20 % des étudiants en France ont déjà eu recours à l’aide alimentaire, selon le baromètre de la précarité étudiante de l’association Cop1. L’organisation propose un catalogue de services afin de répondre aux besoins des étudiants, sur les sujets d’alimentation, de culture ou de droit… JR A’Weng, directeur général de l’association et Georges Basdevant, cofondateur de Dift, nous présentent leurs actions et rappellent qu’aider les étudiants doit aller plus loin que la seule aide alimentaire.
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00:00On parle de précarité étudiante dans notre débat avec Gilles Ravin, bonjour, vous êtes le directeur général de COP1, Georges Badevin, bonjour, fondateur de DIF, ce qu'on reçoit régulièrement dans cette émission, COP1 en quelques mots, c'est une association, c'est ça ?
00:19En quelques mots, je vais essayer de faire rapide, on est une association qui aide les étudiants, c'est une aide par les pairs, donc c'est par et pour les étudiants, on est présent dans toute la France, dans les territoires ultramarins également,
00:30et donc on fait chaque semaine des distributions alimentaires, donc de paniers, de fruits et légumes, de produits secs, de produits d'hygiène, tout ce dont on a besoin dans une semaine, mais on fait également des sorties sportives, des sorties culturelles, des repas partagés,
00:44on vient d'ouvrir un restaurant dans le sud de Paris, on a un festival, enfin tout un tas d'activités qui permettent de parler de ces sujets de précarité étudiante et de pauvreté de la jeunesse, mais qui permettent aussi aux jeunes de briser les barrières et de créer un lien social, parce que le sujet fondamental maintenant, c'est que les jeunes sont seuls et se sentent seuls.
01:03Oui, la solitude et effectivement, on ne parle pas que de précarité alimentaire, parce que souvent, on a tendance à réduire la précarité étudiante à la précarité alimentaire. Georges Badevent, vous venez régulièrement nous présenter des associations que vous et vos clients accompagnent, on va quand même rappeler en quelques mots le principe de DIFT.
01:20Oui, DIFT, c'est une plateforme qui va permettre aux entreprises de soutenir des causes et des associations d'intérêt général comme Copain, en impliquant leurs clients et leurs collaborateurs dans le choix de ces causes, et donc ça va par exemple, dans ces périodes de Noël, remplacer des cadeaux d'entreprise, une marque va pouvoir offrir un DIFT de 50 euros, de 100 euros par partenaire, que ce partenaire va pouvoir choisir à la cause de son choix parmi un catalogue d'options.
01:44C'est ça, on choisit l'association, on choisit la cause qu'on va soutenir.
01:47Exactement, on choisit la cause qu'on va soutenir, qui résonne avec ses valeurs, et ensuite, on en reçoit des nouvelles tous les deux mois pendant l'année qui vient.
01:54Quelques chiffres, 20% des étudiants français ont déjà eu recours à l'aide alimentaire. Dans ce chiffre-là, parce que c'est peut-être le plus frappant, on en avait pris conscience au moment de la crise Covid.
02:06Giraveng, est-ce que ça s'est amélioré, aggravé, stabilisé ? On en est où aujourd'hui ?
02:12C'est un peu toujours la grande question. Effectivement, on en a pris conscience quand tout le monde a été confiné.
02:18Les jeunes, les premiers se sont retrouvés seuls chez eux dans leurs petits appartements, sans les petits jobs, sans les revenus, et donc se retrouvaient assez rapidement,
02:28parce qu'à ce moment-là, on ne savait pas encore combien de temps ça allait durer, donc se retrouvaient assez rapidement à se dire « j'ai plus d'argent, est-ce que je retourne voir ma famille ? »
02:36Toutes ces questions-là sont montées, le sujet de la précarité étudiante a été mis sur la table, et beaucoup de médias s'y sont intéressés.
02:45Ça existait évidemment avant, et ça continue depuis, je suis bien d'accord.
02:49Mais avant, ou toujours maintenant, on considère un peu que c'est un rite de passage pour devenir adulte. On apprend à se débrouiller, on apprend à s'en sortir.
02:58Et je pense qu'on a réussi à ce moment-là à casser quelques tabous et dire « non, ce n'est pas possible », parce qu'il y a de plus en plus de jeunes qui ont des difficultés.
03:06Ça fait maintenant cinq ans, on est dans la cinquième année de COPIN, on s'est lancés à ce moment-là, et la demande n'arrête pas.
03:13Ça s'accentue. C'est pour ça qu'on sort ces chiffres annuellement, pour montrer comment ça évolue, et maintenant on est à 20% des étudiants en France, en Hexagone,
03:24un territoire ultramarin, qui ont besoin de l'aide alimentaire. C'est-à-dire qu'ils ont des jobs, il y a un peu plus de 50% des étudiants qui travaillent,
03:30ils ont des stages, ils poursuivent l'orchestre universitaire, ils essayent de découvrir la vie en parallèle, et pourtant ils doivent aller dans des associations comme la nôtre
03:39ou comme les Restos du cœur, le Secours populaire, pour demander un panier alimentaire et de la bouffe.
03:44Ça veut dire, je reste sur la précarité alimentaire, on parlera du reste, mais ça veut dire sauter un repas, tout simplement ?
03:49Ça veut dire sauter des repas régulièrement, ça veut dire que le petit-déjeuner disparaît, parce que ce n'est pas possible, et ça veut dire, je suis à la bibliothèque toute la journée,
03:56il s'est chauffé, alors que chez moi je n'ai pas de quoi me chauffer, je ne vais pas faire mon repas, je vais dîner le soir, ça va me faire tenir.
04:04Il y a plein de petites techniques qui se créent, et c'est là où justement on va rencontrer les étudiants en disant, non, ce n'est pas possible, tu ne peux pas mener tes études comme ça.
04:12Georges Bademan, quelles entreprises s'emparent de ce sujet de la précarité étudiante, et comment ?
04:18Alors, il y a eu un déclic déjà de la part des entreprises, qui coïncide effectivement avec le Covid, où on s'est rendu compte qu'à la fois c'était un public fragile,
04:26et qu'en même temps, c'est un public qui était pour beaucoup déjà dans le monde de l'entreprise. Les étudiants sont les stagiaires et les alternants des entreprises,
04:34et donc cette réalisation a été assez forte du côté des entreprises. Par exemple, aujourd'hui, Copain a été cette année une des dix associations les plus soutenues sur notre plateforme.
04:45Ça démontre qu'il y a eu une forme de compréhension que oui, il faut aider ce public-là, et donc on a vu ce déclic, et aujourd'hui il y a des grands acteurs,
04:56par exemple la Fondation Carrefour, qui agissent sur la précarité alimentaire et qui font notamment de l'aide à ces publics étudiants des axes importants de leurs actions.
05:05Comment ? C'est par différents moyens, mais d'abord, ça peut être en étant mieux disant sur les conditions sociales et de rémunération de ces stagiaires, de ces alternants.
05:14Ça peut être en collectant également, lorsqu'on est un groupe de distribution, un groupe dans l'alimentaire. C'est un levier extrêmement puissant qu'on a, et on va pouvoir faire par exemple des dons réguliers,
05:23dont Copain va pouvoir bénéficier, ou d'autres acteurs sur l'aide alimentaire évidemment, et aussi soutenir les acteurs de terrain, et j'y viens, c'est très important,
05:33parce que ce qui m'a frappé en découvrant mieux Copain, c'est qu'ils ont un effet de levier, un démultiplicateur d'impact par rapport aux dons qui leur sont offerts.
05:41Ce qui est marquant, c'est que pour un euro qu'on leur donne, ils vont pouvoir avoir un impact qui est énorme pour plusieurs raisons, parce qu'ils ont un réseau de partenaires associatifs,
05:51parce qu'ils bénéficient de dons réguliers, parce qu'ils ont beaucoup de bénévoles.
05:54Alors justement, je veux bien que vous nous expliquiez ça, peut-être sur autre chose que la précarité alimentaire justement. Vous nous disiez culture, sport, briser l'isolement.
06:03Effectivement, surtout grâce aux bénévoles. On a un fort engagement de la jeunesse qui cherche à aider ses camarades, qui cherche à s'engager, à donner un peu de sens aussi,
06:13en parallèle de leurs études à leurs activités, et donc on a beaucoup de bénévoles qui viennent, avec beaucoup d'idées et beaucoup de volonté de faire des choses assez manuelles,
06:21parce que quand on a 20 ans ou 21 ans, ça fait un peu plus de 15 ans qu'on est assis à une table de classe et qu'on apprend, et on a envie de faire des choses,
06:29et donc d'organiser des activités. Ça peut être des choses qui coûtent peu cher, parce que beaucoup de musées sont gratuits en France,
06:35mais le fait de pouvoir organiser ces sorties-là avec des groupes de bénéficiaires, des groupes de bénévoles qui se mélangent entre étudiants,
06:42et de briser tous les potentiels barrières dont on parlait, ça facilite et ça fait que ça avance et que ça fonctionne bien, et qu'il y a ce grand engagement qui suit.
06:52Ça veut dire qu'avec un petit budget, par exemple dans une antenne à Strasbourg, avec 3000 euros annuels pour des sorties culturelles,
07:00on arrive à faire des sorties toutes les semaines, et des activités, et des découvertes de pièces de théâtre, de répétitions d'opéra,
07:07beaucoup de choses auxquelles on n'a absolument pas accès quand on est étudiant précaire, et de manière générale, quand on est étudiant,
07:13on n'a pas beaucoup de temps et on a un peu peur d'aller à ces événements-là, donc on facilite cette entrée-là avec très peu de budget.
07:21Est-ce que vous devez convaincre parfois ? Quels arguments vous employez pour inciter les entreprises à aller sur des causes en général, mais peut-être sur cette cause spécifiquement ?
07:30C'est vrai que par cette cause spécifique, il y a quelque chose de frappant qui est que c'est un public qui est déjà dans l'entreprise en partie,
07:38et il va être dans l'intérêt bien compris de l'entreprise et de son lien social avec ses collaborateurs, ses employés, ses stagiaires,
07:45mais aussi peut-être dans l'intérêt de sa marque employeur de s'engager sur ce sujet-là.
07:50Oui, c'est aussi efficace. Il y a beaucoup d'entreprises qui se sont confrontées à des problèmes de recrutement.
07:55Quand on peut afficher un engagement réel comme celui-là, c'est toujours bon pour la marque.
07:59C'est un impact qui est concret. C'est quand même frappant de se dire qu'aujourd'hui, il y a des étudiants qui n'arrivent pas à subvenir à leurs besoins en 2024 en France,
08:08et donc c'est ce qui va en général résonner chez les marques.
08:11Je voudrais qu'on parle de ce que vous venez d'ouvrir. C'est quoi ? C'est une cantine ? C'est un restaurant ?
08:17C'est un restaurant.
08:18Ça s'appelle La Copine, c'est ça ?
08:19Ça s'appelle La Copine. C'est un restaurant. Je ne vais pas dire un test parce que c'est un restaurant qui est ouvert midi et soir, 5 jours sur 7 dans Paris.
08:28Et le but, c'est bien évidemment, si ça fonctionne, là on va faire pendant 12 mois, d'en ouvrir plusieurs en France.
08:34Avec quel principe en fait ?
08:36C'est un restaurant ouvert à tous, avec une entrée, plat et dessert qui changent chaque jour et qui est fixe. Dans ce cas-là, ça peut faire penser à une cantine.
08:43Mais ça coûte 10 euros le menu pour quelqu'un. Et ça coûte 3 euros pour un étudiant.
08:49Et donc on découvre petit à petit, il y a beaucoup de jeunes qui viennent, 3 euros, et qui n'ont pas l'habitude d'aller au restaurant et qui redécouvrent un peu une vie sociale.
08:58Mais on découvre aussi toute une relation de solidarité intergénérationnelle qui se crée beaucoup avec les habitants du quartier, avec les retraités qui sont seuls
09:06et qui peuvent soudainement, le soir, se retrouver dans une ambiance jeune et festive.
09:11Il y a un peu plus de 80 couverts par repas. Ça crée une vraie solidarité.
09:18Et c'est peut-être, espérons-le, le premier d'une longue série.
09:23Une nouveauté qui concerne DIFT, avec une orientation aussi vers les particuliers, c'est ça ?
09:29Exactement.
09:30Vers les citoyens consommateurs ?
09:31C'est la période des fêtes. Et qui dit période de fête dit période de cadeaux.
09:35Or, il se trouve que c'est aussi une période où parfois on offre des objets qui viennent de l'autre bout du monde, où on ne sait pas toujours quel cadeau utile offrir.
09:44On a décidé d'ouvrir notre concept du DIFT aux particuliers.
09:47Dès aujourd'hui, les particuliers peuvent s'offrir des DIFT, un don cadeau à distribuer à la cause de son choix.
09:56Vous pouvez offrir à votre soeur, à votre copain, 10 euros, 50 euros, pour la cause de son choix, et notamment soutenir des belles causes comme copain.
10:05Tiens, il nous reste une minute. Il y a un dernier élément que je trouve intéressant, c'est l'accès au droit.
10:09En préparant l'émission, j'étais un peu surpris de ça. Il y a beaucoup d'étudiants qui finalement passent à côté d'un certain nombre d'aides aux paysans droits ?
10:15Comme toute la population. Pas particulièrement des aides, mais de la compréhension administrative et juridique du système français.
10:21C'est assez difficile.
10:23Encore plus quand on a 18 ans et qu'on découvre soudainement, alors qu'on ne nous a pas vraiment préparé.
10:27Ça se fait plutôt de manière familiale, mais donc beaucoup passent à côté.
10:31On fait tout cet accompagnement pour comprendre comment ça fonctionne, les aides auxquelles les jeunes ont le droit,
10:37mais aussi tout le système administratif auquel ils font face directement, puisqu'ils commencent à travailler, à devoir payer des impôts.
10:45On accompagne là-dessus beaucoup d'étudiants.
10:48Tous ceux qui s'inscrivent en distribution alimentaire, donc un peu plus de 300 par distribution.
10:52Il y en a un peu plus de 25 par semaine en France, faites par Copain.
10:57Ces étudiants-là peuvent directement, en fin de distribution, rencontrer dans un petit lieu d'échange et de parole nos bénévoles qui sont formés sur ces questions-là.
11:05Merci beaucoup à tous les deux et à bientôt sur BeSmart for Change.
11:09On passe à notre rubrique start-up tout de suite.