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François Bayrou, Premier ministre, donne son discours de politique générale ce mardi 14 janvier à l’Assemblée nationale. C’est le 28e Premier ministre à se conformer à cet exercice. Un classique pour les chefs de gouvernement de la Ve République lors de leur entrée en fonction.

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Transcription
00:00La première urgence, c'est de répondre à la question des retraites qui occupe le débat public depuis longtemps.
00:09On voit combien cette question continue de tarauder notre pays. Le déséquilibre du financement du système de retraite
00:21et la dette massive qu'il a creusée ne peuvent être ignorées ou éludées. Je résume les chiffres que nous avions établis
00:32au commissariat au plan 2021 et qui sont probablement aggravés depuis. Notre système de retraite verse chaque année
00:42quelques 380 milliards d'euros de pension. Le système par répartition que nous affichons voudrait, dans son principe,
00:53que chaque année, les actifs assument le versement de ces pensions. Or, les employeurs et les salariés privés et publics,
01:03sur ces 380 milliards, versent à peu près 325 milliards par an. Cette somme s'obtient en additionnant les cotisations salariales
01:16et patronales du privé et du public, estimées au même taux, et les impôts versés par les contribuables et affectés aux retraites.
01:25380 milliards moins 325 milliards reste 55 milliards versés par le budget des collectivités publiques et, au premier chef,
01:36le budget de l'État, à hauteur de quelques 40 ou 45 milliards. Or, ces 40 ou 45 milliards annuels, nous n'en avons pas le premier centime.
01:50Chaque année, cette somme, notre pays l'emprunte. C'est-à-dire qu'il a choisi de mettre à la charge des générations qui viennent ou qui viendront
02:02le service des retraites que nous versons à chacun de nos concitoyens. Sur les plus de 1 000 milliards de dettes supplémentaires
02:18accumulées par notre pays ces 10 dernières années, les retraites représentent 50% de ce total. Jamais nous n'avons fait l'effort de partager
02:31avec les Français cette évidence que la dette contractée par notre pays concerne nos propres enfants, que la charge que nous leur laissons
02:43sera trop lourde pour être supportée. Entendez-moi bien. Je ne dis pas que la dette en soi soit toujours immorale. Si nous construisons
02:56des infrastructures ou si nous finançons la recherche, il est légitime que nous partagions la charge avec ceux qui utiliseront
03:04ces équipements ou profiteront de ces connaissances. S'endetter pour construire une université ou un hôpital dont l'usage par les générations
03:16qui viennent durera 50 ou 80 ans, c'est légitime. Mais la dette est injuste et elle est insupportable si elle met à la charge de nos enfants
03:26nos dépenses courantes de notre vie d'aujourd'hui.
03:30– Applaudissements –
03:38Loin d'être seulement un problème financier ou social, cette dette est d'abord un problème moral. Quand on est héritier dans une famille,
03:50on peut toujours refuser l'héritage qui comporte trop de dette. Mais quand on est citoyen d'un État, on ne le peut pas.
03:57Ce problème social et moral, le gouvernement n'entend pas le laisser sans réponse. La réforme des retraites est vitale pour notre pays
04:09et pour notre modèle social. Bien des gouvernements successifs s'y sont engagés, depuis Michel Rocard jusqu'aux efforts courageux
04:20du gouvernement d'Elisabeth Borne. Je note dans ce débat passionnel un progrès considérable. Plus personne ne nie qu'il existe un lourd problème
04:33de financement de notre système de retraite. Et en même temps, nombre des participants à ces discussions, notamment les organisations
04:47du dialogue social et des organisations syndicales, ont affirmé qu'il existait des voies de progrès et qu'on pouvait obtenir le même résultat
04:56par une réforme plus juste.

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