• il y a 2 mois

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00:00Huit ans moins le quart, comment arriver à recruter du personnel pour s'occuper des personnes en situation de handicap ?
00:05Anne, on en parle avec notre invitée.
00:07Oui, les établissements spécialisés manquent de personnel et c'est une situation qui dure
00:11et qui est de plus en plus difficile à vivre pour tout le monde, les résidents, leurs parents, les salariés.
00:16Marie-Lyne Gall, bonjour.
00:18Vous êtes la directrice de l'APEI Chambéry.
00:21Alors l'APEI, c'est l'association des parents, des personnes handicapées mentales et de leurs amis à Chambéry.
00:26Vous gérez, pour situer un petit peu quand même, 17 établissements et services d'accueil sur l'agglomération.
00:31Alors est-ce que tous vos établissements connaissent ce même problème de recrutement ?
00:36Alors tous les établissements ont connu ce problème dans les dernières années.
00:41Aujourd'hui c'est plus facile pour la plupart d'entre eux, mais le recrutement reste une situation très particulière aujourd'hui.
00:47Et aujourd'hui si je suis là, c'est parce qu'on a engagé depuis ce début de semaine
00:52une grande campagne de recherche de personnel pour le site du Noiret qui se trouve à Saint-Baldop
00:57et qui accueille des adultes.
00:59Alors on a entendu le reportage il y a une dizaine de minutes.
01:02Là c'est 20 postes vacants.
01:04Comment vous arrivez finalement à continuer à faire tourner cet établissement ?
01:08Alors c'est 20 postes vacants sur 70 postes en fait.
01:12Et on fait tourner cet établissement depuis plusieurs années, mais non pas des mois, avec des personnels en intérim en fait.
01:19C'est ça aussi la difficulté aujourd'hui, c'est que nombre de personnes qualifiées préfèrent faire de l'intérim
01:25que d'avoir un contrat de travail avec des établissements comme les nôtres.
01:29Mais vous n'arrivez pas à les garder en fait les intérimaires qui viennent ?
01:32En fait ils ne souhaitent pas rester, on a des intérimaires qui viennent depuis plusieurs années,
01:36qui sont pour nous quasiment des salariés, mais qui refusent un contrat de travail.
01:40Comment ils expliquent ça ?
01:42Ils l'expliquent en premier lieu pour la rémunération,
01:47bien que parfois la différence ne soit quand même pas d'un grand écart,
01:51mais ils l'expliquent aussi par le fait qu'ils souhaitent avoir une liberté de planning,
01:56qu'on ne peut pas avoir quand on s'engage, pas totalement en tout cas,
01:59parce que nous sommes plutôt très proches des salariés, nous aménageons énormément leur planning.
02:03Ils l'expliquent aussi par le fait qu'ils ne souhaitent pas s'engager dans un accompagnement long terme avec des contraintes institutionnelles.
02:10C'est à quoi comme conséquence quand même sur le fonctionnement du centre, parce qu'il y en a forcément ?
02:15On accueille un public qui est sur un lieu de vie, c'est-à-dire que c'est des gens qui vivent ici,
02:20c'est leur maison en fait, le foyer d'accueil médicalisé ou la maison d'accueil spécialisé,
02:24et de ce fait ces personnes n'ont pas des personnels de référence chaque jour quand ils se lèvent,
02:30donc ça fait des pertes de repères pour ces personnes-là,
02:34ça crée des troubles dans l'organisation du travail forcément, ça nous empêche de mener des projets à bien.
02:39On est dans des lieux de vie, donc on propose aux personnes qu'on accompagne des activités.
02:45Vous avez un exemple de projet qui peut-être ne peut pas aboutir ?
02:49En ce moment on travaille sur une sortie, comme c'est l'hiver, tandem ski régulièrement,
02:54patinoire qui est engagé, et là on travaille sur un projet chien de traîneau.
02:58Le problème c'est que si ce jour-là on n'a pas des personnels habituels, on ne va pas pouvoir la faire.
03:03Et on ne choisit pas forcément le jour en hiver, le jour auquel on va aller faire du chien de traîneau.
03:07Vous dites habituel, parce que le résident, quand la personne va sortir pour une sortie comme ça,
03:13il faut qu'elle soit encadrée par des personnes qu'elle connaît bien ?
03:16Oui, il faut préparer les résidents aux sorties qu'on peut leur proposer,
03:20donc on a des outils pour ça de communication, on leur explique,
03:23et puis pour que ça se passe le mieux possible, il faut bien connaître les résidents,
03:27pour éviter que s'il y a un imprévu, elles soient perturbées,
03:30et puis pour qu'elles soient rassurées que tout se passe bien.
03:32On les emmène dans un environnement différent, faire une activité qui est exceptionnelle,
03:36même pour nous d'ailleurs, donc il faut que tout soit bien prévu
03:39pour éviter les imprévus et les troubles du comportement qui peuvent se présenter.
03:45Ici Pays de Savoie, il est 7h49, notre invitée ce matin c'est Maréline Gall,
03:49la directrice de l'APEI Chambéry,
03:51association qui gère 17 établissements et services d'accueil pour des enfants et adultes polyhandicapés.
03:56Alors, vous travaillez peut-être dans ce secteur,
03:59vous avez un proche qui est dans un établissement spécialisé,
04:02venez témoigner, vous êtes les bienvenus ce matin, 0806 00 10 10.
04:07Alors on l'a entendu, ce turnover n'est pas toujours évident pour les résidents,
04:10j'imagine que ce n'est pas facile non plus pour les salariés qui eux sont là à l'année,
04:15et qui doivent en permanence réexpliquer, certains projets ne peuvent pas être menés,
04:20pour eux c'est compliqué j'imagine aussi leur quotidien.
04:23Oui, nos métiers de l'accompagnement, ce sont aussi des métiers du travail en équipe,
04:28et du coup chaque équipe est perturbée par le fait qu'il n'y ait pas de continuité,
04:32et c'est très difficile parce que chaque intérimaire il faut expliquer,
04:36chaque particularité de chaque personne qu'on accompagne,
04:39donc c'est beaucoup de répétitions, et ça produit beaucoup d'épuisement,
04:43et parfois certains professionnels baissent les bras en fait.
04:46Pour vous ce serait quoi les solutions pour arriver à recruter de manière pérenne ?
04:51Pour nous c'est d'abord la promotion de nos métiers,
04:54il y a des enquêtes qui sortent, les jeunes par exemple ne connaissent absolument pas nos métiers,
04:59il n'y a nulle part, on ne leur en parle pas en fait,
05:01on parle de plein de choses mais pas des métiers du soin et de l'accompagnement,
05:04donc ça c'est très important, sur le plan politique on a besoin d'une revalorisation salariale,
05:08on le sait, on a de cesse de le répéter,
05:10on a encore eu la chance d'avoir une visite ministérielle le 31 décembre à la PU de Chambéry,
05:14c'est évidemment un sujet qui a été évoqué,
05:17mais ça aujourd'hui tout le monde le sait, notre secteur est fortement dévalorisé,
05:21donc notamment pour ce qui est de la promotion des métiers,
05:24le 11 mars il y a un salon à Savoie Expo,
05:28ça s'appelle le salon de l'alternance et des métiers,
05:33et nous on sera présents sur la partie salon santé sociale,
05:37qui est organisée par la communauté 360 en Savoie,
05:40et du coup moi j'invite tous les jeunes en fait en quête d'un avenir professionnel,
05:45qui ont envie de savoir ce qu'on fait, qui on est, comment ça se passe,
05:48de venir nous voir parce que c'est des professionnels de terrain qui seront là ce jour-là,
05:52et on sera ravis d'accueillir tout le monde.
05:54On va en reparler de ces métiers, Marie-Lyne Gall, la directrice de la PU de Chambéry,
05:58association qui gère des établissements et services d'accueil pour des enfants et adultes polyhandicapés,
06:03est notre invitée ce matin, vous restez avec nous.
06:09Et bien évidemment l'antenne est à vous, si vous souhaitez réagir ce matin,
06:12vous nous appelez dès maintenant 0806 00 10 10.
06:16Et les métiers on va en reparler parce qu'on est avec Jean-Michel,
06:18Jean-Michel Dancy, bonjour Jean-Michel.
06:20Oui bonjour.
06:21Alors vous, vous êtes éducateur spécialisé.
06:24Oui.
06:25Alors peut-être avant de nous dire ce qui ne va pas,
06:27est-ce que vous pouvez nous dire pourquoi vous avez voulu faire ce métier
06:30et qu'est-ce qui vous plaît dans ce métier ?
06:32Ce qui me plaît c'est d'aider les personnes,
06:35de toute façon voilà, être un éducateur spécialisé c'est de l'aide à la personne en fait.
06:41Moi je travaille dans l'addiction, donc voilà,
06:44moi j'aide les personnes à sortir de cette maladie.
06:48Donc voilà, je pense qu'au niveau du handicap c'est pareil,
06:55les personnes sont aussi très volontaires pour faire ce métier-là,
07:04mais sauf que les conditions sont difficiles.
07:07Revalider la réalisation de salaire, ça c'est sûr,
07:10les horaires, les week-ends c'est vraiment compliqué,
07:13parce que pour avoir une vie de famille c'est assez compliqué,
07:16donc c'est aussi un sacrifice.
07:19Il y a beaucoup de turnover au niveau du personnel,
07:24les intérimaires qui sont là ne sont pas toujours formés à ça,
07:29donc moi je pense qu'il faut aussi former les gens.
07:33Alors le problème c'est que si on forme les gens, ils ne sont pas là,
07:36donc forcément ça revient à l'absence de personnel,
07:41et puis c'est vrai qu'il y a beaucoup de bonne volonté,
07:45mais après ça ne suffit pas toujours.
07:48Et puis la cohésion d'équipe, oui ça c'est primordial,
07:51je pense que beaucoup d'établissements tiennent grâce à la cohésion d'équipe,
07:56et c'est beaucoup les équipes qui font le travail.
08:00Merci Jean-Michel pour votre témoignage.
08:03Marie Linguel, directrice de la PEI,
08:06vous avez hoché de la tête pendant tout le témoignage de Jean-Michel,
08:10vous vous y retrouvez quoi.
08:12Oui bien sûr, Jean-Michel a raison, c'est des métiers d'engagement en fait.
08:15Alors effectivement, je rebondis sur la question des week-ends et des conditions de travail,
08:20c'est vrai qu'on accueille des gens, en tout cas nous, dans des lieux de vie,
08:22donc ils sont là tout le temps, par définition, comme nous à la maison,
08:25sauf qu'eux ils ont besoin de quelqu'un.
08:27Et en fait on entend beaucoup ces discours sur le fait que le week-end c'est compliqué,
08:31moi j'ai travaillé des week-ends, j'ai travaillé des nuits pendant des années,
08:34avant de prendre des fonctions d'encadrement,
08:36et on a quand même l'avantage, quand on fait ça, de ne pas travailler la semaine.
08:40Et l'air de rien quand on est jeune, et même après sur une vie familiale,
08:43quand on a la chance de pouvoir avoir un conjoint sur lequel s'appuyer,
08:47ça permet de mener sa vie autrement.
08:50En cette saison d'hiver, les jeunes qui travaillent le week-end,
08:52la semaine ils vont faire du ski, et c'est pas mal quand on n'est pas dans les embouteillages
08:56et les pistes perturbées et blindées.
08:59Donc on a une approche aujourd'hui du travail qui est vraiment sur l'aspect négatif des choses,
09:05alors que ce côté-là, il a aussi un côté positif,
09:08les horaires décalés quand on travaille le matin et qu'on a notre liberté l'après-midi,
09:12ça a aussi un intérêt et des avantages.
09:14Donc peut-être que c'est aussi ça qu'il faut mettre en avant,
09:17et ce sur quoi il faut travailler, on est plein d'anciens à rester dans le métier,
09:20c'est pas pour rien.
09:22Alors justement, mais vraiment un peu rapidement, je suis désolée, en quelques mots,
09:25qu'est-ce qui est beau pour vous dans ces métiers-là ?
09:28Ce qui est beau dans ces métiers, en fait, c'est la relation humaine,
09:32c'est le partage et c'est ce que nous rendent les personnes qu'on accompagne.
09:35Ça, tant qu'on ne l'a pas goûté, on ne peut pas savoir.
09:38Mais tous les jours, quand on arrive au travail, on sait pourquoi on arrive,
09:42mais on le voit surtout.
09:43Et quand on n'est pas là, les personnes elles interrogent,
09:46mais ça devait être un tel aujourd'hui, il n'est pas là, qu'est-ce qu'il a ?
09:48Il se préoccupe de nous aussi.
09:50Donc il y a quelque chose d'une grande réciprocité,
09:52et il y a une vraie énergie dans nos lieux d'accueil et d'hébergement.
09:55J'aimerais juste préciser pour le public accompagné,
09:58vous avez dit polyhandicap.
10:00Le polyhandicap, c'est un site de l'APEI de Chambéry au Mésange,
10:03mais au Noiray, là où on cherche du personnel, ce sont des adultes,
10:06plutôt avec des troubles du neurodéveloppement et des troubles du spectre autistique.
10:11En tout cas, on a bien compris qu'il y a des personnes
10:13qui sont intéressées pour venir travailler à l'APEI.
10:16Il suffit de vous contacter.
10:18Marie Lingalle, la directrice de cette association chambérienne.
10:21Merci beaucoup à vous, bonne journée.
10:23Merci à vous.

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