La ministre chargée de l'Egalité entre les Femmes et les Hommes et de la Lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, était l'invitée du Grand Rendez-Vous. Elle s’est exprimée au sujet des féminicides dans l'Hexagone : «Nous sommes tous de potentiels témoins» des violences faites aux femmes, a-t-elle abondé.
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00:00Déjà, évidemment, je me rendrai à Aumont à l'invitation du maire.
00:03Il y aura un hommage qui lui sera rendu mercredi prochain,
00:05donc j'y serai dès mercredi prochain
00:07et j'y passerai une grande partie de la journée,
00:09aussi du jeudi, pour entendre, déjà,
00:12toutes celles et ceux qui ont pu être au contact de la victime,
00:14au contact de victimes sur place,
00:16pour comprendre s'il y a eu des dysfonctionnements,
00:18parce que moi, je crois à la nécessité d'avoir ce qu'on appelle un retexte,
00:21c'est-à-dire que dès qu'il y a un fait aussi grave,
00:24c'est-à-dire une femme qui meurt sous les coups de son compagnon
00:27ou ex-compagnon, il faut se rendre sur place,
00:29il faut comprendre et il faut que toutes les personnes
00:32en capacité de participer à cette chaîne de réponses,
00:36qu'elles soient judiciaires, qu'elles soient sécuritaires,
00:39puissent évidemment être entendues
00:41et puis, évidemment, continuer à agir pour prévenir.
00:45Et là-dessus, il y a beaucoup de sujets qui m'interpellent.
00:48Moi, cette nuit encore, j'ai changé avec une femme victime de violence,
00:52qui a du mal, évidemment, à dormir la nuit,
00:54parce que son ex-compagnon avait été condamné à quatre ans d'emprisonnement,
00:59il a été libéré au bout de seulement un an.
01:02Donc, ça pose une question majeure, de non-exécution des peines.
01:08Parce qu'il s'est bien comporté en prison.
01:09Parce qu'il s'est bien comporté en prison.
01:10Mais moi, ce qui m'interpelle, c'est ça,
01:13c'est que je me fiche qu'il se comporte bien en prison.
01:16S'il se comporte mal, que ce soit retenu contre lui,
01:18mais s'il se comporte bien, c'est pas la question.
01:20La prison, c'est une réparation qu'on doit à la victime d'abord
01:23et qu'on doit à la société toute entière.
01:26Et donc, il y en a un enjeu majeur
01:28qu'on doit porter et qu'on portera avec Gérald Darmanin
01:30sur la question de l'exécution des peines.
01:32J'ajoute que cette victime, malheureusement,
01:34elle a découvert que celui qui avait été son bourreau avait été libéré
01:37sans qu'elle ait été prévenue au préalable.
01:40Vous vous imaginez dans quel état elle vit aujourd'hui,
01:42d'hyper-vigilance, de regarder par-dessus son épaule en permanence,
01:45si jamais il n'est pas après elle, de peur aussi pour ses enfants,
01:49parce qu'il a aussi été condamné pour des faits de violence
01:51vis-à-vis de ses enfants.
01:52Donc ça, c'est un premier sujet et un premier chantier majeur
01:55sur la question de l'exécution des peines,
01:57parce que c'est le premier acte de réparation
02:00qu'on doit, évidemment, vis-à-vis des victimes.
02:03Et puis, il y a une interpellation que je veux adresser,
02:05évidemment, à l'ensemble de la société,
02:07parce que c'est d'abord la responsabilité de l'Etat
02:09et jamais je me défausserais.
02:11Jamais je dirais que c'est d'abord les autres.
02:12Non, mais c'est nous tous.
02:14Nous sommes toutes et tous potentiellement des témoins.
02:17Nous pouvons tous, à un moment, accueillir une parole,
02:21entendre, voir des signaux faibles dans nos propres familles,
02:24dans nos environnements professionnels,
02:26auprès de nos voisins.
02:27Il y a ces réseaux de voisins vigilants
02:29qui existent aujourd'hui pour prévenir des cambriolages.
02:31Peut-être qu'on peut avoir et être tous des voisins vigilants
02:34pour prévenir aussi ces violences qui existent et qu'on entend.
02:37Vous voulez dire qu'on met trop dans la sphère ?