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Dans les tréfonds de l'histoire criminelle française, une ombre s'étire et s'insinue dans le tissu de la société des années 50 aux années 90 : Louis-Philippe Roubat, jeune chauffeur livreur jeté en prison pour un simple défaut de permis de conduire. Il devient un des plus grands faussaires alimentant tout le milieu de Mesrine à Albert Spaggiari.
Il poursuit sa carrière comme braqueur. Louis-Philippe Roubat participe aux côtés de Jacques Mesrine à l'élaboration du projet de l'attaque de la prison de Mende. Au cours de sa carrière de truand, il s'évade huit fois de prison, dont deux fois des célèbres quartiers de haute sécurité (QHS). Il est l'auteur de "La neuvième évasion" en plusieurs tomes.
"Allô le 17 !" est une émission animée par Patrick Yvars, commissaire divisionnaire honoraire.

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Éducation
Transcription
00:00:00♫ Générique de fin ♫
00:00:22Alors chers téléspectateurs de TV Liberté, Allo 17, bonjour.
00:00:27Emission exceptionnelle aujourd'hui, exceptionnelle parce que j'ai le plaisir de présenter cette émission
00:00:32en remplacement de mon collègue Maurice Signolet qui n'est pas là aujourd'hui
00:00:37et qui reprendra sans doute le cours de ces émissions ultérieurement.
00:00:40Et puis émission exceptionnelle parce que j'ai un invité avec moi
00:00:45qui est quand même quelqu'un d'assez extraordinaire.
00:00:47Parce que ce n'est pas un policier, ce n'est pas un journaliste,
00:00:50ce n'est pas quelqu'un que vous avez l'habitude de voir sur les plateaux de télévision.
00:00:54C'est un ancien braqueur, c'est un ancien voyou de haut vol
00:00:59qui a côtoyé le haut de gamme en ce qui concerne la délinquance dans les années 70-80.
00:01:04Il a connu toutes les vedettes de l'époque, il a connu les Jubins, les Lepage, les Villoquets,
00:01:09les Jacques Messrine bien sûr, il nous en parlera,
00:01:11il nous parlera d'une attaque de prison prévue avec Jacques Messrine,
00:01:16c'est quelque chose d'assez incroyable.
00:01:17Il a fréquenté aussi Albert Spadjéri,
00:01:21il a côtoyé aussi Carlos, le terroriste,
00:01:24il a connu tout ce qui était haut de gamme en matière de délinquance dans les années 70-80.
00:01:31Il en est revenu, après avoir passé de nombreuses années en prison,
00:01:34après de nombreuses arrestations et évasions, il nous racontera tout ça.
00:01:38Il a changé de vie, il a raconté d'ailleurs son changement de vie
00:01:42dans un livre qui est paru récemment qui s'appelle la neuvième évasion
00:01:47et il nous expliquera pourquoi ce titre, la neuvième évasion.
00:01:50– Et cet invité exceptionnel va nous faire, comment dire,
00:01:55un parallèle entre la délinquance qu'il a connue dans les années 70-80,
00:02:00le haut de gamme de la délinquance des années 70-80
00:02:02et la délinquance telle que nous la connaissons aujourd'hui
00:02:05qui a un petit peu changé.
00:02:07Alors, Louis-Philippe Roubaix, bonjour.
00:02:09– Bonjour.
00:02:10– Bienvenue à L'Aule 17,
00:02:12ça vous fait quoi d'être interrogé par un policier à nouveau ?
00:02:17– C'est une prolongation.
00:02:19– C'est l'habitude chez vous d'être interrogé par la police ?
00:02:21– J'ai été effectivement très souvent interrogé par de grands policiers
00:02:26et ça me fait plaisir d'être interrogé aujourd'hui par aussi un ancien grand policier.
00:02:31– Un grand policier, je ne sais pas moi, en tout cas le plaisir est partagé,
00:02:33Louis-Philippe Roubaix.
00:02:35Louis-Philippe Roubaix, vous avez, comme je l'ai expliqué,
00:02:37vous avez été un grand délinquant,
00:02:40j'allais dire dans le jargon policier, vous avez été un beau mec,
00:02:43c'est-à-dire un gros voyou des années 70-80.
00:02:46Comment on fait pour tomber dans la délinquance
00:02:50quand a priori on n'est pas né dedans, ce qui est votre cas ?
00:02:53Expliquez-nous comment vous avez fait ?
00:02:55– Je ne suis pas né dedans mais je suis né tout à côté,
00:03:00avec un parcours, comme je le décris dans le premier tome de la saga de ma vie,
00:03:06avec un parcours dans les hôpitaux dans un premier temps,
00:03:10ensuite dans les centres de redressement
00:03:15et ensuite je suis tombé dans la marmite de la façon la plus inattendue qu'il soit.
00:03:23J'ai été incarcéré pour conduite sans permis,
00:03:27non pas à la suite d'un vol de véhicule mais tout simplement
00:03:29parce que je n'avais pas osé refuser le poste de livreur comme proposé
00:03:37et lorsqu'on m'a demandé si j'étais titulaire du permis de conduire,
00:03:41j'ai dit oui, 18 mois plus tard, à l'occasion d'un contrôle de papier,
00:03:46on m'a demandé de présenter un permis de conduire dont je n'étais pas le titulaire,
00:03:52je n'en avais pas et donc on m'a incarcéré.
00:03:55À l'époque, fin des années 60 et début des années 70,
00:04:02c'était un motif pour se retrouver en prison.
00:04:04– Et là, j'ai lu votre livre bien évidemment,
00:04:06et là vous vous retrouvez dans la cellule d'un voyou chevronné,
00:04:09d'un escroc, d'un faussaire, quelqu'un qui faisait des faux documents, c'est ça ?
00:04:13Et c'est assez incroyable parce que vous êtes en train de nous dire
00:04:16que la prison, c'est quoi ? C'est l'école de la délinquance.
00:04:20– Alors oui, je détaille bien évidemment la façon dont je suis rentré
00:04:25en milieu carcéral suite à un oubli en plus
00:04:29et j'ai effectivement été incarcéré dans la cellule d'un grand faussaire
00:04:36et j'ai passé 4 mois ou un petit peu plus de 4 mois à Sécossé
00:04:42à apprendre quasiment jour et nuit puisque je ne dormais que 2 heures par nuit
00:04:49donc j'avais beaucoup de temps pour apprendre,
00:04:50plus le temps qui était imparti par justement,
00:04:53mis gracieusement à la disposition par l'administration pénitentiaire
00:04:56et donc je me suis formé dans le domaine du faux grâce à cet homme
00:05:02et je dirais grâce à l'administration pénitentiaire
00:05:05ou grâce à la justice ou grâce à je ne sais pas qui.
00:05:07– Il vous a appris à faire des faux documents en prison, c'est incroyable.
00:05:09– Ah oui et puis à l'époque j'étais une véritable éponge
00:05:12et j'adore toujours apprendre d'ailleurs
00:05:15et j'ai appris au moins tous les rudiments de l'art du faux
00:05:22que j'ai eu le temps ensuite de peaufiner et de me spécialiser
00:05:27pour devenir après un faussaire connu et reconnu
00:05:33avec des particularités telles que je livrais mes papiers,
00:05:38j'étais l'un des rares à livrer mes papiers vierges, sans photo,
00:05:42avec je donnais à mes interlocuteurs, à mes clients entre guillemets,
00:05:47non seulement les papiers vierges mais le tampon à sec,
00:05:51les rivets préfecture de police,
00:05:53en même temps ce qui fait qu'il conservait l'anonymat total.
00:05:56– Alors Louis-Philippe Robat, il faut un peu expliquer
00:05:59l'écart d'identité à l'époque, on est dans les années 70,
00:06:03c'est des bouts de carton avec des photos qui sont fixées par deux rivets
00:06:07avec un tampon à sec par-dessus, ça ne se falsifie pas comme ça quand même ?
00:06:11– Alors la différence qu'il y a entre ces années-là et celle d'aujourd'hui
00:06:15c'est que comme vous le faites très justement remarquer à l'époque
00:06:18c'était des bouts de carton, aujourd'hui ce sont des bouts de plastique,
00:06:21l'un comme l'autre sont falsifiables, tout ce qui se fait se défait
00:06:25et c'est juste un petit problème de connaissance.
00:06:28– Qui étaient vos clients en quelque sorte ?
00:06:30Qui étaient les gens qui vous achetaient ces fausses cartes d'identité,
00:06:32faux permis de conduire ou autres faux documents ?
00:06:34– En raison justement de la façon dont je procédais,
00:06:39cette façon totalement anonyme puisque les faussaires traditionnels
00:06:45délivraient des pièces d'identité, il fallait donner sa photo
00:06:48et en fait on ne savait pas trop si cette photo n'allait pas être,
00:06:51cette nouvelle identité n'allait pas être transmise au service de police
00:06:55ou en monnaie d'échange etc.
00:06:57Moi ma particularité c'est que je livrais des documents totalement vierges,
00:07:01je ne voulais même pas entendre parler de qui allait se mettre sur quelle photo…
00:07:07– Alors Louis-Philippe Roux, vous aviez commencé,
00:07:09on apprend que vous aviez un CAP de métallurgie, c'est ça ?
00:07:15– Alors d'abord je finis ma réponse à la question précédente,
00:07:20à savoir que j'ai fourni des papiers à quasiment tout le grand monétisme,
00:07:25à commencer par Albert Spadjari…
00:07:28– Albert Spadjari c'est le fameux casque de…
00:07:31– Les égouts du paradis, voilà.
00:07:33– 1976.
00:07:34– Voilà, je lui ai fourni une petite valisette avec de quoi changer d'identité
00:07:41autant qu'il le souhaitait, trois fois par semaine s'il le souhaitait.
00:07:44J'ai bien évidemment tous mes amis corses ont eu droit à mes papiers,
00:07:50le gang des lyonnais, pour ne citer que ce que vous connaissez,
00:07:53et puis bien évidemment d'autres amis tels que Jacques Mérine
00:07:57que j'ai eu avec lequel j'ai traversé, j'ai fait un petit morceau de route.
00:08:01– On en reparlera d'ailleurs parce qu'il y a une anecdote
00:08:03qu'il faut que vous nous racontiez.
00:08:05– Tout à fait, enfin voilà, ça c'était pour répondre à la clientèle que j'avais,
00:08:09c'était exclusivement une clientèle du grand manditisme.
00:08:14– Alors Louis-Philippe Roubin, je reprends, vous êtes rentré dans la vie active,
00:08:17si je puis dire, vous étiez, vous aviez un CAP métallurgie,
00:08:22vous êtes livreur, sans permis de conduire,
00:08:24mais vous aviez des métiers, j'allais dire, classiques, normaux.
00:08:31Vous êtes incarcéré, vous retrouvez faussaire,
00:08:33comment est-ce qu'on fait quand on est faussaire pour ensuite se retrouver braqueur ?
00:08:38Alors, ce n'est pas le même métier,
00:08:40même dans le monde des voyous, il y a quand même des spécialisations,
00:08:42ça c'est autre chose, on ne va pas, quand on est faussaire,
00:08:46braquer des banques ou d'autres établissements,
00:08:50ça ne vient pas spontanément, alors qu'est-ce qui s'est passé ?
00:08:52– Sauf que, déjà, tout ça est lié, si vous voulez,
00:08:58à l'environnement, aux personnes que l'on fréquente, déjà.
00:09:02En même temps, j'ai dû me spécialiser,
00:09:04puisque dans le domaine du faux, il faut être de plus en plus pointu,
00:09:08avoir des matériels dont je ne dispose pas,
00:09:11et j'ai commencé mes premiers braquages,
00:09:14ce n'était ni des banques, ni des fourgoblings, etc.,
00:09:19c'était des imprimeries, parce que j'avais besoin de machines.
00:09:22– Vous faudez en papier ?
00:09:24– En papier, en matériel, ça a été également,
00:09:29notamment une société de matériel de précision,
00:09:32qui me permettait ensuite de pouvoir faire mes tampons à sec,
00:09:35de pouvoir faire mes risées,
00:09:39puisque j'étais autonome jusqu'à l'âge de 4 ans.
00:09:42– C'est la spirale infernale de la délinquance,
00:09:43vous commencez comme fausseur,
00:09:45vous mettez à braquer des imprimeries, et puis après, des banques, c'est ça ?
00:09:49– Et puis après, on fait des rencontres,
00:09:51puisque le livre que j'ai écrit s'intitule
00:09:55« La neuvième évasion », parce que je me suis évadé 8 fois,
00:09:58donc la première fois que je suis rentré en prison,
00:10:02je n'y suis pas resté, je me suis évadé,
00:10:06– Vous êtes évadé 8 fois, c'est quand même exceptionnel,
00:10:08qui s'est évadé plus que vous des prisons françaises ?
00:10:11– Personne.
00:10:11– Personne ?
00:10:12– A ma connaissance, personne n'a…
00:10:15j'ai 18 tentatives d'évasion, et 8 évasions, et à ma connaissance…
00:10:21– 18 tentatives d'évasion et 8 évasions.
00:10:23– Et j'ai fait évader 11 personnes.
00:10:26– Alors d'accord, on ne va pas reprendre toutes les évasions,
00:10:29mais s'il y en a une qui doit être rapportée la plus marquante,
00:10:34la plus… c'est laquelle ?
00:10:36– Pour moi, elles le sont toutes.
00:10:39Pour moi, elles le sont toutes.
00:10:40– Vous avez toujours été repris.
00:10:41– Bien évidemment, lorsqu'on s'évade, il faut le savoir,
00:10:46on est toujours repris, c'est une vérité.
00:10:50Lorsqu'on n'est pas repris, c'est qu'on est mort.
00:10:53Il n'y a pas… de ce côté-là, je pense que…
00:10:56– J'avais noté l'évasion de Bourges quand même,
00:10:58quand on a préparé cette émission,
00:10:59vous aviez parlé de quelque chose qui était assez spectaculaire,
00:11:02l'évasion de Bourges.
00:11:03Le spectacle, il est dans quel sens ?
00:11:05Il peut être rigolo, il peut être amusant,
00:11:10il peut être un petit peu difficile.
00:11:13Alors Bourges, c'est tout simplement parce que lorsque je m'évade,
00:11:17je prends, au lieu de prendre un bain de boue,
00:11:21si je peux me permettre, j'ai pris un bain de merde.
00:11:23– Expliquez-nous un petit peu comment ça s'est passé,
00:11:25vous êtes passé par la fenêtre, vous avez essayé les barreaux,
00:11:27vous avez fait comment ?
00:11:28– Alors j'étais en cellule avec un jeune homme qui était,
00:11:34c'est ce qui amenait le côté un petit peu comique de l'histoire,
00:11:38c'était un maniaque, toujours en train de cirer ses chaussures,
00:11:41repasser son pantalon en le mettant sous le matelas,
00:11:45recevant du courrier de toutes les minettes de la terre,
00:11:49alors que moi je me recevais, je ne me suis jamais autorisé
00:11:53à avoir ni de visite, ni de courrier en prison
00:11:56pour conserver ma totale liberté,
00:12:00et lui, le jour où on décide de s'évader,
00:12:02il avait préparé son petit colis avec ses petites lettres,
00:12:04ses petites photos, son linge bien plié, etc.
00:12:09Je sors de la cellule après avoir coupé les barreaux,
00:12:11c'était en plein hiver, il faisait quand même du moins 10,
00:12:14c'était la prison de Bourges,
00:12:16et derrière les murs de la prison, les murs des cellules,
00:12:24il y avait un espace vert magnifique,
00:12:27et on voyait au loin les murs d'enceinte,
00:12:30et en pensant que ce qui nous séparait des murs d'enceinte,
00:12:34c'était une magnifique pelouse.
00:12:36En fait de pelouse, c'était de l'herbe qui poussait vraiment très bien,
00:12:39qui était vraiment bien arrosée,
00:12:41puisqu'à l'époque il n'y avait pas de WC tel qu'on les voit aujourd'hui,
00:12:46on disposait de tinettes, ce sont des seaux en plastique
00:12:50dans lesquels tout le monde faisait ses besoins.
00:12:52Le matin, on nous ouvrait les portes,
00:12:55on vidait nos seaux dans un gros tonneau,
00:12:57et ce tonneau était vidé quelque part,
00:12:59et a priori ça ressortait devant les fenêtres sous l'herbe,
00:13:02et ça faisait un tapis de merdasse
00:13:05avec les urines et les excréments de tout le monde.
00:13:08– Vous passez par la fenêtre, entre les barreaux, c'est ça ?
00:13:10– Entre les barreaux, on passe en slip,
00:13:12parce que pour ne pas abîmer, parce qu'on n'a pas beaucoup de place,
00:13:15c'était des barreaux immenses,
00:13:18et pour les plier, on n'avait pas eu beaucoup de possibilités,
00:13:21donc il ne restait que très peu de place pour passer,
00:13:24et on se laisse glisser de l'autre côté,
00:13:27donc je suis le premier à passer, je me laisse glisser de l'autre côté,
00:13:30et plouf, au lieu de tomber dans de l'herbe bien belle,
00:13:34je tombe dans de la mouscaille.
00:13:37– Oui, on va appeler ça comme ça.
00:13:38– Voilà, c'est plus simple, c'est de l'urine et des excréments,
00:13:41mais qui devaient dater de plusieurs générations,
00:13:45je ne sais pas, ils devaient en avoir sur 50 centimètres.
00:13:47– Et vous étiez dehors ?
00:13:49– Non, ça c'était encore à l'intérieur de la prison.
00:13:51– Ah, vous étiez encore à l'intérieur de la prison.
00:13:52– Oui, bien sûr, après avec ça, il faut passer le mur.
00:13:56Et mon collègue m'envoie la corde à noeuds que nous avions faite avec les draps,
00:14:00comme dans un dessin animé, une corde à noeuds avec des draps coupés en morceaux,
00:14:04on a fait des noeuds pour pouvoir remonter,
00:14:06on n'avait pas réussi à désolidariser le dessus du tabouret de ses pieds,
00:14:10ce qui fait qu'on avait un truc excessivement lourd
00:14:13à jeter comme grappin au-dessus du mur,
00:14:17et tout ça, ça tombe là-dedans, mouillé, etc.
00:14:22Essayer de soulever une corde de 7 mètres mouillée avec des noeuds
00:14:26et un tabouret qui est lourd comme un âne mort, ça ne le fait pas beaucoup,
00:14:31et mon collègue qui arrive, qui me dit par la fenêtre,
00:14:33attention, attrape bien mes vêtements, attention mes chaussures.
00:14:36– Ne salis pas mes vêtements ?
00:14:37– Oui, fais attention, attrape-les bien.
00:14:40Et moi, de voir l'image, j'ai attrapé un fourrure,
00:14:44on était en situation d'évasion, j'ai attrapé un fourrure
00:14:46parce que j'ai dit, qu'est-ce que je vais attraper tes chaussures,
00:14:48laisse-le tomber là-dedans, et il m'envoie tous ses vêtements,
00:14:54il m'envoie son courrier, tout ça, en pensant que je fais le clown en dessous
00:14:57pour essayer de tout rattraper, pour pas que ça se salisse.
00:15:00– Et ça tombe.
00:15:01– Et ensuite, lui, il arrive.
00:15:03– Ça tombe dans une sorte de fosse à purin, quoi.
00:15:05– Oui, je ne me suis même pas occupé d'où ça tombait,
00:15:08je m'en foutais d'en plus.
00:15:10Et lui, il arrive, il a failli se noyer,
00:15:12obligé de le ressortir de là-dedans,
00:15:15et moi, je ne pouvais plus m'arrêter de rire.
00:15:18Et le problème, c'est que quand on commence à attraper un fourrure,
00:15:21c'est fini, on ne s'en sort plus.
00:15:23Je n'avais plus de force, je n'avais plus rien.
00:15:24Donc, à un moment donné, on arrive à crapahuter jusqu'au pied du mur,
00:15:28balancer le grappin qui pèse une tonne avec tout le liquide, etc.
00:15:35Donc, du coup, on a été obligé d'escalader le poste de garde,
00:15:38où il y avait les gardiens à l'intérieur,
00:15:40qui faisaient un angle avec la porte d'entrée,
00:15:42et c'est marrant, il faudrait que j'arrive à retrouver cette photo,
00:15:45le journaliste avait fait une photo,
00:15:48on voyait la porte d'entrée de la prison,
00:15:50avec cette corde, comme dans les pieds nickelés,
00:15:53vraiment une vraie corde de dessin animé,
00:15:55qui est faite avec des draps comme ça, blanc et marron,
00:15:58enfin, là, c'est une image dans les blancs.
00:16:00Et en fait, on réussit à sortir de la prison, on est nu, on est en slip.
00:16:06– Là, vous êtes à l'extérieur, vous êtes en slip, à l'extérieur…
00:16:08– On est en slip, pas de chaussure, rien.
00:16:10– Couvert de saleté extérieure.
00:16:12– Oui, oui, de merdasse, il ne faut pas avoir peur des choses.
00:16:14– Il fait moins 10 degrés, et vous êtes à l'extérieur de la prison de Bourges.
00:16:19– Sauf que quand on sort de cette prison,
00:16:22on voit des immeubles en face, on dit on va trouver une voiture,
00:16:24on va trouver quelque chose, sinon on allait mourir de froid,
00:16:28on tombe dans des marées, entre nous et les immeubles,
00:16:32il y a des marées, et on se retrouve dans la flotte.
00:16:34– Et à nouveau, vous traversez le…
00:16:36– Et on se retrouve, ça nous a lavé déjà,
00:16:39mais on était, je ne sais pas comment on n'a pas fait pour ne pas mourir de froid.
00:16:45Et puis après, on est arrivé dans les immeubles,
00:16:47on a vu un couple qui était une dame avec un gros manteau en fourreux,
00:16:53et puis un homme avec des manteaux, etc.
00:16:55On leur a d'abord demandé gentiment,
00:16:56alors ils nous voient débarquer en slip, dans le froid,
00:17:01ils n'ont pas compris, leur logiciel ne fonctionnait pas à ce moment-là,
00:17:05et j'ai demandé au monsieur, j'ai dit, vous habitez loin ?
00:17:09Il m'a dit non, on habite à l'immeuble de l'autre côté.
00:17:10Je lui ai dit c'est bien comme ça, vous allez pouvoir nous donner vos vêtements,
00:17:13et donnez-nous, ce n'est pas la peine qu'on se tape dessus,
00:17:17puisque de toute façon on va les prendre, alors autant que vous nous les donniez.
00:17:20Donc on a fait l'échange de notre nudité contre la sienne,
00:17:26et on est reparti, et mon co-détenu, ou co-évadé,
00:17:31je ne sais pas comment on peut appeler ça,
00:17:33comme il était plus petit que moi,
00:17:35c'est lui qui a pris les vêtements de la femme.
00:17:37– Les vêtements de la femme, d'accord.
00:17:38– Voilà, et puis voilà, c'est servait à l'évasion.
00:17:41– Vous êtes évadé, oui, c'est assez…
00:17:43raconté comme ça c'est assez rigolo, mais c'est quand même une évasion.
00:17:47– Mais non, ça n'enlève pas de l'évasion, c'est pour ça que je dis,
00:17:49il faut faire attention, bon, sur les huit évasions,
00:17:52mais en fait les huit évasions en elles-mêmes ce n'est pas…
00:17:56mais c'est dans la totalité, avec les 18 autres tentatives,
00:17:59parce qu'une tentative, je me rappelle la tentative du QHS
00:18:05de Fleury-Mérogis avec Charlie Boer, dont beaucoup de gens ont parlé,
00:18:11le petit Thierry Chatby, ou sur cette…
00:18:15non, c'était la précédente où il y a eu trois morts quand même,
00:18:17puisqu'on avait tenté de s'évader au moment où il y a un peloton de gendarmerie
00:18:22qui revenait de l'entraînement.
00:18:23– Quelle prison c'était ?
00:18:24– Fleury-Mérogis, donc ils nous ont tirés dessus,
00:18:26et il y a eu deux morts, un blessé grave,
00:18:31et moi, je ne sais pas pourquoi, j'ai réussi à passer entre les balles,
00:18:35on n'était pas remis à rien.
00:18:36– Vous êtes repris à chaque fois, vous êtes repris,
00:18:38puis vous partez en QHS.
00:18:39– Mais moi je n'ai jamais quitté les quartiers de haute sécurité,
00:18:41j'ai fait le QHS du départ.
00:18:43– Les QHS c'est les quartiers de haute sécurité,
00:18:44c'est la prison dans la prison, c'est ça ?
00:18:47– Ah ben oui, mais surtout à l'époque,
00:18:48un quartier de haute sécurité, ça n'avait rien à voir.
00:18:50– Les années 70.
00:18:51– Oui, quand ils les ont ouverts,
00:18:53c'était plus apparenté à des espaces pour briser
00:19:02que d'enfermement ou d'isolement ou de précaution.
00:19:05– Alors on pense à quoi quand on est dans un QHS ?
00:19:08– Moi je pensais à m'évader, jour et nuit,
00:19:11et je ne dormais que deux heures par nuit,
00:19:13vous voyez un peu, j'avais du temps.
00:19:14– Donc c'était sans arrêt, comment je prépare ma prochaine mort ?
00:19:18– C'est la raison pour laquelle j'ai réussi à m'évader
00:19:20de l'impensable, de deux quartiers de haute sécurité.
00:19:22– De quels ?
00:19:23– Orléans, non trois, Orléans, Fleury-Mérogis et Fresnes.
00:19:30– Ça fait trois, alors quand on a préparé cette émission,
00:19:33Louis-Philippe Roubaix, vous m'avez parlé de quelque chose
00:19:35qui est quand même assez ahurissant, c'est une expédition
00:19:41qui était prévue avec Jacques Messrine pour aller attaquer une prison
00:19:46et sortir les gens qui étaient dans le QHS de la prison, c'est ça ?
00:19:50C'était quelle prison ?
00:19:51– Oui, alors…
00:19:52– C'est quoi cette histoire ?
00:19:53En plus c'était pareil, ça a failli se faire.
00:19:55– Oui, alors donc déjà il faut remettre tout ça dans son contexte,
00:19:59on était en plein quartier de haute sécurité,
00:20:05cette époque-là où les quartiers de haute sécurité c'était de la torture,
00:20:09il faut appeler ça, c'était la torture psychologique.
00:20:12– On n'y allait pas par hasard non plus.
00:20:14– Non mais entre se protéger, et ça je le défendrais même aujourd'hui,
00:20:21je dis on peut très bien, on a les moyens de se protéger contre une évasion,
00:20:26mais est-ce que là-dessus il faut ajouter de la torture morale,
00:20:30allumer par exemple des lumières toutes les 15 minutes très violentes,
00:20:34ne donner aux personnes par exemple que deux livres par semaine
00:20:38dans une cellule totalement vide avec des pages manquantes,
00:20:43ne donner qu'une seule serviette de toilette,
00:20:45voilà il y a beaucoup de choses qui font qu'on ajoute,
00:20:49moi je n'ai rien contre la protection, ils ont mis 15, je ne sais pas,
00:20:55à Florimière-Auguste par exemple il y avait un brise-vue, une grille,
00:21:00une seconde grille, les barreaux, une autre grille à l'intérieur,
00:21:03et encore une autre grille à l'intérieur.
00:21:04– Alors ça c'est ce qui vous motive avec Jacques Messerine à agir,
00:21:07mais racontez-nous un petit peu ce que c'était le moment.
00:21:09– Alors voilà, il y avait un quartier de haute sécurité parmi tout cela,
00:21:12bon, quasiment tous les quartiers de haute sécurité
00:21:14il n'y avait pas de tordure physique si vous voulez,
00:21:19il n'y avait que de la torture morale, ce que je viens d'expliquer.
00:21:22– Ça concernait des gens qui s'étaient déjà évadés,
00:21:24ça concernait des gens chevronnés dans la délinquance.
00:21:28– Oui, mais alors qu'ils aillent faire ça à des gens qui ont torturé des gosses,
00:21:33qui ont violé des femmes, à la limite je dirais que je comprendrais,
00:21:38mais nous on n'a jamais fait que s'évader, on n'a rien fait d'autre,
00:21:42on n'a tué personne, on n'a massacré personne.
00:21:44– Ce n'est pas non plus quelque chose qu'on peut encourager,
00:21:46mais avec Jacques Messerine, il faut voir cette attaque de prison,
00:21:49parce que racontez-nous cette attaque de prison, ça m'intéresse.
00:21:51– Voilà, je suis d'accord, je veux simplement dire qu'il ne faut pas ajouter à ajouter,
00:21:56ça n'a pas de sens, si on veut faire du mal,
00:22:01l'administration pénitentiaire n'est pas là pour faire du mal,
00:22:04elle est là pour préserver la société,
00:22:05c'est du moins la vue que j'avais et que j'ai toujours aujourd'hui.
00:22:09Là par exemple, en l'occurrence, il y avait un quartier de haute sécurité
00:22:12qui était dans la ville de Mande,
00:22:15et il était réputé pour être le quartier de haute sécurité le plus dur qui n'ait jamais été,
00:22:22où les gens arrivaient, je dis bien les personnes qui arrivaient,
00:22:26moi je n'ai pas eu le déplaisir d'y séjourner, fort heureusement,
00:22:31mais toutes les personnes qui arrivaient, sans aucune exception dans ce quartier de haute sécurité,
00:22:36étaient immédiatement passées à tabac,
00:22:40et pas seulement un jour, mais c'était à la torture morale,
00:22:44s'ajoutait également la torture physique, et ça, on atteignait le summum.
00:22:50– Alors l'idée c'était quoi, l'idée avec Mitterrand c'était quoi ?
00:22:52– Alors donc on avait décidé, puisqu'on se battait avec Jacques
00:22:55pour la fermeture des quartiers de haute sécurité,
00:22:58pas seulement qu'avec Jacques, avec Charlie Boer, avec toute mon équipe,
00:23:01Michel Chévesky, Pierre Jean-Pierre, André Pauly, et puis je pourrais en citer d'autres aussi,
00:23:11Fagnard, Thierry Chabille, en fait tout le monde, Destrières, tout ça,
00:23:17on était, allez, on va dire une trentaine de personnes,
00:23:21on se battait comme des chiens pour la fermeture ou l'humanisation de ces quartiers,
00:23:25c'est ça le thème, et ce quartier de haute sécurité de Mande,
00:23:30on avait décidé de le raser, purement et simplement de la carte, le raser.
00:23:36– Qui on ? C'est-à-dire Jacques Messrine, vous et vos concubines ?
00:23:40– Alors on était six, je peux citer Jacques parce que ça a été connu et reconnu,
00:23:46et lui-même l'a explicitement dit, bon les autres personnes,
00:23:53– On ne va pas citer leur nom.
00:23:54– J'ai pas besoin de citer leur nom, je ne le ferai pas,
00:23:57mais enfin on était quand même une petite dizaine de personnes du grand banditisme,
00:24:02et on a décidé, on est allé, ça c'est moi qui suis allé chercher en Italie,
00:24:07puisque je pilote les avions et les hélicoptères,
00:24:11donc on est allé chercher des explosifs en Italie,
00:24:17justement avec quelques connexions avec des groupes terroristes,
00:24:20puisque en quartier de haute sécurité justement, ça permettait ce type de connexion,
00:24:24et ça nous permettait d'obtenir ce que l'on ne pouvait pas avoir dans le domaine du banditisme,
00:24:28donc on est allé chercher en Italie suffisamment d'explosifs
00:24:32pour raser l'intégralité de cet établissement.
00:24:36– C'est-à-dire combien de kilos ?
00:24:38– Je devrais avoir, je ne sais pas, une tonne et demie.
00:24:40– Une tonne et demie, ça ne se transporte pas comme ça,
00:24:42donc il faut du monde, il faut de la logistique.
00:24:44– Oui, bien sûr, et on avait réalisé qu'on n'avait aucune possibilité de pouvoir s'en sortir,
00:24:55quitter Mande c'était impossible, parce qu'aussitôt que la prison aurait été rasée,
00:25:01parce qu'on ne voulait pas de blessés dedans, attention,
00:25:04notre objectif c'était de sortir toutes les personnes,
00:25:07gardiens de prison et les détenus,
00:25:10les détenus on les laissait partir dans la nature,
00:25:13les gardiens de prison qui étaient là pour ce quartier d'hôte sécurité,
00:25:16eux, on leur réservait un régime spécial,
00:25:19on avait décidé de les prendre avec nous,
00:25:22on voulait les mettre nus et les mettre sur les Champs-Élysées,
00:25:26avec marqué, à la bombe, QHS sur le torse,
00:25:30et les enchaîner tous les uns,
00:25:33ça c'était l'opération qu'on devait faire, qu'on avait projetée.
00:25:37– Et ça se faisait comment ça, en voiture ?
00:25:40– Non, pour ça, pour quitter Mande,
00:25:43il n'y avait qu'une seule solution, c'était quitter Mande par les airs,
00:25:48sauf que moi j'étais pilote bien évidemment,
00:25:52mais le plus gros aéronef que je pouvais piloter c'était un Cessna,
00:25:59un 6 places, et ça faisait un petit peu short,
00:26:03étant donné le nombre de personnes, donc du coup je suis parti en Afrique,
00:26:07pour faire une spécialité, non pas théorique mais bien pratique,
00:26:14sur un avion, un Broussard, un DC-3,
00:26:16et c'était des aéronefs qui nous permettaient de se poser
00:26:22et de décoller sur des distances relativement courtes,
00:26:26et donc ça nous permettait de pouvoir partir,
00:26:28et l'idée étant de se poser sur l'autoroute,
00:26:32sur une des autoroutes de Paris, avec tout le monde à l'intérieur.
00:26:36– Vous partez en Afrique pour faire une spécialisation de pilotage,
00:26:40dans le but d'attaquer une prison, de la faire sauter,
00:26:42et ensuite de prendre les surviants de prison,
00:26:45de les ramener sur Paris, Champs-Élysées,
00:26:46mais ça n'a jamais été raconté ça.
00:26:49– Je vous le raconte bien.
00:26:50– A ma connaissance ça n'a jamais été raconté.
00:26:51C'est quand ça, c'est les années 70, c'est quelle année à peu près ?
00:26:55– 78, oui 78, si, Charlie, pourtant on lui avait demandé
00:27:01de ne pas trop en parler, mais bon il avait commencé à boire.
00:27:05– Des gens comme Charlie Bowers ou Pierre Goldman,
00:27:08ce sont des gens qui se sont un petit peu marqués politiquement,
00:27:10alors que vous étiez droit commun.
00:27:11On est à la fin des années 70,
00:27:15on a la fraction amérouge en Allemagne,
00:27:18on a les brigades rouges en Italie, en France,
00:27:21on va bientôt avoir action directe,
00:27:22mais vous étiez où par rapport à ces gens-là ?
00:27:24– Non mais alors déjà, au niveau de tous ces groupes,
00:27:27on était en pleine dent, en pleine dent, avec les groupes comme…
00:27:31– Mais vous étiez marqué politiquement avec cette…
00:27:33– Non, non, nous on était pur en banditisme.
00:27:36– Droits communs.
00:27:37– Droits communs, et par contre Pierre Goldman,
00:27:41c'était la gauche à fond, ce n'était pas notre truc déjà,
00:27:46je peux vous le dire, Charlie Bowers pareil, c'était la gauche…
00:27:52– On parle d'une gauche radicale et violente,
00:27:53on parle de gens qui commettent des attentats là, c'est…
00:27:56– Bon Charlie, je ne pense pas que ce soit lui,
00:28:00Charlie Bowers, c'était plus la gauche libération, etc.,
00:28:04le journal Libération, etc.
00:28:06Pierre Goldman, je pense qu'il s'acheminait
00:28:09vers une gauche un petit peu plus radicalisée,
00:28:12et les groupes tels qu'Action Directe avec, j'ai oublié leur nom…
00:28:18– Jean-Marc Rouillant, Nathalie Ménigon.
00:28:19– Jean-Marc Rouillant, Nathalie Ménigon, etc.,
00:28:21eux c'était une gauche beaucoup plus extrême,
00:28:25quand on voit les résultats par la suite, les tristes résultats,
00:28:28avec la mort d'homme du PDG de Renault notamment,
00:28:32ou les Allemands avec la RAF, avec Hans-Martin Schreier,
00:28:37la brigade rouge avec Aldo Moreau, voilà, donc il y avait…
00:28:41moi tous ces gens, je les ai côtoyés dans les quartiers d'hôtes de sécurité.
00:28:43– Vous les avez croisés tous ?
00:28:45– Tous, je les ai tous croisés dans les quartiers d'hôtes de sécurité.
00:28:48– On en revient à un moment,
00:28:49et puis à votre projet d'attaque de la prison, ça ne s'est pas fait.
00:28:52– Non, on n'a pris aucune personne, avec aucune teinte politique.
00:28:56– Pourquoi ça ne s'est pas fait alors, l'attaque de la prison ?
00:28:59– Ça ne s'est pas fait parce qu'il se trouve que Jacques, ensuite…
00:29:06– Jacques Messrine.
00:29:07– Alors d'abord, dans un premier temps,
00:29:08il nous fallait avoir suffisamment de personnes,
00:29:11il fallait qu'on aille chercher en prison ceux qui étaient emprisonnés,
00:29:16donc moi, à un moment donné, je me suis fait arrêter,
00:29:21donc le problème c'est qu'il fallait trouver des gens
00:29:26pour aller chercher d'autres personnes en prison,
00:29:28parce que c'est une démarche psychologique et intellectuelle
00:29:31qui est complètement différente de s'évader tout seul,
00:29:35et donc on s'est retrouvé, à un moment donné,
00:29:38il n'y avait plus personne pour faire le job.
00:29:42Jacques ensuite s'est fait arrêter, il s'est retrouvé à la santé,
00:29:47moi je me suis fait arrêter,
00:29:49je me suis retrouvé aussi à la santé avec Jacques, ensuite…
00:29:54– Donc le projet est tombé à l'eau.
00:29:56– On l'avait toujours dans les tuyaux,
00:29:59quand Jacques s'est évadé de la santé,
00:30:02on devait déjà s'évader à plusieurs de la santé,
00:30:05moi j'étais baluchonné tous les quinze jours.
00:30:08– Baluchonné, c'est-à-dire transporté de cellule en cellule
00:30:12ou de prison en prison ?
00:30:13– Non, non, de prison en prison, moi c'est de prison en prison,
00:30:15on ne me gardait pas plus de quinze jours dans une prison.
00:30:18– Il y avait une escorte sérieuse autour de vous, j'imagine ?
00:30:20– Oui, oui, c'était le GIGN qui m'a transporté,
00:30:22j'ai toujours été avec eux, une exception près,
00:30:27et là je ne l'ai pas raté cette exception,
00:30:30quand Jacques est parti de la santé,
00:30:32moi j'ai été la veille de son évasion transférée
00:30:36au quartier d'hôte sécurité de Fleury-Mirogis,
00:30:40et de là il y a eu un cafouillage, dans les deux jours qui ont suivi,
00:30:43on a dit, ils vont m'envoyer à Bourges,
00:30:48où je devais répondre de cette évasion, etc.,
00:30:50parce que ça traînait, puisqu'ils avaient été jusqu'à me condamner à mort
00:30:54par contumance, parce que j'ai été condamné à mort par contumance.
00:30:58– Vous avez été condamné à mort par contumance ?
00:30:59– Oui, c'était le cas pour toutes les personnes
00:31:02qui étaient jugées pour une affaire d'assises de hold-up,
00:31:05par exemple, ou n'importe, lorsque vous n'êtes pas présent
00:31:08et que le tribunal, la cour d'assises siège,
00:31:12vous avez automatiquement la peine la plus élevée,
00:31:16et la condamnation à mort n'étant pas encore,
00:31:19n'existait encore à ce moment-là, puisqu'on est avant 1980,
00:31:24j'ai donc été, avec tous mes camarades, condamné à mort par contumance,
00:31:28ça figure sur mon cas judiciaire d'ailleurs.
00:31:30– Vous avez passé combien d'années en prison, Louis-Philippe Roux ?
00:31:32– 18. – 18 ans ?
00:31:34– Oui. – Évadé 8 fois ?
00:31:36– Oui. – Et les braquages dans tout ça,
00:31:39vous viviez de quoi ? Vous viviez des braquages de banques,
00:31:41de casinos, des choses comme ça ?
00:31:44– Quand j'étais libre ou quand j'étais en prison ?
00:31:45– Non, quand vous étiez libre, quand vous étiez dehors.
00:31:47– Oui, oui, non, non, moi, vous savez, on m'appelait,
00:31:51comme tout le monde m'a toujours traîné ça derrière le dos,
00:31:56on m'appelait la machine à sous,
00:31:58parce que tout ce que je touchais, ça se transformait
00:32:01en espèces sonantes et trébuchantes.
00:32:03Non, on braquait un petit peu tout ce qui venait,
00:32:06donc les fourgons blindés, les casinos,
00:32:11notamment par exemple le casino des viands.
00:32:13– Casino des viands, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:32:15Vous vous êtes fait passer pour un policier, c'est ça ?
00:32:17– Non, non, non, là, ils nous avaient appelé les fauves des viands,
00:32:20les fauves des viands, parce que j'avais pris le problème à l'envers,
00:32:24c'est-à-dire, j'ai dit, bon, le casino des viands,
00:32:28il y avait beaucoup de trafic, et donc beaucoup d'argent,
00:32:31et donc j'ai dit, ce qu'on va faire, on va,
00:32:35au lieu de se présenter au casino et puis de braquer en vitesse
00:32:38et puis partir parce qu'il y a la police qui va nous couvrir derrière,
00:32:41ce qu'on va faire, on va d'abord braquer gendarme et policier,
00:32:45et ensuite, on est tranquille, on a toute la nuit,
00:32:47donc on peut même jouer au casino si on veut, puisque les policiers, c'est nous.
00:32:51Donc, on a neutralisé tous les véhicules de gendarmerie,
00:32:56parce que les gendarmes, bon, ils habitent sur place,
00:32:58ensuite, on avait juste besoin de couper les communications,
00:33:02parce qu'on n'est pas aujourd'hui, le téléphone portable,
00:33:06ça n'existait pas, tout ça, il faut aussi remettre les choses dans leur contexte,
00:33:11et ensuite, on a pris d'assaut le commissariat de police d'Évian,
00:33:16un gros commissariat, là, au préalable,
00:33:20on avait compté le nombre de personnes qui se trouvaient encore
00:33:23au moment où on les braquait dans le commissariat de police,
00:33:27et une erreur de comptabilité, je ne sais pas.
00:33:32Donc, on est rentrés sur place,
00:33:37et on a braqué tous les policiers qu'il y avait,
00:33:41alors l'avantage d'un commissariat de police, c'est qu'on a les cellules,
00:33:44on peut les mettre dedans, donc c'était un avantage pour nous,
00:33:48on les a tous mis en garde à vue,
00:33:50et un de mes associés d'aider a mis un képi,
00:33:56parce qu'à l'époque, ils étaient tous habillés avec des képis, etc., à la réception,
00:34:00et donc, on s'apprêtait à partir sur le casino,
00:34:06en laissant un membre de notre équipe au commissariat
00:34:08pour pouvoir répondre aux appels, et là, il y a une balle qui a fusé,
00:34:13et notre associé d'aider l'a pris en pleine tête,
00:34:16enfin, en tesson sur la tête, il n'est pas mort,
00:34:20il court encore aujourd'hui, mais il a pris en tesson,
00:34:22et une blessure à la tête, ça saigne énormément,
00:34:25et puis il est tombé dans le cirage, quoi.
00:34:27Donc là, on a été obligés de réagir immédiatement,
00:34:32bien évidemment, à cette époque, la mentalité n'étant pas celle d'aujourd'hui,
00:34:36on a arrêté l'opération, parce que pour nous, la vie de notre associé…
00:34:41– Vous vous appelez associé, l'un de vos complices, donc, du braquage ?
00:34:45– Oui, associé complice, c'est la même chose, quoi.
00:34:47– Blessé par balle, donc, vous arrêtez le braquage ?
00:34:49– On arrête tout.
00:34:50– Et vous amenez votre ami ?
00:34:53– Voilà, alors il a fallu faire d'abord un tir de barrage,
00:34:58pour pouvoir, puisqu'on était tous armés,
00:35:01et on avait une particularité, c'est que chacun maîtrisait nos armes.
00:35:05On s'entraînait énormément, justement, pour ne pas être…
00:35:08pour que ce ne soient pas les armes qui nous guident,
00:35:12mais nous qui guidions les armes.
00:35:13Ce qui veut dire que si on devait un jour tuer quelqu'un,
00:35:16ça aurait été une démarche volontaire.
00:35:19Aujourd'hui, les gens, ils tuent à droite, à gauche,
00:35:21mais ils ne savent même pas qu'ils ont tué une personne, ils sont…
00:35:24– Alors, c'est un petit peu là où je voulais en venir,
00:35:26Louis-Philippe Roubat, là, vous avez dressé le portrait
00:35:29d'un certain nombre de grandes figures du grand banditisme des années 70-80.
00:35:36Alors, que des gros voyous, que des gens vraiment haut de gamme
00:35:40en matière de délinquance, vous, vous avez eu la chance de vous en sortir,
00:35:45si je puis dire, c'est la neuvième évasion, c'est le titre de votre livre.
00:35:51La neuvième évasion, c'est l'évasion de la délinquance, c'est bien ça.
00:35:53Vous êtes évadé huit fois de prison,
00:35:55mais la neuvième évasion, c'est l'évasion de la délinquance.
00:35:58– C'est exact.
00:35:59– Vous, le déclic, c'est quoi ?
00:36:01Parce que vous étiez quand même bien impliqué dans ce combat,
00:36:05qu'est-ce qui a fait que vous avez arrêté ?
00:36:08– Alors, il faut prendre, si vous le permettez, la question dans l'autre sens.
00:36:12Qu'est-ce qui faisait que je m'évadais tout le temps ?
00:36:16– Parce que vous commettiez les braquages.
00:36:18– Non, ce qui faisait que je m'évadais tout le temps,
00:36:20c'est que je n'avais aucune perspective de liberté.
00:36:23J'étais libéré en 2048.
00:36:30Quand on se retrouve avec des peines de prison,
00:36:33alors qu'on n'a pas de sang sur les mains, on n'a tué personne,
00:36:36ça paraît un peu difficile à gérer.
00:36:39Donc la seule possibilité, c'était l'évasion.
00:36:41Et un jour, j'avais trois avocats absolument exceptionnels.
00:36:46Le plus grand, c'était maître Henri Leclerc,
00:36:48qui vient de nous quitter il n'y a pas très longtemps.
00:36:50Ensuite, j'avais Jean-Louis Pelletier, que tout le monde a connu.
00:36:57Et un autre très grand avocat que j'admire beaucoup,
00:37:01qui est encore avocat aujourd'hui,
00:37:03mais à ma connaissance qui n'est plus dans le domaine du vanitisme,
00:37:07François Stefanacci.
00:37:10Et ces trois avocats, on dit qu'ils allaient mettre leur force en commun
00:37:15pour faire en sorte que ma peine de prison soit acceptable,
00:37:22à savoir ramener tout ça à 21 ans de prison.
00:37:28Juste une parenthèse, pendant la durée du temps de prison où j'étais,
00:37:33j'ai vu, par exemple, des personnes être conamnées à perpétuité,
00:37:37libérées, re-rentrées, être à nouveau conamnées à perpétuité.
00:37:41Alors que moi, j'étais toujours en train de faire le gland
00:37:43avec mes petites peines de prison.
00:37:47Donc, on estimait que 21 ans de prison,
00:37:50pour ce que j'avais fait, je n'avais pas versé le sang,
00:37:52je n'ai même pas donné un coup sur la tête à quelqu'un,
00:37:54c'était bien payé et ça pouvait être,
00:37:56s'il y avait un effort de mon côté,
00:37:58ça pouvait être quelque chose d'acceptable et de positif pour tout le monde.
00:38:02J'ai accepté le deal et je dis à partir de là, je ne m'évade plus.
00:38:07Ma prochaine évasion, ce sera la sortie du vanitisme
00:38:12et la sortie de la délinquance.
00:38:13– La neuvième évasion.
00:38:14– Exactement, ça a été ma neuvième évasion
00:38:18et pour ça, je me suis donné les moyens.
00:38:20Et les moyens, ce n'étaient pas des moyens,
00:38:22comme nous en avions discuté,
00:38:24ce n'étaient pas des moyens philanthropiques, etc.
00:38:28La philanthropie n'avait rien à voir là-dedans.
00:38:30Moi, il fallait que je fasse quelque chose de très fort
00:38:32pour compenser ces années de quartier d'autosécurité.
00:38:36Imaginez bien qu'il n'y avait aucun directeur de prison qui le voulait.
00:38:39– J'imagine, oui, ça, ce n'est pas compliqué.
00:38:41– Alors, comment vous en êtes sorti ? Les études, la réduction, c'est quoi ?
00:38:45Vous avez passé des diplômes en prison ?
00:38:47– J'ai passé une quantité industrielle de diplômes,
00:38:49je ne pourrais même pas vous dire.
00:38:50– Et maintenant, vous êtes chef d'entreprise.
00:38:51– Oui, mais pas seulement.
00:38:53J'ai aussi créé des écoles en milieu carcéral,
00:38:57non pas par philanthropie ou quoi,
00:39:00c'est tout simplement parce qu'il fallait
00:39:01que j'apporte quelque chose de très fort pour me sortir de tout ça.
00:39:05– Mais là, Louis-Philippe Roubaix, vous nous racontez du Jean Valjean,
00:39:07c'est-à-dire que vous partez au Bagne pour un vol de quignot de pain
00:39:11et puis vous retrouvez M. Madeleine qui devient un notable,
00:39:15qui devient quelqu'un de tout à fait ordinaire et qui change de vie.
00:39:17Vous avez totalement changé de vie.
00:39:19– Je ne sais pas si on peut comparer Jean Valjean ou n'importe qui.
00:39:22Moi, je parle de ma vie à moi.
00:39:23– Jean Valjean est un personnage de roman, mais vous, c'est la réalité, vous existez.
00:39:26– Moi, je parle de ma réalité à moi.
00:39:27Bon, il se trouve que lorsque je suis sorti, j'ai été un des rares à sortir,
00:39:33je dis un des rares parce que je ne sais pas si,
00:39:35je n'ai pas la vision pour dire s'il n'y a pas d'autres personnes ou pas.
00:39:38Je souhaite qu'il y ait d'autres personnes,
00:39:40en attendant, je n'en connais pas d'autres que moi-même,
00:39:42je n'ai pas cherché non plus, mais être sorti par exemple,
00:39:46être dans un quartier de semi-liberté et avoir un poste de directeur commercial
00:39:51et venir rejoindre mon quartier de haute sécurité,
00:39:54mon quartier de semi-liberté dans la prison d'Avignon,
00:39:59dans une cellule minable avec trois jeunes camés au-dessus de moi dans la même cellule.
00:40:04Et moi, je rentrais avec mon attaché caisse, costume, cravate
00:40:07et la Mercedes garée de vent.
00:40:08– Directeur commercial le jour et puis la nuit, vous dormiez en prison.
00:40:11– Et je dormais avec, je m'en rappelle,
00:40:13dans cette cellule, il y avait quatre lits superposés, enfin deux fois deux,
00:40:17et il y en a un qui était malade comme un chien,
00:40:21j'étais avec des camés mais jusqu'aux oreilles,
00:40:25ils m'ont tout volé, quand je dormais, ils m'ont volé ma montre,
00:40:29ils m'ont volé, parce que quartier de semi-liberté,
00:40:31on a toutes nos affaires, je me suis fait piller jusqu'aux oreilles.
00:40:36Bon, et après on m'a amené sur le quartier,
00:40:41je l'ignorais, je ne savais pas que ça existait,
00:40:43mais il y avait un quartier de semi-liberté VIP à Nîmes,
00:40:48là on m'a transféré dans ce quartier VIP à Nîmes.
00:40:51– Et vous avez changé de vie, vous avez vraiment complètement coupé
00:40:55avec ce monde des années 70-80.
00:40:57– Mais j'ai jamais été aussi heureux.
00:41:00– J'imagine bien.
00:41:01– Louis-Philippe Roubaix, on revient, on est en 2025, en janvier 2025,
00:41:07quel regard vous portez sur la délinquance d'aujourd'hui ?
00:41:10Parce qu'aujourd'hui la délinquance, c'est les stups,
00:41:15c'est les stups, les stups, les stups, il n'y a plus que ça.
00:41:17Alors est-ce qu'en quelque sorte, vous vous prénommez Louis-Philippe,
00:41:21c'est le nom du dernier des Rois de France, si je ne me trompe pas,
00:41:25est-ce que vous n'êtes pas le dernier des braqueurs à l'ancienne ?
00:41:30– On est toujours le dernier de quelque chose et de quelqu'un,
00:41:32mais ce que je veux simplement dire, c'est qu'aujourd'hui,
00:41:34si le regard que je porte sur la délinquance d'aujourd'hui,
00:41:38c'est un regard de tristesse,
00:41:41la délinquance, il ne faut quand même pas l'oublier,
00:41:44c'est un microcosme qui reflète notre société.
00:41:48Je pense qu'il ne faut pas perdre ça de vue.
00:41:52Aujourd'hui, quand vous voyez l'irrespect qui se trouve dans la délinquance,
00:41:56où ça part de tous les sens, où on cherche, il n'y a plus que la facilité,
00:41:59la facilité, c'est la drogue, etc.
00:42:01Mais ce qui est marquant dans tout ça, c'est qu'il n'y a plus de repères,
00:42:05il n'y a plus de cadres.
00:42:06– Il y avait un code de l'honneur avant, il n'y en a plus aujourd'hui ?
00:42:08– Non, des codes de l'honneur, il n'y en a jamais eu.
00:42:09Avant, il y avait un respect mutuel pour tout le monde.
00:42:15Et ce respect faisait qu'il y avait les flics et les voyous,
00:42:18on se fait arrêter, ok, c'est bon, t'as gagné.
00:42:21Ça m'est même arrivé, après une arrestation,
00:42:25après avoir fait les dépositions, d'aller manger un morceau avec des flics,
00:42:30et je n'en ai pas honte, chacun est resté à sa place.
00:42:35Ceux qui ne restaient pas à leur place,
00:42:37c'était les flics vers eux ou c'était les voyous qui balançaient.
00:42:41Voilà, c'était la même chose.
00:42:42Mais ceux qui restaient à leur place, moi je m'acceptais en tant que voyou,
00:42:46je n'ai jamais été autre chose qu'un voyou quand j'étais voyou.
00:42:49Je n'aurais jamais pu manger dans la gamelle d'un policier,
00:42:52même que je n'aurais pas accepté non plus ça.
00:42:54Et aujourd'hui, la délinquance, c'est du n'importe quoi.
00:42:58On n'a pas de respect, on s'en fout,
00:43:01on va tirer avec une AK-47 pour se régler un coup de…
00:43:05Les gens ne réalisent même pas que c'est une arme de guerre,
00:43:09c'est une arme qui est faite pour traverser des blindages.
00:43:11– On est dans l'hyper-violence, on était peut-être dans la violence auparavant,
00:43:14mais là on a franchi un cap, là on est dans l'hyper-violence.
00:43:18– Je suis tout à fait d'accord avec vous,
00:43:20là on est effectivement dans l'hyper-violence.
00:43:22– Louis-Philippe Roubaix, quand on a préparé cette émission,
00:43:25on a évoqué les événements récents de la délinquance,
00:43:29et on a évoqué, puisque vous êtes un spécialiste de l'évasion,
00:43:32on a évoqué l'évasion, l'année dernière, le 14 mai 2024,
00:43:39de Mohamed Amra, qui a été arraché par une équipe d'assaillants,
00:43:46alors qu'il était transféré d'une prison à une autre, je crois,
00:43:49au péage sur l'autoroute de Normandie, je crois,
00:43:54par une équipe d'une dizaine de gens ultra-violents,
00:43:58qui n'ont pas hésité à tirer à l'arme de guerre
00:44:01sur l'escorte de l'administration pénitentiaire,
00:44:05qui du reste ont tué de façon très froide,
00:44:10deux membres de l'administration pénitentiaire,
00:44:13et quand on a préparé cette émission-là,
00:44:15vous m'avez donné votre point de vue sur cette hyper-violence
00:44:19de ces gens qui assassinent deux surveillants d'administration pénitentiaire
00:44:21qui font le transfert de Mohamed Amra,
00:44:23et vous m'avez donné un point de vue qui est tout à fait original
00:44:26sur cette évasion qui n'en est peut-être pas une, n'est-ce pas ?
00:44:30– Alors, ça reste bien évidemment un point de vue,
00:44:33un point de vue au vu de mon vécu,
00:44:36des arrachages entre guillemets comme ça,
00:44:39comme je vous l'ai dit, j'ai extrait de prison 11 personnes.
00:44:45– On a tous vu les images de l'évasion d'Amra,
00:44:48on voit une caméra de surveillance qui filme une dizaine d'assaillants
00:44:51qui tirent l'arme de guerre sur les agents d'administration pénitentiaire
00:44:55qui ont tué deux et qui partent avec Mohamed Amra,
00:44:59qu'est-ce qui s'est passé selon vous ?
00:45:01– Alors, il faut que vous compreniez,
00:45:05je fasse un tout petit retour en bobinage,
00:45:09quand on va faire évader une personne,
00:45:13quelle que soit cette personne,
00:45:15si vous êtes en prison, je viens vous chercher en prison,
00:45:20ça veut dire que je prends déjà moi-même des risques
00:45:23puisque je suis en liberté pour venir vous chercher,
00:45:26et donc il va falloir que je prenne un minimum de précaution
00:45:28et il va falloir que je prépare cette évasion avant, d'accord ?
00:45:32Là, quand je regarde l'histoire telle que tout le monde l'a vue,
00:45:36mais je la regarde avec mes yeux à moi,
00:45:38je suis quelqu'un, c'est un domaine que je connais particulièrement bien
00:45:41puisque je suis allé chercher 11 personnes,
00:45:45pas une, 11, de forces de police, de gendarmerie,
00:45:48escortées par des gardiens de prison,
00:45:51donc tous les schémas je les ai vécus,
00:45:54je les ai vécus physiquement, voilà.
00:45:59Quand on va chercher cette personne, d'abord on prépare l'affaire,
00:46:03et la personne qu'on va chercher en prison,
00:46:06je vais prendre une expression du sud, on fait le canard,
00:46:09ça veut dire que vraiment celui qu'on vient chercher,
00:46:13il est gentil en prison, il ne s'était pas remarqué,
00:46:16justement pour qu'on évite de renforcer la surveillance
00:46:22au moment de l'extraction ou du transfert.
00:46:24Bon, premier point en parallèle avec cet homme
00:46:29qui a été extrait de prison, Mohamed Ramrah,
00:46:34j'apprends que deux jours avant,
00:46:36il a tenté de couper ses barreaux avec une lame de scie.
00:46:40Ce n'est pas le comportement de quelqu'un
00:46:43qui attend que ses amis viennent le chercher,
00:46:47sinon la lame de scie, il la jette, au contraire,
00:46:48surtout qu'on ne la découvre pas cette lame de scie
00:46:51s'il l'avait déjà, parce que ça risque de les exciter
00:46:55et puis de dire on annule l'extraction
00:46:57ou on renforce l'extraction, d'accord ?
00:46:59Donc ça c'est un point qui est très très important.
00:47:01Ensuite, à chaque fois que moi j'ai extrait une personne,
00:47:05que j'ai aidé une personne à s'évader,
00:47:08toutes ces personnes, sans aucune exception,
00:47:10avaient une banane jusque-là.
00:47:12– Et j'étais content de vous dire ce que c'est.
00:47:13– Vous êtes heureux, vous êtes en prison
00:47:15et d'un coup vous avez votre ami qui vient
00:47:19et qui vous rend la liberté,
00:47:20c'est le plus beau des cadeaux qu'on puisse avoir.
00:47:22Et là j'aime autant vous dire que si vous pleurez,
00:47:25ce sont des larmes de joie et le sourire il est jusqu'à là.
00:47:29Ça c'est la première chose.
00:47:30Deuxième chose, à chaque fois que j'ai aidé une personne à s'évader,
00:47:36mon premier geste après avoir neutralisé les forces de l'ordre
00:47:40a été, ou en même temps, de donner une arme
00:47:45à la personne que je viens d'aider
00:47:46pour renforcer ma force de frappe,
00:47:49ma force de défense ou d'attaque.
00:47:52Là quand on regarde la vidéo,
00:47:56Mohamed Rahman, personne ne lui a confié une arme.
00:48:00Ensuite, lorsque vous faites évader une personne,
00:48:06alors là j'aime autant vous dire que
00:48:08ce n'est pas un malade que vous sortez de prison,
00:48:11un boiteux, un machin, etc.
00:48:13J'aime autant vous dire qu'il a le feu aux fesses,
00:48:15celui que vous sortez,
00:48:17et il fait des bombes de cabri
00:48:18et il n'y a pas besoin de venir le supporter,
00:48:20lui tenir le bras pour le porter.
00:48:22– Alors que dans les images…
00:48:23– Alors que dans les images de Mohamed Rahman,
00:48:25vous voyez qu'on le porte
00:48:26et puis quand on regarde bien la vidéo en détail,
00:48:29on s'aperçoit qu'il n'a pas l'air bien heureux de la situation.
00:48:33Et quand on analyse tout ça,
00:48:35moi je l'analyse avec mes yeux,
00:48:36je me trompe peut-être, probablement.
00:48:39– C'est votre version, pour vous il s'est passé quoi ?
00:48:42– Moi, pour moi, c'est une équipe
00:48:44qui est venue le chercher contre son gré.
00:48:47Et si aujourd'hui vous n'avez pas de nouvelles,
00:48:49je vous ai dit tout à l'heure quand on a parlé d'évasion,
00:48:52vous m'avez dit,
00:48:53combien de temps, je ne me rappelle plus
00:48:55comment vous avez formé cette question,
00:48:57je vous ai dit, on vous retrouve toujours,
00:49:00vous vous souvenez ce que vous disiez au début de l'entretien ?
00:49:03Eh bien, regardez toutes les annales que vous avez,
00:49:07allez chercher partout, même Spadjari,
00:49:08même tout ça qui est resté longtemps.
00:49:11On a toujours eu des éléments concrets
00:49:13qui ont permis d'identifier au moins un lien
00:49:18qui permet de ramener la personne qui est en prison à ça.
00:49:21Et Mohamed Armah avait 9 téléphones,
00:49:23ce n'est pas 1, 9 selon les médias,
00:49:26maintenant il y en a peut-être 7, j'en sais rien, ou 3.
00:49:28Bon, eh bien, ça veut dire qu'avec tout ça,
00:49:32on n'est pas capable aujourd'hui de dire, il y a un lien.
00:49:36Et il faut dire aussi une chose,
00:49:37c'est que lorsqu'une équipe vient chercher quelqu'un en prison,
00:49:41cette équipe-là, elle prend déjà beaucoup de risques.
00:49:44Elle ne vient pas chercher une peine de prison,
00:49:46elle vient chercher un homme.
00:49:48Et lorsque vous arrivez et que vous ouvrez le feu sur quelque chose,
00:49:53ça veut dire que vous êtes absolument certain
00:49:55d'avoir l'immunité la plus totale,
00:49:58où on ne pourra pas remonter jusqu'à vous.
00:50:01Or, quand vous venez chercher une amie,
00:50:03vous savez que tout au tard, on va remonter jusqu'à vous.
00:50:05Donc là, vous y allez gentiment, vous faites du braquage, ça va.
00:50:11S'il faut, il y en a qui sont un peu plus violents que les autres,
00:50:13ça passe encore, mais vous ne prenez pas l'avis des gens.
00:50:15– Et c'est passé quoi alors ?
00:50:16Mohamed Armah, qu'est-ce qu'il est devenu là, selon vous ?
00:50:18– Moi, je pense qu'aujourd'hui, il ne fait plus partie du monde des vivants.
00:50:22C'est mon point de vue, encore une fois,
00:50:24et ce n'est pas, je ne sais, ou s'il est encore en vie,
00:50:27il ne doit pas être en vie dans un bel état.
00:50:28– Mais vous ne le retrouverez pas vivant ?
00:50:32Ça, c'est mon point de vue à moi.
00:50:34– Il se fait enlever au cours de ce transfert.
00:50:36– Ah, c'est un enlèvement, ce n'est pas un débat.
00:50:38– Dans le but de lui faire avouer des choses, de le faire parler.
00:50:41– Ça, je ne sais pas, moi, je pense que…
00:50:45– Ce n'est pas le monde des biselous, c'est le monde des voyous,
00:50:46c'est un monde qui est quand même extrêmement violent.
00:50:48– Attendez, ne mélangez pas les choses.
00:50:50Ce n'est pas un monde des voyous, c'est le monde de la cam.
00:50:52Ce n'est pas un monde des voyous, ce n'est pas pareil.
00:50:55Le monde des voyous, on s'accrochait encore à une forme de respect,
00:51:01à une forme de truc, bon voilà, c'était de la délinquance.
00:51:04La cam, ce n'est pas de la délinquance, je suis désolé,
00:51:08je ne sais pas ce que c'est, mais ce n'est pas des voyous.
00:51:10– C'est-à-dire que le trafiquant de stupes, en quelque sorte,
00:51:12il a tué le braqueur à l'ancienne, c'est fini.
00:51:15Maintenant, il n'y a plus que ça.
00:51:16– Moi, je pense que tout ça, c'est terminé.
00:51:19– Oui, Madame Ra, écoutez, c'est votre théorie, mais…
00:51:22– Ceci étant dit, je pense que le monde de la drogue,
00:51:26c'est un monde bien spécial, ils ont des codes à eux,
00:51:29des codes que je ne connais pas, que je ne souhaite pas connaître non plus,
00:51:33mais ce ne sont pas les codes que j'ai connus, moi,
00:51:36dans le domaine du barnatisme.
00:51:37– On avait parlé, un peu avant cette émission,
00:51:40on avait un peu parlé de la découverte d'un conteneur sur le port du Havre
00:51:45qui contenait, alors non pas de la cocaïne, pour une fois,
00:51:47parce qu'il faut savoir que le port du Havre,
00:51:48c'est quand même la première porte d'entrée de la cocaïne en France,
00:51:51mais dans ce conteneur, il était…
00:51:53– Ah oui, le siège de torture.
00:51:54– Oui, il était aménagé avec un siège de dentiste, de torture.
00:51:58Ce n'est pas ça, un petit peu, la mexicanisation, l'hyperviolence,
00:52:02le trafic de stupes, tout mélangé ?
00:52:04– C'est ce que je viens de vous dire précédemment,
00:52:06je pense que, ces codes-là, moi, je ne les connais pas,
00:52:08ce sont des codes, le terme que vous employez,
00:52:11je pense qu'il est judicieux, puis il est vraiment bien apporté.
00:52:14– Mexicanisation ?
00:52:15– Non, je dirais l'hyperviolence.
00:52:16– Hyperviolence.
00:52:17– Je pense qu'on en est là aujourd'hui.
00:52:19– Pour moi, l'esprit des gens, c'est un petit peu pareil maintenant,
00:52:21c'est-à-dire que tout est stupe, toute délinquance est stupe,
00:52:24et toute délinquance stupe est devenue hyperviolente.
00:52:29– En fait, ce sont les réactions, ce sont les gens, si vous voulez,
00:52:31je parlais de respect tout à l'heure,
00:52:33je crois qu'il faut revenir à la base,
00:52:36qu'est-ce que c'est que le respect ?
00:52:38Le respect, c'est un cadre,
00:52:42et dès qu'on sort de ce cadre, il n'y a plus de limite, c'est l'anarchie,
00:52:45on fait ce qu'on veut,
00:52:47on a un règlement de compte avec…
00:52:49Dans le banditisme, à l'époque, il y avait des règlements de compte,
00:52:52il ne faut pas l'oublier, ça a toujours existé.
00:52:54– Il y en a toujours eu.
00:52:55– Des gens qui se sont retrouvés avec un cercueil en béton,
00:52:59il y en a toujours eu,
00:53:00mais il faudra que vous m'expliquiez si vous avez déjà vu un blessé autour.
00:53:05Ça se faisait à rideau tiré, comme on dit.
00:53:07Bon, tu règles ton compte, là, il y avait une crapule,
00:53:11bon, il fallait s'en débarrasser, pour quelqu'un soit la raison.
00:53:14Pour moi, ça n'a jamais été mon cas,
00:53:16de rencontrer ce genre de personnes ou d'événements.
00:53:20Seul événement dur auquel j'ai assisté,
00:53:25malgré moi, mais je ne pouvais pas faire autrement,
00:53:27c'est qu'un jour, dans une prison à Lyon, j'étais tout jeune,
00:53:30on était une quinzaine dans la salle de douche,
00:53:34enfermés, et d'un seul coup, j'ai entendu des hurlements,
00:53:41et il y avait un bonhomme qui était par terre, les jambes écartées,
00:53:45et ils étaient avec un tout petit couteau,
00:53:47en train de lui couper, de lui enlever l'appareil génital.
00:53:52Je prends un terme que tout le monde peut comprendre, comme ça.
00:53:56L'autre terme, tout le monde le comprendra aussi, mais c'est plus poli.
00:53:58– Ce n'était pas moins gentil, déjà, à l'époque.
00:54:01– Alors, ce n'était pas gentil, et là, par exemple,
00:54:03toutes les personnes qui étaient dans la douche, y compris moi,
00:54:07on a été obligés de prendre le couteau et de tremper dans la barbaque,
00:54:13pour une raison toute simple,
00:54:16c'était pour garantir l'impunité de ceux qui avaient décidé…
00:54:20– Pour ne pas balancer l'auteur principal.
00:54:22– Exactement, parce que, quelle que soit la personne
00:54:24qui aurait pu lâcher le morceau,
00:54:27eh bien, elle devenait automatiquement, et par la force des choses,
00:54:30parce que la justice, elle a son petit côté aveugle et puis un peu débile,
00:54:35tout le monde aurait été…
00:54:39– C'est quand même un monde sordide, c'est quand même un monde très…
00:54:43– Oui, mais attendez, je tiens quand même à faire une toute petite parenthèse,
00:54:48je suis d'accord avec vous sur ce que vous dites, en partie,
00:54:52sauf que lorsque vous avez des enfants, j'ai des enfants,
00:54:58lorsque votre enfant a été violé, torturé et tué,
00:55:03il va falloir que vous m'expliquiez un petit peu où est le côté sordide.
00:55:08Et moi, je vais vous dire un truc aujourd'hui,
00:55:10si moi, c'était quelque chose comme ça qui arrivait à mon fils,
00:55:14je peux vous garantir, et je le dirai devant une million de personnes,
00:55:17et ça, je me fiche des conséquences, j'aime autant vous dire que le type,
00:55:20il n'y a pas une prison au monde où il pourrait rester
00:55:22sans que je vienne le tuer, le torturer,
00:55:25si je devais faire un crime de sang dans ma vie, ce serait celui-ci.
00:55:28Eh bien, vous voyez, quand je vois le gosse qui avait été torturé et tout ça,
00:55:33par cette crapule, je ne sais pas, j'étais trop jeune pour ça,
00:55:39mais je pense que les gens qui ont pris cette décision
00:55:42de lui couper les cacahuètes, c'était une bonne décision.
00:55:46Et là, je m'orange à ça.
00:55:48– Je ne suis pas certain de partager votre point de vue.
00:55:49– Non, mais je ne vous demande pas de la partager.
00:55:51Je sais que vous, déjà, par votre situation, vous ne la partagerez pas.
00:55:55Mais par contre, je vois ce que vous, vous ne voyez pas,
00:55:58c'est qu'à l'intérieur de votre tête,
00:56:01il y a un tout petit neurone qui dit que j'ai raison.
00:56:03Mais ça, ce neurone-là, vous ne pouvez pas l'accepter.
00:56:08Et ce neurone-là, il sort du bois lorsque l'événement est là.
00:56:12Vous comprenez ? C'est pour ça que je…
00:56:13– C'est-à-dire qu'on a aussi une part un petit peu de violence extrême, vous croyez ?
00:56:18– Vous savez, si on…
00:56:19– La civilisation, ce n'est pas justement de contrôler
00:56:21cette part de violence extrême de la…
00:56:23– Mais je suis d'accord avec vous.
00:56:24Mais la preuve, c'est que vous avez des gens
00:56:25qui ont cette capacité qui me dépasse.
00:56:28J'ai vu, je ne sais plus combien de procès dans ma vie.
00:56:31Vous pensez bien, je suis un de ceux qui y suis passé le plus souvent
00:56:36dans les cours d'assises, parce que je me suis même envoyé des affaires
00:56:39pour passer aux assises, pour utiliser les tribunes en assises comme plateforme.
00:56:46Bon, eh bien, le nombre de personnes que j'ai vues…
00:56:51Mais je suis effaré, quoi.
00:56:54– Alors, Louis-Philippe Rouband, on pourrait passer, je crois,
00:56:56des heures à discuter du monde de la délinquance
00:57:00et de votre vie spectaculaire,
00:57:04avec l'Odyssée dans la loi, c'est le sous-titre de votre livre
00:57:07La neuvième évasion, je vais vous le montrer à nouveau.
00:57:10On arrive au terme de cette émission, Louis-Philippe Rouband,
00:57:12on arrive au terme de cette émission.
00:57:14Allez, dites-moi, un coup de cœur, quelque chose qui,
00:57:18en dehors de tout ce qu'on a pu évoquer,
00:57:19qu'est-ce qui vous motive, qu'est-ce qui vous fait réagir aujourd'hui, en 2025 ?
00:57:24Qu'est-ce que vous avez envie de dire ?
00:57:25En une minute, allez, pour nos téléspectateurs,
00:57:27quelque chose qui vous tient à cœur.
00:57:29– Donnez-moi trois minutes, c'est mieux.
00:57:31– Allez, deux minutes cinquante, allez.
00:57:32Bon, ça rejouait encore un petit peu, et les hôpitaux,
00:57:37puisque c'est comme ça que ma vie a commencé, dans les hôpitaux,
00:57:40et la délinquance, et en fait tout ça.
00:57:42– Alors les hôpitaux, il faut lire le livre,
00:57:43mais vous avez été gravement blessé lorsque vous étiez très très jeune.
00:57:47– Vous empiétez sur ma minute.
00:57:48– Oui, c'est ça, alors trois minutes, allez.
00:57:50– Bon, non, aujourd'hui, j'ai un combat.
00:57:55Pendant le Covid, j'ai aidé, j'ai une société d'électricité,
00:58:02et j'ai beaucoup de personnes que je dépanne, que j'aide,
00:58:07et j'ai beaucoup de personnes qui sont seules.
00:58:09Et pendant la période du Covid, j'ai aidé des personnes âgées
00:58:14à se faire hospitaliser, au Crémien-Musel justement,
00:58:20et j'ai été stupéfait, en passant dans les couloirs,
00:58:24de voir le nombre incroyable de chambres d'hôpitaux
00:58:28où je voyais des écrans noirs.
00:58:32J'ai posé la question au service médical.
00:58:33– Des écrans noirs, des écrans de télévision ?
00:58:35– Oui, mais noirs, sans images, sans rien.
00:58:38J'ai posé la question au service médical,
00:58:40il m'a dit oui, mais on ne peut pas parce que toutes les télévisions sont payantes.
00:58:44– Dans les hôpitaux, oui.
00:58:45– Alors là, depuis ce moment-là, je n'ai plus qu'une seule idée en tête,
00:58:51c'est faire en sorte que, on est quand même un pays,
00:58:55on n'est pas un pays sous-développé, que je sache,
00:58:57ou alors j'ai raté quelque chose.
00:58:59– On n'y est pas encore, mais sinon on n'y est pas.
00:59:01– Et j'espère qu'on ne va pas le devenir
00:59:02et qu'il va y avoir des forces qui vont se lever pour éviter justement ça.
00:59:06– Moi aussi.
00:59:07– Je trouve inadmissible que des sociétés,
00:59:11que j'appelle des sociétés rapaces, requins, tout ce qu'on veut,
00:59:15se mettent au pied des hôpitaux pour venir piller,
00:59:19je dis piller la souffrance et les malades.
00:59:23Qu'on fasse payer aujourd'hui le droit de regarder la télévision
00:59:29à une personne qui est halitée, qui est enfermée dans de la souffrance,
00:59:33qu'on ne lui permette pas de s'évader de cette souffrance
00:59:35à travers un petit feuilleton, à travers des informations,
00:59:38je trouve ça inacceptable, ce n'est pas digne de ce pays,
00:59:41c'est totalement indigne.
00:59:43Et que, en contrepartie, et attention,
00:59:46je ne veux pas qu'on enlève aux uns pour donner aux autres,
00:59:48ce n'est pas mon propos, mais c'est un constat.
00:59:51Lorsque vous avez, et je reprends le cas de la crapule,
00:59:55pour prendre de l'extrême exprès,
00:59:58vous avez un type qui rentre en prison
01:00:00parce qu'il a tué une femme, parce qu'il a violé un gosse,
01:00:03parce qu'il a fait n'importe quoi,
01:00:05et quand il arrive dans la cellule des arrivants,
01:00:08pour le décompresser, parce qu'il est trop stressé,
01:00:11parce qu'on lui permet d'avoir une télévision gratuitement à disposition,
01:00:16et dans les hôpitaux, quand vous avez une personne qui est âgée,
01:00:18qui est jeune, parce que ça touche tout le monde les hôpitaux,
01:00:21et bien cette personne-là, on la laisse crever sur son lit,
01:00:24et ça, je dis non, et je vais me battre, et je sais me battre,
01:00:28et je vais essayer de fédérer le maximum de personnes
01:00:31à travers les réseaux sociaux, à travers partout,
01:00:33et à chaque fois que je parlerai de mon livre, je parlerai de ça,
01:00:36pour que la télévision devienne, ça doit être un devoir,
01:00:41un devoir pour les hôpitaux de mettre la télévision
01:00:44gracieusement à disposition à tout le monde,
01:00:47sans qu'il y ait une bande de requins, une société privée ou je ne sais pas trop quoi,
01:00:50qui viennent piller la misère de ces gens.
01:00:53Voilà, ça c'est mon combat.
01:00:54Désolé si je m'emballe un peu, mais ça me fout en l'air quand je pense à ça.
01:00:58– Merci Louis-Philippe, on sent que ça vous tient à cœur, c'est bien,
01:01:01on sent que ça vous tient à cœur.
01:01:01– Mais je pense que ça devrait aussi, ça devrait toucher tout le monde.
01:01:05– Alors, c'était le coup de cœur de Louis-Philippe Roubas,
01:01:08le braqueur des années 70, qui est préoccupé,
01:01:11et on vous comprend, c'est très sérieux,
01:01:14on comprend que ce soit vraiment une préoccupation,
01:01:16parce que la souffrance des gens dans les hôpitaux,
01:01:19c'est quelque chose qui doit tous nous concerner.
01:01:24D'ailleurs, s'il y a des…
01:01:26je pense que ça peut faire l'objet d'un texte de loi, pourquoi pas,
01:01:30s'il y a des députés ou des assistants parlementaires qui nous regardent,
01:01:32il y a peut-être quelque chose à faire,
01:01:33ça ne veut pas dire que rien n'a jamais été fait,
01:01:35mais je pense qu'il y a peut-être quelque chose à faire dans ce domaine-là.
01:01:37– Là, rien n'a été fait, donc tout est à faire.
01:01:40– Tout est à faire, bon voilà,
01:01:41s'il y a des gens qui ont quelques pouvoirs et qui regardent cette émission…
01:01:44– Alors vous les politiciens, au lieu de rien faire, mettez-vous au boulot,
01:01:48là vous avez de quoi faire.
01:01:49– Voilà, c'est quelque chose d'important.
01:01:52Louis-Philippe Roubat, merci pour cette émission,
01:01:54merci pour ce témoignage très très fort sur la délinquance,
01:01:57et finalement ça donne confiance en homme quand on vous voit,
01:02:00parce qu'on se dit que quelqu'un qui est plutôt relativement mal parti dans la vie,
01:02:04c'est un euphémisme, peut se retrouver chez l'entreprise et y avoir un grand cœur.
01:02:09– Ah ben non, aujourd'hui je fais du conseil à l'entreprise,
01:02:12je fais, comment on appelle ça, du conseil aussi dans les commissariats de police
01:02:18ou de gendarmerie, pour expliquer ce qu'était la délinquance,
01:02:21c'est de l'explication seulement, pour dire comment c'était,
01:02:25pour que dans les rues ça ne devienne pas des champs de bataille.
01:02:31Alors si tout le monde pouvait comprendre un petit peu,
01:02:33qu'il faudrait remettre un petit peu d'eau dans le vin, ça serait pas mal.
01:02:40– Si on veut, Louis-Philippe Roubat, merci pour cette émission,
01:02:43merci pour ce témoignage très fort, je rappelle votre ouvrage,
01:02:46le premier, le tome 1, racine du NONC-Série,
01:02:50puisque je crois qu'il y a 7 ou 8 tomes qui sont prévus,
01:02:53la 9ème évasion de Louis-Philippe Roubat, témoignage très fort sur,
01:02:58alors le premier tome c'est sur l'enfance de Louis-Philippe Roubat,
01:03:03merci pour cette émission, merci pour votre témoignage très très fort
01:03:07et je vous dis à bientôt.
01:03:09– Je vous remercie, et c'est moi qui vous remercie du fond du cœur,
01:03:12d'avoir eu la gentillesse de me recevoir et de pouvoir débattre avec vous.
01:03:16– C'était un plaisir.

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