Des jeunes filles élèves au groupe scolaire du village de ‘’Sur les rails’’, situé à 15 km de la ville de Divo, sur la voie de Guitry, tombent en transe et s’évanouissent, depuis le 9 janvier 2025, chaque fois qu’elles viennent à l’école. Le journaliste de l’AIP s’est rendu, dimanche 12 et mardi 14 janvier, sur les lieux pour comprendre ce phénomène, que ni le chef du village, ni les enseignants, n’arrivent à expliquer, suscitant colère et inquiétude chez les parents d’élèves.
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00:00Il est 10h50, ce mardi 14 janvier 2025, dans le village de Sur-les-Railles, une bourgade qui s'étend sur une longueur d'un kilomètre.
00:11Le calme et la tranquillité dans les rues tranchaient avec l'atmosphère de confusion totale qui régnait dans le groupe scolaire de ce village de près de 6000 âmes.
00:22Dans ce chaos, un homme de Dieu, Zuma François, alerté, est arrivé de l'église catholique du village avec dans les mains une croix et une bouteille d'eau bénite.
00:33Passant d'une fille à l'autre, il leur oppose la main et prie pour, selon lui, les délivrer d'un mauvais esprit qui serait la cause des malaises de ses enfants.
00:42Cela semble marcher pour des victimes qui ont retrouvé leur esprit à la suite des prières et incantations de M. Zuma.
00:52Des parents d'élèves ont préféré conduire leurs enfants au dispensaire du village, comme ce fut le cas la première fois jeudi 9 janvier.
01:01Pour la situation du mardi 14 janvier, seulement deux fillettes sur la dizaine de victimes ont été envoyées au dispensaire par leurs parents.
01:09La majorité a bénéficié de séances de prière et de délivrance à l'école et à l'église.
01:14Vraiment le constat que je veux dire, parce que les premiers événements de la semaine dernière, on a laissé ça au compte du stress.
01:25Aujourd'hui, il a fallu dix heures. Quand les événements ont repris, c'est-à-dire quand les enfants ont commencé à attendre en France, tout le monde était sous le choc.
01:41Le directeur d'une des écoles du groupe scolaire, Nyaoré Noël, a déploré cette situation qui a conduit les responsables, avec l'accord de leur hiérarchie,
01:51de fermer temporairement le groupe scolaire jusqu'au jeudi 16 janvier, le temps d'explorer les voies de solution.
01:58Nous-mêmes, c'est l'inquiétude aussi. Mais nous qui sommes enseignants, qu'est-ce qu'on peut nous faire ?
02:03Nous, on ne peut qu'appeler les gens au calme, les parents au calme, et espérer que les choses aillent mieux.
02:08Donc actuellement, les chefs étaient là, tous les chefs, les guides religieux, en tout cas tous les chefs communautaires, pour voir, pour accélérer les choses, côté prière.
02:16Et puis bon, c'est un souhait à tout le monde, pour voir comment ils peuvent nous aider.
02:20L'évolution rassurante de la situation a mis tout le monde en confiance au village, jusqu'à la reprise des malaises des jeunes écolières, mardi 14 janvier, à dix heures,
02:30suscitant la colère chez certains parents d'élèves, dont Dame Duesso Martine, belle-fille du fondateur du village et de l'école.
02:38Sa fille s'est évanouie dans l'après-midi du jeudi 9 janvier, et à nouveau ce mardi 14 janvier.
02:45Trop, c'est trop ! Trop, c'est trop !
02:49Les faits marquants de cette situation que l'on note sont que seules les jeunes filles sont affectées, et les mêmes victimes du premier jour constituent la majorité de la dizaine de victimes du mardi.
03:00Et elles sont dans la même classe du cours moyen première année.
03:03Cette constance dans les faits suscite l'inquiétude de certains parents d'élèves qui envisagent de retirer leurs enfants de l'école, à l'image de dames hypocrites.
03:13C'est à cause d'elle que je suis ici. Elle est fréquente, c'est pourquoi je suis ici. Mon mari n'est pas là. Mon mari est à Bijan.
03:21On est restés ici à cause d'elle. Elle est fréquente, à cause de ça, on est restés ici.
03:25Quand elle va à l'école, elle tombe. Là, je vais enlever ma fille ici.
03:29Le chef du village de Sur-les-Rail, Tho César, le président du comité de gestion de l'école, Diomandé Bonnehi-Michel, également guide religieux évangéliste,
03:39les directeurs du groupe scolaire et des habitants du village sont unanimes pour reconnaître que le problème qui se pose est surtout spirituel au regard des différents témoignages des victimes.
03:50J'ai vu la sorcière, elle était toute noire. Et puis elle a trouvé le canapé. J'ai vu vrai, vrai.
03:55Maman, elle manquait. C'est à l'école qu'elle a vu.
03:58J'ai vu qu'elle commençait à trembler.
04:01La fille que j'ai approchée, elle lui a demandé qu'est-ce qui s'est passé réellement.
04:05Elle m'a dit qu'elle a vu une vieille femme qui a porté un voile noir.
04:11Et c'est cette femme-là qui l'a effrayée pour aller tomber.
04:14L'autre canot raconte encore qu'il y a un papillon noir qui rentre dans la classe.
04:19Quand le papillon rentre dans la classe, il sort. Les enfants tombent en transe.
04:23Les acteurs locaux du système éducatif ont décidé de solliciter l'aide des hommes de Dieu,
04:28chrétiens et musulmans, afin qu'ils viennent désinvoter ou faire de l'exorcisme
04:33pour chasser les mauvais esprits qui viennent hanter les jeunes écolières.
04:37D'autres habitants privilégient l'approche de la tradition africaine
04:41et conseillent de recourir avant tout aux us et coutumes pour régler les problèmes qui sont identifiables.
04:48Le fils du fondateur du village et de l'école, Sengo William, père de la victime Géraldine, est de ceux-là.
04:55Selon lui, cette histoire tire son origine dans la dernière élection du président du COGES l'an dernier.