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Avec ses 38 hôpitaux, l'AP-HP prend en charge chaque année 8 millions de personnes, ce qui en fait le premier CHU d'Europe. Dans le contexte de l'épidémie de grippe, plus sévère et plus précoce cet hiver, son directeur général Nicolas Revel explique que "cette épidémie, en 2024, a été encore un peu plus forte qu'en 2022, avec un virus un peu plus pathogène, et un taux de vaccination qui diminue par rapport à la situation en 2019, avant le Covid : il faut remettre l'accent sur la vaccination des personnes âgées, et des personnes vulnérables", explique-t-il, car même si le pic semble passé en Île-de-France, "il est devant nous dans d'autres régions".

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Transcription
00:00Avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le Directeur Général de l'Assistance Publique
00:05Hôpitaux de Paris, vos questions au 01 45 24 7000 et sur l'application de Radio France.
00:12Nicolas Revel, bonjour, et bienvenue sur Inter en ce jour où François Bayrou prononcera
00:19sa déclaration de politique générale et précisera les arbitrages budgétaires du
00:24gouvernement.
00:25On va faire un zoom ce matin sur la situation des hôpitaux avec vous Nicolas Revel.
00:30On rappelle que l'AP-HP et ses 38 hôpitaux prennent en charge chaque année 8 millions
00:36de personnes, c'est tout simplement le premier CHU d'Europe, un mastodonte de la santé
00:42publique.
00:43On va venir à la situation de l'AP-HP, les recrutements, les finances, mais d'abord
00:48un point sur l'épidémie de grippe, plus sévère, plus précoce cet hiver.
00:52Elle met les hôpitaux de France sous pression, qu'est-ce qui explique que les hôpitaux
00:57soient sous tension alors que la grippe est là tous les ans ? Quoi de particulier cette
01:02année ? Cette année, la grippe a été plus intense
01:06que les années précédentes, même si des grippes intenses on en a finalement assez
01:10régulièrement.
01:11La dernière était simplement il y a deux ans, c'était à l'hiver 2022, mais celle-ci
01:15cette année en 2024, elle a été encore un peu plus forte.
01:19Pourquoi ? Comment on l'explique ?
01:21Je pense que le virus a été un peu plus pathogène, d'ailleurs les médecins de l'AP le soulignent,
01:27et puis par ailleurs, on a un taux de vaccination dans notre pays qui s'est réduit, qui diminue
01:35par rapport à ce qu'était la situation en 2019 avant le Covid et je pense que ce
01:39sera l'un des enseignements de cet épisode de l'hiver 2024, de ce qu'il faut remettre
01:44l'accent sur la vaccination, et notamment des personnes âgées et des personnes vulnérables.
01:49Et d'ailleurs, ça n'est pas trop tard, c'est-à-dire que l'épisode de grippe n'est pas terminé.
01:52En Ile-de-France, on a passé le pic plutôt en fin de semaine dernière, jeudi dernier,
01:59même si la pression reste encore assez forte dans nos services, mais dans beaucoup d'autres
02:03régions, le pic est devant nous et donc il est encore temps d'aller se faire vacciner.
02:07Donc vous dites ce matin, allez vous faire vacciner, notamment quand vous êtes à risque
02:11et notamment au-dessus de 65 ans, c'est ce que vous dites ?
02:13Absolument, et quand bien même on pourrait se dire qu'on est sur la fin de l'hiver,
02:17on peut encore attraper la grippe dans les prochains jours, on peut encore se retrouver
02:20à l'hôpital, il y aura à nouveau, comme chaque année, des décès nombreux liés à cet épisode.
02:26Sur la vaccination, juste une question, est-ce qu'il y a un sujet sur la vaccination des soignants ?
02:31Parce que le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques, Philippe Bessé,
02:34disait que le bonnet d'âne de la vaccination revient aux soignants, alors qu'ils sont
02:38en contact des malades et qu'ils peuvent transmettre le virus.
02:41Aujourd'hui, quel est le pourcentage de soignants de la PHP qui sont vaccinés contre la grippe ?
02:46A date, aujourd'hui, sur cet hiver 24, on arrive à 19%, ce qui est à peu près le chiffre national.
02:53D'ailleurs, quand on regarde ce qui se passe autour de nous, c'est très faible.
02:56Et c'est un chiffre, là encore, qui s'est réduit depuis le Covid.
02:59Je pense qu'on a globalement un sujet autour de la vaccination qui, post les nombreuses
03:06vaccinations qui ont été liées à la crise Covid, s'est plutôt affaiblie dans notre pays.
03:10Et je pense que c'est extrêmement important qu'on remette ce sujet.
03:13Est-ce qu'il faut poser la question, le ministre de la Santé ne l'exclut pas, de poser la
03:16question de l'obligation vaccinale pour les soignants ?
03:18Il l'a dit, donc voilà, la question sera posée.
03:21Vous en pensez quoi, vous ?
03:22Je pense qu'il faut qu'on ait d'abord, je pense qu'un rationnel scientifique fort,
03:29donc la Haute Autorité de Santé s'est déjà penchée sur ce sujet, elle doit à nouveau
03:33le réaborder.
03:34Mais je pense qu'au-delà d'une obligation, je pense que ce qui est très important, c'est
03:39qu'on reprenne la question de la vaccination dans notre pays de manière générale.
03:44Sur la grippe, je me permets d'insister, la priorité c'est surtout les personnes âgées
03:48et c'est surtout les personnes vulnérables.
03:50Car quand celles-ci arrivent aux urgences, elles sont déjà malades, ce n'est pas dans
03:53nos hôpitaux qu'elles contractent le virus.
03:5687 établissements ont déclenché un plan blanc face à cette épidémie de grippe, plan
04:02qui permet de déprogrammer certaines opérations, de rappeler des soignants en congé.
04:09Vous ne l'avez pas fait, sauf erreur, à l'AP-HP, mais vos hôpitaux sont-ils malgré
04:16tout sous tension ? Est-ce qu'il y a des lits brancards dans les couloirs face à l'afflux ?
04:22Combien de lits brancards ? Des dizaines, des centaines de patients dans les couloirs
04:26faute de chambre, dites-nous ?
04:27D'abord, l'AP-HP, c'est très exactement 17 services d'urgence puisqu'on a très
04:32nombreux hôpitaux.
04:33Les chiffres que je vais vous donner sont des chiffres agglomérés.
04:35Quand on est matinée normale, un mardi matin d'une semaine où il n'y a pas spécialement
04:42de grippe, on peut avoir dans l'ensemble de nos services d'urgence une bonne centaine
04:47de lits brancards, c'est-à-dire des patients qui attendent d'être le plus souvent hospitalisés
04:53et qui attendent sur des lits brancards dans les services d'urgence de trouver un lit.
04:56Quand on arrive en période épidémique, comme on l'a connu, ce chiffre n'est plus
05:00d'une centaine, il double et on a eu des matins à 230, 240, 250 patients sur lits
05:07brancards.
05:08Cette nuit, par exemple, est-ce que vous avez des chiffres ?
05:10Ce matin, c'est à peu près 160 lits brancards, ce qui est malheureusement un chiffre qui
05:15nous arrive de rencontrer assez fréquemment.
05:17On a malgré tout fait face, parce que ça a duré comme une vingtaine de jours la grippe
05:22de manière hyper intense, même si là ça se réduit un tout petit peu, on a réussi
05:26à faire face à la fois en déprogrammant un peu quelques séjours qui étaient prévus
05:30dans des services de médecine pour faire de la place pour nos patients qui étaient
05:33dans les urgences, mais on n'a pas activé le plan blanc parce que le plan blanc, fondamentalement,
05:40il permet de rappeler des personnels qui sont en congé et nous n'avons pas eu besoin
05:44de le faire, donc le plan blanc n'a pas été activé.
05:46Mais si on a réussi à traverser cette crise de manière assez difficile, c'est aussi
05:52parce qu'on y viendra.
05:53On a rouvert quand même beaucoup de lits, 600 depuis deux ans.
05:56On va y venir, on va y venir, parce qu'il y a quand même des bonnes nouvelles.
05:58Ça c'est la bonne nouvelle, mais la deuxième bonne nouvelle c'est qu'on voit quand même
06:01de manière très régulière que l'hôpital est très vite en tension, parce que la grippe
06:05ça revient quand même, c'est pas tous les 100 ans ni tous les 10 ans, ça revient
06:08assez clairement.
06:09Mais qu'est-ce que ça dit de notre pays ?
06:12Dès qu'il y a un pic, l'hôpital...
06:14Ça souligne l'épidémie de grippe.
06:15Ça souligne très clairement que même si on y viendra, la PHP, les hôpitaux français
06:20ont depuis deux ans un peu redressé leur situation, en tout cas on parlera de la paix,
06:24on a remonté nos effectifs, on ouvre des lits, on reste quand même extrêmement fragiles.
06:30La PHP est fragile ?
06:32Oui, je pense que la PHP est fragile.
06:34On va y venir, on a encore une fois subi, quand on prend ce qu'a été la situation
06:39post-Covid, entre 2019, qui est l'avant-Covid, et début 2023, la PHP a perdu 12% de ses
06:48infirmières.
06:50On est monté, notre capacité à les lits que nous armons, en médecine, en chirurgie,
06:55en obstétrique, on est monté jusqu'à 20% de lits fermés.
06:57Donc c'est vrai que nous avons subi un choc, une crise quand même assez inédite.
07:03Alors, depuis deux ans, on remonte la pente, mais on n'est pas encore, et on a encore
07:07vraiment tout un chemin à faire.
07:08Alors soyons clairs, pour la PHP, et on le rappelle, Nicolas l'a dit, vous êtes le
07:11premier CHU d'Europe, c'est colossal.
07:14Il y a des bonnes nouvelles et des moins bonnes, Nicolas Revelle.
07:17La bonne nouvelle, c'est que vous remontez la pente, comme vous le dites, au niveau des
07:20personnels, c'est-à-dire que vous avez des chiffres à nous annoncer en exclusivité
07:24ce matin.
07:25Vous embauchez, tout simplement, l'hôpital public redevient attractif à Paris.
07:30Allez-y, dites-nous, combien d'infirmières, d'infirmiers vous avez embauchés ?
07:35Comme je vous l'ai dit, c'est beaucoup sur le métier infirmier qu'on a perdu le plus
07:38d'effectifs.
07:39Et ce chiffre, c'est 2000 infirmières de moins, au moment où la crise a été la
07:43plus forte, c'est-à-dire début 2023, par rapport à ce qu'était la situation avant
07:47le Covid-19.
07:48On a commencé à inverser la tendance à l'été 2023 et on a fini l'année avec un
07:53petit rebond de 220 infirmières de plus.
07:562024 a été vraiment une année d'accélération de ce redressement, puisque c'est d'ajouter
08:00à ces 220, 950 effectifs supplémentaires sur le métier infirmier.
08:05Donc vous voyez, si vous additionnez ces deux chiffres, vous êtes un petit peu au-dessus
08:09de 1000 à 1150, c'est-à-dire qu'on a fait un peu plus de la moitié du chemin.
08:13Donc ça, c'est une bonne nouvelle, mais attention, ça n'est pas qu'un sujet de recrutement.
08:18Bien sûr qu'on recrute, mais ce qui est clé, c'est de faire en sorte que les personnes
08:22qui travaillent à la paix restent à la paix.
08:24Et on a aussi autant travaillé sur les recrutements que sur les conditions de travail, de telle
08:29sorte qu'on a surtout, je dirais, c'est ça le plus important, réduit les départs.
08:33Mais justement, comment vous avez réussi à enrayer cette dynamique béfière dans
08:37laquelle la PHP semblait enfermée ? On a fait avec Nicolas beaucoup de matinales sur
08:41l'hôpital depuis quelques années, le Covid, mais pas seulement, où on entendait les soignants,
08:46les infirmiers dire « nous, on préfère partir soit dans le privé, soit en dehors
08:51de Paris, en province, parce que les problèmes de logement, parce que les problèmes de l'organisation
08:56de l'hôpital, ou alors tout simplement qu'ils nous disaient « je préfère changer de métier ».
08:59C'est vrai, tout ça a existé et tout ça peut encore exister dans l'esprit de professionnels.
09:04On a aujourd'hui évidemment toujours des départs.
09:06J'étais venu à votre antenne il y a deux ans pour présenter ce qui était le plan
09:10d'action que nous avions élaboré dans les mois qui avaient suivi ma prise de fonction.
09:14Il n'y a pas une mesure magique, il n'y a pas un levier.
09:17Et donc, c'est un plan qui s'appelle 30 leviers, parce qu'il faut en fait agir sur
09:22toute une série d'éléments qui font la vie quotidienne des soignants.
09:25Je ne vais pas tous les énumérer, 30, c'est beaucoup trop, mais je vais en prendre 4.
09:28Un, le logement, vous l'avez dit, on a fait un énorme effort sur le logement avant
09:33l'APHP arrivait à attribuer 500 à 600 logements à des soignants chaque année.
09:37On a monté ce chiffre à 1200, on l'a doublé.
09:41Après, on a entendu la demande de beaucoup de soignants d'avoir un aménagement de
09:45leur temps de travail sur la semaine qui fasse qu'elles ne viennent pas cinq jours sur
09:48sept. Ça veut dire travailler un petit peu plus d'heures dans la journée pour pouvoir
09:51venir 3 à 4 jours par semaine.
09:53Quand vous avez des temps de transport importants, c'est une aspiration très forte
09:58des professionnels. Après, on a aussi, autre exemple entendu,
10:02une forme de souffrance, d'ailleurs, des équipes médicales et soignantes, c'est de
10:06dire qu'on passe notre temps à ne pas faire de la médecine, mais à régler des
10:09problèmes administratifs, obtenir des rendez-vous pour les patients, etc.
10:13Et donc, on a créé 600 postes, 600 emplois administratifs,
10:18techniques, logistiques dans les services, à leur main, pour pouvoir les aider dans
10:23leur quotidien. Et puis après, mais je ne veux pas être trop long, on a essayé de
10:26s'attacher à tout ce qui, en réalité, pollue la vie des soignants.
10:31C'est des irritants du quotidien, c'est des circuits de décision trop longs,
10:35c'est des non-réponses à leurs demandes.
10:36La bureaucratisation de l'administration publique.
10:39On avait Valérie Pécresse à votre place hier qui disait qu'il voulait un comité
10:43de la Hache, mais c'est vrai, quand on regarde les chiffres de la PHP, 28% des
10:47emplois sont des emplois administratifs.
10:48Non, ça, ce n'est pas vrai.
10:50Ça, c'est un chiffre que, oui, c'est un chiffre, on voit circuler ces chiffres
10:54en disant qu'on aurait 28% ou parfois j'entends même 38% d'emplois
10:58administratifs. J'ai regardé très présentement, c'est qui ces 28% d'emplois
11:02administratifs ? On dit qu'est-ce qui n'est pas médecin, infirmier, aides-soignants
11:08au chevalier ? Qu'est-ce qui reste ? On a tous les manipulateurs radio qui vous
11:11permettent de passer votre IRM, votre scanner.
11:13On a les techniciens dans les laboratoires qui analysent les prises de sang.
11:18On a les assistantes sociales.
11:20Sur l'administration pure, il y a combien ?
11:22Si on réduit tout ça, on enlève tout ce qui va à la recherche.
11:26On est à 6,8%.
11:286,8%.
11:30Là-dedans, on a les personnels qui sont en service d'admission, qui font la
11:33facturation, qui font la paie.
11:35On a les directions au sens large du thème.
11:37On pourrait d'ailleurs probablement un tout petit peu réduire encore.
11:41Moi, je vais essayer dans les prochains mois, les prochaines années, de faire que,
11:45par exemple, le patient qui vient à la paix pour la prochaine fois est un,
11:48comme on dit, un parcours administratif plus simple et n'ait plus besoin de passer
11:51au service des admissions.
11:52On fera encore des évolutions pour simplifier les choses.
11:56Mais moi, je ne pense pas que ce soit ça, le problème de l'hôpital.
11:58Je pense qu'on a besoin d'emplois autour des soignants.
12:02Aujourd'hui, les soignants, ils sont débordés et ils ont besoin de soutien.
12:06Je pense que la question de l'emploi à l'hôpital n'est pas
12:12le vrai objectif.
12:13Allez, on passe au Standard Inter.
12:15Joël, bonjour.
12:17Oui, bonjour.
12:18Trois ans à l'APHP, Joël.
12:21Oui, et fier d'avoir travaillé trois ans à l'APHP en tant qu'assistante sociale
12:26des patients en gériatrie.
12:29Voilà, je précise parce que le projet de vie en gériatrie,
12:34il est travaillé par l'assistante sociale avec le médecin, avec les équipes.
12:39À l'APHP, il y a énormément de compétences.
12:42Il y a un travail d'équipe extraordinaire.
12:45Il y a énormément de dévouement.
12:53Je dirais que c'est le carburant de l'hôpital.
12:55Voilà le sens du service public.
12:57Mais j'ai fini par partir parce que les conditions de travail
13:02et Nicolas Revelle, vous venez de le dire, de pointer le problème.
13:07C'est que tout est centré sur le patient et c'est très bien.
13:10Mais on oublie complètement les personnels.
13:13Et en fait, c'est un peu marche ou crève.
13:16Et c'était donc trop dur.
13:17Marche ou crève. Merci Joël pour votre intervention.
13:21Nicolas Revelle, sacré résumé.
13:24Oui, on essaie quand même de travailler pour essayer de faire en sorte
13:28que moins de professionnels de l'AP arrive à ce choix que je regrette
13:32de quitter l'AP.
13:33Je vais quand même juste donner un chiffre parce que c'est quand même très important pour moi.
13:36C'est finalement quelque part l'indicateur clé pour moi de ce qu'on fait fonctionne.
13:41On a réduit les départs à l'AP de 28% entre 2024 et 2022.
13:46Donc bien sûr, il y a encore des professionnels qui partent et pour des raisons
13:49qui peuvent être liées à ce qui est dit.
13:51Mais malgré tout, on arrive quand même à les réduire sans qu'on n'aurait pas remonté l'effectif.
13:56Et sur les assistantes sociales qui sont là aussi, ils sont dans les 28%.
13:59Et c'est un métier fondamental.
14:02Et c'est un métier qui est en tension, sur lequel on a eu des problèmes d'effectifs.
14:06On a réussi là, enfin, à remonter l'effectif des assistantes sociales
14:11qui sont absolument fondamentaux pour permettre à des patients d'avoir un parcours
14:15et une sortie dans de bonnes conditions.
14:17Oui, question d'Emma sur l'application de Radio France.
14:20Médecin à l'AP-HP, j'observe une forte difficulté, voire impossibilité
14:24de recrutement de personnel médical avec un impact majeur sur la qualité du service
14:31qu'on peut offrir aux patients, sans compter la surcharge de travail.
14:35Pour ceux qui y travaillent, comment comptez-vous agir pour résoudre ce problème ?
14:40Le problème, donc, des personnels médicaux, là.
14:43Alors là, honnêtement, je pense que s'il y a un hôpital en France
14:47qui n'a pas un sujet d'attractivité pour ses médecins,
14:50parce que là, les personnels médicaux, c'est les médecins, c'est vraiment l'AP-HP.
14:54Autant les difficultés qu'on peut connaître dans des hôpitaux hors Île-de-France
14:58et même en Île-de-France, c'est justement en termes d'attractivité médicale.
15:01L'AP-HP est un très grand et attire beaucoup de médecins.
15:04Et il n'y a pas de médecins qui quittent l'AP-HP ?
15:07Oui, un peu, mais c'est très peu.
15:08C'est marginal et c'est pourquoi ?
15:10Ça peut être, à un moment donné, un départ dans le privé, ça peut tout à fait arriver.
15:14Mais aujourd'hui, quand on regarde l'effectif des médecins de l'AP-HP,
15:17lui, il progresse et il progresse continuellement depuis de nombreuses années.
15:21Nicolas Ravel, question d'Anne sur l'appli d'Inter.
15:23Bonjour, est-il vrai que lors du concours de l'internat,
15:25la totalité des places n'est pas pourvue ?
15:29Alors ça, c'est un sujet qui relève des...
15:31Oui, c'est pas l'AP-HP, mais c'est la santé.
15:34Mais en tout cas, à un moment donné, on a pensé qu'en novembre dernier,
15:40nous aurions un trou d'air sur le nombre d'internes.
15:42On ne l'a pas observé.
15:44Alors, vous nous avez dit, la bonne nouvelle,
15:461 200 postes d'infirmiers embauchés en deux ans.
15:51L'autre bonne nouvelle, c'est l'ouverture des lits.
15:53Vous n'avez pas donné le chiffre.
15:54Alors, on a effectivement, grâce à tout cela, pardon,
15:56en effet, ouvert 600 lits supplémentaires.
15:59Et comme, pour essayer de voir qu'est-ce que ça veut dire 600 lits,
16:02600 lits, c'est l'équivalent d'un hôpital comme Saint-Antoine
16:06ou comme la Riboisière.
16:08Et puis, il y a les mauvaises nouvelles,
16:09et que la revelle, c'est la situation financière de l'AP-HP.
16:11Mais avant d'appliquer les mauvaises nouvelles,
16:13je suis pas en train de dire que tout est réglé à l'AP-HP.
16:16Et on a encore, comme je vous l'ai dit,
16:17on a fait un peu plus de la moitié du chemin
16:19et on a encore du chemin à faire.
16:21Et on a encore des lits à rouvrir,
16:22on a des personnels embauchés
16:24et on a encore du travail à faire pour mieux fidéliser nos professionnels.
16:27Alors, parlons d'argent maintenant.
16:28L'AP-HP avait déjà connu un déficit historique de 400 millions d'euros en 2023.
16:35En 2024, le déficit s'est creusé, 460 millions,
16:40alors que vous n'attendiez que 300 millions de déficit.
16:44Que s'est-il passé, Nicolas Reuvel ?
16:46C'est le grand paradoxe.
16:47Alors, comment expliquer le dérapage ?
16:50Est-ce que vous aussi, comme l'État,
16:51vous étiez trop optimiste sur vos prévisions de recettes ?
16:55C'est le grand paradoxe, c'est que nous sommes dans une situation
16:57où à la fois, comme on se l'est dit,
16:59on a redressé nos effectifs et surtout notre capacité et donc notre activité.
17:04Et pour autant, au lieu de réduire le déficit,
17:06vos chiffres sont tout à fait exacts,
17:08on était à 400 millions de déficit en 2023,
17:11chiffre très important, on devait réduire à 300.
17:14On va finir à 460, donc on va aggraver le déficit.
17:17Il faut avoir conscience que cette situation, elle est nationale.
17:20C'est-à-dire que ça concerne tous les hôpitaux publics français.
17:23Je vais vous donner deux chiffres aussi assez éclairants.
17:25En 2020, le déficit total des hôpitaux publics français était de 200 millions d'euros.
17:30En 2024, il va se situer entre 2 milliards et 2 milliards et demi.
17:35Il va faire quasiment à fois 10.
17:37La faute à qui ?
17:38Je pense que je ne crois pas que ce soit un problème de gestion dans nos établissements du tout.
17:45La raison principale, elle tient d'abord au fait que nous avons eu moins d'activité
17:51puisque nous avons subi ces baisses d'effectifs.
17:54Mais là, dans la dernière droite, on est plutôt dans une courbe ascendante.
17:57Il y a deux grands motifs.
17:59Nous avons, et c'est heureux, bénéficié de très nombreuses revalorisations salariales.
18:05Ça a été le Ségur, mais pas que le Ségur.
18:08Parce qu'après le Ségur, d'autres mesures sont intervenues sur le travail de nuit.
18:12Et puis d'autres, c'était le point de la fonction publique.
18:14Et c'était des mesures nationales.
18:16Nous, pour la PHP, ça représentait ce volume de revalorisations salariales.
18:20900 millions d'euros sur un budget de 8 milliards.
18:24C'est quand même très significatif.
18:26Et nous n'avons jamais été compensés par l'État à 100%.
18:30Alors que c'était l'engagement pris par l'État qu'il y ait 100% de compensation.
18:34Donc l'État a dit, on augmente les salaires, on augmente les primes de nuit, etc.
18:38Sauf qu'ils ne vous ont pas donné l'argent, c'est ce que vous nous dites, clairement.
18:41Ils ont donné, évidemment, ils ont compensé, mais pas intégralement.
18:44Et en gros, les CHU et la PHP, on estime que c'est à peu près 20% de sous-compensation.
18:50De revalo en revalo.
18:51Les augmentations de salaires qui ne sont pas compensées.
18:53Deuxième, c'est l'inflation.
18:55Il y a eu un très fort choc d'inflation dans ce pays en 2023.
18:59Les hôpitaux l'ont pris de plein fouet.
19:01Là, encore un chiffre pour la PHP, c'était 270 millions d'euros d'inflation en 2023.
19:05Et là, nous avons été compensés à peu près à un tiers.
19:08Et même d'ailleurs, de manière un peu plus fort en 23 et un peu moins encore en 24.
19:12Donc vous dites, le problème...
19:13Et ces deux facteurs, qui sont effectivement des facteurs liés
19:16au financement global des hôpitaux publics sur les dernières années,
19:21expliquent à peu près 80% de la dérive budgétaire des hôpitaux.
19:25Donc, c'est le manque de compensation de l'argent de l'État.
19:28Je le dis très clairement.
19:29Et donc, vous dites quoi ce matin à l'État ?
19:31Vous allez saisir l'IGAS pour essayer de récupérer l'argent ?
19:34Ou vous misez sur la baisse de l'inflation ?
19:36Non.
19:37L'État a entendu, puisqu'on leur a dit, attention, on a un énorme problème.
19:41Et donc, il faut notamment, sur la question des compensations salariales,
19:45tirer au clair pourquoi vous pensez que vous avez mis 100%
19:47et nous, on vous prouve et il en convienne que ce n'est pas vrai.
19:50Donc, l'IGAS, en effet, a été saisi et doit rendre un rapport
19:54très rapidement en début d'année.
19:56Donc, c'est déjà, en soi, plutôt une bonne nouvelle.
19:58Mais il faut juste prendre conscience que cette dégradation,
20:01ce n'est pas uniquement le fait que ce n'est pas bien,
20:03c'est que ça nous met dans une zone rouge.
20:05C'est qu'aujourd'hui, la PHP avec 460 millions d'euros de déficit,
20:09si on en reste là, quand bien même on va évidemment essayer
20:12de redresser les choses dans les prochaines années,
20:14nous ne sommes plus en capacité de financer
20:19les très importantes opérations d'investissement
20:21qui sont prévues sur les 5-10 prochaines années
20:24qui avaient notamment, pour certaines, été portées
20:26dans le cadre du secteur de l'investissement.
20:28C'est un message aussi à François Bayrou,
20:30au moment où il prononce son discours de politique générale.
20:34En tout cas, c'est un message.
20:35Pas de coup de rabot pour l'hôpital.
20:37Moi, je l'avais dit, d'ailleurs, dans une interview
20:39dans la presse dominicale, il y a plusieurs mois.
20:42Oui, pas de coup de rabot dans l'hôpital.
20:44L'hôpital, on se l'est dit, il reste fragile.
20:46Je pense que c'est le noyau central du système de santé.
20:50Et vous savez ce que vous dirait François Bayrou ?
20:52Vous-même, vous avez été à Matignon au moment de Jean Castex.
20:55Il vous dirait, nous aussi, on a le dérapage de l'État
20:58et on ne peut pas...
20:59Non, mais le déficit des hôpitaux, c'est dans le déficit global
21:02dont on rencontre le nouveau européen.
21:04Vous diriez, faites aussi des efforts, faites votre part.
21:06Je pense qu'on a évidemment des choses à faire
21:10et des efforts à faire, mais là, on voit bien qu'on a pris
21:12un choc extrêmement important au moment même, pardon,
21:15où l'hôpital était extrêmement fragilisé.
21:18Et quelques années après seulement, qu'en 19-20, on s'est dit
21:21il faut que la nation vienne en soutien à l'hôpital.
21:23Énormément de questions d'auditeurs.
21:25On finit avec celle de Marine.
21:27Trouvez-vous la série Hippocrate réaliste ?
21:31Moi d'abord, je suis un grand fan de la série Hippocrate
21:36et donc j'ai évidemment regardé la troisième saison
21:38qui, justement, se passe dans cette période après la crise Covid
21:42au moment où les lits sont fermés.
21:45Alors évidemment, quand on regarde ce qui se passe
21:47dans ce service des urgents d'un hôpital francilien
21:50non identifié, c'est évidemment extrême.
21:54Mais ça dit quelque chose, très franchement, de ce qu'a été
21:57la situation vécue au pire de la crise en 2022
22:01et qu'on peut tout à fait encore retrouver parfois.
22:03On se demande si c'est une fiction ou un documentaire.
22:06C'est tiré en tout cas d'une expérience réelle
22:09et ça n'est pas donc une invention, ça n'est pas de la science-fiction
22:11même si, encore une fois, c'est extrême.
22:13La politique vous manque, Nicolas Revelle, ou quand vous voyez
22:16comment il galère en ce moment, vous ne dites surtout pas
22:19« heureusement que je fais la PHP ».
22:20Non, moi je suis passionné par cette tâche
22:23et cette responsabilité que j'ai l'honneur d'assumer
22:26et qui, d'ailleurs, nécessite de la persévérance dans le temps.
22:30Merci Nicolas Revelle, directeur général
22:34de l'Assistance Publique Hôpitaux de Paris.
22:37Merci d'avoir été à notre micro.

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