Selon la dernière édition de l'enquête annuelle "soumission chimique", le nombre de signalements de cas suspects de soumission chimique est passé de 727 en 2021 à 1.229 en 2022.
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00:00Alors la plupart du temps, ce sont des médicaments sédatifs, donc des médicaments qui endorment, qui fatiguent et qui facilitent le passage à l'acte.
00:06Il y a bien sûr la classe des benzodiazépines, les antihistaminiques, les opioïdes également qui peuvent être retrouvés.
00:13Donc c'est autant de somnifères en réalité, de calmants ou d'antidouleurs.
00:17Et quelles sont les pistes justement qu'il y aurait pour tenter de repérer plus facilement ces médicaments ?
00:23Alors les pistes elles sont nombreuses, la question c'est justement de pouvoir encourager cette recherche et ce développement
00:28pour réduire le risque en matière d'usage criminel des substances.
00:32Donc c'est des manipulations de la formulation galénique comme on l'appelle, donc la présentation en quelque sorte du médicament.
00:39Ça peut être aussi bien de la couleur, des colorants, des amérisants, des gélifiants, la mise en place de traceurs.
00:45Mais justement on n'est pas là pour dire qu'est-ce qu'il faut faire, mais plutôt d'engager cette réflexion collective,
00:50d'engager les experts galénistes justement pour savoir qu'est-ce qui serait le plus percutant, le plus efficace,
00:56sachant que bien évidemment on est dans de la réduction des risques.
00:58Ça ne fera pas barrage au crime, puisque vous faites face à une intention criminelle.
01:02Quand on rajoute un colorant, l'agresseur va utiliser des moyens de camoufler cette couleur, etc.
01:08Mais en tout cas c'est d'identifier toutes les propriétés qui peuvent intéresser les agresseurs.
01:12Et en général les agresseurs utilisent des substances inodores, incolores, insipides, solubles dans l'eau,
01:17puisque l'objectif est de piéger les victimes.
01:20Tout l'enjeu, et c'est ce qui va être le plus compliqué, c'est un vrai chantier qui est demandé, qui est lancé.
01:24Ce n'est pas dans un claquement de doigts qu'on va réussir à le faire.
01:27Tout l'enjeu est justement de préserver l'efficacité du médicament,
01:32parce qu'il ne faut pas oublier qu'il a été pensé pour des patients qui ont des maladies chroniques.
01:36Changer une formulation d'un médicament, c'est aussi potentiellement changer la libération du principe actif.
01:41Donc c'est un sujet qui est très sérieux et qui demande justement de trouver le bon équilibre
01:45entre la lutte contre l'usage criminel et bien sûr préserver l'observance au traitement et la bonne efficacité des médicaments.
01:52Alors l'industrie du médicament, je le disais, a six mois pour proposer des solutions.
01:56Jusqu'ici, docteur Leïla Chouachi, qu'est-ce qu'il y a eu comme réaction du côté de l'industrie des médicaments ?
02:00Est-ce qu'elles sont plutôt positives ?
02:02Alors moi, je ne suis pas en lien avec l'industrie pharmaceutique, je suis une experte indépendante.
02:07Mais donc le mieux, c'est de leur poser la question directement à eux.
02:10Je pense que dans tous les cas, nous avons tous un intérêt majeur à nous engager dans cette démarche.
02:16Aujourd'hui, on demande justement un sursaut collectif.
02:18Je pense que le procès des viols de Mazan a été justement un point de non-retour sur la question des violences faites aux femmes
02:25et de façon plus générale sur ce mode opératoire qu'est la soumission chimique.
02:29C'est une réflexion qui va être lourde, complexe, qui a de plusieurs obstacles sur le plan réglementaire
02:34et qui demande, au-delà des industriels, d'engager pas uniquement la France mais également l'Europe
02:38et pourquoi pas même à l'échelle internationale puisque vous savez que la réglementation,
02:42elle est française mais également européenne et soumise à des exigences internationales.
02:46Modifier les conditions de formulation d'un médicament, ça suppose des prérequis.
02:54Il y a des démarches à entreprendre aussi bien pour les médicaments déjà commercialisés
02:58que pour les médicaments qui sont en cours de développement.
03:01En tout cas, j'engage absolument les industriels dans cette voie et j'espère bien sûr qu'ils feront le nécessaire.