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Télématin reçoit la comédienne Caroline Vigneaux, à l'occasion de son nouveau spectacle « In Vigneaux veritas ».

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Transcription
00:00La vérité, rien que la vérité, c'est ce que dit notre invité. Bonjour Caroline Vigneault.
00:04Bonjour.
00:05C'est drôle parce que vous, vous ne voyagez pas léger quand vous arrivez sur un plateau de télévision.
00:08Non.
00:09Vous arrivez avec votre propre téléphone, caméra, vous filmez, vous avez même votre pied.
00:13En fait, c'est votre pied et votre caméra que j'ai volé.
00:15Ah, vous nous avez piqué notre matos.
00:17Exactement.
00:1820 sur 20.
00:19Donc on reçoit ce matin une kleptomane actuellement tournée avec son troisième spectacle.
00:23In Vignault Veritas.
00:25Vous serez apparu au Grand Rex du 20... Ah ben voilà le matériel.
00:28Du 20 au 22 mars 2025.
00:30Bonjour.
00:31Coucou.
00:32Pourquoi je vous l'ai rendu ?
00:33Pourquoi est-ce que vous avez décidé, Caroline Vigneault, de dire toute la vérité, rien que la vérité ?
00:36Vous n'y avez pas de main morte quand même, ce que vous abordez dans ce spectacle.
00:39J'irais presque des sujets qui fâchent, vous voyez ce que je veux dire ?
00:41Oui, faire rire avec des choses pas drôles, moi j'adore ça.
00:44En fait, je me suis rendu compte d'un truc...
00:45Ça sert à ça.
00:46Ben oui, l'humour.
00:47En tout cas, en tant qu'artiste engagée, oui.
00:48Et je me suis rendu compte que j'étais, vous savez, à ce moment de ma vie où je suis au sommet de la vie.
00:52J'ai fini de grimper en haut de la montagne.
00:5450 ans.
00:55C'est ça, voilà.
00:56J'admire un petit peu la vue, puis je vais bientôt attamer la descente.
00:58Oh ça va, du don de...
00:59Et ben du coup, je suis au sommet, vous pouvez parler aux deux...
01:02Oui, aux deux pentes.
01:03Vous dites que vous êtes entre les vieux et les jeunes.
01:05C'est ça, j'ai un compte TikTok, mais je comprends rien.
01:07C'est pas le sentiment que j'ai.
01:09Mais j'ai sensiblement le même âge que vous.
01:11Et voilà, ça m'a fait plutôt marrer.
01:13Mais vous abordez tout.
01:14Oui.
01:15On a les mêmes affres que vous, en tout cas, c'est sûr.
01:17C'est vrai.
01:18Surtout ça, c'est ça qui est marrant, évidemment.
01:19Vous en parlez ?
01:20Est-ce que, quand vous étiez petite, vous lisiez les albums de Caroline ?
01:23Ça vous parle ou pas ?
01:24Non seulement je les lisais, mais on me les offrait tout le temps.
01:26Bah j'imagine, j'imagine.
01:27Caroline Dahan, qui est à vos côtés, elle a retrouvé, figurez-vous, des titres inédits qu'elle va vous présenter.
01:30C'est Camille Dahan.
01:31C'est Camille Dahan.
01:32Vous pouvez la rebâtisser.
01:33En effet, j'adorais.
01:34Ce matin, tout le monde s'appelle Caroline.
01:36Comme ça, on lui rend...
01:37C'est plus simple.
01:38C'est un homme.
01:39Vous, y aller doucement.
01:40Salut Camille.
01:41En plus, toutes les filles seraient Caroline.
01:42Vous aussi, Caroline.
01:43Bien sûr.
01:44J'ai été très longtemps comme elle.
01:45J'ai un côté féminin très développé.
01:46Parce que comme la Caroline du dessinateur, vous aussi, vous avez voulu vivre mille vies en une.
01:51Et ça commence avec le premier album que j'ai retrouvé.
01:54Caroline, l'avocate.
01:55L'avocate totalement débordée.
01:57Mais ce n'est pas celui qui nous intéresse ce matin, Caroline.
02:00Parce que Caroline, l'avocate débordée, elle en avait marre de défendre des gens.
02:03Elle est quand même en prison.
02:04Donc, elle a osé la méga reconversion pour devenir Caroline l'humoriste.
02:09Et ça, Caroline, c'est fantastique.
02:11C'est mon histoire préférée.
02:12Parce que vous avez choisi un métier qui fait du bien aux gens.
02:16Caroline Vigneault, vous dites que vous avez un humour utile.
02:19J'espère.
02:20Oui.
02:21Tant mieux.
02:22Vous faites du bien aux gens.
02:23C'est ce que je veux.
02:24Vous faites gagner des points de vie aux gens.
02:25Oui.
02:26Des points de vie et parfois des womanizers.
02:29Ça, c'est une bonne idée.
02:32Ça, c'est ça, être artiste engagée, en fait.
02:34Moi, je suis pour tout ce qui fait du bien.
02:37Et franchement, ce genre d'objet, c'est la technologie au service du plaisir féminin.
02:41Donc, pourquoi s'en priver ?
02:42Je ne parlais pas que de ça.
02:43Je disais juste de pouvoir à un moment donné…
02:44C'est un sextoyer.
02:45On précise quand même.
02:46Je parlais même en règle générale.
02:48C'est l'humour.
02:49Quand vous dites de l'humour utile, c'est aussi ça.
02:51Et quand j'ai quitté le métier d'avocate, je me suis dit
02:53« Mais est-ce que je vais encore me sentir utile ? »
02:55Parce qu'avocate, je me sentais vraiment utile.
02:56Et je me suis rendue compte que oui.
02:58Parce que d'abord, j'aborde des sujets dramatiques avec le biais de l'humour.
03:02Et donc, grâce aux réseaux sociaux notamment,
03:04je reçois des messages de femmes ou d'hommes qui me disent merci.
03:07Donc, je me sens utile et ça fait du bien.
03:09Camille, vous avez retrouvé également Caroline l'enquêtrice.
03:11Oui, parce que Caroline, elle fouine, elle va…
03:14Regardez Caroline l'enquêtrice.
03:16Elle va enquêter sur des informations totalement farfelues
03:20mais qui sont toutes vraies dans le spectacle.
03:23Alors moi, ma préférée, c'est quand même celle-ci.
03:25C'est qu'apparemment, La Petite Sirène serait un homme.
03:28Donc, à votre avis, est-ce que c'est vrai ?
03:30Est-ce que La Petite Sirène était un homme ?
03:32Ce serait drôle.
03:34Ah bah, il faut aller voir le spectacle pour avoir les réponses.
03:36Voilà, je fais un bon petit teasing.
03:38C'est sympa, merci.
03:40Et pour finir, je ne peux pas m'empêcher de parler de la Caroline, femme engagée.
03:45Bah oui, parce que vous parlez pour les femmes,
03:47vous parlez des femmes dans ce spectacle.
03:49Et moi, je voudrais savoir quelque chose.
03:51Il paraît que le mouvement MeToo vous a sauvées.
03:53Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi ?
03:54Eh bien oui.
03:55Vraiment, en fait, il se trouve que moi, j'ai subi deux agressions sexuelles,
03:59puis un viol.
04:00Et que je n'en ai jamais parlé à personne, pour une bonne et simple raison,
04:02c'est que j'avais honte.
04:03Honte de ce qui m'était arrivé.
04:05Donc, surtout, je voulais...
04:06Parce que la honte, c'est par rapport à quelqu'un.
04:08Si vous n'en parlez pas, il n'y a pas de honte.
04:09Donc, je gérais ça de mon côté, toute seule.
04:12En plus, ça m'est arrivé chez moi, par quelqu'un que je connaissais.
04:14Donc, je me sentais responsable,
04:16puisque j'étais éduquée, comme beaucoup de filles de ma génération,
04:18à éviter le viol.
04:19Ne rentre pas, comme si.
04:20Ne fais pas ça.
04:21Ne bois pas.
04:22Ne t'habilles pas.
04:23Ne te maquilles pas.
04:24Enfin, bon.
04:25Donc, j'avais une part de responsabilité.
04:26Et grâce à Me Too, il ne faut pas oublier que Me Too, ça veut dire moi aussi,
04:29j'ai vu des centaines de femmes dire moi aussi.
04:31Et je me suis dit, mais en fait, ce n'est pas moi le problème.
04:33Il y a une vague, une ampleur.
04:35Et ça m'a fait du bien.
04:37Et à un moment donné, je me sentais mieux, grâce à elles,
04:40grâce au courage de ces femmes.
04:41Et je me sentais lâche, parce que moi, je ne le disais pas.
04:44Je me suis dit, puisque tu n'arrêtes pas de dire que tu es féministe et que tu es engagée,
04:46faire que toi aussi, tu dises Me Too, moi aussi.
04:49Et c'est là où j'ai décidé de le dire dans mon spectacle, avec mes mots.
04:52Et plus loin même, d'aller en faire rire.
04:54Parce que je me suis dit que si j'arrivais à faire rire avec ça,
04:57ça voudrait dire que les agresseurs n'ont pas le dernier mot
04:59et qu'on va continuer à rire malgré tout.
05:00Vous arrivez à faire rire la salle, en plus.
05:02Vous jetez un frot au début et puis après, vous dites non, non, non,
05:04on va en rigoler parce qu'on est là justement pour parler de ces sujets.
05:07Mais en rigolant, voilà.
05:08J'arrive à faire rire avec la mort de mon père.
05:10Donc, si on peut rire de la mort de quelqu'un...
05:12Le rire exorcise de tout.
05:13Exactement.
05:14Effectivement, dans ces moments-là, le rire est souvent une arme pour se relever.
05:18C'est une évidence.
05:19Alors, c'est un spectacle, on le voit bien, très intime.
05:22Vous le dédiez à votre père qui est décédé il y a cinq ans maintenant.
05:25Vous racontez plein de choses.
05:27On se dit, on ne va pas rigoler là-dessus.
05:28Et pourtant, s'il n'aura pas très bien de son corps,
05:30l'employé des Pomponées qui vous vend tout ce qu'il y a de plus cher,
05:32mais aussi la messe.
05:33On regarde un extrait.
05:35Et puis, il y a eu la messe d'enterrement de mon père.
05:37Et c'est le prêtre qui m'a fait rire en parlant de mon père, Pierre Vigneault.
05:43Nous sommes ici pour accueillir Jean Pignot.
05:50Veuillez-vous avancer pour bénir le cercueil en chêne massif et intérieur coton d'Egypte de Jacques Pouillot.
05:59Prions pour les filles de Georges Plumont.
06:04Il n'en a pas mis une dedans.
06:09Pas une fois, il a prononcé correctement le nom de mon père.
06:13Je pleurais de rire.
06:17Ma soeur était mortifiée.
06:19Alors, je me suis penchée sur son épaule et je lui ai dit,
06:21« Bonne nouvelle, papa n'est pas mort. »
06:26Ça vous aide, vous aussi, de rire.
06:30Quand papa est parti très violemment, j'ai très mal réagi.
06:34J'ai dû être hospitalisée, ça a été très violent.
06:37Ma soeur a cru que j'allais mourir également.
06:39Cette histoire est vraie.
06:41Vraiment, ça, on l'a vécu.
06:42Et j'ai ri à l'enterrement de mon père, ce qui était surréaliste.
06:45Votre papa, il n'est jamais venu vous voir à l'Olympia,
06:48mais il vous a déjà vu sur scène.
06:50Oui, il m'a vu plusieurs fois sur scène,
06:52mais l'Olympia, c'était le rêve de ma vie.
06:54Quand j'ai changé de vie, je disais à tout le monde,
06:56après l'Olympia, j'aurais mon nom en lettres rouges sur la façade.
07:00Je visualisais, etc.
07:01Le jour où je vais faire l'Olympia, je lui dis à mon père,
07:03« Papa, ça y est ! »
07:04Il me dit, « Je ne suis pas là, j'ai plusieurs dates, tu vas venir à l'Olympia. »
07:07Il me dit, « Non, je ne peux pas. »
07:09Je lui dis, « Tu ne peux pas venir à l'Olympia. »
07:11Il m'a dit, « C'est quoi ? Je viendrai quand tu le referas. »
07:13Malheureusement, il est mort entre les deux.
07:15C'est vrai qu'il y a eu cette première vie d'avocate,
07:17déjà sans doute un peu l'appel de la scène.
07:19C'était pour faire plaisir à la famille ou c'était une vocation ?
07:22C'était une éducation.
07:24On ne m'a pas obligée à devenir avocate, mais on m'a éduquée.
07:28De certaines façons, ma soeur a fait médecine et moi, j'ai fait droit.
07:31Les métiers de l'artistique, de façon générale, ne m'étaient absolument pas dans mon…
07:37C'est pas l'esprit.
07:38Non, ce n'est pas possible.
07:39Ce n'est pas un métier, ce n'était pas pour moi.
07:41Je l'ai découvert par hasard.
07:42En tant qu'avocate, je suis rentrée dans une troupe d'amateurs.
07:44C'est comme ça que j'ai découvert la scène.
07:46Je me suis dit, c'est ça que je veux faire.
07:48Mais Caroline, votre première scène n'était pas véritablement une scène, c'était une église.
07:53Oui, c'est vrai.
07:55Mais quand j'étais enfant, dès que j'ai eu 6 ans et que je savais lire,
07:58on m'a proposé de lire les textes qu'on a à l'église avec la famille.
08:00Et j'ai trouvé ça génial.
08:02Je me souviens, je baissais les micros, je regardais la scène.
08:05Je lisais et quand j'arrivais à la fin du texte de Saint-Paul-aprôtre au Corinthien,
08:08il y a moins de vannes.
08:10Et je voyais que j'avais de moins en moins de textes,
08:12donc je ralentissais pour faire durer le plaisir.
08:14Et j'attendais avec patience ma nouvelle scène.
08:17Vous nous avez parlé de cette troupe de théâtre,
08:19cette troupe de l'Union des jeunes avocats.
08:21Figurez-vous qu'on a retrouvé une de vos amies de l'époque.
08:24Regarde.
08:26Coucou Macaro.
08:27On m'a demandé de te poser une question sur la revue.
08:29Tu sais, la revue de l'UGA, l'Union des jeunes avocats,
08:32durant laquelle on enchaînait une vingtaine de sketches
08:34et de chansons humoristiques sur l'actualité du barreau.
08:38Tu te souviens de ce moment qu'on appelait le sucrage,
08:41où les gens avaient peur que l'unique numéro qu'ils avaient écrit
08:44ne soit sucré, ne soit éliminé ?
08:47Voilà ma question.
08:48Est-ce que tu te souviens du nombre de numéros
08:51que tu m'as soumis en tant que directrice de la revue
08:55et du ratio que ça représentait par rapport à ce que les autres avaient écrit ?
08:58Et puis, deuxième question,
09:00de quel numéro as-tu été la plus fière cette année-là ?
09:05Alors, Karine,
09:06Karine, qui avait effectivement plein de questions pour vous ce matin.
09:08Oui.
09:09Effectivement, je m'en souviens.
09:11Tous les jours, j'arrivais avec un nouveau texte.
09:13Ça suffit.
09:14J'étais, attends, j'ai une nouvelle idée.
09:16Et évidemment, le ratio n'est pas très élevé
09:18sur le nombre de textes qui ont été pris.
09:20Mais du coup, j'avais quand même beaucoup de numéros à la revue.
09:22Et j'en ai plusieurs que j'aime.
09:24Mais ce qui est drôle,
09:25c'est que Karine est une de mes meilleures amies maintenant,
09:27enfin, depuis longtemps.
09:28Et on s'est rencontrées à la revue.
09:29Et elle, elle s'est chantée.
09:30Donc, comme moi, j'écrivais les textes où je chantais, mais mal,
09:32parfois, elle et d'autres amis me chantaient en playback.
09:36Et on croyait que c'était moi.
09:38C'est bien vu, ça.
09:39C'est vrai que celui qui est à l'origine aussi de votre vocation,
09:42c'est un certain Albert Dupontel.
09:44Et oui, parce que Albert Dupontel,
09:46peu de gens le savent,
09:47mais il avait écrit des sketchs.
09:49Il était tout à fait de l'humour avant.
09:51Et il y a un sketch, notamment,
09:53qui a marqué ma vie,
09:54parce qu'il a une sketch sur la plaidoirie.
09:56Et je voulais, dans mes spectacles,
09:57faire un sketch sur la plaidoirie,
09:58sauf que le sien est tellement bon
09:59que je m'étais dit,
10:00je n'en mettrais pas tant que je n'en aurais pas un
10:01aussi bien que le sien.
10:02C'est intimidant.
10:03Ça, c'est un truc féminin, c'est encore une fois.
10:04Non, il est vraiment très bon.
10:05Et à tel point que je l'ai écrit,
10:07je lui ai demandé l'autorisation de le jouer sur scène,
10:10comme les chanteurs font des reprises.
10:12Et malheureusement, jamais de réponse.
10:14Ah, même pas.
10:15Donc, Albert, si tu m'entends,
10:17je ne sais pas où est la caméra,
10:18Albert, en bas,
10:19si tu m'entends,
10:20et que tu acceptes,
10:21je rejouerai avec plaisir ton sketch.
10:22Je me souviens très bien,
10:23je l'avais vu sur scène, moi, ce sketch.
10:24Ça me parle tout à fait, ce sketch dont vous parlez.
10:26Vous restez avec nous, Caroline,
10:27on a beaucoup de plaisir à partager ces moments avec vous,
10:29ainsi que Camille,
10:30Camille, d'accord,
10:31qui est à vos côtés
10:34Caroline Vigneault.
10:35Allez, à tout de suite,
10:36on va faire une petite pause.

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