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Donald Trump est devenu le 47e président des États-Unis ce lundi 20 janvier. À peine investi, le chef d'État a signé une kyrielle de décrets. L'un d'entre eux permet la grâce de plus de 1.500 personnes condamnées pour leur participation à l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021.

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Transcription
00:00Avec nous l'avocat franco-américain Christophe Hermesnou, bonjour, et merci d'être avec nous, Stéphane Bureau, journaliste et consultant américain BFM TV, merci Stéphane d'être une nouvelle fois présent.
00:12Il est 2h15 du matin à Washington et Donald Trump ne dort pas. Il est arrivé à la Maison Blanche où il a continué de signer des décrets, ce qu'il avait déjà commencé à faire en fait devant quelques 20 000 partisans réunis à Washington,
00:26des décrets qui portent sur tous les domaines, le climat, la santé, mais aussi l'immigration, écoutez.
00:32Toutes les entrées irrégulières seront interrompues. Nous allons lancer le processus pour renvoyer chez eux des millions et des millions de criminels sans papier.
00:46Nous allons relancer la politique du « rester au Mexique ». Je vais envoyer des soldats vers la frontière sud pour repousser cette horrible invasion de notre pays.
01:01Des millions et des millions de criminels sans papier. Il y a des millions et des millions de criminels sans papier aux États-Unis, Christopher ?
01:08Alors il y a des millions et des millions qui sont rentrés aux États-Unis sans visa. Beaucoup avaient demandé l'asile politique, ce qui est une manière totalement légale de rester sur le sol américain en attendant l'instruction des dossiers.
01:22Lui, comme il fait toujours, il mélange une part de vrai avec beaucoup de faux.
01:27Oui. Combien il y a d'immigrés illégaux criminels aux États-Unis ?
01:31Par définition, quand on parle des entrées clandestines, on ne peut pas mesurer exactement, mais les chiffres se situent entre 5 et 8 millions, ce qui est beaucoup.
01:42Est-ce que le système judiciaire américain permet quasiment manu militari de renvoyer ces illégaux du jour au lendemain vers leur pays d'origine ?
01:51Oui. Après, c'est une question de la compétence. Est-ce que c'est la compétence du militaire ? Parce que lui dit qu'il va envoyer l'armée américaine à la frontière, ce qui va poser beaucoup de problèmes d'ordre constitutionnel.
02:03Parce que le militaire est là pour défendre les États-Unis de menaces extérieures. Lui va très certainement dire que les « invasions » venant du Sud constituent une invasion des États-Unis.
02:18Quel est le profil, la nationalité de ces illégaux ?
02:22Alors, historiquement, ça a toujours été beaucoup de Mexicains et des gens de l'Amérique du Sud et de l'Amérique centrale. Plus récemment, on a constaté quand même l'entrée de beaucoup de Chinois,
02:33d'Indiens et des gens de partout dans le monde. Donc, la composition des entrées a beaucoup changé depuis trois ans.
02:41Mais ce sont des gens, entre guillemets, qui vivent sur le système américain ou qui apportent quelque chose à l'économie américaine ?
02:47Il y a des deux. Il y a ceux qui travaillent aux États-Unis et notamment dans le domaine du BTP. Il y a quand même, et tout le monde le sait, de la restauration aussi, comme en France et partout ailleurs.
02:58Et tous sont concernés ?
03:00Beaucoup travaillent dans ces secteurs. Alors, ils ont leur place dans l'économie américaine, légalement ou illégalement, déclarée ou non déclarée.
03:08Après, il y en a d'autres, et on peut les voir dans les rues de New York, qui n'ont pas de boulot pour l'instant ou peut-être qu'ils n'auront jamais de boulot. Donc, encore une fois, ils mélangent du vrai et du faux.
03:21On s'est interrogé dès hier matin sur la faisabilité de toutes les mesures qu'il voulait prendre dès les premières heures de son mandat. Mais concernant, par exemple, le Mexique, dès cette nuit, l'application qui sert à prendre rendez-vous avec les douanes à la frontière mexicaine a été désactivée.
03:35Ça va très vite.
03:37Ça va très vite et c'est, je pense, aussi la méthode de Trump. Il disait le «shock and awe». On veut tétaniser tout le monde, faire en sorte de prendre de vitesse tout ce qui aurait pu se mettre en travers de sa route.
03:49Et il faut voir qu'il était très préparé. Dans les secondes qui suivent sa prise de parole sous la rotonde au Congrès, déjà le site de la Maison-Blanche avait été pris en charge par l'équipe de M. Trump.
04:02C'est un président Trump qui est très préparé, que nous voyons à la manœuvre.
04:07Absolument, il n'y a aucune comparaison à faire entre Trump 1.0 en 2017 et aujourd'hui.
04:12Ce qui s'est surtout passé dans les heures qui ont suivi le rallye politique, parce que c'était toujours un rallye politique, au bureau Oval.
04:20En fait, il ne s'est pas installé au bureau Oval à distance, dans l'intimité qui habituellement est la norme.
04:26Il a très publiquement décidé de signer encore de nouveaux décrets, en faisant un point de presse, en parlant avec les journalistes, en interagissant, jusqu'à se faire demander par un journaliste.
04:37«Est-ce que vous avez trouvé la lettre que vous a laissée le président Biden?»
04:41Et il fait «non, attendez». «Ah oui?» Il ouvre le tiroir. «Ah ah, vous voulez que je la décachette devant vous et que je la lise?»
04:48Alors tout le monde dit «oui». «Ah non, je vais peut-être commencer par la lire et ensuite je vous dirai ce qu'elle contient».
04:53Mais c'est un exercice où il met tout sur la table.
04:56Restons sur les décrets, Stéphane. Parmi la liste de décrets, il y en a une vingtaine qui ont été recensées par le New York Times.
05:01Quel est celui qui vous paraît le plus stupéfiant ou le plus étonnant? Au-delà de celui dont on a parlé.
05:07Le plus important du point de vue du contrat moral qu'il a passé avec ceux qui ont voté pour lui, c'est évidemment les pardons.
05:141500.
05:151500 et peut-être un peu davantage.
05:17Libérés.
05:18Libérés, voilà. Il y aura pour certains, j'imagine, encore un peu de travail à faire.
05:22C'est-à-dire c'est tous?
05:24C'est l'essentiel.
05:25Il faut préciser qu'on parle des personnes qui ont été condamnées à l'assaut du Capitole.
05:30Et très tôt pendant ces campagnes, M. Trump a dit «ce sont des patriotes».
05:35Il parlait des «otages», donc évidemment dans le contexte de ce qui se passe en ce moment à Gaza et en Israël,
05:41c'est des expressions, c'est des mots très chargés et il le sait.
05:44Mais donc, on disait «non, c'est improbable qu'il le fasse».
05:47En le faisant, il confirme que le Trump qui parlait avant d'être président est toujours le même aujourd'hui,
05:56qu'il ne fera pas de compromis, que la langue de bois ne deviendra pas sa nouvelle façon de s'exprimer.
06:01Mais c'est très important.
06:03Est-ce que cette décision est juridiquement opposable?
06:05Nancy Pelosi a vivement réagi cette nuit, l'ancienne présidente de la Chambre des représentants,
06:10en disant que c'était, grosso modo, marcher sur la justice américaine.
06:15Oui, et cet argument serait d'autant plus plaidable si M. Biden n'avait pas, à son tour,
06:21gracié six ou sept mille personnes, y compris cinq ou six membres de sa propre famille.
06:26Moi, je suis amicalement pas d'accord avec vous, mais très amicalement.
06:31Je pense que l'immigration, et c'était quand même la base de sa campagne, et l'économie,
06:36et quand il dit « drill, baby, drill », « fort, bébé, fort »,
06:40qui lie habilement ou pas à l'inflation et à l'augmentation du coût de la vie aux États-Unis,
06:47pour moi, ce sont les deux sujets, l'immigration et l'inflation.
06:50Il retourne les gages qu'il avait donnés à son électorat de modifier les choses au plus vite.
06:56J'aimerais vous interroger aussi sur la sortie des États-Unis de l'Organisation mondiale de la santé.
07:00Ça a surpris, parmi les décrets annoncés.
07:03Qu'est-ce que ça change et qu'est-ce que ça dit?
07:06Du point de vue du financement de l'Organisation mondiale de la santé…
07:09C'est le principal contributeur, les États-Unis.
07:11Il faut voir aussi qu'il y a des contributeurs privés qui pèsent très lourd, y compris M. Gates.
07:16Donc, est-ce que ça changera quelque chose à l'organisation?
07:19Certainement à sa légitimité, et c'est directement lié à la crise de la COVID.
07:23Je pense qu'on est encore en train de récolter la gestion de la crise de la COVID,
07:27et pour beaucoup des électeurs de M. Trump, il y a eu de sacrés problèmes.
07:31On ne leur a pas dit la vérité.
07:33Évidemment, c'est cette idée que les institutions internationales puissent s'émisser dans la vie quotidienne des Américains.
07:40C'est le retour à la pleine souveraineté.
07:43Préparons-nous. Nous allons tous trinquer.
07:46Le président Trump dit ce qu'il va faire et fait ce qu'il dit,
07:50ou fait ce qu'il dit et dit et fait ensuite ce qu'il a annoncé.
07:53On va poursuivre ce débat dans un instant avec Nicolas Doze sur l'économie façon Trump.
07:58Quelles conséquences en Europe, Nicolas ?

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