C'est un sujet sensible, l'adolescence, qu'abordera Claire Chazal dans ce numéro de « Au bonheur des livres » en accueillant Philippe Besson et Florence Seyvos. Ces deux écrivains remarquables évoquent en effet dans leurs livres respectifs, « Vous parler de mon fils » (Ed. Julliard) et « Un perdant magnifique » (Ed. de l'Olivier), les difficultés parfois violentes que rencontrent les jeunes gens à la sortie de l'enfance, qu'il s'agisse de l'époque contemporaine ou du souvenir plus ancien des années 1980.
Philippe Besson traite ainsi d'un phénomène de société particulièrement douloureux : le harcèlement scolaire d'un tout jeune garçon, face auquel son entourage familial ne sait pas forcément comment réagir pour éviter un drame ...
Florence Seyvos, dans un registre moins tragique et tout en nuances, fait le portrait d'un beau-père singulier et raconte à partir de là l'adolescence à la fois rêveuse et perturbée d'une adolescente d'une quinzaine d'années, dont elle restitue la voix avec une très grande justesse.
Les deux auteurs se retrouvent en tout cas pour suggérer les affres et les émotions d'un âge ouvert au romanesque, et la conversation s'annonce passionnante entre eux, qui travaillent aussi l'un et l'autre pour le cinéma et savent ainsi, mieux que quiconque, mettre en scène les émotions.
Année de Production :
Philippe Besson traite ainsi d'un phénomène de société particulièrement douloureux : le harcèlement scolaire d'un tout jeune garçon, face auquel son entourage familial ne sait pas forcément comment réagir pour éviter un drame ...
Florence Seyvos, dans un registre moins tragique et tout en nuances, fait le portrait d'un beau-père singulier et raconte à partir de là l'adolescence à la fois rêveuse et perturbée d'une adolescente d'une quinzaine d'années, dont elle restitue la voix avec une très grande justesse.
Les deux auteurs se retrouvent en tout cas pour suggérer les affres et les émotions d'un âge ouvert au romanesque, et la conversation s'annonce passionnante entre eux, qui travaillent aussi l'un et l'autre pour le cinéma et savent ainsi, mieux que quiconque, mettre en scène les émotions.
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00:00Retrouvez « Au bonheur des livres » avec le Centre national du livre.
00:06– Sous-titrage ST' 501
00:25– Bienvenue dans l'émission littéraire de Public Sénat.
00:27Je suis ravie de vous retrouver pour un nouveau numéro d'« Au bonheur des livres ».
00:30Vous le savez, chaque semaine, nous essayons de vous donner envie de lire des livres
00:34et aussi de découvrir ou de mieux connaître leurs auteurs.
00:37Alors avec nous, deux romanciers qui ont l'un et l'autre.
00:40D'ailleurs, je le précise, on en parlera à un court instant,
00:42travaillés pour le cinéma, ou en tout cas des scénarios ou des adaptations.
00:46Et qui savent, vous allez le voir, décrire les malaises familiaux,
00:51les situations troubles entre parents et enfants.
00:54Ils décrivent aussi très bien l'adolescence.
00:56D'abord Florence Sévos qui signe un perdant magnifique pour désigner un beau-père,
01:02à la fois inquiétant et séduisant, vu plutôt par le regard d'une adolescente,
01:06de deux adolescentes, mais principalement de l'une des deux sœurs.
01:09Et puis Philippe Besson, qui lui aussi plonge dans les mystères
01:12et les dysfonctionnements d'une famille, dans son roman du mois de janvier,
01:16« Vous parlez de mon fils ».
01:18Alors ici, cher Philippe, il est question de harcèlement subi par un adolescent,
01:23mais aussi de l'impuissance des parents, de la lâcheté de l'hypocrisie de l'école,
01:28des institutions, des parents autour.
01:30On va en parler.
01:31Merci beaucoup d'être avec nous tous les deux.
01:33Et bien sûr, vous pouvez intervenir l'un et l'autre sur le livre de votre voisin ou voisine.
01:38Chère Florence Sévos, vous êtes, je le rappelle, écrivain et scénariste.
01:41Vous avez écrit de nombreux livres aussi pour la jeunesse, je le précise.
01:45Vous avez d'ailleurs, par exemple, adapté « Tom Jungerer ».
01:47Et puis vous avez beaucoup travaillé avec Némile Wowski à plusieurs reprises.
01:51Vous avez obtenu le Goncourt du premier roman en 1995 pour « Les Apparitions ».
01:55Voici donc « Un perdant magnifique » aux éditions de L'Olivier.
01:58C'est l'histoire d'un beau-père qui s'appelle Jacques,
02:00qui est à la fois élégant et clochardisé, si on peut dire comme ça, séduisant et violent.
02:07Donc vu par le regard d'Anna, une adolescente, sa belle-fille.
02:11Est-ce que c'est parce que vous aimez vous mettre dans la peau des jeunes,
02:14des adolescents, que vous avez pris ce regard ?
02:16– Oui, je m'étais jurée que j'arrêtais avec les enfants et les adolescents.
02:20– Vous aimez jurer toutes les choses.
02:22– Philippe, c'est un échec.
02:24– Voilà, j'imagine, et en plus c'est fou parce que c'est pas une époque
02:29dont je garde des souvenirs quand même très difficiles,
02:34pas agréables du tout, de la période de l'adolescence
02:38et du tout début de l'âge adulte, mais voilà, j'y reviens tout le temps.
02:43– Oui, mais d'ailleurs, elles ne vivent pas forcément une situation très confortable,
02:47ces deux adolescentes et principalement Anna,
02:49puisqu'elles sont donc face à ce père, ce beau-père, plutôt qu'il est Jacques.
02:53Alors, il part faire des affaires en Côte d'Ivoire, assez souvent,
02:56on ne sait pas très bien ce dont il s'agit d'ailleurs,
02:58il est donc absent, il est, comme je le disais en introduction,
03:02à la fois séduisant et puis quand même capable de grandes violences.
03:05Est-ce qu'on peut dire que c'est un personnage toxique ?
03:11– Le mot ne me venait pas du tout en écrivant.
03:14Je crois que ce qui… parce que, sûrement, comme Anna,
03:23je changeais tout le temps d'avis au sujet de Jacques.
03:27C'est quelqu'un de très dur, mais comme l'était aussi,
03:31ça se passe dans les années 80, lui-même avait certainement eu une enfance
03:37dans un pensionnat, quelque chose de très austère.
03:42– En dégénéral, c'est lui, et d'ailleurs, le père reproduit
03:45ce qu'il a vécu éventuellement avec ses propres parents.
03:48– Et les personnes de ma génération ont reçu une éducation
03:52quand même plus sévère que maintenant, heureusement, pour la nouvelle génération.
03:58– Heureusement, ça a changé, c'est pas que nous regrettons
04:01notre éducation sévère.
04:03– Donc Jacques est très… il est autoritaire, il est très sévère,
04:07il prend l'éducation très au sérieux, et en même temps,
04:11il a un langage très châtié, il voudrait que Anna et sa sœur
04:17aient une éducation parfaite, qu'elles parlent anglais
04:20avec l'accent d'Oxford, et en même temps, il y a quelque chose
04:24qui est le contraire de tout ça, c'est que comme c'est un homme
04:31très solitaire, qui n'a pas d'amis et qui, très probablement,
04:35n'a pas été beaucoup en contact avec des enfants,
04:38ces deux adolescentes-enfants arrivent dans sa vie et il est subjugué,
04:44et il leur donne une admiration…
04:50en fait, elles ne pouvaient pas imaginer que ça existait,
04:55un adulte comme ça, inconnu, qui pose un regard de cette sorte sur elle,
05:00et donc elles sont toutes les deux, elles se sentent très importantes.
05:05– Aux yeux du grand-père, oui.
05:06– Et elles sont quand même, voilà, elles sont touchées
05:11par cette admiration inconditionnelle que leur voue leur beau-père,
05:17parce que même s'il est très sévère, en même temps, par exemple,
05:21s'il y en a une qui veut faire du théâtre, tout à coup,
05:23les cours de théâtre c'est sacré, voilà, il a une confiance en elle.
05:29– Donc à la fois, elle le redoute, il leur paraît très étrange,
05:34on va en parler, et puis effectivement, comme vous dites,
05:36elles sont un peu subjuguées, au point d'ailleurs qu'à un moment,
05:41la mère veut le quitter, parce qu'elle en a assez,
05:44et elles disent, mais non, tu ne vas pas l'abandonner.
05:47Est-ce qu'on peut dire que c'est un homme qui met sous emprise sa femme,
05:52et puis ses deux jeunes filles ?
05:54– Alors ça non plus, ce n'est pas un mot qui m'est venu à l'esprit en écrivant…
05:57– Alors, ils ne sont ni toxiques, ni emprises.
06:01C'est des mots un peu… – Contemporains, modernes, aujourd'hui.
06:03– Voilà, très contemporains, c'est vrai, et ça, on est dans les années 80.
06:06– Mais aussi, par exemple, pour le personnage de la mère,
06:09qui, depuis qu'elle est avec Jacques, elle vit, voilà,
06:13elle a une vie difficile, pleine de risques, de situations pénibles,
06:23puisqu'un jour, ça va jusqu'à la visite des huissiers,
06:26mais en même temps, il me semble qu'employer le mot emprise,
06:28ça lui ôterait sa part de liberté, parce que c'est quelqu'un qui…
06:34voilà, elle a vraiment été attirée par cet homme,
06:37parce qu'il n'était pas comme les autres.
06:39– Vous ne croyez pas que dans l'emprise,
06:40il y a quand même cette part de liberté au début ?
06:43On croit aimer quelqu'un, on ne se rend pas compte, réellement,
06:46on pense qu'on est assez libre, d'ailleurs, on est souvent intelligents.
06:48– Mais peut-être que je n'ai pas assez réfléchi au terme de…
06:52– Peut-être que vous n'avez pas eu l'occasion de vérifier vous-même.
06:54– L'emprise, oui, en tout cas, Jacques, il peut lui arriver
07:03de terrifier ses belles-filles, mais ça dure quelques instants,
07:09et en plus, elles, elles ont toujours l'impression
07:12qu'elles ont, d'une certaine manière, le dernier mot,
07:16parce qu'il a peur de les perdre, et elles le sentent très bien.
07:20– Oui, c'est ce qui fait son intérêt, parce qu'il est ambivalent.
07:23– Il est très ambivalent. – Oui, il décide.
07:24– C'est ça, je trouve, la force du personnage, c'est qu'au fond,
07:28tout est dans cette ambivalence, cette ambiguïté, cette nuance,
07:30au fond, parce que ce n'est ni un héros, ni un salaud,
07:33c'est quelqu'un qu'on a envie d'adorer,
07:35quelqu'un qu'on a envie de détester,
07:36et c'est un personnage flamboyant et c'est un personnage misérable.
07:40Moi, je trouve que la scène de l'achat des compulsifs, des meubles,
07:43des pianos, des machins, qui arrivent toutes à Noël, etc.,
07:46et où la mère est dévastée, parce qu'elle se dit…
07:47– Qui va endetter toute la famille, bien sûr.
07:48– Qui va endetter toute la famille, on va tout redonner à l'antiquaire après.
07:50Je trouve que ça raconte, évidemment, quelque chose de ce qu'il est, lui,
07:53c'est-à-dire une espèce de générosité folle et déconnectée de la réalité,
07:57et en même temps, d'irresponsabilité et de gestes d'amour,
08:01mais en même temps, de gestes…
08:02Oui, enfin, ce n'est pas gentil aussi pour son épouse, voilà.
08:06Et c'est ça qui fait sa force à ce personnage.
08:08Et nous, lecteurs, on est dans la même situation que les filles, au fond.
08:10– Bien sûr, on l'admire.
08:11– C'est qu'on est partagé.
08:12– On l'aime et on le déteste.
08:13– Il y a des pages où on ne l'aime pas du tout,
08:14on se dit, mais quel con !
08:15Et puis, il y a d'autres pages, on l'adore absolument,
08:18parce qu'on se dit, quand même, c'est des gens plus grands que la vie, voilà.
08:20– Oui, et c'est quelqu'un qui fait de leur vie un roman.
08:23– Absolument, c'est un personnage romanesque, complètement, bien sûr.
08:26– Vous avez rencontré des personnages comme…
08:28Est-ce qu'il y a…
08:29Oui, il y a forcément des gens que vous avez rencontrés
08:31qui vous ont inspiré ce portrait.
08:33– Mais je me suis aperçue qu'en fait, j'avais très souvent été…
08:39Enfin, pas exactement attirée, mais que j'éprouvais toujours une affection
08:45pour les personnes qui débordent.
08:47– Oui, qui débordent, c'est vraiment…
08:50– Donc, j'imagine que le livre vient de là.
08:52– Oui, que ce soit une personne plus âgée,
08:54quelqu'un que vous puissiez aimer, ou des enfants.
08:57– Oui, chaque fois que j'ai rencontré, homme ou femme,
08:59une personne qui avait cette capacité, alors parfois,
09:04de faire un petit peu peur, mais aussi d'être dans une exaltation
09:09qui rend la vie plus fiévreuse.
09:12J'ai toujours eu une affection particulière pour ces personnes-là,
09:17aussi parce qu'elles prennent des risques…
09:20– Pour elles-mêmes aussi.
09:21– Pour elles-mêmes, oui.
09:22Et c'est le cas de Jacques.
09:24– Est-ce qu'on peut dire que c'est très masculin ?
09:26Enfin, ces caractéristiques-là que vous avez définies,
09:29vous Florence et un peu Philippe aussi, est-ce que c'est masculin ?
09:32Est-ce que ça pourrait être un personnage féminin,
09:34cette ambiguïté, ce double,
09:37ce quelqu'un qui jette l'argent par les fenêtres
09:41et qui en même temps s'en va ?
09:44– Oui, je crois que ça pourrait être un personnage féminin,
09:49mais c'est vrai que là, comme c'est un beau père,
09:52comme il fait des affaires, il loue du matériel de chantier,
09:58donc ce sont des bulldozers, des machines un peu…
10:01Tout est un peu particulier et c'est vrai que peut-être…
10:09Jacques, il vient d'un monde qui n'est plus exactement là.
10:14– Non, on ne sait pas très bien, c'est un peu mystérieux,
10:17mais on imagine effectivement.
10:19– Oui, il pourrait venir d'un film des années 60…
10:22– Il vient un peu de l'ancien monde.
10:23– Oui, un peu de l'ancien monde, oui.
10:25On va parler de l'adolescence avec Philippe, bien sûr,
10:27et c'est quand même au cœur aussi,
10:28parce que cette Anna, elle nous parle aujourd'hui,
10:30alors qu'elle évoque les années 80, on est d'accord,
10:33c'est ce que j'ai ressenti,
10:34donc ça suppose que l'adolescence est forcément marquée
10:37par cette chose-là qui est le rapport au père,
10:40le rapport au beau-père, le rapport à la famille,
10:43et ne le sera à jamais.
10:45– Oui, et puis il y a une chose qui m'a frappée,
10:48puisque dans le livre de Philippe Besson,
10:52ce sont aussi des enfants et adolescents d'aujourd'hui,
10:58mais il me semble qu'il y a une constante,
11:01et qu'on la sent dans les deux livres,
11:04c'est le silence et la difficulté, en fait,
11:08de se parler, même entre personnes très proches,
11:12parce que dans mon livre, il y a une soirée
11:18où tout à coup les deux filles s'aperçoivent
11:20qu'il y a des choses au sujet de Jacques
11:22dont elles n'ont jamais parlé ensemble,
11:24elles n'ont jamais dit, mais toi aussi tu trouves qu'il est fou,
11:27est-ce qu'il est fou ?
11:29Et il y a une scène terrible dans le livre de Philippe Besson,
11:35où le petit frère vient de découvrir des SMS
11:41d'une violence inouïe sur l'écran du téléphone de son frère,
11:45et il ne va pas en parler.
11:48Il ne comprend pas, il ne peut pas en parler.
11:50C'est évidemment ce silence ou cette non-communication
11:54qui est un peu au cœur de ces deux livres.
11:56Alors Philippe Besson, vous, vous avez publié plus d'une vingtaine de romans,
12:0023 je crois, je le disais aussi, vous êtes également scénariste,
12:04vous avez un certain nombre de vos, et même dramaturges d'ailleurs,
12:07dont vos livres ont été adaptés à la fois au cinéma et au théâtre,
12:10on parlera à la fin de cette émission peut-être de votre rapport
12:12à l'un et à l'autre à l'écran, à l'image.
12:16Vous intéressez donc, on le disait, également dans ce livre à l'adolescence,
12:19mais vous l'avez déjà fait, ô combien, dans d'autres livres,
12:22et notamment sur vous, donc sur votre propre enfance et adolescence,
12:26notamment dans Arrête avec tes mensonges.
12:29Cette fois donc, on l'a dit, il s'agit de harcèlement,
12:31vous parlez de mon fils, donc chez Julliard,
12:33alors c'est un livre qui, on ne va pas révéler la fin
12:37parce que ça ménage évidemment un certain suspense,
12:39et d'ailleurs qui est construit de façon assez virtuose je trouve,
12:43puisqu'on va dans l'humeur plus joyeuse, dans l'humeur sombre,
12:46dans le temps et l'espace, et tout ça est un peu imbriqué.
12:50Cette famille a deux garçons, et c'est Hugo, l'aîné,
12:53qui va être persécuté, on peut le dire, par deux gamins de l'école.
12:57Est-ce que c'est parce que, au fond, et on l'a dit à un moment,
13:03c'est une question qui est centrale aujourd'hui finalement dans la société
13:06et qui revient beaucoup d'ailleurs, y compris de la part des pouvoirs publics,
13:10est-ce que c'est ça qui vous a incité à parler de ce problème ?
13:12Oui, parce qu'au fond, on est quand même percutés, blessés régulièrement
13:15par l'actualité qui nous rapporte ces faits de harcèlement.
13:18On nous raconte l'histoire de ces enfants, de ces adolescents
13:21qui sont injuriés, insultés, violentés, molestés, mis à l'écart, bannis,
13:27et on se dit quand même, cette violence qui s'exerce entre enfants,
13:31ça nous paraît monstrueux, et pourtant ce n'est pas d'aujourd'hui,
13:35c'est le moins qu'on puisse dire, mais ça a pris une ampleur considérable
13:38parce qu'avant, ce harcèlement était localisé à un endroit spécifique
13:42qui était l'école, les cours de récréation, etc.
13:44et qu'aujourd'hui, il s'est démultiplié et que l'espace numérique
13:47et que l'enfer numérique a aggravé considérablement la situation
13:50parce qu'ils ne cessent jamais ce harcèlement
13:52et qu'ils s'exercent dans une grande impunité
13:55et que la violence d'ailleurs de ce harcèlement
13:57n'est peut-être qu'un reflet de la violence plus générale du monde.
14:00Et donc c'est vrai qu'il y a ça, et puis on est percutés, blessés aussi
14:03par ces marches blanches qui sont organisées en hommage à ceux qui sont en partie.
14:07Et il y en aura une dans le livre.
14:09Qui ont choisi d'en finir.
14:11Et c'est vrai que c'était surtout la rencontre de deux phrases
14:15qu'on entend beaucoup au sujet de ce harcèlement
14:17qui m'a décidé à écrire.
14:19C'était d'un côté les harceleurs qui disent
14:21mais c'était pour rigoler
14:23et puis de l'autre côté, les harcelés qui disent
14:25il faut que ça s'arrête.
14:27Et le il faut que ça s'arrête, ça peut se terminer mal.
14:29Et donc c'est ça que je voulais faire
14:31et puis après il y avait le souvenir de ma propre situation
14:33parce que voilà, à 14 ans, quand j'étais au collège
14:35et que j'ai entendu pour la première fois les mots
14:37« sale pédé »
14:39c'était dans une cour de récréation.
14:41C'est quand même étonnant de se dire
14:43ces mots-là, « sale pédé »
14:45après il y a eu Tarlouche, tantôt,
14:47parce qu'il y a un vocabulaire très élaboré
14:49mais je les ai entendus ces mots dans une cour de récréation
14:51et à ce moment-là, moi je me souviens
14:53de la violence que j'ai subie
14:55mais je me souviens surtout de ma peur
14:57je me souviens de ma honte
14:59et je me souviens, on y revient, du silence.
15:01C'est-à-dire de l'impossibilité de dire.
15:03C'est-à-dire d'abord du silence face à ses agresseurs
15:05ce qui est terrible parce que vous êtes une chiffre molle
15:07vous n'avez pas de répartie
15:09vous n'avez pas l'irrévérence, vous n'avez pas l'insolence
15:11vous ne savez pas ce qu'il faut dire
15:13et donc vous prenez les coups et il ne se passe rien
15:15puis vous ne pouvez parler à personne
15:17parce que vous n'allez pas aller voir votre père en disant
15:19« on me harcèle à l'école parce qu'on me dit que je suis homosexuel ».
15:21Donc vous restez dans ce bloc de silence
15:23qui est en plus
15:25l'effet miroir de la solitude
15:27dans laquelle on vous met, dans le bannissement
15:29parce que vous êtes seul à la cantine
15:31dans la cour de récréation
15:33et que vous avancez dans cette cour seul
15:35et je me souviens de ça, de la solitude de la cour de récréation
15:37et donc c'était assez terrible.
15:39Alors évidemment, et c'est ce qu'on disait aussi avec Florence Sevos
15:41c'est l'impossibilité
15:43c'est ce que vous dites
15:45de le dire aux copains ou à la famille
15:47et aussi la destruction
15:49que ça organise
15:51dans la famille
15:53c'est-à-dire que l'homme et la femme
15:55Vincent et Juliette, les deux parents
15:57n'ont pas vraiment la même approche
15:59pour ne pas se disputer
16:01en tout cas avoir des divergences
16:03parce qu'elles ne comprennent pas ce qui se passe.
16:05Oui, elle, la mère, elle part comme une louve
16:07elle part au combat, d'abord elle sent les choses plus vite
16:09elle a une espèce d'intuition que son fils est en danger
16:11et elle part au combat
16:13de manière parfois un peu maladroite
16:15en causant des dégâts, mais peu importe
16:17parce qu'elle a besoin d'y aller
16:19et lui, il a peut-être une réponse qui est liée à son éducation
16:21et peut-être une réponse un peu plus masculine
16:23c'est-à-dire qu'au début, il dit, il minimise
16:25c'est-à-dire en disant « oui, bon voilà, ça arrive à tous les garçons
16:27dans les grandes écoles, ça va bien »
16:29et puis au fond, comme il voit bien que son fils est un hypersensible
16:31il se dit « ça va quand même l'endurcir, ça va l'aider à grandir
16:33ça va le forger, ça va le viriliser un peu »
16:35il y a cette injonction à la virilité
16:37et puis après, il y a la question
16:39de comment vous gérez votre impuissance
16:41c'est-à-dire que, est-ce que si vous parlez
16:43si vous agissez, vous n'allez pas
16:45augmenter le risque sur votre enfant
16:47parce qu'il y aura les représailles
16:49mais si vous ne faites rien, est-ce que finalement
16:51vous le laissez seul face à ses agresseurs
16:53donc il y a une vraie question de
16:55« qu'est-ce qu'il faut faire ? » et la réponse, d'ailleurs, n'est pas simple
16:57et donc c'est vrai qu'au sein de la famille
16:59il y a une vraie
17:01dissension qui se fait
17:03alors pourtant, qu'ils ont l'amour
17:05fou en partage pour leur enfant
17:07ils aiment leur enfant de la même manière
17:09et qu'ils ont également en partage le chagrin
17:11la colère, la culpabilité, ils sont pareils
17:13dans ça, ils ont le même chagrin, la même colère
17:15et la même culpabilité, et puis il y a un frère
17:17et il y a un frère cadet
17:19qui, lui, ne vit pas la même chose
17:21mais qui, pour moi, était important
17:23parce que tout d'abord, c'est la trouée de lumière du livre
17:25c'est celui qui sauve qu'on reste
17:27c'est ce qui permet parfois d'aller vers des choses de lumière
17:29qui fait qu'on reste vivant, surtout, qui fait qu'on continue
17:31qui fait qu'à un moment, on se dit
17:33il faut tenir debout et il faut tenir la route
17:35parce qu'il y a quand même encore de la vie qui continue
17:37et cette scène que Florent s'évoquait
17:39quand il découvre, c'est terrible
17:41parce que lui, tout d'un coup, c'est son grand frère
17:43et il voit que son grand frère, qui est son héros
17:45est attaqué
17:47sur sa zone de fragilité, bien sûr
17:49parce que c'est toujours pareil, le harcèlement, on vous attaque
17:51c'est toujours là où vous êtes, parce que vous êtes en surpoids
17:53parce que vous êtes bête, parce que vous avez les meilleures notes à l'école
17:55parce que vous avez une jupe trop courte
17:57parce que n'importe quoi
17:59et il se dit, c'est mon héros, c'est mon grand frère
18:01et tout d'un coup, il voit ce déferlement de haine
18:03et on n'est juste pas préparé à ça
18:05on ne sait pas faire, en fait
18:07et c'est ça, moi, qui m'intéressait de raconter
18:09c'est comment on est démuni, en fait, et on est désemparé
18:11on est démuni aussi parce que
18:13on est dans un environnement, et vous en parlez
18:15puisqu'il y a cette marche blanche qui est organisée
18:17avec les autres parents, donc avec tout ce quartier
18:19et puis les enseignants, évidemment
18:21ils entrent en ligne de compte, je ne raconte pas tout
18:23mais ils sont quand même apostrophés
18:25on les interpelle
18:27et là, il y a quelque chose de l'ordre
18:29de l'hypocrisie, de la lâcheté
18:31d'une chose où on l'ignore
18:33où on ne sait pas quelle mesure prendre
18:35on ne sait pas quoi faire, c'est-à-dire qu'au fond, c'est
18:37à la fois, quand le harcèlement a lieu
18:39il y a une espèce de complicité passive
18:41c'est-à-dire que le harcèlement devient un spectacle
18:43et on regarde ça se faire en se disant, c'est peut-être un peu amusant
18:45mais on n'intervient pas, donc au fond
18:47ça permet que ça prospère, et puis après
18:49dans les marches blanches, oui, il y a une compassion, une solidarité
18:51qui est exprimée à l'égard des parents, qui est très belle
18:53une bienveillance, et puis en même temps
18:55à la fin, tout le monde rentre chez soi, et les parents rentrent chez eux
18:57et là, ils affrontent une chambre
18:59vide, et l'absence
19:01parce que c'est aussi, évidemment, un roman du deuil
19:03parce que c'est toujours le thème sur lequel j'écris
19:05depuis presque toujours, mais c'est comment on fait
19:07avec ça, avec une absence qui est juste
19:09insoutenable, parce qu'évidemment
19:11aucun parent n'est préparé
19:13à la disparition de son enfant
19:15ou encore moins au suicide de son enfant
19:17et donc, comment vous faites ?
19:19C'est une question, moi, c'est toujours après ça
19:21qui m'intéresse, c'est toujours
19:23ce n'est pas arriver au drame
19:25c'est quand le drame s'est produit, comment on fait
19:27pour continuer ?
19:29C'est une question que je continuerai de me poser jusqu'à la fin
19:31C'est ce que vous avez déjà raconté dans d'autres livres
19:33aussi, bien sûr, avec d'autres drames
19:35Est-ce que vous pensez, d'ailleurs
19:37Philippe et Florence, que ce genre
19:39ces livres dans lesquels
19:41on souligne un fait de société très important
19:43qui n'est pas d'aujourd'hui, mais enfin, on le souligne
19:45davantage, est-ce que ça peut être utile
19:47pour des prises de conscience, pour faire que les choses
19:49changent ?
19:50Moi, je le crois, c'est-à-dire qu'au fond
19:52on a des places qui est celle du romancier
19:54et donc, on est là
19:56pour raconter des histoires, c'est ça notre
19:58endroit, si je puis dire, et puis
20:00il y a d'autres gens à d'autres endroits qui sont des
20:02journalistes, qui sont des essayistes
20:04qui sont des sociologues, qui eux sont chargés
20:06de nous donner l'information
20:08de la décrypter, et donc qui parlent
20:10à notre intelligence, et c'est formidable parce que c'est grâce
20:12à eux, par exemple, que la question du harcèlement est soulevée
20:14si on est journaliste, si on est essayiste, si on est sociologue
20:16on en serait encore à l'âge de pierre sur ce sujet-là
20:18bon, mais nous autres romanciers
20:20ou les cinéastes, ou les chanteurs
20:22on a le langage du sensible
20:24on a le langage de l'émotion, on a le langage
20:26du conteur d'histoire, et donc
20:28du coup, on ne vise pas le cerveau, on ne vise pas l'intelligence
20:30on vise le cœur, et je pense que si
20:32on vise le cœur, on peut éveiller les consciences
20:34s'il y a l'idée que tout d'un coup, on
20:36comprend un peu mieux les choses, parce que
20:38j'espère qu'on sort des livres un peu percutés
20:40un peu bouleversés, moi je sais qu'il y a des gens
20:42que je vois depuis que le livre sort
20:44qui me disent
20:46moi je suis allé embrasser mes enfants juste après
20:48l'avoir lu, je suis allé leur dire ça va
20:50donc voilà, il y a cette idée de
20:52peut-être on peut trouver, nous, parce qu'on est dans
20:54le registre du sensible, à apporter
20:56un regard un peu différent, voilà, et donc
20:58on a une forme d'utilité, il ne faut pas l'exagérer
21:00parce qu'on ne sauve pas de vie
21:02voilà, mais disons que
21:04peut-être on apporte une petite pierre à l'édifice
21:06et que peut-être, là où on est nous
21:08on peut faire quelque chose, voilà
21:10Est-ce que vous pensez ça, Florence, quand vous parlez des adolescents
21:12d'ailleurs vous vous êtes adressée à eux dans
21:14la littérature aussi, est-ce que vous
21:16pensez que vous pouvez
21:18je ne sais pas, les éclairer sur certaines choses
21:20ou cette parole dont vous avez dit qu'elle
21:22ne s'exerçait pas, pas forcément
21:24est-ce que ça peut les pousser à parler ?
21:26Moi il me semble qu'avec les livres
21:28on se sent moins seul, et puis
21:30aussi que parfois, enfin on reconnaît
21:32des choses qu'on n'a pas forcément
21:34vécues, mais
21:36il y a
21:38pourtant une émotion ou un ressenti
21:40qui correspond à ces choses-là, à l'intérieur
21:42de soi, et tout à coup on le reconnaît
21:44et dans le livre de Philippe Besson
21:46je pense en particulier
21:48enfin on parlait du silence
21:50au fait de ne pas parler, mais
21:52à ce premier réflexe
21:54qu'on a souvent
21:56de déni quand
21:58on est face à quelque chose
22:00de très
22:02violent et de très grave
22:04oui, on ne veut pas le voir
22:06oui, on ne veut pas le voir
22:08Laurence a dit la phrase
22:10la plus belle, on se sent moins seul avec les livres
22:12moi je me souviens qu'à 17 ans
22:14quand je lis Hervé Guibert, je me dis donc
22:16il y a quelqu'un que je ne connais pas, qui vit ce que j'ai vécu
22:18qui raconte mon histoire, et tout d'un coup
22:20dans la solitude dans laquelle je me trouve
22:22je suis sorti de ça, je me dis
22:24c'est quand même un type
22:26c'est dans un livre, je ne sais pas qui c'est, et tout d'un coup
22:28il parle de moi
22:30et ça me sauve, enfin ça me
22:32ça me soulève, ça me remonte à la surface
22:34et donc quand même
22:36c'est ça aussi les livres de temps en temps
22:38ça nous remonte à la surface
22:40bien sûr, mais ça veut donc dire, j'en conclus
22:42vous l'avez dit un peu au début, Florence Evos
22:44c'est que l'un et l'autre
22:46et peut-être je peux me mettre dans le lot finalement
22:48l'adolescence n'est pas une période
22:50qu'on regrette
22:52il y a quelque chose de difficile dans l'adolescence
22:54c'est ce qu'on ressent quand même dans
22:56les deux livres, ou combien dans le vôtre Philippe
22:58il y a quelque chose de mal aisé
23:00de mal de
23:02d'inconfortable, non ?
23:04c'est une période tumultueuse
23:08on voudrait
23:10désespérément être quelqu'un
23:12en particulier et en même temps
23:14on ne sait pas exactement
23:16on n'y est pas encore
23:18c'est une période compliquée à vivre
23:22mais qui laisse des
23:24des souvenirs très
23:26très riches
23:28qui expliquent les hommes et les femmes qu'on devient après
23:30bien sûr, bien sûr
23:32vous deux, je l'ai dit, vous avez
23:34abordé le cinéma, l'image
23:36vous en tant que scénariste, Florence, beaucoup
23:38avec Noémie Lwowski je crois
23:40et puis Philippe avec des adaptations, bien sûr
23:42Chéreau
23:44bien sûr d'abord Chéreau, puis après les livres personnels
23:46deux fois
23:48d'abord, est-ce qu'on peut imaginer
23:50un jour que ces livres seront
23:52peut-être adaptés, ou pourquoi pas ?
23:54ça ne nous appartient pas, oui
23:56je suis toujours content quand un livre devient autre chose
23:58je dis volontairement autre chose, c'est-à-dire
24:00un film, une pièce de théâtre
24:02mais je mets aussi dans l'autre chose
24:04un livre traduit, à l'étranger, parce que j'aime bien l'idée
24:06qu'il aille voyager dans d'autres pays, dans d'autres langues, etc
24:08j'aime bien que des gens s'en emparent
24:10et apportent leur propre regard
24:12parce que ce qui est beau dans l'adaptation d'un livre
24:14c'est l'infidélité au livre
24:16moi je me souviens de la première conversation que j'ai eue avec Chéreau
24:18sur l'adaptation de son frère
24:20qui était un livre pourtant minuscule, c'est un livre tout petit
24:22je lui dis, à l'époque je le voyais
24:24je le connaissais pas, je lui dis, mais comment vous allez adapter
24:26un livre aussi minuscule, et il me dit, vous savez
24:28je vais même utiliser que la moitié du livre
24:30et je lui dis, pourquoi ?
24:32comment vous allez faire un film avec si peu ?
24:34et il m'avait dit, vous savez, je transporte tellement
24:36de morts avec moi, et je veux parler
24:38de Guybert et de Coltès
24:40et votre livre est celui qui va me permettre de parler
24:42de mes morts, je me suis dit
24:44mais qu'est-ce qu'on peut faire de mieux, voilà, c'est sublime
24:46donc je me dis, le livre n'est qu'un vecteur
24:48pour qu'un autre
24:50un artiste, un cinéaste
24:52dise ses obsessions, ses souvenirs
24:54ses amours
24:56voilà, il faut surtout que
24:58les cinéastes ne fassent pas de copier-coller
25:00des livres, parce que le langage littéraire
25:02et le langage cinématographique sont très différents
25:04il faut des scénaristes, quel plaisir vous avez eu
25:06vous à écrire pour le cinéma, Florence Sevos ?
25:08énormément
25:10de plaisir
25:12et à voir après d'ailleurs la traduction sur l'écran
25:14bien sûr, de ce que vous imaginez
25:16plus qu'une traduction, qui était une
25:18recréation
25:20complète, parce qu'un
25:22scénario c'est vraiment qu'une matière de
25:24base, alors que ça peut être très
25:26excitant à écrire, je me souviens de ma
25:28première expérience avec Noémie Lwowski
25:30on avait quatre personnages justement
25:32d'enfants qu'on suivait jusqu'au début de l'âge
25:34adulte
25:36et on s'est plongé dans ces quatre
25:38portraits, on s'est immergé
25:40dedans et c'était merveilleux
25:42et après j'ai découvert en fait
25:44une, voilà c'était
25:46vraiment
25:48entièrement
25:50c'était une découverte
25:52totale quand j'ai vu le film
25:54évidemment, ça c'est aussi
25:56j'allais dire quasi une
25:58renaissance, c'est merveilleux
26:00alors pour clore cette émission
26:02quelques coups de coeur parce qu'on va parler de
26:04juste citer trois
26:06autres livres, d'abord
26:08toujours sur le thème de l'adolescence
26:10Juliette Drouard qui publie
26:12Cui-Cui, c'est le premier roman
26:14très original d'ailleurs, d'un spécialiste
26:16de la question du genre et très remarqué
26:18déjà par la critique et qui mérite
26:20selon nous l'attention, Juliette Drouard
26:22et puis le coeur quand il explose
26:24de Claire Grioua, vous allez le voir
26:26il va s'afficher, c'est un premier roman aussi
26:28d'une jeune scénariste de cinéma
26:30et un monologue très poétique en forme de lettre
26:32à son amour d'adolescence disparue
26:34à la suite de violences
26:36policières, l'occasion
26:38aussi de signaler à un nouvel éditeur qui s'appelle Cartier Libre
26:40et puis moi je citerai
26:42Vanessa Sprengora, patronime
26:44puisque là aussi
26:46après le consentement
26:48sur sa relation vécue avec Gabriel Maznev
26:50et bien c'est un livre qui revient sur le père
26:52mais aussi sur le grand-père
26:54sur ses origines, sur l'origine du mot
26:56Sprengora et bien sûr
26:58elle fait un portrait de son père
27:00à la fois très touchant et terrible
27:02parce qu'elle en a été séparée
27:04d'ailleurs longtemps, elle le redécouvre
27:06mais j'allais dire pratiquement au moment de sa mort
27:08dans un gourbi totalement isolé
27:10après une vie terrible
27:12– Merci infiniment à tous les deux d'être venus
27:14nous voir Florence Sevos, un perdant magnifique
27:16et vous Philippe Besson
27:18vous parler de mon fils
27:20merci beaucoup, on se retrouve très vite
27:22pour un nouveau numéro d'Au Bonheur des Livres
27:24à très vite
27:26– Sous-titrage ST' 501