Joseph Thouvenel prend la parole sur une violence accrue chez les jeunes et une justice défaillante : «De très nombreux sans-abris sont des échecs de ce qu'on appelait la DDASS».
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00:00– C'est vrai, quand on a commis une faute, la sanction, c'est aussi la reconnaissance
00:05qu'on est un être civilisé, on sait qu'on a fait mal, on paye sa dette.
00:10Pour des jeunes, il faut en même temps, en parallèle,
00:13il faut qu'ils payent leur dette, mais il faut leur donner des règles.
00:16Moi j'ai beaucoup d'admiration pour ceux qui font vraiment leur travail.
00:19Ça a été dit, c'est un sujet que je connais un peu,
00:23il y a des endroits où on balance du poignon pour rien, ou au contraire pour pire.
00:29Mais il y a des endroits où c'est fait, ça demande de la volonté, ça demande du courage,
00:33ça demanderait qu'on change les textes, parce que les textes…
00:36Il y a quelques années, je me suis occupé de jeunes comme ça, sur Marseille.
00:40On les a envoyés, on a fait une descente des Gorges du Tarn en radeau,
00:44où il y avait des gens de la moitié, en gros, de bon quartier,
00:47dans le cadre d'une troupe aux scouts, et d'autres plus difficiles.
00:51Aujourd'hui, c'était une aventure super pour ces jeunes.
00:55Toute l'année, ils devaient construire leur radeau,
00:57il fallait qu'on puisse les démonter pour les emmener dans les Gorges du Tarn.
01:00Une aventure superbe.
01:02Aujourd'hui, la réglementation l'interdit.
01:05C'est-à-dire qu'on aura permis à certains, au moins deux, des quartiers nord,
01:09de faire autre chose, de découvrir autre chose dans leur quartier où ils étaient enfermés,
01:13et ça leur a permis de s'en sortir.
01:15Alors, il faut aussi, à un moment donné, il y a la prise de risque,
01:19mais on est dans une société où on ne veut plus la prise de risque.
01:21Et vous avez dit quelque chose qui était aussi important,
01:24vous avez parlé du travail, c'est le goût de l'effort qu'il faut leur redonner.
01:29Et le goût de l'effort, ce n'est pas facile.
01:31Et donc, il faut partir avec des jeunes qui sont volontaires,
01:34à qui on donne des règles, on les fait monter en puissance, d'ailleurs, dans les règles.
01:37C'est d'abord se lever le matin, c'est dire bonjour, c'est dire bonsoir,
01:40c'est mettre la table, débarrasser la table, une vie en communauté de règles.
01:44Et ceux qui n'acceptent pas la règle, dehors, tout de suite.
01:47On ne discute pas, on ne va pas pleurnicher cinq minutes.
01:49Parce que ça permet à d'autres qui veulent vraiment s'en sortir,
01:52de s'en sortir, en faire dernier point.
01:53Moi, je suis effrayé par les échecs de nos services sociaux globalement,
01:59parce qu'après dix ans d'accueil de sans-abri dans la rue,
02:02je peux dire que de très, très, très, très nombreux sans-abri,
02:06j'oublie ceux qui viennent de l'étranger,
02:08mais de France, sont des échecs de ce qu'on appelait la DAS.
02:12On l'a vu là, ce gamin qui dit depuis l'âge de sept ans, j'ai été placé.
02:16Alors comme ça, il y en a des centaines.
02:18On ne sait pas faire, on fait mal.
02:20Et pire que ça, je crois qu'aujourd'hui,
02:22on va avoir des scandales sexuels qui vont nous exploser
02:26au sein de groupes qui sont normalement des groupes
02:29qui s'occupent des enfants au nom de la République.