Maître Juan Branco est déjà cité en défense dans l’affaire dite des “Grands Frères” à la suite des émeutes en Guadeloupe de fin novembre - début décembre 2021. L'avocat parisien a atterri hier soir en Martinique (Dimanche 29 décembre 2024). Cette fois-ci, pour porter son concours juridique dans la lutte du RPPRAC contre la vie chère.
Demande de remise en liberté du “R” étudiée ce lundi 30 décembre
Ce lundi après-midi, (30 décembre) la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Fort-de-France étudie une nouvelle demande de remise en liberté déposée par les avocats de Rodrigue Petitot. Celui que l’on surnomme “Le R” a été placé en détention provisoire le 5 décembre dernier, trois jours seulement après qu’il a été condamné à dix mois de prison ferme aménageable pour des faits d’intimidations à l’encontre d’élus de Martinique. La Cour d’appel foyalaise délivrait alors un mandat de dépôt contre le leader de la lutte contre la vie chère en Martinique, à la suite de son irruption à la résidence du préfet de la Martinique le 11 novembre dernier. Entretien avec Maître Juan Branco suscité par Richard GARNIER.
Demande de remise en liberté du “R” étudiée ce lundi 30 décembre
Ce lundi après-midi, (30 décembre) la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Fort-de-France étudie une nouvelle demande de remise en liberté déposée par les avocats de Rodrigue Petitot. Celui que l’on surnomme “Le R” a été placé en détention provisoire le 5 décembre dernier, trois jours seulement après qu’il a été condamné à dix mois de prison ferme aménageable pour des faits d’intimidations à l’encontre d’élus de Martinique. La Cour d’appel foyalaise délivrait alors un mandat de dépôt contre le leader de la lutte contre la vie chère en Martinique, à la suite de son irruption à la résidence du préfet de la Martinique le 11 novembre dernier. Entretien avec Maître Juan Branco suscité par Richard GARNIER.
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00:00Pour accompagner une partie de la population qui est en difficulté et il y a un certain
00:09nombre de personnes qui m'ont demandé de venir les voir pour voir dans quelle mesure
00:14on pouvait réfléchir non seulement à la situation mais à la façon de trouver un
00:18règlement à la fois judiciaire et politique.
00:20On est dans une situation de crise extraordinaire depuis plusieurs mois, on a vu monter le
00:24phénomène depuis cet été sans que les autorités ne réagissent et il est peut-être
00:29temps maintenant de s'impliquer, de voir quelles démarches on peut mener à bien pour
00:35mettre fin, pour accompagner en tout cas ceux qui se battent aujourd'hui pour mettre fin
00:40à cette situation.
00:41C'est clairement un dossier politique, on avait dit la même chose du dossier des grands
00:44frères, vous voyez certaines analogies ?
00:45On est clairement dans une situation où on a un appareil judiciaire qui essaye de maintenir
00:51un ordre politique qui est injuste et qui essaye de protéger un certain nombre d'intérêts
00:56qui vont au détriment de la majorité, qui s'est exprimée de façon assez claire, de
00:58façon pacifique, puis après avec quelques grabuges quand elle sentait qu'on ne l'entendait
01:03pas et qui à nouveau là cherche des moyens d'une résolution pacifique qu'on ne lui
01:08offre pas.
01:09Là ça pose une vraie question quant au rôle de l'État et à son incapacité à offrir
01:15des réponses à la population donc la dimension judiciaire est purement secondaire et dérivée
01:21de cette question politique.
01:22On se rappelle bien évidemment ici aux Antilles en général de 2009, les vastes mouvements
01:28plus marqués en voie de loup, moins en Martinique, aujourd'hui on ne s'étonnera peut-être
01:32pas qu'en voie de loup on se dit que ça ne sert à rien de se mobiliser de la sorte
01:36puisqu'il n'y aura rien qui va changer.
01:37Est-ce que c'est un discours que vous pouvez entendre ?
01:40Non pas du tout, je pense qu'il y avait peut-être eu un certain nombre d'erreurs tactiques
01:44qui ont pu être commises en voie de loup, un moment où il y avait une possibilité
01:47de provoquer des bascules, un certain nombre de dirigeants qui n'ont peut-être pas fait
01:50des choix qu'ils auraient dû faire à ce moment-là et depuis.
01:52Vous parlez de la même chose, de la vie chère, de la privatisation.
01:57Vous parlez de 2009 et de la vie chère, mais moi je parle aussi de la situation qu'on a
02:02connue en 2021 avec la judiciarisation ensuite des grands frères qui ont été une mobilisation
02:07sociale de grande ampleur aussi et qui ne touchait pas qu'à la question sanitaire.
02:11Il y avait évidemment la question du rapport à l'Hexagone et de la capacité des peuples
02:16antillais de reprendre en partie leur destin en main.
02:20C'est ça qui fait le fil conducteur entre 2009, 2021 et aujourd'hui, maintenant, ces mobilisations.
02:27Donc on efface vraiment une problématique politique et je pense que toute approche judiciaire,
02:32j'espère que mes confrères qui ont en charge ce dossier comprendront qu'il n'est peut-être
02:36pas particulièrement opportun de se rendre à l'Elysée voir les principaux responsables
02:43de la situation présente et que le rapport de force doit s'établir à partir des données
02:48de la situation locale et donc à partir des mobilisations populaires.
02:50La seule chose que je note c'est lors des négociations, ils ont promis une baisse de
02:56plusieurs dizaines de pourcentages des prix sur les produits importés.
03:02La seule question qui se pose lorsque ça arrive, lorsqu'on vous fait cette proposition,
03:07c'est comment ça se fait que vous ne l'avez pas fait auparavant et sur quoi vous vous
03:10reposiez pendant des années pour légitimer une spoliation pareille et qu'est-ce que vous
03:14allez faire pour rembourser ce trop perçu sur les populations anti-aides.
03:18Voilà c'est la seule question qui se pose aujourd'hui et je pense qu'on est très loin
03:23à mon sens de la vérité de la solution politique si on pense qu'une simple baisse,
03:28qui d'ailleurs peine à arriver et dont on voit très bien comment un certain nombre
03:32d'acteurs cherchent à éviter par tout moyen, résoudrait la situation.
03:37Il y a une dynamique historique, sans remonter aux origines de leur monopole et de leur richesse,
03:43mais qui dans les dernières décennies ont produit des spoliations sur lesquelles il
03:47va falloir être réducide et sur lesquelles des réparations vont devoir être obtenues.
03:51Vous avez encore espoir d'obtenir quelque chose dans ces négociations ?
03:55Moi je suis en appui et en écoute des personnes qui m'ont invitées, si je peux les aider
04:00tant mieux.
04:01Ce que je vois c'est qu'on a une population qui est très déterminée, qui a montré beaucoup
04:04de courage et qui a tout intérêt à obtenir une solution pacifique, mais aussi c'est
04:11l'intérêt des autorités françaises et des autorités de l'Hexagone, parce qu'il
04:16y a un moment donné où les relents coloniaux qui peuvent ressurgir dans des situations
04:22comme celles-ci peuvent avoir des conséquences qui soient beaucoup plus graves que celles
04:24auxquelles on était confrontés jusqu'à aujourd'hui.