Dix ans d'enquête révèlent des liens troublants entre Nicolas Sarkozy et le régime libyen de Kadhafi, avec des accusations de financement illégal de sa campagne de 2007. Mediapart et des témoignages explosifs relancent le débat sur cette affaire complexe.
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00:00Les premières accusations, elles datent même de 2011, peu avant la chute de Muammar Kadhafi.
00:04Chute qu'encourageait alors la France et son président de l'époque, un certain Nicolas Sarkozy,
00:08en soutenant la révolte populaire libyenne.
00:11Pour le contexte, on s'en souvient, c'est cette période appelée le printemps arabe,
00:14durant lequel plusieurs régimes autoritaires voisins sont déjà tombés.
00:18Début 2011, donc, Kadhafi est au bord du gouffre et le 10 mars,
00:21voilà qu'une agence de presse libyenne menace de révéler, je le cite,
00:25un secret de nature à mettre en péril la carrière politique du chef de l'État français.
00:30Alors, quelques journaux s'en font l'écho en France, il y a ce tweet du Monde Afrique, par exemple, à l'époque,
00:34puis c'est le fils de Kadhafi, Saïf al-Islam, qui réclame dans une interview, lui,
00:38que Nicolas Kadhafi rende l'argent au peuple libyen.
00:42Pas plus de détails, c'est finalement le colonel libyen.
00:44Vous avez dit Nicolas Kadhafi, on est obligés de dire Nicolas Sarkozy.
00:47Sarkozy, pardon, pardon, qui affirme dans un entretien au Figaro,
00:51la boulette est un peu plus tard, il va révéler plus tard, je le cite,
00:55donc le colonel Kadhafi lui-même, c'est grâce à nous qu'il est arrivé,
00:58Sarkozy, cette fois-ci, à la présidence, c'est nous qui lui avons fourni les fonds.
01:02Ça, c'est la partie libyenne, les débuts, donc, facilement remis en cause,
01:05puisqu'étant aux abois, le régime dit peut-être n'importe quoi.
01:08Sauf qu'en France, deuxième temps, Mediapart prend le relais et révèle,
01:11le 28 avril 2012, entre les deux tours, une note, en arabe, signée d'un certain Moussa Koussa,
01:17chef des services de renseignement extérieur de la Libye à l'époque,
01:20qui ferait état d'un accord de principe, dès 2006,
01:23pour appuyer la campagne électorale du candidat Sarkozy, pour 50 millions d'euros.
01:28Dès le lendemain, Nicolas Sarkozy dénonce un faux, une infamie même,
01:32et va porter plainte contre Mediapart.
01:34Alors, je résume, parce qu'il y a eu une enquête, plusieurs décisions de justice rendues,
01:38mais ça va jusqu'à la cour de cassation, qui valide, finalement, le non-lieu,
01:41en faveur de Mediapart, qui n'authentifie pas non plus le document.
01:45Il y a d'ailleurs tout un film, dont vous voyez la bande-annonce,
01:47qui sort ce mercredi, sur le rôle de Mediapart dans cette affaire,
01:50leur révélation, c'est vrai, difficile à croire, car on est là, franchement,
01:53dans le scénario du film d'espionnage le plus tendu.
01:56Et le film s'appelle « Personne n'y comprend rien ».
01:58« Personne n'y comprend rien », sauf que là, cette fois-ci, on essaie d'y comprendre, justement.
02:02Et alors, en plus, on va rajouter « L'homme d'affaires franco-libanaisie »
02:05avec Taqueddine, et c'est 72 versions.
02:07C'est ça, c'est le troisième et dernier point de départ de cette affaire.
02:1017, pardon.
02:10Coup de tonnerre, quand on en reprend en janvier 2013,
02:13qu'il aurait lâché devant un juge d'instruction, Renaud van Wijnbeek,
02:15que oui, la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy a bien été financée par le régime libyen.
02:20Il confirme aussi la somme de 50 millions d'euros.
02:22Il dit même avoir livré lui-même des valises de grosses coupures.
02:25S'ensuivre, vous l'avez dit, des rétractations,
02:27mais tout de même sont ouvertes une information judiciaire,
02:30puis une enquête préliminaire contre X qui sera transmise en 2014
02:33à une toute neuve juridiction qui vient d'être créée, le parquet national financier.
02:37C'était donc, il y a 10 ans, 10 ans d'enquête dont on voit aujourd'hui le résultat.
02:41C'est 13 hommes traduits devant la justice.