on a
00:47:10beaucoup de gens autour de Mons
00:47:12et en Wallonie, maintenant, il y a plein d'endroits
00:47:14où on met des vignes,
00:47:16et on dit toujours, oui, c'est
00:47:18suite au réchauffement climatique.
00:47:20Alors je ne suis pas du tout un climato-sceptique, c'est pas ça,
00:47:22mais je pense que ce n'est pas
00:47:24la seule raison. C'est-à-dire qu'on a toujours eu un
00:47:26territoire qui était correct
00:47:28au niveau de la production
00:47:30de vin. La seule chose, c'est que
00:47:32les rendements sont en effet plus faibles
00:47:34que ce qu'on peut avoir en France.
00:47:36Et que,
00:47:38voilà, c'est
00:47:40la spécialisation de chaque région
00:47:42et ça, durant la période française,
00:47:44ils aimaient bien dire que telle région va plutôt faire ça,
00:47:46telle région va plutôt faire ça.
00:47:48Mais il y a peut-être eu des
00:47:50destructions, je n'en ai pas
00:47:52la preuve, mais je ne pense pas que ce soit
00:47:54extrêmement systématique
00:47:56qu'on aille détruire à chaque fois
00:47:58qu'il y a un pays deviné. Je pense que ça s'est fait
00:48:00progressivement,
00:48:02naturellement, parce que ça n'a plus aucun
00:48:04rendement. On peut voir que dans certaines zones,
00:48:06dans certains pays,
00:48:08on va détruire des cultures
00:48:10parce qu'elles ne produisent pas assez, le rendement
00:48:12n'est pas assez intéressant par rapport à ce que
00:48:14la superficie peut apporter.
00:48:16C'est très intéressant. Je ne connaissais pas justement l'anecdote.
00:48:18Merci Fénix de nous l'avoir partagé
00:48:20et Corentin de nous avoir expliqué
00:48:22les détails. Lorsque je t'ai parlé
00:48:24du sujet,
00:48:26tu m'as dit que tu avais
00:48:28des pièces au musée
00:48:30qui datent de cette époque, dont notamment
00:48:32une tablette, un canon
00:48:34et un bol. Je te propose
00:48:36de commencer par...
00:48:38Merci, pas de quoi. C'était la
00:48:40réponse de Fénix. Je te propose
00:48:42de commencer par la tablette que j'affiche
00:48:44ici à l'écran. Est-ce que
00:48:46tu pourrais un petit peu nous en parler, s'il te plaît ?
00:48:48C'est une pierre de
00:48:50la Bastille,
00:48:52qu'on a reçue à
00:48:54Mons. Je vais la lire. Il est noté aux
00:48:56amis de la liberté de Mons.
00:48:58Cette pierre tirée des cachots de la Bastille, détruite
00:49:00par le patriote et républicain
00:49:02Palois, rappellera à tous
00:49:04ceux qui veulent être libres que
00:49:06les Français ont détruit les monuments du
00:49:08despotisme terrassé, les
00:49:10despotes et qu'ils
00:49:12préfèrent la mort à l'esclavage,
00:49:14exemple à suivre par tous les
00:49:16peuples amis de la liberté, vivent
00:49:18libres ou mourir.
00:49:20Le citoyen de Mons, lors de la fameuse bataille
00:49:22gagnée par l'armée française
00:49:24sur les despots, le 6 novembre
00:49:261792, l'an premier de la
00:49:28République française.
00:49:30En fait, c'est une pierre que l'on a reçue,
00:49:32mais une pierre qui
00:49:36fait partie du processus
00:49:38de propagande française.
00:49:40Suite à la Révolution, c'est-à-dire que de
00:49:42nombreuses villes et régions
00:49:44vont recevoir une pierre de la
00:49:46Bastille en disant
00:49:48voilà, c'est pour vous montrer
00:49:50que
00:49:52la Révolution est plus forte
00:49:54que la royauté,
00:49:56que le despotisme, mais
00:49:58surtout qui permet aux citoyens
00:50:00de pouvoir voir concrètement
00:50:02cet objet.
00:50:04Je vous rappelle que
00:50:06la majorité de la population ne sait pas lire ni écrire
00:50:08et qui ne
00:50:10comprennent pas forcément ce qui
00:50:12se déroule et qu'ils ont besoin
00:50:14d'avoir des objets
00:50:16et des visuels qui
00:50:18permettent concrètement de se dire
00:50:20ah, en effet, la
00:50:22Révolution a eu lieu
00:50:24et peut-être qu'ils vont apprendre aussi
00:50:26certains mots, qu'ils commencent
00:50:28à voir, à lire.
00:50:30L'instruction n'est toujours pas
00:50:32obligatoire, mais on a une certaine
00:50:34population qui, la bourgeoisie,
00:50:36eh bien, ont fait de ça
00:50:38et donc passer devant ce
00:50:40genre de pierre tous les jours,
00:50:42ça vous forge
00:50:44et ça vous rappelle en permanence
00:50:46que c'est vivre libre
00:50:48ou mourir et que
00:50:50c'est la France qui a
00:50:52gagné, que c'est la victoire.
00:50:54Voilà, ce
00:50:56genre d'objet qu'on amène dans
00:50:58nos régions et quand les Russes
00:51:00sont rentrés dans les territoires ukrainiens
00:51:02et qu'ils ont mis partout
00:51:04victoire
00:51:06dans nos territoires,
00:51:08retour en Russie,
00:51:10donc tous ces éléments-là font partie de la
00:51:12méthode classique
00:51:14qu'on va mettre, qui sera
00:51:16mise en place dans nos régions pour justifier
00:51:18la
00:51:20nouvelle République française dans nos territoires.
00:51:22Et on va l'avoir à plusieurs endroits
00:51:24et donc ça va être très fort, cette
00:51:26emprise complète
00:51:28du quotidien des citoyens,
00:51:30la mise en place de ce que j'ai dit,
00:51:32l'État civil
00:51:34va bouleverser les gens,
00:51:36donc on rappelle que c'est l'État qui a priorité
00:51:38et plus la religion et l'État, c'est
00:51:40l'État français.
00:51:42Tout ça va jouer véritablement dans
00:51:44la consécration d'un État
00:51:46extrêmement fort, centralisé,
00:51:48à la française. Ils sont extrêmement
00:51:50bons là-dedans
00:51:52et ces pierres vont
00:51:54faire partie de ce
00:51:56processus
00:51:58de propagande française
00:52:00dès
00:52:02la fin du XVIIIe siècle.
00:52:04D'accord, intéressant.
00:52:06Oui, ça me fait un peu penser,
00:52:08c'est tout autre chose et c'est très moderne,
00:52:10mais ça me fait penser au nudge marketing
00:52:12qui justement
00:52:14a pour but d'influencer
00:52:16le comportement des gens par des petits éléments
00:52:18visuels et
00:52:20ça me fait penser à ça avec justement la
00:52:22pierre et
00:52:24le vivre libre ou mourir qui est
00:52:26assez fort et qui peut justement travailler sur
00:52:28l'inconscient des gens.
00:52:30Et regarde, tu peux voir que c'est un bonnet frigien
00:52:32qui est mis au-dessus de ce
00:52:34pilier et ça va jusqu'à
00:52:36aujourd'hui, la mascotte des
00:52:38Jeux Olympiques de Paris, c'est le bonnet frigien
00:52:40et donc
00:52:42on sait qu'on va toucher des symboles
00:52:44et ça c'est un symbole
00:52:46de la propagande
00:52:48de la République française.
00:52:50Voilà et c'est extrêmement
00:52:52fort.
00:52:54Nous en tant que francophones belges
00:52:56et même tous les belges savent ce que c'est le bonnet
00:52:58frigien, ça fait partie de ce qu'on a pu étudier.
00:53:00Tu peux demander ça à un britannique,
00:53:02il ne va pas forcément savoir ce que c'est.
00:53:04Et ça aussi,
00:53:06c'est ce qu'on appelle l'historiographie
00:53:08et c'est la manière d'enseigner
00:53:10l'histoire de nos régions.
00:53:12On est extrêmement influencés
00:53:14par la France et donc
00:53:16dans aucun document
00:53:18et dans aucun bouquin d'histoire
00:53:20en Belgique, tu vas
00:53:22voir que les populations belges
00:53:24n'étaient pas forcément contentes
00:53:26de se retrouver
00:53:28sous la domination française.
00:53:30Non, on va parler de tous ces avantages,
00:53:32de tous ces éléments positifs
00:53:34que nous apporte la révolution française
00:53:36et de tous les éléments
00:53:38novateurs de cette révolution française.
00:53:40Quand on analyse la révolution
00:53:42française en cours, on voit ça
00:53:44comme extrêmement positif.
00:53:46Donc un bouleversement extrêmement positif.
00:53:48Mais ça n'a pas forcément été le cas.
00:53:50Il y a d'autres régions dans le monde
00:53:52ou en Europe qui
00:53:54ont passé différents stades
00:53:56d'évolution sans passer forcément
00:53:58par la révolution française.
00:54:00C'est intéressant d'avoir les témoignages locaux
00:54:02pour pouvoir se replonger
00:54:04dans l'état d'esprit de l'époque.
00:54:06Oui, j'en avais
00:54:08quelques-uns ici. Je vais essayer
00:54:10d'en retrouver un qui m'avait
00:54:12fait rire.
00:54:14Je vais essayer de le retrouver
00:54:16tant qu'on continue
00:54:18pour montrer un petit peu
00:54:20le fait que
00:54:22ce n'était pas forcément
00:54:24ce que les autorités
00:54:26attendaient.
00:54:28C'est l'autorité communale de Mons
00:54:30qui dit qu'elle est particulièrement
00:54:32heureuse par laquelle
00:54:34Victoire, cette ville de Mons et toute la province de Noué
00:54:36ont été sauvées et préservées
00:54:38de toute invasion.
00:54:40C'est vraiment assez impressionnant.
00:54:42C'est dans les délibérations du magistrat,
00:54:44l'autorité communale,
00:54:46où ils retranscrivent
00:54:48le fait qu'ils avaient envoyé quelqu'un pour remercier
00:54:50les Autrichiens
00:54:52au début, je vous avais dit en avril
00:54:541792, d'avoir mis les Français dehors
00:54:56et que les autorités
00:54:58communales aient remercié
00:55:00véritablement l'armée d'avoir fait le nécessaire
00:55:02et d'avoir bien protégé
00:55:04le comté de Hainaut et la ville de Mons
00:55:06de l'arrivée de cette horde de barbares.
00:55:08C'est très particulier
00:55:10et c'est tout à l'encontre
00:55:12de ce qu'on veut nous expliquer aujourd'hui
00:55:14dans l'histoire
00:55:16de la constitution
00:55:18de la Belgique.
00:55:20Ici, on va passer à la deuxième image
00:55:22qui est le canon
00:55:24que tu m'as envoyé.
00:55:26Est-ce que tu peux un peu nous en parler ?
00:55:28Ça, c'est un canon
00:55:30qui date du milieu
00:55:32du XVIIIe siècle.
00:55:34C'est un canon français.
00:55:36Ce canon a été
00:55:38utilisé lors de la bataille
00:55:40de Gemap. La particularité
00:55:42de ce canon, c'est qu'il
00:55:44était encore il y a
00:55:4610 ans
00:55:48à côté du monument du Coq
00:55:50à Gemap.
00:55:52C'est ce monument qui est le monument
00:55:54commémoratif
00:55:56de cette bataille de Gemap.
00:55:58Je profite
00:56:00de ce moment pour parler de ce monument.
00:56:02Il suffit de taper sur
00:56:04Google Coq de Gemap
00:56:06et vous allez voir ce monument.
00:56:08C'est un monument qui a été construit en 1911.
00:56:10Il faut s'imaginer
00:56:12que la bataille a eu lieu en 1792
00:56:14et c'est plus d'un siècle
00:56:16après que l'on va
00:56:18construire ce monument.
00:56:20Ce monument va être
00:56:22construit
00:56:24comme
00:56:26un monument
00:56:28de base de la constitution
00:56:30du mouvement
00:56:32wallon. Vous allez me dire
00:56:34quel est le lien entre le mouvement wallon
00:56:36et la bataille de Gemap.
00:56:38Alors qu'en Flandre se développe
00:56:40un mouvement flamand,
00:56:42en contrepartie, en Wallonie, va se développer
00:56:44un mouvement wallon.
00:56:46L'élément victorieux
00:56:48français,
00:56:50le plus marquant de nos régions,
00:56:52c'est Gemap. On va
00:56:54les décider politiquement.
00:56:56C'est vraiment une décision politique
00:56:58de construire ce
00:57:00coq de Gemap.
00:57:02Il faut savoir que c'est à cette époque-là
00:57:04que l'on va commencer à réaliser
00:57:06le drapeau
00:57:08wallon. Le drapeau
00:57:10wallon, c'est un coq.
00:57:12Le coq de Gemap, c'est aussi
00:57:14cette volonté de représenter
00:57:16cet animal. Il y a
00:57:18plusieurs raisons pour lesquelles on dit que c'est
00:57:20le mot en latin, Galus.
00:57:22Galus, la Gaule, la
00:57:24France, le coq.
00:57:26C'est un élément, un emblème qui
00:57:28va être réutilisé par
00:57:30les Français.
00:57:32Ce coq, il est fier.
00:57:34On dit toujours que c'est aussi le seul
00:57:36animal qui arrive
00:57:38à chanter alors qu'il a les pieds dans la
00:57:40merde. C'est aussi un peu
00:57:42cette fierté française
00:57:44et francophile qui a voulu
00:57:46être mise en évidence. On voit
00:57:48ce coq qui regarde
00:57:50vers les
00:57:52pays germaniques, vers
00:57:54l'Allemagne et surtout l'Autriche
00:57:56qui était vaincue. On est
00:57:58surtout en 1911. Après
00:58:00la guerre
00:58:02franco-prussienne,
00:58:04on rappelle
00:58:06ses amitiés françaises.
00:58:08La Belgique, je vous rappelle, est un pays neutre.
00:58:10C'est un petit peu particulier.
00:58:12C'est vraiment une volonté
00:58:14politique, non pas locale
00:58:16mais régionale,
00:58:18de constituer
00:58:20ce coq de Gemap.
00:58:22Ce coq de Gemap qui,
00:58:24à l'arrivée des Allemands en 1914,
00:58:26va se faire exploser
00:58:28par les Allemands.
00:58:30Ils vont tout faire pour
00:58:32l'exploser.
00:58:34En 1922,
00:58:36on va remettre
00:58:38un nouveau coq et ce nouveau
00:58:40coq va être inauguré par le président
00:58:42français qui va venir jusque
00:58:44Gemap pour inaugurer ce nouveau coq.
00:58:46En 1940,
00:58:48les Allemands ne vont même pas faire attention
00:58:50à ce coq. On a toujours
00:58:52ce monument au coq
00:58:54de Gemap qui est présent
00:58:56sur les hauteurs de
00:58:58Gemap et qui fait maintenant
00:59:00partie de l'identité
00:59:02de l'habitant de Gemap.
00:59:04Cette fierté aussi
00:59:06d'une commune
00:59:08qui est fusionnée dans Mons.
00:59:10Parfois, pour les gemapiens,
00:59:12c'est un peu difficile de se dire
00:59:14qu'ils font partie de la commune de Mons.
00:59:16Aujourd'hui,
00:59:18chaque 6 novembre, on a des commémorations
00:59:20où l'activité politique
00:59:22n'est plus
00:59:24dans les mêmes revendications.
00:59:26Si vous veniez dans les années 1930
00:59:28au coq de Gemap, on avait
00:59:30tous les fervents défenseurs
00:59:32d'un régionalisme wallon
00:59:34extrêmement accru.
00:59:36Aujourd'hui, vous avez l'autorité
00:59:38criminelle de Mons qui vient et qui fait un dépôt de gerbe.
00:59:40Il y a 20 personnes,
00:59:42les associations patriotiques.
00:59:44On a aussi,
00:59:46ça m'avait toujours fait rire, des représentants
00:59:48français du CHEP, la base
00:59:50militaire de l'OTAN ici à Mons,
00:59:52et qui se demandaient ce qu'ils faisaient là.
00:59:54C'est moi qui devais leur expliquer
00:59:56qu'ils avaient gagné une bataille
00:59:58en 1792 et que
01:00:00je leur faisais des liens avec
01:00:02ce que je viens de vous raconter.
01:00:04Ils étaient vraiment conscients de l'importance
01:00:06de leur histoire dans ce
01:00:08petit endroit
01:00:10qu'est Gemap.
01:00:12C'est assez cocasse d'ailleurs de se dire
01:00:14que le CHEP, qui est une base militaire,
01:00:16ne connaisse pas
01:00:18l'histoire de Gemap, vu que ça fait
01:00:20partie de Mons, là où ils sont
01:00:22censés résider,
01:00:24selon leur mission.
01:00:26Oui, c'est vraiment ça.
01:00:28Parfois, on ne se rend pas compte
01:00:30de l'endroit où on se retrouve
01:00:32et des éléments
01:00:34de mémoire qui existent.
01:00:36Ça fait partie de nos missions
01:00:38au Mons Montréal Museum,
01:00:40de partir de notre territoire
01:00:42pour expliquer
01:00:44ce qui s'y est déroulé
01:00:46pour que la population locale
01:00:48puisse comprendre cette fameuse bataille
01:00:50de Gemap. C'est quoi ?
01:00:52Pourquoi elle a de l'importance ?
01:00:54Qu'est-ce que ça représente ?
01:00:56Et quand
01:00:58on fait la visite et qu'on montre la pierre de la Bastille,
01:01:00les gens se disent que c'est une pierre de la Bastille,
01:01:02mais c'est extraordinaire, c'est un truc de dingue !
01:01:04Et quand on explique
01:01:06derrière cet élément de propagande, ils se disent
01:01:08« Ah, d'accord ! »
01:01:10Et quand on remet dans le contexte,
01:01:12les gens se disent « Ah, mais c'était bien
01:01:14ou pas la Révolution française ? »
01:01:16Et donc, voilà,
01:01:18nous, ce qu'on veut faire, c'est interroger
01:01:20les gens et ce qu'ils se posent des questions.
01:01:22Et nous, on n'est pas là pour dire
01:01:24si c'était bien ou si ce n'était pas bien.
01:01:26Je vous ai posé la question de savoir si la population locale
01:01:28était d'accord ou pas. Est-ce qu'elle a eu le choix, d'ailleurs ?
01:01:30Est-ce qu'elle ne s'était pas imposée
01:01:32par la force ? Enfin,
01:01:34voilà, tout plein d'éléments
01:01:36qui font véritablement
01:01:38de ce genre de musée
01:01:40des lieux complètement actuels
01:01:42parce qu'on pose des questions
01:01:44qu'on pourrait aujourd'hui encore se poser.
01:01:46Tout à fait, tout à fait. Maintenant, ici,
01:01:48on va afficher le bol,
01:01:50qui est un bol assez spécial.
01:01:52Comme tu m'avais dit,
01:01:54je ne vais pas spoiler, je vais te laisser le soin
01:01:56de te présenter le bol et sa particularité.
01:01:58Ah, le bol de Bouillon.
01:02:00On l'appelle le bol de Bouillon.
01:02:02C'est une pièce d'orfèvrerie
01:02:04extraordinaire,
01:02:06alors très particulière.
01:02:08C'est parce que cette pièce
01:02:10d'orfèvrerie, on est
01:02:12dans un
01:02:14objet
01:02:16qui, la partie inférieure
01:02:18avait été réalisée
01:02:20par un orfèvre montois au XVIIIe siècle
01:02:22et qui était rehaussé
01:02:24par un homard
01:02:26et quelques éléments décoratifs
01:02:28complémentaires par un orfèvre
01:02:30parisien.
01:02:34La volonté de l'autorité communale
01:02:36de Mons était de l'offrir à Napoléon.
01:02:38De l'offrir à Napoléon
01:02:40lors de son passage
01:02:42à Mons
01:02:44le 29 avril 1810.
01:02:46En fait, Napoléon et Marie-Louise
01:02:48se rendent dans la région
01:02:50en voyage de noces.
01:02:52C'était la deuxième fois
01:02:54que Napoléon passait à Mons. Il était déjà passé
01:02:56en 1804.
01:02:58En 1804, il avait
01:03:00remis à Mons.
01:03:02En 1810, quand il passe à Mons, il ne fait que traverser
01:03:04la ville et il ne s'arrête pas.
01:03:06C'est pour ça qu'on a toujours ce bol de Bouillon
01:03:08présent dans nos collections.
01:03:10Ça fait partie des collections
01:03:12communales montoises et maintenant,
01:03:14il est présenté dans le
01:03:16prestigieux musée d'Ostberg,
01:03:18des arts décoratifs qui sont présents à Mons
01:03:20toute leur fèvrerie
01:03:22de la fin du XVIIIe et du début
01:03:24du XIXe siècle.
01:03:26Ce bol est
01:03:28particulièrement bien
01:03:30décoré et réalisé.
01:03:32On est sur quelque chose
01:03:34d'extraordinaire. C'est un
01:03:36cadeau raté de la part
01:03:38de l'autorité communale de Mons.
01:03:40On a toujours tendance
01:03:42à vouloir en faire de trop, parfois.
01:03:44Ce qui est assez comique aussi,
01:03:46c'est de savoir que c'est une pièce qui
01:03:48préexistait et qu'on a fait un petit
01:03:50rehaussement au-dessus.
01:03:52Finalement, je pense que c'était aussi
01:03:54une sorte de
01:03:56cadeau
01:03:58vite fait.
01:04:00Oui, vite fait.
01:04:02On a fait un recyclage
01:04:04de quelque chose qu'on avait pour ne pas que ça coûte
01:04:06trop cher, en remettant un petit peu de trucs
01:04:08au goût du jour pour dire que ça fasse
01:04:10plaisir.
01:04:12Ça, c'est vraiment
01:04:14dans
01:04:16les collections
01:04:18qu'on a à la ville de Mons.
01:04:22Ce bol de bouillon
01:04:24nous fait toujours rire.
01:04:26Parce qu'on se dit
01:04:28c'est Napoléon, c'était pour Napoléon.
01:04:30Il ne l'a pas pris.
01:04:32Pour vous dire qu'il n'en avait rien à foutre.
01:04:34C'est un peu la conclusion de ce bol à bouillon.
01:04:36Un coup dans l'eau, pour le coup.
01:04:38Complètement.
01:04:40Mais tant mieux que ce soit un coup dans l'eau.
01:04:42Parce que comme ça, on l'a dans nos collections.
01:04:44Et on a quelque chose d'extraordinaire
01:04:46et une belle histoire à raconter.
01:04:48Corentin, est-ce que tu aurais une anecdote
01:04:50un peu insolite à nous raconter sur cette période ?
01:04:52Sur Gemap ou sur Mons ?
01:04:54En fait, j'ai plein de choses
01:04:56mais là, ce qui me vient en tête,
01:04:58c'est véritablement l'impact
01:05:00économique de la période française
01:05:02qu'il va y avoir sur nos régions.
01:05:04Il y a un canal
01:05:06qui va être réalisé, c'est le canal
01:05:08de Mons à Condé.
01:05:10Un canal qui va durer longtemps, qui va être inauguré en 1810
01:05:12et qui va traverser tout le borinage.
01:05:14Qui va partir de Mons et qui va rejoindre
01:05:16jusqu'à l'Esco. Et ce canal
01:05:18va nous permettre
01:05:20dans le borinage, à pouvoir exporter
01:05:22le charbon par bateau.
01:05:24Et ça
01:05:26va avoir un impact colossal
01:05:28sur le mode de fonctionnement économique
01:05:30de la région. Nous apporter énormément
01:05:32de débouchés, parce qu'une fois que vous touchez l'Esco,
01:05:34vous touchez la mer et vous touchez l'extérieur.
01:05:36En même temps, on a
01:05:38le charbonnage du Grand-Ornu
01:05:40et au charbonnage du Grand-Ornu
01:05:42en 1810, on va avoir
01:05:44le premier chemin de fer.
01:05:46Alors, vous allez me dire, mais non,
01:05:48la machine à vapeur n'existe pas encore.
01:05:50En effet,
01:05:52j'ai parlé de chemin de fer. Un chemin de fer,
01:05:54c'est deux rails sur lesquels on va mettre un wagon
01:05:56avec des roues. C'est tiré soit
01:05:58par des hommes ou par des chevaux.
01:06:00Et donc, le premier chemin de fer
01:06:02qui existe sur le continent,
01:06:04donc pas en Angleterre, mais sur le continent,
01:06:06il est fait à cet endroit-là
01:06:08pour transporter
01:06:10du charbon, pour l'amener jusqu'au
01:06:12canal, pour pouvoir le mettre sur des
01:06:14bateaux et qui est envoyé ensuite
01:06:16vers d'autres
01:06:18régions. Et donc, il faut vraiment
01:06:20se rendre compte que la région de
01:06:22Mons, à cette époque-là,
01:06:24la révolution industrielle, on en est
01:06:26plein dedans. Et qu'on
01:06:28a tendance à oublier que c'est de la
01:06:30période française tout ça. Elle
01:06:32préexistait déjà durant la période
01:06:34autrichienne, mais on était
01:06:36encore dans des effleurements
01:06:38de... c'est-à-dire qu'on creusait
01:06:40la terre et qu'on récupérait du charbon.
01:06:42Mais c'est vraiment à la charnière entre la période
01:06:44autrichienne et la période française. On va commencer
01:06:46véritablement à creuser
01:06:48et à creuser des vrais charbonnages très profonds
01:06:50et que l'ensemble des charbonnages
01:06:52qui ont périclité dans les années 50
01:06:54du XXe siècle, eh bien, sont tous issus
01:06:56en majeure partie du
01:06:58travail qui avait été mis en place, des infrastructures
01:07:00qui avaient été mises en place
01:07:02durant la période française.
01:07:04Et on a des bâtiments à Mons qui
01:07:06rappellent, en fait, l'ensemble
01:07:08de ces constructions
01:07:10parce que de la présence
01:07:12de... comment je vais dire...
01:07:14d'une région économique forte,
01:07:16on va avoir des bâtiments construits
01:07:18extrêmement
01:07:20importants, de type très français,
01:07:22qui vont apparaître en ville.
01:07:24Et je dirais aussi
01:07:26que... alors là, je quitte le côté économique,
01:07:28mais qu'on n'a pas dû
01:07:30attendre la période française
01:07:32dans nos régions pour être influencées
01:07:34par la France. Donc, l'architecture
01:07:36de nos régions,
01:07:38particulièrement de Mons
01:07:40Tournai, elle est fortement
01:07:42influencée par la France,
01:07:44parce qu'ils se déroulent en France,
01:07:46on n'est pas du tout dans un...
01:07:48des constructions
01:07:50de bâtiments
01:07:52qu'on peut retrouver
01:07:54le long de la Meuse, sur Namur,
01:07:56sur Liège, on est vraiment dans une architecture
01:07:58totalement différente qui date déjà
01:08:00de la fin du XVIIe siècle.
01:08:02Tout le XVIIIe siècle est déjà un siècle français
01:08:04dans nos régions,
01:08:06au niveau des arts
01:08:08et de l'architecture, mais pas
01:08:10dépensé. Ça, c'est vraiment
01:08:12un autre mode de fonctionnement
01:08:14où le sous-régionalisme
01:08:16et le régionalisme est extrêmement
01:08:18important dans nos régions.
01:08:20C'est très intéressant, notamment
01:08:22l'anecdote du chemin de fer,
01:08:24avec donc
01:08:26les chariots tirés par chevaux...
01:08:28Oui, et vous pouvez toujours aller voir
01:08:30au Grand-Ornu,
01:08:32on a toujours
01:08:34l'emplacement de ces rails
01:08:36du début du XIXe siècle,
01:08:38et on a
01:08:40cette architecture très typique
01:08:42constituée déjà
01:08:44à l'époque.
01:08:46En fait, on a tendance
01:08:48à penser que les charbonnages,
01:08:50ce sont des éléments du XXe siècle,
01:08:52ou de la fin
01:08:54du XIXe siècle, mais non, c'est déjà
01:08:56fin XVIIIe,
01:08:58la population de Monts se chauffe
01:09:00déjà avec du bois de houille
01:09:02et
01:09:04on en consomme parce que
01:09:06ça coûte moins cher que du bois.
01:09:08Dans une habitation,
01:09:10c'est plus facile de chauffer avec ça
01:09:12qu'avec
01:09:14du bois.
01:09:16Nous allons tout doucement clôturer. Est-ce que tu as
01:09:18quelque chose à ajouter pour terminer ?
01:09:20Excepté d'aller visiter le Monts
01:09:22Memorial Museum,
01:09:24il y a différents éléments
01:09:26de littérature qu'on peut
01:09:28regarder.
01:09:30Ici, c'était un mélange
01:09:32offert à Bruno
01:09:34Colson, qui est
01:09:36un historien
01:09:38de l'université de Namur
01:09:40qui a pris sa pension, sur lequel
01:09:42j'ai écrit
01:09:44un article vraiment lié
01:09:46à ce mouvement
01:09:48de 1790 à 1792
01:09:50à Monts,
01:09:52où on peut voir les relations
01:09:54entre les réfugiés français, la population
01:09:56montoise, l'impact
01:09:58avec les militaires et autres.
01:10:00Il y a plein de littérature
01:10:02sur l'occupation
01:10:04de nos régions. Il y a la Belgique française
01:10:06qui avait été réalisée auparavant.
01:10:08Hervé Asquin écrit beaucoup là-dessus.
01:10:10Si vous êtes intéressé par les régiments
01:10:12wallons durant la période
01:10:14autrichienne, il y a
01:10:16ce magnifique ouvrage,
01:10:18Les Belges dans l'armée de Habsbourg,
01:10:20qui est une pure merveille
01:10:22pour pouvoir avoir une
01:10:24première découverte
01:10:26de l'ensemble des soldats
01:10:28qui étaient belges
01:10:30et qui étaient
01:10:32du côté des autrichiens.
01:10:34Tout à l'heure, je discutais encore
01:10:36avec Jean-Marie Cauchy,
01:10:38qui est un
01:10:40de mes anciens professeurs, et on parlait
01:10:42de la bataille de Gemap.
01:10:44La conclusion
01:10:46de notre discussion, c'était est-ce que la bataille
01:10:48de Gemap est une victoire ou une défaite ?
01:10:50C'est vrai qu'on a
01:10:52tendance à dire que c'est la victoire française,
01:10:54mais c'est avant tout une défaite.
01:10:56Tout dépend de comment on voit
01:10:58les choses. Ça, c'était très comique
01:11:00de se dire qu'il me disait
01:11:02qu'il y a encore 20-30 ans, quand on lui
01:11:04disait que la bataille de Gemap était une défaite,
01:11:06que certains historiens
01:11:08disaient, vous ne pouvez pas dire que c'est une défaite,
01:11:10c'est une victoire de la Révolution française.
01:11:12Il disait, oui, mais
01:11:14pour nos régions, c'était une défaite.
01:11:16C'est ça, selon l'œil et selon
01:11:18peut-être aussi la période, le recul qu'on a
01:11:20après coup.
01:11:22Surtout qu'on a beaucoup de gens
01:11:24qui sont fortement passionnés par la période française
01:11:26et toutes les batailles
01:11:28napoléoniennes, et donc ça ne
01:11:30fait que la suite, et donc ils se mettent
01:11:32déjà du côté français, et de la
01:11:34manière dont vous allez lire la
01:11:36littérature, si vous prenez tous les bouquins qui sont
01:11:38écrits par des Français sur la bataille de Gemap,
01:11:40c'est victoire, victoire, victoire, victoire, victoire.
01:11:42En fait, c'est ça.
01:11:44Vous avez l'habitude de dire,
01:11:46de continuer à dire que c'est une victoire.
01:11:48Je mettrai en description les
01:11:50liens vers les ouvrages que tu nous as
01:11:52proposés, présentés, pardon.
01:11:54Et comme ça, vous pourrez les consulter si
01:11:56vous le souhaitez. Je te remercie
01:11:58Corentin d'avoir
01:12:00accepté l'invitation.
01:12:02J'en profite aussi pour remercier
01:12:04le Mons Memorial Museum et
01:12:06vous inviter à aller faire un petit tour
01:12:08si vous allez visiter Mons. D'ailleurs,
01:12:10Joe dit qu'il essayera d'y passer
01:12:12quand il viendra en Belgique.
01:12:14Il y a des expositions qui sont
01:12:16éphémères, d'autres permanentes
01:12:18et qui permettent de retracer
01:12:20les grandes batailles qui ont eu lieu en Belgique
01:12:22mais surtout à Mons,
01:12:24avec évidemment des intervenants
01:12:26de grande qualité, des guides
01:12:28et autres, comme notamment
01:12:30Corentin qui est donc conservateur là-bas.
01:12:32J'en avais parlé lors du dernier live
01:12:34que nous avions eu avec Corentin.
01:12:36Ici, c'est en train de se réaliser pour le
01:12:38moment. Nous sommes en train de préparer
01:12:40la vidéo sur les résistantes de la
01:12:42Seconde Guerre mondiale parce que
01:12:44la place des femmes était parfois
01:12:46un peu négligée
01:12:48dans le sens où on ne retient
01:12:50pas toujours le travail qu'elles ont
01:12:52fourni derrière les avancées
01:12:54majeures qu'on a pu avoir ici.
01:12:56C'est l'occasion de pouvoir leur rendre
01:12:58hommage, de pouvoir mettre en lumière
01:13:00leur implication et ça sortira
01:13:02très certainement début d'année prochaine.
01:13:04Merci à tous d'avoir été présents ce soir.
01:13:06Merci Corentin, merci le Mons Memorial
01:13:08Museum et je vous dis à très bientôt
01:13:10pour une nouvelle vidéo.

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