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Voilà pourquoi Denis Brogniart a un jour tout quitté pour rejoindre Nike... avant de se rendre compte que c'était une grosse erreur.

Cette vidéo est un extrait d’une conversation de plus d’1 heure avec DenisBrogniart, à l'occasion des 50 ans de la chaîne télé tf1 : c’est le nouvel épisode de "L’Interview d’Aymeric" à voir sur notre chaîne YouTube : https://youtu.be/h28L7pjjyt8

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Transcription
00:00J'ai été grisé à ce moment-là. En 96, Laurent Boquillet, qui bossait chez Nike, me dit
00:04« Tiens, je vais partir et ils cherchent quelqu'un, et j'aurais parlé de toi, et ton profil les intéresse beaucoup. »
00:11À l'époque, j'étais assez proche des deux grands athlètes, puisque je commentais l'athlétisme sur Eurosport notamment,
00:17et sur Europe 1, de Sergueï Boubka, le perchiste, et puis d'Hicham El Guerrouj, le spécialiste du demi-fond.
00:22— Marocain. — Et marocain, exactement. Et donc, tu sais, on te fait miroiter des choses.
00:29Vive à Amsterdam, dans un très bel appartement, avec un salaire quasiment doublé par rapport à ce que tu gagnes à la radio.
00:35À l'époque, je suis à Europe 1, en 87. Je viens de revenir comme salarié. Et là, je perds les pédales, mais vraiment.
00:42Je perds les pédales, c'est-à-dire que... Et je dis... Je vais voir Eugène Saccomano, encore une fois, Eugène, et je dis que je vais partir.
00:47— « Perdre les pédales », ça veut dire quoi ? — Je sais plus où donner de la tête. Je ne sais pas, parce qu'on propose Nike.
00:55Mais au marketing sportif, tu vois, le sport-marketing responsable pour l'Europe de l'athlétisme. C'est un super poste.
01:04On me laisse miroiter. Une voiture de fonction magnifique, un truc. Le déménagement, le truc. Enfin une espèce de confort. Puis Nike. Nike.
01:13— Ouais, c'est ta passion pour le sport, quoi. — Voilà. Nike. Donc j'y vais une première fois. Et là, en gros, tu sais, c'est le Père Noël.
01:20C'est-à-dire que j'arrive là-bas. Je discute avec des gens. Je me rends compte qu'ils n'ont même pas de cantine.
01:23Ils ont juste un truc pour acheter des salades le midi. Ils font tous du sport. Il y a 27 sports proposés chez Nike.
01:29Dans une entreprise française, quand tu reviens avec les cheveux mouillés à 14 heures, on te dit « Mais qu'est-ce que t'as fait à midi ? »
01:33« J'ai fait du sport ». « Ah ouais, d'accord ». Là-bas, c'est si tu reviens avec les cheveux secs, on te dit « Dis donc, t'es blessé ? ».
01:38Donc tu vois. Et le truc, je repars avec 2 sacs pleins de fringues. Et je rentre. Et puis tu vois, je dis « J'y vais ». J'ai pas d'enfant. Enfin tu vois, j'y vais.
01:49Et on me dit « Très bien. Tu vas commencer finalement. On fait un stage à Holmenkollen, dans la banlieue d'Oslo ». Et là, j'arrive.
01:57Et là, déjà, tu partages ta chambre. Nous, on avait un métier où tu partages les chaises. Je me retrouve avec un Suisse-Allemand sympathique,
02:05mais qui avait l'âge de mon père. Et je me retrouve dans des salles de séminaire avec des paperboards et des trucs.
02:13Et je me rends compte, si tu veux, que ce business-là, la vente, c'est pas fait pour moi. Et donc, au bout de 4 jours, je m'en vais.
02:22– 4 jours ? – Ah ouais, 4 jours. Mais c'est l'horreur. C'est l'horreur. Ils m'ont pas menti du tout sur ce que j'avais à faire.
02:30Mais moi, je m'étais menti à moi-même. Et c'est là que je me suis rendu compte que ma vocation, c'était celle d'être journaliste,
02:35c'était celle de transmettre des choses, d'être un vecteur entre des gens qui regardent la télé, qui écoutent la radio et d'autres qui agissent.
02:47Et voilà, un journaliste, il est là pour répercuter ce qu'il voit et le donner aux autres. Et donc, je rentre.
02:54Et j'avais dit à Jeanne Sarkozy que je m'en vais. Et il avait essayé de me retenir en me proposant plus d'argent, etc.
03:02Et je suis revenu, mais de l'aéroport, c'est-à-dire que j'ai fait un au-slo Paris, et je suis revenu et je suis allé direct à l'Europe 1.
03:08– 4 jours après ? – 4 jours après. Et je suis allé voir Jeanne, je lui ai dit écoute Jeanne, je vais te dire la vérité, je me suis trompé.
03:16Et il m'a dit, ben tu reviens. Non mais tu vois, quand je te parle d'un Pygmalion…
03:21– C'est remarquable quand même. – Voilà, exactement. Et il n'y a pas eu d'histoire d'argent, etc.
03:24C'est-à-dire que, tu vois, je suis revenu exactement comme j'étais, mais ça reste…
03:30Et tu te rends compte, si j'étais parti, j'aurais pas notamment, tout le reste après, mais moi je pense, tu sais, ce qui était juste derrière,
03:37j'aurais pas couvert la Coupe du monde de foot de 98. Qui restera ? On peut m'enlever tout.
03:44Ce moment-là, les matchs équipe de France, la finale, ça restera le point d'orgue de ma carrière de journaliste de sport.
03:52Si j'avais accepté cette proposition, je sais pas ce que je ferais aujourd'hui, je serais peut-être revenu un peu plus tard,
03:57ou je serais peut-être encore chez Nike, parce qu'on me laissait entendre que je pourrais partir très vite bosser aux États-Unis.
04:03T'avais le rêve américain, il y avait des tas de choses, mais si je peux donner un conseil fort de cette expérience-là,
04:11c'est qu'il faut pas se laisser griser par les à-côtés. Il faut savoir exactement de quel bois on chauffe et qu'est-ce qui nous anime.
04:20Et moi, je me suis rendu compte que Taiboo me proposait un enrobage fabuleux, financier, de confort, d'organisation.
04:29Si le noyau à l'intérieur, c'est pas ce qui te fait kiffer, il vaut mieux rester avec un enrobage, certes, peut-être un peu moins reluisant,
04:37un peu moins brillant, mais avec un noyau fort et un noyau que tu maîtrises.

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