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François-Xavier Bourmaud, journaliste au service politique, fait le point sur les premiers jours compliqués du maire de Pau à Matignon

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Transcription
00:00La première impression que renvoie François Bayrou à Matignon,
00:02c'est celle d'un Premier ministre qui n'était pas forcément
00:04aussi préparé que lui-même voulait bien le dire.
00:10C'est un faux départ pour François Bayrou à Matignon
00:13parce qu'en à peine trois jours, il a cumulé les faux pas, les erreurs.
00:20Ça a commencé avec un détail pendant la passation de Pauvoir
00:23avec Michel Barnier, quand il a oublié de remercier
00:25le président de la République, ce qui est une sorte de tradition républicaine.
00:28Mais dans l'émotion du moment, ça pouvait passer.
00:30Ensuite, ça s'est un petit peu aggravé quand le président de la République,
00:33Emmanuel Macron, lui a recommandé de recevoir les chefs de parti,
00:36comme lui-même l'avait fait, les chefs de parti de l'arc républicain,
00:39pour essayer de s'extirper des lignes rouges posées par chacun.
00:42François Bayrou a opposé une fin de non-recevoir puisqu'il a préféré
00:45recevoir les chefs de groupe parlementaires.
00:47Mais surtout, la grosse faute de François Bayrou dès son arrivée à Matignon,
00:51ça a été de préférer se rendre à Pau pour assister à un conseil municipal
00:55et parler du cumul des mandats plutôt que d'aller à la réunion de crise
00:58organisée à Place Beauvau, en présence du ministre de l'Intérieur
01:01et du président de la République, après le cyclone qui a dévasté Mayotte.
01:04Ça, c'est une faute de communication, puisque le Premier ministre
01:07ne s'est pas mis à l'unisson de l'émotion qui avait saisi le pays.
01:10Et il a surtout donné l'impression d'être totalement décalé par rapport à la situation.
01:19Pour François Bayrou, durer à Matignon, ça veut dire ne pas se faire censurer
01:22par l'Assemblée nationale comme Michel Barnier.
01:25Pour ne pas se faire censurer, l'équation est toujours la même
01:27puisque la composition de l'Assemblée nationale n'a pas changé.
01:29Il faut se ménager le soutien des Républicains d'un côté
01:32et du Parti socialiste de l'autre pour obtenir à minima la garantie
01:36qu'ils ne créeront pas une majorité contre lui.
01:39Pour ça, François Bayrou essaye non pas de créer une coalition,
01:42mais de faire un gouvernement qui reflète les équilibres de l'Assemblée nationale.
01:46Pour François Bayrou, l'équilibre à trouver à l'Assemblée nationale est complexe,
01:49puisqu'il doit satisfaire à la fois les Républicains et le Parti socialiste
01:53qui sont totalement opposés sur la ligne politique.
01:55Cet équilibre à trouver, il plaide pour une forme d'immobilisme.
01:58Et c'est justement la mission de François Bayrou à Matignon,
02:00c'est de durer le plus longtemps possible,
02:02en tout cas au moins jusqu'au mois de juillet,
02:04pour que le président de la République puisse recharger l'arme de la dissolution
02:07et disposer à nouveau d'un moyen de pression sur les parlementaires
02:10pour terminer son mandat à l'Élysée.
02:15Depuis 2017, Emmanuel Macron a une dette à l'égard de François Bayrou.
02:19Et cette dette, il lui a fait payer au prix fort, au prix de Matignon.
02:22Cette dette, elle remonte au soutien apporté par François Bayrou
02:25pendant la campagne présidentielle de 2017, le soutien du MoDem,
02:28sans lequel Emmanuel Macron n'aurait vraisemblablement pas été élu président de la République.
02:33Depuis cette date-là, les relations entre Emmanuel Macron et François Bayrou
02:37sont assez complexes, puisque le président du MoDem estime
02:40que ce n'est pas tant Emmanuel Macron qui a été élu à l'Élysée
02:44que les idées que lui représente, à savoir une forme de centrisme un peu mou,
02:49où il s'agit de se mettre d'accord avec tout le monde.
02:50Les meilleures volontés à droite et à gauche pour essayer de faire avancer le pays.
02:54François Bayrou a toujours joué de cette carte-là pour peser sur le président de la République
02:58et obtenir, par exemple, lors des élections législatives,
03:00plus d'investiture pour son parti qu'il aurait pu en espérer autrement.
03:04De son côté, Emmanuel Macron, lui, a essayé de contenir tant qu'il pouvait
03:09le pouvoir de nuisance du président du MoDem en le traitant,
03:11c'est-à-dire en discutant régulièrement avec lui,
03:14en l'appelant au téléphone tous les dimanches, en acceptant ses demandes
03:17et parfois en affrontant ses colères.
03:18En privé, François Bayrou dit « je n'ai jamais été et je ne serai jamais macroniste ».
03:22En réalité, François Bayrou poursuit toujours le même objectif,
03:25celui de se faire élire à la présidence de la République sur la voie centriste
03:28qu'il défend depuis 40 ans qu'il est entré dans la vie politique.

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