Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal Bellator-Dupin.
00:04Nous sommes dans ce studio avec Paul Molin, avec Véronique Jacquet, journaliste politique AC News et Paul Molin écrivain et essayiste.
00:10Merci d'être là, je voudrais qu'on revienne à...
00:12Regardez, est-ce que vous avez vu, évidemment passé sur les réseaux sociaux, cette flambée et à juste titre,
00:20autour d'un titre de France Info qui a reconnu sa faute, d'accord, donc je le dis tout de suite,
00:26qui a titré les otages palestiniens. Il y avait 200 otages palestiniens qui étaient libérés par Israël,
00:32en échange des 4 soldats israéliens, c'était hier, ça a été diffusé, tollé politique.
00:38L'Arkom a été saisie par la députée Caroline Yadon, sachez également que BFM TV a fait la même chose.
00:46Et évidemment tollé sur les réseaux sociaux, otages ou prisonniers, ce sont des prisonniers,
00:53puisque Israël est une démocratie, ils ont été jugés, s'ils se retrouvent en prison, c'est qu'ils ont été jugés,
00:59ce ne sont pas des otages. Et si je dis ça, c'est pas une faute, c'est pas parce qu'on parle d'une faute d'un journaliste
01:04qui aurait confondu deux mots. Je voudrais peut-être qu'on écoute, peut-être avant juste,
01:08ce que ça veut dire la différence, la différence entre otage et prisonnier.
01:12Nous avons après eu appelé une sémiologue, elle s'appelle Élodie Mielzarek.
01:19Quand on parle d'otage et quand on parle de prisonnier, on parle bien d'une situation qui est subie par un sujet en particulier.
01:27Mais la question de l'état du sujet convoque la question de l'acteur, de celui qui fait subir cet état-là.
01:35Et quand on parle d'otage, on vient de toute façon sous-entendre que l'acteur est un terroriste.
01:42Là, vous voyez, c'est très différent parce que quand on dit prisonnier, l'acteur, on sous-entend que c'est davantage un état.
01:48C'est une entité qui est reconnue. Le terme prisonnier convoque la notion de droit international.
01:55Vous ne pouvez pas faire n'importe quoi, vous ne pouvez pas lui faire subir des tortures ou autre, ce qui n'est pas le cas pour le mot otage.
02:02Voilà, je pense que c'est très clair.
02:04Oui, oui, oui.
02:05Paul Melun !
02:06Vous avez raison d'en passer par la sémiologie, c'est très important.
02:09Toute guerre, depuis la nuit des temps, donne lieu à des captures, à des prisonniers de guerre.
02:14Il y a eu des soldats français, par exemple, en 40, quand les Allemands ont organisé le blitzkrieg, qui ont été capturés.
02:20Puis après, ils ont été rendus à la France, c'était des prisonniers de guerre.
02:23De la même manière, il peut y avoir des prisonniers de guerre dans plein de conflits.
02:26Un otage, c'est très différent.
02:28Lorsque ces images avec les pick-up, avec les motos, lorsque les terroristes du Hamas, le 7 octobre,
02:35entrent dans les kibbutz et capturent des femmes, des enfants, des vieillards, tuent, violent, assassinent,
02:41et prennent par les cheveux et mettent à l'arrière des voitures,
02:44ça, c'est une prise d'otage.
02:46Parce que ce sont des méthodes terroristes qui visent ensuite à les garder dans des situations de garde
02:52qui, au regard des récits que nous avons aujourd'hui et dont nous disposons, étaient des conditions extrêmement rudes.
02:57Là où Israël est une armée régulière, avec les limites que cette armée régulière peut comporter,
03:03je n'ai pas de problème à le dire, mais une armée régulière qui capture des prisonniers
03:08qui, pour certains d'entre eux d'ailleurs, ont déjà un passif très important,
03:12ont participé, il faut bien le rappeler quand même, dans les geôles d'Israël,
03:16il y a des gens qui ont participé, qui ont commandité un certain nombre d'attentats terroristes,
03:21qui sont des gens dangereux, qui sont des gens rodés au maniement des armes,
03:24à la différence des civils qui ont été capturés le 7 octobre.
03:28Donc là, la différence, elle est fondamentale.
03:31C'est sur le fond. Ensuite, sur la forme que France Info reprenne cela,
03:35moi je trouve, je vais vous dire, quand vous présentiez tout à l'heure le tollé qui avait eu lieu sur les réseaux sociaux,
03:39je trouve ça rassurant. Le fait que le public ait dit « mais non, c'est pas normal » et sonné l'alerte,
03:45et que la SDJ ait revu son jugement, je trouve ça extrêmement sain,
03:50et je trouve que la réaction de France Info est bonne, de dire « il y a eu une erreur, vous nous excusez,
03:56on est tous, il y a tous des médias, on parle tous en direct toute l'année,
04:00on peut dire une grosse bêtise, une très très grosse, en écrire même, j'en ai peut-être écrit moi-même des bêtises,
04:04non pas jamais, moi ça m'arrive pas. J'écris que des livres fabuleux,
04:08mais il m'arrive d'écrire des bêtises quand même, je vous rassure.
04:11Donc voilà, blague à part, il y a l'indulgence par rapport à l'erreur humaine,
04:15mais il y a aussi l'alerte sur la prudence dans l'emploi des terres.
04:18Mais moi ce qui m'a fait réagir Véronique Jacquet, c'est Arcelia Soudé,
04:21qui tweet « Honte à vous France Info d'empêcher vos journalistes de faire leur travail ! »
04:27Vous vous rendez compte ? Vous cédez la pression de Mme Yadan,
04:31qui avait décidé de saisir l'ARCOM, n'êtes-vous pas censé exercer un contre-pouvoir ?
04:35Elle s'embarrache pas de la scéniologie Mme Soudé.
04:38Vous vous rendez compte Véronique Jacquet ? C'est pour ça qu'on en parle de ce sujet,
04:41c'est pas du tout pour recharger nos confrères de France Info,
04:43vous le dites très bien Paul Melun, c'est arrivé à tout le monde dans des bandeaux.
04:48Mais en fait c'est la dimension politique que ça prend Véronique Jacquet.
04:52Oui mais ça prend cette dimension politique parce que de toute façon,
04:55dès que ça touche à Israël, on le voit bien depuis le 7 octobre,
04:58quand Israël a dit « on se défend, on s'en prend à la bande de Gaza »,
05:05malheureusement on pilonne la bande de Gaza parce qu'on estime qu'il n'y a que des terroristes
05:08qui sont cachés là-dessous dans des tunnels.
05:10On a le droit de se défendre, vous avez vu comment cette information a été reçue.
05:16C'est-à-dire que c'était presque un crime qu'ils aient le droit de se défendre.
05:19Dès que ça touche à Israël, de toute façon, on voit que c'est toujours ultra sensible.
05:23Donc oui, ça a pris une dimension politique et ce n'est pas très étonnant,
05:28pas si étonnant que ça.
05:30Maintenant, comme le dit Paul très justement, heureusement ça fait réagir.
05:35Et là encore, quand on voit le mot « otage », c'est grave et ça heurte notre conscience
05:40parce qu'on se dit « non, ce ne sont pas des otages, effectivement ils ont été jugés ».
05:44Et on sait en plus, c'est ça qui est grave, c'est que dans ces échanges entre les otages et les prisonniers,
05:50il y a parmi ces prisonniers qui sont libérés, de potentiels terroristes.
05:54Puisque quand on avait échangé les soldats qui ont été condamnés,
05:57ce sont des terroristes.
05:59En 2011, contre 1000 prisonniers palestiniens, dans ces prisonniers palestiniens,
06:03il y avait le fameux Sinoir qui est à l'origine de l'attaque du 7 octobre.
06:07Donc on voit que quand on touche à Israël, c'est toujours ultra sensible
06:12et c'est comme s'il fallait encore et toujours qu'ils prouvent qu'ils avaient le droit de récupérer leurs otages.
06:19C'est comme si pour eux, de leur côté, ce n'était jamais du gagnant-gagnant.
06:22Il fallait toujours qu'il y ait eu une partie de pardon ou qu'ils soient obligés de se justifier.
06:27Mais là, « otage »…
06:29C'est un peu comme si on disait que la France faisait des otages
06:31quand, par exemple, vous avez des gens dont il est avéré qu'ils appartiennent à un mouvement terroriste,
06:36à Daesh, à l'État islamique, et qu'on les capturait parce qu'on aurait des preuves tangibles
06:41qu'ils auraient voulu commettre des attentats, etc.
06:43Vous retenez en otage des malheureux.
06:45Là où, si vous voulez, la sémiologie a toute son importance et l'usage des termes doit être bien choisi,
06:50c'est que, derrière, ça donne aussi le narratif et la lecture de la guerre
06:54que nous avons que Mme Soudé soit du côté de ceux qui pensent que ces gens-là sont des otages
06:58en dit long sur la conception qu'elle a du conflit
07:01et sur le fait que, dans l'esprit de Mme Soudé, si on veut faire l'exégèse de sa pensée,
07:04c'est une femme qui considère qu'on peut renvoyer dos à dos les guerriers du Hamas
07:09et les malheureux du 7 octobre.
07:11Donc, au moins, cette malheureuse affaire permet de révéler, encore une fois,
07:15si on n'avait pas compris, le visage de certains insoumis sur cette affaire.
07:18Et en plus, ils s'en donnent à cœur joie qu'il s'agit du conflit israélo-palestinien
07:22pour prendre la défense des damnés de la terre.
07:25Les ficelles, quand même, sont grosses et commencent à être usées aussi.
07:28Aymeric Caron, lui, interpelle la présidente de France Télévisions, Delphine Arnott.
07:34Il raconte que Caroline Yadant, donc, qui va saisir l'ARCOM, la députée,
07:39avec le relais d'une amie directrice de communication de France Télévisions, Muriel Attal,
07:43un salarié de la chaîne France Info, est sur le point de se faire licencier.
07:47Est-ce vrai ?
07:48Et les captures d'écran des tweets de Muriel Attal qui montrent sa familiarité
07:51avec cette députée qui va saisir l'ARCOM,
07:56qu'elle soutient politiquement ou ses différents relais de comptes de propagande pro-Netanyahou.
08:01Tout cela n'est qu'une série de fakes.
08:04Merci de nous apporter des éléments de réponse, demande Aymeric Caron.
08:10Ils mettent une cible sur Muriel Attal, qui est la directrice de la communication de France Télévisions,
08:15parce qu'elle a présenté ses excuses.
08:17Ils sont coutumiers du fait aussi.
08:19Je vous rappelle les ignobles campagnes d'affichage de la France Insoumise
08:23où on placardait les visages de vos confrères et de vos consoeurs,
08:26où on placardait le visage de Routel-Krief en les jetant à l'opprobre,
08:30en les jetant à la vindicte populaire.
08:32C'est les méthodes de la France Insoumise.
08:34C'est des méthodes fascistes, je dirais.
08:36Oui, des méthodes fascistes, mais mettre une cible sur une personne,
08:38c'est dangereux pour la personne elle-même.
08:40Enfin, je veux dire, c'est extrêmement grave.
08:42Mais je n'avais pas la certitude qu'ils le font.
08:44Et alors, ils ont une opportunité, pardonnez-moi, mais en or,
08:48pour mettre justement de l'huile sur le feu,
08:50et ont tiré profit par rapport à leur électorat.
08:53Regardez comment Rima Hassan a réagi par rapport à Abou Al El Sansal.
08:57Enfin, plus c'est gros, plus ça passe.
08:59Mais c'est quand même ça leur politique.
09:01Plus c'est indécent, plus ça passe.
09:03Oui, sauf qu'effectivement, la situation est peut-être amenée,
09:11et on le souhaite évidemment de tout cœur,
09:13à s'apaiser, à se canaliser.
09:17Espérons que ça s'apaisera au niveau géopolitique.
09:19Peut-être la paix demain, et on le souhaite évidemment.
09:22On est obligé de dire au revoir à Véronique Jacquier,
09:24qui a d'autres obligations.
09:26Au revoir Véronique.
09:28Au revoir, bonne soirée.
09:29Oui, merci Véronique Jacquier.
09:31Moi je reste avec vous toute la soirée Pascale,
09:33et avec nos auditeurs, fidèles au micro d'Europe 1.