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Deux jours après l’annonce du gouvernement Bayrou, Gérald Darmanin est déjà en déplacement. Il a pris la parole au tribunal d’Amiens ce mercredi 25 décembre pour y aborder la question de la justice française.

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00:00— D'abord, je suis venu saluer tous les agents du ministère de la Justice à travers, aujourd'hui, Amiens et tout à l'heure dans l'Oise,
00:07pour un centre pénitentiaire qui travaille, qui ont travaillé hier, le 24, le jour du réveillon, et aujourd'hui, à Noël,
00:14parce que les agents du ministère de la Justice y font pendant que les autres Français vivent. Et c'est bien normal en famille.
00:22Ils font partie de ces fonctionnaires très courageux, dont l'abnégation est à saluer, et qui, des jours fériés, lors des jours de fêtes,
00:28eux, sont parfois loin de leur famille pour assurer la sécurité de nos concitoyens et leur permettre de s'adresser à la justice.
00:35Donc d'abord, comme chef d'administration, mon travail, c'est d'être parmi eux, de les saluer, de les remercier,
00:41et à travers ce Damien, de leur dire que partout en France – et je pense évidemment à ceux qui, aujourd'hui, en Outre-mer
00:47et singulièrement à Mayotte, connaissent de graves difficultés personnelles – méritent qu'on les remercie pour ce travail quotidien.
00:56— Et d'arriver au ministère de la Justice, il y a beaucoup de sujets. L'un des sujets immédiats, peut-être, c'est celui du budget,
01:01qui suscite de l'inquiétude parmi les acteurs de la justice. — Donc d'abord, je suis encore une fois extrêmement honoré de la proposition
01:09qui m'a été faite par le président de la République et le Premier ministre. Et j'ai eu l'occasion, hier à Vendôme,
01:13lors de la passation de pouvoir, de dire quels étaient mes objectifs. Je crois ceux des magistrats.
01:18Je crois que c'est ceux des agents du public du ministère de la Justice et de tous les Français.
01:23Une justice rapide, elle est malheureusement trop lente. Les magistrats sont les premiers à s'en plaindre.
01:29Je sais qu'ici, à Amiens, il y a eu des améliorations, d'ailleurs dans la rapidité de la décision, notamment parce qu'il y a
01:34une procédure numérique qui fonctionne, parce qu'il y a peut-être des initiatives locales qu'il faudra reproduire ailleurs.
01:41Mais cette rapidité, elle passe par plus d'effectifs, plus de greffiers, bien évidemment, et plus de magistrats.
01:46Et donc je compte bien, effectivement, comme ministre de la Justice, pouvoir obtenir ces crédits supplémentaires,
01:52tout en comprenant évidemment les contraintes budgétaires nationales. J'ai été 3 ans ministre des Comptes publics.
01:57Et à l'époque, avec Mme Belloubet, qui était garde des Sceaux, nous avons mis des moyens très importants,
02:01notamment pour l'administration pénitentiaire. Et puis comme ministre de l'Intérieur, j'ai, je crois, obtenu
02:07ce qu'aucun ministre de l'Intérieur n'avait obtenu pour les policiers et les gendarmes, des moyens extrêmement importants,
02:11y compris pour les préfectures, qui, depuis 15 ans, avaient vu des baisses d'effectifs et qui, pour la première fois,
02:16comme j'étais ministre de l'Intérieur, ont connu des hausses d'effectifs. Donc il faut comprendre les contraintes budgétaires,
02:22bien évidemment nationales. Nous serons raisonnables, mais nous devons augmenter ce budget du ministère de la Justice.
02:27Et donc dès lundi matin, mon premier rendez-vous officiel, si j'ose dire, sera avec Mme Amélie de Montchalin,
02:32la ministre des Comptes publics, qui a bien accepté de pouvoir échanger sur ce dossier extrêmement important
02:39pour que nous puissions très rapidement nous mettre d'accord pour les effectifs que nous devons recruter.
02:44Ils sont en attente d'ouverture des concours et de recrutement, mais aussi des moyens qui permettent au ministère de la Justice
02:50de fonctionner pour plus de rapidité. Ce que nous voulons, c'est plus de rapidité, plus de fermeté.
02:56On ne peut pas le faire avec des moyens constants. Et donc pour qu'il y ait plus de rapidité, plus de fermeté,
03:01il faut un peu plus de moyens. Et puis deuxièmement, je voudrais aussi dire que ce sera le moment d'adopter un nouveau budget,
03:07puisque ce n'est pas avec la loi spéciale qu'on arrivera à obtenir ces moyens. Et donc politiquement, j'espère que tous les parlementaires
03:12sont raisonnables pour bien faire fonctionner la justice, pour qu'elle soit rapide et ferme comme les Français et les magistrats l'attendent.
03:18— Suite à votre nomination, il y a eu des réactions assez virulentes de certains syndicats de la magistrature qui sont inquiets.
03:23Qu'est-ce que vous leur répondez ? — Écoutez, moi, je suis un homme de dialogue. J'ai des convictions politiques, bien sûr,
03:29et chacun les connaît. Mais je suis un homme de dialogue. Et partout où je suis passé, dans ma mairie à Tourcoing,
03:34où d'ailleurs, il y avait eu beaucoup d'interrogations après plus de 30 ans d'une même couleur politique où j'ai représenté l'alternance,
03:41mais aussi au ministère des Comptes publics, où avec les agents et les syndicats, on a fait l'impôt à la source,
03:45qui, je crois, est une magnifique réforme et qui a permis de redorer aussi l'image des agents des finances publiques au ministère de l'Intérieur
03:52et maintenant au ministère de la Justice, j'ai toujours écouté tout le monde. Et d'ailleurs, hier, j'ai appelé l'intégralité des responsables syndicaux
03:59pour pouvoir leur dire qu'ils avaient mon numéro de téléphone personnel, que j'étais très heureux de travailler avec eux dans ce magnifique ministère
04:05qu'ils servent et que je les rencontre dès demain pour ceux qui sont à Paris et dès la semaine prochaine, évidemment, pour les autres.
04:12Et tous les sujets sont à mettre sur la table. Moi, je suis là pour travailler pour les agents du ministère de la Justice.
04:20On ne fait pas de la justice sans les magistrats, sans les greffiers, sans les agents pénitentiaires, sans les agents de la protection de la jeunesse,
04:27sans ceux qui sont auxiliaires de justice. On ne le fait pas non plus sans les professions du droit. Je voudrais vraiment les saluer, les avocats, les légiciers,
04:34les commissaires aux comptes, les notaires, bien évidemment. Après, j'ai une feuille de route. Elle m'a été donnée, si je veux dire, par les Français.
04:42Et comme élu à Tourcoing, je pense que vous êtes comme moi. Vous constatez la réalité. Les Français ont soif de justice.
04:48Ils veulent des décisions rapides, des décisions justes et des décisions fermes. Mon travail n'est pas de prendre les décisions à la place des magistrats.
04:55Mon travail est de donner une direction. Nous définissons la politique pénale notamment, mais aussi des moyens.
05:01Et j'ai bien compris que c'est sur ce dernier point que m'attendaient notamment les représentants du personnel, ce qui est bien normal.
05:06— Est-ce que M. Jean-François, c'est des constructions de prison qui ont pris du retard ? Votre prédécesseur, M. Bideau,
05:14il disait que l'un des problèmes, c'était notamment l'opposition des élus locaux et qu'il voulait prévoir des dispositifs pour forcer la main des élus locaux
05:21à construire des places de prison. Est-ce que c'est quelque chose que vous allez reprendre ?
05:24— Alors j'aurais l'occasion d'exprimer plus longuement. Vos collègues de TF1 m'invitent demain soir notamment.
05:30Mais ce qui est certain, c'est qu'il faut que nous débloquions les constructions soit des tribunaux – il y en a encore à construire et qui sont encore
05:38dans les cartons, je pense, au tribunal de la métropole lilloise, mais aussi à Mayotte ou à Marseille –, soit des centres de détention.
05:48Ce qu'il faut voir, c'est que le plan 15 000 prisons, s'il a été budgétisé, effectivement, n'a pas pu se construire à temps pour plein de raisons,
05:54et notamment du fait que personne n'aura une prison près de chez soi. Il faut sans doute des dispositions dans la loi qui permettent de construire
06:00des places de prison. Mais je suis aussi très sensible à l'idée que les petites peines, les peines courtes doivent être exécutées.
06:08Et donc peut-être qu'il ne faut pas construire des prisons comme toujours. On n'a pas toujours besoin de prison pour des gens qui font 20 ans de prison
06:14avec des miradors, des barbelés qui font que les prisons coûtent cher. Elles sont importantes. Elles sont difficiles à construire.
06:20En moyenne, on met 7 ans au ministère de la Justice pour construire une prison. On doit pouvoir faire des choses beaucoup plus à taille humaine,
06:27un peu partout sur le territoire national, pour que, lorsqu'il y a une peine qui est prononcée par des magistrats indépendants,
06:33elle soit exécutée dans les heures et dans les jours qui viennent. Pour cela, il nous faut donc plus de places de détention,
06:39et sans doute des places d'attention pour les petites peines. Donc j'aurai l'occasion sans doute de faire des choses différentes de mes prédécesseurs
06:46et de pouvoir répondre à l'augmentation des places de prison.
06:50– Est-ce que vous allez reprendre la question du consentement qui avait été mentionné par votre prédécesseur ?
06:53– Bien évidemment. Je crois que les textes de loi arrivent pour le printemps prochain.
06:57Et j'aurai l'occasion d'en parler avec les parlementaires et avec le M. le Premier ministre.
07:00– Merci. Une petite question. Vous êtes dans un département particulièrement touché par les violences intrafamiliales.
07:05Vous l'avez dit, c'est l'une de vos priorités. Vous, ministre de la Justice, qu'est-ce que vous allez faire pour cette problématique ?
07:10– J'ai annoncé que les procureurs de la République allaient recevoir des instructions générales de politique pénale d'ici la fin de la semaine.
07:17D'ailleurs, je rentre à Paris juste après cette visite, dans ma région des Hauts-de-France,
07:21pour pouvoir la relire et la corriger, pour pouvoir l'adresser d'ici la fin de l'année, donc avant le 31 décembre, aux procureurs,
07:28pour que ceux qui le font déjà, mais ceux qui doivent le faire je crois encore davantage,
07:32s'intéressent à toutes les violences faites aux personnes. Il y a une violence plus débridée dans notre pays
07:38et elle doit avoir une réponse extrêmement ferme de la part de la justice.
07:42Et les violences faites aux personnes, notamment aux femmes et aux enfants,
07:45et n'oublions pas que, bien sûr, les violences faites aux femmes est un continent que nous découvrons tous les jours,
07:51et grâce au travail que font les agents du ministère de la Justice et des forces de l'ordre,
07:55nous arrivons à répondre à une partie de ces difficultés, mais on a encore beaucoup de travail.
07:59La violence faite aux enfants est aussi extrêmement grave et souvent va de pair avec les violences faites aux femmes.
08:05Et puis j'ai l'occasion de redire hier que, dans l'instruction que je vais publier dans les prochaines heures,
08:11il y aura aussi à lutter très fortement contre le séparatisme islamiste.
08:15Je crois que les échos du procès Paty nous encouragent, une nouvelle fois, à prendre cette menace extrêmement au sérieux.
08:22Et puis, évidemment, le premier début du ministère de la Justice, dans son volet pénal, ce sera le trafic de drogue.
08:28Et nous reprendrons avec le ministre de l'Intérieur très rapidement les discussions autour du projet de loi pour lutter contre le narco-banditisme.
08:35Et j'y mettrai tous les moyens. Je me rendrai d'ailleurs à Marseille dès la semaine prochaine.

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