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«Je suis en colère !», notre journaliste Régine Delfour témoigne de ses quelques jours à Mayotte après le passage du cyclone Chido.

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Transcription
00:00Alors, je voudrais d'abord que vous me donniez votre sentiment.
00:05Souvent, je dis ça, vous parcourez le monde,
00:08donc vous voyez ce qui se passe.
00:10Comment vous avez trouvé ce territoire, Mayotte ?
00:12Et on peut le mettre même en parallèle,
00:13parce que vous êtes beaucoup allé en Nouvelle-Calédonie.
00:16Oui, là, c'est un petit peu particulier,
00:17puisqu'il y a ce cyclone.
00:19Quand on était en Nouvelle-Calédonie,
00:20j'étais d'ailleurs avec Thibault Marcheteau,
00:22qui m'a accompagné aussi pour Mayotte.
00:25Là, c'était une guerre, entre guillemets, impossible.
00:28Ce n'est pas du tout les mêmes choses.
00:30Après, en fait, oui, je vous ai dit que j'étais en colère,
00:33puisque chez nous, en fait,
00:35on savait qu'il y avait ce cyclone qui allait arriver.
00:37Il y a d'ailleurs des mairies sur l'île de Mayotte
00:40qui sont allées voir les gens dans les bidonvilles
00:42pour leur demander de se mettre à l'abri.
00:44Beaucoup n'ont pas voulu, puisqu'ils sont sans papiers
00:46et qu'ils avaient peur de la police aux frontières
00:49et d'un retour peut-être aux comores.
00:51Et en fait, je suis en colère,
00:53parce qu'en fait, rien n'a été fait.
00:55Nous, on y est allés, on est arrivés à Mayotte
00:58le mercredi, il n'y avait pas d'eau.
01:00Quand Emmanuel Macron arrive et dit que samedi,
01:02il y aura de l'eau sur toute l'île, c'est faux.
01:04Il n'y a pas d'eau.
01:06Il y a eu des points d'eau qui ont été ouverts,
01:08mais qui est de l'eau qui n'est pas potable.
01:10Il n'y a pas de pastilles qui est distribuée.
01:12Les gens, les enfants, les gens boivent l'eau comme ça,
01:15alors qu'ils savent qu'elle n'est pas, qu'elle est impropre.
01:17Nous, on leur a dit, mais surtout, ne la buvez pas.
01:19Ils m'ont dit, mais qu'est-ce que vous voulez que je fasse ?
01:20Je vais aller boire l'eau de la mer.
01:22Donc, il y a ça.
01:23On voit beaucoup d'enfants qui n'ont pas de lait,
01:25qui n'ont rien à manger.
01:26Alors, il y a des disparités.
01:28Les gens qui ont de l'argent peuvent, évidemment, acheter de l'eau.
01:31On a eu des litres d'eau qui se sont envolés à 12 euros le litre.
01:35Et puis de la nourriture, mais on n'a pas vu de distribution.
01:38On était à La Réunion juste avant.
01:40On a vu les chargements dans les A400M.
01:42On les a vus, ces tonnes de vivres et de médicaments.
01:45Sauf qu'une fois arrivé à Mayotte, on ne les a pas vus.
01:47Mais qu'est-ce que vous voulez dire ?
01:49C'est-à-dire que l'aide n'était pas acheminée comme elle aurait dû le faire,
01:53parce qu'on n'a pas vu de militaires.
01:55Vous n'avez pas vu que cette aide, elle est arrivée quand même ?
01:58En fait, ce qu'on nous avait dit aussi, c'est qu'il ne fallait pas trop de rotation,
02:02parce qu'il ne fallait pas que l'aide soit à un moment donné,
02:06qu'il y ait une espèce d'étranglement et qu'il n'y avait pas assez de militaires,
02:11d'agents de la protection civile sur place pour pouvoir distribuer cette aide.
02:15Donc là, ils sont en train d'arriver.
02:17Là, ils sont en train de faire des communications,
02:19des opérations de communication en nous disant...
02:21Mais vous-même, je pense que les spectateurs qui nous écoutent,
02:24ils se posent cette question, vous-même, avec l'équipe avec laquelle vous étiez,
02:27vous aviez de l'eau ?
02:29Non, enfin nous, on est arrivé, alors c'est aussi quelque chose de complètement absurde.
02:35On est arrivé, beaucoup de journalistes, on est arrivé avec de l'eau.
02:37Et à La Réunion, on nous a demandé de vider notre eau.
02:40On leur a dit, mais écoutez, à Mayotte, il n'y a pas d'eau.
02:42Pourquoi ?
02:42Parce que quand on passe les contrôles, vous savez, on ne peut pas avoir l'eau.
02:45Non, mais c'est extraordinaire.
02:48On marche sur la tête.
02:49Non, mais c'est extraordinaire.
02:51Donc, c'est qu'on vous...
02:53Je vous assure, ce monde...
02:53J'ai un de mes amis, confrères de RMC qui lui avait acheté une poche de 8 litres.
02:59Il avait rempli donc de bouteilles.
03:01On vient demander de la vider à La Réunion et donc...
03:04C'était Thibault Marcheteau qui était avec vous.
03:06Je vous assure, c'est...
03:07Moi, je pense que...
03:08Je sais, l'Elysée nous écoute le matin.
03:10Vous qui êtes l'homme le plus informé de Paris.
03:12Ah oui.
03:12Bon, c'est extraordinaire et c'est ça qu'ils devraient écouter.
03:16Vous vous rendez compte la folie dans laquelle nous sommes ?
03:19On vous demande de vider de l'eau et d'aller dans un endroit où il n'y en a pas.
03:22Tout ça parce qu'il y a un contrôle.
03:23On pourrait imaginer que vous ayez mis une bombe dans votre...
03:26De l'acide dans les bouteilles d'eau.
03:27Non, mais on est chez des...
03:30Mais tu vois, c'est...
03:32Vous riez, c'est pas drôle.
03:33Nous, nous avions de l'électricité, mais nous n'avions pas d'eau.
03:37Mais alors, on avait économisé.
03:38On a pris avec Thibault Marcheteau, on a rempli après des gourdes.
03:42On a économisé pendant plusieurs jours pour avoir de l'eau potable, pour boire.

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