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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal Bellator-Dupin.
00:05Il est 19h15 sur Europe 1, Eric Delbeck, expert en sécurité intérieure, ancien directeur sûreté de la rédaction de Charlie Hebdo après les attentats de 2015,
00:14est auteur de cet ouvrage, je l'ai dans ce studio, Les Irresponsables aux éditions Plomb qui vient donc de sortir.
00:23Je le montre à ceux qui nous suivent sur les réseaux sociaux.
00:28Merci d'être avec nous ce soir, votre témoignage évidemment est extrêmement important,
00:32non seulement sur ce que vous avez vécu après les attentats de Charlie Hebdo,
00:36mais votre regard aujourd'hui sur l'esprit de Charlie,
00:40qu'est-il devenu cet esprit de Charlie en 2025 est aussi très très important à entendre.
00:47D'abord si vous le permettez Eric Delbeck, on va écouter le témoignage d'un journaliste qui travaille aujourd'hui chez Charlie Hebdo,
00:55nous ne donnerons pas son nom, écoutez ce qu'il dit.
00:58Quand j'ai commencé à bosser chez Charlie, je le disais avec fierté à chaque personne que je rencontrais,
01:02et puis s'en suivait une discussion, un débat d'une bonne demi-heure où il fallait expliquer que non Charlie c'est pas raciste,
01:08non Charlie c'est pas ça, est-ce que t'as déjà ouvert Charlie ?
01:10Ben non t'as jamais ouvert Charlie.
01:11Il y a toujours ce truc-là qu'il faut désamorcer pendant une bonne demi-heure avec à peu près n'importe qui,
01:16surtout chez les jeunes qui ne sont pas au courant de ce qu'on fait et qui répètent assez bêtement certaines attaques d'une certaine gauche qui nous visent.
01:22Pour être honnête, il y a quelques fois où je suis dans le privé, je le dis pas forcément tout de suite,
01:27parce que j'ai pas envie de me taper cette dissertation autour de Charlie,
01:30parce que c'est toujours les mêmes questions, parce qu'elles sont toujours un peu bêtes,
01:32même si voilà, il faut faire l'effort d'expliquer, il y a des moments où c'est un peu lassant.
01:37Eric Delbeck, est-ce que vous êtes surpris ?
01:40Non, pas vraiment, ça me paraît relativement hélas cohérent.
01:47Pour quelles raisons, Eric Delbeck ?
01:49Je rappelle, vous êtes l'ancien directeur sûreté de la rédaction de Charlie Hebdo, juste après les attentats.
01:55Évidemment, être journaliste chez Charlie Hebdo aujourd'hui, c'est pas être journaliste dans n'importe quelle rédaction.
02:01Non, parce qu'à la fois les consignes de sécurité, la vigilance, et puis le climat idéologique qui pèse sur Charlie,
02:10font que ça crée une différence qui est sensible.
02:13La première, effectivement, c'est que lorsqu'on est journaliste, il y a des contraintes de sécurité qui sont un petit peu antithétiques avec le métier.
02:20Je prends souvent un exemple simple, un journaliste normalement peut faire des entretiens ou rencontrer des personnes dans un café,
02:26c'est une pratique assez courante.
02:29Un journaliste de Charlie Hebdo ne peut pas aller rencontrer quelqu'un qui va interviewer et qui va discuter dans un café.
02:36Encore aujourd'hui, Eric Delbeck ?
02:38Tout à fait, et pour très longtemps.
02:41Il ne peut pas se déplacer en reportage n'importe où.
02:45Il ne peut pas aller dans n'importe quel pays.
02:47Il ne peut pas aller dans n'importe quel lieu du territoire français, ou alors ça nécessite une escorte et des conditions de sécurité particulières.
02:55Donc en fait, les journalistes de Charlie, en tout cas pour une grande partie d'entre eux, sont des personnalités protégées.
03:03Ce qui veut dire un tas de mesures qui vont avec le statut de personnalité protégée.
03:08Ça veut dire aussi qu'on ne peut pas indiquer l'endroit dans lequel on travaille, que moi j'avais pris l'habitude d'appeler le bunker,
03:14qui est une citadelle, à la fois par des moyens de technologie de sûreté,
03:21et puis par les policiers ou les personnels, les agents privés de sécurité, dont on sait depuis l'époque qu'ils sont armés,
03:30qui veillent à la sécurité du journal.
03:32Donc c'est une ambiance de fork-knock, ce n'est pas une ambiance de rédaction habituelle.
03:36Vous êtes l'ancien directeur de la rédaction de Charlie Hebdo après les attentats.
03:40Est-ce que vous pouvez nous dire, témoigner de ce que vous avez vécu vous à cette époque,
03:48et du dispositif que vous avez mis en place pour protéger cette rédaction ?
03:53Alors, j'allais dire que c'est au bout d'ailleurs de dix ans, c'est pour ça que j'ai mis dix ans avant d'écrire ce livre,
03:59parce qu'on peut un peu clarifier tout ce qu'on éprouve,
04:01parce que pendant ce temps-là, on est tellement dedans qu'on n'a pas trop le temps de se pencher là-dessus.
04:07Ce que d'abord j'ai vécu, c'est ce que j'ai observé, ce que j'ai ressenti des survivants.
04:15Ce n'est pas rien d'être pas en permanence, mais souvent avec Chris ou Coco,
04:22avec tout ce qu'ils peuvent exprimer encore aujourd'hui de ce qu'ils ont vécu.
04:27Coco a beaucoup parlé ces derniers jours et ces dernières semaines,
04:30et quand on voit encore quelle est son émotion, que moi j'ai vue régulièrement,
04:35et avec laquelle j'ai essayé aussi de composer des mesures sûretés qui puissent être acceptables par les survivants,
04:42pour qu'ils ne soient pas en permanence retraumatisés,
04:45ou la charge qui est sur les épaules de Rhys, ça se voit physiquement.
04:51Que ce soit à l'intérieur du bunker ou à l'extérieur, dans toutes les prestations qu'il peut faire encore,
04:57on voit le poids de la responsabilité des morts que porte cet homme.
05:02Et on voit, ce qui est assez étonnant et en même temps magnifique,
05:06comme quoi il y a une partie de notre héritage républicain, de ce en quoi nous sommes censés tous croire,
05:11qui est portée par cet homme-là, comme d'autres, ou des femmes.
05:14Mais c'est très intéressant de voir à quel point,
05:18ce sont des personnes qui au départ n'auraient jamais pensé qu'elles allaient porter ce poids,
05:23qu'ils le portent. Alors vu que j'ai un esprit un peu taquin,
05:26je trouve ça assez amusant aujourd'hui que la responsabilité repose sur des anards structurels comme ceux de Charlie,
05:35alors que bien évidemment souvent on se demande où est la responsabilité chez les politiques.
05:38Donc il y a des effets de contraste incroyables.
05:40Et puis après il y a des effets de totale, je ne vais pas dire originalité, mais incongruité.
05:46Quand il y avait une dédicace dans une librairie avec quelques membres de Charlie,
05:51il y en a une qui m'a particulièrement marqué que je raconte dans le livre,
05:54où étaient présents à la fois Riis, à la fois Coco, Fouls et quelques autres,
05:58et bien c'était un dispositif incroyable,
06:01où un certain nombre de voitures blindées sont arrivées,
06:04où des agents du SDLP sont mis en place avec des armes longues,
06:07tandis qu'il y avait un contrôle d'agents de sécurité privés pour filtrer les gens.
06:12Et donc cette dédicace s'est faite au fond de la librairie avec deux rangées de défenseurs.
06:16On parle d'une dédicace, vous vous rendez compte ?
06:19Effectivement les auditeurs d'Europe 1 doivent être surpris.
06:23Il y avait du monde du coup pour cette dédicace ?
06:26Oui, il y avait du monde.
06:28Vous parlez de quelle période ?
06:30Juste après les attentats de Charlie ?
06:33On est fin 2015, début 2016.
06:36Oui, il y avait du monde au départ, et c'est ça qui apporte un peu de chaleur et d'espoir.
06:40Au départ les gens étaient un petit peu impressionnés, c'est normal,
06:43quand vous êtes accueilli dans une librairie par un contrôle d'accès d'agents privés,
06:48qui était l'équipe de Charlie,
06:50et puis que vous avez deux rangées de types assez impressionnants de policiers du SDLP,
06:55avec leurs sacs, leurs armes, etc.
06:57Pour arriver jusqu'à Riis, à Coco, Fouls et toute la bande,
07:01effectivement vous êtes un petit peu stressé.
07:03Et puis au fur et à mesure, étant donné que Coco et Riis n'arrêtaient pas de se vanner,
07:07que Riis y participait, un climat s'est installé,
07:10puis la lumière, l'enthousiasme et les rires sont revenus,
07:13à la fois chez les gens et les membres de l'équipe.
07:15Et donc c'est dans ces moments-là qu'on dit qu'on a raison de le faire,
07:18et que même dans les conditions les plus atroces,
07:20finalement il y a quelque chose de cet esprit si français,
07:23de cet esprit si Charlie,
07:25de cette liberté qui ne doit pas mourir, qui persiste.
07:28Donc l'espoir est là.
07:30On a vécu plein de choses aussi incongrues,
07:34aussi insolites que ça, dans les mois et les mois.
07:37Quelle est la chose la plus insolite qui vous soit arrivée à cette époque-là, Eric Delbecq ?
07:42Je ne sais pas si c'est le plus insolite,
07:46mais en tout cas c'est le plus drôle,
07:49c'est l'une des premières soirées que Charlie a voulu réorganiser
07:53pour faire venir les proches,
07:55tous ceux qui travaillaient avec eux dans des conditions difficiles,
07:58les amis, etc.
08:00On met un dispositif de sécurité assez lourd en place,
08:04bien évidemment avec le concours éminent de la préfecture de police,
08:08et puis parce que les gens de Charlie en avaient envie,
08:11on dit tiens, on aimerait bien un petit peu de musique cubaine.
08:13Très bien, parce que là on demande à des spécialistes de musique cubaine,
08:16qu'on briefe, etc.
08:18Et au fur et à mesure, on voit se pointer au contrôle d'accès de la soirée,
08:22bien évidemment très réglementé,
08:24un certain nombre de jeunes qui nous disent
08:26je suis venu, je suis invité par machin ou truc, etc.
08:29Je dis c'est pas normal, on a un flux de 10-15 personnes,
08:32de gens qui ne sont absolument pas prévus.
08:35Et donc des membres de l'orchestre de musique cubaine,
08:39voyant qu'il y avait des gens de Charlie,
08:42faisaient des petits messages pour faire se pointer leurs potes,
08:45pour pouvoir boire un verre avec l'équipe de Charlie.
08:47Qui était devenue une star pour eux, c'est ça ?
08:50Exactement, alors au bout d'un moment j'ai compris d'où ça venait,
08:53et donc le type qui dirigeait les musiciens cubains,
08:59avec cet accent inimitable qu'on aime,
09:01et que je vais voir en disant qu'on a quand même un petit sujet,
09:03il me dit que c'est pas possible.
09:05J'ai dit que c'est possible totalement,
09:08et donc notre ami, qu'est-ce qu'il a fait ?
09:10Il a dit
09:12et il est sorti avec sa troupe de musiciens cubains,
09:16et il a commencé à gueuler à l'extérieur,
09:19pour expliquer qu'il fallait faire ça alors Charlie Hebdo était présent.
09:22J'ai dit je crois qu'on ne s'est pas compris, on va re-rentrer,
09:24et on va s'occuper de ça autrement.
09:26Mais voilà, ça ressemble tellement finalement,
09:29à ce qu'est sans doute l'esprit Charlie.
09:31On ne l'a pas fait exprès, ça arrive,
09:33mais ça oui, ça fait partie des petites choses totalement insolites,
09:38et vous dites que c'est surréaliste de vivre des trucs comme ça.
09:40Et l'esprit Charlie aujourd'hui, est-ce que vous croyez qu'il est toujours là ?
09:42Pourquoi ? Je vous pose cette question.
09:44Je me souviens très bien de cette période de 2015,
09:46l'engouement évidemment,
09:48et c'était tellement normal, vous parliez de ces esprits français.
09:51Nous étions dans les rues,
09:53nous soutenions Charlie, nous étions Charlie.
09:55Est-ce qu'aujourd'hui il en reste quelque chose, selon vous ?
09:59Pour répondre à cette question, il faut déjà définir l'objet.
10:03Je ne vais pas dire que ça revient à dire ce que disaient des proches,
10:07en disant on peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui,
10:09mais il y a quand même un petit peu de ça.
10:11Qu'est-ce que ça veut dire l'esprit Charlie ?
10:13En fait l'esprit Charlie c'est simple, ça ne veut pas dire qu'on aime la tonalité,
10:15ou la caricature, ou les satires de Charlie Hebdo,
10:17et qu'on est fan de ça.
10:19Ça veut dire qu'on pense que rien ne justifie
10:21la mort de journalistes et de dessinateurs,
10:23aucun dessin, aucune idée,
10:25qu'on peut oui se moquer de la religion.
10:27Je vais faire une parenthèse, justement ce soir,
10:29la ministre de l'éducation nationale, Elisabeth Borne,
10:31s'est dite favorable à montrer des caricatures de Mahomet aux élèves.
10:35Voilà, je referme la parenthèse,
10:37puisque c'est ce qu'elle a dit ce soir
10:39chez nos confrères de BFM TV.
10:41Parfois on aurait aimé certains soutiens plutôt.
10:43Donc, avoir cet esprit Charlie, c'est ça,
10:49c'est estimer qu'on peut à peu près se moquer de tout.
10:51Après, effectivement, il y a des gens
10:53que ça pourra plus ou moins faire grincer des dents,
10:55mais c'est le jeu libéral et démocratique.
10:57Donc les gens aujourd'hui qui disent
10:59« je ne suis pas Charlie »
11:01ou « nous ne sommes plus Charlie »
11:03ça veut dire qu'en creux, ils estiment
11:05que l'on peut violenter des gens
11:07qui n'ont pas le même avis, ou qui se moquent,
11:09ou qui font des dessins.
11:11Pour une grande partie de la population,
11:13je ne suis pas sûr que l'esprit Charlie
11:15soit véritablement en danger.
11:17Les sondages, les études d'opinion
11:19encore récemment, je lisais des choses
11:21là-dessus ce matin, nous montrent que
11:23globalement, l'esprit Charlie
11:25se porte assez bien, le rapport à la laïcité,
11:27avec un petit modérato
11:29dans la jeunesse
11:31qui est peut-être un peu plus touché
11:33par l'idée, et je lisais ça
11:35avec intérêt, qu'on ne peut pas
11:37insulter les gens.
11:39C'est l'occasion de faire une petite mise au point.
11:41La satire, ou le dessin humoristique
11:43n'est pas une manière d'insulter
11:45les gens, c'est une manière
11:47de parler, ou
11:49en se moquant, d'essayer de mettre en avant des idées.
11:51Donc ça veut dire qu'éducativement, on a quand même raté
11:53quelque chose, en disant que c'est
11:55insulter les gens.
11:57Après, est-ce que cet esprit Charlie, il est réparti
11:59de manière équivalente ?
12:01Vous dites qu'il faut une génération Charlie dans votre livre.
12:03C'est-à-dire que ça ne suffit pas de dire « je suis Charlie »,
12:05il faut une génération Charlie.
12:07Je réponds à cette question tout de suite,
12:09mais en tout cas, l'esprit Charlie, oui, il est
12:11moins répandu chez une partie
12:13de nos soi-disantes élites.
12:15Et on voit bien pourquoi, pour des raisons électoralistes ou idéologiques.
12:17Il est politique pour leur part, de responsabilité très forte.
12:19Bien sûr, je crois qu'aujourd'hui,
12:21alors je sais que je vais encore me faire de nouveaux amis,
12:23mais c'est une spécialité chez moi,
12:25LFI a quand même un gros
12:27examen de conscience à faire.
12:29Oui, il faut
12:31une génération Charlie, puis il y a
12:33un petit groupe de jeunes qui s'appelle comme ça d'ailleurs,
12:35parce que finalement, l'idée
12:37c'est, alors cet esprit Charlie, il faut le
12:39conserver, mais la
12:41génération Charlie, c'est en fait de
12:43penser que cet esprit, et la
12:45manière de concevoir le monde que ça génère,
12:47peut structurer
12:49une vie, une personnalité, une manière
12:51de voir le monde, et une honnêteté
12:53et surtout
12:55le sens des nuances. Parce que
12:57notre grand problème aujourd'hui, c'est les radicalités
12:59idéologiques et les violences qu'elles portent automatiquement.
13:01Je crois que le sens de la nuance, c'est révolutionnaire
13:03aujourd'hui. Le monde est complexe.
13:05Il n'y a pas beaucoup de sens de la nuance aujourd'hui, vous ne trouvez pas Éric Delbecq.
13:07Elle est exterminée en permanence.
13:09On a une société qui est extrêmement clivée.
13:11Je voulais vous poser une question justement,
13:13parce que c'est aussi votre domaine, vous êtes expert
13:15en sécurité intérieure.
13:17L'état de la menace terroriste en France,
13:19elle en est où ?
13:21Il est toujours très élevé. Alors il y a des moments
13:23où on s'assoupit. On pense que parce qu'on n'a pas
13:25eu pendant un certain nombre de mois
13:27d'attentats, le risque a diminué.
13:29Et c'est faux. Les services
13:31continuent à travailler
13:33comme ils travaillaient avant.
13:35Bien évidemment, il y a eu des grands moments
13:37dont Charlie fait partie, ou le Bataclan,
13:39ou Nice. Mais la menace,
13:41elle nécessite toujours autant de travail
13:43de nos services. Et il y a encore quelque temps, parce que tout ça
13:45évolue bien évidemment chaque mois,
13:47chaque mois, chaque année. Mais est-ce qu'on est le mieux armé aujourd'hui ?
13:49C'est fait de ce qu'on a vécu. Ça dépend qui.
13:51C'est-à-dire que nos services de renseignement,
13:53ils sont maintenant affûtés. Au bout de
13:55dix ans, ils sont affûtés. Alors de temps en temps, il y a des débats
13:57à la noix pour expliquer
13:59qu'il faudrait les réformer de fond en comble.
14:01Mais en fait, ils sont plutôt beaucoup améliorés.
14:03En revanche, la société civile,
14:05ça n'a pas bougé.
14:07Quand vous regardez
14:09aujourd'hui comment sont protégées les organisations,
14:11les entreprises, les services publics,
14:13on ne prépare pas la population,
14:15non seulement à réagir efficacement,
14:17mais du coup à réagir peut-être
14:19avec un petit peu moins de crainte. Parce que quand on est
14:21préparé, on a quand même un peu moins peur.
14:23Je prends un exemple très précis. Aujourd'hui,
14:25faire des exercices de réaction
14:27à l'intrusion armée sur
14:29des sites, c'est
14:31un défi absolument insurmontable.
14:33Généralement, c'est le haut des pyramides hiérarchiques
14:35qui sont toujours inquiètes. C'est jamais la base.
14:37C'est le haut. Donc c'est quand même
14:39intéressant parce que, bien évidemment,
14:41le politiquement correct régnant,
14:43dès qu'on fait ce type d'exercice,
14:45vous en avez toujours un pour lever le doigt,
14:47en disant oui, mais ça veut dire qu'on va stigmatiser
14:49des gens ou qu'on va parler de l'islamisme,
14:51etc. Détendez-vous,
14:53n'ayez pas peur de votre ombre. Je vous rappelle
14:55qu'on se bat contre un phénomène qui n'est pas une religion
14:57mais qui est un totalitarisme.
14:59Vous pouvez être décontracté. Vous ne serez ni
15:01islamophobe, ni
15:03en train d'insulter aucune personne.
15:05C'est le défi un peu
15:07de ces prochaines années pour
15:09nos gouvernements, pour nos politiques.
15:11Nous apprendre à tous
15:13à savoir réagir.
15:15Je pense qu'il y a quand même une petite tendance.
15:17On voit bien que le monde est quand même devenu
15:19un petit peu préoccupant.
15:21Je suis toujours un peu
15:23circonspect avec les grandes formules.
15:25Quand on parle de réarmement moral,
15:27oui, mais comment, pourquoi, dans quelles conditions ?
15:29Mais est-ce qu'on doit retrouver une forme
15:31de combativité, que ce soit
15:33avec ce qui se passe à l'international ou ce qui se passe
15:35à l'intérieur ? Bien évidemment.
15:37Merci beaucoup, en tout cas, Eric.
15:39Tiens, si, je voulais peut-être vous poser une question d'actualité.
15:41Vous avez vu, effectivement, ces influenceurs algériens
15:43qui sont arrêtés les uns
15:45après les autres, puisque Bruno Retailleau a dit
15:47qu'ils ne lâcheraient rien et ils se feront interpeller
15:49les uns après les autres. Vous en pensez quoi, vous ?
15:51Moi, j'en pense que
15:53l'apologie du terrorisme, c'est un des
15:55grands dangers d'aujourd'hui et j'ai écrit
15:57un petit papier dans les colonnes du Figaro pour
15:59expliquer qu'il n'y avait pas besoin d'avoir une Kalash pour être un djihadiste.
16:01Illustration concrète.
16:03Merci beaucoup, en tout cas.
16:05Merci beaucoup, Eric Delbecq,
16:07d'être venu sur le plateau
16:09d'Europe en soirée week-end, les irresponsables
16:11dix ans après Charlie Hebdo.
16:13Voilà, on vous le conseille.
16:15C'est un témoignage qui est fort.
16:17Vous étiez directeur de la Sûreté
16:19de la rédaction de Charlie Hebdo après les attentats.
16:21Merci d'être venu sur le plateau.