La vice-présidente de l’association Victimes attentats, Chantal Cutajar, était l’invitée de 100% Politique, ce samedi 21 décembre, sur CNEWS. Elle s’est exprimée sur l’attaque du marché de Noël de Magdebourg qui a ravivé les souvenirs de l’attentat de Strasbourg : «Les victimes ne se remettent jamais totalement de cet attentat».
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00:00Je vous propose d'accueillir Chantal Kutajar, vice-présidente de l'association Victime Attentat,
00:05une association créée par les victimes de l'attentat terroriste à Strasbourg,
00:09puisque l'attaque sur ce marché de Noël en Allemagne fait ressurgir, bien évidemment,
00:14les fantômes du passé à Strasbourg, où le marché de Noël est aujourd'hui sous haute sécurité.
00:19Souvenez-vous, c'était le 11 décembre 2018, le marché de Noël de Strasbourg visé par un attentat islamiste,
00:25attentat fomenté par Sherit Shekat. Merci d'être avec nous, Chantal Kutajar.
00:31Je le disais donc, l'événement en Allemagne, il résonne particulièrement aujourd'hui pour toutes les victimes de terrorisme,
00:38et notamment celles de Strasbourg.
00:41Oui, absolument. Cet attentat rouvre encore des plaies qui ne sont pas encore fermées.
00:49Et nous avons une profonde empathie vis-à-vis des victimes qui sont aujourd'hui touchées par cet acte extrêmement violent.
01:01Ce qui peut être comparé, c'est vraiment la brutalité et l'horreur de cet attentat,
01:10et qui montre à quel point les victimes ont besoin d'être soutenues dès le premier instant dans leur parcours qui, maintenant, va durer de très nombreuses années.
01:23Vous avez accompagné ces victimes, justement. Vous parliez de plaies qui ne sont pas encore fermées.
01:29Quelles conséquences pour les survivants d'un tel drame, au fond ? Qu'est-ce que vous avez pu constater ?
01:36Un événement comme celui d'aujourd'hui rouvre les plaies et ça plonge les victimes dans ce qu'elles ont vécu,
01:46à savoir une profonde sidération, des difficultés psychologiques, bien sûr, sans compter après dans le parcours des victimes les autres difficultés,
01:59comme des difficultés financières. On ne se remet jamais véritablement d'un événement comme celui-là.
02:07Donc, effectivement, six ans après cet attentat à Strasbourg, les douleurs sont toujours vives.
02:14Vous le disiez à l'instant, ces victimes ne se remettent jamais de cet attentat.
02:19Jamais totalement, non. Certaines peuvent être dans une démarche de résilience et c'est ce que nous essayons de faire avec l'association AVA.
02:32Nous travaillons beaucoup sur le devoir de mémoire parce que c'est essentiel aussi, parce que c'est à travers aussi la...
02:40C'est une manière de lutter, si vous voulez, contre le sentiment d'abandon qu'elles ressentent de manière très forte.
02:49Oui, parce qu'effectivement, on imagine que dans les jours qui suivent, il y a du soutien. Mais les mois, les années passent.
02:55Et c'est peut-être à ce moment-là, effectivement, que le sentiment d'abandon est présent.
03:01Oui, absolument. C'est-à-dire que des dispositifs se mettent en place pour venir en aide aux victimes.
03:09Mais au fur et à mesure que le temps passe, cette aide, ce soutien n'est plus satisfaisant et donc les victimes se sentent abandonnées.
03:24Et nous constatons malheureusement cela avec les victimes de Strasbourg, malgré tout ce qui peut être entrepris.
03:32Parce qu'aussi, quelque part, il faut que la mémoire soit entretenue.
03:40Et là, on se rend compte quand même qu'il y a des carences dans ces dispositifs.
03:46Sans compter, alors, il y a eu le procès de l'attentat.
03:49Nous avons été très présents pour assister les victimes dans le cadre de ce procès,
03:58et puis le résultat du procès, et puis encore les difficultés auxquelles elles sont confrontées.
04:03Des difficultés financières extrêmement importantes, puisque certaines ont tout perdu au lendemain de l'attentat.
04:12Donc il y a ce besoin, vraiment, d'être là dès l'instant présent, au moment de l'attentat, et surtout dans la durée.