Manuel Valls, ministre des Outre-mer, était l'invité de "C'est pas tous les jours dimanche" sur BFMTV.
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00:00Bonsoir Manuel Valls, Ministre d'Etat, Ministre des Outre-mer.
00:04Quelles sont les dernières informations dont vous disposez sur la situation sur place à Mayotte ?
00:09Mayotte a fait face, vous l'avez dit, à une tempête tropicale intense.
00:14On est passé de cyclone à tempête tropicale.
00:16Mais c'est un phénomène particulièrement difficile, ératique, déstructuré.
00:22Et pour dire clairement les choses, Mayotte en a pris plein la gueule.
00:25Je reprends l'expression que me disait il y a un instant au téléphone le préfet sur place,
00:30qui est très mobilisé avec toutes ses équipes,
00:32parce que je veux que nos compatriotes, nos concitoyens, ceux qui nous regardent,
00:36se rendent bien compte qu'après avoir été impacté par un cyclone
00:41qui a provoqué la plus grande catastrophe naturelle,
00:43pas seulement de Mayotte, mais de l'autre pays depuis la dernière guerre mondiale,
00:47aujourd'hui sur un terrain déjà très friable, très exposé,
00:53avec des Mahorais qui sont à la fois très courageux, mais très fatigués.
00:58La peur s'est emparée évidemment ces dernières heures de la population.
01:02L'impact a été violent.
01:05Des inondations, une route coupée, des espaces inondés.
01:11Et on craint toujours bien évidemment des risques,
01:14les coulées de boue, les submersions maritimes.
01:17Jusqu'à demain matin, beaucoup de vigilance, protection des populations.
01:22L'alerte rouge qui confine les populations chez elles va rester en vigueur.
01:28On verra demain avec un point météo,
01:30et le préfet prendra cette décision qu'elle sera la suite.
01:34Pour l'instant, est-ce qu'on a un bilan humain de cette tempête sur place, tropicale ?
01:39Il y a sans doute quelques blessés, on ne déplore pas.
01:42Au moment où je vous parle, je reste prudent de victimes.
01:45Il y a une très grande mobilisation.
01:47Il y a plus de pratiquement 800 hommes et femmes de personnel,
01:52de la police, de la gendarmerie, de la sécurité civile,
01:55avec des équipes médicales qui étaient mobilisées sur l'ensemble du territoire,
01:59avec toujours la même idée, parfois c'est difficile bien évidemment,
02:02d'arriver au dernier kilomètre, au dernier mètre,
02:04pour voir ce qui se passe dans une commune, dans un village.
02:07Tout cela se fait aussi en grande coopération avec les 17 communes, avec les maires.
02:13J'ai eu le président des maires aussi de Mayotte, avec le conseil départemental,
02:17j'ai parlé avec son président cet après-midi,
02:19parce que c'est important que l'État et les communes, les élus,
02:22travaillent ensemble pour venir au secours de la population.
02:25Je rajoute d'ailleurs qu'il y a à peu près 20 000 personnes qui ont été mises à l'abri,
02:3015 000 dans des écoles et des gymnases,
02:32et 5 000 sans doute dans les mosquées,
02:34puisqu'elles ont ouvert leurs portes à la religion musulmane,
02:38un islam très ouvert, très fraternel.
02:43Sur place, à Mayotte, ça a permis d'accueillir aussi des personnes.
02:47Alors justement, on va aller sur place à Mayotte,
02:49retrouver notre envoyé spécial qui est présent, Antoine Forestier.
02:53Bonsoir, vous êtes présent sur place avec Sonia Reynaud.
02:57L'alerte rouge a donc été prolongée jusqu'à demain.
03:02Oui, ce qui pourra surprendre les habitants,
03:04d'ailleurs au quartier de Mamoudzou, là où nous nous trouvons, à Cavani,
03:07il y a actuellement du monde dans les rues,
03:09alors que c'est du coup encore interdit de sortir de son domicile.
03:12On est censé rester confiné à cette période,
03:14parce qu'il y a donc cette accalmie.
03:15Il n'y a plus de pluie désormais ici dans le nord de l'île.
03:17On ressent un léger vent, mais rien à voir avec ce qu'on a pu connaître en début de journée.
03:21Mais le préfet le disait tout à l'heure,
03:23il est possible qu'il y ait de nouveau du vent fort,
03:25avec des rafales à 80 km heure demain,
03:28même si ce système dépressionnaire est en train de s'éloigner de Mayotte.
03:31Et comme c'est un territoire qui a été fragilisé par le cyclone Chido,
03:34il y a maintenant un mois,
03:36par cette tempête tropicale qui est passée ce week-end,
03:38elle ne veut prendre aucun risque.
03:40Parce que c'est vrai qu'à notre arrivée ici à Mamoudzou,
03:42on a bien vu de nombreuses maisons, de nombreux appartements,
03:44avec des toits encore fissurés, avec des tols encore arrachés,
03:47qui ont été rafistolés avec des bâches avant que cette tempête n'arrive.
03:51Et forcément, s'il y a de nouvelles pluies, cela pourrait occasionner des dégâts.
03:55La bonne nouvelle, c'est que pour le moment, le bilan humain n'existe pas,
03:59puisqu'il n'y a pas de victime à proprement parler.
04:01Je nous disais, le préfet tout à l'heure,
04:03on est également allé voir les pompiers de Mamoudzou,
04:05qui n'avaient pas d'intervention particulière à signaler.
04:07Ça, c'est une bonne nouvelle.
04:09Cette tempête tropicale était beaucoup moins forte
04:11que ce que l'on a pu connaître il y a un mois ici.
04:13C'est principalement le sud de l'île qui a été touchée.
04:15On s'en est rendu compte à M'boigny tout à l'heure.
04:17Une commune qui avait, elle, été épargnée lors du passage du cyclone,
04:20il y a un mois.
04:22Il y a eu des inondations, des submersions marines,
04:24un pont également piéton qui s'est effondré.
04:27Les habitants, d'ailleurs, sont sortis à ce moment-là,
04:29et certains ont même utilisé leur pirogue dans la rue,
04:32parce qu'il y avait quasiment un mètre d'eau à cet endroit-là.
04:35Voilà ce qu'on a pu constater, ici, au niveau de Mayotte,
04:38en termes de dégâts. Dans le nord, principalement,
04:40la journée a été plutôt calme, du vent, de la pluie,
04:42mais rien à voir avec ce que l'on a pu vivre il y a un mois à Mayotte.
04:46Mayotte qui reste donc en alerte rouge ce soir.
04:49Demain, également, une bonne partie de la journée,
04:51il faut rester confiné chez soi, la circulation reste interdite,
04:54et surtout l'activité économique reste à l'arrêt,
04:56les entreprises, les restaurants, les bars,
04:58tout est encore fermé pour une journée supplémentaire,
05:00les supermarchés également, et puis l'aéroport,
05:02il reste fermé sur petites terres, pas de vol prévu pour le moment,
05:06jusqu'à la levée de cette alerte.
05:08Antoine Forestier, envoyé spécial BFM TV,
05:11avec Sonia Reynaud, depuis Mayotte, merci beaucoup.
05:14Monsieur le ministre d'État, le texte spécial, justement,
05:18la loi spéciale pour Mayotte va arriver demain en commission à l'Assemblée nationale.
05:22Vous avez dit que vous vouliez relever Mayotte.
05:25C'est quoi votre méthode ? Concrètement, il y a quoi dans ce texte ?
05:27Il y a surtout ce premier texte qui est préparé déjà depuis plusieurs jours,
05:32depuis plusieurs semaines après le cyclone,
05:35qui vise à écraser toutes les procédures, toutes les règles,
05:38pour aller beaucoup plus vite dans l'aide aux communes,
05:41au monde économique, au monde agricole.
05:43C'est un peu la méthode Notre-Dame, si j'ose dire.
05:45Exactement, c'est l'idée au fond, on reprend ce qui avait été mis en oeuvre
05:48pour la reconstruction de Notre-Dame.
05:50Donc ça, c'est un premier élément pour venir en aide à tous les acteurs économiques,
05:54pour aider les communes, notamment dans la rénovation des écoles,
05:59pour faciliter aussi l'activité économique, notamment pour les marchés de demain.
06:04Il faut que les entreprises maoraises, à condition qu'on forme aussi, évidemment,
06:07sur place, puissent répondre à cette attente économique de reconstruction.
06:12Il y a aussi la création d'un établissement public,
06:15qui est très important, parce que ça va être le bras armé
06:18pour reconstruire demain Mayotte.
06:21Il y aura une deuxième loi que je présenterai dans quelques semaines,
06:24pour là répondre aux questions de sécurité, d'immigration,
06:27de développement économique et d'éducation,
06:29sur lesquelles aussi il faut travailler, parce que c'est tout à fait essentiel.
06:33C'est de conjuguer l'urgence, l'eau, l'électricité,
06:37la distribution alimentaire, la préparation de la rentrée scolaire,
06:41évacuer les déchets, parce que ça représente un risque d'épidémie,
06:45et de l'autre côté, déjà, commencer à relever l'île.
06:49Et puis la question, évidemment, centrale,
06:51enfin, s'il vous plaît, il y a deux sujets centraux,
06:53qui représentent un véritable fléau pour Mayotte,
06:58qui, d'une certaine manière, la détruise progressivement.
07:01Et si on ne les traite pas, tout ce qu'on va faire ne servirait pas à grand-chose.
07:05C'est l'immigration irrégulière et c'est l'habitat illégal,
07:10c'est-à-dire les bidonvilles.
07:12C'est les deux sujets qu'il faut traiter au fond,
07:15parce que c'est ce qu'attendent les Mahorais.
07:17Sur cette question de l'immigration, lors de son déplacement,
07:19le Premier ministre François Bayrou a jugé, je cite,
07:21que la question du droit du sol est une question qu'on devait se poser.
07:24Est-ce que vous êtes pour la suppression du droit du sol à Mayotte ?
07:28Supprimer le droit du sol à Mayotte, c'est une réforme constitutionnelle.
07:32Moi, je m'en tiens à ce qu'on a écrit il y a une semaine
07:36avec les ministres de la Défense et de l'Intérieur.
07:39C'est déjà restreindre, ça a déjà été le cas,
07:42ça a été fait il n'y a pas si longtemps,
07:44quand Gérard Collomb était ministre de l'Intérieur, si j'ai bonne mémoire.
07:47C'est restreindre l'accès au droit du sol.
07:49On peut aller plus loin dans ce domaine-là.
07:52Il faut agir aussi sur les faux certificats de paternité.
07:55Il faut agir aussi pour empêcher de nouveaux migrants d'arriver.
08:00Je vous rappelle que le cyclone a détruit 3 des radars sur 4,
08:04une partie des installations qui permettent cette surveillance.
08:06Tout cela est en train d'être reconstitué.
08:08Sur quelle durée ?
08:09Par exemple, les députés LR souhaitent que ça soit conditionné
08:12au fait que les parents résident sur Mayotte
08:16de façon, je cite, « régulière et ininterrompue depuis au moins un an ».
08:20Oui, et là, c'était trois mois.
08:22On va regarder si on peut aller jusqu'à un an.
08:24Je crois que la présidente de l'Assemblée nationale,
08:25Yann Bompillé, a dit ce matin qu'elle était plutôt favorable à cette idée.
08:29Donc, sans un grand soir constitutionnel…
08:31Un an, pourquoi pas ?
08:32Oui, mais c'est le débat qu'on va avoir.
08:34Il y a aujourd'hui la loi que je présente demain.
08:37Il y a cette proposition de loi des Républicains dans quelques semaines.
08:41Et ensuite, il y a de nouveau le texte de refondation Mayotte-Debout
08:44pour reprendre l'expression qui était celle sur place du Premier ministre François Bayot.
08:48Il faut agir sans tabou, et j'espère avec le consensus le plus général,
08:52mais ce que je veux dire à tout le monde,
08:54à tous les parlementaires comme aux Français,
08:57c'est que les Mahorais qui aiment la France,
08:59qui considèrent que la France est la liberté,
09:02souhaitent vraiment qu'on agisse concrètement, rapidement,
09:06ce qui nous oblige aussi à revoir nos relations avec les Comores,
09:09sur le dossier de l'immigration et sur le dossier de l'habitat illégal.
09:14Tout cela ronge profondément l'île, ça provoque de la violence, des conflits.
09:18Si on ne règle pas ces sujets, je le répète, on ne pourra pas régler…
09:21Une des vraies questions, c'est de savoir exactement, et aussi,
09:23quelle est la population Mayotte-Manuel Valls.
09:25Il y a quelques jours, vous évoquiez le fait qu'elle était sans doute plus proche
09:28des 500 000 habitants en raison de l'immigration
09:30que des 321 000 officiellement, justement, décrits.
09:34Le patron de l'INSEE vous répond aujourd'hui, et juste, je cite,
09:37« indécent de voir le travail de l'Institut dénigré ».
09:40Qu'est-ce que vous lui dites ce soir ?
09:41Moi, je comprends parfaitement l'INSEE, à qui on a précisément demandé
09:45un travail de fond avec les maires pour recenser la population.
09:51Il faudra aller, je l'espère, relativement vite.
09:54Et moi, je respecte l'INSEE.
09:56Je connais bien Mayotte, je suis déjà allé plusieurs fois,
09:59et je constate tout simplement qu'il y a 350 000 habitants,
10:03et il y a des dizaines de milliers de migrants illégaux, irréguliers.
10:08Donc, ça veut dire que la population est plus nombreuse.
10:10Quand aura lieu ce recensement ?
10:12Ça, il faut demander à l'INSEE, qui est soucieuse de son indépendance.
10:15Pour l'instant, il juge qu'ils n'ont pas les moyens de le faire en l'état ?
10:18Aujourd'hui, dans la situation Mayotte, j'imagine que c'est difficile,
10:20mais enfin, il faut y aller.
10:21Par exemple, le général Facon, qui va être le préfigurateur
10:24de cet établissement public dont je viens de vous parler,
10:27va arriver dans les prochains jours sur Mayotte.
10:30Il faut aller sur Mayotte, il faut faire ce travail.
10:32Et c'est tout à fait essentiel pour aider financièrement Mayotte,
10:35qui a été sous-investie au cours de ces dernières années,
10:39et parce que, tout simplement, la population immigrée illégale
10:42fait exploser, par exemple, nos écoles.
10:45Donc, moi, j'attends la vérité des chiffres.
10:49Sans remettre en cause le travail de l'INSEE, on verra bien.
10:52Je pense que les chiffres que j'ai avancés ne sont pas très loin de la réalité,
10:55mais laissons l'INSEE travailler.
10:57La rentrée scolaire sera possible ?
10:58Ça va être difficile.
11:00On verra les dégâts, notamment dans le sud,
11:02de cette tempête tropicale intense que nous venons de subir à Mayotte.
11:08Tout doit être fait pour que le 20, une partie des écoles,
11:1270% des écoles, des collèges et des lycées, peuvent ouvrir,
11:14mais à condition qu'il y ait le matériel scolaire,
11:16qu'il y ait le matériel pédagogique, que les enseignants, évidemment, soient là.
11:20Je pense qu'on pourra le faire, on verra.
11:23Mais le 20 est l'objectif que nous nous sommes donnés,
11:26parce qu'il faut que les enfants puissent reprendre plus ou moins une vie normale,
11:29même si ça ne sera pas, nous le savons, une rentrée comme les autres.
11:32En tout cas, je suis mobilisé, tout le gouvernement est mobilisé,
11:35pour qu'on n'oublie jamais, malgré l'actualité, ce territoire français,
11:40et je m'y rendrai dans une quinzaine de jours pour refaire le point avec tout le monde sur le terrain.
11:43Manuel Valls, vous faites partie d'un gouvernement
11:45dont le Premier ministre va faire sa déclaration de politique générale dans deux jours.
11:48On sait qu'il y a des discussions actuellement sur la réforme des retraites,
11:52discussions avec la gauche, le gouvernement qui essaie de séduire une partie de la gauche ce soir.
11:56C'est la droite aussi qui met en garde le gouvernement en disant
11:59« attention, vous allez peut-être nous perdre si vous dîlez trop avec la gauche ».
12:02Ce matin, nous recevions Olivier Faure.
12:04Il estime que pour l'instant, je cite, « le compte n'y est pas »
12:06et qu'en l'État, il voterait la censure contre le gouvernement Bayrou auquel vous appartenez.
12:10Qu'est-ce que vous dites à vos anciens camarades du Parti socialiste ?
12:13Je trouve qu'il y a une discussion, même des négociations qui sont engagées par le gouvernement,
12:18notamment avec le ministre de l'Économie et des Finances, Éric Lombard.
12:22Moi, je me réjouis qu'il y ait ce dialogue.
12:24Attendons, au-delà des postures et des déclarations,
12:28mais attendons la déclaration de politique générale du Premier ministre mardi,
12:32le travail qui est en train d'être fait sur le budget.
12:35Moi, j'ai bon espoir. Je pense que l'esprit de responsabilité doit s'imposer.
12:40La France ne peut pas ne pas avoir de budget.
12:43Je le vois pour mon propre secteur, pour la reconstruction de Mayotte,
12:47mais pour les enjeux évidemment financiers, budgétaires, économiques qui sont majeurs.
12:51Donc moi, j'ai plutôt confiance dans la capacité des groupes, sans doute pas tous.
12:58Vous avez confiance en Olivier Faure ?
13:00Moi, j'ai confiance dans la responsabilité du socialiste, oui, y compris de son premier secrétaire,
13:04dans cette volonté d'aboutir à un accord.
13:07Après, il faut que chacun se mette d'accord sur les dossiers du budget comme sur les retraits.
13:13Mais je crois que c'est possible. Je ne suis pas dans ces négociations.
13:17Vous avez compris que je suis pris par Mayotte, par la Nouvelle-Calédonie,
13:21par la Vichère, sur l'ensemble des territoires ultramarins.
13:24Mais j'espère que cette stabilité, je crois que les acteurs économiques,
13:28mais aussi les Français l'attendent, cette stabilité s'imposera.
13:31Vous, vous êtes favorable au fait de revenir sur le départ à la retraite à 64 ans ?
13:36Oui, j'étais Premier ministre, donc je sais comment ça marche.
13:38C'est-à-dire que maintenant, je suis ministre et j'attends de voir,
13:41et notamment comment le chef du gouvernement va s'exprimer sur ce sujet.
13:45Un ministre, il doit être dans son couloir, il doit faire son travail et être extrêmement responsable.
13:51À l'automne, vous disiez que c'était compliqué de revenir sur cette réforme de la retraite.
13:54Oui, mais on le sait bien, y compris pour des raisons financières ou en comparaison avec les autres pays.
13:59Mais il y a beaucoup de marge encore dans ce qu'on peut faire pour améliorer les carrières hachées,
14:05notamment des femmes, les questions de pénibilité, les questions financières.
14:09Il y a quelque chose que le Premier ministre a dit qui me paraît très important,
14:12sur lequel je crois que tout le monde peut être d'accord,
14:14c'est qu'il faut que les partenaires sociaux, les syndicats, le patronat, retrouvent pleinement leur espace.
14:21Ils ont signé un texte il y a quelques semaines, en 1000 ACGT, qui va dans ce sens.
14:26Les partenaires sociaux attendent de la stabilité.
14:28C'est essentiel pour l'activité économique.
14:30On est à un tour d'1% de croissance, plus, un peu moins.
14:34On a besoin de retrouver de l'activité, de la croissance.
14:36Sinon, le thème du chômage, qui n'est plus dans le débat, risquerait de revenir.
14:43Donc, j'ai plutôt confiance.
14:44Améliorer, oui, pas forcément revenir sur les 75 ans.
14:46Je ne veux pas faire un titre, je ne veux pas faire une dépêche.
14:49Je suis prudent, tout simplement, parce que mon rôle et notre rôle au gouvernement,
14:52c'est de faciliter la tâche de ceux qui aujourd'hui discutent et pas de la rendre plus difficile.
14:58Quand vous voyez que cette gauche qui vient discuter avec le gouvernement
15:00est taclée et qualifiée, je cite, de ridicule et servile par Jean-Luc Mélenchon, ça vous inspire quoi ?
15:06Je pense qu'il y a une forme d'affaissement du débat public à travers l'insulte, le bruit,
15:15la fureur en permanence, alors que des formations politiques, des groupes,
15:20parce qu'il n'y a pas de majorité à l'Assemblée nationale,
15:22cherchent de trouver un chemin qui est celui de la responsabilité,
15:26qui est de l'équilibre, de l'apaisement pour notre pays.
15:31J'ai déjà théorisé, moi, qu'il y avait dans le passé.
15:33Je pense que les faits m'ont donné plutôt raison des gauches irréconciliables.
15:37En tout cas, il y a une gauche qui est responsable et qui veut gouverner.
15:40Pour vous, elles sont toujours irréconciliables, ces deux gauches ?
15:45Sur des sujets essentiels, notamment sur les valeurs,
15:47pas uniquement sur les questions économiques et sociales,
15:49mais sur les valeurs républicaines, sur la défense de la laïcité,
15:52sur la lutte contre l'antisémitisme, oui, je crois, ça me paraît clair.
15:57Mais vous savez, on est dans un moment où tous les républicains, tous,
16:01je n'exclus personne, qui veulent le bien de la France, puissent se retrouver.
16:07J'espère que cela va s'imposer dans les prochaines heures.
16:11Alors, on voit qu'il y en a ceux à gauche qui discutent,
16:13mais que ça tire un petit peu à droite.
16:14Ce soir, Laurent Wauquiez met en garde le gouvernement dans les colonnes du Parisien.
16:17La France est au bord de la ruine, suspend de la réforme,
16:20sans scénario alternatif, revient à sauter dans le vide.
16:24Sans parachute, je ne voterai pas.
16:25Un budget avec de nouvelles hausses d'impôts.
16:27Est-ce que vous ne risquez pas de perdre ceux de droite qui sont au gouvernement
16:30à vouloir négocier avec la gauche ?
16:31Non, mais la ligne de crête est difficile.
16:33Chacun sait qu'il y a une situation financière difficile, déficite d'aides, bien évidemment.
16:39Il y a une pression aussi sur les taux d'intérêt, nous le voyons bien.
16:43Mais donc, personne n'imagine qu'on puisse revenir en arrière,
16:47ne pas avoir une réforme des retraites et ne pas tenir compte des comptes publics et sociaux.
16:53C'est ce que dit Gérard Laché aussi.
16:54On trouvera le chemin.
16:55Moi, je pense qu'il est possible.
16:57Attendons le discours du Premier ministre qui a de l'expérience.
17:00Et puis, ça discute, ça dialogue.
17:01Il est normal que chacun s'exprime.
17:03Mais on est dans une situation totalement inédite.
17:05D'une certaine manière, je la découvre.
17:07Moi, j'ai eu des frondeurs quand j'étais Premier ministre.
17:10Enfin, on pouvait gouverner.
17:12Là, c'est une situation depuis la dissolution qui est totalement inédite.
17:16Et donc, chacun doit apprendre au fond cette méthode à s'entendre.
17:20Et s'il y a une discussion, chacun devra faire un pas vers l'autre
17:24et trouver les bases du compromis.
17:27Le ministre de l'économie a reçu, sauf les filles qui n'ont pas voulu se rendre à ses rendez-vous,
17:31a reçu tous les groupes du RN jusqu'aux écologistes en passant par les socialistes,
17:36les groupes de ce qu'on appelle le socle commun, ceux qui soutiennent le gouvernement.
17:39Ça me paraît une bonne chose.
17:40C'est nécessaire.
17:41Mais il ne faut pas perdre, vous avez raison, les objectifs d'équilibre financier,
17:46de situation de stabilité.
17:48Encore une fois, je pense que c'est possible parce que les Français nous le demandent.
17:52Manuel Valls, les tensions entre la France et l'Algérie sont encore remontées d'un cran.
17:56Ces derniers jours, on a appris aujourd'hui que la détention de l'influenceur d'Oualem,
17:59qui avait été renvoyée en Algérie et immédiatement renvoyée par l'Algérie en France,
18:03a été prolongée de 26 jours en centre de rétention administratif.
18:07Hier, c'est l'Algérie qui, par voie de communiqué, a ciblé les membres de votre gouvernement
18:12et notamment le ministre de l'Intérieur, Bruno Rotaïo, l'accusant entre lignes d'être
18:17un héros patenté de l'extrême droite.
18:19Qu'est-ce qu'il faut répondre au gouvernement algérien ?
18:22Que cette rhétorique, ces insultes, et puis toujours avec cette idée d'utilisation
18:30d'une espèce de rente mémorielle, qui est l'apanage de ce pouvoir en Algérie,
18:36ne mène à rien.
18:38C'est un pays que j'aime, l'Algérie, que je connais.
18:41Il y a des millions de franco-algériens qui regardent, j'imagine, tout ça
18:46avec beaucoup d'inquiétude.
18:48Nous avons aussi des relations économiques importantes avec l'Algérie,
18:51des relations qui concernent la question de sécurité et de renseignement,
18:55bien évidemment pour lutter contre le terrorisme.
18:58Donc, d'une certaine manière, ça suffit, cela.
19:00Et il faut dire aux pouvoirs algériens, pas aux Algériens,
19:03aux pouvoirs algériens que ça ne peut pas continuer comme ça.
19:07On ne peut pas incarcérer un intellectuel franco-algérien
19:13parce qu'il fait tout simplement montre de sa liberté d'esprit, de conscience.
19:18Il est incarcéré parce qu'il est pris en otage dans une tension
19:23entre la France et l'Algérie.
19:25Regardez ces influenceurs, entre guillemets, sans doute manipulés,
19:29comment ils ont mis en cause la France.
19:31– Vous félicitez qu'il soit maintenu en détention ?
19:32– Non, mais ce n'est pas à moi de le dire, c'est à la justice de le dire.
19:35Et puis ceux qui doivent être envoyés en Algérie doivent l'être.
19:38Le ministre de l'Intérieur s'est exprimé.
19:41Moi, je fais attention, là, encore une fois,
19:43parce que cette escalade verbale, elle est totalement inutile
19:48et le gouvernement algérien y participe.
19:51Mais en tout cas, je crois qu'il faudra remettre à plat
19:55une grande partie de ces relations avec l'Algérie.
19:58– Ça veut dire remettre en cause et dénoncer le fameux accord franco-algérien de 1968
20:03qui donne un certain nombre de facilités aux citoyens algériens, oui ou non ?
20:07– Je m'étais exprimé dans ce sens par le passé,
20:09quand je n'étais pas au gouvernement, d'autres l'ont fait,
20:11Philippe, Gabriel Attal, Bruno Retailleau,
20:15ils sont aussi au présent dans le public,
20:17c'est sa mission de pouvoir s'exprimer sur ces dossiers.
20:19Mais en tout état de cause, avec ce qui se passe avec Boilem Sansalle,
20:24cette escalade verbale, ces menaces,
20:29la fermeté dans le ton et dans les actes va s'imposer.
20:33Et je pense que c'est l'Algérie qui a le plus à perdre dans cette affaire.
20:38Attention, c'est une relation historique,
20:40il y a là des millions de personnes qui sont inquiètes.
20:44Mais la fermeté et la remise à plat de ces relations,
20:47oui, je pense que c'est inévitable.
20:49– Votre collègue Gérald Darmanin dit qu'il faut agir notamment
20:51sur les passeports diplomatiques, c'est une bonne solution ?
20:54C'est une piste possible ?
20:55– Je suis ministre des Outre-mer et ministre de la Justice,
20:57donc j'imagine que ceux qui ont en charge ça vont pouvoir très vite s'exprimer.
21:01– En tout cas, il y a quand même une volonté de montrer que la France tient,
21:05le ministre des Affaires étrangères, votre collègue,
21:07va répondre à cette, je cite, posture d'escalade
21:10en prenant des mesures de rétention sur les visas, sur l'aide au développement.
21:13C'est une vraie piste quand même.
21:14– Et c'est pour ça que le pouvoir algérien a beaucoup à perdre dans cette affaire.
21:17Ce qui me désole, moi, c'est que nos amis algériens,
21:20les franco-algériens aussi, peuvent également subir les conséquences de tout cela.
21:25Mais il est inacceptable que le pouvoir algérien,
21:30que ce pouvoir cherche cette escalade.
21:33Quels sont les objectifs ?
21:35À quel dessein sinon pour des raisons de politique intérieure ?
21:38Donc il faut, oui, une réponse très forte qui sera toujours forcément mesurée.
21:44Nous sommes la France, nous ne devons pas avoir peur de ce type de discours,
21:48mais il faut être très clair parce que là on a franchi un pas qui m'inquiète.
21:53– Pour vous, c'est une humiliation que souhaite nous faire subir l'Algérie ?
21:57– Je sais que ce mot a été utilisé par Bruno Retailleau
22:00et d'une certaine manière je peux le comprendre,
22:02mais la France, elle n'est pas humiliée.
22:04Nous sommes un grand pays, un pays de la Méditerranée comme l'Algérie,
22:08avec des relations humaines, économiques, culturelles, je le disais, qui sont importantes,
22:12parce que nous sommes un grand pays européen,
22:14membre permanent du conseil de sécurité.
22:17Nous aurons à répondre, le président de la République l'a déjà fait
22:21devant les ambassadeurs l'autre jour, avec la fermeté nécessaire
22:25et sans rentrer dans une escalade qui n'aurait pas de sens.
22:28– Il ne faut pas aller jusqu'à rompre les relations diplomatiques ?
22:30– Ça n'aurait aucun sens,
22:32mais on est en train de rentrer dans un débat d'un autre type,
22:36mais il faut répondre fermement, comme on le fait avec un pays ami,
22:40encore en rappelant que ceux qui ont le plus à perdre,
22:43c'est le pouvoir algérien, ce sont les Algériens.
22:46– Merci beaucoup Manuel Valls, ministre d'État, ministre des Outre-mer.
22:50On a évoqué effectivement cette question de Mayotte,
22:52qui est donc en alerte rouge, encore, jusqu'à demain au minimum,
22:56en raison de cette alerte cyclonique.
22:58Merci d'avoir été avec nous ce soir Manuel Valls sur BFM TV.