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00:00On va commencer, si vous le voulez bien, on va parler des agriculteurs, on va parler de beaucoup de choses.
00:03Mais il y a quelque chose qui m'a interpellée, c'est Emmanuel Macron qui a prononcé aujourd'hui son discours devant les ambassadeurs.
00:08C'est une tradition politique française.
00:10Pour la première fois, il a parlé de Boalem Sansal et il a dit...
00:14Je vais vous laisser écouter les mots qu'il a prononcés.
00:17Moi, ça m'interpelle.
00:18Il dit que l'Algérie se déshonore à retenir dans de quelles telles conditions un citoyen français dans ses geôles.
00:24Écoutez Emmanuel Macron.
00:26J'ai une pensée singulière pour un combattant de la liberté, écrivain, franco-algérien qui est Boalem Sansal.
00:35Il est détenu de manière totalement arbitraire par les responsables algériens.
00:40L'Algérique nous est mon temps et avec laquelle nous partageons tant d'enfants et tant d'histoires.
00:46Entre dans une histoire qui la déshonore à empêcher un homme gravement malade de se soigner.
00:54Et ça n'est pas à la hauteur de ce qu'elle est.
00:56Et nous qui aimons le peuple algérien et son histoire, je demande instamment à son gouvernement de libérer Boalem Sansal.
01:02Voilà pour Emmanuel Macron.
01:03Nous qui aimons le peuple algérien et son histoire.
01:06Il fait la différence évidemment entre les dirigeants algériens, Louis de Ragnel, et le peuple algérien pour demander cette libération.
01:13On espérait que la France la demande de façon aussi officielle et claire et nette.
01:16Voilà, ça intervient de manière un peu tard pour les amis de Boalem Sansal parce qu'on aurait aimé entendre une réaction beaucoup plus vive.
01:22Et puis, et surtout, ses propos sont à mettre en relation avec ceux qu'Emmanuel Macron tenait au début de son premier quinquennat
01:29où il expliquait sans cesse que c'était ses amis les Algériens.
01:32Le président d'Eboune était quelqu'un de tout à fait respectable avec qui il fallait dialoguer et discuter.
01:38Et on a l'impression qu'Emmanuel Macron, juste avec l'emprisonnement...
01:42Le président algérien l'a traité d'imposteur, c'est ça, le président Macron, la fin décembre.
01:46Absolument.
01:47Terrible.
01:47C'est assez régulier parce que le carburant électoral interne en Algérie, c'est de cracher son venin sur la France en permanence.
01:55Donc, c'est la première fois en tout cas qu'Emmanuel Macron...
01:57Le caste au pouvoir fait que ça, oui.
01:59Emmanuel Macron a un regard critique sur l'Algérie.
02:02Et je me souviens simplement, moi, des réactions à l'Élysée quand pendant des années et des années, on expliquait ce que dit aujourd'hui Emmanuel Macron.
02:09Et on était à chaque fois... On se faisait reprocher d'être des rétrogrades, de ne pas regarder l'avenir, de ne pas aimer les Algériens.
02:16Enfin, Emmanuel Macron est devenu lucide sur la question algérienne.
02:20Oui, il est loin le temps où Emmanuel Macron félicitait le président Tebboune pour sa réélection.
02:25Vous vous souvenez, il l'a fait.
02:26Mais ce qui est quand même sidérant, pardonnez-moi, sur la façon dont Emmanuel Macron mène sa diplomatie au Maghreb,
02:33c'est qu'on a l'impression que quand il commet une boulette, pour la rattraper, il commet une autre boulette.
02:37Vous voyez, j'entendais Vincent Hervouët ce matin sur CNews qui dit mais...
02:40Chez Pascal Praud, il était excellent.
02:41Est-ce que c'était bien le moment de reconnaître le Sahara occidental ?
02:44C'est une vraie question, vu les relations qui se dégradaient avec l'Algérie.
02:47Après, je pense que Tebboune nous a menés par le bout du nez, si j'ose dire, pendant des mois et des mois.
02:52Vous savez, le nombre de fois où il a annulé des visites officielles en France,
02:56le nombre de fois où il s'est servi de la guerre d'Algérie comme une rente mémorielle pour nous faire marcher au pas saccadé.
03:02Bon, je pense que le président a raison de dire ne confondons pas le peuple algérien et le pouvoir algérien.
03:08Mais là, c'est quand même le service minimum et qui arrive bien tard pour Boilems.
03:13Sur le service minimum, oui.
03:14Sur la reconnaissance du Maroc sur le Sahara occidental, je pense qu'il a bien fait, le président de la République.
03:20Il avait réussi l'exploit jusqu'ici d'être fâché à la fois avec les Algériens et les Marocains.
03:24Et le Tunisie.
03:25Donc normalement, on avait dans le passé un président qui favorisait l'Algérie quand il était plutôt de gauche
03:29ou un président qui favorisait le Maroc quand il était plutôt de droite.
03:32Là, on était fâché avec tout le monde.
03:33Bon, on se réconcilie avec les Marocains.
03:35Mais je suis d'accord avec vous, par contre, sur la deuxième partie de votre intervention,
03:38c'est tiède.
03:39C'est très tiède sur l'Algérie.
03:40Et puis surtout, ce ne sont que des mots.
03:42Pourquoi ne pas prendre des mesures de rétorsion à l'encontre de l'Algérie ?
03:45Que ce soit pour Boilems-Sensal ou pour le non-respect des obligations de quitter le territoire français.
03:49On a encore eu un exemple avec ces braqueurs de pharmacie, de taxi qui sont remis en liberté.
03:54On va parler des influenceurs.
03:55Et puis les influenceurs.
03:56On y part, on y vient.
03:57Un petit mot de Rachel.
03:58C'est pas Emmanuel Macron du tout, les influenceurs.
04:00Oui, OK.
04:01Rachel.
04:02Moi, je ne trouve pas que ce soit tiède.
04:03Je trouve que c'est peut-être trop tard.
04:04Mais c'est quand même important que le président se soit exprimé, notamment pour ses voeux
04:08à la diplomatie française.
04:10Chaque jour de détention de cet écrivain est un scandale.
04:13Mais un scandale absolu.
04:15Après, j'ai l'impression que nous avons presque une responsabilité collective.
04:19Comment l'Algérie peut se permettre ça ?
04:21Presque deux mois de détention arbitraire d'un homme malade de 80 ans,
04:26avec donc des traitements inhumains et dégradants.
04:28Malheureusement, on a toute une classe politique, en revanche, qui ne dit rien.
04:32Avec un silence abyssal à faire le terreau d'une idéologie morbide.
04:37Rachel, une chose sur la responsabilité collective.
04:39Ça fait quand même plus de 30 ans qu'il y a beaucoup de responsables politiques
04:43qui dénoncent l'inaction des politiques français,
04:45qui dénoncent la collusion avec la peur du régime algérien.
04:49Il y a eu de nombreuses campagnes présidentielles,
04:52des candidats de droite qui ont voulu remettre en question les accords,
04:54déviant les accords entre l'accord franco-algérien qui permet...
04:58Mais rien n'a été fait.
04:59Rien n'a été fait.
05:00Ça fait des années et des années qu'on dénonce le fait
05:02qu'Alger refuse de délivrer des laissés-passer consulaires.
05:05Il y a quand même un certain nombre de gens qui ont été, entre guillemets,
05:08des lanceurs d'alerte, qui étaient disqualifiés.
05:11C'est ce que disait Rachel.
05:13Les deux piliers, finalement, de la politique française vis-à-vis de l'Algérie.
05:17Emmanuel Macron a illustré l'un et l'autre.
05:19Alternativement, il y a d'une part une forme de naïveté,
05:21parce que pourquoi n'est-il pas intervenu plus tôt en faveur de Boilem Sansal ?
05:24Parce que dans un temps, les autorités françaises ont considéré
05:27que ça ne serait pas un service à rendre à l'écrivain,
05:29en accréditant finalement la tête de l'Algérie.
05:31Ils ont tenté la négociation en secret, j'imagine.
05:33Oui, mais c'est là où c'était de la naïveté,
05:35puisque de toute façon, la réaction de l'Algérie
05:37était malheureusement éminemment prévisible.
05:39Donc il y a la naïveté d'une part, et l'autre, c'est la peur.
05:42Parce qu'il faut bien voir que les responsables politiques français
05:44vivent dans la peur par rapport aux opérations de déstabilisation
05:47que le pouvoir algérien ne cesse d'entreprendre sur le territoire.
05:49On y va sur les influenceurs.
05:50Il y a les influenceurs, mais les Algériens ont toujours conservé
05:53des réseaux en France, via notamment la Grande Mosquée de Paris,
05:56pour pouvoir, quand ça leur convient, peser sur les élections
06:01ou provoquer X ou X troubles dans l'opinion.
06:04Et donc les responsables politiques français ont aussi peur vis-à-vis de l'Algérie.
06:06Mais enfin, comme l'a dit le vieux dicton, la peur n'évite pas le danger de toute façon.
06:09Ce sont des propos qui vous engagent Jean-Sébastien Ferjus.
06:11Je n'ai pas d'informations sur le fait que la Grande Mosquée de Paris
06:13ait activé le moindre trouble.
06:15Que le pouvoir algérien ait conservé des réseaux en France
06:19pour pouvoir justement maîtriser la communauté algérienne,
06:22alors ça ne veut pas dire que les Algériens en tant qu'individus...
06:25Il y a une communauté franco-algérienne d'abord, française aussi.
06:29Oui, des Algériens qui soient de nationalité française,
06:31qui soient de nationalité algérienne, vivant en France.
06:33Mais enfin, c'est un fait établi que ces réseaux-là existent
06:36et que l'Algérie en tire les ficelles pour continuer.
06:38Erdogan le fait aussi avec la communauté turque.
06:41Non mais au-delà des mots, c'est vrai que la réaction est quand même tiède
06:44du président de la République.
06:45Hier, vous avez le ministre d'Affaires étrangères, Jean-Noël Barraud,
06:47qui avait marché sur un chemin qui était intéressant.
06:50Il ne parlait pas des accords de 68, il parlait de l'accord cadre
06:53entre la France et l'Algérie qui date d'il y a trois ans.
06:56Et il a dit, le ministre d'Affaires étrangères,
06:58j'ai un doute sur le fait que les Algériens le respectent.
07:00C'est le moins qu'on puisse dire.
07:01Peut-être que le président de la République aurait pu aller un peu plus loin
07:03en disant, puisqu'il ne respecte pas cet accord diplomatique,
07:07humain qu'on a signé avec eux, on va le remettre en cause.
07:10Je ne parle pas de 68.
07:11Non mais le problème, c'est qu'à force de tarder systématiquement,
07:17Emmanuel Macron se met dans une situation dans laquelle
07:19il ne peut quasiment plus avoir de discours d'autorité.
07:21Pourquoi ? Parce que s'il avait été trop dur avec Alger,
07:23Alger s'en serait servi comme prétexte pour dire,
07:25vous voyez bien, ce sont ces propos-là qui font que
07:29Boilem Sansal va rester jusqu'à la fin de ses jours dans les joues algériennes.
07:31Mais moi, ce que je reproche au président, à chaque fois,
07:34c'est vraiment de toujours tarder, de prendre beaucoup trop de temps.
07:36Mais qui s'est mis dans cette situation de faiblesse ?
07:38C'est lui, c'est Emmanuel Macron.
07:39Quand il dit, la guerre d'Algérie est un crime contre l'humanité,
07:41quand il fait campagne pour la première fois,
07:42ensuite il dit, des années plus tard,
07:44le pouvoir en place s'en sert comme une rente mémorielle.
07:47Et après, il fait le rapport Thora, bien sûr.
07:50Rachel, la question de l'entrisme des influenceurs,
07:56de ces influences d'idéologie morbide,
07:59ce n'est pas que du fait d'Emmanuel Macron.
08:01C'est pour ça que je parlais de responsabilité collective.
08:03C'est que les lanceurs d'alerte, etc.,
08:05ne sont pas non plus épaulés par l'ensemble des leaders politiques.