Manuel Valls, ministre des Outre-mer était l'invité d'Apolline de Malherbe sur RMC et BFMTV, ce mardi 7 janvier.
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00:00Il est 8h32, vous êtes bien sûr RMC et BFM TV, bonjour Manuel Valls, merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions.
00:08À nouveau ministre, vous êtes donc le ministre des Outre-mer, vous êtes ministre d'Etat, on va revenir sur ce plan d'ailleurs,
00:14Mayotte, que vous allez présenter en Conseil des ministres demain et que vous allez nous dévoiler dans un instant.
00:20Et puis vous étiez le Premier ministre il y a dix ans au moment des attentats de Charlie Hebdo, de l'hypercachère et du début de cette année terrible de 2015.
00:31Est-ce que finalement vous n'avez pas perdu la bataille ?
00:37Quelle bataille ?
00:38Dix ans après la bataille de la liberté, la bataille d'une forme d'insouciance qui est passée.
00:44Quand on écoute ceux qui aujourd'hui parlent de cette période, quand on écoute Elisabeth Badinter qui dit dix ans après la peur a gagné,
00:51quand on écoute Alain Jakubowicz que je recevais hier qui disait en substance que le combat contre le terrorisme islamiste avait été perdu,
01:00qu'aujourd'hui ce sont des gens comme Sophia Aram qui sont traités d'islamophobes, est-ce que le combat n'est pas finalement perdu ?
01:07Je ne le crois pas, je pense que l'esprit Charlie est toujours là et qu'il est partagé par une immense majorité de français qui sont attachés à la République,
01:16à la laïcité, à la possibilité de critiquer les religions, de se moquer des uns et des autres, de la caricature.
01:24Et donc Charlie représente cet esprit français.
01:27Mais il est vrai qu'en dix ans, la menace terroriste elle est toujours présente.
01:31Ces mots du ministre de l'Intérieur aujourd'hui qui dit ce matin la menace terroriste n'a jamais été aussi élevée.
01:39Elle n'a jamais été aussi élevée, il a raison de le dire.
01:42Quelques jours après les attentats contre Charlie à Montrouge ou contre l'Hypercacher, vous le rappelez, de la porte de Vincennes,
01:50j'avais dit devant des jeunes dans un lycée agricole en Seine-et-Marne que leur génération allait vivre avec cette menace terroriste
01:57parce que j'avais la conviction, je l'ai toujours, nous avons un danger majeur qui est celui de l'islamisme, de l'islam radical,
02:04des frères musulmans qui jouent sur le temps long pour frapper les sociétés démocratiques et occidentales.
02:11Mais vous vous rendez compte cette phrase ? Cette phrase, la menace terroriste n'a jamais été aussi élevée dans notre pays.
02:15Je n'ai pas fait le décompte, mais je pense que c'est une phrase que vous avez prononcée un très très grand nombre de fois depuis 2015.
02:23Vous l'avez prononcée quand vous étiez ministre de l'Intérieur, vous l'avez prononcée quand vous étiez Premier ministre, et depuis, c'est ça la défaite ?
02:31Regardez, c'est une guerre qui nous est menée, je l'avais dit dans mon discours du 13 janvier, dès les premiers mots de mon discours.
02:39Regardez, les Etats-Unis viennent d'être frappés, on verra dans quelles circonstances à la Nouvelle-Orléans et à Las Vegas.
02:44Il y a quelques jours, l'Allemagne a été frappée, cette menace elle existe aux Pays-Bas, en Belgique, dans les pays du Nord de l'Europe, en Grande-Bretagne.
02:54Elle est très présente en Espagne aussi, donc cette menace elle existe, c'est une guerre qui nous est menée.
03:00Et puis, regardez, l'hypercachère a été frappée il y a dix ans, nous y serons aussi aujourd'hui et jeudi.
03:07Pour les commémorations ?
03:08Pour ces commémorations, l'antisémitisme connaît une recrudescence après les attaques contre Israël le 7 octobre 2023, à un niveau incroyable.
03:18Et c'est vrai qu'il y a beaucoup de complices, ou d'idiots utiles, si on permettait cette expression, autour toujours du fameux Ouimet, au fond.
03:28C'est ceux-là qui n'étaient déjà pas Charlie, qui revendiquaient d'ailleurs il y a une dizaine d'années de ne pas être Charlie, sont les mêmes qui avant...
03:37Pas une partie, ça a été une partie de la gauche, de la presse, de certains intellectuels.
03:43C'est ceux qui n'avaient déjà pas soutenu Salman Roujdi, c'est ceux qui aujourd'hui ne soutiennent pas Mbolem Sansal,
03:51c'est ceux qui s'en prennent à Sophia Aram, etc.
03:55Donc oui, c'est ceux qui considèrent que combattre l'islamisme et l'islam radical, c'est être, je mets les guillemets, islamophobes,
04:05c'est-à-dire ce mot inventé par le régime iranien pour clouer au pilori Salman Roujdi, avec des mots qui sont dangereux,
04:12parce que nous le savons, par exemple, Salman Roujdi a fait l'objet d'un attentat où il a perdu un oeil.
04:18– Manuel Valls, est-ce qu'au fond d'ailleurs, ce que vous prophétisiez à ce moment-là est ce qui vous a coûté votre popularité ?
04:26Je voudrais m'arrêter un instant sur des mots de mon confrère Patrick Cohen, éditorialiste à Radio France et sur France 5,
04:33qui disait la semaine dernière à propos de vous, on aimerait être certain que les torrents de haine dont est victime Manuel Valls aujourd'hui
04:40ne sont dus qu'à sa loi travail, à son ralliement à Emmanuel Macron en 2017, une trahison de sa parole socialiste,
04:46à son piteux retour à Barcelone, aux zigzags, aux dérapages, mais, il ajoute, il est plus que probable que cette détestation trouve aussi racine
04:55en fait dans ce qui s'est passé déjà en 2015, dans ses combats contre Dieu Donné et Tariq Ramadan, contre l'antisémitisme,
05:01dans sa défense de la laïcité sans adjectif, et dans sa façon de rompre avec le mythe unitaire de la gauche en faisant le constat des deux gauches irréconciliables.
05:10Est-ce qu'au fond ce qui se joue aujourd'hui, c'est-à-dire dix ans après, c'est pas exactement ça ?
05:15Moi je suis au gouvernement, de nouveau, avec une belle mission qui est celle des Outre-mer.
05:21J'ai gouverné, je fais de la politique, j'aime mon pays, je suis un républicain, et c'est normal que je prenne des coups, d'une certaine manière.
05:29Et j'ai fait des erreurs, bien évidemment, et qu'on me critique sur mon bilan, mon action économique et sociale, je trouve ça logique, ça fait partie du débat démocratique.
05:38Je ne peux pas appeler à la liberté d'expression et m'indigner qu'on m'attaque.
05:44Mais les attaques que je subis, avec cette violence, ces relents aussi antisémites, parce que tout simplement je soutiens le droit d'Israël à exister,
05:54nous les retrouvons aussi, je ne sais pas, par exemple pour Bolem Sansal, qui est un intellectuel aujourd'hui emprisonné en Algérie.
06:00L'écrivain franco-algérien.
06:02L'écrivain franco-algérien, et parce qu'il combat avec un immense courage, comme Kamel Daoud, un autre grand intellectuel.
06:08Qui est notre Prigoncourt.
06:09Prigoncourt.
06:10Ils sont attaqués sur les réseaux, par les islamistes, par une partie de la gauche, par ceux qui disent que c'est pas bien ce qui s'est passé,
06:18les attaques contre Charlie, ou qu'on emprisonne un intellectuel en Algérie.
06:24Mais, mais alors, ils sont très proches de l'extrême droite, on vous disqualifie.
06:29Oui mais alors je vous repose la question, est-ce que précisément ça n'est pas perdu, quand on voit ça, dix ans après ?
06:33Non, si je reviens au gouvernement, si j'ai accepté la belle proposition que m'a formulée François Bayrou,
06:39c'est parce que je pense que ces combats sont toujours utiles et indispensables.
06:44La société française est davantage divisée et fracturée, oui, comme la plupart des sociétés occidentales,
06:49mais les valeurs de Charlie, ceux qu'ils défendent, cette rédaction qui a été dissimée,
06:53mais tous ceux qui aujourd'hui continuent son œuvre,
06:56et bien pour eux, aujourd'hui nous n'allons pas commémorer seulement,
07:00même si c'est évidemment très important, des victimes, des amis que nous avons perdus.
07:05Avec aussi des moments graves, moi j'ai toujours dit que si seulement l'hypercachère avait été attaqué,
07:14si il n'y avait eu que cet attentat antisémite,
07:16peut-être n'aurait-il pas eu autant de monde dans les rues le 11 janvier lors des grandes manifestations républicaines.
07:22Mais Charlie a été, parce que ça a été un attentat, ils le disent eux-mêmes, profondément politique.
07:26Vous voyez, on a attaqué la France, pleinement pour ce qu'elle était,
07:29Charlie, des policiers, les français juifs,
07:32et quelques mois après, bien évidemment, il y a eu le Bataclan, c'est-à-dire un mode de vie.
07:36Eh bien, moi j'en appelle un esprit de résistance.
07:40Napoléon de Malerne, il ne faut pas avoir peur,
07:42mais il faut regarder aussi le danger dans les yeux.
07:45Et ce danger, c'est l'islamisme, ce sont les frères musulmans,
07:49et c'est tous ceux qui, d'une certaine manière, sont complices de cela.
07:52C'est pour ça que les mots de Patrick Cohen sont justes.
07:55Moi, je n'ai pas un mot à retirer sur les raisons de ce combat politique.
07:59Et peut-être certains considèrent-ils, parce qu'ils pensaient que j'étais déjà mort,
08:03sur le plan politique, que me voir revenir est insupportable.
08:06Emmanuel Valls, vous dites que les complices, c'est quoi les complices ?
08:09C'est une autre partie de la gauche, elle est aujourd'hui fracturée sur ces questions-là ?
08:13C'est là-dessus que la gauche s'est divisée ?
08:15Bien sûr, pas seulement, mais en tout cas là-dessus, sur les valeurs.
08:18C'est la première fois depuis l'affaire Dreyfus,
08:22et encore davantage depuis la dernière guerre mondiale,
08:25qu'une partie de la gauche participe d'une campagne de haine d'Israël et des juifs.
08:31C'est la première fois qu'une grande partie de la gauche renonce à défendre la République
08:36et la laïcité.
08:38Voilà, donc c'est ces éléments-là qui font qu'il y a ces fractures.
08:41Mais ne perdons pas l'espoir, continuons-nous à nous battre,
08:44mais nous sommes dans une guerre que nous mène incontestablement.
08:49Le problème, c'est le terrorisme islamiste ?
08:52Ou est-ce que le problème, c'est aussi une forme de permissivité de la société française ?
08:55Quand on voit ces influenceurs franco-algériens
08:59dont on ne sait pas très bien s'ils seraient ou non manipulés par le pouvoir algérien,
09:03ou s'ils feraient ça spontanément,
09:05en tout cas qui profèrent sur les réseaux sociaux
09:08des propos abominables sur les femmes,
09:11sur la violence, sur le viol,
09:14sur les appels au terrorisme.
09:17Mais en fait on se dit, ça fait des semaines qu'ils étaient sur les réseaux sociaux,
09:20ça fait des semaines qu'ils parlaient tout haut,
09:24au-dessus et au vu de tous.
09:26Est-ce qu'il n'y a pas, et puis soudain quelqu'un,
09:29un lanceur d'alerte en quelque sorte, a dit
09:31c'est pas normal, mais est-ce qu'il n'y a pas une permissivité ?
09:35Il se passe tellement de choses sur les réseaux sociaux,
09:37mais je vous rappelle qu'avec Bernard Cazeneuve,
09:39sous la présidence de François Hollande,
09:40nous avons fait adopter cette loi contre l'apologie du terrorisme,
09:44d'ailleurs que la France Insoumise veut remettre en cause,
09:46mais moi je pense qu'il y a une bonne réaction du ministre de l'Intérieur,
09:50du ministre de la Justice.
09:51C'est un combat, voyez-vous, c'est un combat de tous les instants,
09:54il ne faut rien laisser passer.
09:56Quand même, l'interdiction de la baïaille dans les écoles,
10:03la volonté de protéger davantage les enseignants
10:07après les drames que nous avons connus,
10:08bien évidemment, je pense à Samuel Paty,
10:10sur tous ces sujets, il ne faut rien lâcher.
10:13On mène ce combat contre la France
10:15parce que précisément, c'est l'esprit des Lumières,
10:18c'est l'esprit de Voltaire et de Charlie,
10:22c'est l'esprit de Boilem Sansal, c'est cette liberté.
10:25La République disait hier quelque chose de très juste devant les ambassadeurs,
10:27c'est que partout, la liberté est mise en cause,
10:30à la fois par une forme d'internationale réactionnaire
10:32que représente M.Musk,
10:34qui s'immisce dans tous les débats démocratiques,
10:36mais aussi par l'islamisme politique radical
10:41qui est puissant et qui vise l'Europe.
10:43Pourquoi ? Parce que c'est là où il y a beaucoup de concitoyens musulmans,
10:46ils visent la division, ils veulent séparer les Français
10:50des Français ou des citoyens musulmans.
10:53Nous devons combattre pour chacun
10:55et pour faire en sorte que l'unité,
10:57après Charlie, je le dis avec beaucoup d'émotion,
10:59cette grande manifestation,
11:01c'était l'idée que nous étions unis,
11:03qu'il y avait un seul peuple rassemblé
11:05autour des valeurs, et dans ces moments très complexes
11:07pour notre pays, moi j'en appelle à cet esprit,
11:09je pense qu'on a besoin de cette responsabilité,
11:11de cette unité pour faire face
11:13aux dangers qui sont devant nous.
11:15Sur la question de la division de la société,
11:17M.Valls, vous évoquiez à l'instant
11:19la question de la division de notre société
11:21entre communautés, quand vous entendez ce matin
11:23le ministre de l'Intérieur Bruno Redailleau
11:25qui appelle à un référendum sur les questions d'immigration,
11:27mais aussi à interdire plus fermement
11:29le voile dans les sorties scolaires,
11:31alors que ça n'est pas le cas
11:33aujourd'hui hors de l'enceinte
11:35de l'école, qu'est-ce que vous en dites ?
11:37Est-ce que ce n'est pas une manière de rediviser ?
11:39Moi je pense que face à l'islamisme
11:41qui provoque en permanence,
11:43écoutez, tout ça est extrêmement bien documenté,
11:45ils choisissent l'école,
11:47à l'extérieur ou évidemment à l'intérieur,
11:49en permanence une pression
11:51sur les enseignants, sur les familles,
11:53il ne faut rien céder.
11:55Il ne faut rien céder et donc il faut réglementer cette question-là,
11:57il faut élargir la loi.
11:59Moi je suis ministre des Outre-mer et je pense qu'Elisabeth Borne
12:01suit ces dossiers-là, bien évidemment,
12:03mais en tout cas c'est ma position depuis très longtemps.
12:05Elisabeth Borne a dit ces dossiers-là, vous me tendez une perche
12:07en quelque sorte, parce qu'on a quand même l'impression
12:09effectivement qu'il y a des dossiers
12:11qui sont les vôtres, il y a les dossiers
12:13de Bruno Redailleau, il y a une vision
12:15dont on sent que vous la partagez sur un certain nombre
12:17de points entre vous, et puis il y a effectivement
12:19Elisabeth Borne qui elle, est ministre
12:21de l'éducation. Sur le point de
12:23Mayotte, on y vient, vous faites partie
12:25avec Sébastien Lecornu,
12:27avec Gérald Darmanin,
12:29de ceux qui ont demandé
12:31à ce qu'il y ait une révision de la question du droit
12:33du sol. Et 24 heures plus tard,
12:35Elisabeth Borne dit
12:37c'est pas une bonne idée.
12:39Il y a deux débats, d'abord
12:41merci de me ramener après ces moments
12:43touchants, émouvants, parce que
12:45moi ça a changé aussi ma vie.
12:47D'abord celle des français bien évidemment.
12:49Il y a un avant et un après.
12:51Et au fond c'est d'une certaine
12:53manière de se dire ce qui est essentiel
12:55et ce qui est parfois accessoire. Mais je suis
12:57à 100% évidemment
12:59consacré à ma mission
13:01suivre, répondre
13:03aux attentes et aux urgences
13:05dans les Outre-mer. Et la première aujourd'hui
13:07c'est évidemment Mayotte.
13:09Le plan d'urgence est en train
13:11de se mettre en place et nous venons au secours
13:14de nos compatriotes maorais.
13:16Mais il faut dire la vérité là aussi.
13:18Mayotte
13:20meurt, crève
13:22de deux mots majeurs.
13:24L'immigration irrégulière et l'habitat
13:26illégal. Si nous n'arrivons pas à résoudre
13:28ces dossiers, s'il n'y a pas une volonté politique
13:30et elle existe bien évidemment
13:32alors tout ce que nous sommes en train de faire
13:34ça sera arrosé du sable.
13:36Donc ça doit passer par cette question-là.
13:38Je voudrais que vous écoutiez Marine Le Pen
13:40qui était à Mayotte encore hier.
13:44Moi je suis venue parce que je voulais
13:46savoir si ce que me disaient les habitants
13:48correspondait à ce que je lisais dans les rapports
13:50et notamment les rapports ministériels ou les rapports
13:52de la préfecture. Et la réponse
13:54est non. Il semblait dans les rapports
13:56que tout allait
13:58quasiment tout était remis
14:00en situation concernant
14:02l'eau, concernant l'électricité.
14:04Je suis désolée mais on a fait le tour de l'île
14:06aujourd'hui et l'intégralité des habitants
14:08de ces villages nous ont dit on n'a pas d'eau
14:10et on n'a pas d'électricité.
14:12Moi aussi j'ai fait le tour de l'île
14:14et je ne veux pas polémiquer
14:16avec Madame Le Pen ou avec quiconque sur ce sujet-là.
14:18Et je l'ai dit très sincèrement
14:20il y a 70% des habitants
14:22qui ont été réalimentés
14:24en électricité et la
14:26quasi-totalité de la population
14:28a l'eau courante. Mais d'abord
14:30c'est parfois par intermittence
14:32et puis ensuite ça n'arrive pas partout
14:34dans les villages et dans les communes. Et nous nous sommes
14:36donnés un objectif, c'est sur ces sujets-là
14:38urgent mais c'est vrai aussi
14:40sur les déchets ménagers qu'il faut
14:42enlever, qu'il faut dégager
14:44nous nous sommes donnés quelques semaines encore
14:46parce que c'est un travail très difficile. Jamais
14:48cette île et jamais d'ailleurs la France n'avait connu
14:50une telle catastrophe
14:52naturelle.
14:53Quels sont les éléments concrets
14:55que vous allez apporter à Mayotte
14:57dans les jours qui viennent ? Quel est
14:59le contenu de votre plan ?
15:01La priorité des priorités c'est la réussite
15:03nous parlions d'Elisabeth Borne évidemment
15:05elle est penchée là-dessus essentiellement
15:07la réussite de la rentrée scolaire à partir du 13
15:09et surtout du 20 janvier. On a à peu près
15:1170% des écoles
15:13et des classes qui sont préservées mais elles étaient
15:15surchargées pour des raisons démographiques
15:17à cause de l'immigration irrégulière aussi
15:19je l'évoquais, pour réussir une rentrée
15:21qui ne sera pas une rentrée comme celle que l'on
15:23peut connaître ici dans l'Hexagone
15:25ça mettra encore plusieurs semaines sinon plusieurs
15:27mois parce qu'il faut aider les communes, c'est ça l'urgence
15:29avec des financements de droit commun
15:31et pas besoin d'une loi pour aider les
15:33communes et le conseil départemental
15:35pour rénover, reconstruire, acheminer
15:37du matériel, des fournitures scolaires
15:39pour reconstruire évidemment les écoles, les collèges
15:41et les lycées, ça c'est l'urgence
15:43nous veillons beaucoup au risque d'épidémie
15:45il faut faire très attention, Mayotte a connu il y a
15:47quelques mois une épidémie
15:49de choléra, il y a toujours
15:51il peut y avoir des épisodes
15:53de dingue par exemple, nous sommes
15:55je ne dresse pas un tableau
15:57idyllique, je dis la vérité
15:59là-dessus et puis nous allons lancer
16:01avec l'INSEE et les maires ce
16:03recensement parce que sans doute aujourd'hui
16:05on n'est pas loin des 500 000
16:07habitants
16:09sur Mayotte, nous avons besoin
16:11de cela et puis enfin
16:13poursuivre la lutte contre l'immigration régulière
16:15pour cela il faut reconstituer les radars
16:17Mais ça, ça deviendra dans un deuxième temps ?
16:19Non, il y a des choses qui peuvent être déjà faites
16:21il y a cette loi d'urgence pour écraser les procédures
16:23pour faire que les normes soient beaucoup
16:25faciles pour aider à la reconstruction
16:27notamment des toits
16:29parce que c'est ceux qui ont des Mahorais
16:31avec des prêts directement
16:33des bidonvilles, est-ce qu'il faut les interdire ?
16:35Alors il y a d'abord la priorité
16:37c'est le toit des Mahorais, c'est la reconstruction
16:39de leurs maisons
16:41c'est ça qu'ils demandent
16:43Vous distinguez les Mahorais
16:45qui ont des maisons en dur
16:47de ceux qui n'étaient pas recensés
16:49qui étaient une partie d'une population
16:51illégale, officiellement
16:53en tout cas, et qui elles vivaient
16:55dans les bidonvilles ?
16:57C'est 50% de la population
16:59Mais eux ils n'ont pas le droit de reconstruire
17:0150% de la population
17:03à Mayotte est étrangère
17:05et une grande partie est irrégulière
17:07Ils ont reconstruit
17:09très rapidement ces bidonvilles
17:11donc dans la loi
17:13nous allons mettre des éléments qui nous permettent
17:15sur le foncier et sur l'organisme
17:17C'est difficile d'interdire quelque chose
17:19qui est en soi interdit
17:21De se faire un toit avec les tôles qu'il trouve
17:23C'est pour ça, Pauline de Malherme, c'est une très bonne question
17:25que les choses ne sont pas aussi faciles
17:27en claquant des doigts
17:29C'est pour ça que cette loi
17:31comme celle que je présenterai avec d'autres membres du gouvernement
17:33en mars
17:35qui se rappellera la loi Mayotte debout
17:37pour reprendre l'expression du Premier Ministre
17:39de François Bayrou, qui c'est une loi
17:41programme pour reconstruire
17:43parce qu'il faut bien évidemment que le visage de Mayotte
17:45change totalement. C'est dans cette loi là qu'il y aura la question du droit du sol ?
17:47Il y aura des aspects
17:49d'immigration, de sécurité, de développement
17:51économique et de développement éducatif
17:53essentiellement. Le droit du sol
17:55c'est une réforme constitutionnelle
17:57donc avant de lancer une réforme constitutionnelle
17:59ça ne m'appartient pas de le dire
18:01S'il y avait un référendum sur l'immigration comme le demande par exemple Bruno Retailleau
18:03Si il y avait une ouverture
18:05de questions constitutionnelles
18:07vous pourriez les mettre aussi dans les référendums ?
18:09Tout le monde sait qu'aujourd'hui on ne peut pas faire
18:11un référendum sur l'immigration
18:13mais permettez-moi de vous le dire, je suis au gouvernement
18:15désormais, qu'une réforme de la constitution
18:17ne peut être initiée soit par
18:19le Parlement, soit par le Président
18:21de la République. Mais en revanche en matière de détection
18:23et d'interception par voie maritime et aérienne
18:25ce qu'on est en train de remettre avec l'idée
18:27de reconduire à la frontière, avant c'était
18:2925 000 personnes par an, maintenant c'est
18:31évidemment 35 000 ou 40 000
18:33de revoir les relations avec les comores
18:35le Président de la République en a parlé hier
18:37de lutter davantage contre les passeurs
18:39et la traite d'êtres humains
18:41et puis il y a deux sujets, qui est la reconnaissance
18:43frauduleuse de paternité, qui est un élément
18:45très lourd avec beaucoup d'argent
18:47frauduleux bien sûr
18:49C'est un trafic de paternité ?
18:51C'est un trafic de paternité, ce sont des milliers et des milliers d'euros
18:53et ça concerne beaucoup de monde
18:55et puis on peut agir sur la durée de résidence régulière
18:57des parents sur l'accès des enfants à l'université française
18:59ça avait déjà été fait
19:01donc les critères du droit du sol
19:03que vous évoquiez, ils peuvent être durcis
19:05sur ces sujets-là, nous pouvons agir
19:07assez vite.
19:09Ça vous a fait quoi d'être traité de merde ?
19:11Pardon, mais de détron par un auditeur
19:13en direct, il y a dix jours
19:15juste après votre retour en politique
19:17Le fait d'en parler, d'une certaine manière
19:19c'est donner une prime à ces gens
19:21qui vous insultent
19:23En réfléchissant
19:25à la manière dont je revenais
19:27avec cette belle mission sur l'outre-mer
19:29parce qu'on tire aussi des leçons du passé
19:31y compris des comportements, des erreurs
19:33que l'on peut connaître, je me suis fixé
19:35une règle, je ne suis pas un revancheur
19:37je trouve que gouverner
19:39de nouveau, assumer des responsabilités
19:41pour ce pays que j'aime par-dessus tout
19:43c'est une chance inouïe
19:45donc cette chance elle m'est donnée par le président de la République
19:47et par le Premier ministre, avec une mission des outre-mer
19:49qui souffrent, qui ont un sentiment d'abandon
19:51Mais vous avez dit tout à l'heure, être critiqué c'est normal
19:53c'est pas de la critique là, c'est une forme de haine
19:55C'est de la haine, c'est de l'insulte
19:57mais raison de plus pour me consacrer
19:59à ma mission, la Nouvelle-Calédonie
20:01la vie chère dans les Antilles ou à la Réunion
20:03les problèmes d'immigration
20:05le narcotrafic qui est en train de déstabiliser
20:07des sociétés comme celle de la Guyane
20:09de la Guadeloupe ou de la Martinique
20:11et tracer ce chemin
20:13répondre à ces attentes
20:15on est dans un moment
20:17où on a tous besoin d'avoir un comportement
20:19qui est à la hauteur des attentes
20:21et des inquiétudes, des angoisses des Français
20:23Vous vous êtes retrouvé dans cette salle
20:25du Conseil des ministres
20:27puisque vous êtes ministre d'Etat
20:29le protocole le veut, vous deviez être quasiment en face
20:31d'Emmanuel Macron
20:33il voulait que vous soyez ministre ?
20:35Oui, il me l'a dit
20:37Il a mis du temps quand même à revenir vous chercher
20:39D'ailleurs c'est pas lui qui est venu vous chercher
20:41Oui mais sans lui, c'est lui qui m'a nommé aussi
20:43Pour moi il y a toujours une forme
20:45de fierté, vous savez
20:47là où je me suis assis, y compris
20:49ce matin devant vous
20:51il y a toujours un peu d'émotion
20:53il y a toujours un peu de tract
20:55Dans l'exercice de l'interview
20:57du ministère
20:59Je ne suis pas né français
21:01j'ai appris à être français
21:03la République, l'école publique
21:05mes parents bien évidemment, les gens qui m'aiment
21:07m'ont tout donné
21:09servir de nouveau mon pays, c'est une chance
21:11c'est une responsabilité incroyable
21:13je suis un acteur de cette responsabilité
21:15et donc je ne réponds pas
21:17à ces misérables qui doivent être d'ailleurs
21:19des personnages bien tristes
21:21pour proférer de telles insultes
21:23mais moi je sers la République et la France
21:25Merci Emmanuel Valls d'avoir répondu à mes questions ce matin
21:27ministre des Outre-mer
21:29et ministre d'Etat