Roland Lescure, député Ensemble pour la République d'Amérique du Nord, sur franceinfo le 21 janvier 2025.
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00:00Bonjour Roland Lescure, dès le début de son discours hier, Donald Trump a annoncé la couleur.
00:07L'âge d'or de l'Amérique commence maintenant et nous ne nous laisserons plus abuser.
00:17Au cours de chaque journée de l'administration Trump, je mettrai tout simplement l'Amérique au premier plan.
00:27Il vous effraie ou il vous impressionne Donald Trump ?
00:31Ce qui est sûr c'est qu'aujourd'hui en tout cas on se réveille dans un monde différent de celui dans lequel on s'est couché hier.
00:37Parce qu'entre temps il a fait un discours extrêmement clair.
00:42Il parle de l'âge d'or de l'Amérique, moi je suis inquiet et je me demande si on ne rentre pas dans l'âge de glace du monde.
00:48Et face auquel il faut se ressaisir.
00:51Donc on n'est pas là pour s'inquiéter, se déprimer, il faut se ressaisir.
00:57Mais il a fait un certain nombre d'annonces extrêmement fortes.
01:00On va rentrer dans les détails.
01:03D'abord je suis conscient que cette petite musique était présente depuis quelques jours et je suis sûr qu'elle va revenir dans les jours qui viennent.
01:09Face à un phénomène de genre, la nature humaine veut se rassurer.
01:13Et donc on a tendance à se faire une raison, à se dire il est là, il y a des contre-pouvoirs, tout va bien se passer.
01:20La réalité c'est que pour que tout se passe bien, il va falloir qu'on se ressaisisse, qu'on soit unis.
01:25Parce que contrairement au premier mandat, où il n'avait pas tous les pouvoirs, là il les a quasiment tous.
01:31Le congrès, le Sénat, la Cour suprême.
01:34Le seul contre-pouvoir qui reste qui est important aux Etats-Unis c'est les gouverneurs des Etats.
01:37Donc certains Etats vont pouvoir remettre en question devant les tribunaux des décisions qu'il a annoncées hier.
01:44Mais on connaît son rapport avec la justice, qui est quand même je dirais un peu olé olé.
01:51Il est prêt à remettre en question des décisions de justice.
01:53Il est prêt à annoncer des choses qui sont clairement anti-constitutionnelles.
01:57La remise en cause du droit du sol aux Etats-Unis, c'est dans la Constitution.
02:02Mais sur le discours quand même qu'il a tenu hier où il s'est montré très offensif.
02:06Trump qui souhaite un pays prospère, Trump qui veut un pays respecté aux quatre coins du monde.
02:10Si vous, vous étiez américain, est-ce que vous ne seriez pas emballé par son discours plein d'ambition ?
02:15Oui, à condition de ne pas être dans les minorités qui sont quand même assez nombreuses et qui pointent du doigt.
02:21Il y a une volonté, il y a aussi un vrai tribun.
02:25Il faut en être conscient, il a gagné la campagne là-dessus d'ailleurs.
02:28Il ne doit personne d'autre son élection qu'à lui-même et à ses qualités d'orateur.
02:33Mais il faut regarder derrière très vite et comprendre que face à un tribun de ce type,
02:39oui volontariste mais aussi caricatural, il faut être extrêmement volontariste, éviter les caricatures.
02:45Ce qui est compliqué parce que du coup on se retrouve, il se retrouve à traiter des sujets complexes avec des réponses très simples.
02:52Ce qui donne l'impression qu'il a réponse à tout et la réalité, on va en parler mais sur les sujets économiques.
02:58Allons-y maintenant.
03:00Parce qu'il l'a dit tout de suite, hier 25% de plus pour les droits de douane canadiens, mexicains, l'Europe ça va suivre.
03:07Plus de voitures américaines pour éviter les importations.
03:10Là c'est l'Amérique only, c'est pas l'Amérique first, seule l'Amérique.
03:14C'est l'Amérique seule, refermée sur elle-même avec mécaniquement des véhicules qui viennent en partie du Canada.
03:21Vous savez qu'une voiture automobile fabriquée aux Etats-Unis, à Détroit,
03:25il y a une bonne partie de ces pièces détachées qui viennent de l'autre côté de la frontière.
03:28Ford, Chrysler, General Motors vont payer leur carburateur 25% plus cher.
03:34Est-ce qu'on va le retrouver sur le prix de l'automobile ou pas ?
03:36Évidemment qu'on va le retrouver sur le prix de l'automobile vendue dans les concessionnaires à Chicago, à Los Angeles ou ailleurs.
03:42Vous nous parlez du Canada mais par exemple sur les pièces des Airbus, il y en a beaucoup qui viennent des Etats-Unis aussi.
03:47Il y a beaucoup de pièces françaises qui sont exportées vers les Etats-Unis pour Boeing ou autre.
03:51On peut avoir des craintes pour ces industries-là qui sont vitales pour certaines de nos régions ?
03:55En 2018, on avait essayé de l'en dissuader, il a mis des tarifs importants sur les Airbus.
04:01Ça se traduit par des avions qui sont aujourd'hui vendus dans la moitié du monde.
04:07C'est-à-dire que la moitié des avions qui sont vendus dans le monde entier, c'est des Airbus faits en Europe avec, vous l'avez dit,
04:12des pièces détachées qui parfois viennent des Etats-Unis et qui peuvent se retrouver aussi plus cher ici.
04:19Évidemment, la globalisation, c'est plus ce que c'était.
04:22L'âge d'or de la globalisation, pour reprendre son expression, c'est terminé.
04:25Notamment pour des raisons sociales, pour des raisons environnementales, pour des raisons politiques.
04:29Il faut changer la manière dont on commerce.
04:32Mais ce qu'il faut bien comprendre de Donald Trump, c'est que c'est l'homme du bras de fer systématique.
04:37Donc il règle les différents en faisant un bras de fer.
04:41Face à un bras de fer, il faut répondre en se musclant le bras droit et surtout pas en baissant les bras, c'est le cas de le dire.
04:48Mais il faut aussi être conscient que même pour les Américains eux-mêmes,
04:53ce qu'il annonce aujourd'hui, ça va être plutôt inflationniste que désinflationniste.
04:58Ça va se traduire plutôt par des destructions d'emplois que des hausses d'emplois.
05:02Et puis, il va falloir reconstruire Los Angeles où j'étais la semaine dernière pour témoigner de ma solidarité des Français qui ont été touchés.
05:10Il va falloir reconstruire Los Angeles et ce seront sans doute des immigrés mexicains qui vont le faire.
05:14Sauf que vous dites inflation, inflation, sauf que sur l'énergie par exemple, quand il dit et répète hier drill baby drill,
05:20c'est-à-dire on va forer, forer, forer pour prendre du pétrole et du schiste notamment.
05:25Ça, c'est un avantage comparatif énorme au prix d'ailleurs des accords de Paris dont il va sortir.
05:31Ça peut avoir des effets très bénéfiques pour les États-Unis, aux dépens des Européens.
05:36Bien sûr, bien sûr.
05:38America first and only, comme vous dites, ça va profiter à certains secteurs américains qui ne sont pas à plein.
05:44Le secteur énergétique américain, les grandes méga compagnies de pétrole américaines vont bien merci.
05:50Mais aujourd'hui, on drill déjà beaucoup, on creuse déjà beaucoup.
05:54On fore beaucoup aux États-Unis du gaz et du pétrole.
05:57Et donc, il y a une bonne partie de ce qu'il annonce comme une hausse de la production en Amérique du Nord qui va venir du Canada
06:03avec des taux de taxes de 25%.
06:06Je pense que la réalité va être un peu plus compliquée que ce qu'il a prêché hier de manière systématique.
06:12Mais ne nous cachons pas derrière notre petit doigt.
06:15Aujourd'hui, on se réveille vraiment dans un monde différent de celui dans lequel on s'est couché hier.
06:20Ça veut dire quoi ?
06:21Ça veut dire un monde plus risqué, un monde plus imprévisible.
06:24Mais on fait quoi concrètement nous, nous les Européens ?
06:27D'abord, on se rassemble.
06:28Ensuite, on répond de manière ferme à des attaques qui le sont aussi.
06:33Donc, j'entends ici ou là qu'il faut discuter, il faut négocier, il faut se mettre d'accord.
06:40Il faut discuter, mais en étant rassemblés et en étant fermes.
06:45Aujourd'hui, je pense qu'on est dans un moment de l'histoire où il faut choisir son camp et il ne faut pas se tromper.
06:52Ça veut dire quoi, il faut choisir son camp ?
06:53Ça veut dire qu'il faut réagir de manière ferme à des agressions qui vont venir de manière plus ou moins formelle.
07:00Mais ça a commencé hier avec le Canada, le Mexique, le Groenland, le Panama, etc.
07:05L'État de droit international, ça ne doit pas être une chimère.
07:09Ça ne doit pas être un chiffon qu'on balaye d'un revers de main en se disant de toute façon, le droit, on s'en moque.
07:15Vous parlez de Donald Trump comme si c'était un adversaire.
07:17Ça n'est plus un allié ce matin.
07:19Les États-Unis restent le plus grand et le plus vieil allié de l'Europe et de la France.
07:24Mais il ne faut pas se leurrer.
07:25Aujourd'hui, on a un chef d'État, dont il faut reconnaître en passant quand même qu'il a été démocratiquement élu,
07:31sur un programme qui est en gros celui qu'il est en train de mettre en place.
07:34Donc face à un chef d'État démocratiquement élu qui met en place un programme qui vous affaiblit,
07:39on se renforce et on répond.
07:42Donc on n'est pas naïfs, on est déterminés et il faut vraiment être rassemblés.
07:46J'ai vu hier qu'il y avait quelques chefs d'État.
07:48Ils n'étaient pas non plus européens qui étaient dans la salle.
07:51J'espère qu'ils intégreront bien l'intérêt des Européens et notamment les intérêts des Italiens
07:57en ce qui concerne madame Eleni pour répondre de manière rassemblée
08:00à ce qui peut ressembler à une certaine attaque au droit.