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00:00Sur Europe 1, édition spéciale jusqu'à 14h, consacrée à la disparition à l'âge de 96 ans de Jean-Marie Le Pen
00:06et une archive solar, une deuxième, que je souhaite vous faire écouter maintenant, elle date de 2011.
00:11Nous sommes le 16 janvier 2011 et ce jour-là, Jean-Marie Le Pen réagit et annonce finalement que c'est sa fille,
00:19Marine Le Pen, qui va donc reprendre le flambeau et lui succéder. C'était sur Europe 1.
00:24Marine Le Pen, 11 546, soit 67,65%. Marine Le Pen est élue présidente du Front National.
00:39L'émotion m'étreint, je ne vous le cache pas. Pour la confiance que vous avez témoignée, pour l'amitié que vous avez témoignée, merci encore.
00:50Voilà, Jean-Marie Le Pen qui annonce la succession naturelle de sa fille chérie, loyale, Marine Le Pen.
00:58Succession qui s'est faite sans trop de fracas finalement, malgré une campagne interne.
01:02Alors moi, je ne suis pas évidemment dans l'intimité de cette campagne, mais Marine Le Pen dit a posteriori que ce n'était pas une campagne simple.
01:08Elle était à l'époque face à Bruno Gollnisch et qu'il y avait en interne, au sein du Front National à l'époque, des résistances, des tensions face à cette jeune femme
01:18et qu'elle a dû aussi gravir les échelons au sein du parti.
01:22Parfois, le procès qu'on fait à Marine Le Pen, le procès moral en lui disant « mais finalement, tout vous est tombé un peu tout cuit et vous n'avez eu qu'à reprendre les clés de la maison Front National », c'est vrai et ce n'est pas vrai.
01:34Elle a aussi eu à faire ses classes, à montrer qu'elle pouvait reprendre le Front National et après à le transformer.
01:40Et là, c'est là que c'est intéressant et c'est l'actualité la plus récente, c'est la transformation du Front National dans le Rassemblement National.
01:47C'est la mue sociale sur les questions sociales, c'est la mue sur les questions européennes à l'époque, aussi sous l'influence de Florian Philippot.
01:53Et le Rassemblement National d'aujourd'hui n'a finalement plus grand chose à voir, ou en tout cas de grande différence avec tout ce que nous disons depuis tout à l'heure sur le vieux Front National, sur Ordre Nouveau,
02:03sur toutes ces analyses que nous menons sur les racines du Front National avec le poujadisme, etc.
02:09Tout ça a évolué, c'est devenu un grand parti de la droite nationale ou même peut-être du populisme européen qui, à bien des égards, s'est distancié de l'ADN historique du Front National.
02:19Alors, je parlais de succession naturelle, mais Louis Draynel, était-ce aussi naturel que ça, finalement, que ce soit Marine plutôt que Yann ou Marie-Caroline ?
02:29Parce qu'il avait trois filles, on le rappelle, Jean-Marie Le Pen.
02:31Entre les trois filles, pour le coup, il n'y avait pas trop de débat sur le fait que ce serait Marine Le Pen qui succéderait à son père.
02:37En revanche, il y avait vraiment des différences de lignes programmatiques entre Bruno Goldnich, qui lui incarnait beaucoup plus la ligne conservatrice catholique,
02:46assumée d'une partie du Rassemblement National, et de l'autre côté, Marine Le Pen, qui, elle, était beaucoup plus progressiste et ouverte sur, notamment, toutes les questions de société.
02:57Je pense à la question de l'IVG, il y a eu du mariage pour tous, exactement, où Marine Le Pen n'était pas du tout sur une position conservatrice.
03:08Et donc, il y a eu une forme de clarification, c'est-à-dire que Marine Le Pen a emporté avec elle et a mis à la tête du RN, pour la plupart des dirigeants du RN, des gens qui incarnaient sa ligne à elle.
03:20Et d'ailleurs, le choix qu'elle a fait ensuite, c'était de nommer Florian Philippot comme directeur de cabinet, qui, lui, n'était absolument pas dans la ligne catholique traditionnelle qui était portée par Bruno Goldnich.
03:31Bruno Goldnich, qui, rappelons-le, est celui qui est resté fidèle à Jean-Marie Le Pen. C'est un peu le soldat de Jean-Marie Le Pen, puisqu'au moment de la scission avec Bruno Maigret, Bruno Goldnich, lui, était resté fidèle à Jean-Marie Le Pen.
03:44Gabrielle Cluzel.
03:45Oui, alors, sur la succession, je crois qu'il y a quand même une petite histoire. C'est que, assez naturellement, c'était plutôt l'aîné de Jean-Marie Le Pen qui devait reprendre le flambeau, qui s'appelait Marie-Caroline.
03:56Et en réalité, son mari, si je ne me trompe pas, ayant suivi Bruno Maigret, eh bien, elle a été détrônée au profit de Marine Le Pen, ou en tout cas, Marine Le Pen s'est imposée naturellement.
04:09C'est vrai que c'est intéressant de s'y arrêter, parce qu'il y a une vraie histoire de famille, quand même. Une histoire de famille extrêmement forte, et on pourrait en faire un film, avec des rebondissements, on se souvient qu'il y a eu leur appartement qui a sauté, elle le raconte, Marine Le Pen, dans ses mémoires, il y a eu un attentat.
04:24Gilles Lapoirier, dans le 15e arrondissement, pas très loin d'Europe, d'ailleurs.
04:27Exactement, il y a eu l'affaire avec Pierrette Le Pen, dont tout le monde a pu profiter. À l'époque, Marine Le Pen est étudiante, elle raconte que ça a quand même été assez difficile.
04:35D'ailleurs, on voit qu'on est dans la continuité, parce que pour une fille, quel qu'elle soit, même un grand personnage politique, apprendre la mort de son père par une dépêche de l'AFP dans l'avion, c'est quand même pas très simple, pas très facile.
04:47Vous parliez de Bruno Gollnisch, il est avec nous en direct, ancien dirigeant et ancien député européen du Rassemblement National, du Front National. Bonjour Bruno Gollnisch.
04:58Bonjour.
04:59Merci beaucoup d'être avec nous en direct sur Europe 1, Europe 1 13h. Une première réaction suite à cette disparition de Jean-Marie Le Pen à 96 ans.
05:07C'était dans l'ordre des choses prévisibles, naturellement, mais c'est quand même une grande émotion.
05:13C'est la perte d'un ami, d'un personnage qui a laissé une trace considérable dans l'histoire, grâce à une persévérance absolument extraordinaire,
05:27qui, malgré les épreuves, les attaques de toute nature judiciaire, financière, physique souvent d'ailleurs aussi, qui a réussi à faire d'une formation politique tout à fait marginale au départ,
05:47une des grandes formations politiques aujourd'hui, aptes sans doute à gouverner notre pays et je l'espère bien sûr à redresser la barre.
05:58Bruno Gollnisch, ancien dirigeant, ancien député européen du Rassemblement National, du Front National avec nous en direct sur Europe 1.
06:04Qu'est restera-t-il selon vous de Jean-Marie Le Pen ?
06:09Je pense à titre principal qu'il a été un éveilleur. Il a réveillé un certain nombre de peuples, pas seulement en France d'ailleurs, principalement en France bien sûr,
06:24puisque c'est la France qui était bien naturellement sa priorité, mais cette défense de l'identité nationale contre les forces obscures d'un mondialisme
06:36dont on voit bien les dégâts considérables, mais dont on attend toujours les bénéfices. Cette défense des identités, elle a fait école en Europe
06:47beaucoup de mouvements européens aujourd'hui, que l'on appelle de termes plus ou moins appropriés, souverainistes, identitaires, voire même populistes,
06:55après tout pourquoi pas puisqu'ils défendent des peuples. Eh bien ces mouvements ont pris le Front National comme modèle.
07:02On serait surpris de voir à quel point même des personnalités d'autres continents, africaines, asiatiques ou d'Amérique du Nord ou du Sud,
07:14venaient voir Jean-Marie Le Pen et le considéraient comme un modèle et avaient bien perçu qu'en défendant sans agressivité ou sans mépris à l'égard de tout autre peuple
07:24ou de toute autre culture, qu'en défendant l'identité de son pays, implicitement, implicitement, ils défendaient aussi la leur.
07:3413h48 sur Europe 1, on est avec Bruno Gollnisch, ancien dirigeant et ancien député européen du Front National.
07:41Alors vous étiez très proche de Jean-Marie Le Pen, on le savait malade, vous alliez le voir, que vous a-t-il dit, confié sur les chances de sa fille,
07:52donc Marine, de s'imposer lors de la prochaine élection présidentielle ?
07:57Comme vous le savez, il y a eu dans le passé un contentieux extrêmement malheureux que personnellement j'ai déploré,
08:05qui avait conduit à sa mise à l'écart du Front National devenu Rassemblement National,
08:15mais malgré cela, il souhaitait, il suivait l'actualité et il souhaitait la victoire, il souhaitait les succès, il se réjouissait des succès du Rassemblement National.
08:26Et très bien, merci beaucoup Bruno Gollnisch, ancien dirigeant, ancien député européen du Front National.
08:36Merci d'être avec nous en direct sur Europe 1, merci pour cette première réaction.
08:39C'est 13h49, on est ensemble jusqu'à 14h avec Louis Dragnel, avec Paul Melun, avec Gabrielle Cluzel et on va écouter tout de suite Laurent Tapie,
08:48autre réaction, le fils de Bernard Tapie, c'est une archive sonore, c'était Laurent Tapie, le fils de Bernard Tapie,
08:57qui est revenu sur le débat en 89 entre son père et Jean-Marie Le Pen et il était l'invité d'Eric Moriot dans l'émission Les Incorrectibles.
09:07On se souvient tous de ce débat face à Jean-Marie Le Pen, ça, ça avait été un moment vraiment charnière pour lui ou c'était les médias qui s'en sont gargarisés ?
09:16C'est une réalité, ça a été un moment charnière parce que sur le plan de la forme, il a dominé le débat.
09:23Avec le recul, je vais vous dire, c'est un des trucs dont je suis le moins faire pour le coup,
09:27parce que les événements ont montré que sur le fond de les discussions, c'est pas Tapie qui avait raison.
09:36C'est puissant ce que vous dites, le fils de Bernard Tapie reconnaît aujourd'hui que sur le fond, c'était Jean-Marie Le Pen qui avait eu raison.
09:44A moins d'être aveugle, vous ne pouvez pas dire le contraire. Vous savez, vous avez le droit de vous tromper dans la vie, ce qui est grave, c'est de persister dans l'erreur.
09:52C'est intéressant la réaction de Laurent Tapie. C'est vrai que le débat de 89 entre ces deux hommes est quelque chose qui est un des plus grands moments peut-être de télévision,
10:02avec peut-être l'ordre de vérité de la Ve République. C'était un moment où, véritablement, c'était autour du petit écran que se faisait la politique et la vision que les Français pouvaient avoir de ces deux hommes.
10:13Sachant que Bernard Tapie avait été aussi un peu conçu dans le début des années 90 par François Mitterrand comme l'arme anti-Le Pen,
10:19parce qu'on le disait tout à l'heure que Jean-Marie Le Pen était l'homme du peuple, était le tribun de la plèbe,
10:23et bien Bernard Tapie était un contre-tribun de la plèbe, puisque lui aussi, lui venait d'un milieu très populaire.
10:29Il avait de la goye, il avait de la personnalité, c'était un entrepreneur, un businessman qui s'était fait tout seul dans l'époque,
10:35et donc s'engageait à un bras de fer terrible entre Bernard Tapie, qui était plutôt le défenseur de la mondialisation, c'était les années fricques, de l'immigration comme une chance pour la France, etc.
10:45et Jean-Marie Le Pen qui, face à ça, était un anti-mondialisation, qui était un protectionniste, qui était un protecteur des Français.
10:52Et donc, on a véritablement l'affrontement entre deux lectures du monde parfaitement antagonistes, incarnées l'une et l'autre par des hommes d'un grand talent oratoire,
11:00parce que que ce soit Bernard Tapie ou Jean-Marie Le Pen, on avait quand même deux monstres d'éloquence.
11:04Donc évidemment, tous les ingrédients étaient réussis pour une émission de télévision historique, et ça a eu lieu.
11:09Oui, c'est vrai, vous avez raison, ces séquences, c'était des moments qui rassemblaient toute la France.
11:17Il y a eu l'épisode évidemment avec Bernard Tapie, Bernard Tapie c'était l'anti-Jean-Marie Le Pen de fait, mais il y a aussi toutes ces heures de vérité qui ont beaucoup joué dans l'ascension et la notoriété de Jean-Marie Le Pen.
11:31Alors concernant les débats, c'est vrai qu'aujourd'hui on se sent parfois un peu orphelin, quand il est question du remboursement des lunettes, on se dit c'est un peu moins haut, même à un débat de second tour de présidentiel.
11:43Et c'est vrai qu'on regrette ces grands tribuns. Alors, il y a quelque chose qui nous a été quand même un petit peu volé par Jacques Chirac, c'est le débat du deuxième tour en 2002, parce que ça aurait été vraiment intéressant qui n'a pas eu lieu puisque Jacques Chirac a refusé ce débat.
11:58Il a refusé, c'était le premier front républicain, c'était un petit peu comme à l'Assemblée, d'ailleurs ceux qui refusent de serrer la main aux députés, c'était une façon de dire non vous n'êtes pas dans le champ républicain.
12:07Et ça aurait été quand même un grand moment dans l'histoire des débats politiques.
12:12Louis Dragnel.
12:13Non mais je suis d'accord avec vous, moi je pense qu'a posteriori, c'est parce qu'en réalité Jacques Chirac avait un peu peur, parce que Jean-Marie Le Pen c'est quelqu'un qui globalement, quand il attaquait verbalement dans les joutes verbales dans les débats, il n'y allait pas de main morte, il y allait extrêmement cash, c'était assez précis, assez ciselé.
12:30Et puis comme c'est quelqu'un qui avait une vraie gymnastique d'esprit, une habileté intellectuelle, le maniement des mots, la précision, à chaque fois c'est quelqu'un qui utilisait peu d'adverbes, et bien c'était un adversaire redoutable sur les plateaux de télévision pour quasiment toute la classe politique.
12:44C'est celle d'Images aussi qui va rester de Jean-Marie Le Pen, c'est quelqu'un de combatif jusqu'au bout.
12:50Je pense que c'est l'illustration, une page se tourne avec la mort de la vie politique, avec la mort de Jean-Marie Le Pen, et une page aussi qui concerne, c'est un peu ce que vous disiez, le niveau de la vie politique, c'est quelqu'un qui avait vécu mille vies.
13:04Aujourd'hui, combien d'hommes politiques, indépendamment des polémiques de tout ce que voulait Jean-Marie Le Pen, combien ont vécu un quart de la vie de Jean-Marie Le Pen ?
13:13Qui, rappelons-le, était pupille de la nation, a connu la seconde guerre mondiale, il a connu la guerre, il a été mineur de charbon, il a été éditeur, il a été homme politique, il a été candidat plusieurs fois à l'élection présidentielle.
13:25Objectivement, il y a peu de gens qui ont vécu ça dans une seule vie.
13:31Et en 2025, ça va être une année charnière véritablement désormais pour Marine Le Pen, avec effectivement la décision de son jugement, qui concerne évidemment son inéligibilité possible, et donc la mort de son père, ça fait beaucoup.
13:45Alors ça fait beaucoup, mais la question c'est vraiment celle de l'impact politique de la mort de Jean-Marie Le Pen.
13:53Il est un tout petit peu tôt pour s'avancer et dire voilà ce qui va se passer, mais ce qui est certain, quasiment certain, c'est que je pense qu'il y aura au moins un peu d'empathie à l'endroit de Marine Le Pen, et ça va réveiller des souvenirs, et ça m'étonnerait globalement que Marine Le Pen pâtisse de la mort de son père.
14:14Ça va jeter beaucoup d'embarras, je pense quand même.
14:16Du côté d'Emmanuel Macron, on va voir que faire avec la mort de Jean-Marie Le Pen.
14:21Merci beaucoup à tous.

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