• il y a 21 heures
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Aujourd'hui, dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique des magasins E.Leclerc.

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Transcription
00:00Michel-Edouard Leclerc qui s'installe donc, merci beaucoup d'être avec nous, bonjour.
00:08Alors évidemment, c'est toujours intéressant et important de vous entendre sur l'état du porte-monnaie des Français et sur le niveau de la consommation.
00:15D'abord, dites-nous, depuis le 1er janvier 2025, ça se passe comment ? Est-ce que les Français ont repris le chemin des rayons ? Est-ce qu'ils remplissent les caddies ou pas ?
00:21Non, on a plutôt... Faites honnête, ça a plutôt bien fini l'année. En volume, il y a beaucoup de gens, de statisticiens qui disent que c'est moins bon que l'année précédente,
00:31mais ce n'étaient pas les mêmes jours ouvrables. Puis, d'un des moments très stressants de crise dans l'après-Covid, c'est quand même 2024, c'est quand même une année où la consommation a tiré la croissance.
00:41Alors 2025, là, il y a un petit trou d'air. En ce moment, là ? Oui, oui, mais les opérations commerciales, elles commencent à se mettre en place, les soldes, les blancs, tout ça.
00:51Enfin, je parle un petit peu de tout le monde. Et puis, il a fait très froid. Pour bricoler dehors, ce n'est pas génial. Oui, mais on achète des vêtements.
01:00Le vêtement se porte un peu mieux aussi. Il y avait une grosse casse en 2024. Les enseignes franchisées qui reviennent, aujourd'hui, ont mis pas mal d'offres.
01:11Je suis assez confiant quand même pour 2025. C'est sur les prix que j'essaie de devancer vos questions.
01:18Oui, bien sûr, effectivement. J'allais y aller parce que c'est vrai qu'on a appris le chiffre de l'inflation pour 2024, 1,8%. On se dit que ça y est, c'est maîtrisé.
01:25Est-ce que le temps de la baisse est enfin arrivé ? Vous savez que tout le monde l'attend.
01:28Ce n'est pas maîtrisé. On a une vraie désinflation. Si on regarde que sur trois ans, il y a eu jusqu'à 21% en moyenne de hausse de prix alimentaire.
01:40On ne reviendra pas comme avant, mais ça veut dire qu'il y a quand même eu de la spéculation ou trop de hausse trop directement.
01:49Donc là, depuis deux mois, par exemple, si je prends une enseigne comme la nôtre, on a 3000 articles qui ont baissé, mais qui ont baissé de 2 à 2,5%.
01:59C'est le domaine à peu près, en général ?
02:01C'est le domaine de la beauté, dans le domaine du jouet. Dans le jouet, ça s'est vu pas mal parce que le jouet, il s'en est pas mal vendu à Noël, dans le divertissement.
02:09Là, c'est les grandes périodes de négociations. Évidemment, on va chercher des baisses beaucoup plus substantielles.
02:15Je ne vais pas vous la faire à la Trump. C'est évident qu'on va chercher notre Groenland, là, de baisse.
02:21Ça ne se passe pas très bien, semble-t-il, avec les industriels. Dominique Schulcher, en tout cas, votre homologue, si j'ose dire, de Système U,
02:28il dit que les industriels demandent des prix qui sont faramineux pour certains d'entre eux, avec des hausses même à deux chiffres.
02:34Oui. Certains ont eu des hausses de coûts énormes, comme par exemple ceux qui font des produits à base de chocolat.
02:41Mais nous, ce qu'on leur dit, ils ont perdu des parts de marché, les grandes marques. Elles ont perdu des parts de marché parce qu'elles ont voulu
02:47toutes mettre les hausses en même temps, là, pendant deux ans. Donc, nous allons négocier leur étalement.
02:53Ça n'a pas besoin d'être brutal. De toute façon, les marques de distributeurs, aujourd'hui, ont pris leur place.
02:59Donc, nous avons des arguments concrets pour obtenir des belles baisses. Et donc, on a deux mois, là, devant nous.
03:06En géopolitique, c'est l'heure des négociations. Dans les hypermarchés, ça va être l'heure des négociations au profit des consommateurs.
03:14Donc, optimiste pour 2025, même si vous nous dites ce matin que l'inflation n'est pas maîtrisée. Donc, on continue quand même à surveiller de très près
03:20l'évolution des choses. On surveille aussi l'évolution des choses sur le plan des discussions budgétaires et sur les retraites, des sujets qu'on va aborder,
03:28parce que le budget doit être présenté dans les semaines qui viennent. Et il y a des nouvelles mesures qui sont un peu comme ça, lancées en l'air,
03:33mais tout ça reste un peu flou, comme l'écrit le Parisien, ce matin. Par exemple, l'idée de travailler plus, mais gratuitement.
03:39Sept heures de plus, évidemment, ça vous concerne, nos premiers chefs, vos salariés, en tout cas. Est-ce que c'est une idée que vous soutenez, vous, ou pas ?
03:44Non. Je trouve que là, on recommence le coup du débat sur les retraites. On oublie que l'économie est au service des gens.
03:52Et aller demander aux gens de faire des efforts parce qu'on a mal géré, parce qu'on a mal anticipé ou parce que l'économie est en difficulté,
03:59pour moi, il y a une erreur. Par contre, je trouve qu'il faut remettre de la fluidité dans les salaires. Il faut qu'un salarié puisse évoluer,
04:09en termes de revenus, dans ses salaires. Je ne veux pas mettre le feu chez moi, mais je pense qu'il faut repenser le modèle du travail.
04:17Le travail est concurrencé par la robotique, le travail est concurrencé par le digital, par les produits importés à bas coût.
04:25Donc, pour moi, il faut transférer les cotisations que seules payent les entreprises qui créent des emplois sur les concurrents du travail.
04:31Vous voyez, c'est quand même...
04:33C'est-à-dire ?
04:35Un banquier, il y a 10 ans, le banquier payait une cotisation patronale et le salarié payait une cotisation salariale.
04:43Après, il y a eu un distributeur automatique de billets à la place du guichet. Le distributeur automatique du billet, il y a juste le constructeur du distributeur
04:50qui paye ses cotisations. Et maintenant, avec le portable, il n'y a plus personne qui paye de cotisations sociales.
04:56Donc, vous voyez bien, il faut... C'est un truc... Avec le vieillissement de la population, moins de gens au travail,
05:02ça ne sert à rien de dire qu'il n'y a que le travail qui doit payer le système de prestations sociales.
05:07Il faut faire payer la robotique, donc les automates, le digital, l'intelligence artificielle, et la masse sur laquelle on transférerait
05:16ses cotisations sociales ne seraient pas du tout inflationnistes. Il y a de l'argent pour financer les prestations sociales.
05:22Le travail ne doit pas être le seul à payer l'après-travail.
05:26Vous craignez justement des hausses d'impôts et de cotisations pour les entreprises ?
05:29Oui, je trouve que tout part avec chacun sa petite solution et il n'y a pas de modèle global.
05:34Le résultat, c'est que les jeunes ne croient pas qu'ils vont toucher leur retraite.
05:38Et aussi, il y a une épargne qui se constitue en France, qui est aussi une épargne de précaution,
05:43qui ne va pas s'investir ni dans les logements, ni dans la voiture, et ça freine aussi la consommation.
05:47Donc d'un point de vue moteur, je trouve qu'il faut remettre l'ascenseur social en place,
05:54pouvoir vivre de son travail, même sans travailler plus, même si on peut travailler plus, mais c'est assez...
05:59Mais en étant payé plus à ce moment-là.
06:01Mais en étant payé plus, et puis je pense qu'il faut que le salaire net se rapproche du salaire brut, c'est ça le truc.
06:07Est-ce qu'il faut faire payer davantage les retraités ? Parce qu'il y a aussi cette idée qui a été lancée,
06:11qui a été démentie dans la foulée par Matignon, mais lancée par la ministre du Travail,
06:14de faire payer davantage les retraités dont les revenus dépasseraient un certain seuil.
06:18Je ne trouve pas que ce soit une bonne solution que d'inculper des catégories même plus aisées pour aller changer...
06:26D'inculper ? Vous dites que c'est presque stigmatisant même.
06:28Bah oui, parce que c'est comme si c'est ça qui se passe, c'est celui qui paye qui se dit
06:31« Tiens, pourquoi moi j'ai cotisé pour mes retraites et maintenant vous voulez m'en reprendre ? »
06:34Donc je sais bien qu'ils en ont plus, mais quand même, même ceux qui en ont plus,
06:38ça ne résout pas le problème qu'on a et qu'on va avoir d'ici 2030-2040.
06:42Donc moi je suis pour un modèle très large où le travail paye moins de cotisations,
06:48puisqu'on veut que les gens aient du travail, puisqu'on veut créer des emplois.
06:51Leclerc crée 3000 emplois, on a 160 000 salariés, 87% de CDI.
06:56Bien sûr, la tentation c'est la robotique, ça coûte moins cher.
07:01Il faut que ça se retrouve ailleurs.
07:03Pour que vous ne soyez pas rempassé par un robot digital ou quelque chose qui vous ressemblerait peut-être un peu,
07:08on n'est pas pressé, restez avec nous,
07:11et donc faisons en sorte que ce soit les concurrents du travail qui payent les cotisations sociales
07:15de ceux qui vont partir à la retraite.
07:17Quel regard vous avez aussi sur la réouverture justement des négociations sur les retraites ?
07:21Est-ce que la remise en cause du départ à 64 ans, ce serait une grave erreur ou pas ?
07:24Je ne sais pas. En fait, là tout le monde prend par la polémique et chacun a sa petite idée.
07:29Là c'est pareil. Moi je pense que c'est un sujet général.
07:32D'abord il y a un sujet général qui n'est pas abordé, mais ils n'ont pas le temps.
07:35Pour reconnaître aussi, le temps du politique n'est plus le temps du média, mais même c'est plus le temps du politique.
07:39Ça fait des années qu'on parle des retraites, des décennies même.
07:41Ils ne savent pas s'ils vont exister encore dans deux mois, donc on ne peut rien faire.
07:45C'est bloqué. Même dans une entreprise, dans deux mois, on ne refait pas ça.
07:49Non, moi je pense qu'effectivement il faut avoir une vraie politique de justice sociale
07:53et donc on regarde les revenus, toutes les formes de revenus, les dividendes, les retraites, les salaires.
07:59Je ne suis pas Piketty, je ne suis pas le futur ministre socialiste de l'économie,
08:03mais là il y a des choses à faire, de réattribution, de redistribution.
08:08Moi je me bats sur mon secteur qui est celui des prix.
08:12Il y a un parti de l'inflation en France qui considère que dans la politique de réindustrialisation,
08:17il faut que le consommateur français apprenne à payer plus cher ce qui est meilleur,
08:22le bio, des bagnoles électriques et tout. Moi je pense qu'il faut faire l'inverse.
08:26C'est à dire que ce qui va coûter cher, ça mérite qu'on les vende le moins cher possible
08:31pour que ce soit démocratisé. Ce qui est mieux pour les consommateurs doit coûter moins cher.
08:35Les recommandations de Michel-Edouard Leclerc, on verra si le gouvernement vous a entendu.
08:38Merci beaucoup pour être venu ce matin.

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