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Transcription
00:00Vous, Khenouch Ramedzani, bonjour, vous êtes dessinateur de presse iranien, exilé en France depuis 2009 maintenant.
00:06Vous collaborez pour plusieurs médias français, merci de nous avoir accepté notre invitation.
00:11En quoi les attentats contre Charlie Hebdo ont changé votre travail et votre vie de dessinateur ?
00:18En fait, il a ajouté une étape qui est rage depuis 2015.
00:25C'est toujours pour moi, c'est inacceptable
00:27cet événement et le rage que j'ai toujours avec moi, peut-être j'ai pu guider vers le dessin que je fais souvent, heureusement.
00:44Je me suis observé comme un vrai militant pour la liberté d'expression absolue après l'attentat contre Charlie Hebdo.
00:56Je me sentais également responsable parce que j'ai vu comment mes collègues, malheureusement, ont commencé à pratiquer l'autocensure,
01:05qui est inacceptable également pour moi en tant qu'Iranien qui a fui l'Iran, un État islamique, à cause de la censure et du risque.
01:16Donc oui, l'attentat contre Charlie Hebdo m'a changé la vie.
01:21Vous interdisez aucun sujet, si je vous entends bien ?
01:26Oui, depuis 2015, aucun sujet, exactement.
01:29On a vu, pendant que vous parliez, l'un de vos dessins que vous signez, si je ne me trompe pas, aujourd'hui, c'est un rat ou une souris, vous me direz,
01:37qui tient une pancarte « Oui, mais » et qui écrase d'un pied « Je suis Charlie ».
01:43Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que l'esprit Charlie est à géométrie variable ?
01:48En fait, j'essaie d'illustrer la situation actuelle des dessinateurs du monde entier.
01:53Plutôt les dessinateurs du monde libre, mes collègues, qui ont peur, mais ils n'osent pas l'assumer,
02:01mais ils essayent de justifier leur peur par les mots comme respect, comme on ne connaît pas la culture musulmane, etc.
02:12J'essaie de commencer par nous-mêmes, les dessinateurs, c'est quoi notre esprit de Charlie ?
02:20Comment on peut respecter ce sacrifice que les collègues de Charlie Hebdo ont fait il y a dix ans ?
02:31Donc oui, le cible, c'est les dessinateurs de presse.
02:34Est-ce qu'en 2025, dix ans après les attentats de Charlie Hebdo, vous avez le sentiment que la satire a le même pouvoir ?
02:41Oui, justement, il y a le même pouvoir et c'est pour ça que les dictatures, même les médias, les journaux,
02:49ont commencé à avoir encore plus peur qu'avant.
02:55Mais aussi, je vois comment les médias, ils essayent d'avoir la langue de bois ou d'être plutôt médiocres,
03:04parce que peut-être ils savent le danger, le risque que chaque dessin de presse peut amener.
03:12Moi, je le vois comme pouvoir de transmettre le message.
03:17Le dessin de presse, c'est très important parce qu'il peut transmettre les messages très clairs dans la société.
03:24Il a un impact très important dans la société.
03:26On va découvrir un autre de vos dessins qui a été publié dans La Croix.
03:30Dans La Croix, c'était à l'occasion des cinq ans des attentats et pour lequel, on le découvre à l'antenne,
03:38vous avez été menacé après la publication.
03:42Oui, justement, en fait, pour moi, c'était une surprise.
03:46Mais en même temps, quand j'ai réfléchi, j'ai vu que bien sûr, parce que j'ai vécu un régime islamique,
03:53un état islamique, la manière dont ils imposent leur charia, c'est par peur.
04:02Donc, lorsque un dessinateur, un artiste, commence à humilier ou, comment on dit,
04:11à casser le tabou d'un pouvoir islamiste, après, ça devient un cible.
04:19Automatiquement, ça devient un cible parce que la peur que l'état islamique a besoin pour mettre sur la société,
04:29ça ne fonctionnera pas parce qu'il y a des dessinateurs de presse qui vont casser cette machine.
04:37Mais malheureusement, ce que je vois maintenant dans la société occidentale,
04:42c'est que la peur a trouvé sa place avec des idéologistes islamistes.
04:52C'est-à-dire qu'il y a un terme qui était inventé qui s'appelle l'islamophobie.
04:56Dès qu'on exprime notre peur, notre phobie de quelqu'un qui crie Allahu Akbar,
05:03après, il roule avec sa voiture dans la rue, sur les gens,
05:09ou bien tirer les gens et on peut être accusé d'islamophobie.
05:17Je pense que ce terme aussi a son propre rôle dans notre société,
05:25pourquoi les dessinateurs pratiquent encore plus l'autocensure.
05:32Kianush Khamedzani, vous êtes iranien.
05:36Je le disais tout à l'heure, vous êtes exilé en France depuis 2009.
05:42Est-ce qu'au vu de la situation dans votre pays, est-ce que vous envisagez de revenir un jour en Iran ?
05:49J'espère, moi je suis une personne optimiste malgré tout,
05:55mais la vérité c'est que ça peut durer très longtemps.
06:01La révolution a déjà commencé par le courage des jeunes femmes, des jeunes hommes iraniens.
06:09Déjà, tout le monde le connaît, la révolution Femmes, Vies, Libertés.
06:14J'en suis fier, mais à mon avis, cette société, cette nouvelle génération,
06:20n'a pas l'expérience de créer une vraie partie d'opposition.
06:25Donc, à mon avis, il faut attendre, voir comment ils vont changer le régime.
06:31Merci beaucoup Kianush Khamedzani, dessinateur de presse iranien.

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