Éric Ciotti a présenté ce mardi son programme de coupes dans les dépenses publiques, qui prévoit notamment la suppression de 100.000 normes, inspiré par le président ultralibéral argentin Javier Milei.
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00:00Ce soir, vous sortez donc la tronçonneuse Christophe, pour voir comment tailler dans les dépenses de l'État.
00:04Exactement, alors ce n'est pas moi qui la sors, c'est Éric Ciotti, et d'ailleurs il l'a apporté, si j'ose dire,
00:08puisque c'est évidemment la tronçonneuse de Ravier Millet, le président argentin.
00:12On la voit, la tronçonneuse de celui-ci.
00:14Il a fait hier un colloque, très suivi d'ailleurs, où il a exposé cette tronçonneuse,
00:18comme Ravier Millet pendant sa campagne.
00:19Ravier Millet, l'homme qui fait subir un régime drastique à l'Argentine.
00:23L'Argentine va mieux, son commerce extérieur, l'inflation, ses finances.
00:27Les Argentins ne vont pas forcément mieux, surtout les Argentins les plus modestes.
00:31C'est un remède de cheval, je passe sur les mesures illibérales en termes d'expression publique de Ravier Millet.
00:35Mais Ciotti a fait donc un catalogue de 30 mesures.
00:38On va vérifier.
00:39Est-ce qu'on risque le massacre à la tronçonneuse ?
00:43Célèbre film, on peut en voir peut-être d'ailleurs même l'affiche.
00:47Lui dit non, je vais faire 120 milliards d'économies par an, 600 milliards d'économies en 5 ans,
00:51et la croissance va repartir au moins 3%, peut-être 4%.
00:55Alors j'ai regardé les mesures, j'ai fait 4 catégories.
00:57D'abord, là où il a raison, c'est bien, c'est réalisable, et pour certains aspects, ça dopera l'économie.
01:02Ne pas surtransposer les directives européennes, on ne fait pas de zèle avec les normes.
01:06Le principe de précaution qui ralentit l'économie, faire plutôt un principe de responsabilité.
01:10Allez-y, prenez votre risque, attention, vous paierez les peaux cassées si ça n'était pas une bonne idée.
01:15Des lois qui s'éteignent dans le temps, si on trouve qu'elles sont utiles, on doit les revoter, sinon elles disparaissent.
01:20L'obligation pour l'administration de répondre vite, si l'administration se tait, c'est que vous obtenez l'autorisation.
01:26Et puis, la suppression du Conseil économique et social, ça oui, je pense que ça fait l'unanimité, c'est un organisme qui est arrivé au bout.
01:32– Ça c'est ce que vous achetez ? – Oui.
01:34– En revanche ? – Après, il y a ce qui me semble inutile.
01:36Il veut créer un département de l'efficacité publique, comme Musk dispose à Washington.
01:41Mais non, c'est le Parlement qui contrôle l'action du gouvernement.
01:43Il y a la Cour des comptes, il suffit de ne pas enterrer les rapports de la Cour des comptes, ce n'est pas la peine.
01:48Le spoil-système pour virer tous les fonctionnaires quand il y a un changement politique.
01:51Mais il y a un statut de fonctionnaire, même si on le supprime,
01:54les fonctionnaires d'aujourd'hui, ils vont le garder, donc il faudra une génération de fonctionnaires pour améliorer.
01:59Allez, passons sur ces mesures idéologiques, elles sont inutiles.
02:02Ce qui est peu crédible, 10 ministères, pas plus, à chaque fois on nous fait le coup,
02:06et on se retrouve avec 40 ministères, parce qu'il faut servir des clientèles,
02:10les anciens combattants, les jeunes, les vieux, etc.
02:12Et puis surtout, il faut servir tous les partis politiques qui veulent leur portefeuille.
02:16Ça, c'est peu crédible.
02:17Réduire de 30% le Parti immobilier de l'État, encore faudra-t-il trouver des acheteurs ?
02:22Et puis où on va mettre les fonctionnaires ensuite ?
02:24Je ne suis pas sûr que ça soit crédible, en tout cas pas rapidement.
02:27Supprimer les départements, les régions, les métropoles, et créer une entité territoriale, la province,
02:32qui serait énorme, une baronnie.
02:35– Il faudrait Paris et la province.
02:36– Oui, il faudrait faire 300 km pour aller au chef-lieu de sa province, ça me semble peu crédible.
02:41Et puis supprimer les rectorats, et donc gérer 860 000 enseignants directement depuis Paris,
02:45ça ne me semble pas une bonne idée.
02:46– Encore une fois, ça c'est ce que préconise Éric Sautier avec sa tronçonneuse.
02:50– C'est peut-être son programme présidentiel s'il veut être candidat en 2027.
02:53Et puis il y a ce qui est dangereux.
02:53– Oui, ce qui est périlleux.
02:54– Eh oui, simplifier de manière drastique le code du travail, socialement c'est une bombe.
03:00Donc avant que les syndicats acceptent, attention, allons-y doucement.
03:03Réduire par deux le budget de l'audiovisuel public.
03:06Il y a des gaspillages, c'est évident, mais derrière il y a des sociétés de production,
03:09il y a des intermittents du spectacle qui travaillent,
03:11donc il va falloir leur dire pourquoi ils perdent leur boulot.
03:13Attention, dans ce cas-là, proposons de privatiser,
03:16ça sera repris par des actionnaires qui garderont les emplois.
03:20Supprimer la mise en disponibilité des hauts fonctionnaires
03:22et la possibilité pour les hauts fonctionnaires d'aller dans le privé
03:24et de revenir vers le public, ça risque d'avoir une conséquence.
03:27Les meilleurs éléments, les meilleurs étudiants partiront directement dans le privé,
03:30voire à l'étranger et l'État n'aura plus de cerveau.
03:34Et puis, moderniser l'administration française par l'intelligence artificielle,
03:38alors tout le monde en parle en ce moment,
03:39oui mais si l'intelligence artificielle, c'est transférer toutes nos données
03:43d'administrés aux États-Unis, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée.
03:46Allez, je vous rassure, la droite promet ça depuis longtemps,
03:50elle ne le fait pas toujours, elle ne le fait jamais.
03:52Regardez ce qu'on entendait en janvier 2002
03:55dans la bouche d'un candidat ultralibéral, Alain Madelin, candidat à la présidentielle.
03:59Baisser les impôts, tout le monde ou presque va vous en parler.
04:03Mais ne les croyez pas, car pour baisser vraiment les impôts,
04:06il faut dans le même temps baisser les dépenses publiques,
04:09comme l'ont fait nos partenaires européens, comme je m'y engage.
04:13Et il faut avoir pour cela le courage de réformer enfin profondément l'État.
04:18Alain Madelin s'engage à...
04:21Réduire le poids de la fonction publique en profitant du départ massif
04:25des fonctionnaires à la retraite.
04:27Mieux évaluer l'action publique et réorganiser les missions de l'État.
04:31Faire participer et intéresser les fonctionnaires à la réforme de l'État.
04:35Alléger fortement nos lois et nos règlements pour simplifier la vie des Français.
04:40C'est bien, on dirait les années 70.
04:42C'est Ciotti, avant Ciotti, alors rassurez-vous,
04:44un sursaut libéral, c'est nécessaire dans notre pays.
04:47Mais le massacre à la tronçonneuse libérale, c'est comme les dents de la mer,
04:50ça fait peur, mais c'est du cinéma.
04:53Il y a vraiment plusieurs points qui m'ont fait mal aux oreilles,
04:56mais je voudrais juste commencer par l'image.
04:58Je trouve que l'image de la tronçonneuse...
04:59Bon déjà, reprendre cette image, je trouve ça assez chaotique politiquement.
05:04Et par ailleurs, l'image de la tronçonneuse, c'est quand même la violence.
05:06Donc voilà, moi, ça me pose problème.
05:08Et en tout cas, là où je suis d'accord avec mon cher Christophe,
05:12alors c'est re-voter les lois, re-voter les lois...
05:16Oui, elles s'éteignent, ce qu'on appelle les clauses de crépuscule.
05:18Moi, je pose une question, re-voter les lois, ça coûte combien ?
05:20Parce que du coup, ça mérite des débats, donc ça coûte de l'argent.
05:23Alors c'est un peu mon prisme, désolé.
05:25Dix ministères peu crédibles, c'est vrai,
05:27mais il y a peut-être un peu de courage politique à avoir sur la question.
05:30Le Parc immobilier, je trouve ça assez rigolo qu'il en parle,
05:33parce que discours de politique général, François Bayrou a expliqué que c'est avec,
05:37c'est en vendant une partie du Parc immobilier qu'on allait financer
05:41cette nouvelle agence qui allait travailler à la réforme de l'État.
05:45Donc voilà, vraiment plusieurs points, et juste sur le code du travail,
05:47le diable est dans les détails, on ne le rappelle jamais assez.
05:49Si le code de travail, il a beaucoup d'articles,
05:51ce n'est pas pour nous en kikiner, mais c'est parce qu'encore une fois, c'est important.
05:54Le travail, c'est compliqué, de plus en plus compliqué.
05:56Elsa, d'un mot ? Parce qu'après, c'est à vous.
05:58Oui, d'un mot, je pense qu'effectivement,
06:00c'est peut-être une solution ultra libérale, même libertarienne,
06:04mais je ne pense pas qu'elle corresponde vraiment à l'électorat que vise Ciotti,
06:08dans la mesure où c'est l'électorat qui risque d'être appauvri.
06:12En Argentine, effectivement, l'économie va un petit peu mieux,
06:15moins d'inflation, retour de la croissance,
06:17explosion du chômage, six enfants sur dix pauvres
06:21et augmentation de la pauvreté globale des Argentins,
06:24un sur deux aujourd'hui sous le seuil de pauvreté.
06:26Je ne pense pas que ce soit vraiment l'horizon politique français.
06:28Ce n'est pas la culture française.