Cérémonie du Grand Prix de l'Urbanisme et des Palmarès des jeunes urbanistes, 18 décembre 2024, Cité internationale universitaire de Paris.
Table-ronde n°2 - "La ville en blanc en questions"
Avec Claire Schorter et ses invités :
Virginie Vial, directrice générale de la SAMOA
Fabrice Bardet, sociologue chercheur à l'ENTPE
Christine Leconte, architecte, directrice de l’ENSA Paris-Belleville
Échanges avec les PJU UR et Bellevilles.
Projection de la vidéo restitution, mercredi 2 octobre 2024
Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et Paris 19ème (Paris) avec UR et Bellevilles, lauréats des Palmarès de jeunes urbanistes 2024,
"Repenser les modèles d’activités en milieu urbain".
Animation de la cérémonie : Thierry Keller et Yoann Sportouch.
Table-ronde n°2 - "La ville en blanc en questions"
Avec Claire Schorter et ses invités :
Virginie Vial, directrice générale de la SAMOA
Fabrice Bardet, sociologue chercheur à l'ENTPE
Christine Leconte, architecte, directrice de l’ENSA Paris-Belleville
Échanges avec les PJU UR et Bellevilles.
Projection de la vidéo restitution, mercredi 2 octobre 2024
Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et Paris 19ème (Paris) avec UR et Bellevilles, lauréats des Palmarès de jeunes urbanistes 2024,
"Repenser les modèles d’activités en milieu urbain".
Animation de la cérémonie : Thierry Keller et Yoann Sportouch.
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00:00:00Alors, on va passer à un deuxième moment fort que tu as choisi, Claire.
00:00:08Je vous rappelle, mesdames, messieurs, mais vous l'avez hyper bien fait tout à l'heure,
00:00:12que vous avez donc des post-it à votre disposition
00:00:17et que tout au long de la table ronde, vous pouvez poser vos questions.
00:00:21Et vous avez vu que Xavier Gorce, assisté d'Henri Bourgeaud, est extrêmement discipliné.
00:00:29Ça ne lui ressemble pas du tout, mais là, en l'occurrence, il l'est.
00:00:33Voilà. Merci, Xavier.
00:00:37Alors, la ville en blanc, en question, c'est l'intitulé de cette deuxième table ronde.
00:00:45Pour en parler, je vous demande d'accueillir Christine Lecomte, Fabrice Bardet et Virginie Vial.
00:00:52Merci à tous les trois de venir nous rejoindre sur ces fauteuils.
00:00:59Rebonjour. Installez-vous. Allô, allô. Ouais, non, je ne l'ai toujours pas.
00:01:14Bienvenue. Bonjour.
00:01:24Alors, Claire, le titre de cette table ronde pose une question, en l'occurrence celle de la ville en blanc.
00:01:33Peux-tu nous expliquer ce que l'on entend aujourd'hui par la ville en blanc ?
00:01:37C'est une critique de la ville générique, de la ville standardisée.
00:01:43Pourquoi tu as choisi cette thématique ?
00:01:47C'est vrai que quand on regarde très objectivement le résultat de certains quartiers contemporains,
00:01:53en tout cas, moi, ça a aussi fait partie de ma crise de sens,
00:01:57on est parfois dubitatif de ce que cela donne à la ville et à ses habitants.
00:02:03On en a largement parlé dans la table ronde précédente.
00:02:07Les quartiers, ces dernières décennies, sont fabriqués de plus en plus vite, par gros morceaux,
00:02:15de plus en plus gros puisque les moyens industriels le permettent et on recherche de la rentabilité.
00:02:22On en a aussi parlé.
00:02:24Les standards de bâtiments sont calés sur des trames de parking, donc 16 mètres,
00:02:28ce qui implique des logements en placard mono-orientés, un couloir au milieu et des logements sur les côtés.
00:02:33Des cuisines en second jour, souvent, c'est le corollaire de ces logements en placard.
00:02:38Alors que cette épaisseur de 16 mètres calée sur la trame de parking n'est que très récente.
00:02:42Elle date des années 80.
00:02:44Avant, le logement traversant était quand même la base de nos villes.
00:02:49On a fait beaucoup de bureaux, toujours plus épais, toujours plus rentables.
00:02:54Et on se promène souvent, parfois, le long du rez-de-chaussée, qui sont tristes, voire aveugles.
00:03:01Effectivement, quand on a mis l'entrée de l'immeuble, le local vélo, il reste dans les angles les transformateurs,
00:03:08les locaux réseaux de chaleur ou autre, bref, les locaux techniques.
00:03:14Parce qu'en fait, le métier d'architecte et d'urbaniste, c'est un métier très compliqué.
00:03:18Donc, tout ce dont on a parlé tout à l'heure, les petites attentions, tout ça, en général, ça vient après.
00:03:22Et donc, ces mécanismes, ces constats, qui ne sont pas systématiques, mais qui sont néanmoins courants,
00:03:30sont, je pense, mais peut-être que Fabrice Bardet nous en dira tout à l'heure plus,
00:03:35le résultat d'une déviance de la fabrique de la ville par la rentabilité économique,
00:03:41qui est quand même un vecteur très puissant de la fabrique de la ville.
00:03:45Et cette notion de rentabilité, de capitalisation de la ville par les produits immobiliers,
00:03:50peut conduire à des écueils et peut conduire à ce que moi, j'appelle la ville en blanc, la ville générique.
00:03:57La ville en blanc, c'est la ville sans usage, sans usager préalable.
00:04:00Donc, faire la ville sans usager préalable, on fait des standards.
00:04:03Et ensuite, parce qu'on fait des moyennes, des moyennes de besoin, et on construit comme ça la ville à partir de moyennes.
00:04:10Et pour moi, c'est quand même des choses assez questionnantes.
00:04:15Une manière de ne pas tomber dans ces écueils de la ville générique, à l'agence, ça marche ça ?
00:04:22Ah, j'ai oublié cette petite citation de Thierry Paco que j'aime beaucoup.
00:04:27C'est toujours bien de citer Thierry Paco, de toute façon.
00:04:29L'urbanisme, ce moment occidental est masculin. Il y avait une question sur le patriarcat tout à l'heure,
00:04:33donc peut-être que Thierry Paco y répond.
00:04:35De la fabrique de la ville, Productivis s'intéresse en priorité aux actifs en bonne santé et solvable.
00:04:40Il cherche la plus grande rationalité fonctionnelle au nom précisément de la rentabilité.
00:04:46Donc, c'est un peu ce que j'ai résumé.
00:04:48Et donc, à l'agence, on a essayé d'échapper à ces écueils en commençant par travailler sur des petits projets ciselés.
00:04:56À Rungis, donc, dans ce petit bourg de Rungis, on connaît bien le marché international, mais il y a aussi un tout petit village.
00:05:04Donc, on a fait un petit quartier, voilà, adressé sur cette plaine agricole.
00:05:10Et on a aussi travaillé, je montre juste quelques images, sur ce quartier aussi, à Plaisance-Arène, au bord du canal de Lille.
00:05:18Donc, on a, parce que c'est des petites pièces urbaines, on a été très, très attentifs à la qualité des logements,
00:05:23à la qualité des seuils, à la présence de la nature au pied de chez soi.
00:05:27Et un ami aménageur me taquinait en parlant de mes acounettes.
00:05:31Donc, on a fait des petites acounettes, mais...
00:05:34C'est très technique comme terme.
00:05:36Pardon ?
00:05:37Très technique.
00:05:38Très technique.
00:05:39Acounettes.
00:05:40La question de la fabrique de la ville non générique à l'échelle de quartiers centraux s'est posée à l'agence en 2017,
00:05:48à partir de 2017, avec le projet de Lille-de-Nantes.
00:05:52Notre saison de Lille-de-Nantes, avec Jacqueline Austy, donc mandataire sur ce projet,
00:05:57était donc de créer, sur ce périmètre que vous voyez ici, 300 000 m2 de bâtiments,
00:06:05mélangés logements, activités, équipements, sans existant.
00:06:10Alors, on est à cheval sur un mine qui a été déplacé à l'extérieur de la ville, un marché d'intérêt national,
00:06:18et un grand faisceau ferroviaire qui est l'ancienne gare de marchandises de Nantes, et sans la Loire.
00:06:24Donc, quand on est arrivé sur la Lille-de-Nantes, on ne s'attendait pas à avoir ce morceau difficile,
00:06:29puisqu'un morceau qui capte une grande partie de la densité de Lille-de-Nantes,
00:06:33et un morceau qui est donc coincé entre le Faubourg existant et le futur CHU,
00:06:39donc qui prend place au sud de ce périmètre.
00:06:43Et donc, j'ai été, à l'arrivée, assez tétanisée à l'idée de faire un quartier générique, sans accroche, avec un existant.
00:06:53Et par ailleurs, j'admirais beaucoup le travail réalisé par Alexandre Chéméthoff et ses équipes dans le Faubourg voisin.
00:07:00Donc, un travail d'acupuncture urbaine qui a profité du parcellaire pour intégrer des bâtiments récents,
00:07:09tout en conservant les espacements et ce qui fait la richesse de ce Faubourg,
00:07:14c'est-à-dire un mélange de formes, un mélange d'époques, des respirations, des espaces publics avec des grandes places,
00:07:21des rues, mais aussi des toutes petites venelles.
00:07:23Bref, on a parlé d'espacement tout à l'heure.
00:07:25Voilà, cette justesse d'espacement qui était caractéristique de ce Faubourg.
00:07:30Et donc, nous avons regardé à l'agence ce qui constituait ce tissu.
00:07:36Ce qui constituait ce tissu, c'est d'abord le parcellaire.
00:07:40Donc, ce parcellaire qui a permis à ce quartier d'évoluer, de continuer à changer,
00:07:47d'une manière très organique, par petites touches,
00:07:51et la possibilité d'intériorité, de mitoyanté, de singularité, dans un parcellaire diversifié.
00:08:02Ce parcellaire, malheureusement, cette question du parcellaire a disparu dans l'urbanisme contemporain,
00:08:08pour des questions, là aussi, de rapidité technique et opérationnelle et de rentabilité.
00:08:15La première chose, c'est qu'on a mis des parkings, et plus le parking est grand, plus c'est facile à faire,
00:08:20donc des parkings sous les lots, et donc on s'est mis à faire des lots de plus en plus gros,
00:08:24et quand on a un parking qui fossilise le sol, comme ça, c'est ensuite difficile d'aller imposer un découpage parcellaire.
00:08:30Et néanmoins, ce parcellaire, c'est, me semble-t-il, un patrimoine culturel et immatériel de nos villes.
00:08:38La deuxième chose qui caractérise ce tissu, c'est des grands îlots.
00:08:44Alors, vous voyez l'îlot qu'on a entouré, parfois il est redécoupé en deux sur les autres secteurs,
00:08:50parfois il est en angle, mais on a un îlot de 120 mètres par 120 mètres,
00:08:55c'est un petit peu technique, mais ça a son importance,
00:08:58120 mètres par 120 mètres, qui permet d'avoir à l'extérieur de l'îlot des bâtiments qui sont adressés sur des rues,
00:09:03et à l'intérieur de l'îlot, un autre monde, un autre monde de cours, de venelles, d'artisans, de jardins,
00:09:10que le piéton peut aussi parcourir.
00:09:12Moi, c'est ça que j'aime dans le Faubourg, c'est cette diversité, on a des rues, mais on a aussi des surprises,
00:09:21et des parcours, et des intériorités.
00:09:23Et donc, nous avons proposé à la Samoa, dirigée par Virginie Vial,
00:09:28qui me fait l'honneur d'être présente aujourd'hui à cette table ronde,
00:09:33nous avons proposé à la Samoa de décliner ses principes à la recherche d'un tissu composite.
00:09:38Je le dis parce qu'on a expérimenté des choses,
00:09:43et ça a été possible grâce à l'engagement de la Samoa, de Virginie, de ses équipes qui sont là,
00:09:51et aussi des élus de Nantes que je salue aujourd'hui.
00:09:55Donc la proposition que l'on a faite, c'est de décliner cette forme de grand îlot de 120 mètres par 120 mètres de côté,
00:10:08qui correspond en gros à la taille de ce qu'on appelle un macrolot,
00:10:1220 à 30 000 mètres carrés, enfin entre 10 et 30 000 mètres carrés,
00:10:15sauf que ce grand îlot de 120 mètres de côté, nous l'avons découpé en 4 à 5 à 6 lots,
00:10:22c'est-à-dire des petits lots, dans lesquels on a différencié les programmes, les écritures,
00:10:27donc chaque lot est un opérateur, donc des promoteurs aussi qui peuvent être plus petits, pas que les majors,
00:10:33des petites agences d'architecture qui donc travaillent en mitoyenneté à l'intérieur de ces grands îlots,
00:10:38et c'est ça qui nous a intéressés, c'est ce début de la complexité qui nous a intéressés,
00:10:42qui travaille déjà presque en voisin.
00:10:44A l'intérieur de chacun de ces lots, nous avons proposé à la Samoa de redécouper en parcelles,
00:10:503, 4 parcelles qui sont, voilà, quelque chose qu'on va léguer,
00:10:54c'est-à-dire des bâtiments qui sont ancrés dans le sol jusqu'au tréfonds,
00:10:58donc pas de parking en dessous, et qui donc, dans les années à venir,
00:11:02les décennies, les centaines d'années, pourront évoluer, et donc pas une ville figée,
00:11:07et ça c'était quelque chose qui me semblait vraiment très important,
00:11:10donc on a dissocié le parking sous un seul des lots, qui est aussi le lot le plus dense qui contient le bureau,
00:11:16et, enfin, une grande partie du bureau,
00:11:20et on a eu la chance de pouvoir avoir dans ce quartier, dans ce projet,
00:11:25une mixité à 50-50 de logements et d'activités et d'équipements,
00:11:29et on a profité de ces petits lots et de ce parcellaire
00:11:32pour décliner la diversité programmatique à la petite échelle.
00:11:38Et ensuite, la dernière chose qu'on a faite, c'est qu'on a confisqué des dents creuses,
00:11:44qui nous échappent, que Virginie et ses équipes,
00:11:48puisque nous on est en train de terminer notre saison sur l'île de Nantes,
00:11:52des petites dents creuses qui échappent, qui vont donc échapper à la construction de la ville par l'offre,
00:11:59mais qui seront des projets associés à la demande,
00:12:03associés à une demande de collectifs d'habitants, de petits entrepreneurs, etc.
00:12:07Donc, quelques photos.
00:12:09Ça, c'est le plan que ça donne, mais je vais passer très vite, parce que je sens que...
00:12:12Oui, il faut faire très vite, parce qu'on prend un petit peu de retard.
00:12:15Je ne vais pas les citer, mais on a travaillé avec un certain nombre d'architectes,
00:12:19choisis avec beaucoup de soin pour, justement, l'approche qu'ils ont sur la qualité du logement et le soin.
00:12:26Et puis, on a... Voilà, ça, c'est le premier bloc qui vient d'être livré.
00:12:32Notre obsession à l'agence, une de nos obsessions, et ça, c'est aussi un héritage de Gaël et de David,
00:12:37c'est le rez-de-chaussée, c'est les rythmes des rez-de-chaussée, c'est les chicanes.
00:12:42Donc, on a évité de tracer tout droit, parce que les chicanes, c'est facile pour les piétons,
00:12:46c'est plus compliqué pour les voitures. Donc, ça permet de pacifier la ville.
00:12:50Ce sont les angles. On a travaillé avec détail pour, justement...
00:12:54Parce qu'en fait, souvent, première esquisse, paf, les transfos sont dans les angles.
00:12:58Donc, on a travaillé avec les architectes pour faire en sorte que les transfos ne soient pas dans les angles
00:13:02et que ce que ça donne à la ville, c'est des angles vivants, bien traités, avec des curiosités.
00:13:09Voilà. Donc, je vous montre quelques images.
00:13:12On a travaillé aussi sur la possibilité d'habiter au rez-de-chaussée.
00:13:14Autant, c'est pas possible d'habiter au rez-de-chaussée.
00:13:16Souvent, on nous dit, non, habiter au rez-de-chaussée, c'est pas terrible.
00:13:18Sauf que si on est sur une petite venelle qui est à l'échelle domestique,
00:13:22donc sur un espace public adapté, avec une mise à distance, un seuil, un duplex,
00:13:27là, ça devient possible.
00:13:28Et c'est aussi important de pouvoir démultiplier, pour la vie dans la ville, les adressages.
00:13:33Et évidemment, pas de chambres sur rue, parce que ça finit toujours mal.
00:13:37On a aussi intégré l'artisanat.
00:13:42Alors, ça, c'était aussi une petite tentative, une typologie.
00:13:46On a réinterprété la typologie de la cour artisanale au rez-de-chaussée d'un bureau, d'un bâtiment de bureau.
00:13:52Un bâtiment de bureau, souvent, les rez-de-chaussée, c'est un peu rasoir.
00:13:55Et donc, là, on a proposé à la Samoa de glisser une cour artisanale,
00:13:58avec une sorte de péréquation entre le bâtiment de bureau et ses locaux plus modestes.
00:14:04Et donc, aujourd'hui, à l'intérieur de ce bloc, de ce grand îlot,
00:14:08on a une petite cour avec menuisier, électricien, etc.
00:14:11Et c'est la fabrique de la ville.
00:14:13À l'intérieur de nos villes contemporaines, c'est des choses qui se perdent.
00:14:17Donc, c'est, à notre sens, très important de les retrouver.
00:14:21La crise immobilière actuelle fait qu'il y a une forme de robustesse de ces petits lots,
00:14:26parce que les opérateurs ne sont pas à portée des macro-lots de 10 000 m2.
00:14:30Ils le font quand même avec difficulté, mais ça sort quand même.
00:14:35Virginie en parlera peut-être.
00:14:39Même s'il y a toujours la tendance d'aller chercher plus dense,
00:14:42de dégrader un peu les ambitions carbone et biosourcées,
00:14:45pour aller retrouver de la rentabilité dans la crise actuelle.
00:14:49En quelque sorte, c'est à l'inverse de là où on devrait aller.
00:14:52Là, peut-être que Fabrice Bardet pourra nous parler aussi
00:14:55de cette question des mécanismes financiers.
00:14:57Je ne l'ai pas présenté.
00:14:58C'est d'ailleurs le moment de présenter tes invités.
00:15:00Je présente Fabrice, qui est directeur de recherche en sciences politiques à l'ENTPE.
00:15:05Il s'est penché notamment sur l'histoire des mécanismes financiers
00:15:08de la fabrique de la ville.
00:15:10Je ne le connais pas, mais je suis très heureuse qu'il soit avec nous
00:15:15et je suis sûre qu'il a plein de choses à nous dire.
00:15:17On s'est parlé, évidemment, mais ça me paraissait important
00:15:19d'avoir aussi un chercheur sur cette thématique-là.
00:15:23Peut-être qu'il nous éclairera sur les indices de qualité et de durabilité
00:15:29dans la construction de la ville actuelle
00:15:31et dans l'histoire de la construction de la ville.
00:15:33Peut-être avant de passer la parole aux intervenants et aux intervenantes,
00:15:37au-delà de la fabrication d'un tissu,
00:15:39comme tu viens de nous l'exposer sur les lentes,
00:15:41est-ce que la réhabilitation n'est-il pas un moyen
00:15:46ou un autre moyen de lutter contre cette ville générique ?
00:15:51Tout à fait, Johan.
00:15:57L'histoire de l'île de Nantes, c'est ça.
00:16:00C'est d'abord un travail de la première équipe sur l'île de Nantes,
00:16:06un travail sur la réhabilitation du patrimoine industriel au portuaire.
00:16:11Quand on est arrivé sur l'île de Nantes avec l'équipe de Jacqueline Austy,
00:16:15on a proposé à la Samoa d'élargir la question du patrimoine
00:16:18aux bâtiments des années 70
00:16:20et à la réhabilitation des patrimoines des années 70.
00:16:23Ce qui reste un sujet techniquement et économiquement très difficile.
00:16:28Il y a la Miante, il y a en plus à Nantes les sujets sismiques.
00:16:32Et loin d'être une évidence, c'est pour ça que je souhaite,
00:16:35ça me semble important d'en parler,
00:16:36et je pense que Christine Lecompte,
00:16:38qui est la troisième évitée de cette table ronde,
00:16:41qui est architecte et urbaniste
00:16:43et qui est l'ancienne présidente de l'Ordre...
00:16:46Juste avant, elle était présidente de l'Ordre des architectes.
00:16:49Elle est maintenant directrice de l'école d'architecture de Belleville
00:16:52et elle s'est attaquée avec force et conviction
00:16:55à ces sujets de défis écologiques et sociétaux
00:16:58notramment à travers le sujet de la réhabilitation.
00:17:01Je veux en profiter aussi pour dire un tout petit mot
00:17:04sur un autre échec que l'on a eu, nous, à l'agence.
00:17:07On n'a pas que des réussites et c'est important aussi,
00:17:11il me semble, de raconter ces échecs.
00:17:14On a travaillé sur la Cité-Jardin de la Butte-Rouge
00:17:18entre 2016 et 2018
00:17:21et la divergence de vue avec la collectivité
00:17:24sur la qualité de l'habitat
00:17:26et l'importance de réhabiliter plutôt que de démolir
00:17:28nous a conduits à quitter ce projet
00:17:31et à dire tant pis, ça sera sans nous.
00:17:34On avait vraiment travaillé très finement
00:17:36sur les différents motifs,
00:17:38les différentes typologies de bâtiments sur ce projet
00:17:41et malheureusement, mais j'espère que ce n'est pas fini,
00:17:45que le combat n'est pas fini,
00:17:47aujourd'hui, il y a des approches un peu plus démolisseuses
00:17:52que ce qu'on avait prévu.
00:17:54Christine, je te propose de commencer peut-être
00:17:58par un retour sur les politiques publiques
00:18:01ou sur ce que tu veux,
00:18:03qui ont conduit à plus de simplifications.
00:18:05Christine qui a été nominée au Grand Prix de l'urbanisme
00:18:08et qui nous fait la mystérie et la gentillesse.
00:18:10Voilà, j'ai eu la chance d'être connominée
00:18:12avec Christine Lecomte et Isabelle Barro-Serfati
00:18:15qui sera là à la troisième table ronde,
00:18:17d'être connominée au Grand Prix,
00:18:19donc un palmarès très féminin
00:18:21et je suis très heureuse et très fière
00:18:23qu'elle ait accepté de venir témoigner
00:18:25à ces tables rondes.
00:18:27Merci Claire.
00:18:28Merci Claire, tu peux venir nous rejoindre.
00:18:31Merci beaucoup Claire,
00:18:33c'est un honneur d'être là et d'être à tes côtés
00:18:37et je pense que ce Grand Prix
00:18:39est vraiment très significatif d'une époque
00:18:42et toutes les tables rondes que tu portes,
00:18:44c'est des sujets qu'on porte
00:18:46et je suis très heureuse que ce soit toi
00:18:48qui l'aies eu ce Grand Prix.
00:18:50Peut-être avant de commencer,
00:18:52je voulais juste avoir une petite attention
00:18:54pour les habitants de Mayotte.
00:18:56Je pense que le monde de l'urbanisme
00:18:58est très sensible à ce qui se passe
00:19:00et j'avais l'impression qu'on ne pouvait pas
00:19:02les oublier aujourd'hui.
00:19:04Pour revenir à notre sujet,
00:19:08mais qui n'est pas loin finalement,
00:19:10je pense qu'il y a un enjeu
00:19:12autour de cette ville en blanc
00:19:13et de cette standardisation
00:19:15qui percute les choses
00:19:16et pourquoi aujourd'hui la réhabilitation
00:19:18est une solution.
00:19:19C'est une solution non pas simplement
00:19:20pour une question de patrimoine
00:19:22et d'héritage bâti,
00:19:23mais c'est aussi une solution écologique très forte
00:19:25et d'ailleurs, on s'est rencontré par téléphone
00:19:27la première fois,
00:19:28c'était sur l'engagement pour la Butte Rouge
00:19:30parce qu'on voulait vraiment avoir
00:19:32un levier sur ce quartier
00:19:35pour montrer comme une cité jardin
00:19:37était aujourd'hui un territoire parfait
00:19:40pour le futur par rapport aux changements climatiques.
00:19:44Et donc c'est vrai qu'on subit aujourd'hui
00:19:46trois crises,
00:19:47le climat, la biodiversité et la ressource
00:19:49et ça questionne aussi les modes de fer
00:19:51de la production du logement
00:19:54et ça percute aussi la standardisation
00:19:56du logement qui s'est fabriqué
00:19:58depuis quelques années,
00:19:59notamment avec la rentabilité,
00:20:01la financiarisation, le pinel,
00:20:03l'agencement des normes
00:20:05qui ont fait qu'en fait,
00:20:06on s'est retrouvé avec ce que tu as très bien décrit
00:20:08tout à l'heure,
00:20:09des logements mono-orientés,
00:20:10les cuisines en fond de séjour,
00:20:12des espaces collectifs sans fenêtres,
00:20:14une ventilation qui ne peut pas être faite
00:20:18par les fenêtres, etc.
00:20:19Et donc ce constat, c'est toujours un peu le même
00:20:21et c'est un peu ce qu'il faut qu'on dépasse aujourd'hui,
00:20:23c'est un constat, un problème,
00:20:25une solution pour tout le monde.
00:20:26Toujours la même.
00:20:27Les toits en blanc,
00:20:28ça va nous sauver de la chaleur.
00:20:30Les capteurs à carbone,
00:20:31ça va nous permettre de sauver les enfants
00:20:34dans les classes.
00:20:35Ça, c'est les journalistes qui disent ça.
00:20:36Non, mais à chaque fois,
00:20:37on nous demande un problème, une solution,
00:20:39alors qu'en fait, aujourd'hui,
00:20:41on est dans l'inverse,
00:20:42c'est-à-dire que la crise et l'urgence écologiques
00:20:45nous obligent collectivement
00:20:47à aller vers ce que vous faites au quotidien,
00:20:50c'est-à-dire une exigence de qualité
00:20:53qui soit sur les territoires,
00:20:55très engagée par rapport aux ressources sociales, économiques
00:20:58et qui s'inscrit dans le déjà-là
00:21:01en prenant le patrimoine et la réhabilitation
00:21:03comme étant la base.
00:21:06Et donc, c'est vrai qu'effectivement,
00:21:08à partir du moment où on se retrouve
00:21:09dans cette situation-là,
00:21:11on n'a pas le choix.
00:21:12On n'a pas le choix, il faut le faire avec.
00:21:14Mais c'est ça qui est génial,
00:21:15c'est que la réhabilitation,
00:21:17c'est partir d'un héritage social,
00:21:19c'est montrer comment est-ce qu'on peut s'ancrer
00:21:22dans la vie des habitants.
00:21:24Et moi, je pense que c'est ça que vous faites
00:21:26et qu'on devrait faire partout.
00:21:27Le problème, c'est qu'on n'a pas l'ingénierie partout,
00:21:30on n'a pas la Samoa partout,
00:21:32on n'a pas facilement accès à ça
00:21:36sur tous les territoires
00:21:38et qu'il y a souvent des différences
00:21:39entre ce que l'on fait dans des territoires
00:21:41où il y a énormément de possibilités
00:21:44et d'autres territoires qui sont un peu abandonnés
00:21:46où il y a plutôt un urbanisme d'opportunités
00:21:48qui continue à être standardisé.
00:21:50Donc voilà, les réponses, il faut faire très attention
00:21:52et surtout quand on donne une réponse,
00:21:54souvent elles questionnent, par exemple,
00:21:56les parkings et le photovoltaïque.
00:21:58Quand on dit on va mettre des photovoltaïques
00:22:00sur tous les parkings
00:22:01de tous les centres commerciaux de France
00:22:02parce que c'est génial,
00:22:03en fait on fige le parking du centre commercial
00:22:05qui est peut-être
00:22:06la seule opportunité foncière de la ville.
00:22:08Donc c'est ça aussi, la standardisation,
00:22:10ce n'est pas une seule réponse à une seule question.
00:22:13Merci Virginie.
00:22:15Merci beaucoup.
00:22:16Oui, ben oui.
00:22:22Virginie, Claire nous a présenté
00:22:25tout un tas de photos de l'île de Nantes.
00:22:28Justement, comment ça se passe à Nantes
00:22:32quand on est des îles de la Samoa
00:22:34pour éviter cette fameuse ville en blanc ?
00:22:39Bonsoir à tous.
00:22:41Je pense que Claire l'a très bien présenté
00:22:44quand elle a présenté le quartier République.
00:22:47On a vraiment complètement partagé avec elle
00:22:50tous les principes qu'elle a exposés,
00:22:52on les a mis en œuvre,
00:22:53le quartier est livré.
00:22:55Et alors aujourd'hui, on se dit que c'est réussi.
00:22:58Même s'il vient d'être livré,
00:23:00la vie commence à prendre place,
00:23:02mais en tout cas,
00:23:04la concrétisation de la promesse est là.
00:23:07Peut-être quelques points
00:23:10sur lesquels j'ai envie d'insister.
00:23:14Un, c'est vraiment l'importance de la diversité.
00:23:19Ce quartier République,
00:23:20alors c'est vrai qu'on a eu,
00:23:21comme Claire t'as dit, j'ai été ténadisée.
00:23:24C'était un morceau difficile.
00:23:26C'était vraiment un lieu, moi j'ai dit un peu ingrat,
00:23:30vu ce qu'on a pu avoir ailleurs sur l'île de Nantes.
00:23:33La Loire était loin,
00:23:34le gros CHU qui arrive était juste à côté.
00:23:37Et donc on a vraiment eu cette angoisse
00:23:40de l'éco-quartier standardisé.
00:23:43C'est cette question qu'on a posée à Claire et Jacqueline
00:23:46quand elles ont commencé à prendre en main le sujet.
00:23:48C'est comment on fait pour livrer un quartier
00:23:51qui est une âme, qui ressemble à l'île de Nantes
00:23:54et qui, en même temps, ait sa personnalité propre.
00:24:00Et là, je vais réinsister à nouveau
00:24:02sur la diversité, la variété.
00:24:05D'abord, des programmes.
00:24:07Tu as dit, Claire, on a eu la chance de la mixité.
00:24:10En fait, c'est pas une chance, la mixité.
00:24:13C'est quelque chose qui se décide.
00:24:15Nous, c'est toujours quelque chose
00:24:17qu'on a beaucoup porté sur l'île de Nantes.
00:24:19Et c'est rare.
00:24:20Souvent, c'est des quartiers résidentiels.
00:24:21Oui, mais du coup, c'est peut-être le moment
00:24:23de dire qu'on peut choisir ça.
00:24:25C'est-à-dire que c'est pas...
00:24:28Voilà, ça va être le rôle de l'aménageur,
00:24:30mais ça va être aussi le rôle des élus,
00:24:33des services municipaux, des agglomérations.
00:24:38Que d'instituer cette mixité de programmes,
00:24:41mixité de logements, mais d'amener du bureau,
00:24:44des commerces, des activités, de l'artisanat,
00:24:47je pense que c'est peut-être la première brique
00:24:50pour pas réaliser quelque chose
00:24:52de complètement standard.
00:24:54Et ensuite, cette diversité,
00:24:58du coup, ça amène une diversité d'usagers.
00:25:01Et ça, c'est important d'avoir en ville
00:25:03des gens qui se croisent,
00:25:04qui ne vivent pas la même chose,
00:25:05qui sont pas là pour les mêmes raisons,
00:25:07qui vont se rencontrer, parfois se frotter,
00:25:10mais qui, du coup, se font de la place.
00:25:13Et c'est aussi...
00:25:14Et du coup, ça s'exprime
00:25:15dans une diversité d'architectures.
00:25:18On la retrouve vraiment à toutes les échelles.
00:25:21Et je veux pas dire que c'est une recette,
00:25:24mais en tout cas, c'est un point de vigilance
00:25:26qu'on doit avoir
00:25:28quand on veut avoir cette ville sur mesure.
00:25:33C'est beaucoup ce qu'on a apporté avec toi.
00:25:38Je pense que...
00:25:41On sent que derrière, il y a des questions
00:25:43un peu sur la rentabilité, l'économie.
00:25:46Moi, ce que j'ai envie de partager cet après-midi,
00:25:48c'est qu'en fait, le quartier République,
00:25:51on l'a fait et économiquement, ça tourne.
00:25:55Donc, c'est compatible.
00:25:58Alors oui, on est dans une métropole dynamique.
00:26:02Tout le monde veut venir vivre à Nantes.
00:26:04Où il y a une valeur de marché
00:26:07qui nous permet de faire,
00:26:09qui nous donne des moyens.
00:26:10Et vous l'avez souligné,
00:26:11tout le monde n'a pas la Samoa.
00:26:13C'est vrai qu'on a un peu ce luxe de l'ingénierie.
00:26:17Mais peut-être que ça coûte pas si cher
00:26:19au regard de la masse financière
00:26:22qui, finalement, est investie
00:26:23pour réaliser les opérations.
00:26:28Donc, voilà, c'est pas antinomique, en fait.
00:26:31On peut faire une ville non standardisée
00:26:33et qui trouve une économie qui fonctionne.
00:26:38Oui, il y a une question de volonté derrière.
00:26:41En l'occurrence, c'est ce que vous disiez.
00:26:44Ah ben, bien évidemment.
00:26:46Ça, je pense qu'il y a une question de volonté.
00:26:48Il y a une question...
00:26:49Ce qui a été très important
00:26:50dans le travail qu'on a fait avec Claire et Jacqueline,
00:26:53c'est qu'on a porté le projet ensemble.
00:26:56C'était...
00:26:57Voilà, il n'y a pas d'un côté les urbanistes,
00:26:59de l'autre, le maître d'ouvrage
00:27:00et puis, en face, le promoteur
00:27:02et du quatrième côté, les élus,
00:27:04et du cinquième, les habitants.
00:27:05Pour le coup, on l'a porté collectivement.
00:27:07On l'a porté avec les élus.
00:27:09Donc, oui, on a été très volontaires.
00:27:14Et en même temps, toujours à l'écoute.
00:27:17C'est-à-dire qu'il n'y a jamais de dogmatisme.
00:27:19Je pense qu'on a avancé avec de l'exigence,
00:27:24mais en étant aussi capables
00:27:26de s'adapter aux événements,
00:27:28aux acteurs qui étaient en face de nous.
00:27:32Claire, une remarque.
00:27:33Oui, tu...
00:27:34Je te donne royalement la parole.
00:27:36Tu dis que...
00:27:37Virginie, tu dis qu'on a fait la ville...
00:27:40Oui, avec les outils de la ville,
00:27:42les promoteurs et les acteurs de la ville,
00:27:45donc les opérateurs sociaux et logements libres,
00:27:48avec ce sujet pour les promoteurs,
00:27:51en particulier de la rentabilité.
00:27:53On a fait des petits pieds de nez à tout ça
00:27:57qui était de réduire la taille des lots
00:27:59pour justement pouvoir...
00:28:02qui est une émulation positive aussi entre eux.
00:28:05Ils ont travaillé en voisins et en mitroyens.
00:28:08Et la 2e chose aussi que je voulais dire,
00:28:10c'est par rapport à ce que disait l'agence LAC tout à l'heure
00:28:13sur la résistance,
00:28:14c'est que c'est toujours une résistance.
00:28:17C'est toujours...
00:28:18Quand un opérateur arrive sur les projets,
00:28:20il a toujours tendance à dire...
00:28:22Maintenant, on va passer à 16 m.
00:28:23Non, on ne va pas passer à 16 m.
00:28:25On va rester à 12 m.
00:28:26Et on va au rez-de-chaussée.
00:28:28C'est toujours des résistances.
00:28:30Et je voudrais aussi saluer,
00:28:32et là, on parlait de la question
00:28:34des qualités du maître d'ouvrage,
00:28:36le trio, ou le quatuor, ou le quintet,
00:28:40mais en tout cas élus, aménageurs, urbanistes,
00:28:43est un contrefeu, et je pèse mes mots,
00:28:47important au service de l'intérêt général
00:28:51contre la puissance de feu
00:28:53des logiques de rentabilité financière.
00:28:55Et si on n'a pas cette connivence,
00:28:59cette conviction commune
00:29:01qu'il faut quand même résister,
00:29:04nous, on a des opérations
00:29:05sur lesquelles nos résistances n'ont pas marché
00:29:07parce qu'on n'était pas portés,
00:29:09qu'on n'était pas accompagnés
00:29:10par un aménageur qui croyait aussi
00:29:12en ce qu'on poussait.
00:29:14Donc oui, on peut faire la ville
00:29:15avec des opérateurs privés, bien sûr,
00:29:17mais il faut de la résistance
00:29:18pour remettre toujours, toujours, toujours
00:29:21au devant de la scène
00:29:22le sujet de l'intérêt général
00:29:24et de l'habiter au sens large.
00:29:26Merci, Claire.
00:29:27Merci, Claire.
00:29:28Alors, il y a une autre forme de résistance
00:29:29parce que la quantification financière,
00:29:31elle est au-delà de la Samoa,
00:29:33au-delà de Nantes,
00:29:34elle est quand même assez généralisée
00:29:36sur cette question.
00:29:38Du coup, comment on fait pour sortir,
00:29:40en fait, de la quantification financière
00:29:41de la ville à une mesure
00:29:43peut-être plus qualitative ?
00:29:45Et là, je me tourne vers vous.
00:29:47Merci beaucoup de votre invitation,
00:29:49Claire, de votre confiance.
00:29:52Alors, je ne sais pas
00:29:53si on peut en sortir, en fait.
00:29:56Est-ce qu'on doit ?
00:29:57Est-ce qu'on doit ?
00:29:58On peut se poser la question,
00:29:59mais est-ce qu'on peut...
00:30:00Je me permets de faire un petit pas de côté.
00:30:02Je réfléchissais à comment faire rentrer
00:30:04les financiers dans nos débats
00:30:07en sachant qu'en plus, moi,
00:30:08sans posture, par rapport à vous,
00:30:11qui êtes tous des opérateurs de la ville,
00:30:13moi, je regarde la ville
00:30:14des bancs de l'université.
00:30:16Donc, je me garde d'être trop doctrinaire
00:30:19dans mes prises de position
00:30:20et surtout, j'apprends,
00:30:21dans une demi-journée comme la vôtre,
00:30:24j'apprends beaucoup de choses.
00:30:26Alors, en revanche,
00:30:28ce que nous nous disions aujourd'hui
00:30:29me faisait penser à la nomination
00:30:31du nouveau Premier ministre de la France
00:30:34vendredi dernier.
00:30:35Le jour même,
00:30:36une agence de notation financière nord-américaine
00:30:39a dégradé la note de la France.
00:30:43Bon, voilà.
00:30:44Est-ce qu'on peut faire
00:30:45sans les notations financières ?
00:30:47On voit bien qu'à toutes les échelles,
00:30:48urbaines et nationales, aujourd'hui,
00:30:51les notations financières dominent.
00:30:53Bon, il se trouve que vous savez,
00:30:54j'ai un lien direct avec le Brésil.
00:30:57Au Brésil, depuis que le président actuel,
00:31:00Lula, a été réélu,
00:31:02il mène des politiques qui, sans être marxistes,
00:31:06disons, cherchent à rectifier le tir
00:31:10par rapport aux logiques capitalistiques
00:31:12et la force de la monnaie du REAES
00:31:15décline de jour en jour.
00:31:17Là, le nouveau plan de développement de l'économie
00:31:19vient d'être annoncé par le ministre de l'Économie
00:31:21et les marchés ont réagi
00:31:22de manière extrêmement négative.
00:31:24Donc, voilà, c'était pour répondre à un premier niveau.
00:31:27Est-ce qu'on peut faire sans les notations financières ?
00:31:30Il est mal.
00:31:31Pardon ?
00:31:32Il est mal.
00:31:35La conséquence fabrique, c'est la hausse des taux
00:31:37parce que sinon, en soi, politiquement,
00:31:39on peut en faire fi.
00:31:41Mais la conséquence d'une dégradation de note,
00:31:44c'est qu'on en prend plus cher.
00:31:45Voilà, c'est ça,
00:31:46c'est que tout ce qu'on veut faire coûte beaucoup plus cher.
00:31:49Mais tout ça a été établi de longue date.
00:31:51Il s'agit juste de savoir comment est-ce que, du coup,
00:31:53on peut faire dans notre secteur de l'aménagement.
00:31:56Alors, il me semble que c'est intéressant de se dire
00:31:59que les discussions que nous avons aujourd'hui,
00:32:02si on les reprojette à l'époque où, par exemple,
00:32:06j'apprenais la science de l'aménagement
00:32:09ou les techniques de l'aménagement,
00:32:11on ne m'aurait pas parlé,
00:32:12d'ailleurs, on ne m'en a pas parlé,
00:32:14du marché international de l'immobilier
00:32:16qui se tient tous les ans à Cannes, le MIPIM.
00:32:21Bon, et aujourd'hui, on ne peut pas faire un cours
00:32:24sur la financiarisation des villes à nos étudiants
00:32:26sans leur dire un peu longuement ce qui se joue au MIPIM.
00:32:29Donc, pour être installé dans l'agglomération lyonnaise,
00:32:32vous savez que l'exécutif lyonnais a été renouvelé en 2020,
00:32:36tout comme l'exécutif bordelais,
00:32:38et un exécutif écologiste aujourd'hui,
00:32:41et une des logiques de campagne de l'exécutif actuel,
00:32:46c'était de dire, nous allons rompre avec le modèle précédent
00:32:50installé par l'ancien Gérard Collomb,
00:32:53aujourd'hui décédé, mais qui, pendant 20 ans,
00:32:55avait tenu les rênes de la ville
00:32:56et qui jouait sur une logique d'attractivité
00:32:59et ensuite, distribution des capitaux attirés,
00:33:02ruissellement, disait-il,
00:33:04à toutes les échelles de la société.
00:33:06Et les écologistes avaient dit,
00:33:07si nous gagnons la ville, nous n'irons pas à Cannes.
00:33:11Voilà, et effectivement,
00:33:12il a fallu quelques mois de réflexion, en fait.
00:33:15Alors, le maire de Bordeaux a dit qu'il n'irait pas,
00:33:18et il n'y est effectivement pas allé,
00:33:20mais à Lyon, Bruno Bernard,
00:33:21le président de l'agglomération, comme le maire,
00:33:25ont décidé d'aller à Cannes
00:33:27et d'aller vendre une autre ville que la ville financiarisée.
00:33:31Donc, est-ce que c'est déjà un début de remise en cause ?
00:33:35On sait aussi qu'à Lyon, Grégory Doucet,
00:33:37pour ne pas le nommer,
00:33:38avait invoqué un moratoire de manière complètement néophyte.
00:33:45Quand on arrive à Lyon,
00:33:47visuellement, il n'y a pas de moratoire.
00:33:49Oui, alors ça, ça a fait l'objet.
00:33:51On a fait travailler une étudiante de master, Alexia Méhens,
00:33:53qui a fait un travail pour essayer de montrer
00:33:55comment l'exécutif, justement,
00:33:57avait été passé d'une position d'exit,
00:33:59de sortie du MIPIM,
00:34:01à une position de voice.
00:34:02On y va pour dire qu'on veut faire différemment
00:34:04et, finalement, à une position de reprise du modèle,
00:34:06on peut dire loyalty,
00:34:08comme on l'apprend sur les bancs de l'université.
00:34:11Après, les étudiants me disent
00:34:13« Mais alors, ça veut dire que tout se pourrit ? »
00:34:15Et non, effectivement, c'est bien ça
00:34:17qui, aujourd'hui, est en face de nous.
00:34:19C'est qu'on ne peut pas pour autant considérer
00:34:21que les élus renoncent à leur intention
00:34:24de faire différemment la vie.
00:34:26Et donc, je suis très sensible aux présentations
00:34:28que vous avez faites, Claire,
00:34:29quand vous suggérez des pistes pour répondre à ça.
00:34:32Par exemple, en jouant sur les échelles,
00:34:35les proximités,
00:34:37en jouant sur l'alliance des acteurs locaux.
00:34:40Et puis, il y a peut-être aussi un acteur
00:34:42qui a été évoqué à plusieurs reprises
00:34:44et qui, aujourd'hui, peut-être,
00:34:46prend une couleur différente
00:34:48de celle qu'elle avait
00:34:50quand moi-même, j'étais enseigné,
00:34:53les promoteurs immobiliers.
00:34:55Donc, les promoteurs immobiliers,
00:34:57tout comme les investisseurs institutionnels,
00:35:00ont des logiques capitalistiques.
00:35:02Mais la différence entre les promoteurs immobiliers
00:35:04et les investisseurs institutionnels,
00:35:06c'est que les promoteurs, le plus souvent,
00:35:08on les appelle des encreurs de capitaux,
00:35:10pour reprendre la formule de collègues suisses
00:35:13qui travaillent sur ces questions
00:35:15de financiarisation de la ville.
00:35:16Ces encreurs de capitaux,
00:35:18donc, s'installent dans des territoires.
00:35:21Donc, il s'agit d'entreprises capitalistiques
00:35:23ancrées dans les territoires.
00:35:25Et du coup, ça donne une capacité
00:35:27à l'interaction avec eux
00:35:28qu'on n'a plus du tout quand il s'agit
00:35:30de fonds d'investissements internationaux.
00:35:32Donc, peut-être qu'une des manières aussi,
00:35:35même si elle ne paraît pas spontanément évidente,
00:35:38de travailler à la lutte
00:35:40contre les logiques de standardisation mondialisées,
00:35:43c'est peut-être aussi de jouer
00:35:45avec des acteurs capitalistiques
00:35:47ancrés localement.
00:35:49Christine, qu'est-ce que ça vous évoque ?
00:35:52Ça tombe bien.
00:35:54Juste un petit mot pour rebondir
00:35:56sur ce que vous dites,
00:35:57parce que je pense qu'effectivement,
00:35:58Claire nous a donné plein de solutions
00:36:00qui sont des solutions d'urbanistes
00:36:02et d'architectes,
00:36:03mais il y a aussi des solutions
00:36:04qui sont liées au nouveau modèle économique
00:36:06et aux nouvelles formes
00:36:07de fabrication de la ville.
00:36:08Que sont les coopératives d'habitants ?
00:36:11Que sont les façons d'avoir
00:36:12des nouvelles formes de promotion
00:36:15liées par exemple à la réhabilitation,
00:36:17à la création de filières,
00:36:19de matériaux locaux ?
00:36:21Et puis, effectivement,
00:36:22aussi des nouvelles logiques.
00:36:24Alors, sans aller sur les questions d'enrue
00:36:26et de rénovation urbaine,
00:36:27mais peut-être de limiter l'équilibre,
00:36:30démolition, foncier libre, reconstruction,
00:36:33en trouvant d'autres façons de faire.
00:36:35Et là, on pourrait y trouver
00:36:37des équilibres en coûts,
00:36:38qu'ils soient aussi des coûts carbone
00:36:40ou des coûts vis-à-vis de la biodiversité
00:36:42ou du logement
00:36:43qui sont indispensables aujourd'hui.
00:36:44C'est-à-dire qu'on voit bien
00:36:46dans le monde dans lequel on vit
00:36:47que le coût économique est là
00:36:49et on ne pourra pas s'en passer.
00:36:51Donc, il nous faut des gens
00:36:52pour nous aider là-dessus,
00:36:53mais qu'en parallèle,
00:36:54on a des coûts climatiques et sociaux
00:36:56qui sont forts
00:36:58et qui finiront par nous dominer
00:37:01de toute façon.
00:37:02Donc, il faut les prendre en compte.
00:37:03Et cette question de la réhabilitation
00:37:05peut être un levier
00:37:07parce qu'il répond à la fois
00:37:08à la question d'arrêter la standardisation,
00:37:11parce qu'en fait, par définition,
00:37:12réhabiliter, c'est faire un acte
00:37:15qui est totalement unique.
00:37:17Et en même temps,
00:37:18ça redéfinit les modèles économiques
00:37:20de ces acteurs.
00:37:21Voilà.
00:37:22Donc, je pense qu'il y a
00:37:23des nouvelles formes de promotion
00:37:24à inventer.
00:37:25Il y a déjà des promoteurs
00:37:26qui le font.
00:37:27Il y a parfois des têtes de gondole
00:37:28chez certains promoteurs
00:37:29pour attirer,
00:37:30mais ça peut se développer.
00:37:31Et puis, il y a des modèles coopératifs.
00:37:33Il y a des modèles de fabrication
00:37:34du logement social
00:37:35en autoconstruction.
00:37:37Il y a plein de choses qui changent,
00:37:38les métiers mutent,
00:37:39les métiers bougent.
00:37:40Et ça, on le voit tous les jours.
00:37:42Et il y a aussi l'entretien.
00:37:43Et donc, ça, c'est aussi très important.
00:37:45C'est l'entretien qui devient
00:37:47vraiment une manière aussi
00:37:49de construire tout ce qui est
00:37:50la maintenance
00:37:51et tout ce qui est fait
00:37:52qu'on ne doit pas laisser
00:37:53se dégrader les choses.
00:37:56Merci.
00:37:57Je vais donner la parole à Virginie
00:37:58parce que je voyais noter
00:37:59pas mal de choses.
00:38:00Mais j'ai une question aussi.
00:38:03C'est comment...
00:38:04Exit ou voice ?
00:38:05Non, je plaisante.
00:38:06Comment vous embarquez ?
00:38:08Parce qu'on comprend bien
00:38:10qu'il s'agit de rééquilibrage,
00:38:12de trouver d'autres pistes aussi.
00:38:14Mais du coup, comment on embarque
00:38:16les opérateurs privés ?
00:38:18Comment vous le faites, vous,
00:38:21M. le député ?
00:38:23Je commence peut-être
00:38:24par répondre à votre question
00:38:25puis je réagirai à d'autres.
00:38:26Comment on embarque ?
00:38:28Parce qu'on est hyper convaincus.
00:38:30Non, mais je pense que ça part
00:38:32quand même d'une forme de conviction
00:38:34et c'est ce qu'on disait tout à l'heure
00:38:35qui est partagé
00:38:36et qui est porté à plusieurs.
00:38:38Et après, les promoteurs,
00:38:40ils n'ont pas envie de mal faire.
00:38:42Je pense que...
00:38:45Non, mais c'est important
00:38:46de défendre les promoteurs quand même.
00:38:48Les promoteurs n'ont pas envie de mal faire.
00:38:50Ils ont envie de gagner de l'argent,
00:38:51c'est ce que leur demande leur banque.
00:38:53Donc ça, oui, c'est leur point de départ.
00:38:58Ils n'ont pas envie de faire
00:38:59un projet de médiocre qualité
00:39:00et que derrière, ils vont traîner
00:39:02dans leurs références, etc.
00:39:05Du coup, quand on arrive
00:39:06avec de la conviction,
00:39:08ils se laissent faire.
00:39:10Et oui, il faut être capable
00:39:11d'instaurer un rapport de force.
00:39:13Donc c'est vrai que c'est pas facile
00:39:14de le faire partout.
00:39:16C'est plus facile de le faire
00:39:18lorsqu'il y a une dynamique économique,
00:39:20lorsqu'il y a une valeur foncière,
00:39:23lorsque, quelque part,
00:39:24ils ont une assurance
00:39:25qu'ils vont réussir à commercialiser.
00:39:27Donc nous, on peut se dire
00:39:28que sur l'île de Nantes,
00:39:29on a cette chance-là
00:39:30d'avoir cette forme d'attractivité
00:39:32qui nous permet d'instaurer
00:39:33ce rapport de force.
00:39:35Mais lorsqu'on les met face
00:39:37à certaines ambitions,
00:39:39eh bien, ils sont prêts à y aller.
00:39:42Et peut-être qu'au début,
00:39:43ils ne sont pas tous prêts à y aller,
00:39:45mais il y a toujours quelques volontaires.
00:39:47Et derrière, les autres en boîte.
00:39:49Moi, je vais donner un exemple hyper concret
00:39:51qui est la hauteur sous plafond
00:39:53des projets sur l'île de Nantes.
00:39:55On a institué,
00:39:56alors c'était avec nos urbanistes précédents,
00:39:59on a commencé à exiger
00:40:012,70 m sous plafond.
00:40:03Les premiers promoteurs
00:40:04à qui on a dit ça,
00:40:05au lieu des 2,50 m habituels,
00:40:07les premiers promoteurs
00:40:08à qui on a dit ça,
00:40:09nous ont dit non mais ça va pas,
00:40:10ça va nous coûter beaucoup plus cher,
00:40:11on en est bien compte,
00:40:13etc.
00:40:14Et puis, on a réussi à le faire passer
00:40:16sur des premières opérations.
00:40:18Aujourd'hui, c'est institué
00:40:19dans toutes les orientations
00:40:20des ménagements de l'île de Nantes.
00:40:21Ce n'est plus un sujet
00:40:22pour les promoteurs
00:40:23qui interviennent sur l'île de Nantes.
00:40:25Donc, on arrive toujours
00:40:27à en trouver quelques-uns
00:40:29qui sont à l'écoute,
00:40:31qui sont prêts à se réinterroger
00:40:32sur la façon de faire.
00:40:33Et derrière, c'est comme ça
00:40:34qu'on met les choses en route.
00:40:36Après, je voulais réagir
00:40:38sur les investisseurs,
00:40:41les promoteurs,
00:40:42la rentabilité économique, etc.
00:40:43En fait, je pense qu'on a besoin
00:40:45pour faire le projet,
00:40:47pour rénover ou pour construire neuf,
00:40:50d'avoir des partenaires
00:40:51qui ont de l'argent.
00:40:52Peut-être que c'est un gros mot,
00:40:54mais en fait, c'est la réalité.
00:41:04C'est plutôt une chance
00:41:05d'avoir des partenaires
00:41:06qui ont des moyens,
00:41:07qui s'intéressent au projet.
00:41:09Et là aussi, en fait,
00:41:11c'est ce dialogue
00:41:13qu'il faut réussir à instaurer.
00:41:15Et c'est vrai que nous,
00:41:16par exemple, en tant qu'aménageurs,
00:41:18on a assez rarement en face de nous
00:41:20les investisseurs.
00:41:22Ils sont toujours en second rang.
00:41:24Peut-être qu'il faut
00:41:25qu'on instaure davantage
00:41:27ce dialogue avec les investisseurs.
00:41:29Et moi, ce que je crois comprendre,
00:41:32peut-être que vous pourrez
00:41:33nous en parler mieux que moi,
00:41:35c'est que les grands investisseurs
00:41:36institutionnels
00:41:37ou les grandes sociétés financières,
00:41:40aujourd'hui, bien sûr,
00:41:41ont des critères de rentabilité financière,
00:41:43mais commencent à avoir d'autres critères
00:41:45sur les critères ESG,
00:41:47environnementaux, sociaux
00:41:48et de gouvernance.
00:41:49Et que dans leur lecture des actifs,
00:41:52ils commencent à avoir
00:41:53une lecture différente.
00:41:54Et sur des biens
00:41:58qui sont performants
00:42:00sur le plan environnemental,
00:42:01par exemple,
00:42:02ils vont accepter d'avoir
00:42:03une rentabilité un peu inférieure
00:42:06que sur d'autres biens,
00:42:07parce que derrière,
00:42:09il y a une valorisation de l'actif,
00:42:11il y a une revente possible, etc.
00:42:13Bon, c'était pour avoir
00:42:14une petite note optimiste.
00:42:15Alors, Fabrice,
00:42:17une réaction, ensuite Claire,
00:42:19et ensuite, les questions de la salle.
00:42:21Non, d'abord vous.
00:42:22Oui, juste pour vous dire
00:42:23que la discussion fait très plaisir,
00:42:25parce qu'en fait,
00:42:26les pistes que vous lancez
00:42:27font l'objet de doctorats
00:42:28que nous lançons.
00:42:29Alors, à notre petit niveau,
00:42:31on essaye de chercher des perspectives.
00:42:34Donc, par exemple,
00:42:35sur les outils d'un nouveau type,
00:42:38par exemple,
00:42:39les dissociations fonciers bâties
00:42:40aujourd'hui connaissent
00:42:42une nouvelle jeunesse.
00:42:43Donc, on a lancé une thèse là-dessus.
00:42:45Sur le logement intermédiaire
00:42:47qui apparaissait
00:42:48à un produit de la financiarisation,
00:42:49on a quand même essayé
00:42:50d'aller regarder précisément,
00:42:52on a une thèse qui se termine là-dessus,
00:42:53ce que faisait la Caisse des dépôts
00:42:54et consignations Habitat
00:42:56sur, en fait,
00:42:58la constitution d'un fonds d'investissement
00:43:00en pergestion,
00:43:01qui est un fonds d'investissement social
00:43:04en tout cas pour éviter
00:43:06des capitaux trop fluides,
00:43:08comme disent les financiers,
00:43:09c'est-à-dire qui viennent
00:43:10investir sur des territoires
00:43:12et qui en partent aussitôt
00:43:14qu'ils ont obtenu la rentabilité
00:43:15qu'ils cherchaient
00:43:16pour aller ailleurs
00:43:17sur des terres
00:43:18soi-disant plus rentables
00:43:19et qui, donc, en fait,
00:43:20créent de la déshérence
00:43:22et de la dépréciation économique
00:43:23dans nos territoires.
00:43:24Et puis, voilà,
00:43:27j'ai oublié le 3e terrain de recherche,
00:43:29mais en tout cas,
00:43:30on est bien sur ces...
00:43:32On essaye de lancer
00:43:34des pistes de recherche
00:43:35sur ces dynamiques.
00:43:36Juste vous dire,
00:43:37je suis bien d'accord pour dire
00:43:38qu'il faut arriver
00:43:40à trouver le bon équilibre.
00:43:41C'est aussi ça qu'on dit
00:43:42à nos étudiants
00:43:43en leur disant,
00:43:44la donnée, c'est la financiarisation
00:43:46aujourd'hui.
00:43:47Et donc, il faut arriver
00:43:49à voir comment on peut arriver
00:43:50à se positionner
00:43:51par rapport à ça.
00:43:52Mais nous avons la chance
00:43:53à l'ENTPE d'être installée
00:43:54à Vaud-en-Velin.
00:43:56L'école a été installée en 1975.
00:43:59Après que la ZUP,
00:44:00la dernière ZUP de France,
00:44:02zone à urbaniser en priorité,
00:44:04ait été inaugurée par le ministre
00:44:06en 1972,
00:44:08qui avait dit à ce moment-là,
00:44:09mais cette ville,
00:44:10qui est la ville du ministère
00:44:11de l'Equipement,
00:44:12je parle d'un temps,
00:44:13mais donc le ministère,
00:44:15donc l'État,
00:44:16avait construit la ville seule
00:44:19et, fier de sa réalisation,
00:44:21il était venu dire,
00:44:22mais la ville est tellement belle
00:44:23que nous allons décentraliser
00:44:25l'école des travaux publics
00:44:27Boulevard Saint-Germain à Paris
00:44:28dans cette ville de Vaud-en-Velin
00:44:30pour que demain,
00:44:31les ingénieurs des TPE
00:44:32puissent s'inspirer
00:44:34de l'exemple de Vaud-en-Velin
00:44:35pour le reproduire
00:44:36dans la France tout entière.
00:44:38Quand on dit ça à nos étudiants
00:44:39qui débarquent à Vaud-en-Velin
00:44:41et qui connaissent ces quartiers,
00:44:44qui connaissent les difficultés,
00:44:45ça les fait rire,
00:44:46comme la salle murmure à l'instant.
00:44:49Justement, les gens n'étaient pas plus bêtes
00:44:51à l'époque qu'aujourd'hui.
00:44:53Chaque génération apporte son lot
00:44:56pour repenser, s'enrichir.
00:44:58Je crois qu'il faut garder l'optimisme
00:45:00que vous exprimiez les unes les autres.
00:45:03Claire, une remarque très courte.
00:45:05Oui, juste par rapport
00:45:07à ce que vous disiez
00:45:09sur les promoteurs, les investisseurs.
00:45:11C'est vrai que le promoteur,
00:45:12s'il est ancré dans le territoire,
00:45:13il n'a pas envie de mal faire.
00:45:15C'est-à-dire que derrière,
00:45:16il traîne un projet
00:45:18qui est critiqué, qui est regardé.
00:45:20La question de l'ancrage,
00:45:22que ce soit pour nous, les urbanistes,
00:45:24les aménageurs, l'ancrage dans les territoires,
00:45:27je pense qu'il est central
00:45:28et il répond à une partie des questions.
00:45:31Les investisseurs...
00:45:34Alors, il y a des investisseurs sociaux,
00:45:36je l'ai appris, donc OK, à voir.
00:45:39La question de l'investissement
00:45:41sur le long terme peut aussi...
00:45:43On peut imaginer, contrairement
00:45:44aux promoteurs qui s'en vont,
00:45:45les investisseurs y restent
00:45:46puisqu'ils cherchent une rentabilité
00:45:47sur le long terme.
00:45:48Néanmoins, je dirais...
00:45:53La question, c'est l'obsolescence
00:45:55des standards sur lesquels ils peuvent travailler.
00:45:57Par exemple, on a construit
00:45:59des milliers et des milliers
00:46:01de millions de mètres carrés
00:46:02de bâtiments, de bureaux de 18 m,
00:46:04dont des grosses valises.
00:46:05Moi, j'appelle ça, on ne sait plus quoi en faire.
00:46:07C'était des investisseurs, c'est toujours,
00:46:10parce que c'était un modèle rentable à l'époque.
00:46:12Aujourd'hui, on ne sait plus trop quoi en faire.
00:46:14Et donc, je remets quand même...
00:46:16Je questionne quand même
00:46:17cette question de l'investissement
00:46:19même sur un temps assez long.
00:46:21Et puis, sur la réhabilitation,
00:46:23tu parlais, Christine,
00:46:25de la comptabilité, effectivement financière,
00:46:28mais carbone, mais sociale.
00:46:30Et moi, aujourd'hui, on a encore du mal.
00:46:34Et on a essuyé des échecs sur l'île de Nantes,
00:46:37et pourtant, c'est outillé.
00:46:39L'île de Nantes est outillée.
00:46:41Des opérateurs qui ont trouvé plus facile
00:46:43de démolir que de reconstruire,
00:46:46que de réhabiliter sur un site
00:46:48dont ils étaient propriétaires,
00:46:50malgré nos faisabilités,
00:46:52nos démonstrations, notre conviction.
00:46:54On a vraiment mouillé la chemise, voilà.
00:46:56Et parce que c'était moins cher.
00:46:59Parce que c'était moins cher.
00:47:00Et donc, moi, la question que je pose aujourd'hui,
00:47:02puisque je suis sur scène et que j'en profite,
00:47:04c'est est-ce qu'on pourrait pas
00:47:06trouver un moyen
00:47:08d'apporter des avantages fiscaux
00:47:11ou des dégrèvements fiscaux
00:47:13sur la question de la réhabilitation,
00:47:15parce que, de toute façon, derrière,
00:47:17c'est aussi une comptabilité carbone
00:47:19et déchets, donc il n'y a pas que le carbone,
00:47:21mais il y a aussi les déchets,
00:47:23qui est positive, voilà.
00:47:25Donc, pour arrêter de se sortir
00:47:28de ce sujet financier permanent.
00:47:31Alors, je sais que, Claire,
00:47:33tu poses une question et que tout le monde brûle
00:47:35d'y répondre, mais
00:47:37un certain nombre de post-it
00:47:39sont parvenus jusqu'à Xavier Gorce.
00:47:41Xavier, es-tu prêt ?
00:47:43Est-ce qu'il y a une première question
00:47:45qui peut être, voilà.
00:47:47Quel rôle pour l'autopromotion
00:47:49ou promotion coopérative,
00:47:51une alternative à la financiarisation ?
00:47:53Fabrice, ça m'a l'air d'être pour toi.
00:47:57Donc, il n'y a pas de solution.
00:47:59C'est toujours ce qu'on répond aux étudiants.
00:48:01Moi, je n'ai pas de solution. Je vois bien les problèmes.
00:48:03Non, mais quand même.
00:48:05Oui, mais je ne vote pas en touche.
00:48:07C'est quand même tout à l'honneur
00:48:09de l'universitaire de rester intègre.
00:48:11Non, alors, je déjeunais
00:48:13avec une doctorante
00:48:15qui est en train de terminer sa thèse
00:48:17sur les fonds d'investissement
00:48:19pour les énergies renouvelables.
00:48:21Et donc, on était partis
00:48:23dans la thèse pour dire
00:48:25de combien les investisseurs
00:48:27dégrèvent-ils leur taux de rentabilité
00:48:29interne pour faire du vert
00:48:31et quels sont les indicateurs,
00:48:33un, et deux, quels sont les indicateurs
00:48:35quantitatifs pour dire
00:48:37cet investissement-là est vert.
00:48:39Bon, la réponse, après trois ans de thèse,
00:48:41quatre ans bientôt, c'est que
00:48:43il n'y a pas véritablement d'indicateurs
00:48:45de verdissement,
00:48:47en tout cas tellement fragiles qu'on les voit
00:48:49pas bien solidement avancés.
00:48:51Et, de l'autre côté, il n'y a non seulement
00:48:53pas de dégradation des taux de rentabilité interne,
00:48:55mais augmentation des taux de rentabilité interne
00:48:57parce qu'évidemment, le vert est à la mode
00:48:59aujourd'hui.
00:49:01Alors, là, oui.
00:49:03Virginie.
00:49:05Oui, bien sûr,
00:49:07l'autopromotion
00:49:09ou la promotion. Alors, promotion coopérative,
00:49:11nous, on n'a pas encore vu ça
00:49:13sur l'île de Nantes,
00:49:15donc on serait preneurs,
00:49:17mais l'autopromotion,
00:49:19bien sûr,
00:49:21c'est une alternative,
00:49:23et c'est sûr que dans ce genre
00:49:25d'opération, on n'a pas du tout
00:49:27le même objectif de rentabilité,
00:49:29donc on n'a pas la même équation économique.
00:49:31Après,
00:49:33je pense que, en tout cas,
00:49:35aujourd'hui, on n'est pas prêts
00:49:37à produire à grande échelle
00:49:39avec l'autopromotion
00:49:41ou la promotion coopérative,
00:49:43et que, du coup, ce sont des alternatives.
00:49:45Ça rejoint
00:49:47cette notion de diversité que je portais
00:49:49tout à l'heure, où c'est important d'avoir
00:49:51différentes façons de produire
00:49:53la ville ou de réintervenir sur la ville,
00:49:55mais je pense qu'on ne pourra pas
00:49:57se passer des promoteurs,
00:49:59et nous, on voit bien, quand on travaille directement
00:50:01avec certains porteurs de projets
00:50:05qui portent un projet d'activité,
00:50:07d'installation, en fait,
00:50:09il y a un moment où on va chercher
00:50:11un promoteur pour qu'il travaille avec eux
00:50:13parce que, finalement,
00:50:15construire ou réhabiliter, c'est un métier.
00:50:17Il y a tout
00:50:19un montage financier
00:50:21économique à mettre derrière,
00:50:23un métier de maître d'ouvrage qui conduit
00:50:25des travaux, ça ne s'invente pas,
00:50:27et donc, quand ça n'est pas
00:50:29son métier, on a besoin d'aller s'adosser
00:50:31à ces professionnels-là.
00:50:33Donc, voilà, je pense
00:50:35que c'est bien de multiplier les différentes
00:50:37façons de faire,
00:50:39mais il faudra,
00:50:41ça ne pourra pas complètement se
00:50:43substituer.
00:50:45Pardon.
00:50:47Je sais que tu veux réagir, Christine.
00:50:49Juste une petite seconde pour dire, en fait,
00:50:51la question qui a été posée, c'est aussi la participation
00:50:53habitante dans la fabrication de la ville,
00:50:55et donc, il y a aussi d'autres modes de faire
00:50:57aujourd'hui qui arrivent. Par exemple, quand on a,
00:50:59je prends l'exemple de Caen, où j'habite,
00:51:01où il y a une prison qui appartient à l'Etat au milieu
00:51:03de la ville, et où, en fait, la question,
00:51:05c'est, est-ce qu'on la confie à un promoteur
00:51:07qui va tout changer ? Est-ce qu'on fait
00:51:09de l'urbanisme transitoire ? Est-ce qu'à un moment donné,
00:51:11les habitants s'emparent du lieu
00:51:13et participent à la fabrication
00:51:15de ce que va devenir la ville ? Et aujourd'hui,
00:51:17notre enjeu à tous, c'est que l'urbanisme
00:51:19ne soit pas fait par simplement les professionnels,
00:51:21pour les professionnels. C'est comment
00:51:23est-ce qu'on remet le rôle de l'habitant au centre ?
00:51:25Et donc, finalement, la question,
00:51:27pour moi, c'est celle-ci qu'elle pose. C'est une
00:51:29question qui est liée au fait qu'aujourd'hui,
00:51:31il faut que les habitants comprennent
00:51:33et participent à la fabrication
00:51:35de la ville, parce que la ville doit bouger
00:51:37aussi sur plein de choses, notamment
00:51:39par rapport à la sobriété foncière,
00:51:41à l'imperméabilisation des sols, à l'adaptation
00:51:43au changement climatique, à l'utilisation
00:51:45des ressources, etc. Et donc,
00:51:47pour ça, on a besoin de retrouver
00:51:49des lieux de partage
00:51:51habitant, dont peut-être que c'est aussi des solutions,
00:51:53mais aujourd'hui, pas
00:51:55à une échelle immense, quoi.
00:51:57Merci.
00:51:59Et d'ailleurs, la Samoa,
00:52:01je pense que Virginie, tu n'en as pas parlé,
00:52:03mais sur le quartier
00:52:05République, il y a
00:52:07des opérations en
00:52:09autopromotion,
00:52:11oui, on pourrait appeler ça comme ça,
00:52:13pour des personnes âgées, notamment.
00:52:15Il y a un projet qui n'a pas
00:52:17abouti, mais un village
00:52:19d'habitats pour la Croix-Rouge.
00:52:21Il y a tout un travail
00:52:23qui est fait à la Samoa sur la manière
00:52:25d'incarner, de ne pas faire de la ville
00:52:27en blanc, justement. Donc il y a David
00:52:29Pollinière, qui est là, sans doute, dans cette salle,
00:52:31qui, à la Samoa, a un rôle très particulier.
00:52:33C'est qu'il est à l'écoute de la société
00:52:35civile pour
00:52:37comprendre, écouter les besoins et faire atterrir
00:52:39ces besoins dans les projets
00:52:41du quartier. Et donc, ça donne
00:52:43beaucoup de choses qui sont
00:52:45très spécifiques et qui sont très différentes
00:52:47de la ville en blanc, justement,
00:52:49y compris de l'autopromotion.
00:52:51Alors, comme tu le dis, il n'y a pas de coopérative,
00:52:53mais il y a aussi ces leviers-là. Et donc,
00:52:55d'une certaine manière, l'habitant participe
00:52:57à la fabrication,
00:52:59en tout cas, de ce quartier.
00:53:01Et puis, les petites encreuses qu'on a prévues
00:53:03qui seront hors promotion,
00:53:05qui seront
00:53:07pour que l'habitant
00:53:09mette la main à la patte du quartier. Et donc,
00:53:11c'est des petits fonciers de 200 m2,
00:53:13tout petits, qui, justement,
00:53:15permettront aussi d'avoir
00:53:17de la surprise, à la fois dans le type
00:53:19de montage, le type de fabrication,
00:53:21et aussi le type d'occupation
00:53:23de ces quartiers.
00:53:25Alors, il y a une deuxième question.
00:53:27En l'occurrence, merci, Xavier.
00:53:29Les opérations sur l'île de Dante
00:53:31semblent être faites pour de gros promoteurs.
00:53:33Est-ce que c'est un échec ?
00:53:35Mais qui ose poser une question pareille ?
00:53:37Pas le Quartier républicain.
00:53:39Je ne sais pas à partir
00:53:41de quand on est gros.
00:53:45On a toutes sortes de promoteurs qui interviennent sur l'île
00:53:47depuis les 20 ans du projet,
00:53:49des grands promoteurs nationaux
00:53:51et puis des, entre guillemets, plus petits
00:53:53promoteurs locaux ou régionaux,
00:53:55qui, comme vous le disiez, je pense,
00:53:57ancrent effectivement
00:53:59leur capitaux dans le territoire
00:54:01et une opération permet d'en faire une autre.
00:54:03Et je pense qu'il faut souligner le travail
00:54:05de ces promoteurs régionaux
00:54:07qui ont sans doute
00:54:09effectivement une écoute
00:54:11de nos attentes plus importantes
00:54:13que les grands nationaux
00:54:15qui sont plus loin,
00:54:17dont les comités d'engagement sont plus loin,
00:54:19etc.
00:54:21Donc on a des opérations
00:54:23un peu de toutes tailles
00:54:25et pour le coup, des gros ou des petits promoteurs
00:54:27sont capables de faire de petites ou de grosses opérations.
00:54:31Moi, j'ai en tête un bouygue immobilier
00:54:33qui est venu faire deux fois 25 logements.
00:54:35C'est petit, c'est gros.
00:54:37Est-ce que c'est un échec ? En l'occurrence,
00:54:39les deux opérations en question, pour moi, c'est plutôt une réussite.
00:54:43Je ne pense pas qu'on puisse
00:54:45qualifier ça d'échec.
00:54:47Le sujet, c'est l'attention
00:54:49qu'on porte à chaque opération
00:54:51et pour le coup,
00:54:53on porte beaucoup d'attention à chaque opération
00:54:55et l'intérêt de ce qu'on a
00:54:57travaillé avec Claire sur le Quartier République,
00:54:59justement, cette plus petite échelle
00:55:01d'opérations
00:55:03qui sont
00:55:05de l'ordre de 5 000 m2 à peu près,
00:55:07ça permet de porter
00:55:09beaucoup plus d'attention
00:55:11que lorsqu'on travaille sur une opération
00:55:13qui fait 15 000 m2, où là,
00:55:15on a du mal à être partout en même temps,
00:55:17on a du mal à tout regarder,
00:55:19on a du mal à tenir à toutes les étapes du projet.
00:55:23Oui, je pense qu'il y a quand même
00:55:25une question d'échelle pour réussir
00:55:27ou pour déstandardiser.
00:55:29Gros ou petit,
00:55:31tout dépend du projet qu'on fait.
00:55:33Troisième question ?
00:55:39Alors, qui est-ce qui veut la prendre ?
00:55:41Alors, qui va se précipiter
00:55:43?
00:55:45La rémunération des urbanistes
00:55:47ne dépend pas du montant des travaux.
00:55:49La rémunération
00:55:51des architectes
00:55:53dépend du montant des travaux,
00:55:55et encore, parce qu'il y a des petites subtilités
00:55:57dans les contrats de promoteurs qui font que
00:55:59de temps en temps, c'est pas le cas,
00:56:01mais la rémunération des urbanistes
00:56:03ne dépend pas du montant des travaux.
00:56:07Nous, on travaille sur des missions
00:56:09au forfait, on fait une offre
00:56:11au début d'une opération
00:56:13qui nous fait ou gagner ou perdre
00:56:15le marché, et donc on forfaitise
00:56:17notre intervention, donc
00:56:19quel que soit le projet, on répond au forfait.
00:56:21Et après, suivant
00:56:23les aménageurs et suivant les territoires,
00:56:25on a plus ou moins une mission de suivi
00:56:27sur les lots, et donc là aussi,
00:56:29je voudrais à nouveau
00:56:31saluer la Samoa qui a
00:56:33une politique forte de
00:56:35suivi des opérations, donc on est,
00:56:37nous, urbanistes, et là encore, on n'est pas du tout
00:56:39à l'échelle proportionnelle au montant
00:56:41de travaux. On suit toutes les opérations
00:56:43des promoteurs et des architectes
00:56:45jusqu'à la livraison, jusqu'au prototype.
00:56:47On fait au moins
00:56:49une dizaine de réunions avec eux pour
00:56:51justement déplacer le transfo qui est dans l'angle
00:56:53et le cacher dans les
00:56:55espaces les moins
00:56:57valorisants. Voilà.
00:56:59Donc non, c'est pas du tout le cas.
00:57:01Après, les paysagistes sont payés
00:57:03sur le montant
00:57:05des travaux des espaces publics,
00:57:07mais ça, c'est autre chose.
00:57:09Et je pense
00:57:11que les bons paysagistes
00:57:13font des projets sobres
00:57:15même s'ils gagnent moins d'argent.
00:57:17On posera la question à Thierry tout à l'heure.
00:57:19C'est une question d'éthique.
00:57:21Johan avait envie de répondre en tant qu'urbaniste,
00:57:23mais désolé. Christine,
00:57:25un petit mot sur ça ?
00:57:27Et ensuite, on prendra une dernière question.
00:57:29Très rapidement, un petit mot sur la question
00:57:31d'avant, parce qu'en fait, je pense que parfois,
00:57:33le promoteur qui est dans
00:57:35une ville et qui est un peu
00:57:37le seul présent dans la ville,
00:57:39et c'est l'inverse,
00:57:41ça peut être l'inverse de ce que vous dites.
00:57:43Et ça peut être aussi la mainmise
00:57:45sur tout le foncier, sur tous les projets
00:57:47et personne d'autre qui vient pour le challenger.
00:57:49Pour l'avoir vécu ou vu,
00:57:51ça peut être très complexe pour les élus
00:57:53de s'en sortir dans ce point de vue-là.
00:57:55Donc en fait, je pense que comme pour beaucoup de choses,
00:57:57il n'y a pas une seule situation,
00:57:59il n'y a pas de standardisation de jeu d'acteur,
00:58:01il y a tout à réinventer à chaque fois.
00:58:03Sur la rémunération, alors sur les urbanistes,
00:58:05Claire t'as répondu, sur les architectes,
00:58:07de toute façon, il va falloir réinventer
00:58:09la rémunération des acteurs, parce que la réhabilitation
00:58:11rebat les cartes.
00:58:13La question du diagnostic va être primordiale
00:58:15et donc aujourd'hui, on pourra en parler
00:58:17pendant une table ronde de deux heures.
00:58:19Il reste 13 secondes, alors on va prendre
00:58:21une dernière toute petite question
00:58:23et surtout, une réponse super courte.
00:58:27Alors Fabrice.
00:58:29Ça, c'est aux profs de répondre.
00:58:33Les voisines ont déjà répondu
00:58:35à, je pense que la politisation
00:58:37de la société
00:58:39et donc la participation
00:58:41à tous les échelons, me semble être
00:58:43au moins aussi importante que
00:58:45la formation des personnels
00:58:47politiques.
00:58:49En fait, ils apprennent sur le tas.
00:58:51Ce que tu racontais tout à l'heure
00:58:53sur la distinction entre Bordeaux et Lyon,
00:58:55elle était tout à fait symbolique.
00:58:57Oui, et donc c'est pour ça
00:58:59que je pense qu'il faut, voilà,
00:59:01pas seulement rester à l'échelon
00:59:03des structures partisanes,
00:59:05mais envisager la politisation
00:59:07à tous les échelons de la société.
00:59:09Et dans le labo, justement,
00:59:11on a un axe de recherche sur
00:59:13l'empowerment, comme on dit aujourd'hui,
00:59:15c'est-à-dire la politisation des gens
00:59:17qui sont dépolitisés du fait
00:59:19de la structure sociale.
00:59:21Donc il faut envisager les choses
00:59:23dans toutes leurs complexités.
00:59:25Merci encore, Claire.
00:59:27Merci à tous les trois.
00:59:29Désolé.
00:59:31Non, monsieur Gors ?
00:59:33Merci beaucoup.
00:59:35On pourra gagner votre place.
00:59:37On va se lever.
00:59:39Xavier Gors, tu es la variable
00:59:41d'ajustement.
00:59:43C'est nous qui prenons trop de temps.
00:59:45Désolé. On fera attention
00:59:47sur la troisième table.
00:59:49Vous avez été passionnant et passionnante.
00:59:51Et les bavardages, c'est pour plus tard.
00:59:53On ne peut pas bavarder
00:59:55avec ses amis sur scène.
00:59:57Alors, mesdames, messieurs,
00:59:59il vient le moment
01:00:01de célébrer
01:00:03deux autres
01:00:05urbanistes qui sont
01:00:07les lauréats
01:00:09du Palmarès
01:00:11des jeunes urbanistes 2024.
01:00:13J'appelle à venir nous rejoindre
01:00:15sur scène Gaëtan Brunet
01:00:17et Chloé Valadier pour UR.
01:00:19Et Alexandre Born
01:00:21pour Belleville.
01:00:25On peut les applaudir.
01:00:37Je vous en prie.
01:00:39On va se mettre là.
01:00:41Il y a sans doute des micros qui fonctionnent.
01:00:47Bienvenue.
01:00:49Merci d'être avec nous.
01:00:53Gaëtan.
01:00:55C'est vous.
01:00:57Gaëtan et Chloé.
01:00:59De UR.
01:01:01Pardon.
01:01:03Je me suis fait reprendre aussi.
01:01:07Je crois que vous travaillez beaucoup
01:01:09sur la coexistence
01:01:11entre les différentes fonctions de la ville.
01:01:15C'est une question dont on a parlé
01:01:17pendant cette table ronde.
01:01:19Qu'est-ce que ça vous évoque ?
01:01:23La ville en blanc, ça vous évoque quoi ?
01:01:27C'est une question
01:01:29très complexe
01:01:31qui amène à revoir
01:01:33beaucoup de mécanismes
01:01:35qui ont été mis en oeuvre
01:01:37pendant des décennies
01:01:39dans la fabrique de la ville classique
01:01:41et qui sont remis en jeu
01:01:43aujourd'hui à travers
01:01:45peut-être la manière
01:01:47dont notre génération
01:01:49tente de poser des questions
01:01:51un peu différemment
01:01:53avec des commandes qui évoluent aussi.
01:01:55On est de plus en plus
01:01:57mobilisés sur des territoires
01:01:59de transformation et donc il y a déjà
01:02:01des acteurs qui sont présents
01:02:03sur ces sites et donc on travaille avec eux
01:02:05nécessairement. On travaille évidemment
01:02:07aussi avec la structure usuelle
01:02:09de projets d'urbanisme
01:02:11avec les habitants évidemment.
01:02:13Du faire avec, c'est un faire avec
01:02:15dans le process du projet, c'est faire avec
01:02:17aussi d'autres acteurs,
01:02:19d'autres activités de la ville et donc quitter
01:02:21définitivement peut-être cette ville fonctionnelle
01:02:23dont on hérite aujourd'hui.
01:02:27Un mot aussi sur Our.
01:02:29Déjà pardon pour la prononciation.
01:02:31Non mais alors vraiment
01:02:35Quelle est la raison d'être
01:02:37de Our si on revient un peu
01:02:39si on fait un petit pas de côté ?
01:02:43On va vous voir tout à l'heure dans le film
01:02:45mais vous pouvez peut-être un peu dévoiler.
01:02:49Non je ne sais pas si on a réellement
01:02:51encore une raison d'être. On existe depuis
01:02:532019 mais pour
01:02:55reprendre un peu
01:02:57sur le sujet précédemment évoqué, c'est vrai que nous
01:02:59on travaille beaucoup plus sur les
01:03:01questions de transformation et de requalification
01:03:03enfin je veux dire de transformation
01:03:05à l'échelle architecturale et
01:03:07on entend plus requalification
01:03:09à l'échelle urbaine. C'est vrai que
01:03:11ça demande, et ça Christine Lecomte
01:03:13en parlait tout à l'heure, ça demande
01:03:15plus de temps, ça nous demande d'être
01:03:17plus agile et on
01:03:19croit fermement que
01:03:21c'est le travail de demain. Donc ça c'est peut-être
01:03:23une première raison d'être.
01:03:25Comment prendre le temps
01:03:27pour faire mieux et
01:03:29aller plus vite sur ces sujets-là.
01:03:31Le temps
01:03:33et c'est aussi plus complexe, plus difficile
01:03:35de travailler, de faire avec les habitants
01:03:37notamment.
01:03:39Oui c'est vrai que c'est plus complexe
01:03:41mais ça c'est aussi peut-être une autre
01:03:43raison d'être qu'on a au bureau
01:03:45et ça a été beaucoup dit de façon
01:03:47probablement bien mieux tout à l'heure mais
01:03:49ne jamais simplifier en fait
01:03:51c'est toujours beaucoup plus
01:03:53riche.
01:04:03En fait quand vous serez plus tard
01:04:05des lauréates des grands prix, vous parlerez
01:04:07pendant mille ans mais là
01:04:09vous êtes encore extrêmement
01:04:11poli. Belleville
01:04:13c'est une foncière
01:04:15qu'on appelle une foncière responsable
01:04:17alors votre travail c'est
01:04:19l'acquisition,
01:04:21la transformation, travail
01:04:23fin sur la programmation.
01:04:25Qu'est-ce que ça vous
01:04:27évoque ?
01:04:29Le sujet vient d'être abordé.
01:04:31Bonsoir
01:04:33à toutes et à tous. Moi ça m'évoque
01:04:35beaucoup de choses et donc il y avait deux
01:04:37sujets qui ont été abordés avant qui m'ont
01:04:39bien interpellé. C'est la question de la ville en blanc
01:04:41qui est en réalité tout
01:04:43contre quoi on se bat aujourd'hui.
01:04:45Nous on s'est construit en réponse à ça
01:04:47à une ville
01:04:49hyper standardisée qui répond à des
01:04:51logiques financières
01:04:53et une recherche de la rentabilité à tout prix
01:04:55et donc du coup aujourd'hui nous notre constat
01:04:57c'est que ça ça dysfonctionne très
01:04:59largement et qu'il fallait faire les choses autrement.
01:05:01Et le deuxième point qui a été évoqué avant
01:05:03c'est la question de la financiarisation.
01:05:05En fait nous on s'inspire beaucoup.
01:05:07Il y a une personne qui s'appelle Eric Hollinwright
01:05:09qui a écrit un bouquin qui s'appelle Utopie réelle
01:05:11que j'ai pas lu mais que j'ai lu en diagonale
01:05:13pour être honnête.
01:05:15Il faut jamais dire ça !
01:05:17Je vais être honnête parce que les résumés que j'ai lu m'ont suffit
01:05:19pour être totalement franc avec vous
01:05:21et lui il parle de fissurer le capitalisme et moi ça me parle
01:05:23énormément. Donc par rapport à ce qui a été
01:05:25dit avant, au contraire, moi je pense qu'il faut
01:05:27fissurer ce capitalisme de l'intérieur
01:05:29et que la financiarisation, aujourd'hui les photos
01:05:31que vous voyez des projets,
01:05:33ici c'est ours mais les projets qu'on a fait nous aussi
01:05:35Vous êtes hyper nombreux en fait.
01:05:37Ce sont des projets où on essaie d'aller chercher
01:05:39une logique complètement différente et on essaye de faire
01:05:41comme tous les acteurs de l'économie sociale et solidaire
01:05:43on essaie de faire mieux avec
01:05:45moins d'argent et en gagnant moins
01:05:47et pour autant on est financés
01:05:49donc j'essaie juste à rappeler aussi que
01:05:51on porte des projets d'envergure, on en porte
01:05:53beaucoup, tout comme d'autres, comme plein de fonds chers
01:05:55solidaires et
01:05:57donc du coup le monde
01:05:59de l'immobilier solidaire
01:06:01est là
01:06:03c'est un monde qui porte des
01:06:05projets réels, qui fonctionne, qui abrite
01:06:07et qui loge des gens
01:06:09en se préoccupant de leur
01:06:11bien-être et de la qualité de vie mais aussi
01:06:13des ressources et donc ça
01:06:15c'est hyper important et il y a
01:06:17peut-être, ce qui a été évoqué quand même, cette question
01:06:19d'échelle, cette question du passage à l'échelle
01:06:21qui est important et
01:06:23aujourd'hui, même si on est encore loin
01:06:25des volumes et des enveloppes
01:06:27de l'immobilier au sens large
01:06:29on commence
01:06:31au niveau de l'immobilier solidaire à jouer notre carte
01:06:33et concernant Belleville, on vient de monter
01:06:35un fonds d'investissement pour aller
01:06:37lever de l'épargne citoyenne auprès de gens
01:06:39qui comprennent qu'il faut attendre
01:06:41moins de son propre rendement et que
01:06:43l'enjeu il est aussi là, c'est si on attend
01:06:45moins d'argent, on mettra
01:06:47moins de pression sur les projets et on permettra
01:06:49à des gens de se loger mieux.
01:06:51Alors on me souffle une question dans
01:06:53mon oreillette analogique
01:06:55Est-ce que vous êtes rentable ?
01:06:57Est-ce que c'est
01:06:59pas une question pas sympa ?
01:07:01Est-ce que j'ai le droit de te la poser ?
01:07:03Bien sûr, au contraire, il faut la poser
01:07:05c'est pour ça que nous
01:07:07tout à l'heure, je m'inspire
01:07:09de quelqu'un que j'ai bien
01:07:11qui parle de ringardiser, c'est qu'aujourd'hui
01:07:13nous on veut aussi ringardiser le fait de
01:07:15gagner plus d'argent et on a des opérations
01:07:17qu'on a achetées au prix du marché
01:07:19qu'on a financées avec des banques qui savent
01:07:21lire un bilan
01:07:23et qui n'ont pas du tout l'intention
01:07:25de perdre l'argent qu'elles nous prêtent et on se finance
01:07:27auprès d'investisseurs citoyens et institutionnels
01:07:29qui comprennent très bien les logiques financières
01:07:31ces gens-là, aujourd'hui, regardent
01:07:33la viabilité économique de nos projets
01:07:35et chaque projet a une viabilité économique
01:07:37propre, donc les projets
01:07:39sont rentables, sont à l'équilibre, par contre
01:07:41ces projets-là
01:07:43on essaie
01:07:45de gagner le moins possible et de revenir
01:07:47à une notion de bon sens, de gagner juste
01:07:49ce qu'il faut pour que ça tienne, sans aller
01:07:51chercher le surplus qui empêcherait les gens
01:07:53de vivre correctement.
01:07:55Et ça veut dire que, concrètement, vous réfléchissez
01:07:57d'abord à l'impact, et là
01:07:59je pose la question aussi à vous,
01:08:01à l'impact social, par exemple, ou l'impact
01:08:03écologique, et ensuite
01:08:05vous réfléchissez au modèle économique ?
01:08:07On peut dire
01:08:09comme ça, le premier levier, c'est ça, notre objet social
01:08:11c'est pas
01:08:13de gagner de l'argent, notre objet social
01:08:15c'est de faire des projets
01:08:17dans le sens de l'intérêt écologique et social
01:08:19donc c'est notre première motivation
01:08:21en effet, on fera aucun projet qui ne répond pas
01:08:23à ces enjeux-là, donc cette notion d'impact
01:08:25elle est importante, par contre
01:08:27il n'y aura rien si on n'est pas à l'équilibre
01:08:29à minima, et qu'on ne sait pas démontrer la viabilité
01:08:31économique de nos projets.
01:08:33Question à tous les trois
01:08:35et je me tourne vers Our,
01:08:37on sent bien là que c'est pas un hasard
01:08:39si vous êtes tous là,
01:08:41si c'est clair
01:08:43qui a
01:08:45gagné ce Grand Prix, on sent
01:08:47pour le dire vulgairement
01:08:49le changement de paradigme, est-ce que
01:08:51vous avez le sentiment d'être
01:08:53d'accompagner un mouvement
01:08:55global ou d'être
01:08:57à contre-courant avec des dialectiques
01:08:59qui se bastonnent
01:09:01les unes aux autres ?
01:09:03ça dépend un peu
01:09:05avec qui on parle
01:09:07ça dépend des interlocuteurs
01:09:09il y a des territoires dans lesquels on est
01:09:11non, non, il marche
01:09:13il y a des territoires
01:09:15dans lesquels on est mobilisés
01:09:17des interlocuteurs
01:09:19qui
01:09:21avec qui on est d'accord et qui portent
01:09:23ces questions-là, et puis dans d'autres cas
01:09:25il faut qu'on ferraille un peu plus
01:09:27de dire que la mixité
01:09:29il faut la trouver
01:09:31et que même c'est aussi des logiques
01:09:33qu'il faut reconstituer parfois
01:09:35chez des maîtrises ouvrages publics, parce que même
01:09:37à l'intérieur de ces maîtrises ouvrages
01:09:39ceux qui s'occupent du commerce
01:09:41ne sont pas ceux qui s'occupent de l'activité économique
01:09:43ne sont pas ceux qui s'occupent du logement
01:09:45et qui ne parlent même pas entre eux
01:09:47donc il faut retrouver cette idée-là
01:09:49et peut-être sur la question de l'impact
01:09:51nous c'est vrai qu'on aime à dire qu'on pense nos projets
01:09:53comme des projets contributifs
01:09:55en général
01:09:57notre logique d'accès à la commande
01:09:59elle est de répondre à des appels d'offres publiques
01:10:01donc il y a déjà toujours un peu
01:10:03les feux des projecteurs qui sont orientés
01:10:05sur des territoires, sur des sites
01:10:07et nous ce qu'on essaye de faire c'est
01:10:09comment on prend cette
01:10:11la valeur dont ces territoires se chargent
01:10:13pour essayer de la transmettre aussi
01:10:15à l'environnement
01:10:17et donc pas juste capter les richesses
01:10:19parce qu'on parlait de financiarisation juste avant
01:10:21les richesses qui peuvent atterrir sur un site
01:10:23et pour voir comment on peut aussi
01:10:25les...
01:10:27il y avait le terme de ruisseler tout à l'heure qui est apparu
01:10:29comment on peut les faire ruisseler
01:10:31vers d'autres questions, qu'elles soient
01:10:33sociales, écologiques, mais aussi dans l'environnement
01:10:37y compris dans des questions aussi d'économie
01:10:39de territoires qui parfois sont en déprise
01:10:41donc comment un projet aussi
01:10:43urbain ou territorial peut créer de la valeur
01:10:45pour un territoire en dehors des limites
01:10:47qui sont celles qu'on nous donne
01:10:49donc la question des échelles dont tu parlais
01:10:51c'est qu'il faut aussi parfois sortir des cadres
01:10:53qu'on nous donne tout en étant
01:10:55très précis et très décisif
01:10:57dans la manière de construire les projets
01:10:59on voit d'ailleurs des projets
01:11:01qui circulent
01:11:03qui sont visionnés derrière nous
01:11:05peut-être en dire un mot ou deux
01:11:07ça par exemple
01:11:09c'est un projet de transformation
01:11:11d'une zone d'activité à Verrière-le-Buisson
01:11:13donc une zone d'activité qui est remplie
01:11:15qui fonctionne avec des entreprises qui sont contentes
01:11:17d'être là, qui sont très diversifiées
01:11:19des gens qui font du pain
01:11:21qui font des labos de chimie
01:11:23des bureaux
01:11:25et dans un territoire qui s'est aussi
01:11:27réécrit sur lui-même
01:11:29de manière un peu organique pendant les
01:11:31dernières décennies
01:11:33il y a toujours un besoin de construire du projet
01:11:35du logement, notamment social
01:11:37qui est quand même un grand enjeu toujours vivant aujourd'hui
01:11:39et donc ça c'est
01:11:41les derniers sites sur lesquels il peut y avoir
01:11:43la puissance publique peut intervenir quelque part
01:11:45et donc l'idée du projet qu'on développe
01:11:47avec Paris-Sud Aménagement c'est
01:11:49de construire toutes les activités présentes
01:11:51de développer encore d'autres espaces
01:11:53et de créer du logement et de dire que finalement
01:11:55dans une logique de projet
01:11:57dont on va parler avec tout le monde
01:11:59on arrive à trouver des synergies possibles
01:12:01par le bas, par le projet et pas de manière systématique
01:12:03comme disait Christine tout à l'heure
01:12:05et d'arriver à trouver des services
01:12:07communs, mutualisés
01:12:09qui font qu'on peut et habiter et travailler
01:12:11dans un même site
01:12:13donc le parking il peut être mutualisé
01:12:15il peut être en foisonnement, le commerce
01:12:17il marche le midi, il marche le soir
01:12:19parce qu'il y a des gens qui sont là la journée
01:12:21d'autres le soir
01:12:23et voilà cette intelligence-là que la ville
01:12:25traditionnelle savait faire toute seule
01:12:27il faut qu'on la refabrique aujourd'hui
01:12:29Et ça ce besoin de mixité
01:12:31de mutualisation
01:12:33c'est un peu de l'altérité
01:12:35ça s'apprend quand même, c'est quelque chose
01:12:37qui se travaille avec les habitants, qui s'accepte pas
01:12:39forcément
01:12:41Et ce qui est peut-être important aussi de rajouter
01:12:43notamment dans le travail qui a été mené
01:12:45sur cette étude, c'était
01:12:47vraiment un travail au cas par cas, ça a été mentionné
01:12:49aussi, tout le travail, on a parlé
01:12:51des habitants, là c'était avec les entreprises
01:12:53et donc c'est vraiment
01:12:55des entretiens
01:12:57à la parcelle, au cas par cas
01:12:59avec les besoins, les envies futures
01:13:01donc oui
01:13:03il y a un vrai travail de fond
01:13:05et qui nous oblige à ne plus être
01:13:07en chambre, donc c'est peut-être important aussi
01:13:09ça a mentionné
01:13:11On parle Alexandre beaucoup du
01:13:13sur-mesure justement
01:13:15et c'est quelque chose qui est en filigrane
01:13:17dans toute cette après-midi
01:13:19comment on se perd pas
01:13:21en faisant du sur-mesure
01:13:23et en étant obligé de
01:13:25gérer de multiples contradictions
01:13:29On se perd
01:13:31Je pense qu'on se perd
01:13:33T'es beaucoup trop honnête
01:13:35depuis tout à l'heure
01:13:37Il faut
01:13:39c'est un peu comme
01:13:41on nous dit, oui l'économie sociale et
01:13:43solidaire ça marche pas, c'est un truc
01:13:45essayer de baisser les loyers
01:13:47et puis de monter la qualité, forcément
01:13:49on est face à des contraintes qui sont beaucoup plus
01:13:51fortes, là je prends l'exemple de l'immobilier mais ça vaut
01:13:53pour toute l'économie sociale et solidaire, moi je pense
01:13:55que les entrepreneurs de l'économie sociale et solidaire
01:13:57ils feraient d'excellents entrepreneurs de l'économie
01:13:59conventionnelle parce qu'ils arrivent à faire
01:14:01mieux avec moins d'argent, donc aujourd'hui
01:14:03on se
01:14:05confronte à une complexité tant
01:14:07dans l'ambition écologique
01:14:09ou sociale que
01:14:11dans la coopération aussi
01:14:13avec les parties prenantes et ça c'est
01:14:15hyper compliqué, ça a été dit aussi un peu avant
01:14:17on fait des réhabilitations
01:14:19dans des bâtiments qui seraient plus faciles de démolir
01:14:21que de garder et nous on envisage absolument
01:14:23pas de les démolir, aujourd'hui on a 100%
01:14:25de nos projets qui sont que des réhabilitations
01:14:27et on est loin d'être les seuls
01:14:29donc ça c'est une complexité
01:14:31les gens avec qui on travaille sont des associations
01:14:33sont des acteurs qui sont pas culturels immobiliers
01:14:35donc nos équipes sont en permanence
01:14:37en train de jongler entre
01:14:39des contraintes diverses
01:14:41et je pense que ça
01:14:43fait qu'on fait plein d'erreurs
01:14:45on est loin d'être parfait et je pense
01:14:47que tous les gens qui se confrontent à cette complexité
01:14:49il faut qu'on accepte ça
01:14:51mais c'est un chemin.
01:14:53Pourtant c'est le chemin comme dirait Aurel San
01:14:55merci beaucoup à tous les trois
01:14:57on se retrouve à la fin et on va vous retrouver
01:14:59vous en tout cas
01:15:01merci pour eux
01:15:07Justement on va avoir l'occasion
01:15:09d'observer le travail
01:15:11qui a été réalisé par nos lauréats
01:15:13à l'occasion d'une journée à l'Île-Saint-Denis
01:15:15on se retrouve dans quelques minutes, à tout de suite
01:15:17Mesdames, Messieurs
01:15:23Alors ce qu'on peut voir c'est qu'il y a
01:15:25déjà de plus en plus de candidats
01:15:27qui s'inscrivent et qui candidatent
01:15:29donc ça c'est une bonne nouvelle, on a eu
01:15:31près de 50 candidatures
01:15:33cette année, qu'il y a des gens
01:15:35de profils très différents
01:15:37avec des gens qui font aussi
01:15:39beaucoup tout au long du projet
01:15:41de la programmation, qui est souvent une programmation
01:15:43qu'on dit ouverte, qui est souvent
01:15:45une programmation qui est un peu
01:15:47plus en détail
01:15:49mais c'est un peu ce qu'on voit
01:15:51de la programmation, qui est souvent une programmation
01:15:53qu'on dit ouverte, faite avec les gens
01:15:55jusqu'à la conception et la réalisation
01:15:57de ces projets, et même parfois
01:15:59certains y vivent et font des résidences dedans
01:16:01donc il y a vraiment cette question de la continuité
01:16:03et de l'accompagnement tout au long des projets
01:16:13On voit quand même que c'est beaucoup de projets
01:16:15très collectifs, collaboratifs
01:16:17donc il y a vraiment ce besoin aussi
01:16:19de rencontrer les gens pour comprendre comment chacun
01:16:21a trouvé sa place
01:16:23comment ces nouveaux
01:16:25acteurs de l'urbanisme
01:16:27permettent de faire évoluer
01:16:29nos imaginaires, nos manières de faire
01:16:31de nous donner de nouvelles perspectives
01:16:33pour demain
01:16:39Cette exposition, elle a été conçue
01:16:41à l'adresse des élus
01:16:43et décideurs, des habitants
01:16:45donc un public assez large
01:16:47pas nécessairement de spécialistes
01:16:49parce qu'on pense qu'avec le ministère
01:16:51on s'est mis assez d'accord sur le fait que
01:16:53cette mesure doit être portée
01:16:55localement, par les élus
01:16:57par les habitants
01:16:59et ne pas être comprise comme une contrainte
01:17:01comme elle a trop souvent tendance à être présentée
01:17:03mais comme peut-être une opportunité
01:17:05d'aménager autrement les territoires
01:17:09Nous on est assez convaincus que
01:17:11les modèles sont justement
01:17:13à inventer et qu'ils sont surtout
01:17:15confrontés de manière spécifique
01:17:17au site auquel on est confronté
01:17:19et que donc il n'y a pas vraiment de modèle
01:17:21ou en tout cas sinon le modèle
01:17:23d'une architecture ou d'un urbanisme
01:17:25situé qui s'appuie sur ce qui existe
01:17:27et ce qui existe c'est autant
01:17:29des traces palpables
01:17:31tangibles, présentes mais aussi
01:17:33une histoire et qui donc interroge
01:17:35la notion de patrimoine
01:17:45Ce bâtiment il est vieux
01:17:47il est mal isolé
01:17:49il est chauffé au fioul
01:17:51il est trop serré pour les structures
01:17:53qui sont aujourd'hui occupantes
01:17:55et on sait en même temps que
01:17:57l'ESS a besoin d'accès à du foncier
01:17:59et c'est donc
01:18:01comme ça qu'on a décidé qu'on allait
01:18:03créer de la place
01:18:05et créer du mètre carré
01:18:07et partir sur un projet d'élévation
01:18:09et donc pour ça il fallait
01:18:11un collectif de maîtrise
01:18:13d'oeuvre qui soit
01:18:15capable de dire
01:18:17ok je vais penser tout
01:18:19le bâtiment en fonction des compétences
01:18:21des structures d'insertion et d'ESS
01:18:23du territoire et ça
01:18:25c'est un vrai renversement je pense
01:18:29Notre enjeu c'est de doubler le nombre de mètres carré
01:18:31ESS dans les
01:18:335 à 8 ans à venir
01:18:35et on sait qu'on a besoin d'une expertise
01:18:37pour nous accompagner. Notre ambition
01:18:39c'est d'avoir une foncière territoriale
01:18:41qui soit pour moi
01:18:43un outil territorial de développement local
01:18:45et économique
01:18:47sur les enjeux de l'ESS
01:18:49et plus largement sur l'attractivité de la commune
01:18:53On est une foncière de l'économie sociale
01:18:55et solidaire à Gréésus
01:18:57et notre métier c'est d'acheter des locaux
01:18:59de les réhabiliter et de les rénover
01:19:01pour des porteurs de projets en les louant
01:19:03à des loyers les plus modérés possibles pour des gens engagés
01:19:05dans la transition écologique et sociale
01:19:07On essaye de faire des lieux qui soient
01:19:09qui soient beaux, fonctionnels
01:19:11et sobres
01:19:13On avait à coeur de sortir de Paris
01:19:15et d'aller aussi en Seine-Saint-Denis
01:19:17et voir ce qu'il s'y faisait. Le phare c'est un
01:19:19pôle de l'ESS qui est implanté
01:19:21au coeur de l'île Saint-Denis de propriété
01:19:23d'une association qui s'appelle Alage
01:19:25et cette association là, y compris
01:19:27accompagnée des 11 structures
01:19:29de l'ESS qui vivent dans ce lieu
01:19:31avait un besoin de surface et ensemble on porte le projet
01:19:33on rachète le bâtiment
01:19:35et on va le rénover, le surélever
01:19:37avec une maîtrise d'oeuvre qui est pilotée par
01:19:39Frédéric Denys qui est un architecte très connu
01:19:41et la balise c'est venu
01:19:43d'une intention de la ville de l'île Saint-Denis
01:19:45et donc c'est très fort pour nous, très important
01:19:47d'être une terre d'accueil
01:19:49pour l'ESS. Il s'avère qu'il y avait un foncier
01:19:51industriel sur l'île
01:19:53un peu au coeur
01:19:55de l'île à une centaine de mètres du phare
01:19:57et donc on s'est servi de ce foncier
01:19:59pour le racheter avec Alage
01:20:01on porte un projet de rénovation et de construction
01:20:03écologique à l'intérieur
01:20:05de ce bâtiment industriel et on va accueillir
01:20:07toutes les structures du phare qui vont venir
01:20:09s'installer dans la balise le temps qu'on fasse
01:20:11la rénovation du phare et sa surélévation
01:20:13et puis après ils rebasculeront et on aura
01:20:15un nouveau bâtiment prêt pour accueillir
01:20:17des nouvelles structures de l'ESS
01:20:19sur l'île Saint-Denis.
01:20:25La stratégie qui a été portée avec Alage
01:20:27c'est comment on peut ne pas toucher aux bâtiments existants
01:20:29et on vient mettre à l'intérieur de ça
01:20:31des boîtes dont on n'a rien inventé non plus
01:20:33hyper isolées avec le maximum de réemploi
01:20:35idéalement aussi de l'insertion
01:20:37mais en même temps avoir des espaces de travail
01:20:39confortables mais le but
01:20:41c'est de mettre le minimum d'argent
01:20:43à des endroits et de mettre
01:20:45l'argent là où il est utile.
01:20:51Il y avait finalement deux thématiques communes
01:20:53à savoir comment est-ce qu'aujourd'hui
01:20:55on pouvait
01:20:57réintroduire au quotidien cette question de l'activité
01:20:59comment est-ce qu'on l'a fait cohabiter
01:21:01coexister avec d'autres fonctions
01:21:03dans d'autres bâtiments
01:21:05c'est ce qu'on a vu aujourd'hui avec Belleville
01:21:07nous on a plus essayé de montrer ça
01:21:09sous l'angle de comment est-ce qu'on coexiste
01:21:11avec d'autres programmes
01:21:13du logement, différentes activités
01:21:15entre elles. Nous on travaille
01:21:17on porte quand même une grande attention
01:21:19à la question de la représentation
01:21:21pour emmener au dialogue avec les gens
01:21:23à la concertation
01:21:25c'est vrai que c'est très important pour nous de trouver les modalités
01:21:27de langage
01:21:29que ce soit avec les élus, avec les habitants
01:21:33On a eu à coeur
01:21:35pour pas que les élus se disent
01:21:37justement de
01:21:39c'est de la complexité, j'y arrive pas
01:21:41donc je renonce au développement
01:21:43et prennent cette notion et
01:21:45cette nécessité de sobriété comme quelque chose
01:21:47d'extrêmement négatif
01:21:49de travailler à les accompagner
01:21:51et donc une stratégie de conduite
01:21:53de changement d'une agglo au service
01:21:55de ces communes pour un projet
01:21:57de territoire sobre, c'est vraiment ça
01:21:59qu'on a cherché à travailler depuis un certain nombre d'années
01:22:01pour pouvoir à un moment
01:22:03éprouver de nouveaux outils
01:22:05être un acteur
01:22:07ressource à l'échelle de notre
01:22:09EPDI pour les 81 communes
01:22:11du territoire
01:22:15Finalement les acteurs réels
01:22:17de cette transformation ce sont
01:22:19les acteurs économiques, ce sont les propriétaires
01:22:21fonciers qui sont restés
01:22:23propriétaires de leur terrain
01:22:25et finalement
01:22:27une grande partie de notre travail a été de
01:22:29montrer, d'accompagner
01:22:31ces propriétaires dans
01:22:33l'intelligence qu'ils pouvaient y avoir
01:22:35à transformer le foncier
01:22:37le densifier, à recompacter
01:22:39leur entreprise
01:22:55l'intelligence
01:22:56l'intelligence
01:22:57l'intelligence