Ce vendredi matin débute le conclave sur la réforme des retraites. Le Premier ministre François Bayrou donne trois mois aux partenaires sociaux pour rediscuter de la réforme des retraites.
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00:00Un conclave, c'est le mot choisi par François Bayrou pour baptiser ces réunions entre partenaires sociaux pour s'entendre sur la réforme des retraites.
00:07Alors avant ce conclave, on a invité deux participants, deux cardinaux en quelque sorte.
00:12Monseigneur Cyril Chabanier, président de la CFTC, confédération des travailleurs chrétiens.
00:20Le conclave nous parle.
00:22Le conclave vous parle forcément.
00:23Et Monseigneur Michel Picon, président de l'UDEP, les entreprises de proximité.
00:27Merci d'être là, aux côtés de Sir Gaëtan Mélin, qui nous accompagne aujourd'hui pour décrypter les attentes de chacun, les lignes rouges fixées aussi.
00:37C'était oui au départ, c'était plutôt non ensuite.
00:40On ne savait pas si cette réunion allait avoir lieu.
00:42Et puis François Bayrou a dit non, ça commence vendredi, donc ça commence tout à l'heure.
00:46Oui, c'est plutôt la réunion de préparation du conclave qui, lui, finalement, ne commencera qu'une fois qu'on aura la mission flash de la cour des comptes,
00:55c'est-à-dire le chiffrage très précis du déficit de régime, des régimes.
01:01Mais on le sait déjà, Gaëtan.
01:03Eh bien non, justement, on ne le sait pas parce que c'est bien le problème.
01:05Mais le Corps ne l'a pas donné, le Corps s'est démonté.
01:07Le Corps a chiffré, effectivement.
01:09Il estime pour 2024 à 5,4 milliards d'euros.
01:12Le problème, c'est que pour François Bayrou, eh bien, on est très en deçà parce que le Corps ne tient pas compte, encore une fois, des régimes spéciaux.
01:23Et le déficit, selon lui, serait bien plus élevé.
01:27Il pourrait même atteindre 55 milliards d'euros.
01:30Donc, il demande à la cour des comptes de faire le tri et d'apporter des chiffres indiscutables sur lesquels pourront travailler, justement, toutes les organisations syndicales et patronales.
01:41Qui se sont vues par visio hier.
01:42On est d'accord, Cyril Chavani, vous avez discuté entre vous.
01:46Qu'est-ce qui en est sorti de cette petite réunion ?
01:49D'abord, on se rencontre toujours lorsqu'il y a un discours de politique générale du Premier ministre parce que c'est important de pouvoir discuter, interpréter, voir comment chacun a ressenti ce discours.
01:58Et puis, évidemment, une grosse partie de la réunion a été sur cette réunion aujourd'hui, sur ce fameux conclave, en discutant un petit peu de la composition, de la méthode qui convient plus ou moins bien aux participants.
02:11Est-ce qu'ils iront tous ?
02:13Oui, a priori, il y a la décision qui a été prise que tout le monde se rendrait au conclave aujourd'hui.
02:18Et est-ce que vous êtes d'accord sur votre ordre du jour, sur les requêtes que vous allez formuler ?
02:22Alors aujourd'hui, encore une fois, c'est vraiment une question de méthode.
02:25On doit aussi choisir la personne qui va un petit peu animer cette commission permanente.
02:31Évidemment, on n'est pas rentré dans le détail de nos propositions.
02:36Même pas un peu ?
02:36On pourra porter certaines propositions en commun, mais plutôt sur des thématiques précises, sur la pénibilité, sur l'égalité famale.
02:43Ça va être compliqué sur un projet total, puisque nous avons quand même des différences entre nous dans nos propositions.
02:50Sur le principe, vous y croyez ? Vous pensez qu'une autre réforme de la retraite peut sortir de ce conclave dans deux mois, dans trois mois ?
02:56J'y crois. Je ne vais pas dire que je suis très optimiste, mais en tout cas, j'y vais de manière volontariste.
03:02Pourquoi vous n'êtes pas optimiste ?
03:03Ce qui est un peu compliqué, c'est que nous ne partons pas à armes égales avec le patronat dans cette négociation.
03:09Nous, organisation syndicale, on veut vraiment modifier et changer la loi Borne et la remplacer, donc l'abroger.
03:16L'âge, voilà, l'âge, la borne d'arge.
03:17Et on veut absolument jouer et redescendre la borne d'arge.
03:21Le patronat, je crois, pour avoir discuté avec eux, sont prêts à faire des avancées sur des thématiques telles que la pénibilité, l'égalité salariale,
03:29mais ne sont pas forcément demandeurs de revenir en arrière sur le critère d'âge.
03:33Donc, autant on pourra avancer sur les sujets, autant sur la question du financement, ça va être épineux.
03:39Mais je reste optimiste et je pense qu'on peut réussir.
03:41Le problème, c'est que ça va ressembler aussi aux discussions de la classe politique, ces lignes rouges contre lignes rouges,
03:45parce que vraisemblablement, la CGT a posé des lignes rouges sur la borne d'arge.
03:49Et c'est une ligne rouge aussi peut-être pour les patrons ?
03:52Non, pas pour moi.
03:54Allons-y.
03:55Pour moi, la ligne rouge, il y en a deux.
03:57C'est l'équilibre du système.
03:59Il faut que nos systèmes de retraite soient équilibrés le plus rapidement possible.
04:04Ne pas laisser une dette aux générations futures.
04:06Ça, c'est insupportable pour tout citoyen.
04:09Et la deuxième chose, c'est le chargement, le coût du travail,
04:15qui ne peut plus supporter une augmentation de cotisation sociale.
04:19Alors, moi, j'entends tous ceux qui disent « 64 ans, on n'en veut pas ».
04:23Enfin, on a fini par l'entendre.
04:26Le MEDEF veut qu'on ne touche pas, évidemment, aux 64.
04:29Oui, le MEDEF est dans une posture.
04:31Oui, mais on ne va pas reproduire ce qui s'est passé au Parlement.
04:34Si on met tous les uns et les autres d'entrée de jeu en disant « moi, ça, je ne veux pas en entendre parler »,
04:40mais ce n'est même pas la peine qu'on y aille.
04:42Moi, je suis prêt à écouter ce que je veux dire à ceux qui veulent revenir à 62 ans.
04:47Pourquoi pas ?
04:49Comment on le finance ?
04:50Comment cet écart financier qui va se produire ?
04:53Vous, vous dites « pas de hausse des cotisations ».
04:55Pas de hausse de cotisation, mais là aussi, vous avez vu la situation des entreprises.
05:00Mais vous allez arriver avec les pistes ?
05:03Les pistes, d'abord, c'est ceux qui veulent revenir à 62 qui, sur les pistes financières,
05:08doivent nous dire comment on les finance.
05:10Moi, je suis prêt à écouter.
05:12Et ensuite, après, ce dont je suis certain, c'est que la retraite de Mme Borne doit être améliorée,
05:19notamment sur encore les carrières longues, doit être améliorée sur la pénibilité,
05:24sur les équilibres entre les hommes et les femmes, sur les droits conjugaux, sur les droits familiaux.
05:29Il y a beaucoup de grains à moudre.
05:31Mais il y a un terrain d'entente qui est en train de se créer là.
05:33Il y a des points d'accord des organisations syndicales,
05:35notamment sur le taux d'emploi des seniors qui est, on le sait, très faible en France
05:39par rapport aux autres pays européens.
05:41Et certaines organisations syndicales estiment que l'augmenter de 10 points
05:45permettrait de récupérer 30 milliards d'euros.
05:47Il y a également l'égalité hommes-femmes.
05:49Là aussi, le patronat n'est pas forcément contre cette mesure.
05:53Ce sont des pistes, effectivement, pour obtenir des recettes.
05:56Donc il y a un terrain d'entente possible sur le financement, j'entends bien.
05:59Ou est-ce que Michel Picon veut vous mettre face à vos contradictions ?
06:02Non, il y a un terrain d'entente possible,
06:04mais à condition qu'on va chercher de l'argent un peu en dehors du système.
06:08C'est-à-dire que si on parle uniquement du report de l'âge, de la baisse des pensions,
06:12de l'augmentation des cotisations, Michel Picon a raison,
06:14on n'arrivera pas et ce n'est pas la peine de commencer.
06:16Ça veut dire qu'il faut financer les retraites par l'impôt ?
06:18Ça veut dire, par exemple, nous avons des tas d'exemples de TVA préférentielles
06:24complètement aberrantes, sur lesquelles on pourrait revenir.
06:26Vous avez par exemple une TVA préférentielle pour l'eau et les sodas.
06:30Pour l'eau, je pense qu'on peut tous être d'accord.
06:32Pour les sodas, qui est un problème de santé publique,
06:34pourquoi il y a une TVA préférentielle ?
06:36Donc réaugmenter la TVA sur certains produits
06:38et récupérer cet argent pour la retraite.
06:40En tout cas, ce n'est pas faire des augmentations de TVA en soi,
06:44c'est juste remettre un taux normal,
06:46il n'y a pas de raison pour des choses qui sont des problèmes de santé,
06:48enfin qui entraînent des problèmes de santé, d'avoir des TVA préférentielles.
06:52Je pourrais vous en citer tout un nombre
06:54et d'ailleurs j'ai remis mardi à Éric Lombard
06:56toute une série de mesures comme ça
06:58qui rapporterait 15 milliards d'euros.
07:00Je rappelle qu'on a mis des millions de gens dans la rue
07:02pour dondre 10 milliards.
07:04Michel Pigon va se lire assez vite,
07:06une différence d'appréciation entre vous et le MEDEF,
07:08on est d'accord ?
07:10Moi j'essaie de convaincre mon ami Patrick Martin
07:12de ne pas rentrer dans cette négociation
07:16de manière aussi fermée.
07:18Parce que vous avez conscience que vous avez une carte à jouer
07:20sur le fait de réussir à vous entendre
07:22là où le Parlement a échoué ?
07:24Oui, pour nous, ce sujet retraite était derrière nous.
07:26Il est réouvert.
07:28Moi je ne peux pas qu'on reproduise
07:30ce qui s'est passé au Parlement
07:32et donc que l'on soit plutôt productif.
07:34Parce qu'au fond,
07:36c'est grave le sujet aujourd'hui,
07:38c'est le pays qui est bloqué,
07:40on nous demande d'essayer de le débloquer,
07:42d'apporter notre contribution volontairement
07:44mais si on reproduit les mêmes erreurs
07:46dans trois semaines,
07:48on se quitte,
07:50on s'engueule et on n'y arrive pas.