• il y a 11 heures
Est-ce le premier faux pas de François Bayrou ? En pleine crise à Mayotte, et après une journée passée à consulter les forces politiques, François Bayrou s’est rendu hier soir à Pau, avec un Falcon de la République, pour présider le conseil municipal provoquant la colère de nombreuses personnalités et élus qui évoquent un premier ministre à mi-temps.

Interrogé à son arrivée à la mairie de Pau, François Bayrou a semblé agacé par la question d’un journaliste demandant si ce déplacement ne posait pas problème dans le contexte du moment alors que, accessoirement, le Premier ministre doit également constituer un nouveau gouvernement. Un vol de 52 minutes, 800 kg de carburant consommé et un coup de près de 12.000 euros estimé.

"Votre place n'était pas à Pau ce soir", lui a lancé d'entrée Jean-François Blanco, élu Les Écologistes d'opposition au conseil municipal. "Votre place était soit à Paris, soit à Mayotte. C'est l'illustration dramatique qu'il y a une incompatibilité" aux deux fonctions, plaide-t-il.

«Manque de Pau pour Mayotte, nous avons un premier ministre à mi-temps», a ironisé Guillaume Bigot, député RN du Territoire de Belfort. «Monsieur Bayrou, le conseil municipal de Pau pourrait se passer de votre présence ce soir eu égard à la situation à Mayotte», lui a suggéré le député LR de Meurthe-et-Moselle, Thibault Bazin.

«Mayotte dévastée, pas le début d’une once de gouvernement, loi spéciale à l’Assemblée nationale et petit tour en jet à Pau pour Bayrou», s’est indignée la députée LFI Zahia Hamdane, qui feint de s’interroger : «Y a-t-il un pilote dans l’avion ?»

"Notre ville a besoin d'un maire présent tous les jours et impliqué dans les dossiers", a lancé de son côté le socialiste Jérôme Marbot. "Le peuple français mérite mieux qu'un Premier ministre illégitime à mi-temps", tacle sur X la vice-présidente de l'Assemblée nationale LFI Clémence Guetté.

Or, depuis Pau, le nouveau chef du gouvernement a au contraire assumé son choix au nom d'un cumul des mandats dont il a fait la promotion. Aucun texte n'oblige un Premier ministre à démissionner de son mandat de maire. Depuis 2014 en revanche, les parlementaires ne peuvent pas cumuler avec un mandat exécutif local.

François Bayrou, qui a mis en garde lors de sa prise de fonctions contre "le mur de verre qui s'est construit entre les citoyens et les pouvoirs", s'est inscrit lundi à rebours de ce non-cumul.

"C'est une erreur (...) Je pense qu'il faut que ce débat soit repris", a-t-il lancé devant les élus municipaux, précisant qu'il poserait cette question dans sa déclaration de politique générale devant le Parlement. "Je suggèrerai aux futurs membres de mon gouvernement de garder leurs mandats et je suggèrerai aux autres (d'avoir) une petite antenne sur le terrain", a-t-il ajouté.

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Transcription
00:00On n'est pas là pour faire du show, M. Bayrou.
00:04On n'est pas là pour transformer cette assemblée
00:08en plateau de télé.
00:10Ce n'est pas notre objectif, ce n'est pas notre vocation.
00:12On n'a jamais, me semble-t-il, eu ce comportement ici-là.
00:18On est là pour parler de sujets sérieux, graves
00:21et qui concernent ensuite nos concitoyens,
00:24nos citoyens et nos concitoyens.
00:26On est là pour porter une parole critique.
00:29Moi, la première question qui me vient,
00:32c'est qu'est-ce que vous faites là ?
00:34Vous n'êtes pas à votre place.
00:36Vous n'êtes pas à votre place, M. Bayrou.
00:38Moi, je considère que le fait que vous soyez venu ici,
00:42c'est une faute politique.
00:44Je ne fais pas du show, c'est une faute politique.
00:47Votre première mission, M. Bayrou,
00:49et M. le Premier ministre,
00:51c'est de prendre la place de la République.
00:54Votre première mission, M. le Premier ministre,
00:57c'est de prendre l'avion, d'aller à Mayotte,
01:00ne serait-ce que de façon symbolique
01:02de montrer à ces gens-là qui vivent dans la misère,
01:06qui vivent dans des bidonvilles, qu'on les déconsidère.
01:09La seule manière où on parle d'eux,
01:11c'est pour les critiquer au sujet de l'immigration.

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