Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères entre 1997 et 2002, était en direct dans "Tout le monde veut savoir" ce mercredi 19 février.
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00:00Alors, il faut distinguer les domaines dans lesquels l'Union Européenne en tant que telle, on peut dire l'Europe dans ce cas-là, a des compétences en matière de commerce,
00:06de régulation des plateformes, de transition écologique. Et les questions sécurité-défense,
00:11l'Union Européenne n'a pas de compétences dans ce domaine.
00:13Madame von der Leyen n'a aucune compétence, la Commission non plus, donc ça concerne les états européens de l'alliance.
00:19Donc, ce qu'on peut attendre d'eux, c'est qu'ils disent, dans l'idéal, les quelques pays qui seraient appelés
00:25à envoyer des troupes, éventuellement, si les décideurs arrivent à le décider,
00:30pour consolider, observer, cesser le feu. Mais, par exemple, Emmanuel Macron a émis l'idée d'envoyer une force de maintien de la paix
00:36sous l'égide des Nations Unies. Ça vous semble possible, dans le contexte ?
00:40Oui, enfin, les Nations Unies, elles ne sont pas unies, en plus, donc il faudrait qu'il y ait l'accord de tout le monde, y compris de la Russie.
00:45Vous n'y croyez pas ? Non, mais je serais très content si ça marche, très content. Mais, est-ce que les dirigeants français,
00:54polonais,
00:55allemands, anglais, jédois, italiens, etc., vont décider d'envoyer des troupes,
01:00pour, disons, vérifier, cesser le feu sur Main, sans aucune garantie américaine ?
01:05Regardez l'Anglais, qui est très allant, Premier ministre anglais, il dit on va envoyer des troupes, etc. Le lendemain, il dit, oui, mais il faut une garantie américaine.
01:12Ils vont tous dire ça. Donc, je pense que, si on voulait faire du Trumpist face à Trump,
01:18il faudrait que les Européens concernés disent, il n'y aura aucune troupe sans garantie américaine.
01:24Alors, du coup, ça...
01:25Mais, Trump ne peut pas assumer ça, je pense, parce que la Chine le regarde.
01:31Mais, au lieu de dire, on va envoyer des troupes, éventuellement, pour servir de casque bleu européen, vous vous dites, il faudrait dire à Trump,
01:38on n'enverra personne, et à vous de vous débrouiller.
01:40Alors, je n'ai pas les éléments, je ne suis pas ministre en ce moment, je n'ai pas tous les éléments, je reconnais que j'y ai osé, mais il ne faut pas être sur la défensive,
01:47par rapport à Trump. On dit, il ne faut pas que Trump lâche tout par rapport à Poutine, très bien,
01:51mais il ne faut pas qu'on lâche à l'avance par rapport à Trump.
01:53Donc, il y a des ministres européens qui disent, de toute façon, on va acheter plus d'armements américains pour calmer Trump, tout ça, ce n'est pas la bonne méthode.
01:59Il faut être Trumpiste avec Trump.
02:01On a devant nous...
02:03En tout cas, je lance l'idée, je ne sais pas ce qu'elle vaut.
02:05C'est-à-dire qu'au fond, il faut s'inspirer de ce que certains appelaient pendant la campagne présidentielle américaine,
02:12une sorte de diplomatie transactionnelle et de la façon dont Donald Trump casse les codes de la diplomatie.
02:16On n'est pas dans la diplomatie, là.
02:18On se dit, si on veut impressionner Trump, le gêner, réveiller les contradictions dans ses équipes.
02:24Il y a plein de contradictions sur les différents sujets.
02:26Qu'est-ce qu'il faut faire ?
02:28Donc, il faut adopter un point de vue un peu tonitruant, comme il le fait.
02:31Donc, si on arrive à être d'accord à 5, 6, 7 pays, peut-être qu'on pourrait jouer comme ça.
02:37Je ne crois pas qu'il puisse se... Je reviens à mon argument d'avant.
02:40Je ne crois pas qu'il puisse se permettre de dire simplement, je laisse tomber l'Ukraine, point.
02:44C'est trop dangereux, même pour lui,
02:47à cause de la Chine et même à l'intérieur du système militaire ou industriel américain.
02:52Il faut trouver ses faiblesses, quand même.