Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal Delatorre Dupin.
00:05Et nous sommes dans ce studio avec Xavier de Riancourt, ancien ambassadeur de France en Algérie.
00:09Bonsoir monsieur, merci d'être là, il est 19h17 sur Europe 1.
00:12Évidemment, on a beaucoup de questions à vous poser ce soir.
00:16Écoutez, pour tout vous dire, chers auditeurs, nous étions en train de parler,
00:19nous nous posions des questions avec Xavier de Riancourt sur Rima Hassan.
00:25Rima Hassan et Bruno Rotailleau, on a parlé ce matin, on va le réécouter.
00:29Rima Hassan donc, qui exprime son amour pour l'Algérie,
00:34qu'elle considère comme la mecque des libertés.
00:37Rima Hassan aussi qui a refusé, refusé de signer au Parlement européen
00:42pour la libération de l'OMS.
00:43Écoutez ce que disait le ministre de l'Intérieur,
00:45et après monsieur l'ambassadeur, nous allons en parler ensemble.
00:47Je pense que le président de la République a beaucoup tendu la main à l'Algérie,
00:51et que l'Algérie, en réalité, a peu donné en retour.
00:54Ou au contraire, elle a augmenté, en fonction de ce que nous donnions nous,
00:58l'agressivité n'a cessé d'augmenter.
01:00Ça, je ne le comprends pas.
01:01Vous savez, je respecte les États, je respecte les peuples,
01:04et le peuple algérien est un grand peuple.
01:06Vous parlez du régime algérien.
01:07Je parle du régime, mais j'entends que ce régime respecte la France.
01:12Comme vous l'avez très bien dit, les douleurs de l'Histoire,
01:14et je les connais, ces douleurs aiguës de l'Histoire,
01:17mais en aucun cas, elles ne peuvent donner une sorte de droit de tirage
01:21à offenser la France.
01:23Ça n'est pas possible.
01:24Alors on va écouter Bruno Rotailleau sur Rima Hassan dans quelques instants,
01:26mais M. l'ambassadeur, puisque c'est cet extrait que nous avons diffusé à nos auditeurs,
01:31effectivement, on s'interroge sur les relations entre la France et l'Algérie.
01:36Nous avons le sentiment que la France courbe les Chines face aux autorités algériennes.
01:41Vous êtes l'ancien ambassadeur de France en Algérie.
01:44Est-ce que vous pouvez d'abord expliquer aux auditeurs d'Europe 1
01:46pourquoi on adopte cette attitude ?
01:49Avec l'Algérie, depuis très longtemps,
01:52nous avons été dans une relation inégalitaire,
01:56et je l'ai dit et écrit, et je l'ai dit ici à plusieurs reprises,
01:59les Algériens comprennent le rapport de force.
02:02En termes diplomatiques, on appelle ça la réciprocité.
02:05Mais nous n'avons, nous, jamais voulu nous mettre dans une position de réciprocité
02:11ou de rapport de force.
02:13Pourquoi, Xavier Driancourt ?
02:14Ce n'est pas à moi qu'il faut poser la question, c'est à M. Rotailleau ou à d'autres,
02:17mais je constate que c'est le cas.
02:20C'est parce qu'avec l'Algérie, il y a une forme de bienveillance spontanée vis-à-vis de l'Algérie
02:26chez tous nos hommes politiques.
02:27Oui, l'Algérie n'a pas de bienveillance spontanée avec la France.
02:30Non, exactement, tout à fait.
02:31Zéro.
02:32Zéro bienveillance spontanée du côté algérien vis-à-vis de la France,
02:35au contraire de la critique systématique.
02:37Mais du côté français, il y a une sorte de bienveillance a priori
02:42chez nos politiques français, qu'ils soient de gauche ou de droite, souvent.
02:47Donc, on s'excuse vis-à-vis de l'Algérie, on exprime des regrets,
02:52on n'ose pas, pour différentes raisons, parce que c'est de la politique intérieure
02:57comme de la politique étrangère.
02:59On a toujours peur d'offenser ou de se mettre mal avec les harkis,
03:03avec les pieds noirs, avec la communauté algérienne de France.
03:06Donc voilà, on marche sur des œufs, si je puis dire, dès qu'il s'agit de l'Algérie.
03:11Ce qui n'est pas le cas avec d'autres pays, parce qu'on traite l'Algérie en termes de politique intérieure.
03:15Alors, on ne va pas rentrer dans les détails, et peut-être que c'est une réponse à l'Algérie, je ne sais pas.
03:21Vous savez, la nouvelle circulaire Retaillot, qui est censée durcir la régulation des personnes
03:27en situation irrégulière et l'application des OQTF.
03:29On a beaucoup de mal à faire appliquer nos OQTF, vous vous souvenez de cet influenceur algérien
03:33qu'on a expulsé et qui est revenu illico.
03:36Est-ce que vous pensez, sans entrer dans le détail de cette circulaire,
03:41est-ce que vous pensez que c'est de matière à hausser le ton,
03:44que l'Algérie peut l'interpréter comme, voilà, la France hausse le ton, ça va être plus difficile ?
03:49Non, je ne pense pas. Je pense que c'est une réponse générale sur les questions d'immigration
03:54que le ministre de l'Intérieur, et il est parfaitement dans son rôle, a décidé de faire.
03:59Non, ce n'est pas uniquement vis-à-vis des Algériens.
04:02Il y a d'autres nationalités qui sont dans la même situation,
04:06et le ministre de l'Intérieur est parfaitement dans son rôle.
04:09Mais, évidemment, il suffit de regarder la presse algérienne aujourd'hui, ce que j'ai fait.
04:14La presse algérienne dit, mais c'est scandaleux,
04:17la France va encore resserrer les boulons sur l'immigration,
04:22les pauvres Algériens sont visés, bien entendu,
04:25donc, voilà, les Algériens répondront à cela.
04:28Ah, donc les Algériens ont bien compris quand même, M. l'Ambassadeur,
04:31qu'il y avait quand même une forme de...
04:33Non, c'est eux qui le disent, ce n'est pas qu'ils ont compris cela,
04:36mais c'est eux qui disent, parce que c'est systématique, encore une fois,
04:39il n'y a pas chez eux la bienveillance spontanée que j'expliquais qu'il y a en France,
04:44et donc ils critiquent systématiquement, ils vont voir que ça s'applique à eux.
04:48Alors que les OQTF continuent d'être traités avec l'Algérie comme avec le Maroc,
04:55en dépit de la crise.
04:57Je pense que Patrick Stéphanini a dû le dire hier matin sur cette antenne.
05:03Une question, Bruno Retailleau qui a appelé aussi à dépassionner notre relation avec Alger,
05:07hier sur Europe 1,
05:10est-ce que vous pensez qu'on a quand même trop donné finalement à l'Algérie,
05:15et qu'en retour on n'a rien eu ?
05:17On a beaucoup donné, mais encore une fois, il faut traiter l'Algérie
05:21en termes de politique étrangère et non pas en termes de politique intérieure française.
05:25Et tant que nous n'aurons pas fait la séparation entre la politique étrangère et la politique intérieure,
05:31nous serons conduits systématiquement à être dans cette attitude que vous rappelez.
05:35Et qui sont ces influenceurs algériens que l'on voit fleurir sur les réseaux sociaux ?
05:40Alors on les voit fleurir, je crois que ça fait très longtemps qu'ils fleurissent,
05:43en revanche on les a identifiés, ils tiennent des propos de haine aux avis de la France,
05:49ils appellent à commettre des violences,
05:53et on a du mal à les renvoyer chez eux, on l'a vu plusieurs fois.
05:59Qui sont-ils ? Je vais vous poser la question, monsieur l'ancien ambassadeur de France en Algérie,
06:05est-ce que les autorités algériennes pourraient être derrière tout ça ?
06:09Je l'ai dit l'autre jour à votre collègue Sonia Mabrouk,
06:13je n'ai pas l'impression qu'il y ait de plan systématique organisé à Alger pour déstabiliser la France,
06:21mais il est clair que l'Algérie a des relais en France.
06:26Qui sont-ils ces relais ?
06:28Ces influenceurs, ou soi-disant influenceurs,
06:31les réseaux de la mosquée de Paris, les réseaux des 20 consulats algériens en France,
06:37ces relais existent.
06:39Quand je suis allé faire une conférence sur mon livre L'énigme algérienne dans une ville de France,
06:44le consul d'Algérie avait organisé une contre-manifestation.
06:48Donc voilà, ce sont des relais algériens réels.
06:52Alors vous évoquez la grande mosquée de Paris qui se retrouve au cœur d'une brouille diplomatique entre Paris et Algérie,
06:59des questions qui se posent sur son monopole de certification des produits halal exportés vers l'Algérie.
07:04Il y a certains députés comme François-Xavier Bellamy qui ont dénoncé un système opaque.
07:09Est-ce que vous pouvez nous expliquer un peu ce qui s'y passe ?
07:13On va peut-être écouter le recteur, je voudrais peut-être qu'on écoute le recteur de la grande mosquée de Paris,
07:19et je voudrais que vous réagissiez.
07:21Non, je ne crois pas. Non, pas du tout.
07:24Parce que le fait d'être franco-algérien nous met dans des situations difficiles,
07:31parce que nous sommes à la fois Français et Algériens.
07:34Lorsque je suis en Algérie, c'est la loi, je suis Algérien.
07:38Et quand je suis ici en France, je suis Français.
07:41Donc si vous voulez, on ne peut pas aujourd'hui, je ne voudrais pas participer à cette polémique,
07:45il y a des gens extrêmement sincères qui sont en train de défendre Boilem Sansal,
07:50mais il y en a qui instrumentalisent cette situation.
07:53Bon, alors, décidément un petit problème technique sera remplacé ce soir.
07:56Veuillez m'excuser, Xavier Driancourt, et m'excuser auprès des auditeurs.
08:01Donc là, le recteur Edinafis parlait de Boilem Sansal, ce qui est un autre dossier.
08:06Juste sur l'affaire, effectivement, de cette brouille diplomatique entre Paris et Alger,
08:12et la grande mosquée de Paris qui se retrouve à l'intérieur de cette brouille.
08:16Quelle est votre analyse ?
08:18Il y avait un article extrêmement détaillé dans le journal L'Opinion cette semaine
08:22qui explique le système de financement occulte de la mosquée de Paris
08:28avec un monopole accordé à la mosquée de Paris depuis 2023 par le président algérien
08:35qui donne un monopole sur les exportations françaises et européennes vers l'Algérie.
08:41Ce qui est étonnant, ça pose deux questions.
08:44D'abord, de quel droit, à quel titre, un organisme privé comme la mosquée de Paris
08:49peut organiser un système de financement sur la seule base d'une instruction algérienne ?
08:55Si c'était purement algérien, il fallait faire ce système de contrôle à l'entrée en Algérie
09:00avec la grande mosquée d'Alger et payable en dinars.
09:03Mais là, c'est en France, sur le territoire français, payable en euros par la mosquée de Paris.
09:08Deuxième question, le journal L'Opinion faisait apparaître qu'il y avait 5 millions d'euros en 2024.
09:14Que devient cet argent ?
09:16C'est toute la question.
09:18C'est une des questions.
09:20Donc il y a deux questions et le recteur n'a pas répondu à celles-ci.
09:24Non, il n'a pas répondu. Il s'est défendu, effectivement.
09:26Moi, je m'occupe de la paix entre les hommes, etc.
09:28Mais il faut arrêter de nous raconter ça.
09:30Nous aussi, on s'occupe de la paix entre les hommes et les femmes.
09:33Bien sûr, mais vous, quel est votre sentiment personnel sur cette affaire ?
09:36Ecoutez, je ne sais pas.
09:38Je ne sais pas, mais je pense que le journal L'Opinion a fait une enquête extrêmement documentée.
09:43Maintenant, j'entendais que ce matin, M. Retailleau a dit qu'il allait saisir les services pour voir ce que devenait ce système.
09:50Et une toute dernière question, parce qu'on a entendu effectivement un son du recteur Edina Fise à propos de l'écrivain Boilem Sansa.
09:59Je voudrais juste avoir votre réaction, si vous le permettez, Xavier Dreyencourt, sur ce qui s'est passé au Parlement européen.
10:07Rima Hassan, eurodéputée La Figue, s'est opposée effectivement à ce texte qui était signé, validé par tout le monde pour demander et imposer la libération de Boilem Sansa.
10:19Donc, elle, elle s'y oppose et Manon Aubry s'abstient.
10:23Monsieur l'ambassadeur ?
10:25Comme vous l'avez dit, ce texte a été voté à l'unanimité par tous les partis politiques.
10:30Mais c'est incompréhensible !
10:31C'est incompréhensible, effectivement.
10:33Pourquoi, selon vous ?
10:34Ça montre qu'il y a un choix politique qui est fait par LFI et par Mme Rima Hassan en faveur de l'Algérie, en faveur des preneurs d'otages algériens.
10:43C'est quand même incroyable, ça a énormément fait réagir. Vous aussi, vous êtes extrêmement surpris.
10:48Comme tout le monde, oui. Alors qu'elle a été votée, encore une fois, à l'unanimité.
10:52Merci beaucoup, merci beaucoup Xavier Drie, en tout cas, d'être venu ce soir dans le studio d'Europe 1.
10:58Merci infiniment pour votre éclairage.
11:01C'est très intéressant, effectivement, et nous aurons l'occasion, si vous voulez bien, de faire appel à vous à nouveau.
11:08Merci infiniment. Il est 19h28 sur Europe 1.