• avant-hier
Macron : « La France n’est pas en recul en Afrique, elle se réorganise »

Category

Personnes
Transcription
00:00Et je veux le faire là aussi avec beaucoup de reconnaissance
00:05pour tout le travail que vous faites et de clarté.
00:08D'abord, nous avons un agenda qui doit sortir en quelque sorte
00:14des obsessions du passé.
00:15J'ai fait le maximum des efforts et je continuerai de le faire
00:18pour regarder les questions historiques,
00:20culturelles et mémorielles.
00:21Je crois que nous l'avons fait
00:23avec beaucoup de sincérité ces dernières années
00:24et du travail inédit qui a été fait sur l'Algérie
00:28avec la commission Stora, en passant par le discours
00:32qui a été donné en ce moment par le ministre à Tiroi
00:33pour le Sénégal, à la politique de restitution des oeuvres d'art
00:37conformément à l'agenda de Ouagadougou que j'avais évoqué.
00:41Nous avons, ces dernières années,
00:42profondément changé ce logiciel.
00:46C'est-à-dire que la France regarde son passé
00:47dans sa complétude, elle a nommé les choses
00:50et elle cherche à avoir une approche scientifique,
00:53historiographique, à la fois décomplexée et dépassionnée,
00:56et nous le ferons encore avec le Cameroun,
00:57avec le comité d'historien que nous avons installé.
01:01Et j'assume totalement cette politique, elle est bonne.
01:04Et je le dis en tant que président,
01:06la République naît après la décolonisation,
01:10dans un continent qui a 75 % à moins de 25 ans.
01:15Le dialogue avec l'Afrique ne peut pas être l'otage
01:19d'un panafricanisme de bon aloi contemporain
01:22qui utilise, en quelque sorte, un discours postcolonial,
01:26en ayant d'ailleurs des soutiens de revers
01:29qui sont les impérialistes d'aujourd'hui.
01:31Et donc, cette espèce de combination
01:35de faux intellectuels manipulant les réseaux sociaux,
01:39utilisant le désarroi d'une jeunesse
01:42et les intérêts de la Russie ou d'autres en Afrique,
01:45soyons lucides, mais n'y cédons pas.
01:47Et donc, dans ce contexte-là,
01:48non, la France n'est pas en recul en Afrique,
01:51elle est simplement lucide, elle se réorganise.
01:52Je dis ça parce que quand je lis une bonne partie de notre presse
01:55et beaucoup de commentaires,
01:57les gens, en regardant avec les lunettes d'hier,
01:59disent que c'est terrible, l'Afrique,
02:00on est en train de disparaître.
02:01Non, on a choisi de bouger en Afrique.
02:03On a choisi de bouger parce qu'il fallait bouger.
02:07Un, on a regardé notre relation passée,
02:09mémorielle, culturelle,
02:13on la factualise, on l'assume, on se dit la vérité,
02:17mais on ne cède rien à la désinformation et aux ingérences.
02:20Deux, nous avions une relation sécuritaire.
02:25Elle était de deux natures, en vérité.
02:27Il y a une partie, c'était notre engagement
02:29contre le terrorisme depuis 2013.
02:31On avait raison.
02:34Je crois qu'on a oublié de nous dire merci.
02:35Ce n'est pas grave, ça viendra avec le temps.
02:37L'ingratitude, je suis bien placé pour le savoir,
02:40c'est une maladie non transmissible à l'homme.
02:42Et je le dis pour tous les gouvernants africains
02:44qui n'ont pas eu le courage,
02:45vis-à-vis de leurs opinions publiques, de le porter,
02:48aucun d'entre eux ne serait aujourd'hui
02:49avec un pays souverain si l'armée française
02:51ne s'était pas déployée dans cette région.
02:53Et j'ai une pensée émue pour nos soldats
02:56qui, parfois, ont donné leur vie
02:58et pendant des années se sont battus.
02:59Nous avons bien fait.
03:01On est partis parce qu'il y a eu des coups d'Etat,
03:03parce qu'on était là à la demande d'Etats souverains
03:06qui avaient demandé à la France de venir.
03:08A partir du moment où il y a eu des coups d'Etat,
03:10où les gens ont dit, notre priorité,
03:12ce n'est plus la lutte contre le terrorisme,
03:14c'est ceci ou cela qu'importe,
03:16la France n'y avait plus sa place
03:18parce que nous ne sommes pas les supplétifs de putschistes.
03:21Donc on est partis.
03:23Et ensuite, on a décidé, ça, c'est le 2e volet,
03:25de réorganiser notre présence militaire.
03:27Pourquoi ?
03:28Parce qu'on avait, en quelque sorte, une rémanence.
03:31Et on nourrissait nous-mêmes un discours postcolonial.
03:35Parce que dans les pays d'Afrique francophone,
03:37il y avait cette histoire
03:38et donc on avait laissé une présence installée
03:40dans nos bases.
03:41Est-ce qu'elle avait encore une justification ?
03:43Plus tellement.
03:44Est-ce que c'était ça, le rayonnement de la France ?
03:45Non.
03:46Je salue tous ceux qui ont servi.
03:47Ca ne l'était plus là.
03:49Et ça n'était plus compris, c'était utilisé.
03:52C'est-à-dire que tous les réseaux d'activistes que j'évoquais
03:54venaient dire, regardez les Français,
03:55ils ont un camp avec 2 000 soldats, là.
03:57Donc ils vont préparer un coup d'Etat.
03:59Et toutes les désinformations possibles
04:01étaient utilisées contre nous.
04:03Donc nous avons patiemment,
04:04et je remercie Jean-Marie Bockel,
04:06je le remercie à double titre, personnel,
04:08et pour cette mission,
04:09parce qu'il fait partie de ceux qui ont vécu
04:11dans sa chaire et la chaire de sa famille,
04:13ce que j'évoquais tout à l'heure.
04:14Mais il a mené patiemment,
04:16en lien avec les ministres et le Séma, cette mission.
04:20Et donc nous avons proposé aux chefs d'Etat africains
04:24de réorganiser notre présence.
04:25Comme on est très polis,
04:26on leur a laissé la primauté de l'annonce.
04:29Mais ne vous trompez pas, c'est nous qui l'avons...
04:31Et parfois, il a fallu les pousser.
04:33Mais pas parce qu'on est polis, corrects
04:35et qu'on se réorganise nous-mêmes
04:36qu'il faudrait que ce soit retourné contre nous
04:38en disant qu'ils sont chassés d'Afrique.
04:39Je peux vous dire que dans bien de ces pays,
04:41on ne voulait pas enlever l'armée française
04:43ou même la réorganiser.
04:44Mais on l'a assumé ensemble.
04:46C'est ça, le partenariat.
04:48Et donc, oui, nous sommes en train d'ouvrir
04:49un partenariat de sécurité et de défense nouveau.
04:52On aura des bases stratégiques.
04:54Djibouti en fait partie.
04:55C'est pourquoi elle est d'une toute autre nature.
04:56Je l'évoquais devant nos militaires.
04:58Elle sera pérenne, stable, parce qu'elle est régionale.
05:02Et on va demander à nos partenaires
05:03de savoir exprimer leurs besoins en termes de défense.

Recommandations