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Alors que le président américain fait planer la menace d’une guerre commerciale, l’Union européenne se prépare et se pose en contre-modèle, comme l’explique notre correspondante à Bruxelles Jade Grandin de l’Eprevier.

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00:00Brussels, petit à petit, se permet d'avoir des arguments plus offensifs
00:03dans son dialogue avec Donald Trump.
00:11La menace qu'a évoquée Donald Trump avant d'être élu
00:14et qu'il a réagité ces derniers jours,
00:17c'est celle de tarifs douaniers supplémentaires,
00:23c'est-à-dire d'avoir des surtaxes sur les exportations européennes
00:27qui seraient augmentées, donc il a évoqué plusieurs chiffres,
00:3010%, 20% par exemple,
00:32et en fait ça se traduirait directement par une perte de richesse
00:36pour l'Union européenne, pour les entreprises européennes,
00:38avec des analyses qui disaient qu'on pourrait perdre jusqu'à 1% de PIB européen.
00:43Ça ne paraît pas beaucoup 1%,
00:44mais en fait c'est énorme un pourcentage de la richesse européenne,
00:48sachant que certains pays seraient plus vulnérables et plus touchés que d'autres
00:52en fonction des produits que décide de surtaxer Donald Trump,
00:57on pense bien sûr au secteur automobile qui pénaliserait l'Allemagne et l'Italie,
01:02au secteur des vins et spiritueux qui pénaliserait la France,
01:05il y a comme ça cette grande peur d'avoir des surtaxes commerciales
01:09décrétées par Donald Trump.
01:11Il faut rappeler que les échanges entre les États-Unis et l'Union européenne,
01:15c'est quand même 1 500 milliards d'euros,
01:17c'est 30% du commerce mondial,
01:19il y a énormément de composants européens dans des produits américains
01:23et de composants américains dans des produits européens,
01:26donc les entreprises des deux côtés de l'Atlantique
01:29ont vraiment peur des conséquences en cascade
01:32qu'il y aurait s'il y avait une guerre commerciale entre États-Unis et Europe.
01:39Bruxelles a d'abord choisi la voie de la prudence
01:42en choisissant de ne pas surréagir à toutes les déclarations de Donald Trump
01:47qui pour le moment a beaucoup agité des menaces
01:49et on sait que c'est quelqu'un qui manie beaucoup la provocation dans la négociation
01:53parce qu'il fait exprès de commencer avec une base de négociation très haute
01:57pour obtenir un résultat moins élevé.
01:59Néanmoins, récemment, Ursula von der Leyen s'est exprimée pour la première fois
02:04en disant qu'elle allait être pragmatique dans ses discussions avec les États-Unis
02:08mais que l'Europe n'allait pas renoncer à protéger ses intérêts
02:12et ses valeurs pour négocier.
02:14Elle a rappelé à quel point les deux économies étaient très interdépendantes l'une de l'autre
02:19et donc Bruxelles, petit à petit,
02:20se permet d'avoir des arguments plus offensifs dans son dialogue avec Donald Trump,
02:25de rappeler que si nous, on mettait en place les mêmes mesures que eux veulent mettre en place,
02:30ça pénaliserait beaucoup les entreprises américaines.
02:33Et l'Union européenne, ce qui est intéressant, c'est qu'elle se positionne aussi comme contre-modèle
02:37en disant que puisque les États-Unis sont de plus en plus protectionnistes
02:41et de moins en moins libre-échangistes,
02:42nous, l'Union européenne, on va essayer de renforcer nos partenariats
02:45avec des puissances qui sont autres dans la planète.
02:48Donc, par exemple, avec les autres pays victimes de la politique tarifaire,
02:53qui sont le Canada et le Mexique,
02:55on vient de nouer un partenariat commercial avec le Mexique,
02:58on veut en nouer un avec l'Inde où se rendra bientôt la Commission européenne
03:03et on relance comme ça des discussions avec plein de pays,
03:06en Afrique, en Asie-Pacifique, en Amérique latine avec le Mercosur,
03:09en disant, vous aussi, vous êtes déçus de la politique tarifaire américaine,
03:13vous aussi, vous voulez continuer à commercer et à échanger,
03:16eh bien, faites des partenariats avec nous, l'Union européenne,
03:19parce que nous, quand on s'associe pour échanger,
03:21on respecte les règles du jeu, on respecte les accords internationaux
03:25et on fait en sorte que l'accord profite à chacun.
03:33Ces dernières années, Ursula von der Leyen
03:36et plus généralement la Commission européenne
03:37avaient un peu calqué sa politique sur la fermeté américaine,
03:41c'est-à-dire que l'administration Biden,
03:43dont on sait qu'il y avait des liens très forts avec Ursula von der Leyen,
03:47elle était très ferme vis-à-vis de la Chine
03:50et les États-Unis attendaient de nous, Européens,
03:52qu'on fasse pareil que derrière eux,
03:54qu'on restreigne un peu nos échanges avec la Chine.
03:57Et là, ce qui est intéressant, c'est qu'Ursula von der Leyen,
03:59pour la première fois, a un discours beaucoup plus conciliant
04:01en disant qu'il est temps d'essayer de réinventer notre partenariat avec la Chine,
04:06en gros de mettre de côté les problèmes du passé
04:09et de trouver des compromis ensemble.
04:12Alors que ces dernières années,
04:14on avait plutôt ouvert des enquêtes contre la Chine
04:17sur ses surcapacités chinoises,
04:18pour par exemple les empêcher de continuer à exporter en Europe
04:22des véhicules électriques sursubventionnés,
04:24on avait comme ça pris plein de mesures beaucoup plus fermes face à Pékin.
04:28Et là, pour la première fois,
04:30on voit qu'on est prêt à beaucoup plus commercer avec la Chine.
04:34C'est un vrai tournant sur la manière dont Bruxelles s'exprime vis-à-vis de Pékin.

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