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00:00Je vous présente mon équipe du soir qui m'accompagne pour ce dernier punchline
00:04cru 2024.
00:06Sabrine Hermet-Djemmer, essayiste et sociologue, bonsoir, merci de m'accompagner.
00:11Michel Thaube, éditorialiste, bonsoir, chère Thierry. Julie Girard, écrivaine franco-américaine, bonsoir également.
00:18On nous accueillons avec beaucoup de plaisir à Jacques Morel, ancien patron de l'office central de lutte contre la délinquance itinérante, bonsoir.
00:26Amine Elbaïe, juriste, soyez le bienvenu. Et on accueillera Elodie Huchard pour nous parler de
00:33politique. Comme vous suivez, ça fait plaisir, Sabrine. On va commencer par évoquer votre nuit du réveillon,
00:40plus que quelques heures avant de basculer en
00:442025. Il est quasiment 18h, on compte les heures. Vous allez être nombreux... Vous savez, mon cher Thierry,
00:49on est déjà en 2025 dans une partie de France. Oui, c'est vrai, puisque
00:53la France est l'un des seuls pays au monde où le soleil ne se couche jamais
00:57grâce à nos Outre-mer. Et donc à Nouméa, il est déjà 4h du matin, ça fait 4h qu'ils ont
01:02basculé la nouvelle année. Donc, ayons une pensée pour nos amis. Et on a une pensée. Et on salue les téléspectateurs de Nouvelle-Calédonie qui nous
01:11regardent. Donc, en tous les cas, à Paris, mais pas qu'à Paris, il va y avoir un dispositif très important. On voit cela avec Sharon Camara.
01:20Dernier préparatif avant la célébration de la Saint-Sylvestre.
01:25Sur les Champs-Elysées, la préfecture de police prévoit de déployer un dispositif de sécurité renforcée,
01:31avec notamment 10 000 policiers et des gendarmes
01:34mobilisés à Paris et dans la Petite-Couronne. La vente à emporter d'alcool et sa consommation sur la voie publique
01:39seront interdites sur l'avenue, tout comme le stationnement et la circulation sur certaines voies des 8e,
01:4516e et 17e arrondissements de la capitale.
01:48Je pense que c'est nécessaire. S'il y a ce grand type d'événement, il faut qu'il y ait la sécurité derrière.
01:52Sinon, tu ne peux pas vraiment organiser ce genre d'événement sans sécurité derrière.
01:56Oui, c'est toujours bien de se sentir en sécurité.
01:59On a un bon souvenir des Jeux Olympiques à Paris où ça s'est vraiment bien passé.
02:03Je pense que l'état d'esprit est bon. Si l'événement attire chaque année plus d'un million de personnes,
02:08la sécurité est une problématique majeure pour la plupart d'entre eux.
02:13C'est un moment de risque. Il y a beaucoup de monde. On ne sait pas ce qui peut se passer.
02:16Mais je préférerais repartir le lendemain.
02:19Prenez des précautions, comme partout. Faites attention de ne pas avoir la carte bleue, le téléphone bien rangé.
02:25D'autres mesures de sécurité sont annoncées pour ce 31 décembre.
02:29Plusieurs stations de métro et de RER seront fermées au public et l'avenue des Champs-Elysées sera interdite au véhicule dès 15h.
02:37Jacques Morel, en tant qu'ancien patron de l'Office central de lutte contre la délinquance citinaire,
02:42je commence avec vous. Je posais cette question dans mon sommaire.
02:47Faut-il se réjouir de devoir fêter, de célébrer le Nouvel An en France avec autant de forces de l'ordre ?
02:53Ça dit beaucoup de notre société.
02:55Oui, c'est une nouvelle coutume, on va dire, que ce soit des événements sportifs ou festifs.
03:02Il y a une inflation quasi permanente maintenant pour rajouter des forces de l'ordre.
03:08On a l'impression que les Français ne sont pas capables de faire la fête sans que des débordements soient prévisibles.
03:17En dehors de l'aspect, si vous voulez, de protéger les gens qui viennent à ces manifestations d'une attaque,
03:27puisque c'est toujours ce leitmotiv terroriste, il y a aussi une présence, si vous voulez,
03:32qui est justifiée par le fait que dans des soirées comme ça,
03:36maintenant, entre les mortiers, les feux d'artifice, les incendies de voitures, les rixes dus à l'alcoolisme,
03:45on est obligé de mettre du gendarme et du policier partout, de façon à mettre tout de suite un dispositif pour intervenir.
03:53Ça nous dit beaucoup de notre société, de notre bonne société française.
04:00Ça nous dit beaucoup parce qu'il y a eu depuis ces trente dernières années
04:05des mutations sociales et anthropologiques profondes dans notre société.
04:10C'est la première des remarques et ces mutations, elles conduisent à une violence de plus en plus endémique,
04:18de plus en plus clinique et qui touche d'ailleurs de plus en plus de jeunes par une protéiformité, si j'ai envie de dire, de la violence.
04:30Donc c'est les soubassements, les causes, les souches de la violence, on le sait.
04:36Ce qu'il faut constater, c'est que le 31 décembre devient une coutume, comme vous le disiez précédemment,
04:43une habituation personnelle parce qu'on sait que le risque de ne pas retrouver sa voiture le lendemain est réel.
04:50Elle est collective parce qu'on sait que malgré les émeutes sporadiques en bande comme ça,
04:57sur la base de jets de mortiers ou autres, c'est une réalité.
05:02Mais il y a la réalité également du terrorisme, le terrorisme islamiste, dont le niveau aujourd'hui est toujours très élevé.
05:09Donc il y a une multi-causalité du risque de la Saint-Sylvestre et face à cela, l'État fait ce qu'il peut.
05:19Il déploie des dizaines de milliers de forces de l'ordre ce soir-là.
05:24Ce qu'il faut simplement, je pense, espérer, c'est que la réponse judiciaire soit à la hauteur de ces incriminations criminogènes qui sévissent ce soir-là.
05:40Julie Girard, votre regard m'intéresse parce que vous partagez entre les Etats-Unis et la France.
05:45Quel regard portez-vous sur l'évolution de la société française et de ces moments festifs qu'on est obligés d'encadrer, comme l'a appelé Jacques Morel ?
05:53Effectivement, je trouve que le constat est très triste parce qu'on se rend compte qu'il n'y a plus vraiment de place pour de la légèreté, pour des moments de convivialité.
06:00Ça perd un peu de sa spontanéité.
06:02Voilà, comme peuvent l'être le 31 décembre, le 24 décembre, toutes les fêtes collectives.
06:06On est dans un monde, pour reprendre l'expression du philosophe allemand Peter Sloterdijk, d'écumisation.
06:10C'est-à-dire que chacun vit dans sa petite bulle, se replie sur lui-même, et plus cette violence et cette délinquance augmentent, et plus le repli est fort.
06:18Et on a du mal à imaginer, surtout dans un monde digitalisé, où finalement les réseaux sociaux nous enferment, même quand on est seul chez soi dans d'autres bulles virtuelles,
06:25comment est-ce qu'on pourra recréer un jour un tissu vraiment...
06:29Est-ce que c'est possible ?
06:30C'est la question.
06:31Est-ce que c'est possible ?
06:32Est-ce que l'État a les moyens de le faire ?
06:35C'est la question.
06:37Je crois que, finalement, derrière tout ça, si on prend encore un peu de recul, on se rend compte que la question des moyens de l'État, c'est aussi la question d'un État qui a besoin de recréer de la croissance,
06:44de la croissance pour assurer son système, la pérennité de son système, mais aussi de ses fonctions régaliennes.
06:50Et donc, moi, j'ai envie de dire, dans les prochaines semaines, après ces fêtes, on attend, M. Bayrou, sur la question du budget et sur comment est-ce qu'on recrée de la croissance en France.
06:59Je crois que le domaine qui permet aujourd'hui d'avoir deux points de croissance, c'est la tech.
07:04On n'en a pas du tout entendu parler.
07:05Qu'est-ce qu'on fait comme grande politique de croissance française via les nouvelles technologies ?
07:10Pour moi, c'est la question qui va être la plus importante au début de cette année.
07:13La sécurité fait partie de la priorité des Français.
07:15Vous avez vu la déclaration de Gérald Darmanin ce week-end.
07:18On ne m'a pas nommé ministre de la Justice, on ne me donne pas de moyens.
07:22Donc voilà, il a affiché la couleur très clairement.
07:25Michel Taubat ?
07:26Non, mais je pense que, si je peux me permettre une petite nuance, je pense que malgré cette insécurité croissante et ce changement, cette mutation anthropologique, comme le disait Sabouin Nafour, justement, vraiment anthropologique,
07:40c'est-à-dire qu'on est en train de changer, non seulement d'époque, mais peut-être d'humanité également.
07:45Mais en même temps, peut-être parce qu'on est français, peut-être parce que la France, c'est aussi cela, Paris est une fête, comme disait un grand philosophe, je ne sais plus lequel, d'ailleurs, excusez-moi.
07:56Paris est une fête, eh bien on va quand même fêter le passage à la nouvelle année.
08:00Et malgré, effectivement, ce climat d'élitaires, ce climat de tensions, parce qu'on vit tous à une époque de fortes tensions, la fête est quand même plus forte.
08:09C'est le message qu'il faut délivrer.
08:11Voilà, on va quand même fêter le passage à la nouvelle année sans trop d'illusions sur...
08:17Je vous poserai la question en fin d'émission. Vous verrez, j'ai quelques petites surprises pour vous.
08:20Amine Elbaïe ?
08:22Vous savez, moi, il se trouve que je regarde ça avec beaucoup d'inquiétude.
08:27Certains diraient peut-être de la condescendance, moi, vraiment, je dirais avec beaucoup d'inquiétude.
08:32Parce qu'il se trouve qu'il y a quelques jours, j'étais en Algérie.
08:36Et là-bas, ça ne se passe pas comme ça, vous voyez ?
08:41On n'est pas aussi généreux que l'État à nounou, que le social, le étatisme.
08:47Je brûle une voiture, je m'en prends force de l'ordre.
08:51On va réunir un comité théodule pour savoir si, finalement, face à nous,
08:56on n'a pas un enfant qui se cherche, si finalement, le problème, ce n'était pas l'anrus,
09:00s'il ne fallait pas mettre plus de milliards d'euros pour reconsoler leur logement social,
09:04pour refaire un centre social.
09:06Vous voyez, cette culture de l'excuse, ce social-étatisme,
09:09on est en train de l'entretenir politiquement.
09:12Qu'est-ce qui s'est passé après les émeutes ?
09:14Après les émeutes, on n'est pas partis responsabiliser les familles.
09:17On n'a pas envoyé la facture aux parents d'enfants délinquants.
09:21Non, on a voté au Parlement une enveloppe budgétaire
09:24pour reconstruire tout ce qui a été saccagé avec vos impôts.
09:29Tout ce qui a été saccagé, c'est-à-dire les services publics de proximité,
09:33c'est-à-dire les transports en commun,
09:36et donner de l'argent en réparation notamment aux petits centres commerciaux,
09:41l'Idol, Aldi, qui ont brûlé.
09:42C'était le cas notamment à Roubaix-Ouattroulot.
09:44Tant qu'on ne changera pas ce paradigme de dire
09:48« je casse, je répare et je paye »,
09:54eh bien, on continuera à assister, en tout cas dans le temps,
10:00à l'effondrement de l'autorité de l'État.
10:02L'effondrement de l'autorité de l'État, c'est ça.
10:05Ce n'est pas mettre 100 000 policiers et gendarmes dans l'espace public
10:08qui va permettre de rétablir de l'ordre.
10:10Ça, c'est la politique du bleu partout.
10:13C'est l'affichage politique.
10:14Je comprends les contraintes calendaires du gouvernement,
10:16mais ça ne réglera toujours pas le problème dans le temps.
10:18Michel Thaube et Jacques Moral, un dernier mot avant de partir en pub.
10:21Surtout à côté de Julie Girard, qui est franco-américaine,
10:24« Paris est une fête », c'est un très beau livre d'Ernest Hemingway.
10:27Oui, c'est ce qu'il a écrit.
10:30Il a écrit « Paris est une fête », mais la France est une fête aussi.
10:33Dernière question, Jacques Moral, sur le sujet.
10:35C'est quoi les difficultés pour les forces de l'ordre
10:39dans un soir comme celui-ci ?
10:42Ce qui est complexe, c'est que dans des grandes villes comme ça,
10:46rendre un dispositif complètement étanche à quelqu'un
10:51qui a l'intention de...
10:53Et avoir les yeux partout, surtout.
10:54C'est très compliqué.
10:55Vous voyez bien que le dernier marché de Noël en Allemagne,
11:00malgré le dispositif qui était en place,
11:02la France a laissé une voie de secours,
11:05comme ça doit être le cas à Paris, pour l'ambulance ou ailleurs.
11:10Et vous n'empêcherez pas quelqu'un à contre-courant
11:13de rentrer de force dans une voie de circulation.
11:17Donc ça oblige à déplacer des moyens énormes
11:19pour mettre des blocs de ciment, du barrière-âge.
11:23Ce n'est jamais fiable à 100 %,
11:25donc il y a une angoisse quand même de tous les gens
11:27qui sont dans les forces de sécurité.
11:29Est-ce qu'à l'endroit où je me trouve,
11:31on est en sécurité à 100 %, ça ne sera jamais ?
11:35Et le risque zéro n'existe pas.
11:36Voilà.
11:37On marque une pause sur Europe 1 et sur CNews,
11:39on se retrouve tout de suite pour votre punchline.
11:41À tout de suite.

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