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Alain Finkielkraut, philosophe et écrivain, aborde le concept de démocratie et de modernité : «La démocratie est un mouvement qui va de la servitude à la liberté». 

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Transcription
00:00Vous avez raison. Surtout que quand même, ce que la technique au sens heideggerien prononce, ce qu'elle promet même, c'est la disponibilité de toutes choses.
00:13Nous devenons des consommateurs universels. Tout est là pour notre bénéfice immédiat.
00:23Donc la publicité va dans ce sens. Et en effet, aucune vertu ne résiste à ce mouvement de plus en plus fort.
00:34Mais il y a aussi autre chose sur quoi je voudrais insister, une contradiction de la modernité qui vient au départ.
00:49La démocratie a été inventée par les cités grecques, mais elle est revenue en Europe après les guerres civiles religieuses.
01:02Les hommes ont pris conscience de l'horreur, de l'arrogance meurtrière de ceux qui se croyaient les confidents de l'absolu.
01:15Donc chacun s'est rendu compte de sa propre finitude. Et c'est à partir de cette finitude qu'on a essayé de construire les États modernes.
01:34C'est ce que dit Camus. Le démocrate est modeste. Il y a aussi une modestie inhérente à la modernité à travers la redécouverte de la démocratie.
01:49Il sait, le démocrate, qu'il ne sait pas tout et qu'il a besoin de consulter les autres et de savoir ce qu'ils savent.
01:58Mais la démocratie, c'est aussi autre chose, d'entrée de jeu. C'est un mouvement. C'est ce que Tocqueville appelle magnifiquement
02:08le développement graduel et irrésistible de l'égalité des conditions. Un mouvement qui va de la servitude à la liberté, de l'ordre hiérarchique à l'égalité de tous avec tous.
02:26Vous comprenez bien qu'il y a là une contradiction interne. Soit la démocratie est un espace où les opinions se confrontent à égalité.
02:37Et on parie en disant la vérité est accessible par ce moyen. Soit la démocratie est une ascension vers un but ultime de la totale liberté et de l'égalité définitive.
02:53Mais si c'est une ascension, si c'est un espace, la démocratie, on a des adversaires. Si c'est un mouvement ascensionnel, il n'y a plus d'adversaires.
03:06Il y a d'un côté les vivants de plein droit et de l'autre côté les morts-vivants, ceux qui appartiennent à une époque révolue de l'histoire.
03:14On les appelle aujourd'hui les réactionnaires. Et ceux-là, leur date de péremption est dépassée depuis longtemps. Ils n'ont plus rien à faire sur la Terre.
03:25D'où une sorte de dogmatisme inhérent. Dans un cas, on est dans la politique. La démocratie est un concept politique. Dans un autre cas, c'est un concept historique.
03:35C'est l'histoire qui dicte sa loi. Aucun débat n'est plus possible. Mais ce n'est pas parce qu'il y aurait d'un côté des démocrates et d'autres qui ne le sont pas.
03:49C'est deux conceptions de la démocratie qui se heurtent violemment.

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