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La bande de "Perrine jusqu'à minuit" évoque le sondage Ipsos pour  le Conseil économique, social et environnemental, dans lequel 23% des Français jugent que la démocratie n'est pas le meilleur système politique existant.

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Transcription
00:00La démocratie, en l'occurrence, ne serait plus attractive, moins attractive, elle ne fait plus l'unanimité.
00:06Chez les Français, un Français sur deux juge que seul un pouvoir fort peut garantir l'ordre et la sécurité.
00:13Et 23% d'entre eux, donc c'est presque 1 sur 4, pensent que la démocratie n'est pas le meilleur système politique existant.
00:20C'est une enquête qui a été révélée par le Parisien.
00:23Une enquête IPSOS révélée par le Parisien et commandée par le CESEL, Conseil économique, social et environnemental.
00:2823%, ça monte à 31 chez les moins de 35 ans.
00:31Non, la démocratie n'est pas le meilleur système.
00:34Ce n'est même pas, comme disait Churchill, le pire des systèmes excepté tous les autres.
00:38La démocratie, une partie de l'opinion, une partie des citoyens s'en détournent au profit, vous l'avez dit, d'un pouvoir fort.
00:44C'est la bande qui prend le pouvoir à 23h30 chez nous.
00:47Je ne sais pas qui prendra le pouvoir dans notre pays dans quelques années si cette tendance continue.
00:51On a l'impression que face à certains problèmes, parce que la question est posée pour rétablir l'ordre et la sécurité,
00:56il y a une sorte de tentation urbaine, il y a une sorte de tentation de la démocrature.
01:00Les Français veulent choisir leur chef, la démocratie, on vote.
01:03Ce n'est pas les rois héritiers de père en fils, mais une fois qu'on a voté, tout pouvoir.
01:08Allez, circulez, il n'y a plus rien à voir, on veut que ça marche.
01:11Ça vote pas mal en Angleterre quand même, avec les rois.
01:13Certes, mais le modèle est ailleurs.
01:16Qui vote pour des pouvoirs forts ? Les Russes votent.
01:19Ils trichent peut-être, mais ils ont élu Poutine et réélu Poutine.
01:22Les Turcs ont fait ce choix avec Erdogan.
01:24Il est élu Erdogan, il a été réélu plusieurs fois.
01:26Orban, en Europe, a été élu, réélu, et qu'est-ce qu'il a fait ?
01:30Il a bridé les médias, il a bridé les syndicats, il a bridé les oppositions.
01:33La démocrature est une tentation aujourd'hui des Français.
01:38Et il faut regarder dans notre histoire.
01:40Un jour, on a eu comme ça un président de la République, jeune, de moins de 40 ans, élu très jeune,
01:45qui a décidé de faire un coup d'État.
01:47Les Français l'ont plébiscité, ont dit « t'as eu bien raison ».
01:49C'était pas Macron, c'était Louis Napoléon Bonaparte.
01:51Élu en décembre 1848, largement président de la République.
01:54Trois ans après, il fait un coup d'État.
01:55Un an après le coup d'État, il fait un plébiscite.
01:57« Bravo ! » disent les Français de l'époque.
01:59La République, c'était la pagaille.
02:01L'ordre, l'ordre, l'ordre.
02:02Évidemment, au bout de quelques années, ils ont vu que l'ordre,
02:04c'était pas tout à fait compatible avec la liberté.
02:07Mais ce qui est intéressant aussi dans cette enquête, c'est qu'elle apporte des pistes d'explication.
02:10Et elle révèle un profond sentiment d'inégalité ressenti par une majorité de Français,
02:16qui nuit à leur adhésion à la société.
02:19Moi, il y a un chiffre qui m'a marquée.
02:21Il y a 24%, c'est considérable, 24% des citoyens qui ont le sentiment
02:26de ne pas faire partie de la société française.
02:28Mais ça, on l'entend énormément.
02:30Moi, ce qui me choque, par exemple, je suis beaucoup en quartier populaire et en zone rurale,
02:36c'est ce sentiment de glissement tel qu'on n'appartient plus à la communauté nationale.
02:41Moi, ce que j'entends, c'est de toute façon, on compte pour rien,
02:44on est bon que pour payer et on a le droit à rien.
02:47Regardez l'état dans lequel on vit, on n'a plus de services,
02:50on n'a plus de services publics, on n'a plus de médecins,
02:52nos écoles, elles sont pourries, on n'a plus de transports en commun.
02:55Cette espèce de sentiment véritablement d'être complètement laissé pour compte,
02:59sans vous parler, moi, des gamins de quartier populaire que je peux avoir en atelier,
03:02qui me disent de toute façon, et là, je vous fais une citation,
03:05nous, on est dans les caves de la République.
03:07Voilà ce qu'on entend.
03:08Et il y a une tentation aussi, du coup, à l'auto-organisation.
03:11Vous avez aujourd'hui des communautés, des villes, des villages, des quartiers
03:16qui s'organisent, en fait, en dehors de tout rapport à l'État.
03:21Des contre-sociétés.
03:22C'est ça qui est intéressant, c'est que vous avez un sociologue qui s'appelle Roger Su,
03:25et qui parle, c'est le titre d'un de ses livres, la contre-société.
03:28Et il en parle parce que, d'un côté, l'État disparaît
03:31et il n'existe plus cet État-providence pour beaucoup,
03:34et de l'autre, vous avez une forme d'auto-organisation par des collectifs citoyens,
03:37par des associations qui pallient de plus en plus les carences de l'État
03:41et qui finissent par ne plus avoir, en fait, de lien non plus.
03:44Et vous avez deux espaces complètement parallèles qui ne se croisent quasiment jamais.
03:49Et ces espaces, en fait, notamment associatifs, etc., sont déjà dans deux mains.
03:54Ils sont déjà en train d'organiser autre chose, d'autres modes d'organisation,
03:58d'intelligence collective, quelque chose de collaboratif.
04:02Et on voit ça de plus en plus, donc on a aussi le sentiment,
04:04et ce serait intéressant, du coup, d'aller plus loin que ce qu'a fait le CESE,
04:08en disant, finalement, est-ce que c'est pas, et c'est l'autre livre de Roger Su,
04:12et j'invite tout le monde à aller y plonger.
04:15Lui, sa thèse, c'est de dire, en fait, c'est que finalement, on est très mal représentés.
04:19La question n'est pas tant les Français et la démocrature,
04:22la question, c'est qui nous représente, et on est à ce point tellement mal représentés.
04:2576% des politiques sont déconnectés.
04:28Et alors, justement, il y a un autre chiffre que j'aimerais vous montrer,
04:31parce que vraiment, cette enquête, je vous conseille de la voir,
04:33elle est franchement passionnante.
04:35La déconnexion des politiques, la déconnexion des préoccupations,
04:39des sujets qui sont mis sur la table dans le débat public.
04:41Quand on demande aux Français leurs préoccupations,
04:43préoccupations principales, non, c'est la santé.
04:46Vous l'évoquiez tout à l'heure, la santé, les difficultés, les déserts médicaux,
04:49c'est la santé à 40%.
04:51Et on est loin devant le pouvoir d'achat qui arrive en deuxième position à 34%.
04:54La situation économique et financière dont on parle du matin au soir,
04:57elle n'arrive qu'en troisième position à 28%.
05:00Et l'immigration, 18%.
05:03Mais c'est pas parce que les Français ne le mettent pas en priorité
05:06que c'est pas des problèmes graves, et puis la santé, c'est aussi parce que...
05:10Écoutez les Français, pour une fois.
05:12Après, moi, je suis très admiratif.
05:14Ce qui est mon modèle en termes de démocratie,
05:16les Suisses, c'est la démocratie participative,
05:19pas représentative, et la notion de chef d'État,
05:22qui est une notion très infantilisante, n'existe pas en Suisse,
05:25et c'est une démocratie, je pense que c'est celle qui fonctionne le mieux au monde.
05:29Mais les citoyens participent à la démocratie,
05:32et à la vie de la société.
05:34Des cantons, des communes, etc.
05:36Mais ça ne donne pas des législations toujours très tendres.
05:39En tout cas, ça donne une démocratie qui fonctionne très bien.
05:42Ah oui, ça fonctionne particulièrement bien.
05:44Moi, j'écoute, ça m'intéresse beaucoup, justement,
05:48ces gens qui trouvent des moyens, en vérité,
05:51pas de remplacer, mais de substituer.
05:54On est obligé de substituer les manques,
05:57ou la disparition de l'État.
05:59Et le danger, c'est aussi,
06:02dans certaines communautés territoriales,
06:05linguistiques, de se détacher aussi de l'État.
06:08Moi qui suis basque, je vais régulièrement dans mes terres,
06:13je vois de plus en plus des gens qui vivent dans un autre État,
06:20qui est un par-État.
06:21Le député élu à Saint-Jean-de-Lune est un député quasiment indépendant.
06:24Voilà, exactement.
06:25Finalement, on est entre deux pays,
06:27et on a recréé d'autres communautés de destin.
06:30Merci.

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