• il y a 4 jours
Mickaëlle Paty, sœur du professeur Samuel Paty, était l’invitée du Face-à-face de Apolline de Malherbe sur RMC et BFMTV. Elle a notamment réagi aux réquisitoires du procès de l’assassinat de son frère et au verdict attendu ce vendredi. 

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Transcription
00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Mikaël Pathy, merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions ce matin sur RMC et BFM TV.
00:10Mikaël Pathy, vous êtes la sœur bien sûr de Samuel Pathy, professeur assassiné le 16 octobre 2020 à Conflans-Saint-Honorin.
00:18Ce procès, le procès de ceux qui ont ou pas été complices, on le verra justement dans un instant, s'achève aujourd'hui.
00:26Ça fait sept semaines que le procès a commencé, le verdict est attendu à 20h ce soir.
00:32On va revenir sur ce que vous redoutez des peines dont vous craignez qu'elles ne soient trop faibles.
00:37Mais avant cela, je voudrais d'abord savoir comment vous, vous allez Mikaël Pathy ce matin ?
00:42Ce matin, c'est une grande attente d'arriver assez rapidement à 20h ce soir pour être soit confortée dans mes craintes,
00:51c'est-à-dire que les peines prononcées se calquent sur le réquisitoire qui a été prononcé il y a quelques jours,
00:57qui condamne très faiblement, voire même pour certains, va permettre de libérer quatre personnes.
01:04Donc il faut que quelque part ça s'arrête. Il faut que je puisse mettre un point final à ce procès pour continuer à mener tous les combats que je mène derrière.
01:15À mener les combats que vous menez désormais au nom de votre frère.
01:19Vous le dites tout de suite, ce réquisitoire du parquet, vous êtes sorti il y a quelques jours du réquisitoire,
01:27dans une forme à la fois de colère, de sidération, vous aviez les larmes aux yeux,
01:31estimant que les peines qui avaient été demandées par le parquet national antiterroriste n'étaient pas à la hauteur.
01:39Je voudrais qu'on s'arrête un instant sur deux profils qui sont deux personnes clés pour la connaissance qu'a eue l'assassin de votre frère,
01:49de ce cours imaginaire raconté par le mensonge d'une collégienne.
01:57Ces deux personnages, ce sont notamment Abdelhakim Sefrioui et Brahim Chinina, qui est le père de cette jeune fille.
02:05Pour chacun des deux, le réquisitoire du parquet est bien plus faible que celui que vous n'imaginez.
02:12Ce qui se passe, c'est que pour Abdelhakim Sefrioui, à l'heure actuelle, il est condamné à 12 ans de prison,
02:19dont deux tiers de sûreté, ce qui fait que d'ici à peu près moins de 4 ans...
02:23Il n'est pas condamné, c'est le réquisitoire du parquet.
02:26C'est ce qui est proposé à l'heure actuelle, ce qui fait que d'ici moins de 4 ans, il peut être dehors.
02:31Est-ce que vous pouvez nous rappeler ce qu'il a fait, les vidéos qu'il a faites ?
02:36Abdelhakim Sefrioui, c'est un prédicateur, fiché S et fiché FSPRT,
02:41qui fait partie des personnes les plus radicalisées susceptibles de passer à l'acte
02:45et qui va rentrer en contact très rapidement avec M. Brahim Chinina,
02:49qui est le père de la jeune fille menteuse qui est à l'origine de toute la cabale.
02:54Ils vont se mettre en relation, ils vont échanger énormément pendant les 11 jours de la traque
03:00qui va être menée contre mon frère.
03:03Et l'un et l'autre vont faire des vidéos qui seront déversées sur les réseaux sociaux
03:08et qui va bien évidemment être captée par l'univers de la djihadosphère
03:12et qui va tomber entre les mains d'Abdelhakim Ansaroff, qui est l'assaillant de mon frère,
03:17et qui va le décapiter le 16 octobre.
03:20L'avocat d'Abdelhakim Sefrioui a dit, je cite, qu'il n'y avait chez lui pas une nonce de radicalité.
03:27Je pense que c'est ce qui s'est un petit peu débattu pendant tout ce procès,
03:32c'était d'essayer de mesurer si leurs agissements relevaient d'une forme de radicalité religieuse ou non.
03:38Je pense que réduire uniquement une capacité de passage à l'acte juste au niveau de la radicalité,
03:45parce qu'en fait Abdelhakim Ansaroff, lui, était particulièrement radical
03:49et cherchait à faire son djihad en France.
03:51Sauf que ceux qui lui ont apporté l'information
03:54ne vont pas prôner une forme radicale à eux-mêmes passer à l'acte.
03:58En fait, ils susurrent aux oreilles de ceux qui veulent bien l'entendre à eux de passer à l'acte.
04:03C'est la question au fond d'une sorte d'enchaînement,
04:06et d'ailleurs c'est un mot qui a été refusé par le parquet national antiterroriste dans son réquisitoire.
04:13Il refuse le terme d'engrenage de ces dix jours fatales à votre frère,
04:20il préfère le terme d'enchaînement causal.
04:23Et c'est très important ces termes-là,
04:26parce qu'engrenage voudrait dire une forme de responsabilité à chaque étape,
04:29responsabilité de ceux qui ont décidé de désigner, de cibler en quelque sorte,
04:33votre frère Samuel Paty,
04:35jusqu'à celui qui en effet a assassiné, décapité votre frère.
04:41Lorsqu'on parle d'un enchaînement causal, au fond c'est qu'il n'y a pas de complicité.
04:45Alors, l'enchaînement causal n'empêche pas la complicité,
04:48parce que complicité, il suffit d'être deux.
04:50Globalement dans cette affaire, ils ont tous un petit peu fonctionné.
04:52Il y a huit accusés.
04:54Il y a huit accusés à l'heure actuelle.
04:56Ils ont tous fonctionné un petit peu par binôme afin d'agir.
04:59Donc on a M. Sifrioui avec M. Brahimchdina,
05:02on a les deux comparses, les deux complices
05:04qui ont travaillé quelque part ensemble
05:06à aider à armer et véhiculer l'assaillant de mon frère.
05:10Je pense que pointer cet enchaînement
05:15permet de rétablir la responsabilité de chacun
05:18et n'enlève pas, entre guillemets, quelque part,
05:20une certaine complicité à mes yeux, en tout cas.
05:22Aucun ne s'est excusé, véritablement.
05:25Pas d'excuses.
05:27Et même celui dont vous parlez à l'instant,
05:29Abdelhakim Sifrioui, a eu ces mots.
05:32Il aurait presque voulu que Samuel Paty lui-même s'excuse.
05:34Il a dit, pendant qu'il s'adressait à la cour,
05:37si Samuel Paty s'était excusé
05:39et avait retiré de son cours la caricature du prophète nu à quatre pattes,
05:42alors l'histoire se serait arrêtée là.
05:44Oui, ce sont des mots particulièrement difficiles à entendre.
05:46Il n'y a pas que la famille de Samuel qui s'en a offusqué,
05:49toute la salle également.
05:51Ce qu'on peut s'apercevoir au cours de ce procès,
05:54c'est que presque personne n'a avancé d'un iota
05:58sur ces positions qu'il peut avoir à l'époque.
06:00Donc, quelque part, on peut les condamner et les libérer.
06:03Je ne vois pas en quoi ils ont fait
06:05une certaine remise en question de leurs agissements.
06:07L'avocat, d'ailleurs, a presque plaidé,
06:11je dirais au minimum une forme de naïveté,
06:14voire même une forme de bêtise.
06:16Ce n'est pas parce qu'il a réponse à tout, a dit l'avocat,
06:19qu'on peut lui prêter un degré d'intelligence qu'il n'a pas.
06:22Sous-entendu, ce n'est pas de sa faute,
06:24il n'avait absolument pas idée des conséquences.
06:27C'est quelque chose qui était parfaitement attendu,
06:30que les uns et les autres fassent preuve, entre guillemets,
06:32en termes de défense, qu'ils ont été tous les uns et les autres naïfs
06:35et de ne pas savoir ce qui allait se passer.
06:37Je pense que quand même, on a affaire à des adultes,
06:39ce ne sont pas des mineurs, pour le procès des mineurs.
06:41Et on rappelle d'ailleurs qu'il y a eu le procès des mineurs,
06:43donc là, vous avez face à vous des gens qui ont sciemment,
06:45non pas juste dit, on n'est pas d'accord avec le cours de ce professeur,
06:48mais qui ont posté sur les réseaux sociaux des vidéos
06:51insultant votre frère et donnant son nom.
06:53En fait, ce qui se passe, c'est qu'ils veulent nous faire croire
06:56qu'ils voulaient juste une sanction administrative,
06:59alors qu'ils savent très bien que leurs agissements
07:01vont interagir auprès de la Houmma, qui va s'en offusquer.
07:04La Houmma, c'est la communauté des croyants ?
07:06La communauté des croyants musulmans,
07:08qui, pour eux, si on leur dit que quelqu'un de leur communauté
07:12est discriminé, parce que c'est ce qu'ils ont dit,
07:15ça va forcément appeler à une forme de faire bloc,
07:19de s'opposer au reste de la communauté éducative
07:22qui a été mise en cause.
07:23Pour autant, évidemment, et c'est ce que plaident les avocats,
07:25et ce qu'a visiblement, en quelque sorte, entendu le parquet,
07:29encore une fois, ça ne sont que des réquisitoires,
07:31le verdict lui-même sera rendu ce soir,
07:34mais c'est l'idée qu'ils n'ont pas voulu la mort de votre frère.
07:40C'est ce qu'ils sont en train de dire.
07:41Ils n'ont pas sciemment voulu la mort de votre frère.
07:43Je pense qu'à minima, avec leurs agissements,
07:45ils pouvaient se douter que quelqu'un voudrait la mort de mon frère.
07:49Il y a des témoignages qui vous ont bouleversé pendant ce procès,
07:52et je voudrais qu'on y revienne.
07:53Certains qui vous ont profondément déçu,
07:55notamment de la part de collègues, de Samuel Paty,
07:58mais aussi le témoignage, notamment, de la fille d'Abdelhakim Seyfrioui.
08:03Sa fille, qui raconte avoir vécu, en quelque sorte, sous emprise
08:07d'un père qui l'insultait parce qu'elle n'était pas suffisamment pieuse,
08:10qu'il a traité même de juive, comme d'une insulte,
08:13pour dire combien il ne la reconnaissait pas, en quelque sorte, comme sa fille.
08:18Et qui dit, le jour où j'ai appris l'assassinat et la mort de Samuel Paty,
08:21j'ai enlevé mon voile.
08:22Oui, ce qu'on peut juste déplorer, c'est qu'elle n'a pas pu venir au tribunal,
08:27parce que je pense sincèrement qu'elle avait une certaine hantise
08:31à se confronter à son père,
08:33et que ce soit son père ou sa mère,
08:35qui ont témoigné à plusieurs reprises.
08:38Ils ont tous préféré la faire passer pour une folle,
08:40plutôt que d'essayer de reconnaître qu'il avait pu mal agir auprès d'elle.
08:43Il le dit d'ailleurs, le prédicateur Abdelhakim Seyfrioui,
08:46qui dit de sa fille, qui donc s'est éloignée de lui,
08:49et surtout de sa pratique de la religion,
08:51qu'elle est fragile psychologiquement,
08:53que c'est forcément pour ça qu'on s'éloigne de la religion.
08:55Tout à fait.
08:56Michael Paty, vous aviez dit plusieurs fois
09:00que vous estimiez que l'État avait abandonné votre frère.
09:04Vous avez même été jusqu'à lancer une procédure
09:07sur la question de la responsabilité de l'État.
09:09Lorsque le parquet national antiterroriste,
09:13qui s'exprime donc au nom de l'État français,
09:15prononce ce réquisitoire avec des peines beaucoup plus faibles
09:19que celles qu'ils auraient pu encourir,
09:21est-ce que vous estimez que c'est une forme d'abandon ?
09:23Moi, ce que je pense, c'est que depuis quatre ans,
09:26on nous soutient qu'on va juger prochainement,
09:30le procès qui vient de se terminer,
09:32les vrais méchants de l'histoire.
09:35On nous a servi également cela au procès des mineurs,
09:37où, ne vous inquiétez pas,
09:39vous êtes peut-être déçus de la clémence des juges,
09:41il y aura une forme de rattrapage au jugement des adultes.
09:45Sauf qu'à l'heure actuelle,
09:47si ce qui est proposé est confirmé ce soir,
09:50je considérerais qu'on a été dupés.
09:53On nous a expliqué que c'étaient eux les vrais méchants.
09:57Donc je pense qu'à la fin,
09:58il va falloir se pencher sur les autres responsabilités
10:01et que c'est eux qui font preuve
10:02d'une certaine dilution de responsabilités.
10:04Ça veut dire quoi, les autres responsabilités ?
10:06Ça sera les prochains, je l'espère en tout cas,
10:09procès qui pourront s'en suivre.
10:11Donc les responsabilités de l'État, de l'administration,
10:15de certains de ses collègues peut-être,
10:17du référent laïcité ou d'autres personnes
10:19qui vont être plus ou moins peut-être mis en accusation
10:22et également des renseignements territoriaux.
10:24Comment est-ce que ça, ça peut avoir lieu ?
10:26C'est-à-dire quelle suite juridique il peut y avoir ?
10:29À l'heure actuelle, sur l'enquête pénale,
10:31l'enquête est toujours en cours.
10:33J'attends, moi, d'être auditionnée dans cette enquête
10:37qui perdure presque depuis deux ans maintenant.
10:40Et pour l'enquête administrative,
10:42elle a juste démarré au cours de cet été
10:45où de toute façon, c'est une requête.
10:47Donc il y aura forcément...
10:48La procédure est donc engagée
10:50avec la responsabilité en quelque sorte de la chaîne.
10:54Encore une fois, on en revient à la question de l'engrenage.
10:57Votre frère a plusieurs fois alerté.
11:00On sait la solitude immense
11:02dans laquelle il se retrouvait dans les dernières heures
11:04qui ont précédé sa mort,
11:06se cachant sous sa capuche,
11:08ayant glissé un marteau dans son sac à dos
11:11qui paraît dérisoire,
11:13mais qui montre la détresse absolue.
11:15La seule arme qu'il a trouvée, c'est un marteau.
11:17Il savait donc qu'il pouvait à un moment
11:19se retrouver face à un assassin.
11:22Il a alerté au fur et à mesure.
11:24Comment vous avez entendu les témoignages
11:28de ceux, l'approviseur du collège,
11:32les collègues de votre frère ?
11:34Est-ce que vous pouvez nous en dire plus là-dessus ?
11:36Principalement, c'est un de ses collègues
11:38d'Histoire-Géographie qui a témoigné,
11:40qui peine encore à reconnaître
11:43que ses agissements à l'époque ont pu,
11:45quelque part, participer à cet enchaînement causal,
11:48lui, à titre individuel.
11:51J'ai bien vu qu'il ne se remettait pas en question,
11:53que le fait qu'il se mette en scène
11:55devant ses classes en pleurs,
11:57expliquant aux élèves que mon frère,
11:59avec quelle peur, eut tort d'agir ainsi,
12:02il ne s'est toujours pas remis en question.
12:04Il faut peut-être que la justice le fasse,
12:06et pour d'autres aussi.
12:08On se retrouve avec là des accusés
12:10qui considèrent qu'ils ne pouvaient pas se projeter
12:12à imaginer que Samuel pouvait se faire tuer,
12:15mais finalement, ni l'Éducation nationale,
12:17ni les renseignements territoriaux
12:19n'avaient cette idée non plus.
12:20Finalement, à part mon frère,
12:22qui savait qu'il allait peut-être mourir ?
12:23Depuis, il y a eu Dominique Bernard,
12:26il y a eu un certain nombre d'alertes,
12:28de craintes, de professeurs
12:30qui se sentent menacés,
12:32qui pour certains ont été obligés
12:34de se retirer même de leur travail.
12:36Est-ce que vous considérez aujourd'hui
12:38que ce procès est une occasion manquée
12:40de pouvoir justement se réveiller sur la suite ?
12:43Est-ce que mon frère est mort pour rien ?
12:45C'est une des questions que vous posiez il y a quelques mois.
12:47Est-ce que vous la poseriez encore aujourd'hui ?
12:49Je pense que mon frère est mort pour rien.
12:51Mais par contre, je pense qu'il aurait fallu faire
12:53quelque chose de sa mort.
12:54Et là, pour l'instant, j'ai l'impression
12:56qu'on passe à côté, effectivement.
12:57Quoi ?
12:58À l'heure actuelle,
13:00l'assassinat de mon frère a fait
13:02qu'il y a eu une désinhibition
13:04de tout le monde
13:06à agir avec violence,
13:08à minimum verbale et parfois physique.
13:10Il y a encore eu des claques
13:12qui ont été déversées sur un enseignant
13:13il y a quelques jours.
13:14Tout ça, ça ne s'arrête pas.
13:16Le tout, ce n'est pas juste
13:17qu'on puisse lancer des procédures
13:19après où, de toute façon,
13:21les parents d'élèves sont très peu inquiétés.
13:23Il faut juste qu'il n'y ait plus
13:25de passage à l'acte.
13:27Donc, il faudrait montrer une extrême fermeté
13:29avec des sanctions
13:31qui soient véritablement à la hauteur
13:33pour que les uns et les autres
13:35réfléchissent peut-être un tout petit peu
13:37de ne pas agir comme tel envers le grand enseignant.
13:39Dans la famille, chacun mène
13:41le combat différemment.
13:43Vous avez une sœur qui exprime, elle aussi,
13:45sa détresse. Vos parents, je crois,
13:47n'ont pas réussi à assister à l'intégralité
13:49du procès. Est-ce qu'ils seront là ce soir ?
13:51Non, ils ne seront pas là. C'est pour des raisons médicales.
13:53Avec mon papa qui a quand même
13:55fini en réanimation au cours de ce procès.
13:57Est-ce que vous y voyez
13:59une cause ?
14:01Évidemment, parce que c'est un ulcère perforé.
14:03L'ulcère, comme tout le monde sait,
14:05se déclenche dans la situation de stress extrême.
14:07Donc, ils ne seront pas là
14:09tout à l'heure. Vous y serez ?
14:11Comment voyez-vous votre combat après ?
14:13Vous avez dit que vous espérez que ça se termine.
14:15J'ai hâte que ça se termine.
14:17Quel est le combat que vous mènerez
14:19ensuite ? Vous avez publié
14:21un livre, un livre qui est
14:23le dernier cours,
14:25vous dites, le cours de M. Paty.
14:27C'est un livre que vous avez écrit avec l'écrivain
14:29Émilie Frèche. Quelle est la suite pour vous ?
14:31Quel est l'après ? Comment on fait
14:33quand on est la sœur de
14:35Samuel Paty-Michel Paty ?
14:37C'est qu'à l'heure actuelle,
14:39ce procès a peut-être réveillé
14:41quelque chose de très positif.
14:43C'est qu'il y a énormément de personnes qui se sont mobilisées,
14:45qui nous ont apporté leur soutien
14:47sur les réseaux sociaux
14:49ou ailleurs. J'ai reçu de
14:51nombreux courriers et certains
14:53quelque part m'appelant
14:55à aller intervenir dans un établissement
14:57ou autre.
14:59Je passerai peut-être plus de temps
15:01à être militante sur le terrain,
15:03à aller intervenir
15:05avec pour autant une vraie problématique
15:07qui se pose. Parce que les élèves,
15:09s'il y a bien une question qui va être posée,
15:11mais alors du coup, ils ont pris combien ?
15:13Et si je leur dis
15:15des sommes de peine qui sont
15:17dérisoires,
15:19ces enfants ne vont pas comprendre.
15:21Il va falloir que moi, j'arrive à leur expliquer
15:23que même si les peines sont légères,
15:25il ne faudra pas agir vous-même
15:27à faire justice. Parce qu'à la fin,
15:29c'est ça que ça va éveiller.
15:31C'est-à-dire que vous redoutez
15:33qu'on n'ait pas confiance dans la France,
15:35au fond ?
15:36C'est ce qui se passe. On le voit bien.
15:38Il y aura le procès de mon frère, il y a eu d'autres procès
15:40toujours, à chaque fois, énormément de déceptions.
15:42Parce que les peines, on a l'impression que c'est des pots de chagrin.
15:44Les peines ne sont pas là pour
15:46consoler la famille.
15:48On ne l'a jamais demandé. D'ailleurs, la seule chose
15:50qu'on a demandé, et surtout, c'est Gabriel,
15:52le fils de Samuel, qui l'a demandé.
15:54C'est sa mère qui l'a dit à la barre.
15:56Gabriel, dans son silence, demande
15:58vérité et justice.
16:00Il est mis en accusation. On fait preuve
16:02d'un effort de participation à la vérité.
16:04Et j'ai peur qu'on n'ait pas justice à la fin.
16:06Vous redoutez qu'on n'ait pas justice et vous dites
16:08que c'est la vie de votre neveu.
16:10Michael Paty, vous parlez aussi
16:12avec beaucoup de professeurs désormais.
16:14Qu'est-ce qu'ils vous disent aujourd'hui ?
16:16Ils me disent de continuer
16:18qu'ils ont besoin de moi.
16:20C'est ça qu'ils me disent.
16:22Leur quotidien, aujourd'hui ?
16:24Leur quotidien,
16:26c'est de
16:28ne plus construire un cours
16:30avec une forme de pédagogie, de se soucier
16:32est-ce que l'enfant va bien comprendre.
16:34À l'heure actuelle, ils se soucient, est-ce que l'enfant va bien
16:36le prendre.
16:38C'est ça qui est inquiétant.
16:40C'est-à-dire qu'ils redoutent en permanence la réaction de l'enfant
16:42avant même de se soucier de savoir ce qu'ils vont lui transmettre.
16:44Exactement.
16:46Qu'est-ce que vous leur répondez ?
16:48À l'heure actuelle,
16:50je pense qu'il y a certaines
16:52matières. Il y a Richard Malka
16:54qui a parlé il y a quelques jours, qui martelait
16:56qu'il fallait rendre
16:58des cours de laïcité plus omniprésents,
17:00plus obligatoires. Moi, je pense
17:02qu'on ne peut plus laisser nos enseignants tout seuls
17:04à les débattre de sujets qui sont à l'heure actuelle
17:06des sujets de controverse.
17:08On a énormément de référents de laïcité
17:10qui ont été formés et je pense qu'il faut
17:12les envoyer sur le terrain, non pas que pour former
17:14les enseignants, mais pour agir
17:16auprès des élèves.
17:18Pour accompagner presque les professeurs dans leur quotidien.
17:20C'est ça. En fait, c'est compliqué.
17:22Pour un professeur, il est seul devant sa classe.
17:24Seul devant 30 élèves.
17:26Globalement, si les 30 se lèvent
17:28contre lui, il a déjà perdu.
17:30Le fait d'être deux, d'avoir un discours qui va être
17:32cohérent, monté, etc.
17:34Ça apportera tout autre chose.
17:36Un intervenant extérieur
17:38apporte beaucoup plus aux élèves
17:40qu'un enseignant qui l'aura
17:42à l'année en permanence.
17:44Vous pensez à la solitude des professeurs.
17:46Mikaël Paty, merci d'être venu
17:48ce matin sur RMC et BFM TV.
17:50Au matin de ce verdict, vous le disiez,
17:52la journée va être très longue.
17:54Le verdict est attendu à 20h.
17:56Face à la question
17:58des réquisitions dont vous estimiez
18:00qu'ils étaient trop faibles, vous espérez ne pas être déçus
18:02ce soir. Le parquet national antiterroriste
18:04requiert les peines.
18:06Merci Mikaël Paty d'être venu
18:08ce matin. Il est 8h50
18:10sur RMC et BFM TV.

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