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00:00François Bayrou propose de remettre en chantier la réforme des retraites, annonce du Premier ministre hier lors de sa déclaration de politique générale.
00:07Il laisse la main aux partenaires sociaux qui ont trois mois pour proposer mieux que cette réforme de 2023.
00:13Une façon pour François Bayrou de tenter d'éviter la censure de son gouvernement, mais cela ne suffit pas à ses opposants, notamment au PS.
00:20Qu'en est-il des syndicats ? On en parle avec notre invitée.
00:22Bonjour Mathieu Coque.
00:24Bonjour.
00:24Vous êtes membre de l'union départementale de la CGT en Ile-et-Vilaine.
00:28Alors, qu'est-ce que vous pensez à la CGT de cette proposition d'organiser un conclave, ce sont les mots de François Bayrou, entre partenaires sociaux sur cette réforme des retraites ?
00:37Alors, évidemment, on ne pense pas beaucoup de bien.
00:39Ce qu'on attend, nous, c'est l'abrogation.
00:41Là, pour le coup, ce qu'annonce le Premier ministre, c'est ni abrogation ni suspension et une méthode qui est quand même assez ahurissante.
00:47Que dit le Premier ministre ?
00:48Il nous explique que si les partenaires sociaux, je mets de grosses guillemets, nous sommes des organisations syndicales, pas des partenaires sociaux, ne s'accordent pas, la réforme continuera à s'appliquer.
00:56Mais mettez-vous deux minutes dans les chaussures du patronat, c'est royal, ils n'ont rien à faire, ils n'ont qu'à attendre que les négociations n'aboutissent pas et la réforme continuera à s'appliquer.
01:05Je crois que c'est une méthode qui ne convient pas.
01:07Ce n'est pas une négociation, on ne peut pas appeler ça une négociation.
01:09Et évidemment, nous, ça ne nous convient pas dans le sens où ce que nous demandons, c'est rien de plus, rien de moins que l'abrogation.
01:15Et plus encore d'ailleurs, c'est l'amélioration de notre système de retraite.
01:18Vous y avez cru à cette abrogation ces derniers jours, ces dernières heures, avant le discours de politique général ?
01:23Écoutez, nous, à la CGT, on ne croit que ce qu'on voit et on ne croit que les faits.
01:27Pour le coup, les faits donnent évidemment tort à celles et ceux qui pensaient qu'il y avait quelque chose à attendre.
01:33Il n'y avait pas grand-chose à attendre.
01:35L'avantage, c'est que quand on n'attend pas grand-chose, on ne risque pas d'être déçu.
01:38C'est notre cas, on n'attendait pas grand-chose de son discours, qui est globalement, pas seulement sur les retraites, à milieu des attentes du monde du travail.
01:44Mais il est quand même très différent, ce discours de François Bayrou, de ses prédécesseurs.
01:47Pour la première fois, il y a un membre du gouvernement, et là, c'est le chef du gouvernement, qui dit
01:52Il n'y a pas de tabou, même sur l'âge de départ, par exemple, à 64 ans, si les partenaires sociaux se mettent d'accord, ça peut changer, ça peut rebaisser.
01:59Si vous voulez, ça, c'est une manière de contourner le problème.
02:01C'est facile de dire qu'il n'y a pas de tabou quand vous ne prenez aucune responsabilité.
02:04Quand vous dites que la réforme s'appliquera si vous ne tombez pas d'accord.
02:06Mais le principe de négociation, c'est que vous ne donnez pas la sortie immédiatement au début de la négociation.
02:11C'est pas comme ça que ça fonctionne, sinon c'est trop simple.
02:13Vous voyez ce que je veux dire ? Il suffit au patronat de ne rien faire pour que la réforme s'applique.
02:17Mais que va faire le patronat ? Il va dire qu'on ne négocie pas.
02:19Et à la fin, François Bayrou dira, ah, désolé, vous n'avez pas négocié, donc la réforme s'applique.
02:24Parce que vous pensez que le patronat, c'est sûr, pour vous, ne veut pas revenir sur cet âge légal ?
02:28Ça l'arrange, vous diriez ?
02:29On verra bien ce qui découlera des négociations et des discussions, mais il est évident que, de leur point de vue, si j'étais à leur place,
02:34heureusement, je n'y suis pas, je n'en ferais rien.
02:37Qu'est-ce que vous voulez faire à partir du moment où le Premier ministre vous donne des gages que, de toute façon, la réforme s'appliquera ?
02:42C'est pas une méthode qui nous convient.
02:47Et plus encore, aller vers la retraite à 60 ans, améliorer notre système de retraite, ça fait de nombreuses années qu'on a des propositions sur le financement.
02:54Alors justement, en plus, c'est une des conditions de François Bayrou, que cette renégociation se conclave, n'aggrave pas les comptes publics.
03:02Et alors voilà, vous voyez, ça c'est ce que font les gouvernements successifs depuis de nombreuses années.
03:06Il y a trois leviers, en fait, pour que tout le monde comprenne bien sur les retraites.
03:08Il y a l'âge de départ, voilà, pour pouvoir économiser.
03:11Il y a le niveau des pensions, on peut baisser le niveau des pensions, ou alors on peut augmenter les ressources du système.
03:16Que nous disent les gouvernements depuis une dizaine d'années maintenant, et même depuis plus longtemps que ça ?
03:19Ils nous disent, attendez, on peut jouer que sur deux leviers, pas sur trois.
03:22Et nous, ce qu'on dit, c'est bien sûr que non.
03:24Il faut utiliser le levier des ressources, c'est l'enjeu fondamental.
03:26Ce que vous proposiez depuis le début, aller chercher de l'argent là où il y en a, c'est ça les grandes entreprises ?
03:29Non seulement il y en a, réfléchir collectivement, mettre en place un véritable plan de financement pour notre système de retraite.
03:35Nous, on a parfaitement conscience que d'ici 2070, il va falloir augmenter les ressources du système, pour une raison simple.
03:40Il y aura plus de retraités, moins d'actifs.
03:42C'est une évidence, ça. Et on n'a jamais vu ça comme un problème, puisque l'enjeu fondamental, c'est l'équilibre sur le long terme du système des retraites.
03:49Et on a beaucoup, beaucoup de propositions. Je vais vous donner deux exemples.
03:52Ce matin, en lisant la presse économique, on découvre que 100 milliards d'euros ont été reversés aux actionnaires.
03:58C'est un record absolu, qui bat le record de l'an passé, qui bat encore le record de l'année précédente.
04:02Si on soumettait les dividendes à cotisation, comme c'est le cas pour les salaires, à hauteur de 28%, on récupérait immédiatement 14 milliards d'euros.
04:10Aujourd'hui, le déficit pour l'année 2024, le Conseil d'orientation des retraites nous explique qu'il sera de 6,1 milliards d'euros.
04:17Le régime, en 2023, était excédentaire.
04:20Quand M. Berroux nous explique qu'il y a un problème de financement et que ça aggrave la dette publique, c'est une fable, c'est un mensonge, c'est un enjeu de ressources sur le long terme, il n'y a pas d'urgence.
04:28Vous êtes membre de l'union départementale de la CGT en Ille-et-Vilaine, ce que vous êtes en train de nous dire un peu ce matin, c'est que si en 2023, il y avait une union des syndicats, contre cette réforme, ça ne sera pas forcément le cas par rapport à ces négociations qui doivent s'ouvrir ?
04:42C'est pas du tout ça que je vous dis.
04:44La CGT va y aller quand même alors ?
04:46S'il y a une intersyndicale qui se réunit, il y aura une assemblée générale des syndicats dans notre département, il y aura évidemment une rencontre de l'ensemble des organisations de la CGT au niveau national, si vous voulez.
04:55Donc pour le coup, je ne peux pas vous dire immédiatement ce qu'il va en être, mais ce qui est sûr, c'est qu'on ne part pas diviser au contraire, et que nous, on ne veut surtout pas partir diviser là-dessus.
05:02Mais une mobilisation, ça ne se décrète pas, pas plus que l'union, ça se construit.
05:06Et une mobilisation dans la rue, c'est possible à nouveau ça ?
05:08Pas seulement dans la rue, je crois que c'est pas seulement l'enjeu.
05:10Les modalités, je ne peux pas vous les donner tout de suite, on va y réfléchir collectivement.
05:14Mais ce qui est certain, c'est que nous, l'objectif est toujours celui de l'abrogation, toujours celui plus lointain, en tout cas pas immédiatement dans les mois qui viennent de la retraite à 60 ans.
05:22On continuera à se mobiliser selon les modalités qu'on définira collectivement dans les mois et les semaines à venir.
05:28Merci beaucoup Mathieu Coque de l'Union Départementale de la CGTA en Ile-et-Vilaine.
05:32Invité ce matin de votre radio de proximité ici à Armorique.