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Transcription
00:00Il laisse derrière lui un héritage sulfureux, des propos antisémites, révisionnistes qui lui auront valu de nombreux déboires judiciaires.
00:06Jean-Marie Le Pen est mort, il avait 96 ans, le fondateur du Front National qui aura fait émerger l'extrême droite, ici en France,
00:13jusqu'à se hisser au deuxième tour de la présidentielle, c'était en 2002.
00:17On va en parler avec Arnaud Mercier.
00:19Bonjour à vous, vous êtes professeur en sciences de l'information et de la communication à l'Université Paris II, à SASS,
00:25avec Gauthier Rybinski, chroniqueur international ici à France 24.
00:29Évidemment, visage bien connu de notre rédaction, mais vous avez couvert, avant de rejoindre nos locaux de campagne de Jean-Marie Le Pen,
00:36vous allez nous en parler, puis Myriam Amelal, autre visage bien connu de notre rédaction, évidemment,
00:41présentatrice du journal de l'Afrique, on abordera avec vous notamment les relations, évidemment, avec l'Algérie.
00:45Arnaud Mercier, d'abord, je voudrais qu'on revienne sur ses réactions politiques.
00:50Alors, des deux camps, finalement, il y a celle de sa petite fille, d'abord, Marion Maréchal,
00:57qui, on le rappelle, avait quitté le Front National, qui avait aussi effacé le nom Le Pen
01:03et qui dit ce soir vouloir continuer la mission de son grand-père.
01:08Il est un fait que c'est elle qui est la plus proche dans la famille, finalement, du discours d'origine de Jean-Marie Le Pen.
01:16N'oublions pas que le Front National s'appelait le Front parce que c'était un rassemblement de tous les grupuscules de l'extrême droite française,
01:23y compris la droite pétainiste.
01:25Et Marion Maréchal, elle est sans doute la meilleure héritière de ce courant-là.
01:33Et donc, qu'elle rende hommage à son grand-père de façon plus appuyée que le reste de la famille n'étonne personne.
01:39Vous restez avec nous, Arnaud Mercier.
01:40Je voudrais votre commentaire maintenant sur ces images qui nous viennent de places de la République
01:45où plusieurs centaines de personnes se sont réunies à l'appel du nouveau parti anticapitaliste, le NPA.
01:52Des scènes de liesse à la mort de Jean-Marie Le Pen.
01:56Votre commentaire.
01:59Écoutez, Jean-Marie Le Pen a été un adepte de la provocation pendant toute sa vie politique.
02:04On peut difficilement s'étonner que certaines personnes qui sont à l'autre bord politique
02:10se réjouissent bruyamment de sa disparition, même si c'est peut-être faire offense à un mort, évidemment.
02:17Mais il a généré de puissants mouvements de rejet.
02:23D'ailleurs, plus de 80% des Français avaient refusé de voter pour lui au second tour de l'élection présidentielle de 2002.
02:30Et donc, dans le lot, il y en a qui, effectivement, vont se réjouir.
02:34Ils étaient vraiment les pires adversaires.
02:37Donc malheureusement, j'allais dire par rapport au climat politique,
02:41qu'il a lui-même contribué à dégrader en fabriquant de la polémique, de la polarisation, etc.
02:46On ne peut pas s'étonner que certains de ses plus éloignés adversaires se réjouissent.
02:52Vous restez avec nous, Arnaud Mercier.
02:53Gauthier Ribinski, Arnaud Mercier, le rappelait, le front national,
02:56parce que Jean-Marie Le Pen aura réussi cela, de réunir, d'unifier cette extrême droite extrêmement morcelée à l'époque.
03:04Juste un petit commentaire sur les images qu'on voit.
03:06Celle de la République.
03:07Oui, le NPA, quand il fait ça, tant mieux.
03:10Ça lui évite d'idolâtrer le Hamas et les attentats d'octobre 2023.
03:17Parenthèse fermée, oui, l'idée que Jean-Marie Le Pen avait, et qui était complexe à mener,
03:23c'était de fédérer une extrême droite qui, par définition, souvent, se complaisait dans l'affrontement.
03:30Alors l'affrontement de Chapelle, oui, peut-être, mais aussi des affrontements qui avaient des résonances tout à fait sérieuses.
03:37Quand on prend, par exemple, les catholiques traditionnalistes et ce qu'on a appelé les néo-païens,
03:43qui étaient, justement, dans l'idée que les anciennes religions étaient à toute proportion gardées,
03:48comme la théorie nazie l'avait voulue, c'est-à-dire qu'il fallait créer des hommes nouveaux, remplacer et subvertir les anciennes religions.
03:55Bien, tout ça n'était pas en faveur d'une association, d'un ciment de l'extrême droite.
04:01Et Le Pen réussit ça, paradoxalement, parce qu'il n'est pas, justement, trop, j'allais dire, phagocyté par son propre passé.
04:10Son passé, c'est celui, on y reviendra avec Myriam, c'est essentiellement l'Algérie.
04:14Mais pour le reste, il ne fait pas figure du vieux barbon qui sortirait de telle ou telle théorie.
04:19Et il arrive, de cette manière-là, à rejoindre, à sceller un front national qui va, de toute manière, parfois, se fissurer à nouveau.
04:29Et la grande fêlure, ce sera au moment où Bruno Mégrand, 99, part, et essentiellement avec cette classe technocratique du front national
04:39qui considère que les vieilles histoires, comme l'Algérie, empêchent le front national de briser le plafond de verre pour accéder au pouvoir.
04:46– Et on en parlera, effectivement, dans un instant avec Myriam Amel Al Arnaud.
04:49Merci, la mort de Jean-Marie Le Pen, est-ce que c'est aussi, de fait, l'enterrement définitif des racines xénophobes, racistes du front national
04:57dont c'est, n'a cessé, que sa fille, Marine, n'a cessé de vouloir dédiaboliser, elle qui n'a pas encore réagi, d'ailleurs ?
05:08– Oui, écoutez, c'est plus compliqué que ça, parce que ça fait longtemps que la question de l'héritage de Jean-Marie Le Pen se pose
05:16dans la manière dont Marine Le Pen a fait en partie le ménage, ça c'est absolument évident.
05:21Il y a des vieux compagnons de route, Jean-Marie Le Pen, sulfureux, qui étaient des nostalgiques.
05:27Justement, de la seconde guerre mondiale, du régime de Vichy, etc., ce qui n'est pas du tout, mais pas du tout, les références de Marine Le Pen.
05:33Donc là, elle a éradiqué une partie de ce courant, mais de là à dire que le Rassemblement national n'a pas des relents de xénophobie, voire de racisme,
05:43que ce soit dans ses discours ou dans les motivations de ses électeurs pour parti à le rejoindre, là, je pense qu'il y a un pas qu'on ne peut pas faire.
05:50Il est évident qu'au Rassemblement national, la question de l'immigration, de l'idée de la défense d'une identité de la France qui serait, j'allais dire,
06:02ethniquement pure ou quelque chose comme ça, ou qui y ressemble, est toujours en filigrane dans une partie du discours.
06:08Et ça, c'est un héritage de Jean-Marie Le Pen, comme la question de l'insécurité associée à l'immigration,
06:16puisqu'on est dans les discours à la Trump, où tous les immigrés sont potentiellement des gens qui vont commettre des délits.
06:24Donc il y a quand même un héritage qui reste là.
06:27Des thématiques gothiques qui auront réussi à le propulser au second tour de la présidentielle en 2002.
06:32Je le disais, vous avez couvert deux campagnes, 1995 et 2002.
06:35Alors, ce n'est pas uniquement la seule raison.
06:37Quand il arrive justement à ce second tour de la présidentielle en 2002, c'est une surprise, évidemment, pour les Français, mais c'est aussi une surprise pour lui-même, finalement.
06:44Alors, une surprise pour lui-même, dans la mesure où lui se concevait comme une mouche du coche.
06:49Il n'y a rien de favorable dans ce que je dis.
06:53C'est ainsi qu'il voyait la chose et peut-être aussi qu'il pressentait que gouverner, c'était une autre paire de manches.
06:59C'est-à-dire qu'on l'a même vu aux dernières législatives.
07:02Un certain nombre de candidats ou dispositifs de ce qu'aurait pu être le passage d'un Jordan de Barléla à un Batignon,
07:09c'était quelque chose qui coinçait encore dans la tubulure.
07:12Mais, si vous voulez, l'idée qui consistait à faire en sorte qu'il y ait un gouvernement,
07:19peu importe de quoi il soit composé, mais qui soit favorable à ce que disait M. Mercier à l'instant,
07:24c'est-à-dire pas de renoncement, il n'y a aucun renoncement à la base de ce qu'est le Front National.
07:30La seule différence, et elle est dramatique, c'est qu'en 1983 à Lourdes,
07:34que vous avez par exemple les premiers frémissements du Front National, notamment à Dreux avec le couple Stirbois.
07:41Il y a des gens qui se mobilisent en disant « abat les fascistes », etc.
07:45Eh bien aujourd'hui, « abat les racistes ».
07:47Aujourd'hui, vous avez même des électeurs qui disent « ah bon, le racisme, c'est pas si mal ».
07:51Et c'est ça qui a changé. Et il y a contribué, c'est-à-dire à faire en sorte que les barrières,
07:56les défenses morales et politiques soient abattues, en quelque sorte.
08:00On en a beaucoup parlé, Myriam Emelal, on l'a évoqué, ce passé, évidemment, de Jean-Marie Le Pen,
08:06il est indissociablement lié à l'Algérie.
08:09Il est indissociablement lié. D'ailleurs, il y a quelques minutes, j'ai interviewé Asni Abidi
08:13sur les relations franco-algériennes. Et je lui ai posé la question sur ce passé.
08:18Il représente le passé, il est mort. Et pourquoi il y a toujours autant de tensions entre les deux pays ?
08:22Il m'a répondu tout simplement parce que les hommes partent, mais ils ne sont pas jugés.
08:27Et c'est cette impunité, justement, qui continue à peser dans ces relations franco-algériennes.
08:33Et Jean-Marie Le Pen, à ce passé, il a été lieutenant à la tête d'un régiment de légionnaires
08:40qui était composé d'étrangers, la Légion étrangère, où il y avait beaucoup d'anciens SS qui torturaient.
08:48Et il y a eu des historiens et des journalistes qui ont enquêté.
08:51Il s'en vantait au tout début. Il parlait aussi de son œil qu'il avait perdu en Algérie.
08:58Il s'est vanté aussi de la torture. Ensuite, il est revenu dessus parce qu'évidemment,
09:02il faut répondre de ses actes. Il y a eu beaucoup de témoignages.
09:09Et d'ailleurs, ce soir, on peut voir sur les réseaux sociaux beaucoup de témoignages
09:13qui réapparaissent de tortures en Algérie. Et ça, c'est un passé, j'ai envie de dire, qui lui colle à la peau.
09:20Et c'est aussi, en quelque sorte, sa façon d'avoir...
09:26Avec ce passé qu'il a façonné son parti et l'extrême droite, il a été rejoint par des anciens de l'OAS.
09:33Et ce discours sur l'immigration, sur l'intégration, tout ça,
09:42vient justement de ce passé qu'il a construit en Algérie.
09:48– Je vois de l'une et de la tête Arnaud Mercier, Coutier également.
09:51– Oui, je voulais rajouter quelque chose. – Oui, je vous en prie, allez-y.
09:53– N'oublions pas qu'il a été le directeur de campagne de Jean-Louis Tixier-Vignoncourt
09:58pour la présidentielle de 1965.
10:01Tixier-Vignoncourt qui était l'avocat de l'OAS, l'Organisation armée sacrée,
10:05c'est-à-dire ce groupe paramilitaire clandestin, composé de pieds noirs
10:11qui ne supportaient pas l'idée de l'abandon de l'Algérie française,
10:15et de militaires qui, pour les mêmes raisons, se sont lancés dans des opérations clandestines,
10:21y compris d'essayer d'abattre le général de Gaulle.
10:25Et là aussi, quand on connaît l'histoire de Jean-Marie Le Pen,
10:28voir aujourd'hui le Rassemblement national revendiquer l'héritage du général de Gaulle,
10:32alors que Jean-Marie Le Pen est l'héritier de ce mouvement
10:36qui veut la mort du général de Gaulle parce qu'il a lâché l'Algérie française,
10:41c'est assez cocasse.
10:43– Oui, je vous en prie, merci.
10:44– Et d'ailleurs, son parti en fait a été façonné,
10:48il tient, cette extrême droite française finalement,
10:50tient ses racines de cet esprit colonial,
10:53cette Algérie française, ce code de l'indigénat.
10:56Et quand on voit aussi l'histoire de cette Algérie française,
10:59quand on parlait, la première fois qu'on a entendu le mot intégration,
11:02le mot assimilation, c'était dans cette Algérie française,
11:05quand on parlait des indigènes, justement de l'assimilation des indigènes,
11:08qu'eux-mêmes militaient pour leur assimilation et leur intégration.
11:12Donc tous ces mots sont nés d'abord en Algérie.
11:15Benjamin Soral, l'historien, le dit très bien dans son livre Transfert de mémoire,
11:19il raconte cet héritage qui est venu d'Algérie pour consolider cette Algérie,
11:24cette extrême droite en France.
11:27Et peut-être que c'est avec cette extrême droite que Marine Le Pen a tenté de rompre.
11:31Notre invitée l'a dit tout à l'heure, elle a tenté d'éradiquer une partie,
11:34seulement une partie, parce qu'il en reste des choses,
11:37notamment dans cette politique migratoire qu'on rattache à l'insécurité, etc.
11:43Et puis il y a cet esprit aussi qui reste,
11:46parce que quand on voit par exemple le tweet de Jordan Bardella,
11:49il parle de l'Algérie, il parle de l'Indochine,
11:51donc il reste encore quand même cette nostalgie, je dirais,
11:56de cette Algérie française, de cette France coloniale.
12:01Merci. Gauthier, peut-être un mot en quelques secondes.
12:04Pour rejoindre ce que disait M. Mercier, il y a du caucus malheureusement.
12:08Le caucus aujourd'hui, c'est le Rassemblement national qui se prétend philo-sémite.
12:11L'histoire de l'extrême droite en France, elle est antisémite.
12:14Et tout d'un coup, cette extrême droite serait philo-sémite pour une seule raison,
12:18il ne faut pas être dupe, ça masque l'arabophobie du Rassemblement national.
12:22Et comme ça ne fait pas très bien, alors on se dit ami des Juifs.
12:25Mais c'est une vaste fumisterie.
12:26Et ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup Gauthier Rybinski.
12:29Merci aussi à Arnaud Mercier qui était avec nous en Skype.
12:33Et puis merci à Myriam Amelali.
12:35On vous retrouve d'ailleurs dans un instant pour le journal de l'Afrique.
12:37Je vous laisse la place et moi je vous retrouve pour la suite de l'actu 360.
12:40C'est à 23h. A tout à l'heure.

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