Le Premier ministre François Bayrou a annoncé lors de sa déclaration de politique générale ce mardi 14 janvier un "conclave" de renégociation de trois mois entre les partenaires sociaux sur la réforme contestée des retraites. Sans convaincre totalement le PS de ne pas le censurer, après plusieurs jours de tractations.
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00:00Le lendemain de cette déclaration de politique générale, la gauche attendait d'entendre un ou deux mots.
00:06Suspension, abrogation, gel de la réforme des retraites.
00:10Ils ont eu droit à un autre mot que personne n'avait vu venir.
00:13Conclave, conclave, comme pour choisir un pape, sauf que là c'est pour choisir une réforme des retraites
00:17et c'est les partenaires sociaux qui vont s'en occuper à partir de vendredi.
00:21On écoute un extrait du discours de politique générale ?
00:25La seule exigence fixée est que nous ne pouvons pas laisser dégrader l'équilibre financier
00:30que nous cherchons et sur lequel presque tout le monde s'accorde.
00:35Une délégation permanente sera donc créée.
00:39Je la réunirai dès vendredi.
00:42Je proposerai aux représentants de chaque organisation de travailler autour de la même table,
00:48de s'installer dans les mêmes bureaux ensemble pendant trois mois
00:52Si au cours de ce conclave, cette délégation trouve un accord d'équilibre et de meilleure justice,
00:58nous l'adopterons. Mais si les partenaires ne s'accordaient pas,
01:02c'est la réforme actuelle qui continuerait à s'appliquer.
01:05Encore une usine à gaz.
01:08Parce que ce sera précédé tout ça d'une mission flash confiée à la Cour des comptes.
01:12Mission flash confiée à la Cour des comptes. Pourquoi faire ?
01:15Tout simplement parce que Le Corps a publié en juin dernier...
01:17Conseil d'orientation des retraites.
01:19Un rapport qui dit que d'ici 2030, le déficit sera de 14 milliards d'euros du système des retraites.
01:27Et pour certains, ce chiffre est tout simplement sous-estimé parce qu'il ne tient pas compte...
01:32Donc les spécialistes des retraites se sont trompés sur le chiffre.
01:34Oui, parce qu'il ne tient pas compte des régimes spéciaux,
01:37notamment celui de la SNCF, RATP, les fonctionnaires d'État.
01:40Et la Cour des comptes pourra établir un bilan, mais en prenant compte...
01:46On hallucine que ce bilan n'existe pas déjà en fait.
01:48Alors, il a existé. Plusieurs rapports ont été publiés ces différentes années,
01:52mais il faut tout simplement le mettre à jour.
01:54Donc, les partenaires sociaux reprennent le bébé en quelque sorte.
01:58Denis Gravouille, vous irez d'abord en conclave ou pas ?
02:01Déjà, le bilan, il existe. Sur les retraites, on connaît parfaitement les comptes.
02:04Donc, Le Corps avait sous-estimé ?
02:06Le Corps n'a rien sous-estimé.
02:08D'ailleurs, même Gilles Berset, qui est quand même un dirigeant très, très macroniste,
02:11a démenti ce qu'a dit François Bayrou sur le déficit caché.
02:14Donc, ça déjà, c'est réglé. C'est déjà un mensonge dans la DPJ d'hier.
02:18Ensuite, sur la réunion de vendredi, on va aller voir ce qui se dit.
02:21Enfin, on part... Écoutez, je vais prendre une métaphore dans le sport.
02:25Mais on va sur un match où on a le patronat en face de nous
02:28qui sait que s'il n'y a pas d'accord, c'est la loi qui s'applique et il ne veut pas qu'on la change.
02:32Donc, le match est joué d'avance ?
02:34Le match n'est pas joué d'avance parce qu'il sera placé sous la responsabilité des salariés
02:37qu'on va appeler à nouveau à se mobiliser.
02:41Et pour une raison très simple, c'est que la réforme des retraites,
02:45c'est le caillou dans la chaussure, c'est le truc qui ne passe pas,
02:47qui n'a jamais été voté, qui n'a jamais été soumis au vote des députés
02:50et qui pourrit, qui est le symbole du naufrage du septennat d'Emmanuel Macron.
02:55La question est peut-être naïve, mais encore une fois,
02:57pourquoi des solutions émergeraient de ce conclave,
03:00des solutions qui, finalement, ne sont pas sorties de la discussion politique ?
03:06Les solutions, elles sont pourtant très simples.
03:08Il faut abroger cette réforme, c'est ce qu'on réclame depuis le début
03:10et tous les syndicats, on va continuer à y travailler.
03:13Il y a des choses qui se discuteront à la marge,
03:16mais ce n'est pas ça la question.
03:17La question de l'égalité femmes-hommes, les questions de pénibilité,
03:19c'est sans doute ce qui va revenir, mais c'est aggravé par le recul de l'âge.
03:23On le voit tous les jours avec, par exemple, le fait qu'on a augmenté de 50 %
03:26le nombre de chômeurs de plus de 62 ans.
03:28Parce que ce n'est pas seulement des gens qui sont obligés de travailler plus longtemps,
03:30c'est des gens qui se retrouvent au chômage parce qu'ils n'ont pas d'emploi.
03:33Et on le voit bien avec tous les licenciements en ce moment,
03:35c'est beaucoup de seniors qui perdent leur emploi.
03:36Mais donc vous allez aller à ce conclave, le couteau entre les dents ?
03:39Le couteau entre les dents, c'est une métaphore.
03:41Ça va durer trois mois, donc il va falloir 100 ans.
03:43On va voir ce qu'on va y faire, on va y porter nos exigences
03:46et on va y travailler en intersyndical.
03:48Et on va surtout le placer sous la responsabilité.
03:50Parce que conclave, ça voudrait dire que c'est secret et qu'on ne dit pas ce qui s'y passe.
03:52Nous, on va dire tout ce qui s'y passe.
03:54Mais les exigences, c'est quoi ?
03:55C'est-à-dire qu'à un moment, vous allez décider peut-être de partir.
03:59Pourquoi ?
04:00Ça, on verra bien.
04:02Non, mais quelle est l'exigence minimale ?
04:04L'exigence, c'est l'abrogation de la réforme des réformes.
04:07C'est clair.
04:08C'est ce que demandent 80 % des Français.
04:11C'est ce que demande l'intersyndical.
04:12C'est ce qu'on a réaffirmé ensemble en décembre.
04:14Il n'y a pas photo, il faut abroger cette réforme.
04:16Jamais voté.
04:17Philippe Boin, qu'est-ce que vous pensez de la méthode ?
04:20Écoutez, c'est tout à fait insuffisant.
04:22On donne un droit de veto, en vérité, aux Medefs dans la négociation.
04:26Vous dites vous aussi que c'est en quelque sorte un peu plié d'avance ?
04:29Évidemment que c'est plié d'avance.
04:30Vous donnez à un des négociateurs un droit de veto.
04:32C'est formidable.
04:33Si rien ne se passe, c'est l'ancienne réforme qui s'appliquera.
04:37Et le Medef est dans son rôle.
04:38Il défend ses intérêts.
04:39Les syndicats de travailler défendent leurs intérêts.
04:41C'est pour ça que nous réclamons cette suspension.
04:43Et c'est la condition d'ailleurs du vote ou pas d'une motion de censure de notre part,
04:48que ce soit demain ou dans 15 jours sur le budget.
04:50Mais est-ce qu'il n'y a pas aussi, on l'a un peu entendu chez Olivier Faure hier soir,
04:53une vexation de finalement devenir spectateur de ce qui va se passer sur la réforme des retraites
04:57pendant ce qu'on clave ?
04:58En rien.
04:59Puisque nous avons demandé ce qu'on clave d'une certaine manière.
05:02C'est ce que nous avons obtenu.
05:03Nous voulions qu'il soit assorti d'une suspension.
05:05Donner de la force aux syndicats pour discuter les uns et les autres.
05:09Donc non, nous pensons qu'il faut donner toute sa place au dialogue social.
05:12Regardez, le régime de la JIRC-ARCO, c'est la retraite complémentaire.
05:16Elle est gérée par les syndicats.
05:17Et c'est bien mieux géré d'ailleurs que le système du régime général
05:21qui en fait est tout le temps ponctionné par des décisions politiques
05:24et où l'État reprend de l'argent, redonne de l'argent.
05:27Moi, je crois qu'il faut faire confiance aux partenaires sociaux.
05:30Le grand problème de la sécurité sociale en France, c'est que depuis 1995,
05:33on a dessaisi les syndicats du pouvoir qu'ils avaient jusqu'ici de gestion des caisses.
05:38Et c'est pour ça qu'on a des déficits aussi élevés aujourd'hui.
05:40Mais je ne comprends pas très bien ce que vous demandez aux premiers ministres
05:42pour ne pas voter la censure.
05:44Écoutez, il y a plusieurs choses en débat.
05:46Il y avait la question budgétaire.
05:47On avait des discussions budgétaires.
05:49Elles ne sont pas terminées.
05:50Elles se poursuivent jusqu'au vote du budget.
05:52On reprend la discussion le 30 janvier en commission Mixparita.
05:55Vous savez, c'est le rassemblement Assemblée-Sénat pour se mettre d'accord sur un budget.
05:58Après, il y a la question des retraites.
06:00Et Olivier Faure a dit hier très clairement sur TF1
06:03que nous souhaitions la suspension de la réforme des retraites.
06:06C'est une condition majeure pour ne pas voter la censure.
06:10Mais il ne va pas suspendre alors qu'il a convoqué ce compte-là ?
06:13Il peut dans le même temps suspendre.
06:15Il peut dans le même temps dire, je propose à l'Assemblée nationale
06:18un amendement dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale
06:21qui, durant la durée de la discussion, suspend la réforme des retraites
06:26pour donner du pouvoir de négociation au syndicat.
06:28Vous voterez la censure demain ?
06:30Écoutez, nous allons en discuter aujourd'hui.
06:32La censure de demain, c'est une censure d'ambiance.
06:34Elle n'a aucune chance de passer puisque le Rassemblement national a déjà fait savoir qu'il ne la votera pas.
06:39Est-ce que vous, par exemple, à titre personnel, vous voterez la censure ou pas ?
06:44C'est assez simple.
06:45J'ai une discussion avec mon groupe politique.
06:47Il n'y a pas d'attention possible pour le vote de censure.
06:50Soit on la vote, soit on ne la vote pas.
06:52En tout cas, la censure qui compte, je crois, c'est celle sur le budget.
06:55C'est celle-là qui comptera, qui fera tomber ou pas le gouvernement
06:57puisque celle-là sera probablement votée aussi par l'URN.
07:00Nous, ce que nous souhaitons, en tout cas, c'est négocier, négocier, négocier
07:03pour obtenir le meilleur budget possible.
07:05C'est dans 15 jours.
07:06D'ici là, demain, c'est une censure d'ambiance.
07:08Les socialistes vont se poser aujourd'hui la question de savoir
07:11quel message voulons-nous envoyer demain.
07:13Est-ce que nous voulons envoyer un message de fermeté ? Nous censurons.
07:15Est-ce que nous voulons envoyer un message d'ouverture à la négociation supplémentaire ?
07:18Nous ne censurons pas.
07:19C'est le dilemme que nous avons devant nous.
07:21Les socialistes se réunissent aujourd'hui et nous feront connaître notre position.
07:24Votre allié Jean-Luc Mélenchon dit que si vous ne votez pas la censure,
07:27il mettra des options sur les circonscriptions de ceux qui n'ont pas voté.
07:30Oui, vous savez, les menaces de Jean-Luc Mélenchon ne font peur à personne.
07:32Donc, s'il veut mettre un candidat dans nos circonscriptions,
07:34qu'il en mette même deux, qu'il en mette même trois,
07:36nous, ça ne nous fait pas peur.
07:38C'est la fin du GDP, là.
07:39Ecoutez, écoutez, ça suffit, je veux dire.
07:45C'est l'intérêt des ouvriers et des employés que nous défendons.
07:48C'est notre seule boussole.
07:50Et donc, les gesticulations de Jean-Luc Mélenchon ne nous intéressent pas.
07:53Gaëtan ?
07:54Les partenaires sociaux ont prouvé qu'ils sont capables de se mettre d'accord,
07:57notamment sur l'assurance-chômage.
08:00Ils se sont réunis et ils ont trouvé un accord.
08:02La CGT n'a pas signé.
08:04La seule organisation syndicale va ne pas avoir signé.
08:07En tout cas, les accords sont possibles.
08:10La ligne rouge du patronat aujourd'hui, c'est de ne pas alourdir davantage
08:14le coût du travail en augmentant les cotisations patronales
08:17pour financer le système de retraite.
08:20On rappelle que l'objectif de son co-clave,
08:22qui est assez inédit, puisque de réunir tout le monde
08:24dans un même lieu pour travailler ensemble
08:27plutôt que de se retrouver de temps en temps
08:29pour faire part des solutions proposées,
08:32c'est vraiment quelque chose de très nouveau.
08:35Et ça peut fonctionner encore une fois.
08:38L'objectif, c'est de parvenir à des solutions
08:41qui permettent l'équilibre financier du système.
08:44D'abord, les négociations paritaires,
08:47il faut quand même se méfier de ce que ça peut donner.
08:49Encore une fois, on a le droit de veto au patronat,
08:51pas seulement au BDF, mais qui veut nous remettre
08:54de la retraite par capitalisation alors qu'on est en train de parler
08:57de comment on pérennise et comment on améliore
08:59le système de répartition.
09:01C'est un problème.
09:02Par contre, des propositions pour le financement, on en a.
09:05On a trouvé 40 milliards si on regarde.
09:08Les 2,2 milliards, par exemple, en mettant à contribution
09:11l'intéressement et la participation qui touchent surtout des cas
09:14dans des grosses entreprises.
09:16Là, on vient de voir 100 milliards de dividendes
09:19et de rachats d'actions.
09:20Si on met à contribution les revenus financiers,
09:22on trouve 24 milliards.
09:23Donc, des solutions sont possibles.
09:24Des solutions sont possibles, mais encore faut-il...
09:26Vous allez à Oukonklave avec des pistes.
09:27Évidemment, on a des pistes de financement.
09:29On les a déjà exposées à l'Assemblée nationale
09:31il y a 2 mois.
09:32Donc, c'est parfaitement possible.
09:34Mais encore faut-il que le patronat soit forcé de les accepter.
09:36Et les conditions, pour l'instant, n'y sont pas.
09:39À partir de vendredi, on comprend avec la CGT
09:41qu'on aura de la fumée blanche tous les jours
09:43parce qu'ils n'ont pas l'intention de se taire
09:45sur ce qui se discute là-dedans.
09:47C'est 3 mois.
09:48Merci en tout cas d'avoir été avec nous ce matin.