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Une vie, dont le cœur se situe ici. Dans ces vastes exploitations mi-sauvages, mi-artisanales, à ciel ouvert où il ruisselle autant de sueur, de boue et de sang, sur le visage d’hommes, de femmes et d’enfants.
Un spectacle de fin de monde, au parfum du rouge vif de la terre nue, qui est saisissant par l’ampleur du monde qui y grouille et l’extraordinaire imbrication des vies, aux confins de tous les possibles, de toutes les licences et de tous les interdits.
Un monde de vies sans noms et sans visages, réfugiées derrière le masque mortifère de ce mélange visqueux, qui porte l’essentiel de la jeunesse d’ici loin, très loin des écoles et de leurs bénéfices incertains.
De quelle animation peut donc être la rentrée scolaire ici, dans les établissements scolaires de la ville et de l’ensemble de la zone qui, outre de connaître un taux d’inscription particulièrement faible en début de chaque année, voient surtout – au fil des mois – s’évanouir dans la nature, par effet d’attrition, le peu d’inscrits qu’attirent alors irrésistiblement les scintillements boueux de la mine ?
Les années passent pourtant, sans que rien ne change dans cette géographie classée Zone d’éducation prioritaire. Distinction peu glorieuse, commune aux régions de l’Adamaoua, du Nord, de l’Extrême-Nord et de l’Est – qui connaissent un taux de scolarisation inférieur à 30%, cumulativement sur le primaire et le secondaire.

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00:00Le centre-ville de Bétaréouillat, place forte pour les taximens motos, pour tous les commerçants
00:29et pour tous les commerçants. Place de vie et de lutte pour la survie où,
00:35comme partout ailleurs dans le pays, se prépare une seule et unique chose en ce mois d'août
00:40à savoir la rentrée scolaire. Lieu d'échange et de partage en tout genre, où circulent
00:46toutes les marchandises du monde, dont en premier, l'or.
00:51Pas forcément visible de prime à bord, mais dont l'omniprésence dans les imaginaires
00:56et la réalité des transactions économiques en fait la base à la fois sociale et même
01:00morale de toute vie ici. L'or des richesses fulgurantes qui justifie
01:07que dans ces maisons où naissent tant de vies et se projettent tant de destins, ce
01:12ne soit pas toujours par les sentiers de l'école que les jeunes veulent se voir accomplis demain.
01:16Nous connaissons beaucoup des cas de perdition à la présence de l'or ou des pièces précieuses.
01:28Alors nous nous accrochons bien évidemment sur les mesures gouvernementales parce qu'il
01:36faut reconnaître que le gouvernement, la terre aux hiérarchies, prend des dispositions
01:42pour lutter contre ce fléau et nous, justement, n'ayant pas un moyen de coercition précis,
01:53nous nous appuyons bien évidemment sur ce que le gouvernement demande, et nous particulièrement
02:00nous passons par la sensibilisation. Une vie dont le cœur se situe ici, dans ces
02:08vastes exploitations mi-sauvages, mi-artisanales, à ciel ouvert, où il ruisselle autant de
02:13sueur, de boue et de sang, sur le visage d'hommes, de femmes et d'enfants.
02:18Un spectacle de fin de monde au parfum du rouge vif de la terre nue, qui est saisissant
02:26par l'ampleur du monde qui égrouille l'extraordinaire implication de vie, au confins de tous les
02:31possibles, de toutes les licences et de tous les interdits. Un monde de vie sans nom et
02:39sans visage, réfugié derrière le masque mortifère de ce mélange visqueux qui porte
02:45l'essentiel de la jeunesse d'ici, loin, très loin des écoles et de leurs bénéfices incertains.
02:51La dépédition scolaire dans la région de l'Est est une gangrène, est une maladie très
03:02fortement répandue, parce que, vous allez le constater, il y a une très grande répréhension
03:10des enfants qui abandonnent les salles de classe au profit des sites lignés,
03:17surtout actuellement dans la période de la saison sèche, il y a une très grande augmentation de l'activité minière.
03:29Les gens ne vivent que de la mine, dans ces zones-là, ils y vont à 4 heures et ils reviennent à 18 heures,
03:38vous voyez qu'entre-temps, les enfants qui accompagnent leurs mamans, parce qu'il y a des mamans qui ont des bébés,
03:44généralement, les enfants accompagnent les mamans pour servir de nounou ou alors pour les aider à laver les pierres qu'ils ont cassées.
03:59De quelle animation peut donc être la rentrée scolaire ici, dans les établissements scolaires de la ville et de l'ensemble de la zone,
04:06qui, outre de connaître un taux d'inscription particulièrement faible en début de chaque année,
04:11voit surtout au fil des mois s'évanouir dans la nature par effet d'attrition le peu d'inscrits qu'attirent alors irrésistiblement les sentiments bouleux de la mine.
04:25J'ai eu l'occasion d'être au moins pour vivre dans ces zones-là, je crois que mon problème ce n'est pas d'abandonner,
04:33c'est de leur demander d'abandonner définitivement, mais que ce soit un tremplin vraiment pour un, ce que j'appelle un ordre, un ordre pérenne définitif, c'est-à-dire l'école.
04:43Parmi les causes qui amènent les enfants à connaître la dépétition scolaire, on peut citer la pauvreté ou encore la misère ambiante,
04:56on peut citer aussi l'ignorance des parents qui parfois prennent des enfants comme des personnes pouvant aussi contribuer à l'économie des ménages.
05:09Les années passent pourtant sans que rien ne change dans cette géographie classée zone d'éducation prioritaire.
05:15Distinction peu glorieuse comme une région de la Damaoua, du nord, de l'extrême nord et de l'est qui connaissent un taux de scolarisation inférieur à 30%,
05:26cumulativement sur le primaire et le secondaire.
05:33À chaque autorité administrative, c'est tourné de prises de contacts et parfois de simples intimidations sans effet de quelque sorte sur la durée.
05:41Reste alors au préfet du Lome-et-Durhaim, comme ici et lors d'une tournée dans le dit département en janvier dernier,
05:47de répéter de simples banalités mille fois entendues par les mêmes populations.
05:55Les enfants de l'Omme-et-Durhaim ont-ils eu le droit d'être des enfants chéris ?
06:00Ils ont eux-mêmes dit qu'ils sont des enfants chéris du gouvernement de renouveau.
06:08Ils sont en haut et je me ferai le devoir de répercuter à qui de droit, au destinataire de ce message de gratitude.
06:19Ce message de gratitude est exprimé par, envoyé par les populations du département du Lome-et-Durhaim.
06:29Il en restera donc toujours du monde pour venir applaudir et parfois danser au passage des têtes couronnées de l'État.
06:36Mais peu pour se préoccuper et agir sur les tendances de fond qui, silencieusement, travaillent cette zone du pays à être demain,
06:44parmi celles qui comptent le moins d'élites de qualité dans la représentation élite internationale.
06:48La porte ouverte ainsi à tous les effacements et toutes les surenchères.

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